Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-08-05
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 124053 Nombre total de vues : 124053
Description : 05 août 1863 05 août 1863
Description : 1863/08/05 (Numéro 217). 1863/08/05 (Numéro 217).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k673268f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
48- ANNEE.—M. 217.
UUKiiAUX A FA1US : rue de Valois, (Palais-Koyai)^ ' a. 1U«
MliliOlEtll 5 AOUT 1865.
AlOî
DÉPARTEMENS
16 FR.
82 FR.
64 FB.
FODK LES PATS ÉTBAN'GEBS, voir lô tableau
f publié les 5 et 20 de? chaque mois.
Imp. l . EONiPACB, i. des Bons-Enfans, 19.
L1 CMSTfflJTIOim
JOURNAL POLITIQUE, LITTERAIRE, UNIVERSEL.
9
' -ABONNEMENS DE PARIS.
TROIS MOIS .7 7 13 FR.
SIX MOIS... 26 FR,
UN AN 52 FR.
UN NUMÉRO CENTIMES.
Le mode d'abonîîsment le plus simple est l'envoi d'un bon de poste ou d'un effet
sur Paris, à l'ordre de l'abministbateur du journal, rue de Valoir, n° 10,
Lu lettres ou envois d"argent NON affeanceh sent refusés.
Les articles déposés ne sont pas rendus.
Les abonnemens datent des l ,r et 16
de chaque mois. ,
Las Annonces sont reçues chez M. Pams , rue Notre-Dame-des-Victoires, n* 40
(Place de la Bourse).
Les documens apocryphes jouent un
rôle assez considérable dans les évène
mens de Pologne. . -
Un journal do Vienne avait publié une
proclamation du général prussien do Wer-
der, qui invoquait certains articles-de-la
convention du 8 février et avouait ains
l'existence de ce traité. L'a Gazette alleman
de du Nord avait déjà hie.r mis en doute
l'authenticité de la proclamation. Le Mo
niteur prussien vient aujourd'hui s'inscrire
en faux contre cette pièce qui avait fait
une juste sensation. La feùille officielle de
Berlin déclare que la prétendue proclama
tion « est une pièce complètement con-
trouvée depuis le commencement jusqu'à
la fin. » '
Les Polonais, de leur côté, ont égale
ment un démenti à opposer à une publica
tion qui a fait le tour de la presse euro
péenne. Nous voulons parler de la procla
mation du comité national de Varsovie, qui
rejetait toute négociation iondee sur des
bases autres que le rétablissement de la
Pologne dans leslimites de 17/2. Le Wan-
derer de Vienne déclaré cette pioce apo
cryphe.
Dans la derniere depcche du cabinet
russe à celui de Vienne, le prince Gort
chakoff a fait allusion aux secours que l'in
surrection reçoit de la Gallicie. Si le mi
nistre des affaires étrangères de Russie a
voulu insinuer par là que l'Autriche favo
rise "l'insurrection , il pourrait -certaine
ment adresser, à meilleur droit, des re
proches à la Prusse. La presse allemande
est remplie de détails sur les immenses
subsides en hommes, armes et argent
que le comité national tire du grand-duché
de Posen. Aujourd'hui même, la Gazette de
Breslau affirme que Taczanowski a reçu, à
Czamarewo, près de la frontière prussien
ne, les secours en armes et munitions qu'il
attendait depuis quelque temps du grand-
duché. Selon nousy il n'y a, de : ces faits,
à tirer qu'une conclusion, c'est que la vi
gilance des autorités autrichiennes et prus
siennes ne peut rien contre les sympathies
manifestes des populations polonaises des
deux Etats voisins de la Pologne russe.
On écrit de Berlin à l'agence Havas, que
des troupes prussiennes continuent à se
porter vers la frontière russe que l'on es
père fermer hermétiquement de manière
à empêcher toute participation des sujets
prussiens à l'insurrection. Mais on sait
que la frontière prusso-polonaise est cou
verte de forêts, ce quifacilite beaucoup les
communications clandestines et rend dif
ficile la tâche des troupes chargées do la
-.surveillance. • .
Le langage des journaux et des corres
pondances de Vienne devient de plus en
plus hostile à la Russie. Dans la capitale
de l'Autriche, on juge la situation assez
tendue pour admettre l'éventualité d'une
attitude offensive de la part de la Russie.
Voici, en elfet, ce qu'on écrit de Vienne
à la Buencnhalle da Hambourg :
' « On craint, dans nos cercles gouverne
mentaux, que la Russie ne soit disposée à
jouer un mauvais tour à «l'Autriche. Tan
dis que le comte Rechberg, par pure solli
citude pour la Russie, oppose aux projets
de note du cabinet dës.Tuileries des objec
tions qui doivent ajourner l'accord des trois
puissances sur la nouvelle démarche diplo
matique à faire, on-paraît avoir appris ici
que l'éventualité d'une /déclaration de
guerrë de la Russie à l'Autriche ne doit
pas être rangée dans la catégorie des im
possibilités. Il est certain qu'on est de très
mauvais^ humeur au ministère des alîai-
res étrangères, et nous pouvons garantir
qu'on a reçu la nouvelle de la concentra-
tration de nombreuses troupes russes tout
près'de la frontière gallicienne.
Ces appréhensions sont peut-être exagé
rées et, en tout cas, prématurées. Elles re
flètent cependant la disposition actuelle
des esprits en Autriche, et, à ce titre, elles
méritent, d'être signalées. '
D'un autre côté, on ne vout pas désespé-
..a'erii.tienne de voir la -Russie prendre une
attitude plus conciliante à l'égard des trois
puissances.
La Presse de Vienne publie une corres
pondance de Saint-Pétersbourg qui parle
de la retraite du prince Gortchakoff. Mais
il ne résulte pas bien clairement de cette
correspondance qu'un changement de mi
nistère en Russie doive nécessairement
entraîner des conséquences aussi heu
reuses pour la paix générale.
L'empereur d'Autriche a quitté hier soir
Gastein, où il était allé rendre visite au roi
de Prusse.
Le Times est enfin reconcilié avec l'œu
vre du percement de l'isthme de Suez. La
feuille de la Cité ne voit plus de malice
dans cette œuvre et elle se réjouit d'avan
ce de l'achèvement des travaux, au point
de vue de l'Angleterre quiy gagnerait le
plus.
Le -Times n'est pas Caton ; il n'y a que
les causes victorieuses qui aient le don de
lui plaire. -
EDOUARD SIMON.
les traditions, il oublie que ce sont préci
sément les traditions et les prccédens de
a Russie dans la question de Pologne qui
séparent en ce moment la politique autrfe
chienne de la politique russe, qui ont ren
du légitime et nécessaire l'entente entre
les cours, do Vienne, de Londres et de Pa
ris et qui soulèvent un peuple entier!
Le vice-chancelier russe no pardonne
pas évidemment -a«' ministre autrichien
d'avoir, par la loyauté et la promptitude
de sa protestation, ^déjoué de profonds
calculs; et la meilleure preuve que le com
te de Rechberg a frappé juste est dans la
réponse même du prince Gortchakolf.
P aulin L imaykac.
La réponse du prince, Gortchakoff à la
dernière note de M. de Rechberg est déjà
l'objet de nombreux commentaires, quoi
quelle ne soit, connue que par l'analyse té
légraphique. Cette analyse, il est vrai, pa
raît donner une idée complète de ce nou
veau document qui n'est pas sans signifi
cation, si on le place à côté des précédentes
notes du cabinet de Saint-Pétersbourg.
En effet, le vice-chancelier russe, en dé
savouant « la pensée secrète » que M. de
avait attribuée à la Russie
dans sa proposition de conférences à troi
ne démontre qu'une chose: c'est qu'il n'a
pas réussi dans son projet. Non, on ne
parviendra pas à faire croire qu'en repous
sant la conférence à huit et en admettant
les pourparlers entre les trois puissances
voisines, le cabinet de Saint-Pétersbour^
n'espérait pas détacher l'Autriche de la
France et de l'Angleterre; c'est là une en
treprise au-dessus de tous les efforts de la
On lit dans le Pays :
Des journaux ont. parlé- de diverses maniè
res des communications qui s'échangent en ce
moment entre la France, l'Angleterre et l'Au
triche, au sujet de la suite à, donner aux der
nières réponses du prince Gortchakoff. Il n'est
pa, hors de propos de rétablir avec quelque
précision l'ordre des faits, ne fût-ce que pour
répondre à des impatiences et à des critiques
mai fondées, et pour expliquer des délais iné
vitables. , ■
Le.« réponses du prince Gortchakoff avaient-
été remises aux trois cours le 18 juillet. Dès le
21 ou le 22, le ministre des affaires étrangères
de France avait adressé, à M. le duc de Gra-
mont et à M. le baron Gros , une dépêche qui
devait être communiquée au comte de Rech
berg et à lord John Russell.
■ Cette dépêche ne contenait pas,, comme on
l'a cru assez généralement, un type, un pro
jet de réponse. M. Drouyn de Lliuys y faisait
connaître les impressions que lui avait laissées
la lecture des dépêches du prince Gortchakolf
et ses vues sur la réponse que les trois cours
avaient à nr foare r.. , r .
Nous n'essaierons pas de faire concurrence
ici aux analyses, plus ou moins exactes, qui
ont prétendu révéler au publie le contenu de
cette dépêche de l'Honorable M. Drouyn de
Lhuys. Nous pensons que bien peu de personnes,
en dehors des trois chancelleries qui ont eu à
s'en occuper, laconnaissent. Nous croyons pou
voir dire, toutefois, qu'en développant avec
une nouvelle force les argumens'déjà produits
par les trois puissances à l'appui des six points,
et en combattant vivement les objections.,qiie
le prince Gortchakoff y avait opposées, elle ne
s'écarte pas sensiblement de la modération et
du ton général des précédentes dépêches du
gouvernement français.
