Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-08-06
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 août 1863 06 août 1863
Description : 1863/08/06 (Numéro 218). 1863/08/06 (Numéro 218).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
48* ANNEE.—N. 218.
liUKKAUX A l'AKlS : rue de Valois^alais-Koyal), n. 103
B
JEUDI 6 AOUT 1865.
A30NNEMENSIDES DÉPARTEMENS -mm™
TROIS MOIS...
SIX MOIS....
ON AN...?..
fodk les pats ktbàngebs, toil' 10" tablesd
publié les S et 20 âe£chaque mois.
•À.BONNEMENS DE PARIS.
TROIS MOIS.7..../. 13 FR,
SIX MOIS 26 FR,
UN AN 52 FR.
ON NUMÉRO m CENTIMES.
Imp. i. bonifacb , r. des Bons-Enfans, 19.
Le mode d'abootîement le plus simple est l'envol d'un bon de poste ou d'un effet
sur Pans, à l'ordre de l'administrateur du journal, rue de Valoir, u° 10.
JOURNAL POLITIQUE, LITTERAIRE, UNIVERSEL.
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-■■■"* •. * de chaque mois.
Les" Annonces sont-reçues .cSe* M.- Pa T ïs , ;rue Notre-Dame-des-Victoir.es, n* 40
" (Place de ta 1 Bourse).
PARIS, 5 AOUT.
On paraît s'être préoccupé, dans le pu
blic, des articles de,certains journaux.qui,
dans le travail de réponse aux dernières
dépêches russes, semblent avoir envisagé
les détails d'exécution plutôt que le côté
Vraiment sérieux et essentiel.
Deux systèmes étaient en présence : on
pouvait répondre soit par une note iden
tique soit par trois notes séparées. Le pre
mier système avait des avantages réels
qui, nous devons le dire, nous avaient frap
pé tout d'abord.
Mais, il faut bien le reconnaître, les par
tisans du second système pouvaient faire
valoir que, la Russieayant adresséaux trois
puissances des notes séparées et présen
tant des argumens difi'érena, il paraîtrait
plus naturel que chacune d'elles répondit
à ce qui lui était plus spécialement adres
sé; et que d'ailleurs, en procédant ainsi,
on ne faisait que continuer le système-sui
vi jusqu'à présent. ^ '
Ce sont ces considérations qui parais
sent avoir déterminé l'Angleterre à préfé
rer l'envoi de trois notes. Mais ces trois
nouvelles notes doivent être remises si
multanément comme les précédentes, et
ce mode adopté ne porte aucune atteinte
ii l'union dépensée, de but et d'action, qyi
est plus complète que jamais.
La pressé de Londres ne cesse de se li
vrer à des controverses sur le rôle de l'An
gleterre dans la question polonaise.
Le Times s'était permis dans son article
d'hier des insinuations à. l'égard de la
France que nous n'avons pas jugé utile de
relçver, vu les opinions flottantes de ce
journal.
Le Morning-Posi prend soin aujourd'hui
de réfuter le Tirnes.
Le Post rappelle à cette feuille que le
meilleur moyen d'exercer de l'influence
sur la marche d'une grande question, c'est,
non pas de s'abstenir, comme le voudrait
le Times, mais de faire cause commune
avec la France et l'Autriche. Suivant le
Post , des notes, identiques par les con
clusions , seront adressées à la Russie,
et cette feuille persiste à penser que la
force de cette démonstration diplomatique
sera assez sentie à Saint-Pétersbourg pour
rendre inutile l'usage de moyens plus
violens.
«Il faudrait désespérer de la diplomatie,
» s'écrie le Post en terminant, et croire au
» retour de l'âge de 1er, si la guerre était
» nécessaire. Ce serait une honte potfrno-
» tre époque si l'on n'obtenait pas sans
» guerre justice pour la Pologne. »
Le Globe pense également que les dé
marches communes de l'Angleterre, de
l'Autriche et de la France exerceront une
salutaire pression sur la Russie, et que
cette puissance appréciera ce qu'il y a de
grave dans cette entente.
Les correspondances de Viennesont una
nimes pour alfirmer que, plus que jamais,
l'Autriche persiste dans la voie qu'elle a
suivie jusqu'ici et qu'elle ne séparera pas
sa politique, dans la question polonaise,
de celle des puissances occidentales, et,
notamment, de la France. En un mot, les
menaces comme les séductions resteront
stériles devant l'attitude si ferme et si
loyale dont le cabinet de Vienne a fait
preuve depuis le début de l'insurrection
de Pologne.
A Berlin, malgré les assertions des jour
naux qui passent pour exprimer plus par
ticulièrement les idées du chef du cabi
net, on n'abandonne pas l'espoir d'un re-.
virement de la politique prussienne daqs
le sens de la politique occidentale. Dans
les sphères officielles même on a été désa
gréablement surpris du refus absolu op
posé par la Russie aux demandes des trois
puissances, et quelques organes du monde
gouvernemental ont même proteste con
tre la solidarité d'intérêts que le prince
Gortchakoff voudrait établir ent^ les a or
cours du Nord.
Le délai fixé au gouvernement danois
par laDiète germanique, pour le retrait des
ordonnances du 30 mars, expire prochai
nement. On écrit de Francfort à l'agence
Havas, que le cabinet de Copenhague, se
lon toute apparence, déclinera lés deman
des de la Diète et, au besoin, fera appel à la
médiation des trois autres puissances eu
ropéennes.
Les dernières nouvelles reçues de Ma
dagascar portent à croire que le nouveau
gouvernement hésite à compliquer les dif
ficultés de sa situation à l'intérieur par
des conflits avec les puissances eurppéen-
nes. Il attendait au contraire l'arrivée du
commandant Dupré, pour concerter avec
lui toutes les mesures concernant les étran
gers. . EDOUARD SIMON.
' UNE NOUVELLE SOLUTION
DE LA QUESTION POLONAISE.
Toute l'Europe connaît la solution pro
posée par la France,- l'Autriche,et l'An
gleterre pouT pacifier la Pologne, solution
qui consiste à l'organiser sur des bases li
bérales et autonomes; à lui donner une
représentation nationale, une administra
tion distincte, animée de l'esprit du pays;
le libre et entier exercice du culte catholi
que, qui est celui de l'immense majorilé
des liabitans; une conscription raisonna
ble, modérée, qui ne soit pas un exil dans
les camps; enfin, la forme la plus éminen-
te, la plûs précieuse peut-être des natio
nalités, celle qui résume le génie de la ra
ce, du climat et des mœurs, et qui perpé
tue un peuple à travers les âges lorsqu^il a
cessé d'exister, l'usage de la langue trans
mise aux enfans par les ancêtres.
Cette solution, qui aurait pour résultat
de refaire une Pologne yivante et durable,
fondée sur des élémens traditionnels, a
été approuvée du monde entier ; car il
n'est pas un pays ouvert à la vie politique
dans lequel les- assemblées délibérantes et
les journaux n'en aient chaudement ap
puyé l'adoption.
Un seul homme et un seul journal, épris
ï'n'n et l'autre jusqu'à la manie du goût de
l'isolement, ont repoussé cette solution;
cet homme, c'est M. de Girardin ; ce jour
nal, c'est la Presse.
Inventeur de la célèbre théorie qui con
siste à émettre, pour paraître fécond, une
idée par jour, et touché, dit-il, de l'impuis
sance de la diplomatie, M. de Girardin
vient de proposer une nouvelle solution
de la question polonaise.
On ne devinerait pas d'ailleurs, si elle
n'était expliquée , la raison capitale qui
empêche M. Emile de Girardin de se ran
ger à l'avis des puissances et de tout le
monde. La solution dont les bases sont
contenues dans les six points aurait pour
résultat de reconstituer la nationalité po
lonaise ; et M. de Girardin repousse in
exorablement non-seulement la nationa-
nalité polonaise , mais toute espèce 'de
nationalité. A ses yeux, « les nationalités
sont un dernier vestige de la féodalité, »
et tant que « les nationalités subsisteront,
rien de ce qui est aujourd'hui ne sera cer
tain d'être demain. » — Presse du 1 er août.
Aussi, en vue d'assurer la stabilité de
l'Europe, M. de Girardin s'oppose-t-il à la
constitution de nationalités nouvelles; et
afin que tout ce qui est aujourd'hui existe en
core demain , il propose la destruction de
l'Allemagne, de la France, de l'Angleterre,
de l'Espagne et de l'Italie, c'est-à-dire de
toutes les nationalités existantes.
Peut-êtréle lecteur sera-t-il curieux de
savoir ce que M. de Girardin propose de
substituer aux nationalités détruites. C'est
beaucoup plus simple qu'on ne serait d'a
bord disposé à le penser. Aux nationalités,
M de Girardin substitue les nations.
Il conseille, en effet., à chacune d'elles,
de se préoccuper, non pas d'avoir le terri
toire le plus étendu, ou le chiffre de popu
lation le plus considérable; mais « d'être
la nation dont les produits seront les plus
recherchés, la nation dont les œuvres d'art
seront les plus estimées, la nation dont les
livres seront le plus universellement lus,
la nation enfin, dont les idées exerceront
légitimement l'influence la plus grande et
la plus durable. » — Presse du i er août.
N'allez pas dire à M. de Girardin que
cette influence des idées, cette vogue des
livres, cette popularité des œuvres d'art,
cette vulgarisation des produits, sont pré
cisément le fruit du génie spécial d'un
peuple, ce. qui le constitue à l'état de na
tion, ou ce qui caractérise sa nationalité;
par conséquent, qu'il y aura des nationali
tés tant qu'il existera des nations , comme il
y aura de là lumière, tant qu'il existera des
corps lumineux.