Cette première communication, due encore
à l'initiative de la France, a donrlélieu, comme
cela devait être, anx observations de chacun
des cabinets .anglais et autrichien, qui avait
aussi, d'ailleurs, à produire ses impressions et
ses vues. Ce travail préparatoire, quelque acti
vement qu'il ait été conduit, ne pouvait pas,
A' une part, en raison des distances, *et, d'au
tre part, de ce qu'il avait de grave et de délicat,
être improvisé.
Animées d'ailleurs des mêmes sentimens,
les trois cours de France, d'Angleterre et d'Au-
i_.' -i - . .
. — """" * v " " c , ia triche, ne pouvaient manquer de se retrouver,
diplomatie, au-dessus même do la diplo- à la suite de ce nouvel échange d'idées, fermes
matie la plus habile. dans l'accord où «lies avaient marché précé-
Quant à l'empressement que le prince
Gortchakoff mët à déclarer qu'aucune en
tente n'a eu lieu antérieurement entre le
cabinet de Saint-Pétersbourg ot le cabinet
de Vienne au sujet des dernières ouver
tures, cet empressement est facile à com
prendre, et la prétention ironique n'é
chappera à personne. Ici encore, l'as
sentiment public ne sera pas pour le
prince GortchakofT donnant des certifi
cats de loyauté dont on n'a que faire
et qui, par bonheur, ne peuvent pas être
compromettans.
§ur les trois points de la dépêche du 14
juillet, qui' regardent spécialement 1-Au
triche et qui ont motivé l'énergique et
loyitle protestation du cabinet de Vienne,
le prince Gortchakolf donne des explica
tions qui, au dire de toute la presse, et
principalement du Journal des Débats, res
semblent beaucoup à des désaveux. Mais
la question est trop sérieuse, et les trois
puissances ont délibéré trop mûrement
leurs démarches pour- que leur conduite
soit subordonnée à des aïtilices de lan
gage. Les paroles ne suffisent plus. L'Eu
rope a le droit de demander des actes.
Et quand le prince Gortchakolf invoque,
en parlant à l'Autriche, les précédons et
. _ précé
demment et que l'attitude prise par le gou
vernement russe devait nécessairement forti
fier. Le maintien de l'entente bien constaté
àlasuito des nouvelles délibérations et sur
l'objet spécial qui y donnait lieu, les trois puis
sances ont établi les bases essentielles des ré
ponses à adresser ,à;-Siiint?PétersboUEg; -Dans
l'état des choses, ces réponses ne tarderont pas
à partir pour leur destination. —Le secrétaire
de la rédaction : E. Villars.
TELEGRAPHIE PRIVEE
Londres, 4 août.
Le Times dit à propos de la nouvelle conven
tion relative au canal de Suez.
Nous félicitons toutes les parties intéressées
d'un arrangement qui fait sortir le canal de
Suez d'i domaine de la politique et met fin à
toutes les inquiétudes à Constantinople et à
Londres. L'œuvre de la compagnie est mainte
nant une entreprise purementcommerciale,et,
comme telle, elle no sera nulle part envisagée
avec plus de bienveillance qu'en Angleterre.
En cas de succès, c'est nous qui y gagnerions
le plus. SI. Ilawshaw a déclaré que la réussite
était possible; nous désirons que l'événement
confirme ses prévisions.
Berlin, 4 août.
On lit dans une lettre particulière en date de
Varsovie, 2 août : « Le bruit courait depuis
hier qu'un soulèvement devait éclater ici le 9
de ce mois. Le chef révolutionnaire de la ville
vient de faire publier un avis dans lequel il
engage la population à ne pas se laisser entraî
ner à des démonstrations par les agens russes,
en ajoutant que, lorsqu'un soulèvement devrait
FentJielon-du'Constitutionnel, 5 août
EN- PROVINCE
v.
— Ah! elle est mariée ! fit Saint-Wan j
drille en pâlissant un peu... Je trouve
qu'elle aurait dû me le dire... Que diable!
ajouta-t-il avec cette expression d'ironie
arnère qu'il avait dans ses mauvais
jours, on prévient les gens, et l'on n'expo-
çe pas un honnête et simple garçon com-
jno moi à aimer, sans le savoir, la femme
de son prochain. Elle est mariée, elle a au
moins vingt-cinq ans, et vous l'appelez
tous Edmée, comme une petite pen
sionnaire.
-—Eh ! sans doute ! je l'ai connue tout
enfant.-- Quant à Gabriel, comme elle te
l'a dit tantôt, il est son cousin. Ils appar
tiennent tous deux aux Haute ville, une des
plus anciennes familles de ce pays. Tu
vois bien que tout cela s'explique, et le
plus naturellement du monde.
— Sans nul doute... Mais le mari, quel
£St -il?
— Que t'importe? C'est le mari, que cela
te suflise.
.— Cependant, si je dois la revoir, j'aime
Cfileux être informé...
— Il ne laut pas la revoir!
! ~ Vous ay es/. peut-cire raison. Mais ee
M. Delauiuiy, vw di-nv ..
—■Eh bien' puia^' tu v liens tant,
c'est 'mû homme î !ch,, doit y avoir
dujbien <Ù a rPfi;re dans -> î 1^7 moi ne,
mais il l'a fiM'J toutes sortes de «oses»
4e trafic», de b/ouisu»^ et d'affaires; il
a été de la bande noire, au moment pù il
faisait bon d'en être, et l'on assure qu'il a
gagné gros à la démolition de ç,e magnifi
que château de Brévands , qu'une famille
àrchi-millionnaire vient de livrer à la-pio
che.
2^ Vous me parlez là comme un notaire.
Mais ce n'est pas le bilan du négociant
que je vous demande : c'est celui du mari.
— Trente-cinq ans, cinq pieds six pou
ces, haut en couleur, large d'épaules, s^n-
guin-bilieux.
Très bien ! passons au moral.
— : Assez violgnt et ne se mettant jamais
en colère : vaniteux comme un parvenu,
comptant comme feu Baréme, fin aoniirie
un Normand, et retors comme deux pro
cureurs.
' —A merveille ! œftis, alors, comment,
elle si parfaite, a-t-elle épQUPé pette es
pèce?
— Elle avait vingt-deux ans; peu de for
tune ; un chagrin au cœur, s'il faut en
croire ses ennemies intimes, et elle allait
perdre sa mère.
—Mais avec sa beauté ! car elle est belle,
mon oncle!
— Je m'e-n rapporte à toi, mon neveu !
Mais à Coutancès, vois=tu. qr nç fait pas
figurer la beauté dans les apports dotaux,
' et les gens d'affaires n'en-parlent jamais au
contrat.
— Pourquoi n'était-il point à Hauieville
aujourd'hui */ Vit-il avec elle, ou seraient-
ils séparés ? .
—: Pas le moins du monde ; mais il est
en yoyage : il voyage beaucoup.
=» C'est ment sont-iis'ensfjmb}e f
— Très bien c'est-à-dire'assez bien !
Tu dois te douter çapçe que tu sais d'elle
et par ce que je te ois de lui,qu'ils «i'éUiii.'nt.
pas faits précisément l'un pour l'autre...
Mais elle est religieuse, et ces malheureux
doutent |>as de ce qu'ils doi
vent à la religion de leurs femmes !
line expression singulière anima le vi
sage de Philippe, et un éclair s'alluma
dans ses yeux.
— Pas de folies, mon nevou ! dit M. du
Genestel d'une voix grave et un peu triste;
j'imagine que tu ne voudrais pas apporter
les troubles et les 'orages de la vie pari-
siennne daas cette existence calme qui ré
jouit l'œil de* anges ?
— Vous croyez donc que ce serait possi
ble?
— Ah ! fds d'Ève et d'Adam, répliqua le
chanoine en secouant mélancoliquement
la tôte, vous ne saurez donc jamais résis
ter à l'attrait du fruit défendu, et ce que
vous désiteg sssa toujours ce qu'il ne vous
est pas permis d'atteindre.,, ■'
—Eh ! mon oncle, on ne choisit pas ses
amours!
Pf-Sophismes que tout cela! misérables
phrases, à l'aide desquelles yous essayez de
Justifier, vos capriges sensuels... As-tu de
l'amour ? peux-tu en avoir pour une fem
me que tu as vue deux" heures à peine?
Si tu es si. facile à la tendresse, pourquoi
donc ne pas aimer aussi bien quelque
honnête jeune fille, ignorante du mal, et
passant des mains do sa mère dans'tes
iras, et faisant de ton ^aqheiii; le but de
sa vie, car voilà comme nous les élevons !
voilà les femmes que nous formons pour
vous dans cette société chrétienne, que
toi et tes pareils vous outragez quelque
fois et que vous méconnaissez toujours,
— Mon bail oncle, djt Philippe en pre
nant là main du chanoine dans lés sien
nes, nous sommes déjà bien assez mau-
yftlS §ans que vqus prenip? plai^ij! à riqu§
fairp pires! Laissez aux |êi'sèu|:s <|e mélo-
dramës le soin de'poùsséi: tout au noir et '
da çbamer jenrs tableaux pour la plus
grande joie d'un public dliippéciles," Mous
ne faisons pas le mai pour le mal. et si
nous avons' le tort •— assez grand déjà —
avoir lieu à Varsovie, les habitans en seraient
prévenus en temps opportun par le gouverne
ment national.»
Cracovie, 3 août, 5 h. du soir.
On a reçu les détails suivans sur le combat
livré le 27 juillet, à Secemin :
Chmielinski a soutenu pendant quatre heu
res le ehoc des Russes bien supérieurs en nom
bre et pourvus de plusieurs canons. Le capi-
taihe Zuohowski, à la tête de 30 volontaires, a
troiijré dans ce combat une mort héroïque
-après ' avoir par trois fois attaqué l'artillerie
ennemie. Lés Russes se sont retirés.en laissant
70 morts sur le champ de bataille. Chmielinski
est rentré dans les forêts.
Les Russes ont organisé , dans le gouverne
ment de Radom, des colonnes mobiles qui ont
pillé et kieendié la ville d'Opoczno
* Cracovie, 4 août, midi.
Wierzbicki a été attaqué, le 27, à Koniawo-
la par six compagnies d'infanterie russe ap
puyées par un escadron de lanciers, un esca
dron de cosaques et de l'artillerie. Le chef des
insurgés a sauvé son détachement par une ha
bile manœuvre. Les pertes des Polonais sont
insignifiantes, mais "Wierzbicki lui-même a été
légèrement blessé.
-. On signale un combat à Radzymin, aux en
virons de Varsovie.
Lubicz a battu les Russes, le 25, à Seyny,
près de Lomza, dans le gouvernement d'Au
gustowo.
Breslau, 3 août, 7 h. du soir.
. On lit dans la Gazette de Breslau :
.. « Taezanowski a reçu- à Czamarewo, près de
la frontière prussienne, les secours en armes
et munitions qu'il attendait depuis quelque
temps du grand-duché de Posen. .
• » AZielun, dans iedistrict de Mlawa,un corps
de 1,000 Russes a été mis en déroute parles
insurgés. » .
Vienne, 3 août, il h. du soir.
Le Waiiderer déclare apocryphe la proclama
tion du gouvernement national polonais, an
noncée par une dépêche de Varsovie, et qui re-
jeterait toute' transaction n'aboutissant pas au
rétablissement de.la Pologne avec ses limites
"tie 4772f i
" Lit' Presse s'Slèvè'cSîffTSia dépêche dû prince
Gortchakoff à M. de Knorring, qui remplace
M. de lîalabine à Vienne, et déclare que l'appel
qui y est fait aux anciennes traditions de l'Au
triche est une nouvelle malice de la chancelle
rie de Saint-Pétersbourg.
Gastein, 4 août.
L'empereur d'Autriche est reparti hier soir,
après avoir dîné avec le roi de Prusse et après
avoir fait à Guillaume 1" une visite que celui
ci lui a rendue.
Marseille, 4 août.
Les lettres de Naples' du 1" août annoncent
que les troupes italiennes sont à la poursuite
de quelques bandes de brigands,. dirigées, dit-
on, par des chefs espagnols.
On écrit de Rome que le journal clandestin
Rome ou la Mort annonce dans son troisième
numéro, qu'il ne paraîtra plus, en accusant le
comité national d'être hostile au parti garibal
dien.
Le tribunalde la consulte continue le procès
de l'incendie du théâtre Alibert. Le consistoire
a été ajourné au mois de septembre. Trois di
gnitaires de la cour pontificale seraient, à cette
occasion, promus cardiuaux.
Madrid, 3 août.
Le bruit court que le ministère est dans
l'intention de prononcer la dissolution de la
Chambre au la août. ( Havas-BulUer.)
Ciel sur l'Empire et sur le Souverain, qui pré
side si glorieusement à ses destinées. Les po
pulations s'associeront avec joie à cette pieuse
pensée ; il leur tarde de remercier la divine Pro
vidence des victoires récentes de nos soldats, qui
soutiennent noblement au-delà des mers lacau-
se de la civilisation, les intérêts de la religion ca
tholique et l'honneur de notre urapeau ; elles
veulent tout à la fois rendre grâces à Dieu des
bienfaits qu'il prodigue au pavs et le supplier
de continuer sa protection à 11 mpen.ur a à la
famille impériale. Vous ; ne rerez donc. Mon
seigneur, que devancer leurs vœux en ordon
nant qu'un TeDeum, suivi du Do mine satvum..
soit chanté le 15 août, à l'iss iio ou servicb di-
vin, dans chaque paroisse de votre diocèse. M.
le préfet concertera avec Votre Grandeur les
mesures que cette cérémouie peut réclamer.
Agréez, Monseigneur, l'assurance de ma hau
te considération.
Le garde des sceaux, ministre
de la justice et des cultes ,
J. B aroche.
Une circulaire analogue a été adressée à
MM. les présidens du directoire de l'Eglise
de la confession d'Augsbourg , du consis
toire central des israelites et des consis
toires des Eglises réformées.
On lit dans le Moniteur :
« Des nouvelles reçues au ministère de
la marine font connaître qu'à la date du 12
juin notre consul, M. Laborde, écrivait de
Tananarive au capitaine de vaisseau Dupré,
commandant la division des côtes orienta
les d'Afrique, que la situation à Madagas
car était devenue plus favorable qu'on n'a-
vaitpu le croire depuislamort de.Radama.
» On paraissait désirer le retour du com
mandant Dupré, porteur du traité de com
merce, et vouloir conserver de bons rap
ports avec les Européens.
» Le commandant, de la division devait
quitter là Réunion vers le 8 juillet pour se
-rendre à Tamatàve. » ,
Voici la dépêche que nous recevons c»
soir :
Hreslau, 4 août.
On, Ut dans la Gazelte de Breslau :
135 gouveïnemont russe a envoyé â l'étran
ger plusieurs agens secrets, pour découvrir la
retraite de M. Janowslci, ancien caissier du
trésor. .
Les casernes russes â Lodz ont été détruites
par les flammes le 1 er août. La garnison bi
vouaque sur les places. ( Havcis-BulUer.)
COCUS DE LA BOURSE.
COURS DE CLOTURE. le 3 le 4 HAUSSE. BAISSE.
3 0/0aucompt. 66,8a 67.10 » 23 » »
-Fin du mois. 67. » 67.20 » 20 h »
41/2aucompt. 96. » 9&.80 » » » 20
-Fin du mois. 9(3.60 96 50 » » » 10
Le garde des sceaux, ministre de la jus
tice et des cultes, vient d'adresser la circu
laire suivante â NN. SS. les archevêques et
évêques:
- Paris, le 1 er août 1863.
Monseigneur,
L'Eglise invitera bientôt les fidèles à célé
brer l'une de ses grandes solennités religieu
ses, devenue la fête nationale de la France. Je
suis heureux, Monseigneur, d'être l'interprète
des sentimens qu'inspire à Sa Majesté le retour
de cet anniversaire, et je viens demander au
clergé d'appeler en ce jour les bénédictions du
La distribution des prix a eu lieu hier
lundi, au Conservatoire impérial de musi
que et de déclamation, à la suite du con
cours de l'année scolaire 1862-186$»*
S. Exc. le maréchal Vaillant, ministre
de la maison de l'Empereur et des Beaux-
Arts, est arrivé au Conservatoire'a une
heure, accompagné de MM. Alphonse
Gautier, conseiller d'Etat, secrétaire gé
néral du ministère; Camille Doùcet, di
recteur de l'administration des théâtres ;
le colonel.Monrival, aide-de-camp du ma
réchal, et Delacharme, ch'ef du cabinet du
ministre. -
Son Excellence, reçue à son arrivée par
M. Auber, membre de l'Institut, directeur
du Conservatoire, et par M. Edouard Mon-
nais, commissaire impérial, s'est rendue
dans la partie de la grande salle qui avait
été préparée pour cette cérémonie, et a
pris place au milieu dfes professeAirs ; oh
remarquait à ses côtés le général Mellinet,
MM. Ambroise Thomas et Clapisson, mem
bres de l'Institut.
La séance ayant été déclarée ouverte, le
ministre a prononcé le discours suivant :
Jeuûes élèves.
Le concours est terminé, la lutte est flnle ; je
viens au milieu de vous couronner les vain
queurs sur le théâtre de leurs exploits.
fnnoccns combats que lés vôtres 1 guerres
fraternelles où la défaite même a sa gloire, où
le succès des uns ne fait que stimuler le cou
rage des autres, et d'où les vaincus se relèvent
sans honte et sans amertume, pleins de con
fiance parce qu'ils ont en eux la force, pleins
d'espoir parce qu'ils ont devant eux l'avenir-
J'aime à vous parler de l'avenir, .tf^a'ud,
plus qu'un autre peut-être, je serais autorisé
à faire l'apologie du passé.
. J'ai vu, en effet, briller du plus grand éclat
les arts divers que l'on vous enseigne ici ; j'ai
applaudi, sur bien des scènes, de grands artis
tes qui appartiennent aujourd'hui à l'histoire
et qui semblaient ne pouvoir jamais être éga
lés; mais en romonfant plus loin encore dans
mes souvenirs, n'ai-je pas assisté aux débuts
obscurs de ceux dont la retraite fut si regret
tée? n'ai-je pas vu des élèves inconnus succé
der en tremblant à des artistes célèbres qu'ils
devaient éclipser plus tard? Chacun, tour à
tour, reçoit, pour ainsi dire, eu héritage, les
admirations de ses pères et en lègue d'autres à
ses enfans.
Loin de moi donc la faiblesse de croire que
le dernier mot de l'art ait jamais été dit; loin
de ûioi la pensée de déprécier vos maitres au
profit de leurs devanoiers. Regrettons tous
ceux qui nous ont charmés, soit qu'ils s'éloi
gnent volontairement de la scène comme votre
excellent professeur M. Samson, soit qu'ils
succombent dans la retraite comme votre plus
cher modèle Mme Damoreau, soit
raissent avant l'heure comme c~
aimable eul'ant que je n'ose nomy
perte est récente et douloureuse!.
le passé, ne lui sacrifions pas l'av
rons tout ce qu'il convient d'a'dmi
la mémoire de tout ce qui mérins
souvienne; mais ne prétendons
monde aux jours où nous nous i
tés nous-mêmes; si doux qile soient nosSsw
venirs , ne disons jamc'ét- it le bon temps.
C'est toujours le bon. temps, mes amis ! S'il
y a toujours des vieillards qui finissent et qui
regrettent, il y a toujours des jeunes gens qui
commencent et qui espèrent.
Toujours aussi, et en présence des maîtres
qui m'entourent, je n'aurais garde de l'ou
blier, il y a do vrais artistes et d'éminens pro
fesseurs qui, par d'utiles conseils et par deâ
exemples plus utiles encore, conservent la tra
dition et la transmettent.
Aleur tête j'aimeà voir l'illustre et infatiga
ble chef de l'Ecole musicale française, de cette
brillante école dont .un contemporain de Rar
meau eut l'injustice de douter et qui a réfuté
si victorieusement cette assertion de Jean-Jac
ques Rousseau : « Les Français n'ont point de
musique et n'en peuvent avoir , ou si jamais
ils en ont une, ce sera tant pis pour eux. »
La France, et c'est tant mieux pour elle, a
aujourd'hui sa musique et ses musiciens.