Pour entendre les mots dans e sens
universellement accepté, M. de Girardin
serait obligé de sortir et de faire, sortir la
.Prase de-l'isolement où ils se tiennent ;
à l'exemple du Père Hardouin, à qui l'on
reprochait d'avoir dit que VEnéide avait
été composée par des moines, M. de Gi
rardin vous répondra qu'il ne se lève pas
à quatre heures du matin, depuis trente
ans, pour penser comme tout le monde.
Donc, M. de Girardin repousse la solu
tion de la question polonaise proposée par
les puissances, parce qu'elle ajouterait une
nationalité nouvelle aux nationalités an
ciennes, dont il ne veut à aucun prix.
Le moyen que propose M. Emile de Gi
rardin, pour résoudre la question polo
naise, ne paraîtra peut-être pas très effica
ce ; mais personne ne contestera sa nou
veauté. Pour pacifier la Pologne, M. de
Girardin propose d'établir la liberté de la
presse. — Où donc cela, demanderez-vous
peut-être ? En Pologne?—Non,-en France. '
« Le jour où les Français seront pleine
ment libres, dit-il, les Polonais le devien
dront. Quand la liberté sera établie, ajou-
t-il, nous serons tout étbnnés d'avoir délivré
la Pologne. » — Presse du C r août.
Il est certain qu'un pareil résultat serai 1,
étonnant.
Il ne saurait d'ailleurs être douteux que
la liberté dont parlé M. de Girardin ne
soit la liberté de la presse, car nous avons
toutes les autres, à un degré toujours égal,
à un degré souvent supérieur à ce qui
existe en Angleterre, en Suisse et en Bel
gique.
Ainsi, pour pacifier la Pologne, pour lui
donner pleine satisfaction, pour faire tom
ber les armes des mains des insurgés, pour
répondre même aux exigences de M. La-
dislas Mickiewicz et de M. Adam Zamoïs-
ki, il suffit, selon M. de Girardin, de pla
cer la presse française sous le régime judi
ciaire.
D'abord, on peut faire observer à M. de
Girardin que la presse anglaise, la presse
belge et là presse italienne sont exacte
ment dans cette situation, sans que cela
contribue puissamment à la pacification
•de la Pologne. Ce n'est d'ailleurs pas la
faute de cette presse, car elle multiplie les
plus louables efforts pour faire avancer la
Russie dans la direction des puissances, ou
le prince Gortchakolî assure qu'il s'est
placé.
Ensuite, on peut faire observer à M. de ;
Girardin que la presse française a joui dix
huit ans de cette liberté qu'il réclame, et
que la Pologne n'en a jamais reçu sa déli
vrance; ce qui autorise-à penser que la
même cause produirait le même effet, et
que le régime judiciaire de la presse fran
çaise n'aurait pas plus d'influence dans l'a
venir que dans le passé, sur la reconstitu
tion de la Pologne.
Enfin, M. de Girardin oublie sans doute
que lorsqu'il est revenu au journalisme, il
y aura bientôt un an, il a pris pour thèse
de rentrée l'impuissance et l'inutilité des
journaux. Nous ne voulons pas reproduire
ici le réquisitoire que, trois mois durant, il
a fulminé contre la presse, les arguméns
qu'il a entassés pour démontrer la stérili
té de ses efforts, la vanité de ses préten
tions, le ridicule de son sacerdoce. Nous
ne citerons pas non plus les pages où M.
de Girardin s'est efforcé de flétrir la liber
té de la tribune? la liberté de la presse,
qui étaient, à ses yeux, autant de hochets
dangereux; la nécessité où il se croit d'avoir
une idée par jour no lui permet peut-être pas
d'être difficile sur le choix ; mais si ceux
auxquels il propose de sauver la Pologne
à l'aide des journaux conservent de ces
journaux l'opinion qu'il s'est efforcé de
leur en donner, il est permis de supposer
qu'ils donneront la préférence à la solu
tion proposée par les trois puissances.
e. vierne.
TÉLÉGRAPHIÉ PRIVEE
Londres, 4 août.
Le Globe démént le bruit que lord Russell ait
promis à M. Moreira, ancien ambassadeur du
Brésil, que M. Christie ne retournerait plus à
Rio de Janeiro.
Londres, 5 août.
Le Morning-Post publie un article relatif aux
difficultés que rencontre la diplomatie dans
la question polonaise. Il y est dit :
« Le Times voit dans cette question un com
plot français auquel nous devrions servir
d'instrument 5 mais il oublie que, comme al
liés, nous aurions un droit et un pouvoir de
contrôle, tandis qu'en nous tenant à l 'écart,
nous ne pourrions pas intervenir au dernier
moment pour empêcher les arrangemens.
D'un autre côté, il y a des gens qui voudraient
faire la guerre pour une cause indéterminée.
» Nous ne pouvons pas tolérer la tyrannie
russe, nous ne pouvons pas lui permettre de
violer les traités. Mais nous sommes encore
loin de la guerre. La force morale de l'Europe
n'est pas une chose à mépriser. Une note sera
envoyée au prince Gortchakoff. On avait d'a
bord proposé une note collective, mais on a
jugé qu'il valait mieux envoyer des notes sé
parées, identiques par les idées. La force de
cette démonstration sera sentie à Saint-Pé
tersbourg. Il faudrait désespérer de la diplo
matie et croire au retour de l'âge de fer si la
guerre était nécessaire. Ce serait une honte
pour notre époque si l'on n'obtenait pas justi
ce pour la Pologne, sans guerre. »
Londres, S août.
Le Standard prévoit une solution pacifique
de la question polonaise. Il dit que l'Angleter-
- ré et l'Autriche sont d'accord sur les prochai
nes propositions, à faire à la Russie. Ces propo
sitions ne seraient pas de nature à provoquer
une rupture.
Les puissances demanderaient l'exécution
des traités que la Russie a reconnus. La répon
se de la France aux propositions anglaises a
été probablement déjà reçue. Le Standard pense
que la France fera cause commune avec l'An
gleterre et l'Autriche plutôt que d'agir isolé
ment.
Liverpool, S août.
Le Jura, venant de New-York, a apporté 0,009
dollars,
New-York, 24 juillet.
On croit que les mouvemens de Meade pour
ront empêcher Lee de regagner Richmond et
même la partie supérieure de la vallée de la
Shenandoah.
Le bruit court que le général Hill a rallié
Lee avec 10,000 hommes de la Basse-Virginie.
Une résistance énergique est opposée à la
conscription dans le Maryland. Deux métairies
appartenant à des officiers d'enrôlement ont
été brûlées. Ces officiers ont été aussi attaqués
dans leur domicile.
Le Herald conseille de nouveau à M. Lincoln-
de se gagner les populations du Nord et du
Sud en proclamant le projet de chasser les An
glais du Canada et les Français du Mexique.
Change, 139. Agio sur l'or, 26 1/8.
New-York, 23 juillet.
Le AVorld dit que l'armée de Meade a passé le
Potomac près de Harper's-Ferry, et qu'elle s'a
vance sur le côté orientaldesmontagne&Bleues.
' On croit que Lee se retire de la vallée de la
Shenandoah. Meade l'a rencontré sifr la ligne
du haut Potomac, mei.açai^ le MarylaflA 'et
Washington. Une J^tailia esT'possiblMie ftp.
CÔté. ^ . v im '■■■■■ "
On dit que Morgan est eifboUVîaas l'OIiio à
la tête de 10,000 confédérés. . .
Roscnkrairz «e prépare 4 entrer, dans le Tern
nessee oriental. • ' ■ . .
On continue d'arrêter les fauteùrs dtr désor
dres à iXew-York. Los autorités fédérales pren
nent toujours des précautions, contre le renou
vellement des désordres.
New-York, 23 juillet, soir.
„ Les confédérés étaient hier, avec de grandes
forces, près de Front-Iloval. Leur cavalerie a
été chassée de Manassas-Cap. On croit que Lee
est dans l'intention de passer les montagnes
Bleues à Chester ou à Tornton-Gap. Le bruit
court que Lee a ralenti sa marche sur le haut
Potomac pour pouvoir emporter le butin fait
en Pensylvanie et en Maryland avec la récolte
nouvelle de la vallée de la Shenandoah.
D'autres disent que Lee veut tenter une nou
velle invasion du Nord-
Change, 140. Agio sur l'or, 27. Coton midd-
ling, 03. La hausse de l'or est due à une expor
tation considérable de ce métal. Les steamers
Edinburgh et Borussia emportent 1 ,000,000 dol
lars.
New-York, 23 juillet (soir).
Une expédition fédérale, partie de Newbern,
a brûlé le pont du chemin de fer sur la rivière
Taret 3,000 balles de coton.
Les dernières nouvelles de Charleston, du
19, portent que la lutte continue dans dés con
ditions douteuses. On dit que toute l'île Mor
ris est tomoée au pouvoir des fédéraux.; mais
ce bruit a besoin de confirmation.
La navigation du Mississipi a commencé.
Tout le matériel du chemin _de fer du Missis
sipi a été pris, à Jackson.
Un corps de cavalerie fédérale a détruit le
chemin de fer de Virginie au Tennessée, à Wyt-
herville. Les confédérés ont perdu dans cetto
affaire 2 canons et 200 prisonniers.
Francfort, 5 août.
L'Europe publie le texte complet et officiel
de la réponse du prince Gortchakoff à M. de
Rechberg. L'analyse donnée précédemment
de cette réponse était pâle. Le ton en est très
sec. Le prince Gortchakoff déclare, à plusieurs
reprises, que les intentions que lui prête la
note autrichienne n'ont jamais existé.