Qu ils composent ou qu'ils exécutent, qu'ils
soient à l'Ecole de Rome, ou à l'Institut; au Ja
pon ou au Mexique; qu'ils charment le publie
dans les théâtres, ou qu'ils conduisent nos sol-r
dats à la victoire, les musiciens de la France
n'ont rien à envier à personne, et tandis que
les œuvres de nos compositeurs, sont applau
dies sur toutes les scènes, les étrangers eux-
mêmes rendent hommage à l'inconiparable or
chestre de notre conservatoire.
Heureux d'être auprès des. artistes l'inter
prète d'une auguste bienveillance, je ne sau^
rais trop leur dire que i'Fmpercur les aime, et
que son intérêt s'attache aux travaux des maî
tres comme aux progrès des élèves; Avant de
vous couronner en son nom, mes jeunes amiâ
je -vous annonce que r pour reconnaître de bons
services et de nombreux succès, pour donne?
à tout le corps enseignant du Conservatoire un
témoignage de sympathie et un encourage
ment, l'Empereur accorde la croix de la Lé-
gion-d'Ilonneur à l'un de yos plus -anciens
et de vos plus heureux professeurs, M. Le
Gouppey.
Et maintenant, jeunes artistes, le prix de
vos efforts vous attend ; votre heure est venue,
et la carrière s'ouvre devant vous. Héritiers et
successeurs de ceux qui vous ont généreuse
ment confié le secret de leur art, vous avez ap
pris d'eux à les imiter; vous les égalerez un
jour, et ce sera leur pliis douce récompense.
Ce discours, écouté avec un très grand
intérêt, a été fréquemment m terroir/pu
par de nombreux applaùdisseme^s.
La séance s'est terminée P'ivuïi exercice
dramatique et lyrique e>;s G uté par les prin
cipaux lauréats, - - •
Cet exercice ge composait notamment
du troisième acte de Marie Stuart , d'une
sçc-aô du Mariage forcé et du quatrième
acte d'Othello, de, Rossini.
Cette cérémonie a fini à quatre heures.
C'est le lundi 10 août, et non, comme
plusieurs journaux l'ont annoncé par er
reur, le mardi 11, que la distribution des
prix au concours général doit avoir lieu à
la Sorbonne sous la présidence <îe S. Exc.
M. Duruy, ministre de Iï)>S"tmction pu
blique.
Il y aura le soir réception au ministère
dp l'instruction publique.
-fc'udi dernier, 30 juillet, le prince Na
poléon a quitté sa propriété de Prangins,
sur les bords du lac de Genève, pour aller
visiter les travaux du tunnel du mont Ce-
nis.
S. A. I. était accompagnée du colonel du
génie Ragon, son aide-de-camp, et de
MM. Charles Laffitte, président de la So
ciété du chemin de fer Victor-Emmanuel
Ranco, ingénieur en chef ; Cliancourtois,
ingénieur en chef des mines; Libon, ad
ministrateur des postes ; Comte, ingénieur
en chef dos ponts-et-chaussées au départe
ment de la Savoie, dans la circonscription
duquel se trouve le tunnel, et par un in
génieur polonais, le colonel Bohomoletz.
Le convoi,dirigé par M. Gohière, direc
teur du mouvement du chemin de fer Vic
tor-Emmanuel, parti de Genève à sept heu
res du matin, est arrivé à midi à Saint-
Michel.'Là, le prince était attendu par M.
le général du génie Meuabrea, ministre
des travaux publics d'Italie. Des chaises de
poste ont conduit le prince et ses invités à
de nous abandonner trop facilement à nos
pasgipns, nous aimerions mieux qu'elles
fussent innocentes..,. Mais ce n'est pas
tout à fait notre faute à nous qui savons
tout ce que le mariage peut apporter de
bien ou de mal dans notre vie, si, malgré
vos flatteuses peintures, nous hésitons de
vant ce grand inconnu qui s'appelle une
jeune fille.
— C'est la foi qui sauve !
— D'accord ; msffij cette foi sacrée ne l'a
pas qui vent ; olie ne se commande point;
elle nous est donnée ou refusée sans que
nous sachions pourquoi. Je ne l'ai pas en
core reçue; niais je suis plus à plaindre qu'à
blâmer, si je n'ai pas rencontré jusqu'ici
la chère créaturp qui doit mp l'inspirer-.
Et, en attend'ànt, fit le chanoine avec
un gros soupir, c'est aux femmes mariées
que tu crois! Pauvres fous! Je ne sais, en
vérité, quel démon vous aveugle, mais vous
me senyble? tous prédestinés à d'infailli
bles malheurs, dont vous êtes les propres
artisans. Toi, du moins, tu os averti, et si
tu te perds, j'aurai plus de droit que Pila-
te à me laver les mains... Ah ! du-moins,
perds-toi seul et n'entraîne pas dans le
mal.... *
• Eh ! mon onple , |a ne veux ni me per
dre ni pord( ; o personne... Croyez-vous donc
que j'aie une âme scélérate? Ah-! si j'ai ja
mais embrasé les autres, j'ai toujours com
mencé par brûler moi-même...,
. — Penses-tu que cela console, et se-
ruis -iG moins malheureux parce que je
saurai que tu souffres en faisant souffrir
un bon et noble cœur? Tu connais, J^en mal
l'âme d'un î\rrçi, d'un parent" et' tre... " ' ' . •
—Et vous, mon oncle, répîicrua flippe,
non point s^ns quelque àpre^e dans la, pa-
r.ol«, vous ne nqe coqhâissez pas davantage
si -vous nje croyesi capable de feijô tant tfe
calculs et d'ourdir tant de machinations. Je
ne suis pas un roué, jesuis towtsimpleraetit
un homme fatigué par lame, ot tandis
que d'autres regrettent da voir s'enfuir
leur trop rapide jeunesse, je n'aspire, moi,
qu'à déposer le fardeau de la mienne. Que
parlez-vous de séductions et de conquêtes?
La paix, la paix à tout prix, voilà ce qu'il
me faut, voilà le seul bien auquel j'aspire!
L'animation factice du jeune homme
était tombée, et, enprononçantees derniè
res paroles, il eut une expression d'acca
blement si profond et de tristesse si na
vrante que le cœur du vieillard, ce cœur
plein de tendresse, de compatissance et
de douce pitié, s'émut et se fondit èn dou
loureuse sympathie.
~ Mon cher Philippe, mon pauvre en
fant, tu souffres dono bien ? demanda-t-il
à son nevey ; pourquoi n'as-tu pas eu de
confiance en moi'? pourquoi ne m'as-tu
pas tout dit ?
— J'ai souffert; mais ne rouvrez pas mes
blessures : je suis venu ici pour oublier...
Ah! je le sens, si la paix sereine peut en
core descendre du ciel dans une ânnQ tyau>
blée, n'est-ce point lorsoub cette âme vit
auprès de la vôtre? N'ost-co pas au sein de
cette riftlttï-e souriante et clémente, sur
eetCé terre où fut placé mon borce-au, où
tout me conseille d'être heurevixl
— Ecoute-les donc çeîà vûix bénies de la
terre et du ciel ; s'écria le vieillard, on le-
van| les mains pour lui montrer à rharboii
« iuvu vi VI" U X Hm'i/vOii
lés doux tours de la cathédrale dressant
dans les airs leurs fièohos aiguës, dont, la
pointe çard^it eomme une étincelle att;n''
dâo, ïe dernier éclat du jour, tandis Qu'à
leurs pieds tout était noyé dans l'ombre.
Autour des. d^ux hommes, la scène rus-
Mqv\& vraiment belle, toute remplie
d'une auguste et pai&ihlo majesté ; .c'était
une de ces soirées qui laissent, après elles
4'ioejfaçables impressions, et qui ajoute
raient au bonheur lui-même. ;.
Philippe trouva qu'il avait assez'.pju'lô,
et 11 se ieta dan» un çoiu cte vwUïre, 4>e
*■'£' Y '"Y * - » '
son côté, le bon chanoine, un p»u fatigué
de sa longue journée, laissa tomber sa
tête sur sa poitrine et prit un léger à-
compte sur le sommeil de sa nuit. Livré à
lui-même, Philippe s'abandonna à ses
pensées, comme un esquif désemparé suit
le caprice du flot.
Une lettre qu'il écrivait le lendemain à
un de ses amis, M. Edouard Ifo. Vierne,
nous dira peut-être quellos étaient ces
pensées.
Philippe à Edouard.
Tu te demandes sans doute ce que je.âe-
vions, mon cher Edouard. Hélas ! bién peu
de chose ! Je suis à Goutances, ou je n 'ai
pour toute distraction que \ e s discussions
théologiques de messieurs les chanoines,
et, une fois par semaine, le whist de Mon
seigneur. Littéralement, je meurs d'ennui.
Je ne fai^ r ien et je ne sais même plus ce
que je "serais capable de faire. Je voudrais
être condamné, comme tant d'imbéciles,
à quelque sotte besogne, revenant chaque
jour avec une régularité monotone, don
nant à ma vie un but — quel qu'il fût —
ot m'ernpêchant du moins de sentir le
poids des lour'de3 heures. Je voudrais être*
quelque chose—ce que l'on voudrait—qui
me fit oublier ce gue je suis moi. — Tu
poux me trouver ridicule;, mais, sache -le
bien, je suis encore plus malheureux. J'ai
tout fait pour chasser loin de ma pensée cel
le dont tu m'as vu l'âme pleine. Tout a été
inutile; plus je veux oublier et plus je njft
souviens. Comme autrefois, au temps outu
m 'enviais, ou tu me plaignais aussi, car, à
vrai dire ,tu n'as jamais bien su si tu devais
m'envier ou me plaindre,Dolorès m'occu
pe encore. Absente comme présente, elle
est nia vie; vie agitée, dont les sensations
confuses ne mç permettent pas toujours
de savoir bien au juste si je rêve ou je
veille. Souvent je me la représente avec unfe
telle fidélité dé souvenir et une tellepuissan»
UUKiiAUX A FA1US : rue de Valois, (Palais-Koyai)^ ' a. 1U«
MliliOlEtll 5 AOUT 1865.
AlOî
DÉPARTEMENS
16 FR.
82 FR.
64 FB.
FODK LES PATS ÉTBAN'GEBS, voir lô tableau
f publié les 5 et 20 de? chaque mois.
Imp. l . EONiPACB, i. des Bons-Enfans, 19.
L1 CMSTfflJTIOim
JOURNAL POLITIQUE, LITTERAIRE, UNIVERSEL.
9
' -ABONNEMENS DE PARIS.
TROIS MOIS .7 7 13 FR.
SIX MOIS... 26 FR,
UN AN 52 FR.
UN NUMÉRO CENTIMES.
Le mode d'abonîîsment le plus simple est l'envoi d'un bon de poste ou d'un effet
sur Paris, à l'ordre de l'abministbateur du journal, rue de Valoir, n° 10,
Lu lettres ou envois d"argent NON affeanceh sent refusés.
Les articles déposés ne sont pas rendus.
Les abonnemens datent des l ,r et 16
de chaque mois. ,
Las Annonces sont reçues chez M. Pams , rue Notre-Dame-des-Victoires, n* 40
(Place de la Bourse).
Les documens apocryphes jouent un
rôle assez considérable dans les évène
mens de Pologne. . -
Un journal do Vienne avait publié une
proclamation du général prussien do Wer-
der, qui invoquait certains articles-de-la
convention du 8 février et avouait ains
l'existence de ce traité. L'a Gazette alleman
de du Nord avait déjà hie.r mis en doute
l'authenticité de la proclamation. Le Mo
niteur prussien vient aujourd'hui s'inscrire
en faux contre cette pièce qui avait fait
une juste sensation. La feùille officielle de
Berlin déclare que la prétendue proclama
tion « est une pièce complètement con-
trouvée depuis le commencement jusqu'à
la fin. » '
Les Polonais, de leur côté, ont égale
ment un démenti à opposer à une publica
tion qui a fait le tour de la presse euro
péenne. Nous voulons parler de la procla
mation du comité national de Varsovie, qui
rejetait toute négociation iondee sur des
bases autres que le rétablissement de la
Pologne dans leslimites de 17/2. Le Wan-
derer de Vienne déclaré cette pioce apo
cryphe.
Dans la derniere depcche du cabinet
russe à celui de Vienne, le prince Gort
chakoff a fait allusion aux secours que l'in
surrection reçoit de la Gallicie. Si le mi
nistre des affaires étrangères de Russie a
voulu insinuer par là que l'Autriche favo
rise "l'insurrection , il pourrait -certaine
ment adresser, à meilleur droit, des re
proches à la Prusse. La presse allemande
est remplie de détails sur les immenses
subsides en hommes, armes et argent
que le comité national tire du grand-duché
de Posen. Aujourd'hui même, la Gazette de
Breslau affirme que Taczanowski a reçu, à
Czamarewo, près de la frontière prussien
ne, les secours en armes et munitions qu'il
attendait depuis quelque temps du grand-
duché. Selon nousy il n'y a, de : ces faits,
à tirer qu'une conclusion, c'est que la vi
gilance des autorités autrichiennes et prus
siennes ne peut rien contre les sympathies
manifestes des populations polonaises des
deux Etats voisins de la Pologne russe.
On écrit de Berlin à l'agence Havas, que
des troupes prussiennes continuent à se
porter vers la frontière russe que l'on es
père fermer hermétiquement de manière
à empêcher toute participation des sujets
prussiens à l'insurrection. Mais on sait
que la frontière prusso-polonaise est cou
verte de forêts, ce quifacilite beaucoup les
communications clandestines et rend dif
ficile la tâche des troupes chargées do la
-.surveillance. • .
Le langage des journaux et des corres
pondances de Vienne devient de plus en
plus hostile à la Russie. Dans la capitale
de l'Autriche, on juge la situation assez
tendue pour admettre l'éventualité d'une
attitude offensive de la part de la Russie.
Voici, en elfet, ce qu'on écrit de Vienne
à la Buencnhalle da Hambourg :
' « On craint, dans nos cercles gouverne
mentaux, que la Russie ne soit disposée à
jouer un mauvais tour à «l'Autriche. Tan
dis que le comte Rechberg, par pure solli
citude pour la Russie, oppose aux projets
de note du cabinet dës.Tuileries des objec
tions qui doivent ajourner l'accord des trois
puissances sur la nouvelle démarche diplo
matique à faire, on-paraît avoir appris ici
que l'éventualité d'une /déclaration de
guerrë de la Russie à l'Autriche ne doit
pas être rangée dans la catégorie des im
possibilités. Il est certain qu'on est de très
mauvais^ humeur au ministère des alîai-
res étrangères, et nous pouvons garantir
qu'on a reçu la nouvelle de la concentra-
tration de nombreuses troupes russes tout
près'de la frontière gallicienne.
Ces appréhensions sont peut-être exagé
rées et, en tout cas, prématurées. Elles re
flètent cependant la disposition actuelle
des esprits en Autriche, et, à ce titre, elles
méritent, d'être signalées. '
D'un autre côté, on ne vout pas désespé-
..a'erii.tienne de voir la -Russie prendre une
attitude plus conciliante à l'égard des trois
puissances.
La Presse de Vienne publie une corres
pondance de Saint-Pétersbourg qui parle
de la retraite du prince Gortchakoff. Mais
il ne résulte pas bien clairement de cette
correspondance qu'un changement de mi
nistère en Russie doive nécessairement
entraîner des conséquences aussi heu
reuses pour la paix générale.
L'empereur d'Autriche a quitté hier soir
Gastein, où il était allé rendre visite au roi
de Prusse.
Le Times est enfin reconcilié avec l'œu
vre du percement de l'isthme de Suez. La
feuille de la Cité ne voit plus de malice
dans cette œuvre et elle se réjouit d'avan
ce de l'achèvement des travaux, au point
de vue de l'Angleterre quiy gagnerait le
plus.
Le -Times n'est pas Caton ; il n'y a que
les causes victorieuses qui aient le don de
lui plaire. -
EDOUARD SIMON.
les traditions, il oublie que ce sont préci
sément les traditions et les prccédens de
a Russie dans la question de Pologne qui
séparent en ce moment la politique autrfe
chienne de la politique russe, qui ont ren
du légitime et nécessaire l'entente entre
les cours, do Vienne, de Londres et de Pa
ris et qui soulèvent un peuple entier!
Le vice-chancelier russe no pardonne
pas évidemment -a«' ministre autrichien
d'avoir, par la loyauté et la promptitude
de sa protestation, ^déjoué de profonds
calculs; et la meilleure preuve que le com
te de Rechberg a frappé juste est dans la
réponse même du prince Gortchakolf.
P aulin L imaykac.
La réponse du prince, Gortchakoff à la
dernière note de M. de Rechberg est déjà
l'objet de nombreux commentaires, quoi
quelle ne soit, connue que par l'analyse té
légraphique. Cette analyse, il est vrai, pa
raît donner une idée complète de ce nou
veau document qui n'est pas sans signifi
cation, si on le place à côté des précédentes
notes du cabinet de Saint-Pétersbourg.
En effet, le vice-chancelier russe, en dé
savouant « la pensée secrète » que M. de
avait attribuée à la Russie
dans sa proposition de conférences à troi
ne démontre qu'une chose: c'est qu'il n'a
pas réussi dans son projet. Non, on ne
parviendra pas à faire croire qu'en repous
sant la conférence à huit et en admettant
les pourparlers entre les trois puissances
voisines, le cabinet de Saint-Pétersbour^
n'espérait pas détacher l'Autriche de la
France et de l'Angleterre; c'est là une en
treprise au-dessus de tous les efforts de la
On lit dans le Pays :
Des journaux ont. parlé- de diverses maniè
res des communications qui s'échangent en ce
moment entre la France, l'Angleterre et l'Au
triche, au sujet de la suite à, donner aux der
nières réponses du prince Gortchakoff. Il n'est
pa, hors de propos de rétablir avec quelque
précision l'ordre des faits, ne fût-ce que pour
répondre à des impatiences et à des critiques
mai fondées, et pour expliquer des délais iné
vitables. , ■
Le.« réponses du prince Gortchakoff avaient-
été remises aux trois cours le 18 juillet. Dès le
21 ou le 22, le ministre des affaires étrangères
de France avait adressé, à M. le duc de Gra-
mont et à M. le baron Gros , une dépêche qui
devait être communiquée au comte de Rech
berg et à lord John Russell.
■ Cette dépêche ne contenait pas,, comme on
l'a cru assez généralement, un type, un pro
jet de réponse. M. Drouyn de Lliuys y faisait
connaître les impressions que lui avait laissées
la lecture des dépêches du prince Gortchakolf
et ses vues sur la réponse que les trois cours
avaient à nr foare r.. , r .
Nous n'essaierons pas de faire concurrence
ici aux analyses, plus ou moins exactes, qui
ont prétendu révéler au publie le contenu de
cette dépêche de l'Honorable M. Drouyn de
Lhuys. Nous pensons que bien peu de personnes,
en dehors des trois chancelleries qui ont eu à
s'en occuper, laconnaissent. Nous croyons pou
voir dire, toutefois, qu'en développant avec
une nouvelle force les argumens'déjà produits
par les trois puissances à l'appui des six points,
et en combattant vivement les objections.,qiie
le prince Gortchakoff y avait opposées, elle ne
s'écarte pas sensiblement de la modération et
du ton général des précédentes dépêches du
gouvernement français.
Cette première communication, due encore
à l'initiative de la France, a donrlélieu, comme
cela devait être, anx observations de chacun
des cabinets .anglais et autrichien, qui avait
aussi, d'ailleurs, à produire ses impressions et
ses vues. Ce travail préparatoire, quelque acti
vement qu'il ait été conduit, ne pouvait pas,
A' une part, en raison des distances, *et, d'au
tre part, de ce qu'il avait de grave et de délicat,
être improvisé.