Saint-Pétersbourg, 4 août.
Là corporation des négocians de Saint-Pé
tersbourg a donné une fête magnifique aux
troupes revenues de Pologne. L'Empereur, à
son retour de Finlande, a été accueilli avec
un enthousiasme sans exemple.
Turin, 3 août.
Les autorités françaises à Rome continuent
leurs mesures pour la répression du brigan
dage.
Une dépêche de Naples annonce que les
Français ont arrêté le chef de brigands Serra-
cante.
Emprunt italien, 71.80.
Madrid, 4 août (soir).
Un télégramme de la Grahja annonce que la
démission du minisire des finances est accep
tée. Le ministre des travaux publics jirend sa
place, et M. Alonso Martinez est nommé mi
nistre des travaux publics. ( Havas-Bullier.)
Voici les*dépêches que nous recevons ce
soir :
Londres, S août.
Consolidés anglais, 93 à 93 1/8.
Dette espagnole extérieure, 33 3/4 à 54 1/4.
Dette espagnole différée, 47 3/4 à 48 1/4.
Fonds turcs, 48 3/8.
Le marché aux blés est sans animation.
L'Edinburgh a apporté 708,030 dollars.
New-York, 2a juillet.
Les Français de la Nouvelle-Orléans ont
adressé une pétition à l'Empereur Napoléon III
pour le prier d'envoyer dans le Mississipi des
navires de guerre qui puissent leur offrir asile
et protection contre l'insurrection des noirs
dont ils sont menacés. Les pétitionnaires prou
vent que leur situation est très-critique.
Cracovie, 0 août, 2 h. du soir.
Les nouvelles de la Lithuanie parlent d'un
engagement important aux environs de Bia-
lystok.
L'escadre russe de la Chine est arrivée, le 26,
à Cronstadt.
Breslau, S août.
On lit dans la Gazette de Breslau :
En passant par Czainarewo, Taczanowski a-
enrôlé et équipé 180 hommes qu'il a emmenés
avec lui.
Zieminski a livré un combat heureux près
de Koniecpol ; les Russes se sont retirés à
Olkusz.
Marseille, 3 août.
Le Sémaphore publie les nouvelles suivantes
de Madagascar, qui lui sont adressées de l'ile
de la Réunion, le 7 juillet. L'ancien ministre
des affaires étrangères de Ranavolo continue à
faire de la réaction contre les étrangers. Le mi
nistre signataire du traité avec la France a été
assassiné.
de.
11 a été défendu aux Français
possession des terrains concèdes,
douane ont été rétablis a 10 0/0. I d^oû^.-(W
France, M. Lahordo, a ainene wm/jiavill'Oii
s'est retiré à huit lieues de la capipile ses
compatriotes. Vr
La frégate cuirassée la Gloire iWiâasejllprà
aujourd'hui de Toulon: Elle \ a re\jpWcer le
.Vîisseau CastigUone à l'escadre d'<
qui est en Corse.
Madrid, 3 août.
Le ministre des finances est définitivement
remplacé par celui des travaux publics. Ce
dernier ministère est donné à M. Alonio Mar
tinez. M. Pernmayaira entre aussi dans le ca
binet.
MM. Alonzo Martinez et Pernmayaira appar
tiennent tous deux à l'opinion libérale.
(Jlavas-Bullier.)
COURS DE LA BOURSE.
cocbs de cxotukb . le 4 le 5 hausse. baissb.
3 0/0aucompt. 67.10 68. » » 00 » »
—Fin du mois. 67.20 68. » » 80 » »
4I/2aucompt. 95.80 96.50 » 70 » »
—Fin du mois. 96 50 ». » » » « »
Les renseignemens reçu de Madagascar,
par le Moniteur s'accordent avec nos cor
respondances de la Réunion. On lit dans
ce journal :
« On,écrit de Port-Louis (île Maurice), à la
date du 0 juillet, que les nouvelles de Mada
gascar que l'on a reçues dans celte ville de
puis un mois ne signalent aucun fait impor
tant. Elles s'accordent à reconnaître que les
chefs hovas,depuis la révolution qui les a ame
nés au pouvoir, semblent préoccupés du mé
contentement que les autres tribus de l'île au
raient ressenti de la mort-de Radama.
» il parait certain que le premier ministre,
désireux de ne pas augmenter les difficultés
de sa position à l'intérieur par de nouvelles
complications avec les puissances étrangères,
n'a pas encore ordonné le rétablissement des
droits dédouané, qui avait été décidé en prin
cipe par la charte imposée à la reine loi s de
son avènement. On assure que l'arrivée du
commandant Bu pré est impatiemment atten
due par le gouvernement hova, pour s'enten
dre avec lui sur l'application de toutes les me>
sures concernant les étrangers. »
Voici le texte de l'article du Times sur le
canal de Suez, analysé hier par le télégra
phe :
o Le rapport fait par r,l. llawkshaw, ingé
nieur anglais sur les travaux du canal de Suez,
vient d'être publié. M. Hawkshaw, accompa
gné de quatre ingénieurs égyptiens, a visité
les travaux dans le courant de l'hiver der
nier. Il a " été mis en communication di
recte avecM.de-Lesseps, président do la compa
gnie du canal de Suez et il constate que M. de
Lesseps et tous les employés de la compagnie ont
répondu à toutes les question s qu'il leur a posées
et lui ont donné, sans hésitation, tous les
renseignemens qu'il a demandés. Il ajoute que
toutes les recherches faites avant lui ont beau
coup facilité son travail. L'entreprise de la Com
pagnie est double : son but principal est de creu
ser,de Port-Saïd à Suez, un canal navigable pour
les vaisseaux. Port-Saïd est situé presque à
l'extrême orient du grand-delta du Nil, qui
comprend toute la région fertile do l'Egypte.
Le port plus connu d'Alexandrie est à l'extrê
me occident de ce delta. La côte de la Méditer
ranée est la base du grand triangle dont le Cai
re peut être considéré comme le sommet. Port-
Sc»d lui-même est situé sur la lang-ue de terre
qui va de la Méditerranée au lac Menzaleh. La
Compagnie a réussi à ce point que, sur un
tiers de la ligne proposée, un canal a été ou
vert et l'eau y couvre la terre. Ce n'est seu
lement qu'au sud du lac Balkah, qu'a coit>
mencé ce travail do tranchée dans le sol et
sablonneux du désert.De ce point suddiiiâc Bal-
"kali, un canal a été ouvert, naviçibré pour les
bateaux plats et tirant peu d.'câu, do la Médi
terranée au lac Timsah.. Kous voyons donc que
les bateaux partis pour voguer sur une eau
peu profonde, peuvent pénétrer dans l'isthme
jusqu'à une distance de 30 milles.
La seconde entreprise de la compagnie, in
dépendante de la première, désignée sous le
nom de canal d'eau douce et pour parler plus
proprement est simplement un aqueduc. 11
n'est pas destiné à Être * navigable, comme le
mot canal l'indique en Angleterre. C'est plu
tôt une large tranchée faite dans le but do
porter l'eau du Nil du Caire au nord en faisant
un coude à l'est, à travers des terres achetées
par la compagnie jusqu'au lac Timsah et de là
à Suez. Aujourd'hui toute l'eau douce dont on
a besoin à Suez est transportée du Caire par le
cherpiii de fer. Cet aqueduc est donc une Cou
vre nécessaire, si l'entreprise du canal .ist con
tinuée. L'eau servira aussi à irriter les terres
au milieu desquelles elle p.'iisc 'et les rendra
plus propres à la culh^e. '
Feuilleton du Constitutionnel, 6 août.
en province
VI.
Philippe, fin rentrant chez le chanoine,
fit seller son cheval et s'en alla courir à
travers champs. Il éprouvait en ce moment
le besoin d'être seul : il était presque
heureux, et, par nature, il avait la joie dis
crète. Il lui semblait qu'Ëdmée ouvrait
devant lui un nouvel avenir; peut-être lui
donnerait-elle ce qu'il y a de plys souhai
table au monde pour l'homme échappé
aux orages de la passion, — une intimité
calme, sans trouble, sans violence et sans
déchirement.
Le lendemain, il ne voulut point retour
ner chez elle: il craignait de se faire accuser
d'un empressement trop vif. Il aima mieux
aUer demander à dîner à son ami Gabriel.
Gabriel n'était-il pas le cousin d'Edrnce?
Ne lui serait-il point possible de le faire
causer, — faire causer un prêtre ! — et
d'apprendre par lui tout ce qu'il désirait
savoir sur madame, — et môme sur M.
Delaunay?
Malgré quelques mots du chanoine, le
mari d'Iidrnée restait panr lui h l'état
■ d'énigme et de mystère. C'était ce mys
tère qu'il fallait maintenant cclaircir... Un
• mari, quel qu'il soit, tient toujours une
grande place dans la vie d'une femme.
Malheureusement, le curé de llauteville
dînait chez un confrère.
«il eût mieux fait,pensa le baron, de res
ter à son presbytère pour préparer son
prône, et répondre âmes questions. Je pré
viendrai Monseigneur que mon ami se
dérange. » _ p
Il revint à Coutances d'assez méchante
humeur, ne trouva pas son oncle, qui ne
l'attendait plus, dîna à la diable, et, ne sa
chant que faire de son temps, alla chez
Mme Delaunay,— ma'gré sa. belle résolu
tion. •
— Deux jours de suite ! pensa la jeune
femme, c'est peut-être un peu trop.
Elle n'eût point voulu montrer son éton-
nement, et cependant elle ne fut point as
sez maîtresse d'elle-même pour le cacher
tout à fait. Philippe mit une nuance de
mélancolie dans les paroles par lesquelles
il se plaignit de lui sembler déjà impor
tun.
Edmée se défendit avec une gaucherie
charmante en rougissant beaucoup et en
se troublant un peu.
— Eh ! mon Dieu ! dit Philippe, qui prit
sa main, vous n'avez que trop raison ! Je
suis un ennuyeux personnage ; mettez-moi
à la porte; je ne le. trouverai pas mauvais
et je tâcherai de ne pas revenir.
— Nous n'en sommes pas encore à ces
partis extrêmes, dit Edmée en souriant :
mais ee sourire contraint ne révélait que
trop ce qu'il voulait cacher : des irrésolu
tions et des combats intérieurs. Elle retira
sa main, queSaint-Wandrille gardait tour
jourg, et, du geste, lui indiqua un siège
en face du sien, Il ne lui sembla point
tout à fait le même queJa veille : il yavait
en lui un mélange de courtoisie et de sans
façon, de bonne grâce et de familiarité qui
tenaient à la fois et de l'homme bien né et
de l'enfant gâté. Sous les câlineries de sa
parole et de son regasd, on devinait aisé
ment l'obstination de la volonté, et Tirn-
tabilité nerveuse.
-, Js crois, lui dit Edmée, que vous de
vez êtro un peu iyfp.n.
— Oui, répondit-il, quand js ne puis être
esclave,
' Après les escarmouches rieuses, pagsesr
d'armes de la causerie qui précèdent l'as
saut, la conversation glissa bientôt sur une
pente plus intime. On parla des ennuis de
la vie en pro-vince, des existences inoccu
pées et des heures à la main vide ; Edmée
qui, naturellement, représentait la mora
le et la raison, répondit que l'on avait des
devoirs , et que ces devoirs suffisaient à
remplir tous les instans.
Philippe amena dans l'entretien le nom
de M. Delaunay. Un mari est toujours
un sujet difficile à traiter avec sa fem
me ,' soit qu'elle l'aime : c'est alors la
pudeur qui commande le silence ; soit
qu'elle ne l'aime pas : c'est alors sa propre
dignité, et le respect qu'elle doit à celui
dont elle porte le nom. Edmée sut choisir
avec un tact parfait, et ce qu'elle devait
dire et ce qu'elle deyaitcacher. « M. Delau
nay était lancé dans de grandes entrepri
ses, auxquelles suffisait à peine sa singu
lière activité; il entourait sa femme d'un
bien-être et d'un luxe dont il avait l'unique
tort de ne point prendre sa part, car il était
prpsqup toujours en voyage. »
— Gela lie doit point vous faire une yie
fort gaie, reprit Philippe.
— Le nombre est petit de ceux pour
qui la vie est gaie, «t je n'ai nul droit à fai
re exception à la règle.
—Ai} contraire ! puisque vous êtes vous-
même mie exception.
— Ah! Monsieup, des flatteries..;. Si
vous saviez comme j'en ai peu le goût !
— Eh bien ! non, ce ne sont point des
flatteries, reprit Saint-Wandrille, avec une
vivacité singulière, et vous pouvez en
croire un homme qui n'a jamais menti :
rien en vous ne ressemble à ce que l'on
Y q IJ . çl}ez les autres, et ce n'est pas seule
ment dans cette petite ville, indigne de
vous, que vous êtes une femmeàpart; par
tout où la destinée vous aurait conduite,
vous auriez été remarquée, admirée...
iitluéQ.,.'
' —A cqnjbien dp femnjes en avez-yous dit
autant? fit Ednièe d'un ton froid, en Fë-
pren^nt m tapisserie,
— A aucune ! je ne me répète jamais.
mais, au lieu de railler, laissez-moi plutôt
vous exprimer, comme je le sens, tout le
charme— le charme profond et pur — que
je ressens près de voiis. Vous avez je ne
sais quoi de sympathique et d'exquis au
quel je me laisse prêndre invinciblement;
Vous me semblez vraiment une nature
parfaite, exempte de tout alliage mauvais.
Vous n'êtes pas seulement de métal fin;
vous êtes de métal pur.
Edmée éprouva un peu d'embarras : elle
n'était pas encore habituée à ce doux poi
son de la louange, versé par nne main ha
bile dans une cqupe ciselée,
— Vous m'empêches de compter mes
points, fit-elle avec un léger mouvement
d'épaules, en lui montrant je ne sais quel
travail, qui exigeait une certaine préci
sion dans Je nombre des mailles et la dis
position du dessin. .
— Quand vous finiriez cela demain!
Vous n'êtes pas à la tâche? je suppose.
35t, tout en parlant,il essayait do lui pren^
dro des mains le filet et les crochets. Ces
façons un peu familières étaient nouvelles
pour Mme Delaunay, qui prit tout de sui
te un maintien plus sérieux. Elle jeta au
baron un regard qui disait clairement :
«Lies jeunes gens de Paris s'accordent
trop d§ licences, et l'on nqus traite ioiavac
plus do cérémonie, »
Un des mérites de'Philippe, c'était de
savoir jusqu'où il pouvait aller avec une
femme, de s'arrêter à temps, et de faire
au besoin de savantes retraites. Il vit bien
que l'impression produite sur Mme De
launay ne lui était pas fayo^lQ ; il oom-
piiit qu'il fallait l'effacer et désarmer cette
sévérité naissante. Il restitua saprise,ajou
tant d'une voix qui demandait grâce :
— Je croyais que vous aviez assez tra
vaillé pour un jour; vous semblez qrç paq
fatfguee pt j'en qi yqulii k çe reiautjit qu ^
yrage. Vouâ êtes f^ciiee? bien fâchée ?
«On ne peut pas trop se f4oUer avec les
enfans ! répondit Edmée, qui avait déjà
retrouvé son beau sourire.
■ —Merci ! ne soyez jamais méchante avec
moi !
Il reprit sa main et la baisa.
— Alors soyez sagej vous !
Il s'assit à quelque distance, ne dit plus
rien et la regarda travailler. Edmée, de
son côté, parut oublier qu'il était là et se
remit à son crochet avec cette régularité
monotone si chère aux femmes parce
qu'elle laisse à leur pensée toute son in
dépendance et toute sa liberté. Mais ce si
lence et cette immobilité devinrent bien
tôt insupportables à Philippe, impatient
comme tous les êtres nerveux. Il se leva
et alla regarder un beau piano qui se trou
vait dans un coin du salon.
— On peut ouvrir ?
— Ouvrez.
. — D' ,rard ? Il doit être bon.
Il essaya des gammes chromatiques,
tout le long du clavier ; puis il revint vers
Edmée.
—Si vous saviez, lui dit-il, toutle plaisir
que vous me feriez, rien qu'avec-deàx no
tes ! Chez mon respectable oncle je- suis
sevré de toute espèce de mélodie, et c'est
une véritable privation pour moi.
—» Ah ! vous aimez la musique ? '
— Passionnément.
—Et, sans doute, on vous en a beau
coup fait? demanda Mme Delaunay en re
gardant le jeune homme, dont les mains
brusques feuilletaient une partition.
—Beaucoup j Madame.
- k Q !i ! vous dites cela d'un, ton !... Si la
vue de mes pauvres cahiers vous fait cet
effet-là, que sera-ce donc lorsque vous
m'entendrez ?
—Vous avez ra,isftn, ei je erois que la
musique, me vaudrait rien aujourd'hui.
vd'ei'-mu le piano et fit quelques pas
dans le salon sans rien dire.
Idraéo ne voulut point surprendre le§
secrets de cette ânxe troublée : elle se pen
cha sur sa tâche qui parut l'absorber tout
entière.
Une fois ou deux cependant, comme
malgré elle, elle le suivit de l'œil dans une
glace oblique qui lui permettait de voir
sans qu'on s'aperçût qu'elle regardât. Le
Visage de Philippe n'avait plus la contrac
tion douloureuse du premier moment;
mais on voyait aisément qu'il était encore
sous l'empire d'une émotion profonde.
Edmée eût voulu lui parler, et elle ne sa
vait que lui dire. Peut-être eût-il mieux
valu feindre de n'avoir rien remarqué.C'est
le parti que , sans doute , beaucoup d'au
tres auraient pris. Mais la pitié, cetto dou
ce conseillère delà femme, l'emporta dans
son cœur _; elle ne pouvait voir souffrir sans
aller aussitôt à celui qui souffrait. Elle mar
cha droit à Philippe, et avec cette franchi
se et cetto liberté que peuvent seules avoir
les très honnêtes femmes, elle prit sa main
et la serra affectueusement dans les siennes.
— Merci, dit-il.
Et la conduisant au piano :
— Eh bien ! jouez maintenant !.
— Que préférez-vous ?
— Ce que vout voudrez-, âu Beethoven
ou du Chopin.
Il s'approcha ùp îa fenêtre et appuya son
front à la vitre comme s'il eût eu besoin
de ce contra frais pour sa tête brûlante.
« .vais lui jouer du Chopin, pensa
Mine Delaunay : c'est le musicien, c'est le
poète, c'est l'enchanteur do tous ceux qui
souffrent. »
Elle ne pouvait mieux choisir. Pour
Chopin, eu ciïet, la musique était destinée
à évoquer les passions, à les rendre sensi
bles, et à communiquer leurs l'rémisse-
mens. Ce fut avant tout un artiste pathé
tique ; dans ses compositions, dont la pro
fondeur est voilée sous la grâce, le senti
ment est tout, .et il parvient à lui donner
une intensité d'expression, rare. Après un
léger prélude, effleurantle clavier, elle com-
niençacet te magnifique Marche funèbre dans
liUKKAUX A l'AKlS : rue de Valois^alais-Koyal), n. 103
B
JEUDI 6 AOUT 1865.