Animées d'ailleurs des mêmes sentimens,
les trois cours de France, d'Angleterre et d'Au-
i_.' -i - . .
. — """" * v " " c , ia triche, ne pouvaient manquer de se retrouver,
diplomatie, au-dessus même do la diplo- à la suite de ce nouvel échange d'idées, fermes
matie la plus habile. dans l'accord où «lies avaient marché précé-
Quant à l'empressement que le prince
Gortchakoff mët à déclarer qu'aucune en
tente n'a eu lieu antérieurement entre le
cabinet de Saint-Pétersbourg ot le cabinet
de Vienne au sujet des dernières ouver
tures, cet empressement est facile à com
prendre, et la prétention ironique n'é
chappera à personne. Ici encore, l'as
sentiment public ne sera pas pour le
prince GortchakofT donnant des certifi
cats de loyauté dont on n'a que faire
et qui, par bonheur, ne peuvent pas être
compromettans.
§ur les trois points de la dépêche du 14
juillet, qui' regardent spécialement 1-Au
triche et qui ont motivé l'énergique et
loyitle protestation du cabinet de Vienne,
le prince Gortchakolf donne des explica
tions qui, au dire de toute la presse, et
principalement du Journal des Débats, res
semblent beaucoup à des désaveux. Mais
la question est trop sérieuse, et les trois
puissances ont délibéré trop mûrement
leurs démarches pour- que leur conduite
soit subordonnée à des aïtilices de lan
gage. Les paroles ne suffisent plus. L'Eu
rope a le droit de demander des actes.
Et quand le prince Gortchakolf invoque,
en parlant à l'Autriche, les précédons et
. _ précé
demment et que l'attitude prise par le gou
vernement russe devait nécessairement forti
fier. Le maintien de l'entente bien constaté
àlasuito des nouvelles délibérations et sur
l'objet spécial qui y donnait lieu, les trois puis
sances ont établi les bases essentielles des ré
ponses à adresser ,à;-Siiint?PétersboUEg; -Dans
l'état des choses, ces réponses ne tarderont pas
à partir pour leur destination. —Le secrétaire
de la rédaction : E. Villars.
TELEGRAPHIE PRIVEE
Londres, 4 août.
Le Times dit à propos de la nouvelle conven
tion relative au canal de Suez.
Nous félicitons toutes les parties intéressées
d'un arrangement qui fait sortir le canal de
Suez d'i domaine de la politique et met fin à
toutes les inquiétudes à Constantinople et à
Londres. L'œuvre de la compagnie est mainte
nant une entreprise purementcommerciale,et,
comme telle, elle no sera nulle part envisagée
avec plus de bienveillance qu'en Angleterre.
En cas de succès, c'est nous qui y gagnerions
le plus. SI. Ilawshaw a déclaré que la réussite
était possible; nous désirons que l'événement
confirme ses prévisions.
Berlin, 4 août.
On lit dans une lettre particulière en date de
Varsovie, 2 août : « Le bruit courait depuis
hier qu'un soulèvement devait éclater ici le 9
de ce mois. Le chef révolutionnaire de la ville
vient de faire publier un avis dans lequel il
engage la population à ne pas se laisser entraî
ner à des démonstrations par les agens russes,
en ajoutant que, lorsqu'un soulèvement devrait
FentJielon-du'Constitutionnel, 5 août
EN- PROVINCE
v.
— Ah! elle est mariée ! fit Saint-Wan j
drille en pâlissant un peu... Je trouve
qu'elle aurait dû me le dire... Que diable!
ajouta-t-il avec cette expression d'ironie
arnère qu'il avait dans ses mauvais
jours, on prévient les gens, et l'on n'expo-
çe pas un honnête et simple garçon com-
jno moi à aimer, sans le savoir, la femme
de son prochain. Elle est mariée, elle a au
moins vingt-cinq ans, et vous l'appelez
tous Edmée, comme une petite pen
sionnaire.
-—Eh ! sans doute ! je l'ai connue tout
enfant.-- Quant à Gabriel, comme elle te
l'a dit tantôt, il est son cousin. Ils appar
tiennent tous deux aux Haute ville, une des
plus anciennes familles de ce pays. Tu
vois bien que tout cela s'explique, et le
plus naturellement du monde.
— Sans nul doute... Mais le mari, quel
£St -il?
— Que t'importe? C'est le mari, que cela
te suflise.
.— Cependant, si je dois la revoir, j'aime
Cfileux être informé...
— Il ne laut pas la revoir!
! ~ Vous ay es/. peut-cire raison. Mais ee
M. Delauiuiy, vw di-nv ..
—■Eh bien' puia^' tu v liens tant,
c'est 'mû homme î !ch,, doit y avoir
dujbien <Ù a rPfi;re dans -> î 1^7 moi ne,
mais il l'a fiM'J toutes sortes de «oses»
4e trafic», de b/ouisu»^ et d'affaires; il
a été de la bande noire, au moment pù il
faisait bon d'en être, et l'on assure qu'il a
gagné gros à la démolition de ç,e magnifi
que château de Brévands , qu'une famille
àrchi-millionnaire vient de livrer à la-pio
che.
2^ Vous me parlez là comme un notaire.
Mais ce n'est pas le bilan du négociant
que je vous demande : c'est celui du mari.
— Trente-cinq ans, cinq pieds six pou
ces, haut en couleur, large d'épaules, s^n-
guin-bilieux.
Très bien ! passons au moral.
— : Assez violgnt et ne se mettant jamais
en colère : vaniteux comme un parvenu,
comptant comme feu Baréme, fin aoniirie
un Normand, et retors comme deux pro
cureurs.
' —A merveille ! œftis, alors, comment,
elle si parfaite, a-t-elle épQUPé pette es
pèce?
— Elle avait vingt-deux ans; peu de for
tune ; un chagrin au cœur, s'il faut en
croire ses ennemies intimes, et elle allait
perdre sa mère.
—Mais avec sa beauté ! car elle est belle,
mon oncle!
— Je m'e-n rapporte à toi, mon neveu !
Mais à Coutancès, vois=tu. qr nç fait pas
figurer la beauté dans les apports dotaux,
' et les gens d'affaires n'en-parlent jamais au
contrat.
— Pourquoi n'était-il point à Hauieville
aujourd'hui */ Vit-il avec elle, ou seraient-
ils séparés ? .
—: Pas le moins du monde ; mais il est
en yoyage : il voyage beaucoup.
=» C'est
— Très bien c'est-à-dire'assez bien !
Tu dois te douter çapçe que tu sais d'elle
et par ce que je te ois de lui,qu'ils «i'éUiii.'nt.
pas faits précisément l'un pour l'autre...
Mais elle est religieuse, et ces malheureux
doutent |>as de ce qu'ils doi
vent à la religion de leurs femmes !
line expression singulière anima le vi
sage de Philippe, et un éclair s'alluma
dans ses yeux.
— Pas de folies, mon nevou ! dit M. du
Genestel d'une voix grave et un peu triste;
j'imagine que tu ne voudrais pas apporter
les troubles et les 'orages de la vie pari-
siennne daas cette existence calme qui ré
jouit l'œil de* anges ?
— Vous croyez donc que ce serait possi
ble?
— Ah ! fds d'Ève et d'Adam, répliqua le
chanoine en secouant mélancoliquement
la tôte, vous ne saurez donc jamais résis
ter à l'attrait du fruit défendu, et ce que
vous désiteg sssa toujours ce qu'il ne vous
est pas permis d'atteindre.,, ■'
—Eh ! mon oncle, on ne choisit pas ses
amours!
Pf-Sophismes que tout cela! misérables
phrases, à l'aide desquelles yous essayez de
Justifier, vos capriges sensuels... As-tu de
l'amour ? peux-tu en avoir pour une fem
me que tu as vue deux" heures à peine?
Si tu es si. facile à la tendresse, pourquoi
donc ne pas aimer aussi bien quelque
honnête jeune fille, ignorante du mal, et
passant des mains do sa mère dans'tes
iras, et faisant de ton ^aqheiii; le but de
sa vie, car voilà comme nous les élevons !
voilà les femmes que nous formons pour
vous dans cette société chrétienne, que
toi et tes pareils vous outragez quelque
fois et que vous méconnaissez toujours,
— Mon bail oncle, djt Philippe en pre
nant là main du chanoine dans lés sien
nes, nous sommes déjà bien assez mau-
yftlS §ans que vqus prenip? plai^ij! à riqu§
fairp pires! Laissez aux |êi'sèu|:s <|e mélo-
dramës le soin de'poùsséi: tout au noir et '
da çbamer jenrs tableaux pour la plus
grande joie d'un public dliippéciles," Mous
ne faisons pas le mai pour le mal. et si
nous avons' le tort •— assez grand déjà —
avoir lieu à Varsovie, les habitans en seraient
prévenus en temps opportun par le gouverne
ment national.»
Cracovie, 3 août, 5 h. du soir.
On a reçu les détails suivans sur le combat
livré le 27 juillet, à Secemin :
Chmielinski a soutenu pendant quatre heu
res le ehoc des Russes bien supérieurs en nom
bre et pourvus de plusieurs canons. Le capi-
taihe Zuohowski, à la tête de 30 volontaires, a
troiijré dans ce combat une mort héroïque
-après ' avoir par trois fois attaqué l'artillerie
ennemie. Lés Russes se sont retirés.en laissant
70 morts sur le champ de bataille. Chmielinski
est rentré dans les forêts.
Les Russes ont organisé , dans le gouverne
ment de Radom, des colonnes mobiles qui ont
pillé et kieendié la ville d'Opoczno
* Cracovie, 4 août, midi.
Wierzbicki a été attaqué, le 27, à Koniawo-
la par six compagnies d'infanterie russe ap
puyées par un escadron de lanciers, un esca
dron de cosaques et de l'artillerie. Le chef des
insurgés a sauvé son détachement par une ha
bile manœuvre. Les pertes des Polonais sont
insignifiantes, mais "Wierzbicki lui-même a été
légèrement blessé.
-. On signale un combat à Radzymin, aux en
virons de Varsovie.