A30NNEMENSIDES DÉPARTEMENS -mm™
TROIS MOIS...
SIX MOIS....
ON AN...?..
fodk les pats ktbàngebs, toil' 10" tablesd
publié les S et 20 âe£chaque mois.
•À.BONNEMENS DE PARIS.
TROIS MOIS.7..../. 13 FR,
SIX MOIS 26 FR,
UN AN 52 FR.
ON NUMÉRO m CENTIMES.
Imp. i. bonifacb , r. des Bons-Enfans, 19.
Le mode d'abootîement le plus simple est l'envol d'un bon de poste ou d'un effet
sur Pans, à l'ordre de l'administrateur du journal, rue de Valoir, u° 10.
JOURNAL POLITIQUE, LITTERAIRE, UNIVERSEL.
Lu lettres ou envois d'argent non affranchis sont refusés.
Les articles déposés ne sont pas rendus.
; Les abonnemens datent des 1" et 16
-■■■"* •. * de chaque mois.
Les" Annonces sont-reçues .cSe* M.- Pa T ïs , ;rue Notre-Dame-des-Victoir.es, n* 40
" (Place de ta 1 Bourse).
PARIS, 5 AOUT.
On paraît s'être préoccupé, dans le pu
blic, des articles de,certains journaux.qui,
dans le travail de réponse aux dernières
dépêches russes, semblent avoir envisagé
les détails d'exécution plutôt que le côté
Vraiment sérieux et essentiel.
Deux systèmes étaient en présence : on
pouvait répondre soit par une note iden
tique soit par trois notes séparées. Le pre
mier système avait des avantages réels
qui, nous devons le dire, nous avaient frap
pé tout d'abord.
Mais, il faut bien le reconnaître, les par
tisans du second système pouvaient faire
valoir que, la Russieayant adresséaux trois
puissances des notes séparées et présen
tant des argumens difi'érena, il paraîtrait
plus naturel que chacune d'elles répondit
à ce qui lui était plus spécialement adres
sé; et que d'ailleurs, en procédant ainsi,
on ne faisait que continuer le système-sui
vi jusqu'à présent. ^ '
Ce sont ces considérations qui parais
sent avoir déterminé l'Angleterre à préfé
rer l'envoi de trois notes. Mais ces trois
nouvelles notes doivent être remises si
multanément comme les précédentes, et
ce mode adopté ne porte aucune atteinte
ii l'union dépensée, de but et d'action, qyi
est plus complète que jamais.
La pressé de Londres ne cesse de se li
vrer à des controverses sur le rôle de l'An
gleterre dans la question polonaise.
Le Times s'était permis dans son article
d'hier des insinuations à. l'égard de la
France que nous n'avons pas jugé utile de
relçver, vu les opinions flottantes de ce
journal.
Le Morning-Posi prend soin aujourd'hui
de réfuter le Tirnes.
Le Post rappelle à cette feuille que le
meilleur moyen d'exercer de l'influence
sur la marche d'une grande question, c'est,
non pas de s'abstenir, comme le voudrait
le Times, mais de faire cause commune
avec la France et l'Autriche. Suivant le
Post , des notes, identiques par les con
clusions , seront adressées à la Russie,
et cette feuille persiste à penser que la
force de cette démonstration diplomatique
sera assez sentie à Saint-Pétersbourg pour
rendre inutile l'usage de moyens plus
violens.
«Il faudrait désespérer de la diplomatie,
» s'écrie le Post en terminant, et croire au
» retour de l'âge de 1er, si la guerre était
» nécessaire. Ce serait une honte potfrno-
» tre époque si l'on n'obtenait pas sans
» guerre justice pour la Pologne. »
Le Globe pense également que les dé
marches communes de l'Angleterre, de
l'Autriche et de la France exerceront une
salutaire pression sur la Russie, et que
cette puissance appréciera ce qu'il y a de
grave dans cette entente.
Les correspondances de Viennesont una
nimes pour alfirmer que, plus que jamais,
l'Autriche persiste dans la voie qu'elle a
suivie jusqu'ici et qu'elle ne séparera pas
sa politique, dans la question polonaise,
de celle des puissances occidentales, et,
notamment, de la France. En un mot, les
menaces comme les séductions resteront
stériles devant l'attitude si ferme et si
loyale dont le cabinet de Vienne a fait
preuve depuis le début de l'insurrection
de Pologne.
A Berlin, malgré les assertions des jour
naux qui passent pour exprimer plus par
ticulièrement les idées du chef du cabi
net, on n'abandonne pas l'espoir d'un re-.
virement de la politique prussienne daqs
le sens de la politique occidentale. Dans
les sphères officielles même on a été désa
gréablement surpris du refus absolu op
posé par la Russie aux demandes des trois
puissances, et quelques organes du monde
gouvernemental ont même proteste con
tre la solidarité d'intérêts que le prince
Gortchakoff voudrait établir ent^ les a or
cours du Nord.
Le délai fixé au gouvernement danois
par laDiète germanique, pour le retrait des
ordonnances du 30 mars, expire prochai
nement. On écrit de Francfort à l'agence
Havas, que le cabinet de Copenhague, se
lon toute apparence, déclinera lés deman
des de la Diète et, au besoin, fera appel à la
médiation des trois autres puissances eu
ropéennes.
Les dernières nouvelles reçues de Ma
dagascar portent à croire que le nouveau
gouvernement hésite à compliquer les dif
ficultés de sa situation à l'intérieur par
des conflits avec les puissances eurppéen-
nes. Il attendait au contraire l'arrivée du
commandant Dupré, pour concerter avec
lui toutes les mesures concernant les étran
gers. . EDOUARD SIMON.
' UNE NOUVELLE SOLUTION
DE LA QUESTION POLONAISE.
Toute l'Europe connaît la solution pro
posée par la France,- l'Autriche,et l'An
gleterre pouT pacifier la Pologne, solution
qui consiste à l'organiser sur des bases li
bérales et autonomes; à lui donner une
représentation nationale, une administra
tion distincte, animée de l'esprit du pays;
le libre et entier exercice du culte catholi
que, qui est celui de l'immense majorilé
des liabitans; une conscription raisonna
ble, modérée, qui ne soit pas un exil dans
les camps; enfin, la forme la plus éminen-
te, la plûs précieuse peut-être des natio
nalités, celle qui résume le génie de la ra
ce, du climat et des mœurs, et qui perpé
tue un peuple à travers les âges lorsqu^il a
cessé d'exister, l'usage de la langue trans
mise aux enfans par les ancêtres.
Cette solution, qui aurait pour résultat
de refaire une Pologne yivante et durable,
fondée sur des élémens traditionnels, a
été approuvée du monde entier ; car il
n'est pas un pays ouvert à la vie politique
dans lequel les- assemblées délibérantes et
les journaux n'en aient chaudement ap
puyé l'adoption.
Un seul homme et un seul journal, épris
ï'n'n et l'autre jusqu'à la manie du goût de
l'isolement, ont repoussé cette solution;
cet homme, c'est M. de Girardin ; ce jour
nal, c'est la Presse.
Inventeur de la célèbre théorie qui con
siste à émettre, pour paraître fécond, une
idée par jour, et touché, dit-il, de l'impuis
sance de la diplomatie, M. de Girardin
vient de proposer une nouvelle solution
de la question polonaise.
On ne devinerait pas d'ailleurs, si elle
n'était expliquée , la raison capitale qui
empêche M. Emile de Girardin de se ran
ger à l'avis des puissances et de tout le
monde. La solution dont les bases sont
contenues dans les six points aurait pour
résultat de reconstituer la nationalité po
lonaise ; et M. de Girardin repousse in
exorablement non-seulement la nationa-
nalité polonaise , mais toute espèce 'de
nationalité. A ses yeux, « les nationalités
sont un dernier vestige de la féodalité, »
et tant que « les nationalités subsisteront,
rien de ce qui est aujourd'hui ne sera cer
tain d'être demain. » — Presse du 1 er août.
Aussi, en vue d'assurer la stabilité de
l'Europe, M. de Girardin s'oppose-t-il à la
constitution de nationalités nouvelles; et
afin que tout ce qui est aujourd'hui existe en
core demain , il propose la destruction de
l'Allemagne, de la France, de l'Angleterre,
de l'Espagne et de l'Italie, c'est-à-dire de
toutes les nationalités existantes.
Peut-êtréle lecteur sera-t-il curieux de
savoir ce que M. de Girardin propose de
substituer aux nationalités détruites. C'est
beaucoup plus simple qu'on ne serait d'a
bord disposé à le penser. Aux nationalités,
M de Girardin substitue les nations.
Il conseille, en effet., à chacune d'elles,
de se préoccuper, non pas d'avoir le terri
toire le plus étendu, ou le chiffre de popu
lation le plus considérable; mais « d'être
la nation dont les produits seront les plus
recherchés, la nation dont les œuvres d'art
seront les plus estimées, la nation dont les
livres seront le plus universellement lus,
la nation enfin, dont les idées exerceront
légitimement l'influence la plus grande et
la plus durable. » — Presse du i er août.
N'allez pas dire à M. de Girardin que
cette influence des idées, cette vogue des
livres, cette popularité des œuvres d'art,
cette vulgarisation des produits, sont pré
cisément le fruit du génie spécial d'un
peuple, ce. qui le constitue à l'état de na
tion, ou ce qui caractérise sa nationalité;
par conséquent, qu'il y aura des nationali
tés tant qu'il existera des nations , comme il
y aura de là lumière, tant qu'il existera des
corps lumineux.
Pour entendre les mots dans e sens
universellement accepté, M. de Girardin
serait obligé de sortir et de faire, sortir la
.Prase de-l'isolement où ils se tiennent ;
à l'exemple du Père Hardouin, à qui l'on
reprochait d'avoir dit que VEnéide avait
été composée par des moines, M. de Gi
rardin vous répondra qu'il ne se lève pas
à quatre heures du matin, depuis trente
ans, pour penser comme tout le monde.
Donc, M. de Girardin repousse la solu
tion de la question polonaise proposée par
les puissances, parce qu'elle ajouterait une
nationalité nouvelle aux nationalités an
ciennes, dont il ne veut à aucun prix.
Le moyen que propose M. Emile de Gi
rardin, pour résoudre la question polo
naise, ne paraîtra peut-être pas très effica
ce ; mais personne ne contestera sa nou
veauté. Pour pacifier la Pologne, M. de
Girardin propose d'établir la liberté de la
presse. — Où donc cela, demanderez-vous
peut-être ? En Pologne?—Non,-en France. '
« Le jour où les Français seront pleine
ment libres, dit-il, les Polonais le devien
dront. Quand la liberté sera établie, ajou-
t-il, nous serons tout étbnnés d'avoir délivré
la Pologne. » — Presse du C r août.
Il est certain qu'un pareil résultat serai 1,
étonnant.
Il ne saurait d'ailleurs être douteux que
la liberté dont parlé M. de Girardin ne
soit la liberté de la presse, car nous avons
toutes les autres, à un degré toujours égal,
à un degré souvent supérieur à ce qui
existe en Angleterre, en Suisse et en Bel
gique.
Ainsi, pour pacifier la Pologne, pour lui
donner pleine satisfaction, pour faire tom
ber les armes des mains des insurgés, pour
répondre même aux exigences de M. La-
dislas Mickiewicz et de M. Adam Zamoïs-
ki, il suffit, selon M. de Girardin, de pla
cer la presse française sous le régime judi
ciaire.
D'abord, on peut faire observer à M. de
Girardin que la presse anglaise, la presse
belge et là presse italienne sont exacte
ment dans cette situation, sans que cela
contribue puissamment à la pacification
•de la Pologne. Ce n'est d'ailleurs pas la
faute de cette presse, car elle multiplie les
plus louables efforts pour faire avancer la
Russie dans la direction des puissances, ou
le prince Gortchakolî assure qu'il s'est
placé.
Ensuite, on peut faire observer à M. de ;
Girardin que la presse française a joui dix
huit ans de cette liberté qu'il réclame, et
que la Pologne n'en a jamais reçu sa déli
vrance; ce qui autorise-à penser que la
même cause produirait le même effet, et
que le régime judiciaire de la presse fran
çaise n'aurait pas plus d'influence dans l'a
venir que dans le passé, sur la reconstitu
tion de la Pologne.
Enfin, M. de Girardin oublie sans doute
que lorsqu'il est revenu au journalisme, il
y aura bientôt un an, il a pris pour thèse
de rentrée l'impuissance et l'inutilité des
journaux. Nous ne voulons pas reproduire
ici le réquisitoire que, trois mois durant, il
a fulminé contre la presse, les arguméns
qu'il a entassés pour démontrer la stérili
té de ses efforts, la vanité de ses préten
tions, le ridicule de son sacerdoce. Nous
ne citerons pas non plus les pages où M.
de Girardin s'est efforcé de flétrir la liber
té de la tribune? la liberté de la presse,
qui étaient, à ses yeux, autant de hochets
dangereux; la nécessité où il se croit d'avoir
une idée par jour no lui permet peut-être pas
d'être difficile sur le choix ; mais si ceux
auxquels il propose de sauver la Pologne
à l'aide des journaux conservent de ces
journaux l'opinion qu'il s'est efforcé de
leur en donner, il est permis de supposer
qu'ils donneront la préférence à la solu
tion proposée par les trois puissances.
e. vierne.
TÉLÉGRAPHIÉ PRIVEE
Londres, 4 août.
Le Globe démént le bruit que lord Russell ait
promis à M. Moreira, ancien ambassadeur du
Brésil, que M. Christie ne retournerait plus à
Rio de Janeiro.
Londres, 5 août.
Le Morning-Post publie un article relatif aux
difficultés que rencontre la diplomatie dans
la question polonaise. Il y est dit :
« Le Times voit dans cette question un com
plot français auquel nous devrions servir
d'instrument 5 mais il oublie que, comme al
liés, nous aurions un droit et un pouvoir de
contrôle, tandis qu'en nous tenant à l 'écart,
nous ne pourrions pas intervenir au dernier
moment pour empêcher les arrangemens.
D'un autre côté, il y a des gens qui voudraient
faire la guerre pour une cause indéterminée.
» Nous ne pouvons pas tolérer la tyrannie
russe, nous ne pouvons pas lui permettre de
violer les traités. Mais nous sommes encore
loin de la guerre. La force morale de l'Europe
n'est pas une chose à mépriser. Une note sera
envoyée au prince Gortchakoff. On avait d'a
bord proposé une note collective, mais on a
jugé qu'il valait mieux envoyer des notes sé
parées, identiques par les idées. La force de
cette démonstration sera sentie à Saint-Pé
tersbourg. Il faudrait désespérer de la diplo
matie et croire au retour de l'âge de fer si la
guerre était nécessaire. Ce serait une honte
pour notre époque si l'on n'obtenait pas justi
ce pour la Pologne, sans guerre. »
Londres, S août.
Le Standard prévoit une solution pacifique
de la question polonaise. Il dit que l'Angleter-
- ré et l'Autriche sont d'accord sur les prochai
nes propositions, à faire à la Russie. Ces propo
sitions ne seraient pas de nature à provoquer
une rupture.
Les puissances demanderaient l'exécution
des traités que la Russie a reconnus. La répon
se de la France aux propositions anglaises a
été probablement déjà reçue. Le Standard pense
que la France fera cause commune avec l'An
gleterre et l'Autriche plutôt que d'agir isolé
ment.
Liverpool, S août.
Le Jura, venant de New-York, a apporté 0,009
dollars,
New-York, 24 juillet.
On croit que les mouvemens de Meade pour
ront empêcher Lee de regagner Richmond et
même la partie supérieure de la vallée de la
Shenandoah.
Le bruit court que le général Hill a rallié
Lee avec 10,000 hommes de la Basse-Virginie.
Une résistance énergique est opposée à la
conscription dans le Maryland. Deux métairies
appartenant à des officiers d'enrôlement ont
été brûlées. Ces officiers ont été aussi attaqués
dans leur domicile.
Le Herald conseille de nouveau à M. Lincoln-
de se gagner les populations du Nord et du
Sud en proclamant le projet de chasser les An
glais du Canada et les Français du Mexique.
Change, 139. Agio sur l'or, 26 1/8.
New-York, 23 juillet.
Le AVorld dit que l'armée de Meade a passé le
Potomac près de Harper's-Ferry, et qu'elle s'a
vance sur le côté orientaldesmontagne&Bleues.
' On croit que Lee se retire de la vallée de la
Shenandoah. Meade l'a rencontré sifr la ligne
du haut Potomac, mei.açai^ le MarylaflA 'et
Washington. Une J^tailia esT'possiblMie ftp.
CÔté. ^ . v im '■■■■■ "
On dit que Morgan est eifboUVîaas l'OIiio à
la tête de 10,000 confédérés. . .
Roscnkrairz «e prépare 4 entrer, dans le Tern
nessee oriental. • ' ■ . .
On continue d'arrêter les fauteùrs dtr désor
dres à iXew-York. Los autorités fédérales pren
nent toujours des précautions, contre le renou
vellement des désordres.
New-York, 23 juillet, soir.
„ Les confédérés étaient hier, avec de grandes
forces, près de Front-Iloval. Leur cavalerie a
été chassée de Manassas-Cap. On croit que Lee
est dans l'intention de passer les montagnes
Bleues à Chester ou à Tornton-Gap. Le bruit
court que Lee a ralenti sa marche sur le haut
Potomac pour pouvoir emporter le butin fait
en Pensylvanie et en Maryland avec la récolte
nouvelle de la vallée de la Shenandoah.
D'autres disent que Lee veut tenter une nou
velle invasion du Nord-
Change, 140. Agio sur l'or, 27. Coton midd-
ling, 03. La hausse de l'or est due à une expor
tation considérable de ce métal. Les steamers
Edinburgh et Borussia emportent 1 ,000,000 dol
lars.
New-York, 23 juillet (soir).
Une expédition fédérale, partie de Newbern,
a brûlé le pont du chemin de fer sur la rivière
Taret 3,000 balles de coton.
Les dernières nouvelles de Charleston, du
19, portent que la lutte continue dans dés con
ditions douteuses. On dit que toute l'île Mor
ris est tomoée au pouvoir des fédéraux.; mais
ce bruit a besoin de confirmation.
La navigation du Mississipi a commencé.
Tout le matériel du chemin _de fer du Missis
sipi a été pris, à Jackson.
Un corps de cavalerie fédérale a détruit le
chemin de fer de Virginie au Tennessée, à Wyt-
herville. Les confédérés ont perdu dans cetto
affaire 2 canons et 200 prisonniers.
Francfort, 5 août.
L'Europe publie le texte complet et officiel
de la réponse du prince Gortchakoff à M. de
Rechberg. L'analyse donnée précédemment
de cette réponse était pâle. Le ton en est très
sec. Le prince Gortchakoff déclare, à plusieurs
reprises, que les intentions que lui prête la
note autrichienne n'ont jamais existé.
Saint-Pétersbourg, 4 août.
Là corporation des négocians de Saint-Pé
tersbourg a donné une fête magnifique aux
troupes revenues de Pologne. L'Empereur, à
son retour de Finlande, a été accueilli avec
un enthousiasme sans exemple.
Turin, 3 août.
Les autorités françaises à Rome continuent
leurs mesures pour la répression du brigan
dage.
Une dépêche de Naples annonce que les
Français ont arrêté le chef de brigands Serra-
cante.
Emprunt italien, 71.80.
Madrid, 4 août (soir).
Un télégramme de la Grahja annonce que la
démission du minisire des finances est accep
tée. Le ministre des travaux publics jirend sa
place, et M. Alonso Martinez est nommé mi
nistre des travaux publics. ( Havas-Bullier.)
Voici les*dépêches que nous recevons ce
soir :
Londres, S août.
Consolidés anglais, 93 à 93 1/8.
Dette espagnole extérieure, 33 3/4 à 54 1/4.
Dette espagnole différée, 47 3/4 à 48 1/4.
Fonds turcs, 48 3/8.
Le marché aux blés est sans animation.
L'Edinburgh a apporté 708,030 dollars.
New-York, 2a juillet.
Les Français de la Nouvelle-Orléans ont
adressé une pétition à l'Empereur Napoléon III
pour le prier d'envoyer dans le Mississipi des
navires de guerre qui puissent leur offrir asile
et protection contre l'insurrection des noirs
dont ils sont menacés. Les pétitionnaires prou
vent que leur situation est très-critique.
Cracovie, 0 août, 2 h. du soir.
Les nouvelles de la Lithuanie parlent d'un
engagement important aux environs de Bia-
lystok.
L'escadre russe de la Chine est arrivée, le 26,
à Cronstadt.
Breslau, S août.
On lit dans la Gazette de Breslau :
En passant par Czainarewo, Taczanowski a-
enrôlé et équipé 180 hommes qu'il a emmenés
avec lui.
Zieminski a livré un combat heureux près
de Koniecpol ; les Russes se sont retirés à
Olkusz.
Marseille, 3 août.
Le Sémaphore publie les nouvelles suivantes
de Madagascar, qui lui sont adressées de l'ile
de la Réunion, le 7 juillet. L'ancien ministre
des affaires étrangères de Ranavolo continue à
faire de la réaction contre les étrangers. Le mi
nistre signataire du traité avec la France a été
assassiné.
de.
11 a été défendu aux Français
possession des terrains concèdes,
douane ont été rétablis a 10 0/0. I d^oû^.-(W
France, M. Lahordo, a ainene wm/jiavill'Oii
s'est retiré à huit lieues de la capipile ses
compatriotes. Vr
La frégate cuirassée la Gloire iWiâasejllprà
aujourd'hui de Toulon: Elle \ a re\jpWcer le
.Vîisseau CastigUone à l'escadre d'<
qui est en Corse.
Madrid, 3 août.
Le ministre des finances est définitivement
remplacé par celui des travaux publics. Ce
dernier ministère est donné à M. Alonio Mar
tinez. M. Pernmayaira entre aussi dans le ca
binet.
MM. Alonzo Martinez et Pernmayaira appar
tiennent tous deux à l'opinion libérale.
(Jlavas-Bullier.)
COURS DE LA BOURSE.
cocbs de cxotukb . le 4 le 5 hausse. baissb.
3 0/0aucompt. 67.10 68. » » 00 » »
—Fin du mois. 67.20 68. » » 80 » »
4I/2aucompt. 95.80 96.50 » 70 » »
—Fin du mois. 96 50 ». » » » « »
Les renseignemens reçu de Madagascar,
par le Moniteur s'accordent avec nos cor
respondances de la Réunion. On lit dans
ce journal :
« On,écrit de Port-Louis (île Maurice), à la
date du 0 juillet, que les nouvelles de Mada
gascar que l'on a reçues dans celte ville de
puis un mois ne signalent aucun fait impor
tant. Elles s'accordent à reconnaître que les
chefs hovas,depuis la révolution qui les a ame
nés au pouvoir, semblent préoccupés du mé
contentement que les autres tribus de l'île au
raient ressenti de la mort-de Radama.
» il parait certain que le premier ministre,
désireux de ne pas augmenter les difficultés
de sa position à l'intérieur par de nouvelles
complications avec les puissances étrangères,
n'a pas encore ordonné le rétablissement des
droits dédouané, qui avait été décidé en prin
cipe par la charte imposée à la reine loi s de
son avènement. On assure que l'arrivée du
commandant Bu pré est impatiemment atten
due par le gouvernement hova, pour s'enten
dre avec lui sur l'application de toutes les me>
sures concernant les étrangers. »
Voici le texte de l'article du Times sur le
canal de Suez, analysé hier par le télégra
phe :
o Le rapport fait par r,l. llawkshaw, ingé
nieur anglais sur les travaux du canal de Suez,
vient d'être publié. M. Hawkshaw, accompa
gné de quatre ingénieurs égyptiens, a visité
les travaux dans le courant de l'hiver der
nier. Il a " été mis en communication di
recte avecM.de-Lesseps, président do la compa
gnie du canal de Suez et il constate que M. de
Lesseps et tous les employés de la compagnie ont
répondu à toutes les question s qu'il leur a posées
et lui ont donné, sans hésitation, tous les
renseignemens qu'il a demandés. Il ajoute que
toutes les recherches faites avant lui ont beau
coup facilité son travail. L'entreprise de la Com
pagnie est double : son but principal est de creu
ser,de Port-Saïd à Suez, un canal navigable pour
les vaisseaux. Port-Saïd est situé presque à
l'extrême orient du grand-delta du Nil, qui
comprend toute la région fertile do l'Egypte.
Le port plus connu d'Alexandrie est à l'extrê
me occident de ce delta. La côte de la Méditer
ranée est la base du grand triangle dont le Cai
re peut être considéré comme le sommet. Port-
Sc»d lui-même est situé sur la lang-ue de terre
qui va de la Méditerranée au lac Menzaleh. La
Compagnie a réussi à ce point que, sur un
tiers de la ligne proposée, un canal a été ou
vert et l'eau y couvre la terre. Ce n'est seu
lement qu'au sud du lac Balkah, qu'a coit>
mencé ce travail do tranchée dans le sol et
sablonneux du désert.De ce point suddiiiâc Bal-
"kali, un canal a été ouvert, naviçibré pour les
bateaux plats et tirant peu d.'câu, do la Médi
terranée au lac Timsah.. Kous voyons donc que
les bateaux partis pour voguer sur une eau
peu profonde, peuvent pénétrer dans l'isthme
jusqu'à une distance de 30 milles.
La seconde entreprise de la compagnie, in
dépendante de la première, désignée sous le
nom de canal d'eau douce et pour parler plus
proprement est simplement un aqueduc. 11
n'est pas destiné à Être * navigable, comme le
mot canal l'indique en Angleterre. C'est plu
tôt une large tranchée faite dans le but do
porter l'eau du Nil du Caire au nord en faisant
un coude à l'est, à travers des terres achetées
par la compagnie jusqu'au lac Timsah et de là
à Suez. Aujourd'hui toute l'eau douce dont on
a besoin à Suez est transportée du Caire par le
cherpiii de fer. Cet aqueduc est donc une Cou
vre nécessaire, si l'entreprise du canal .ist con
tinuée. L'eau servira aussi à irriter les terres
au milieu desquelles elle p.'iisc 'et les rendra
plus propres à la culh^e. '
Feuilleton du Constitutionnel, 6 août.
en province
VI.
Philippe, fin rentrant chez le chanoine,
fit seller son cheval et s'en alla courir à
travers champs. Il éprouvait en ce moment
le besoin d'être seul : il était presque
heureux, et, par nature, il avait la joie dis
crète. Il lui semblait qu'Ëdmée ouvrait
devant lui un nouvel avenir; peut-être lui
donnerait-elle ce qu'il y a de plys souhai
table au monde pour l'homme échappé
aux orages de la passion, — une intimité
calme, sans trouble, sans violence et sans
déchirement.
Le lendemain, il ne voulut point retour
ner chez elle: il craignait de se faire accuser
d'un empressement trop vif. Il aima mieux
aUer demander à dîner à son ami Gabriel.
Gabriel n'était-il pas le cousin d'Edrnce?
Ne lui serait-il point possible de le faire
causer, — faire causer un prêtre ! — et
d'apprendre par lui tout ce qu'il désirait
savoir sur madame, — et môme sur M.
Delaunay?
Malgré quelques mots du chanoine, le
mari d'Iidrnée restait panr lui h l'état
■ d'énigme et de mystère. C'était ce mys
tère qu'il fallait maintenant cclaircir... Un
• mari, quel qu'il soit, tient toujours une
grande place dans la vie d'une femme.
Malheureusement, le curé de llauteville
dînait chez un confrère.
«il eût mieux fait,pensa le baron, de res
ter à son presbytère pour préparer son
prône, et répondre âmes questions. Je pré
viendrai Monseigneur que mon ami se
dérange. » _ p
Il revint à Coutances d'assez méchante
humeur, ne trouva pas son oncle, qui ne
l'attendait plus, dîna à la diable, et, ne sa
chant que faire de son temps, alla chez
Mme Delaunay,— ma'gré sa. belle résolu
tion. •
— Deux jours de suite ! pensa la jeune
femme, c'est peut-être un peu trop.
Elle n'eût point voulu montrer son éton-
nement, et cependant elle ne fut point as
sez maîtresse d'elle-même pour le cacher
tout à fait. Philippe mit une nuance de
mélancolie dans les paroles par lesquelles
il se plaignit de lui sembler déjà impor
tun.
Edmée se défendit avec une gaucherie
charmante en rougissant beaucoup et en
se troublant un peu.
— Eh ! mon Dieu ! dit Philippe, qui prit
sa main, vous n'avez que trop raison ! Je
suis un ennuyeux personnage ; mettez-moi
à la porte; je ne le. trouverai pas mauvais
et je tâcherai de ne pas revenir.
— Nous n'en sommes pas encore à ces
partis extrêmes, dit Edmée en souriant :
mais ee sourire contraint ne révélait que
trop ce qu'il voulait cacher : des irrésolu
tions et des combats intérieurs. Elle retira
sa main, queSaint-Wandrille gardait tour
jourg, et, du geste, lui indiqua un siège
en face du sien, Il ne lui sembla point
tout à fait le même queJa veille : il yavait
en lui un mélange de courtoisie et de sans
façon, de bonne grâce et de familiarité qui
tenaient à la fois et de l'homme bien né et
de l'enfant gâté. Sous les câlineries de sa
parole et de son regasd, on devinait aisé
ment l'obstination de la volonté, et Tirn-
tabilité nerveuse.
-, Js crois, lui dit Edmée, que vous de
vez êtro un peu iyfp.n.
— Oui, répondit-il, quand js ne puis être
esclave,
' Après les escarmouches rieuses, pagsesr
d'armes de la causerie qui précèdent l'as
saut, la conversation glissa bientôt sur une
pente plus intime. On parla des ennuis de
la vie en pro-vince, des existences inoccu
pées et des heures à la main vide ; Edmée
qui, naturellement, représentait la mora
le et la raison, répondit que l'on avait des
devoirs , et que ces devoirs suffisaient à
remplir tous les instans.
Philippe amena dans l'entretien le nom
de M. Delaunay. Un mari est toujours
un sujet difficile à traiter avec sa fem
me ,' soit qu'elle l'aime : c'est alors la
pudeur qui commande le silence ; soit
qu'elle ne l'aime pas : c'est alors sa propre
dignité, et le respect qu'elle doit à celui
dont elle porte le nom. Edmée sut choisir
avec un tact parfait, et ce qu'elle devait
dire et ce qu'elle deyaitcacher. « M. Delau
nay était lancé dans de grandes entrepri
ses, auxquelles suffisait à peine sa singu
lière activité; il entourait sa femme d'un
bien-être et d'un luxe dont il avait l'unique
tort de ne point prendre sa part, car il était
prpsqup toujours en voyage. »
— Gela lie doit point vous faire une yie
fort gaie, reprit Philippe.
— Le nombre est petit de ceux pour
qui la vie est gaie, «t je n'ai nul droit à fai
re exception à la règle.
—Ai} contraire ! puisque vous êtes vous-
même mie exception.
— Ah! Monsieup, des flatteries..;. Si
vous saviez comme j'en ai peu le goût !
— Eh bien ! non, ce ne sont point des
flatteries, reprit Saint-Wandrille, avec une
vivacité singulière, et vous pouvez en
croire un homme qui n'a jamais menti :
rien en vous ne ressemble à ce que l'on
Y q IJ . çl}ez les autres, et ce n'est pas seule
ment dans cette petite ville, indigne de
vous, que vous êtes une femmeàpart; par
tout où la destinée vous aurait conduite,
vous auriez été remarquée, admirée...
iitluéQ.,.'
' —A cqnjbien dp femnjes en avez-yous dit
autant? fit Ednièe d'un ton froid, en Fë-
pren^nt m tapisserie,
— A aucune ! je ne me répète jamais.
mais, au lieu de railler, laissez-moi plutôt
vous exprimer, comme je le sens, tout le
charme— le charme profond et pur — que
je ressens près de voiis. Vous avez je ne
sais quoi de sympathique et d'exquis au
quel je me laisse prêndre invinciblement;
Vous me semblez vraiment une nature
parfaite, exempte de tout alliage mauvais.
Vous n'êtes pas seulement de métal fin;
vous êtes de métal pur.
Edmée éprouva un peu d'embarras : elle
n'était pas encore habituée à ce doux poi
son de la louange, versé par nne main ha
bile dans une cqupe ciselée,
— Vous m'empêches de compter mes
points, fit-elle avec un léger mouvement
d'épaules, en lui montrant je ne sais quel
travail, qui exigeait une certaine préci
sion dans Je nombre des mailles et la dis
position du dessin. .
— Quand vous finiriez cela demain!
Vous n'êtes pas à la tâche? je suppose.
35t, tout en parlant,il essayait do lui pren^
dro des mains le filet et les crochets. Ces
façons un peu familières étaient nouvelles
pour Mme Delaunay, qui prit tout de sui
te un maintien plus sérieux. Elle jeta au
baron un regard qui disait clairement :
«Lies jeunes gens de Paris s'accordent
trop d§ licences, et l'on nqus traite ioiavac
plus do cérémonie, »
Un des mérites de'Philippe, c'était de
savoir jusqu'où il pouvait aller avec une
femme, de s'arrêter à temps, et de faire
au besoin de savantes retraites. Il vit bien
que l'impression produite sur Mme De
launay ne lui était pas fayo^lQ ; il oom-
piiit qu'il fallait l'effacer et désarmer cette
sévérité naissante. Il restitua saprise,ajou
tant d'une voix qui demandait grâce :
— Je croyais que vous aviez assez tra
vaillé pour un jour; vous semblez qrç paq
fatfguee pt j'en qi yqulii k çe reiautjit qu ^
yrage. Vouâ êtes f^ciiee? bien fâchée ?
«On ne peut pas trop se f4oUer avec les
enfans ! répondit Edmée, qui avait déjà
retrouvé son beau sourire.
■ —Merci ! ne soyez jamais méchante avec
moi !
Il reprit sa main et la baisa.
— Alors soyez sagej vous !
Il s'assit à quelque distance, ne dit plus
rien et la regarda travailler. Edmée, de
son côté, parut oublier qu'il était là et se
remit à son crochet avec cette régularité
monotone si chère aux femmes parce
qu'elle laisse à leur pensée toute son in
dépendance et toute sa liberté. Mais ce si
lence et cette immobilité devinrent bien
tôt insupportables à Philippe, impatient
comme tous les êtres nerveux. Il se leva
et alla regarder un beau piano qui se trou
vait dans un coin du salon.
— On peut ouvrir ?
— Ouvrez.
. — D' ,rard ? Il doit être bon.
Il essaya des gammes chromatiques,
tout le long du clavier ; puis il revint vers
Edmée.
—Si vous saviez, lui dit-il, toutle plaisir
que vous me feriez, rien qu'avec-deàx no
tes ! Chez mon respectable oncle je- suis
sevré de toute espèce de mélodie, et c'est
une véritable privation pour moi.
—» Ah ! vous aimez la musique ? '
— Passionnément.
—Et, sans doute, on vous en a beau
coup fait? demanda Mme Delaunay en re
gardant le jeune homme, dont les mains
brusques feuilletaient une partition.
—Beaucoup j Madame.
- k Q !i ! vous dites cela d'un, ton !... Si la
vue de mes pauvres cahiers vous fait cet
effet-là, que sera-ce donc lorsque vous
m'entendrez ?
—Vous avez ra,isftn, ei je erois que la
musique, me vaudrait rien aujourd'hui.
vd'ei'-mu le piano et fit quelques pas
dans le salon sans rien dire.
Idraéo ne voulut point surprendre le§
secrets de cette ânxe troublée : elle se pen
cha sur sa tâche qui parut l'absorber tout
entière.
Une fois ou deux cependant, comme
malgré elle, elle le suivit de l'œil dans une
glace oblique qui lui permettait de voir
sans qu'on s'aperçût qu'elle regardât. Le
Visage de Philippe n'avait plus la contrac
tion douloureuse du premier moment;
mais on voyait aisément qu'il était encore
sous l'empire d'une émotion profonde.
Edmée eût voulu lui parler, et elle ne sa
vait que lui dire. Peut-être eût-il mieux
valu feindre de n'avoir rien remarqué.C'est
le parti que , sans doute , beaucoup d'au
tres auraient pris. Mais la pitié, cetto dou
ce conseillère delà femme, l'emporta dans
son cœur _; elle ne pouvait voir souffrir sans
aller aussitôt à celui qui souffrait. Elle mar
cha droit à Philippe, et avec cette franchi
se et cetto liberté que peuvent seules avoir
les très honnêtes femmes, elle prit sa main
et la serra affectueusement dans les siennes.
— Merci, dit-il.
Et la conduisant au piano :
— Eh bien ! jouez maintenant !.
— Que préférez-vous ?
— Ce que vout voudrez-, âu Beethoven
ou du Chopin.
Il s'approcha ùp îa fenêtre et appuya son
front à la vitre comme s'il eût eu besoin
de ce contra frais pour sa tête brûlante.
« .vais lui jouer du Chopin, pensa
Mine Delaunay : c'est le musicien, c'est le
poète, c'est l'enchanteur do tous ceux qui
souffrent. »
Elle ne pouvait mieux choisir. Pour
Chopin, eu ciïet, la musique était destinée
à évoquer les passions, à les rendre sensi
bles, et à communiquer leurs l'rémisse-
mens. Ce fut avant tout un artiste pathé
tique ; dans ses compositions, dont la pro
fondeur est voilée sous la grâce, le senti
ment est tout, .et il parvient à lui donner
une intensité d'expression, rare. Après un
léger prélude, effleurantle clavier, elle com-
niençacet te magnifique Marche funèbre dans
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