Lubicz a battu les Russes, le 25, à Seyny,
près de Lomza, dans le gouvernement d'Au
gustowo.
Breslau, 3 août, 7 h. du soir.
. On lit dans la Gazette de Breslau :
.. « Taezanowski a reçu- à Czamarewo, près de
la frontière prussienne, les secours en armes
et munitions qu'il attendait depuis quelque
temps du grand-duché de Posen. .
• » AZielun, dans iedistrict de Mlawa,un corps
de 1,000 Russes a été mis en déroute parles
insurgés. » .
Vienne, 3 août, il h. du soir.
Le Waiiderer déclare apocryphe la proclama
tion du gouvernement national polonais, an
noncée par une dépêche de Varsovie, et qui re-
jeterait toute' transaction n'aboutissant pas au
rétablissement de.la Pologne avec ses limites
"tie 4772f i
" Lit' Presse s'Slèvè'cSîffTSia dépêche dû prince
Gortchakoff à M. de Knorring, qui remplace
M. de lîalabine à Vienne, et déclare que l'appel
qui y est fait aux anciennes traditions de l'Au
triche est une nouvelle malice de la chancelle
rie de Saint-Pétersbourg.
Gastein, 4 août.
L'empereur d'Autriche est reparti hier soir,
après avoir dîné avec le roi de Prusse et après
avoir fait à Guillaume 1" une visite que celui
ci lui a rendue.
Marseille, 4 août.
Les lettres de Naples' du 1" août annoncent
que les troupes italiennes sont à la poursuite
de quelques bandes de brigands,. dirigées, dit-
on, par des chefs espagnols.
On écrit de Rome que le journal clandestin
Rome ou la Mort annonce dans son troisième
numéro, qu'il ne paraîtra plus, en accusant le
comité national d'être hostile au parti garibal
dien.
Le tribunalde la consulte continue le procès
de l'incendie du théâtre Alibert. Le consistoire
a été ajourné au mois de septembre. Trois di
gnitaires de la cour pontificale seraient, à cette
occasion, promus cardiuaux.
Madrid, 3 août.
Le bruit court que le ministère est dans
l'intention de prononcer la dissolution de la
Chambre au la août. ( Havas-BulUer.)
Ciel sur l'Empire et sur le Souverain, qui pré
side si glorieusement à ses destinées. Les po
pulations s'associeront avec joie à cette pieuse
pensée ; il leur tarde de remercier la divine Pro
vidence des victoires récentes de nos soldats, qui
soutiennent noblement au-delà des mers lacau-
se de la civilisation, les intérêts de la religion ca
tholique et l'honneur de notre urapeau ; elles
veulent tout à la fois rendre grâces à Dieu des
bienfaits qu'il prodigue au pavs et le supplier
de continuer sa protection à 11 mpen.ur a à la
famille impériale. Vous ; ne rerez donc. Mon
seigneur, que devancer leurs vœux en ordon
nant qu'un TeDeum, suivi du Do mine satvum..
soit chanté le 15 août, à l'iss iio ou servicb di-
vin, dans chaque paroisse de votre diocèse. M.
le préfet concertera avec Votre Grandeur les
mesures que cette cérémouie peut réclamer.
Agréez, Monseigneur, l'assurance de ma hau
te considération.
Le garde des sceaux, ministre
de la justice et des cultes ,
J. B aroche.
Une circulaire analogue a été adressée à
MM. les présidens du directoire de l'Eglise
de la confession d'Augsbourg , du consis
toire central des israelites et des consis
toires des Eglises réformées.
On lit dans le Moniteur :
« Des nouvelles reçues au ministère de
la marine font connaître qu'à la date du 12
juin notre consul, M. Laborde, écrivait de
Tananarive au capitaine de vaisseau Dupré,
commandant la division des côtes orienta
les d'Afrique, que la situation à Madagas
car était devenue plus favorable qu'on n'a-
vaitpu le croire depuislamort de.Radama.
» On paraissait désirer le retour du com
mandant Dupré, porteur du traité de com
merce, et vouloir conserver de bons rap
ports avec les Européens.
» Le commandant, de la division devait
quitter là Réunion vers le 8 juillet pour se
-rendre à Tamatàve. » ,
Voici la dépêche que nous recevons c»
soir :
Hreslau, 4 août.
On, Ut dans la Gazelte de Breslau :
135 gouveïnemont russe a envoyé â l'étran
ger plusieurs agens secrets, pour découvrir la
retraite de M. Janowslci, ancien caissier du
trésor. .
Les casernes russes â Lodz ont été détruites
par les flammes le 1 er août. La garnison bi
vouaque sur les places. ( Havcis-BulUer.)
COCUS DE LA BOURSE.
COURS DE CLOTURE. le 3 le 4 HAUSSE. BAISSE.
3 0/0aucompt. 66,8a 67.10 » 23 » »
-Fin du mois. 67. » 67.20 » 20 h »
41/2aucompt. 96. » 9&.80 » » » 20
-Fin du mois. 9(3.60 96 50 » » » 10
Le garde des sceaux, ministre de la jus
tice et des cultes, vient d'adresser la circu
laire suivante â NN. SS. les archevêques et
évêques:
- Paris, le 1 er août 1863.
Monseigneur,
L'Eglise invitera bientôt les fidèles à célé
brer l'une de ses grandes solennités religieu
ses, devenue la fête nationale de la France. Je
suis heureux, Monseigneur, d'être l'interprète
des sentimens qu'inspire à Sa Majesté le retour
de cet anniversaire, et je viens demander au
clergé d'appeler en ce jour les bénédictions du
La distribution des prix a eu lieu hier
lundi, au Conservatoire impérial de musi
que et de déclamation, à la suite du con
cours de l'année scolaire 1862-186$»*
S. Exc. le maréchal Vaillant, ministre
de la maison de l'Empereur et des Beaux-
Arts, est arrivé au Conservatoire'a une
heure, accompagné de MM. Alphonse
Gautier, conseiller d'Etat, secrétaire gé
néral du ministère; Camille Doùcet, di
recteur de l'administration des théâtres ;
le colonel.Monrival, aide-de-camp du ma
réchal, et Delacharme, ch'ef du cabinet du
ministre. -
Son Excellence, reçue à son arrivée par
M. Auber, membre de l'Institut, directeur
du Conservatoire, et par M. Edouard Mon-
nais, commissaire impérial, s'est rendue
dans la partie de la grande salle qui avait
été préparée pour cette cérémonie, et a
pris place au milieu dfes professeAirs ; oh
remarquait à ses côtés le général Mellinet,
MM. Ambroise Thomas et Clapisson, mem
bres de l'Institut.
La séance ayant été déclarée ouverte, le
ministre a prononcé le discours suivant :
Jeuûes élèves.
Le concours est terminé, la lutte est flnle ; je
viens au milieu de vous couronner les vain
queurs sur le théâtre de leurs exploits.
fnnoccns combats que lés vôtres 1 guerres
fraternelles où la défaite même a sa gloire, où
le succès des uns ne fait que stimuler le cou
rage des autres, et d'où les vaincus se relèvent
sans honte et sans amertume, pleins de con
fiance parce qu'ils ont en eux la force, pleins
d'espoir parce qu'ils ont devant eux l'avenir-
J'aime à vous parler de l'avenir, .tf^a'ud,
plus qu'un autre peut-être, je serais autorisé
à faire l'apologie du passé.
. J'ai vu, en effet, briller du plus grand éclat
les arts divers que l'on vous enseigne ici ; j'ai
applaudi, sur bien des scènes, de grands artis
tes qui appartiennent aujourd'hui à l'histoire
et qui semblaient ne pouvoir jamais être éga
lés; mais en romonfant plus loin encore dans
mes souvenirs, n'ai-je pas assisté aux débuts
obscurs de ceux dont la retraite fut si regret
tée? n'ai-je pas vu des élèves inconnus succé
der en tremblant à des artistes célèbres qu'ils
devaient éclipser plus tard? Chacun, tour à
tour, reçoit, pour ainsi dire, eu héritage, les
admirations de ses pères et en lègue d'autres à
ses enfans.
Loin de moi donc la faiblesse de croire que
le dernier mot de l'art ait jamais été dit; loin
de ûioi la pensée de déprécier vos maitres au
profit de leurs devanoiers. Regrettons tous
ceux qui nous ont charmés, soit qu'ils s'éloi
gnent volontairement de la scène comme votre
excellent professeur M. Samson, soit qu'ils
succombent dans la retraite comme votre plus
cher modèle Mme Damoreau, soit
raissent avant l'heure comme c~
aimable eul'ant que je n'ose nomy
perte est récente et douloureuse!.
le passé, ne lui sacrifions pas l'av
rons tout ce qu'il convient d'a'dmi
la mémoire de tout ce qui mérins
souvienne; mais ne prétendons
monde aux jours où nous nous i
tés nous-mêmes; si doux qile soient nosSsw
venirs , ne disons jam
C'est toujours le bon. temps, mes amis ! S'il
y a toujours des vieillards qui finissent et qui
regrettent, il y a toujours des jeunes gens qui
commencent et qui espèrent.
Toujours aussi, et en présence des maîtres
qui m'entourent, je n'aurais garde de l'ou
blier, il y a do vrais artistes et d'éminens pro
fesseurs qui, par d'utiles conseils et par deâ
exemples plus utiles encore, conservent la tra
dition et la transmettent.
Aleur tête j'aimeà voir l'illustre et infatiga
ble chef de l'Ecole musicale française, de cette
brillante école dont .un contemporain de Rar
meau eut l'injustice de douter et qui a réfuté
si victorieusement cette assertion de Jean-Jac
ques Rousseau : « Les Français n'ont point de
musique et n'en peuvent avoir , ou si jamais
ils en ont une, ce sera tant pis pour eux. »
La France, et c'est tant mieux pour elle, a
aujourd'hui sa musique et ses musiciens.
Qu ils composent ou qu'ils exécutent, qu'ils
soient à l'Ecole de Rome, ou à l'Institut; au Ja
pon ou au Mexique; qu'ils charment le publie
dans les théâtres, ou qu'ils conduisent nos sol-r
dats à la victoire, les musiciens de la France
n'ont rien à envier à personne, et tandis que
les œuvres de nos compositeurs, sont applau
dies sur toutes les scènes, les étrangers eux-
mêmes rendent hommage à l'inconiparable or
chestre de notre conservatoire.
Heureux d'être auprès des. artistes l'inter
prète d'une auguste bienveillance, je ne sau^
rais trop leur dire que i'Fmpercur les aime, et
que son intérêt s'attache aux travaux des maî
tres comme aux progrès des élèves; Avant de
vous couronner en son nom, mes jeunes amiâ
je -vous annonce que r pour reconnaître de bons
services et de nombreux succès, pour donne?
à tout le corps enseignant du Conservatoire un
témoignage de sympathie et un encourage
ment, l'Empereur accorde la croix de la Lé-
gion-d'Ilonneur à l'un de yos plus -anciens
et de vos plus heureux professeurs, M. Le
Gouppey.
Et maintenant, jeunes artistes, le prix de
vos efforts vous attend ; votre heure est venue,
et la carrière s'ouvre devant vous. Héritiers et
successeurs de ceux qui vous ont généreuse
ment confié le secret de leur art, vous avez ap
pris d'eux à les imiter; vous les égalerez un
jour, et ce sera leur pliis douce récompense.
Ce discours, écouté avec un très grand
intérêt, a été fréquemment m terroir/pu
par de nombreux applaùdisseme^s.
La séance s'est terminée P'ivuïi exercice
dramatique et lyrique e>;s G uté par les prin
cipaux lauréats, - - •
Cet exercice ge composait notamment
du troisième acte de Marie Stuart , d'une
sçc-aô du Mariage forcé et du quatrième
acte d'Othello, de, Rossini.
Cette cérémonie a fini à quatre heures.
C'est le lundi 10 août, et non, comme
plusieurs journaux l'ont annoncé par er
reur, le mardi 11, que la distribution des
prix au concours général doit avoir lieu à
la Sorbonne sous la présidence <îe S. Exc.
M. Duruy, ministre de Iï)>S"tmction pu
blique.
Il y aura le soir réception au ministère
dp l'instruction publique.
-fc'udi dernier, 30 juillet, le prince Na
poléon a quitté sa propriété de Prangins,
sur les bords du lac de Genève, pour aller
visiter les travaux du tunnel du mont Ce-
nis.
S. A. I. était accompagnée du colonel du
génie Ragon, son aide-de-camp, et de
MM. Charles Laffitte, président de la So
ciété du chemin de fer Victor-Emmanuel
Ranco, ingénieur en chef ; Cliancourtois,
ingénieur en chef des mines; Libon, ad
ministrateur des postes ; Comte, ingénieur
en chef dos ponts-et-chaussées au départe
ment de la Savoie, dans la circonscription
duquel se trouve le tunnel, et par un in
génieur polonais, le colonel Bohomoletz.
Le convoi,dirigé par M. Gohière, direc
teur du mouvement du chemin de fer Vic
tor-Emmanuel, parti de Genève à sept heu
res du matin, est arrivé à midi à Saint-
Michel.'Là, le prince était attendu par M.
le général du génie Meuabrea, ministre
des travaux publics d'Italie. Des chaises de
poste ont conduit le prince et ses invités à
de nous abandonner trop facilement à nos
pasgipns, nous aimerions mieux qu'elles
fussent innocentes..,. Mais ce n'est pas
tout à fait notre faute à nous qui savons
tout ce que le mariage peut apporter de
bien ou de mal dans notre vie, si, malgré
vos flatteuses peintures, nous hésitons de
vant ce grand inconnu qui s'appelle une
jeune fille.
— C'est la foi qui sauve !
— D'accord ; msffij cette foi sacrée ne l'a
pas qui vent ; olie ne se commande point;
elle nous est donnée ou refusée sans que
nous sachions pourquoi. Je ne l'ai pas en
core reçue; niais je suis plus à plaindre qu'à
blâmer, si je n'ai pas rencontré jusqu'ici
la chère créaturp qui doit mp l'inspirer-.
Et, en attend'ànt, fit le chanoine avec
un gros soupir, c'est aux femmes mariées
que tu crois! Pauvres fous! Je ne sais, en
vérité, quel démon vous aveugle, mais vous
me senyble? tous prédestinés à d'infailli
bles malheurs, dont vous êtes les propres
artisans. Toi, du moins, tu os averti, et si
tu te perds, j'aurai plus de droit que Pila-
te à me laver les mains... Ah ! du-moins,
perds-toi seul et n'entraîne pas dans le
mal.... *
• Eh ! mon onple , |a ne veux ni me per
dre ni pord( ; o personne... Croyez-vous donc
que j'aie une âme scélérate? Ah-! si j'ai ja
mais embrasé les autres, j'ai toujours com
mencé par brûler moi-même...,
. — Penses-tu que cela console, et se-
ruis -iG moins malheureux parce que je
saurai que tu souffres en faisant souffrir
un bon et noble cœur? Tu connais, J^en mal
l'âme d'un î\rrçi, d'un parent" et'
—Et vous, mon oncle, répîicrua flippe,
non point s^ns quelque àpre^e dans la, pa-
r.ol«, vous ne nqe coqhâissez pas davantage
si -vous nje croyesi capable de feijô tant tfe
calculs et d'ourdir tant de machinations. Je
ne suis pas un roué, jesuis towtsimpleraetit
un homme fatigué par lame, ot tandis
que d'autres regrettent da voir s'enfuir
leur trop rapide jeunesse, je n'aspire, moi,
qu'à déposer le fardeau de la mienne. Que
parlez-vous de séductions et de conquêtes?
La paix, la paix à tout prix, voilà ce qu'il
me faut, voilà le seul bien auquel j'aspire!
L'animation factice du jeune homme
était tombée, et, enprononçantees derniè
res paroles, il eut une expression d'acca
blement si profond et de tristesse si na
vrante que le cœur du vieillard, ce cœur
plein de tendresse, de compatissance et
de douce pitié, s'émut et se fondit èn dou
loureuse sympathie.
~ Mon cher Philippe, mon pauvre en
fant, tu souffres dono bien ? demanda-t-il
à son nevey ; pourquoi n'as-tu pas eu de
confiance en moi'? pourquoi ne m'as-tu
pas tout dit ?
— J'ai souffert; mais ne rouvrez pas mes
blessures : je suis venu ici pour oublier...
Ah! je le sens, si la paix sereine peut en
core descendre du ciel dans une ânnQ tyau>
blée, n'est-ce point lorsoub cette âme vit
auprès de la vôtre? N'ost-co pas au sein de
cette riftlttï-e souriante et clémente, sur
eetCé terre où fut placé mon borce-au, où
tout me conseille d'être heurevixl
— Ecoute-les donc çeîà vûix bénies de la
terre et du ciel ; s'écria le vieillard, on le-
van| les mains pour lui montrer à rharboii
« iuvu vi VI" U X Hm'i/vOii
lés doux tours de la cathédrale dressant
dans les airs leurs fièohos aiguës, dont, la
pointe çard^it eomme une étincelle att;n''
dâo, ïe dernier éclat du jour, tandis Qu'à
leurs pieds tout était noyé dans l'ombre.
Autour des. d^ux hommes, la scène rus-
Mqv\& vraiment belle, toute remplie
d'une auguste et pai&ihlo majesté ; .c'était
une de ces soirées qui laissent, après elles
4'ioejfaçables impressions, et qui ajoute
raient au bonheur lui-même. ;.
Philippe trouva qu'il avait assez'.pju'lô,
et 11 se ieta dan» un çoiu cte vwUïre, 4>e
*■'£' Y '"Y * - » '
son côté, le bon chanoine, un p»u fatigué
de sa longue journée, laissa tomber sa
tête sur sa poitrine et prit un léger à-
compte sur le sommeil de sa nuit. Livré à
lui-même, Philippe s'abandonna à ses
pensées, comme un esquif désemparé suit
le caprice du flot.
Une lettre qu'il écrivait le lendemain à
un de ses amis, M. Edouard Ifo. Vierne,
nous dira peut-être quellos étaient ces
pensées.
Philippe à Edouard.
Tu te demandes sans doute ce que je.âe-
vions, mon cher Edouard. Hélas ! bién peu
de chose ! Je suis à Goutances, ou je n 'ai
pour toute distraction que \ e s discussions
théologiques de messieurs les chanoines,
et, une fois par semaine, le whist de Mon
seigneur. Littéralement, je meurs d'ennui.
Je ne fai^ r ien et je ne sais même plus ce
que je "serais capable de faire. Je voudrais
être condamné, comme tant d'imbéciles,
à quelque sotte besogne, revenant chaque
jour avec une régularité monotone, don
nant à ma vie un but — quel qu'il fût —
ot m'ernpêchant du moins de sentir le
poids des lour'de3 heures. Je voudrais être*
quelque chose—ce que l'on voudrait—qui
me fit oublier ce gue je suis moi. — Tu
poux me trouver ridicule;, mais, sache -le
bien, je suis encore plus malheureux. J'ai
tout fait pour chasser loin de ma pensée cel
le dont tu m'as vu l'âme pleine. Tout a été
inutile; plus je veux oublier et plus je njft
souviens. Comme autrefois, au temps outu
m 'enviais, ou tu me plaignais aussi, car, à
vrai dire ,tu n'as jamais bien su si tu devais
m'envier ou me plaindre,Dolorès m'occu
pe encore. Absente comme présente, elle
est nia vie; vie agitée, dont les sensations
confuses ne mç permettent pas toujours
de savoir bien au juste si je rêve ou je
veille. Souvent je me la représente avec unfe
telle fidélité dé souvenir et une tellepuissan»
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 81.99%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 81.99%.
- Collections numériques similaires La Grande Collecte La Grande Collecte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "GCGen1"
- Auteurs similaires Véron Louis Véron Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Véron Louis" or dc.contributor adj "Véron Louis")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k673268f/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k673268f/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k673268f/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k673268f/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k673268f
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k673268f
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k673268f/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest