Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-07-01
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
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Description : 01 juillet 1870 01 juillet 1870
Description : 1870/07/01. 1870/07/01.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2008
réunion. Quelle a été la principale préoc-
cupation qui a dominé l'assemblée ? Ce que
se sont proposé surtout les imprimeurs
dans cette réunion générale, c'est de pro-
tester de leur entiers, confiance dans les
lumières et dans l'impartialité de la com-
mission parlementaire, qui, comme on le
pense bien, n'avait pas encore pris dé ré-
solution.
Les imprimeurs étaient notamment très
indignés de ce qu'on avait osé dire « que
chaque jour accentuait davantage leur
défiance et leur hostilité à l'égard de la
commission d'enquête. ̃>̃> Quelle abomina-
tion C'était une manœuvre imaginée uni-
quement pour les mettre mal dans l'esprit
de leurs juges. Le fait est, et ils tenaient à
le déclarer hautement, qu'ils attendaient la
décision de la commission avec la plus
complète sécurité.
Comment, après ces témoignages, ces
protestations de confiance., dans le. juge-
ment de. la commission, les imprimeurs sur
étoffes pourraient-ils récriminer mainte-
nant contre la proposition à laquelle elle a
été conduite? Ce serait se placer sur un
terrain bien difficile. On seraitfondé à leur
répondre qu'ayant reconnu eux-mêmes la
compétence et la parfaite sincérité du, tri-
bunal, ils ont perdu le droit; de s'élever
contre la décision qui a été rendue.. Si Je
jugement leur a été, défavorable, s'ils ont
été condamnés par une commission parle-
mentaire qui présentait toutes les garanties
aux intérêts en présence, c'est évidemment
que leur cause était mauvaise.
Plus ils ont tenu à proclamer qu'on les-
avait calomniés en doutant de leur défé-
rence envers cette commission plus ils ont
insisté pour faire constater les sentiments
de confiance dont ils. étaient animés à son
égard, plus il leur devient, par cela même,
impossible de nier aujourd'hui que, s'ils
ont. •perdu leur procès, c'est que leur pro-
cès ne valait rien *̃̃
Ajoutons que les imprimeurs ont, en
quelque sorte, pris à tâche, dans cette mê-
me réunion générale, de justifier les atta-
ques dont les admissions temporaires a-
vaient été l'objet. N'ont-ils pas déclaré
que,!pendant la longue prise que l'indus-
trie cotonnière vient de traverser, les prix
des tissus français ont été parfois si dépri-
més qu'ils ont facilité, au même degré
peut-être que les admissions temporaires
elles-mêmes, l'exportation des toiles impri-
mées ? Cet aveu formel n'était-il pas de na-
ture à entraîner virtuellement' leur con-
damnation ?
.11 est vrai que les imprimeurs attribuent
cette dépression des prix à l'effet d'une pro-
duction excédant les besoins. Accuser de
trop produire une industrie qui, loin d'ac-
croître ses moyens, de fabrication, en est
réduite à laisser' chômer les broches et les
métiers qu'elle possédait, ce n'est vraiment
pas sérieux, et il n'y a pas de générosité à
venir dire à nos filateurs et à nos tisseurs
qui meurent d'inanition, qu'ilsmeurent de
pléthore. La dépréciation des cours a été
principalement causée par les admissions
temporaires et, d'ailleurs, en supposant
qu'un excédant de production y fût pour
quelque chose, il est bien évident que la
dépréciation ne pouvait être que plus con-
sidérable encore à raison de l'impqrtation
des tissus étrangers, qui venaient ajouter à
notre trop plein. Ainsi, l'argumentation
-même des imprimeurs tournait contrç eux,
et a dû exercer son influence sur la déter-^
mination prise par la commission d'en-
quêÉe. 7 •̃ ••.<;̃ .̃̃ t
La décision de cette commission va éga-
lement enlever à M. Michel Chevalier le
principal- argument dont il s'était servi
dans son rapport au Sénat sur la pétition
des imprimeurs. Selon lui,. aucune infor-
mation approfondie, pouvant.être mise en
parallèle avec l'enquête du comité consul-?
tatif de 1868, n'aurait précédé le décret
du 9 janvier; &ù telle sorte que ce dé-
cret;, ainsi rendu maâ- examen préalable,
présenterait le, caractère il'un acte irré-
gulier, sommaire, pour lequel le lijinjstère
aurait bien pu être mis en accusation.
On avait déjà fait remarquera M. Mi-
che! Chevalier que cette assertion avait le
grand tort d'être parfaitement inexacte j
qu'une commission spéciale, chargée d'étu-
dier la question des admissions temporai-
res des tissus, avait été nommée en mars
PEUILLEJON DE LA PRE&SQ
DU Ie"" JUILLET 1870 18
KËINE ..COQUETTE
SCÈNES DE Lfl VIE DE P3CV1KCE
̃ ̃̃̃̃'̃ XJX. ̃.̃• ̃
Suite
Mm0 Coquette resta un moment silencieuse.
Et quel est le second parti ? demanda-
t-elle enlin.
Elle abandonnait Victor, non à cause des
raisons que son mari venait de lui donner,
mais parce que la curiosité la talonnait d'une
façon si; ardente que, pour la satisfaire, elle
eut fait tous les sacrifices imaginables. ̃̃{..
Vous le connaissez,; répondit. M. Coquet
qui, sachant sa femme par^cϝr; voulait exci-
ter sa curiosité au point, qu'elle perdît com-
plètement le souvenir de Victor.
Ah! fit Mme Coquette, dont l'œil, pétillait
d'impatience. Y-Y-i V
Qu tout au, moins vous .l'avez vu.
Que vous êtes insipide s'écria-t-élle
toute dépitée de la lenteur calculée de son
mari.
C'est un officier qui a fait danser Reine
au bal des Sables.
lVImo Coquette professait à Téndroit de l'u-
niforme le même culte que sa .fille.
Je m'en souviens, dit-elle, un fort bel
homme, ma foi! ̃ r .•̃
w Qu'est-ce, que vous en dites?
SJyî ? Rien Il me plairait assez pour gen-
dre; mais .'3û point de vue de la dot, la même
difficulté existera ppur lui que pour M. Marcel.
Déjà elle ne dïî-îit plus Victor tout court.
J'attendais cette observation; elle est
une preuve de votre intelligence.
M. Coquet n'avait point l'habitude de gâter
Reproduction interdite pour les journaux qui
n'ont pas traité avec la Société des gens de lettres.
1869 que cette commission avait procédé
à l'examen qui lui avait été confié qu'elle
avait vu, en outre, ses travaux complétés
par les recherches que M. Ozenne avait
faites durant un Aroyage accompli dans les
départements intéressés et à l'étranger
que c'est à la suite de cette enquête, qui
avait démontré la justesse des réclama-
tions présentées par la filature et le tissage
que je ministre du commerce avait rendu le
décret qui mettait fîn,au régime des admis-
sions temporaires.
M. Michel Chevalier, à ce qu'il paraît,
s'est trouvé très oiFensé de ce qu'on lui ait
reproché d'avoir commis des erreurs et
avancé des faits inexacts. Il a pris sa plume
de journaliste pour défendre le rapport du
sénateur, et il a publié, en conséquence.,
dans le Journal des Débais du 23 de ce
mois, une lettre. adressée à M.Bertin. Cette
lettre porte l'empreinte d'une grande irri-
tation. M. Michel Chevalier prétend quJon
l'a injurié pour lui avoir dit qu'il s'était
appuyé sur des assertions erronées. C'est
vraiment avoir ï' épidémie trop sensible.
Faut-il donc, quand on a affaire à lui, s'in-
cliner humblement devant son habit cha-
marré d'or, en répétant avec Bôranger
AU monsieur le sénateur',
Je suis votre humble serviteur!
M. Michel Chevalier, si chatouilleux en
ce qui le touche, n'a cependant pas l'habi-
tude de ménager beaucoup la susceptibilité
d'autrui, et nous nous rappelons notam-
ment qu'il lui est arrivé de traiter cruelle-
ment nos manufacturiers protectionistes
en les comparant à ce mendiant de Gil Blas
qui demandait l'aumône, l'escopette à la
main.
On a d'ailleurs peine à comprendre d'où
peut venir la grande colère de M. Michel
Chevalier. Il lui est impossible de mécon-
naître que, dans son rapport au Sénat, il a
passé sous silence et considéré comme non
avenue l'enquête qui avait précédé le-dé-
cret du 9 janvier. Il a beau chercher à s'en
justifier le fait de l'omission n'en subsiste
pas moins, et les motifs qu'il invoque à
l'appui de sa conduite ne sont pas sérieux.
Cette enquête de 1869, dont il lui plaît de
faire abstraction, a été bien autrement
complète que celle qui avait été faite en
1868 par le comité consultatif. •
La commission, qui avait été chargée
de reprendre la question, comprenait les
hommes les plus distingués appartenant
aux deux opinions en présence elle a tenu
quatre séances, tandis que le comité con-
sultatif s'était contenté de deux seulement;
elle a offert la garantie de débats contra-
dictoires, et ses travaux ont été complétés
par le voyage de M. Ozenne, qui a permis
de constater quels étaient, parmi les faits
énoncés, ceux qui portaient le cachet de
la vérité. Voilà ce qu'a été cette enquête
de 1869 que M. Michel Chevalier affecte
de traiter si dédaigneusement, sans doute
parce qu'elle a conduit à des conclusions
qui ne sont pas de son go Cit.
Le principal grief que fait valoir M. Mi-
chel Chevalier, c'est que la commission n'a
pas été appelée à formuler elle-même une
solution; c'est que le ministre du commer-
ce a seul tiré de l'enquête la conclusion qui
s'est traduite dans le décret du 9 janvier.
Nous n'aurions jamais pensé que M. Mi-
chel Chevalier pût, soulever une pareille
objection, qui est fort maladroite de sa
part. A-t-il donc oublié comment les cho-
ses se sont passées pour le traité de com-
merce avec l'Angleterre, qui fut son œu-
vre, et dont il se glorifie en toute occasion?
A-t-on consulté quelqu'un pour signer ce
traité ? Et lorsqu'il s'est agi de fixer les ta-
rifs, a-t^on laissé le conseil supérieur du
commerce, qui avait, fait l'enquête, déter-
miner la quotité des droit.&nécessaires pour
sauvegarder le travail national? Bien loin
de là, il fut alors signifié au conseil sa-
péricurxju'il n'avait aucune décision à pren-
dre, aucun vote à émettre, ,̃
C'est alors que M. Michel Chevalier au-
rait dû faire valoir les scrupules tardifs qui i
lui viennent aujourd'hui. Quand on a trem-
pé dans un coup d'État commercial de ce
genre, on n'a plus le droit de se montrer
difficile sur la forme.
Dans tous les cas, et pour laisser de côté
cette polémiqua rétrospective, l'enquête
qui a été faite par la commission du Corps
législatif.met à néant- toutes les chicanes
sa femme par la flatterie cette attention dé-
licate chatouilla agréablement la vanité de
Mme Coquette. • r-
Et comment y; répondez-vous,: Auguste?
demandà-t-elle.' c',
Ily avait plus'dë quatorze ans que le pe-
tit nom de son mari n'était pas tombé de ses
lèvres. C'était une révolution
D'une façon bien simple, ma chère si
Reine épouse le capitaine, elle aura-sa dot.
Et qui la lui donnera?
Vous et'.moi! cinquante 'mille francs en
beaux écus sonnants.
3Vlme Coquette ouvrait ses grands yeux, en-
core fort beaux, et dit
Je ne comprends pas
Vous allez comprendre. Notre cousin du
CJouzeau, pour un motif que je ne veux pas
examiner parce que je crois trop bien le con-
naître, donne pptte somme de cinquante mille
francs..
j Vous voulez dire qu'il vous la prête.
J)u tout, j'ai bien dit il nous la donne,
et à nôtre tour nous la donnons en doi à
Reine. Nous gagnons à cette combinaison cin-
quante mille francs et de la considération.
Vous m'en direz tant fitMma Coquette,
mais Reine? 1
Je m'en charge.
^.Ét.Jl,, Marcel?' • V :[,,
,< Jè.m'en charge également.
–r ÀJors,; c'est votre affaire; moi, je me
lave les, mains de tout cela. '•̃
Maisvou.Siapprouyez?
r II le.fauirbien Et; puis, n'êtes-vous pas:
le maître ? j.
Décidément, ma chère, je; crois que j'ai
eu de grands torts à votre regard, et Je ferai
tous mes efforts pour lps réparer. Faites noùsr
pour après >. demain un bon .déjeuner,, nqus au-
rons le;futur et du Clouzeau^ Bonne nuit
Bonsoir, ^monsieur/
Le lendemain matin, M. Coquet; ayant a~
perçu sa fille dans le jardin, descendit aussi-
tôt il l'embrassa et, l'amenant sous le figuier
où la veille elle écoutait les paroles d'amour
de Victor, il lui dit
Reine, te^yoîlà en âged'ètre mariée,, ma
chérie, et si tu n!yj as ,pas,.songé, moi j'y ai.
songé pour toi/ ̃
La jeune fille écouta de. toutes ses. oreilles
ef rougit xm peu. pour la fôme, ̃̃•̃) ̃
M; Coquet continua ̃
pç- N/aimëraisTtupas à avoir- pour mari un
officier à
décoré?
imaginées par l'économiste-sénateur. Il ne
pourra pas prétendre cette fois que l'infor-
mation n'ait pas eu toute l'ampleur que
comportait la question. La commission par-
lementaire a entendu les représentants de
tous les intérêts, les imprimeurs ainsi que
les filateurs et les tisseurs elle les a mis en
présence elle leur a donné toute latitude
pour développer leurs demandes et leurs
arguments, Il n'y a pas un intérêt' qui
puisse se plaindre de n'avoir pu dire tout
ce qu'il avait à dire dans un sens ou dans
un autre.
La nouvelle enquête réclamée par M.
Michel Chevalier a donc eu lieu dans
les conditions les plus larges et avec les
garanties les plus complètes que jamais
enquête ait présentées. M. Michel Cheva-
lier a obtenu par conséquent toute satisfac-
tion. Or, quelle a été la conclusion de l'en-
quête parlementaire? Précisément la même
que celle de l'enquête administrative de
1869, c'est-à-dire la condamnation des ad-
missions temporaires des tissus. Il faudra
bien cette fois que M. Michel Chevalier en
prenne son parti.
B. HALBUONN.
Le Moniteur universel répond en ces ter-
mes à la question que nous lui avons posée
Le Moniteur universel doit la communication
de la lettre dont il s'agit à M. Qdilon Barrot qui
nous en a adressé, non pas la copie, mais la mi-
nute elle-même, portant dés corrections de sa
main, avec demande de l'insérer. Les journaux
qui l'ont reproduite n'ont pas jugé à propos do
dire qu'ils nous l'empruntaient, et ont cru mémo
devoir remplacer dans les deux premières lignes
le mot Moniteur, qui figure dans la copie avec
intention, par celui de Journal officiel.
Nous pensons que ces l'enseignements suffiront
à la Presse pour l'éclairer sur l'authenticité de la
pièce en question.
Voici donc ce que signifie cette explication.
M. Odilon Barrot avait faitr faire une copie
de sa lettre à l'adresse de M. le ministre de
̃l'intérieur.
Convaincu de la mauvaise volonté du gou-
vernement désespérant de voir ce document
{imprimé au Journal officiel pressé, d'autre
Ipart, de porter à la connaissance du public
iles pièces du procès qui s'instruisait devant
la Chambre, M. Odilon Barrot s'est hâté d'en-
voyer le texte de son manuscrit au Moniteur
universel.̃'
Nous félicitons notre confrère de cette com-
munication et M. Barrot de sa décision; mais
nous continuons à regretter le parti pris du
gouvernement, dont ces publications officieu-
ses ne vsont que d'insuffisants palliatifs.
6USTAVE EYRIÈS.
r H.- DE GIP.ÂRBÏN
ET LA PÉTITION DES PEINCES
Nous avons dit par loyauté ce que nous
pensons de la pétition des princes d'Or-
léans. Nous avons exposé avec respect,
mais avec franchise, les motifs qui, sui-
vant nous, ne permettent pas à la Chambre,
de T admettre. M.deGirardin,quenous au-
rons peut-être le regret de ne plus pouvoir
appeler demain notre éminent confrère
déclare que notre argumentation estfausse.
Il invoque contre nous l'autorité de l'expé-
rience, et il mêle à des considérations d'hu-
manité, que, pour notre part, nous ressen-
tons vivement, le témoignage de l'histoire.
Il rappelle en particulier l'attitude si
digne et si patriotique, prise au lendemain
de la révolution du 2A février, par M. le
prince de Joinviile et M. le duc d'Aumale,
chefs adorés de l'armée d'Algérie et maî-
tres par là des destinées de la république.
Personne n'honore plus que, nous la
conduite tenue, à cette époque, par ces il-
lustres jeunes gens. Il y a dans la popu-
larité qui accompagne leur "nom, quelque
chose du souvenir de ces résolutions géné-
reuses. ̃̃̃̃̃- •' ̃ '̃̃
Mais M. de Girardin nous paraît com-
mettre .une double erreur, également, ca-
pitale
Il croit à tort, suivant nous, que la loi
peut modifier la situation morale des pe-
tits-fils et des fils du roi Louis-Philippe.
Il assimile à tort la condition d'un prince
à celle de quelque républicain populaire.
Dans notre conviction les lois d'exil,
conservées on rapportées, ne peuvent rien,
ni pour ni contre l'autorité particulière qui
Un officier! s'écria Reine, qui ne s'at-
tendait pas à cette proposition.
Oui le beau capitaine qui t'afait danser
aux Sables, par exemple ? 7
Les paroles de son père répondaient si bien
à ses secrètes pensées que, 'cette fois, elle
rougit pour de bon et s'écria étourdiment
^&.h quel bonheur !•
Voilà une exclamation qui me dispense
de pousser plus loin mon interrogatoire, ré-
partit M. Coquet en souriant, tu peux comman-
der ta robe de noces, petite Reine, car, puis-
que ce beau capitaine a déjà ton cœur, je suis
décidé à lui accorder ta main. Tiens, voilà un
boursicot de mille francs, ce sera pour t'ache-
ter des rubans et des franfreluches.
M. Coquet embrassade nouveau sa fille, .et,
la laissant au jardin, remonta chez lui. ''̃
–Décidément, se dit-il, le cœur dés fem-
mes est un abîme insondable F- 'Celle-ci, ac-
cueillait Marcel avec joie' et c'est Toffiçier
qu'elle aimait! ""̃
Quant à Reine,. plongée dans la méditation
et le regard perdu vers l'horizon, elle parcou-
rait les allées "du jardin, marchant au hasard
sans rien voip;
A qui songeait-elle > '•,
Peut-être à Victor ,̃?'
II ne restait plus, à M. Coquet, qu'à congé-
dier Victor. Tout d'abord, cette mesure lui
sembla d'une exécution facile; il prit place
devant son bureau, prépara «e qu'il fallait
pour écrire, -trempa là plume daris l'uncre et
̃ traça d'une main hardie, sur, la feuille blan-
che, le mot Monsieur, ̃ puis il s'arrêta, ré-
fléchit et vit surgir mille difficultés qu'il n'a-
vait pas prévues. C'était lui, Coquet, qui avait
ouvert les portes d.e sajnaison a Victor et l'a-
vait cqnvié à, s'asseoir à son. foyer"; plus tard;
il avait connu les assiduités du 'jèuriè homme
et les avait tolérées; enfin, en confiant sa
femme et.sa fille à Victor, lors du voyage aux
Sables-d'Olonne, il l'avait, pour ̃ àin'sijlirc>
consacré futur officiel de Reine, position que
tout le monde lui reconnaissait.
.M. Coquet était, nous l'avons dit, esclave
de l'opinion publique, et sachant très bien
que Marcel appellerait de la mesure ÎJhitiiie
qui allait l'atteindre devant les jûges^çlont ïj
était l'esclave, il voulait justifier son procédé
einieittre }e bon droit de son • CQté, C'était là
le difficile. ,;J. -ï: '̃; '̃
Après bien des tâtonnements, des hésita-
s'attache à cette dénomination lourde et
glorieuse de prince d'Orléans.
M. de Girardin demande ce que repré-
sente ce nom. Nous ne savons pas si c'est
un principe, mais il est incontestable que
c'est un fait. C'est la tradition du pouvoir
souverain dans une des brandies de la mai-
son royale de France qui est parvenue au
trône en 1830 et qui s'y est maintenue pen-
dant dix-lmifc ans.
A Paris comme à Londres, dans le der-
nier village de France comme dans le plus
humble hameau d'un comté d'Angleterre,
M. le comte de Paris est la personnification
vivante, non de ce droit, mais de ce souve-
nir et de cette espérance. C'est pour cala
qu'il y a un parti qui s'appelle l'orléanis-
me, des hommes qu'ondit orléanistes et une
succession de rois, interrompue lorsqu'elle
était à peine commencée, qui ajoute une
branche de plus à celles des maisons sou-
veraines qui ont régné dans notre pays-.
Il ne sert de rien de nier cette situation,
de l'abaisser volontairement. Elle est plus
haute que les décisions mêmes du suffrage
universel. Car il y a, à côté de la politique
des majorités, la politique des minorités,
contre l'existence de laquelle rien ne peut
prévaloir.
Quant à l'assimilation qu'établit M. de
Girardin entre les représentants d'une mai-
son royale et les chefs prétendus d'une ré-
publique, l'erreur est manifeste. La Ré-
publique n'est qu'une doctrine. Comme
forme de gouvernement, elle ne s'incarne
dans personne. Ses chefs se succèdent sans
autres liens entre eux que ceux de leurs con-
victions.
Toute royauté, au contraire, dès qu'elle
a pour base l'hérédité, se personnifie et se
résume dans une famille. Là, nous l'avons
déjà dit, l'homme est inséparable de l'idée.
Ce contraste entre deux formes de gouver-
nement si différentes, peut se formuler par
un exemple. Il n'appartient pas plus à M.
Ledru-RollinàParis, et à M. Victor Hugo à
Jersey, de confisquer sous, leur nom la répu-
blique, qu'il ne dépend des princes d'Orléans
de séparer leurs titres des souvenirs royaux
qui en sont l'origine et que ces titres con-
sacrent à leur tour..
Qu'est-ce qui domine donc toute la ques-
tion posée au Corps législatif par la péti-
tion de M. Degouve-Denuncques et par
celle des princes d'Orléans? Un grand in-_
térêt d'ordre public. Il n'est pas possible
que des princes justement honorés de l'es-
time publique puissent entrer dans ce
pays sans y devenir, malgré eux-mêmes,
un élément de division et une cause, de
trouble. Des considérations de cet ordre-
là sont d'une nature à la fois trop saisis-
sante et trop délicate pour avoir besoin
d'être démontrées. Pour notre part, nous
le répétons, ce n'est qu'avec tristesse que
nous insistons sur cette dure nécessité de
la politique. Mais, en laissant à chacun l'ap-
préciation de sa conscience, nous la recon-
naissons évidente et implacable.
F. DE LA PONTEBIE;
ÉGHOS DES" CHAMBRES
La gauche irréconciliable s'est de nouveau
réunie pour régler sa conduite dans la discus-
sion du budget et sur la pétition des princes
d'Orléans. À l'égard de cette pétition, plu-
sieurs membres ont exprimé le désir des'ab-
stenir,- d'autres de voter contre l'ordre du
jour réclamé, par le chef du cabinet. MM. J.
Favre, J. Ferry et Grévy se sont réservé d'in-
tervenir, selon l'attitude du gouvernement et
de la majorité dans la discussion du budget.
MM. Magnin, Gréyy, Glais-Bizoin, Desseaux
et Garnier-Pagès traiteront les affaires inté-
rieures. M. Jules Favre doit prononcer un
grand discours sur les affaires extérieures.'
M. Ferry, dont les idées "diffèrent de celles de
M. Jules Favre, reprendra l'examen de .notre
politique extérieure à un autre point de. vue.
Les députés de la gauche ont vu avec regret
la majorité fixer à demain le commencement
de la discussion générale du budget. L'ordre
du jour était assez chargé pour permettre à la
majorité d'accepter le délai de lundi.
La réunion des picardiens a pris hier une.
résolution à peu près analogue.
La commission du budget a adopté la pro-
position de M. Paul Dupont sur l'emploi des
timbres mobiles. Elle a repoussé tous les au-
tions, des feuilles de papier noircies et jetées
au feu, il s'arrêta à la lettre suivante
« Monsieur,
» Tout père de famille a des devoirs rigoû-
p reux' à remplir. Seul responsable de la di-
» gnité et de la considération de ceux dont il
j> est le gardien naturel, il doit faire tous ses
j> efforts pour que le scandale n'entre jamais
» dans sa maison. Si, en mon absence, des
ii faits malheureux se sont produits,- moi pré-
» sent, ils ne se renouvelleront plus, et, pour
» éviter leur retour, mon premier soin doit
» être d'en éloigner la cause.
;> Netrouvez-donc'pas mauvais, monsieur,
» que je vous prie de -yous abstenir doréna-
ii vant de toute visite chez moi. Cette déci-
» sion est irrévocable et rien ne pourrait la
ii modifier. »
C'était court, laconique, sentencieux; M.
Coquet s'admira dans cette épître et l'envoya
immédiatement chez Marcel.
,Ce jour-là Victor devait être cruellement
atteint,' dans ses plus, phères affections,
En même temps que la lettre de M. Coquet,
̃il en recevait une aijtre de Bordeaux qui lui
annonçait que sa mère était dangereusement
malade. Le parent qni lui écrivait l'engageait
à partir le jour même par la voie de la malle'
poste.
Tout entier au devoir, Victor, la mort dans
l'âme, courut à la.' poste '.retenir". une place
dans la malle qui passait à dix heures; puis,
comme il était à deux pas de chez M. de Vieil-
lechèze, il entra ehez son ami.
Celui-ci, en voyant la pâleur et l'altération
des traits de Victor, ne put retenir l'çxajamfr:.
tion qui s'échappa dé §Ç91 le.vr.es,
Qu'ayez-vtius, Marcel-?- lui dit-il.
Je pars, dai^s une heure pour Bordeaux,
répondit le jeune homme, nia mève est très
malade, et lp" devoir m'appelle à ses côtés.
M. de Vieillechèze serra silencieusement la
main do Victor.
Mais ce n'est pas tout, reprit ce dernier,
et, montrant la lettre de M. Coquet qu'il pres-
sait convulsivement dans sa main, t'ajouta:
Lisez j. -/̃ '̃
La loyale", figure de M. d'e Vieillechèze. se
rembrunit..
–Voilà l'explication de la joie de. dii Çipu-
zeau, dit-il, Que voulez^vous l'aire? ?
^rr i,a ne sais. Je suis sans force devant cet
ordre cruel qui brise mon existence. Il me
semble qu'il ne me reste plus qu'à nvmrir â
tres amendements, et notamment ceux qui ont
pour but d'atteindre le nouveau, ministère des
lettres, sciences et beaux-arts.
Parmi les détails du bucîget des beaux-arts,
nous relevons ceux-ci aux.l,{»0û,000-fr. do.
subventions accordées aux théâtres impériaux
de Paris, il faut ajouter 230,000 fr. affectés
aux traitements des inspecteurs et autres
membres du personnel de ce service.
Les encouragements et secours aux auteurs
et artistes dramatiques s'élèvent à S5/i,000 fr.;
ceux accordés aux gens de lettres à 500,000 fr.
seulement, d'où nous concluons que les gens
de lettres sont, en généra!, dans une meilleure
situation que les auteurs et artistes drama-
tiques.
J200,000 fr. sont réservés pour ,la fête du
15 août.
Le projet de loi sur le travail des enfants
dans les manufactures, présenté sous le mi-
nistère de M. Alfred Le Roux, a été envoyé
directement au Sénat, après avoir été longue-
ment discuté et modifié au conseil d'Etat.- Il
porte, la signature de deux ministres, MM.
Louvet et Plichon.
On remarque depuis quelque temps, au bas
de chaque projet de loi, la signature du minis-
tre duquel elle émane.
Nous apprenons que, depuis quinze jours,
-M. le garde des sceaux va été appelé dans la
commission du Sénat chargée d'examiner la
loi qui attribue au jury le jugement des délits
de presse, et qu'il a informé le président
qu'il ne pouvait s'y rendre immédiatement.
Ce n'est que demain, lor juillet, qu'il ré-
pondra aux questions de la commission. On
pense que le rapport pourra être déposé
mardi prochain, et que la loi pourra venir en
Séance publique le jeudi suivant. "̃
Au sujet du caractère définitif de la loi sur
les maires, aux termes de la déclaration du
garde des sceaux, il faut mentionner que c'est
M. Latour du Moulin qui avait eu le premier
l'idée d'interroger le ministère sur ce point,
'et qui avait été prévenir "M. Ollivier de son
intention. Le ministre l'avait très froidement
reçu et ne lui avait pas dissimulé les déclara-
tions très absolues qu'il avait l'intention de
faire. Pendant ce temps, M. Johnston, mem-
bre du centre droit, soucieux de l'exécution
du programme qu'il avait signé, allait préve-
nir M. Ollivier qu'il lui adresserait la même
question. Il ne fut pas mieux reçu.
Quant aux raisons qui 'ont pu déterminer
M. le gardé des sceaux à s'écarter de son pro-
gramme, il est aisé de les découvrir. M. Olli-
vier a voulu gagner pour quelques jours l'ap-
pui delà droite.
II est bien certain que la loi organique d'at-
tsibutions municipales pourra modifier le mo-
de de nomination des maires.
Le ministre des finances vient de. transmet-
tre au conseil d'Etat un projet de décret ten-
dant à autoriser la création d'une succursale
de la Banque de France à Chartres.
v
On nous assure, dit le Temps, que la com-
mission du Sénat repousse la publicité des
débats des conseils généraux, qui avait été ac-
ceptée.par le Corps législatif.
̃ •. ̃ • '̃ ̃ F. lâchent'. ̃
U SITUATION POLITIQUE M PRUSSE
La situation politique des partis en Prusse
n'intéresse directement la France qu'à un seul
point de vue.
Quelle est la pensée de chacun d'eux sur
l'état militaire de ce pays, sur les charges qui
grèvent la Prusse pour la défense de son terri-
toire et sur le chiffre du contingent?
Une courte analyse permet d'apprécier
quelles sont en ce moment, sur cet objet uni-
que, les vues des divers groupes de l'opinion;
Nous les constatons sans les discuter, pensant
que la polémique d'un journal parisien aurait
peu d'influence sur des élections prussiennes.
Voilà donc ce que nous écrit notre corres-
pondant
Les conservateurs veulent le maintien du sys-
tème militaire et de l'effectif actuels, une poli-
tique nationale allemande énergique, plus d'in-
fluence politique pour les propriétaires et les
agriculteurs et la réforme du système fiscal.
Les nationaux-libéraux du Schleswig-Hols-
tein, approuvant les annexions de 1866, deman-
dent, en évitant de se prononcer sur la question
de l'armée, l'achèvement de l'unité allemande et
le développement libéral de la Confédération,
développement qui exige la réforme de l'ins-
truction, celle de l'organisation munièipale, la
décentralisation, la transformation de laChambre
des seigneurs,; la suppression du cautionnement
-et du timbre des journaux, la responsabilité mi-
Du courage, ami. Voulez-vous venir avec
moi chez Mme Coquette? èon.mari est au cer-
clé, et nous la trouverons seule. `
Elle ne me recevra pas.
Qui sait? Il n'y a peutrôtre rien de dés-
espéré encore.
Allons fit Victor.
Les deux hommes se, rendirent à la maison
de la route de Niort.
Aucun ordre n'avait été donné aux domes-
tiques.
Ils furent introduits au salon et Mmo Co-
quette, qui était dans son jardin, arriva aus-
sitôt.
Elle était souriante comme d'habitude.
Bonjour, cousin dit-elle à M. de Vieille-
chèze c'est ainsi qu'elle le nommait, ̃»=̃
Bonjour, mon cher Victor.
Elle ne sait, rien, pensa celui-ci, ou c'est
la plus habile comédienne que je connaisse
Votre bon accueil, madame, dit Victor,
rassérène mon cœur, car il me prouve que
vous ne connaissez pas cette lettre que je
viens de recevoir de M, Coquet.
Une lettre de monsieur s'écria-t-elle.
Oui, Lisez-la, je vous prie.
Et il la lui remit.
Une imperceptible rougeur passa sur les
traits do Mmo Coquette tandis qu'elle lisait
eetto épitre; puis elle froissa la lettre, la jeta,
au feu, et dit d'un ton de dédain parfaitement
joué t ̃
Voilà le cas que j'en fais l
Ah! vous me rende? î^vîe. exclama
Victor. Reine ignorait sans doute comme
VOUS
T" R^Ile i'gnc-r&rt comme moi cette nouvelle
Wbje de monsieur,, qui ne doit vous inquiéter
nullement ne prenez donc aucun souci de
cette missive; demain elle sera complètement
oubliée..
Je vais partir moins malheareux.
Vous partez? demanda, curieusement
MIno Coquette,
Marcel. exyUqaà le but de son voyage»
Jo tiéstre bien sincèrement que vous
trouviez Mmo votre nière en. bonne santé et
que vous nous reveniez. pi'tuBptement.
Je vous remoreie de ce bon souhait, .'ma-
dame, et j'en- appelle l'accomplissement avec
aqcs ardeur que vous devez comprendre. Ne
verrai-je point Reine avant mon départ?
Reine va êtt-e désespérée, répondit la
perfide Vendéenne elle est au bain avec la
femme de chambre et ne sera pas de retour
avant trois (^uart^'heure,
nislêrielle et, pour les députés de la nation, le
droit de voler les impôts, droit qu'ils na possè-
dent 'pas complètement..
Lbs progressistes qui, avaut 1808, formaient la «~
grande majorité do la Chambre et paraissent re-
gagner un peu d'influence aux dépens des aatio-
naux-Ii.ber;uix,.pas3é.s.on grande partie au service
clo M. de Bismark, insistent, après s'être mis
d'accord avec «a certain nombre d'associations
ouvrières, sur la réduction considérable des dé-
pendes militaires, la restitution à la Cliambrc
du droit de voter le budget, cl l'abandon com-
plet du système suivi par les ministères de l'in-
térieur et des cultes, système antilibéral et
piétiste.
Une fraction encore plus avancée des progres-
sistes, celle dont le chef est M. Jacoby, demande
qu'on refuso.au gouvernement actuel" le vote do
l'impôt, tant qu'il persistera dans la voie qu'il :t
adoptée. Une résolution en ce sens a été prise
avant-hier par un meeting assez considérable au-
quet assistaient nombre de bourgeois. C'est en
effet la bourgeoisie éclairée des villes qui com-
pose le parti progressiste, tandis que les natio-
naux-libéraux se recrutent surtout parmi les
fonctionnaires qui veulent arriver.
Les démocrates socialistes, enfin, et toutes les
associations ouvrières obéissant à MM. de
Schweiger, Mende, Bebel, ^Liebknecht et tutti
quanti, bien qu'en désaccord sur certains points,
réclament la diminution du budget militaire et 1&
désarmement », ainsi que l'admission- des ouvriers
aux affaires et les réformes démocratiques et so-
ciales de rigueur.
Nombre de fractions diverses existent à côté de
ces grands partis, et, sans être hostiles au gou-
vernement actuel, lui font une certaine opposi-
tion. Je citerai notamment celle des catholiques,
très puissante dans les pays rhénans, et celle des
Schloswig-IIolsteinois indépendants.
Los premiers veulent la liberté, d'enseigne-
ment, le maintien du système fédéral en Alle-
magne et le renoncement à toute idée de centra-
lisation, la réduction du temps de service mili-
taire et des dépenses de l'armée.
Les seconds, dont le chef est le comte Baudis-
sin, demandent l'indépendance complète de tous
les pays allemands, et, par conséquent, colle du
Sehles\yig-Holstein, sous la seule restriction des
obligations à eux imposées par une Constitution;
vraiment fédérale l'abandon total du système:
militaire actuel, et son remplacement par cetari
adopté on Suisse la diminution ou la suppres-
sion de toutes les taxes qui chargent le peuple.-
Cli. ùirnon.
Les élections qui vont avoiç lieu en Prusse
ont donc une importance capitale pour F état
à venir^de la monarchie, et même pour l'Eu-
rope.
La campagne électorale se terminera, ajou-
te notre correspondant, par le triomphe ou
par la chute de M. de Bismark, et par la créa-
tion d'une Prusse centralisée, militaire et ab-
solutiste, comprenant près de M) millions
d'âmes, ou par un retour impossible à une
Confédération allemande sauvegardant les in-
térêts et les droits de toutes les races. lî. de
la Madelaine..
'̃ s CAUSERIE
Un procès curieux, va s'engager. A l'aide
d'un fort télescope, je l'ai vu poindre à l'ho-
rizou de la chicane, et je vous le signale, com-
me le font des comètes, les astronomes in-
specteurs du ciel et guetteurs des astres.
Les adversaires sont une ville et un. artiste.
La ville, c'est Nice, un fragment" du Paradis.
L'artiste, c'est Carrier-Belleusei un des sculp-
teurs les plus célèbres et les plus éminents,,
sans contredit, que nous; ayons.
^L'objet du procès 2 –C'est l'argent, par-
bleu Pourquoi, diable, un sculpteur et une»
ville se pourraient-ils battre, si ce n'était pour
une contestation d'argent? Voici le fait en
trois mots:
Nice, toute fière d'avoir vu naître Ma^séna,
̃«l'enfant, chéri de la Victoire,"» éprouva, il y
a quatre ou cinq ans, le "besoin impérieux' d'é-
riger une statue à son glorieux -e^nfonf. L'ex-
cellente ville s'adressa à- Carrier-Relieuse, -qur
se rua aussitôt sur la terre glai.se, et modela
un Massena, avec une vigueur; de pouce et une.
maëstria d'allure. –Mai?,, Wus connaissez
cette statue, coulée en bronze,, érigée sur son
socle? Elle figuré au Sc-Jion d'il y a deux ans,
et elle y fut très remarquée.
Nice fut enchantée, Carrier le fut aussi, ira
peu moins que Niée, .à vrai dire (c'était, s'il
faut parler franc, un travail assez mal pavé)
mais enfin. Le Masséna'de bronze, et Clio»
assise a ses pieds, furènt expédiés au chef-lieiï.
des Alpes-Maritimes, et Carrier pensa à, autre*
chose. .•̃
.La bonne ville de Nice, une' fois en posses-
sion de son Masséna, lui chercha une place,–
ce fut long, mais on la trouva; puis il fallut
ériger un socle pour Masséna, co'fut Ion-"
encore, mais on vint à bout de ce travail
Après quinze mois d'attente, on hissa le Mas-
sena sur son socle, et on Vin'jmgvura à grands
renforts de discours, de fanfares, de drapeaux
et de ban-quets, ainsi qu.e le veut la tradition
provinciale. Tout le département fut invité à
cette fête, un seul homme fut oublié le
Elle mentait effrontément Reine était ùeïs-
rière la. porte,, écoutant cette conversation
*j-° i™»1?6011^6 vit le chagrin de Vieùor
et dit à Mmo Coquette
Envoyez de suite chercher Reine, et Te-
nez déjeuner avec elle à la maison pëu« tre
Victor aura-t-il le temps de monter lui. -dire
adieu.
Bien volontiers, répondit M11" Coqueitte;
mais nous ne pourrons déjeuner avec Mm' de
Aieillecheze, monsieur n'étant, pas prévenu.
Puis, s adressant a Victor-, elle lui tendit la
main en disant
A bientôt, mon cher Victor
Voas me permet^ de vous écrire? «le-
manda celui-ci.
Comment donc J, f
Merci^
Victor reyint chc;Z lui, accompagné d& M.
de A MSillecheze il prit à la hâte quelques. ob-
jets qui lui étaient; indispensables, fourra le
tout dans un FjRC de VOyage Ct se rendit à la
poste. 1 m
La malle ne devait pas arriver avant un
quart d h^ure.
Montons chez-moi dit M. de VSeilIé-
clieze, vous prendrez un verre de vin cïe Bor-
deaux et un biscuit.
>- A dix heures, le. cornet du ifiostillon-sc fit
entendre sur la route de Mantes. On sait avec
quelle rapidité s'opérait le ch-.mgemenii des
chevaux sur les malles c'était l'affair e de
quelques secondes. ̃̃'̃
̃La voiture reprit sa marche vers la poste,
qui se trouvait au-delà de la place, sur la
route de Bordeaux. En ce moment, Piétine et
sa mère apparurent à l'entrée de la route.
Uctor. qui était en observation' à. la fenêtre,
descendit immédiatement sum de 5f&" de Vieil-
lechèze il rencontra îa mère et la fille au bas
de l'escalier.Y .̃/̃̃
Je vous remercie d^ètre venuei ma chère
Rcme,dit-il; pensez «r/ peu à moi pendant
cette absence dont la cause m'affejete si dou-
loureusement et soyez certaine que votre sou-
venir ne me quittera pas un instant:
Il embrassa Rem e qui paraissait toute sé~
rieuse, serra la m&.n de Mn'6 Coquette et Cellp
de son ami Vieillochèze. ••'̃̃̃
̃Le postillon étg.it en selle.
Victor moMta 'dans le cabriolet,' à côté du
courrier, e^les chevaux s'élancèrent dans un
gaiop vert:JginQ11x> faisant jaillir du pavé de la
route des^. gerbes d'étincelles..
ARMAND I.AP0INTB,
cupation qui a dominé l'assemblée ? Ce que
se sont proposé surtout les imprimeurs
dans cette réunion générale, c'est de pro-
tester de leur entiers, confiance dans les
lumières et dans l'impartialité de la com-
mission parlementaire, qui, comme on le
pense bien, n'avait pas encore pris dé ré-
solution.
Les imprimeurs étaient notamment très
indignés de ce qu'on avait osé dire « que
chaque jour accentuait davantage leur
défiance et leur hostilité à l'égard de la
commission d'enquête. ̃>̃> Quelle abomina-
tion C'était une manœuvre imaginée uni-
quement pour les mettre mal dans l'esprit
de leurs juges. Le fait est, et ils tenaient à
le déclarer hautement, qu'ils attendaient la
décision de la commission avec la plus
complète sécurité.
Comment, après ces témoignages, ces
protestations de confiance., dans le. juge-
ment de. la commission, les imprimeurs sur
étoffes pourraient-ils récriminer mainte-
nant contre la proposition à laquelle elle a
été conduite? Ce serait se placer sur un
terrain bien difficile. On seraitfondé à leur
répondre qu'ayant reconnu eux-mêmes la
compétence et la parfaite sincérité du, tri-
bunal, ils ont perdu le droit; de s'élever
contre la décision qui a été rendue.. Si Je
jugement leur a été, défavorable, s'ils ont
été condamnés par une commission parle-
mentaire qui présentait toutes les garanties
aux intérêts en présence, c'est évidemment
que leur cause était mauvaise.
Plus ils ont tenu à proclamer qu'on les-
avait calomniés en doutant de leur défé-
rence envers cette commission plus ils ont
insisté pour faire constater les sentiments
de confiance dont ils. étaient animés à son
égard, plus il leur devient, par cela même,
impossible de nier aujourd'hui que, s'ils
ont. •perdu leur procès, c'est que leur pro-
cès ne valait rien *̃̃
Ajoutons que les imprimeurs ont, en
quelque sorte, pris à tâche, dans cette mê-
me réunion générale, de justifier les atta-
ques dont les admissions temporaires a-
vaient été l'objet. N'ont-ils pas déclaré
que,!pendant la longue prise que l'indus-
trie cotonnière vient de traverser, les prix
des tissus français ont été parfois si dépri-
més qu'ils ont facilité, au même degré
peut-être que les admissions temporaires
elles-mêmes, l'exportation des toiles impri-
mées ? Cet aveu formel n'était-il pas de na-
ture à entraîner virtuellement' leur con-
damnation ?
.11 est vrai que les imprimeurs attribuent
cette dépression des prix à l'effet d'une pro-
duction excédant les besoins. Accuser de
trop produire une industrie qui, loin d'ac-
croître ses moyens, de fabrication, en est
réduite à laisser' chômer les broches et les
métiers qu'elle possédait, ce n'est vraiment
pas sérieux, et il n'y a pas de générosité à
venir dire à nos filateurs et à nos tisseurs
qui meurent d'inanition, qu'ilsmeurent de
pléthore. La dépréciation des cours a été
principalement causée par les admissions
temporaires et, d'ailleurs, en supposant
qu'un excédant de production y fût pour
quelque chose, il est bien évident que la
dépréciation ne pouvait être que plus con-
sidérable encore à raison de l'impqrtation
des tissus étrangers, qui venaient ajouter à
notre trop plein. Ainsi, l'argumentation
-même des imprimeurs tournait contrç eux,
et a dû exercer son influence sur la déter-^
mination prise par la commission d'en-
quêÉe. 7 •̃ ••.<;̃ .̃̃ t
La décision de cette commission va éga-
lement enlever à M. Michel Chevalier le
principal- argument dont il s'était servi
dans son rapport au Sénat sur la pétition
des imprimeurs. Selon lui,. aucune infor-
mation approfondie, pouvant.être mise en
parallèle avec l'enquête du comité consul-?
tatif de 1868, n'aurait précédé le décret
du 9 janvier; &ù telle sorte que ce dé-
cret;, ainsi rendu maâ- examen préalable,
présenterait le, caractère il'un acte irré-
gulier, sommaire, pour lequel le lijinjstère
aurait bien pu être mis en accusation.
On avait déjà fait remarquera M. Mi-
che! Chevalier que cette assertion avait le
grand tort d'être parfaitement inexacte j
qu'une commission spéciale, chargée d'étu-
dier la question des admissions temporai-
res des tissus, avait été nommée en mars
PEUILLEJON DE LA PRE&SQ
DU Ie"" JUILLET 1870 18
KËINE ..COQUETTE
SCÈNES DE Lfl VIE DE P3CV1KCE
̃ ̃̃̃̃'̃ XJX. ̃.̃• ̃
Suite
Mm0 Coquette resta un moment silencieuse.
Et quel est le second parti ? demanda-
t-elle enlin.
Elle abandonnait Victor, non à cause des
raisons que son mari venait de lui donner,
mais parce que la curiosité la talonnait d'une
façon si; ardente que, pour la satisfaire, elle
eut fait tous les sacrifices imaginables. ̃̃{..
Vous le connaissez,; répondit. M. Coquet
qui, sachant sa femme par^cϝr; voulait exci-
ter sa curiosité au point, qu'elle perdît com-
plètement le souvenir de Victor.
Ah! fit Mme Coquette, dont l'œil, pétillait
d'impatience. Y-Y-i V
Qu tout au, moins vous .l'avez vu.
Que vous êtes insipide s'écria-t-élle
toute dépitée de la lenteur calculée de son
mari.
C'est un officier qui a fait danser Reine
au bal des Sables.
lVImo Coquette professait à Téndroit de l'u-
niforme le même culte que sa .fille.
Je m'en souviens, dit-elle, un fort bel
homme, ma foi! ̃ r .•̃
w Qu'est-ce, que vous en dites?
SJyî ? Rien Il me plairait assez pour gen-
dre; mais .'3û point de vue de la dot, la même
difficulté existera ppur lui que pour M. Marcel.
Déjà elle ne dïî-îit plus Victor tout court.
J'attendais cette observation; elle est
une preuve de votre intelligence.
M. Coquet n'avait point l'habitude de gâter
Reproduction interdite pour les journaux qui
n'ont pas traité avec la Société des gens de lettres.
1869 que cette commission avait procédé
à l'examen qui lui avait été confié qu'elle
avait vu, en outre, ses travaux complétés
par les recherches que M. Ozenne avait
faites durant un Aroyage accompli dans les
départements intéressés et à l'étranger
que c'est à la suite de cette enquête, qui
avait démontré la justesse des réclama-
tions présentées par la filature et le tissage
que je ministre du commerce avait rendu le
décret qui mettait fîn,au régime des admis-
sions temporaires.
M. Michel Chevalier, à ce qu'il paraît,
s'est trouvé très oiFensé de ce qu'on lui ait
reproché d'avoir commis des erreurs et
avancé des faits inexacts. Il a pris sa plume
de journaliste pour défendre le rapport du
sénateur, et il a publié, en conséquence.,
dans le Journal des Débais du 23 de ce
mois, une lettre. adressée à M.Bertin. Cette
lettre porte l'empreinte d'une grande irri-
tation. M. Michel Chevalier prétend quJon
l'a injurié pour lui avoir dit qu'il s'était
appuyé sur des assertions erronées. C'est
vraiment avoir ï' épidémie trop sensible.
Faut-il donc, quand on a affaire à lui, s'in-
cliner humblement devant son habit cha-
marré d'or, en répétant avec Bôranger
AU monsieur le sénateur',
Je suis votre humble serviteur!
M. Michel Chevalier, si chatouilleux en
ce qui le touche, n'a cependant pas l'habi-
tude de ménager beaucoup la susceptibilité
d'autrui, et nous nous rappelons notam-
ment qu'il lui est arrivé de traiter cruelle-
ment nos manufacturiers protectionistes
en les comparant à ce mendiant de Gil Blas
qui demandait l'aumône, l'escopette à la
main.
On a d'ailleurs peine à comprendre d'où
peut venir la grande colère de M. Michel
Chevalier. Il lui est impossible de mécon-
naître que, dans son rapport au Sénat, il a
passé sous silence et considéré comme non
avenue l'enquête qui avait précédé le-dé-
cret du 9 janvier. Il a beau chercher à s'en
justifier le fait de l'omission n'en subsiste
pas moins, et les motifs qu'il invoque à
l'appui de sa conduite ne sont pas sérieux.
Cette enquête de 1869, dont il lui plaît de
faire abstraction, a été bien autrement
complète que celle qui avait été faite en
1868 par le comité consultatif. •
La commission, qui avait été chargée
de reprendre la question, comprenait les
hommes les plus distingués appartenant
aux deux opinions en présence elle a tenu
quatre séances, tandis que le comité con-
sultatif s'était contenté de deux seulement;
elle a offert la garantie de débats contra-
dictoires, et ses travaux ont été complétés
par le voyage de M. Ozenne, qui a permis
de constater quels étaient, parmi les faits
énoncés, ceux qui portaient le cachet de
la vérité. Voilà ce qu'a été cette enquête
de 1869 que M. Michel Chevalier affecte
de traiter si dédaigneusement, sans doute
parce qu'elle a conduit à des conclusions
qui ne sont pas de son go Cit.
Le principal grief que fait valoir M. Mi-
chel Chevalier, c'est que la commission n'a
pas été appelée à formuler elle-même une
solution; c'est que le ministre du commer-
ce a seul tiré de l'enquête la conclusion qui
s'est traduite dans le décret du 9 janvier.
Nous n'aurions jamais pensé que M. Mi-
chel Chevalier pût, soulever une pareille
objection, qui est fort maladroite de sa
part. A-t-il donc oublié comment les cho-
ses se sont passées pour le traité de com-
merce avec l'Angleterre, qui fut son œu-
vre, et dont il se glorifie en toute occasion?
A-t-on consulté quelqu'un pour signer ce
traité ? Et lorsqu'il s'est agi de fixer les ta-
rifs, a-t^on laissé le conseil supérieur du
commerce, qui avait, fait l'enquête, déter-
miner la quotité des droit.&nécessaires pour
sauvegarder le travail national? Bien loin
de là, il fut alors signifié au conseil sa-
péricurxju'il n'avait aucune décision à pren-
dre, aucun vote à émettre, ,̃
C'est alors que M. Michel Chevalier au-
rait dû faire valoir les scrupules tardifs qui i
lui viennent aujourd'hui. Quand on a trem-
pé dans un coup d'État commercial de ce
genre, on n'a plus le droit de se montrer
difficile sur la forme.
Dans tous les cas, et pour laisser de côté
cette polémiqua rétrospective, l'enquête
qui a été faite par la commission du Corps
législatif.met à néant- toutes les chicanes
sa femme par la flatterie cette attention dé-
licate chatouilla agréablement la vanité de
Mme Coquette. • r-
Et comment y; répondez-vous,: Auguste?
demandà-t-elle.' c',
Ily avait plus'dë quatorze ans que le pe-
tit nom de son mari n'était pas tombé de ses
lèvres. C'était une révolution
D'une façon bien simple, ma chère si
Reine épouse le capitaine, elle aura-sa dot.
Et qui la lui donnera?
Vous et'.moi! cinquante 'mille francs en
beaux écus sonnants.
3Vlme Coquette ouvrait ses grands yeux, en-
core fort beaux, et dit
Je ne comprends pas
Vous allez comprendre. Notre cousin du
CJouzeau, pour un motif que je ne veux pas
examiner parce que je crois trop bien le con-
naître, donne pptte somme de cinquante mille
francs..
j Vous voulez dire qu'il vous la prête.
J)u tout, j'ai bien dit il nous la donne,
et à nôtre tour nous la donnons en doi à
Reine. Nous gagnons à cette combinaison cin-
quante mille francs et de la considération.
Vous m'en direz tant fitMma Coquette,
mais Reine? 1
Je m'en charge.
^.Ét.Jl,, Marcel?' • V :[,,
,< Jè.m'en charge également.
–r ÀJors,; c'est votre affaire; moi, je me
lave les, mains de tout cela. '•̃
Maisvou.Siapprouyez?
r II le.fauirbien Et; puis, n'êtes-vous pas:
le maître ? j.
Décidément, ma chère, je; crois que j'ai
eu de grands torts à votre regard, et Je ferai
tous mes efforts pour lps réparer. Faites noùsr
pour après >. demain un bon .déjeuner,, nqus au-
rons le;futur et du Clouzeau^ Bonne nuit
Bonsoir, ^monsieur/
Le lendemain matin, M. Coquet; ayant a~
perçu sa fille dans le jardin, descendit aussi-
tôt il l'embrassa et, l'amenant sous le figuier
où la veille elle écoutait les paroles d'amour
de Victor, il lui dit
Reine, te^yoîlà en âged'ètre mariée,, ma
chérie, et si tu n!yj as ,pas,.songé, moi j'y ai.
songé pour toi/ ̃
La jeune fille écouta de. toutes ses. oreilles
ef rougit xm peu. pour la fôme, ̃̃•̃) ̃
M; Coquet continua ̃
pç- N/aimëraisTtupas à avoir- pour mari un
officier à
décoré?
imaginées par l'économiste-sénateur. Il ne
pourra pas prétendre cette fois que l'infor-
mation n'ait pas eu toute l'ampleur que
comportait la question. La commission par-
lementaire a entendu les représentants de
tous les intérêts, les imprimeurs ainsi que
les filateurs et les tisseurs elle les a mis en
présence elle leur a donné toute latitude
pour développer leurs demandes et leurs
arguments, Il n'y a pas un intérêt' qui
puisse se plaindre de n'avoir pu dire tout
ce qu'il avait à dire dans un sens ou dans
un autre.
La nouvelle enquête réclamée par M.
Michel Chevalier a donc eu lieu dans
les conditions les plus larges et avec les
garanties les plus complètes que jamais
enquête ait présentées. M. Michel Cheva-
lier a obtenu par conséquent toute satisfac-
tion. Or, quelle a été la conclusion de l'en-
quête parlementaire? Précisément la même
que celle de l'enquête administrative de
1869, c'est-à-dire la condamnation des ad-
missions temporaires des tissus. Il faudra
bien cette fois que M. Michel Chevalier en
prenne son parti.
B. HALBUONN.
Le Moniteur universel répond en ces ter-
mes à la question que nous lui avons posée
Le Moniteur universel doit la communication
de la lettre dont il s'agit à M. Qdilon Barrot qui
nous en a adressé, non pas la copie, mais la mi-
nute elle-même, portant dés corrections de sa
main, avec demande de l'insérer. Les journaux
qui l'ont reproduite n'ont pas jugé à propos do
dire qu'ils nous l'empruntaient, et ont cru mémo
devoir remplacer dans les deux premières lignes
le mot Moniteur, qui figure dans la copie avec
intention, par celui de Journal officiel.
Nous pensons que ces l'enseignements suffiront
à la Presse pour l'éclairer sur l'authenticité de la
pièce en question.
Voici donc ce que signifie cette explication.
M. Odilon Barrot avait faitr faire une copie
de sa lettre à l'adresse de M. le ministre de
̃l'intérieur.
Convaincu de la mauvaise volonté du gou-
vernement désespérant de voir ce document
{imprimé au Journal officiel pressé, d'autre
Ipart, de porter à la connaissance du public
iles pièces du procès qui s'instruisait devant
la Chambre, M. Odilon Barrot s'est hâté d'en-
voyer le texte de son manuscrit au Moniteur
universel.̃'
Nous félicitons notre confrère de cette com-
munication et M. Barrot de sa décision; mais
nous continuons à regretter le parti pris du
gouvernement, dont ces publications officieu-
ses ne vsont que d'insuffisants palliatifs.
6USTAVE EYRIÈS.
r H.- DE GIP.ÂRBÏN
ET LA PÉTITION DES PEINCES
Nous avons dit par loyauté ce que nous
pensons de la pétition des princes d'Or-
léans. Nous avons exposé avec respect,
mais avec franchise, les motifs qui, sui-
vant nous, ne permettent pas à la Chambre,
de T admettre. M.deGirardin,quenous au-
rons peut-être le regret de ne plus pouvoir
appeler demain notre éminent confrère
déclare que notre argumentation estfausse.
Il invoque contre nous l'autorité de l'expé-
rience, et il mêle à des considérations d'hu-
manité, que, pour notre part, nous ressen-
tons vivement, le témoignage de l'histoire.
Il rappelle en particulier l'attitude si
digne et si patriotique, prise au lendemain
de la révolution du 2A février, par M. le
prince de Joinviile et M. le duc d'Aumale,
chefs adorés de l'armée d'Algérie et maî-
tres par là des destinées de la république.
Personne n'honore plus que, nous la
conduite tenue, à cette époque, par ces il-
lustres jeunes gens. Il y a dans la popu-
larité qui accompagne leur "nom, quelque
chose du souvenir de ces résolutions géné-
reuses. ̃̃̃̃̃- •' ̃ '̃̃
Mais M. de Girardin nous paraît com-
mettre .une double erreur, également, ca-
pitale
Il croit à tort, suivant nous, que la loi
peut modifier la situation morale des pe-
tits-fils et des fils du roi Louis-Philippe.
Il assimile à tort la condition d'un prince
à celle de quelque républicain populaire.
Dans notre conviction les lois d'exil,
conservées on rapportées, ne peuvent rien,
ni pour ni contre l'autorité particulière qui
Un officier! s'écria Reine, qui ne s'at-
tendait pas à cette proposition.
Oui le beau capitaine qui t'afait danser
aux Sables, par exemple ? 7
Les paroles de son père répondaient si bien
à ses secrètes pensées que, 'cette fois, elle
rougit pour de bon et s'écria étourdiment
^&.h quel bonheur !•
Voilà une exclamation qui me dispense
de pousser plus loin mon interrogatoire, ré-
partit M. Coquet en souriant, tu peux comman-
der ta robe de noces, petite Reine, car, puis-
que ce beau capitaine a déjà ton cœur, je suis
décidé à lui accorder ta main. Tiens, voilà un
boursicot de mille francs, ce sera pour t'ache-
ter des rubans et des franfreluches.
M. Coquet embrassade nouveau sa fille, .et,
la laissant au jardin, remonta chez lui. ''̃
–Décidément, se dit-il, le cœur dés fem-
mes est un abîme insondable F- 'Celle-ci, ac-
cueillait Marcel avec joie' et c'est Toffiçier
qu'elle aimait! ""̃
Quant à Reine,. plongée dans la méditation
et le regard perdu vers l'horizon, elle parcou-
rait les allées "du jardin, marchant au hasard
sans rien voip;
A qui songeait-elle > '•,
Peut-être à Victor ,̃?'
II ne restait plus, à M. Coquet, qu'à congé-
dier Victor. Tout d'abord, cette mesure lui
sembla d'une exécution facile; il prit place
devant son bureau, prépara «e qu'il fallait
pour écrire, -trempa là plume daris l'uncre et
̃ traça d'une main hardie, sur, la feuille blan-
che, le mot Monsieur, ̃ puis il s'arrêta, ré-
fléchit et vit surgir mille difficultés qu'il n'a-
vait pas prévues. C'était lui, Coquet, qui avait
ouvert les portes d.e sajnaison a Victor et l'a-
vait cqnvié à, s'asseoir à son. foyer"; plus tard;
il avait connu les assiduités du 'jèuriè homme
et les avait tolérées; enfin, en confiant sa
femme et.sa fille à Victor, lors du voyage aux
Sables-d'Olonne, il l'avait, pour ̃ àin'sijlirc>
consacré futur officiel de Reine, position que
tout le monde lui reconnaissait.
.M. Coquet était, nous l'avons dit, esclave
de l'opinion publique, et sachant très bien
que Marcel appellerait de la mesure ÎJhitiiie
qui allait l'atteindre devant les jûges^çlont ïj
était l'esclave, il voulait justifier son procédé
einieittre }e bon droit de son • CQté, C'était là
le difficile. ,;J. -ï: '̃; '̃
Après bien des tâtonnements, des hésita-
s'attache à cette dénomination lourde et
glorieuse de prince d'Orléans.
M. de Girardin demande ce que repré-
sente ce nom. Nous ne savons pas si c'est
un principe, mais il est incontestable que
c'est un fait. C'est la tradition du pouvoir
souverain dans une des brandies de la mai-
son royale de France qui est parvenue au
trône en 1830 et qui s'y est maintenue pen-
dant dix-lmifc ans.
A Paris comme à Londres, dans le der-
nier village de France comme dans le plus
humble hameau d'un comté d'Angleterre,
M. le comte de Paris est la personnification
vivante, non de ce droit, mais de ce souve-
nir et de cette espérance. C'est pour cala
qu'il y a un parti qui s'appelle l'orléanis-
me, des hommes qu'ondit orléanistes et une
succession de rois, interrompue lorsqu'elle
était à peine commencée, qui ajoute une
branche de plus à celles des maisons sou-
veraines qui ont régné dans notre pays-.
Il ne sert de rien de nier cette situation,
de l'abaisser volontairement. Elle est plus
haute que les décisions mêmes du suffrage
universel. Car il y a, à côté de la politique
des majorités, la politique des minorités,
contre l'existence de laquelle rien ne peut
prévaloir.
Quant à l'assimilation qu'établit M. de
Girardin entre les représentants d'une mai-
son royale et les chefs prétendus d'une ré-
publique, l'erreur est manifeste. La Ré-
publique n'est qu'une doctrine. Comme
forme de gouvernement, elle ne s'incarne
dans personne. Ses chefs se succèdent sans
autres liens entre eux que ceux de leurs con-
victions.
Toute royauté, au contraire, dès qu'elle
a pour base l'hérédité, se personnifie et se
résume dans une famille. Là, nous l'avons
déjà dit, l'homme est inséparable de l'idée.
Ce contraste entre deux formes de gouver-
nement si différentes, peut se formuler par
un exemple. Il n'appartient pas plus à M.
Ledru-RollinàParis, et à M. Victor Hugo à
Jersey, de confisquer sous, leur nom la répu-
blique, qu'il ne dépend des princes d'Orléans
de séparer leurs titres des souvenirs royaux
qui en sont l'origine et que ces titres con-
sacrent à leur tour..
Qu'est-ce qui domine donc toute la ques-
tion posée au Corps législatif par la péti-
tion de M. Degouve-Denuncques et par
celle des princes d'Orléans? Un grand in-_
térêt d'ordre public. Il n'est pas possible
que des princes justement honorés de l'es-
time publique puissent entrer dans ce
pays sans y devenir, malgré eux-mêmes,
un élément de division et une cause, de
trouble. Des considérations de cet ordre-
là sont d'une nature à la fois trop saisis-
sante et trop délicate pour avoir besoin
d'être démontrées. Pour notre part, nous
le répétons, ce n'est qu'avec tristesse que
nous insistons sur cette dure nécessité de
la politique. Mais, en laissant à chacun l'ap-
préciation de sa conscience, nous la recon-
naissons évidente et implacable.
F. DE LA PONTEBIE;
ÉGHOS DES" CHAMBRES
La gauche irréconciliable s'est de nouveau
réunie pour régler sa conduite dans la discus-
sion du budget et sur la pétition des princes
d'Orléans. À l'égard de cette pétition, plu-
sieurs membres ont exprimé le désir des'ab-
stenir,- d'autres de voter contre l'ordre du
jour réclamé, par le chef du cabinet. MM. J.
Favre, J. Ferry et Grévy se sont réservé d'in-
tervenir, selon l'attitude du gouvernement et
de la majorité dans la discussion du budget.
MM. Magnin, Gréyy, Glais-Bizoin, Desseaux
et Garnier-Pagès traiteront les affaires inté-
rieures. M. Jules Favre doit prononcer un
grand discours sur les affaires extérieures.'
M. Ferry, dont les idées "diffèrent de celles de
M. Jules Favre, reprendra l'examen de .notre
politique extérieure à un autre point de. vue.
Les députés de la gauche ont vu avec regret
la majorité fixer à demain le commencement
de la discussion générale du budget. L'ordre
du jour était assez chargé pour permettre à la
majorité d'accepter le délai de lundi.
La réunion des picardiens a pris hier une.
résolution à peu près analogue.
La commission du budget a adopté la pro-
position de M. Paul Dupont sur l'emploi des
timbres mobiles. Elle a repoussé tous les au-
tions, des feuilles de papier noircies et jetées
au feu, il s'arrêta à la lettre suivante
« Monsieur,
» Tout père de famille a des devoirs rigoû-
p reux' à remplir. Seul responsable de la di-
» gnité et de la considération de ceux dont il
j> est le gardien naturel, il doit faire tous ses
j> efforts pour que le scandale n'entre jamais
» dans sa maison. Si, en mon absence, des
ii faits malheureux se sont produits,- moi pré-
» sent, ils ne se renouvelleront plus, et, pour
» éviter leur retour, mon premier soin doit
» être d'en éloigner la cause.
;> Netrouvez-donc'pas mauvais, monsieur,
» que je vous prie de -yous abstenir doréna-
ii vant de toute visite chez moi. Cette déci-
» sion est irrévocable et rien ne pourrait la
ii modifier. »
C'était court, laconique, sentencieux; M.
Coquet s'admira dans cette épître et l'envoya
immédiatement chez Marcel.
,Ce jour-là Victor devait être cruellement
atteint,' dans ses plus, phères affections,
En même temps que la lettre de M. Coquet,
̃il en recevait une aijtre de Bordeaux qui lui
annonçait que sa mère était dangereusement
malade. Le parent qni lui écrivait l'engageait
à partir le jour même par la voie de la malle'
poste.
Tout entier au devoir, Victor, la mort dans
l'âme, courut à la.' poste '.retenir". une place
dans la malle qui passait à dix heures; puis,
comme il était à deux pas de chez M. de Vieil-
lechèze, il entra ehez son ami.
Celui-ci, en voyant la pâleur et l'altération
des traits de Victor, ne put retenir l'çxajamfr:.
tion qui s'échappa dé §Ç91 le.vr.es,
Qu'ayez-vtius, Marcel-?- lui dit-il.
Je pars, dai^s une heure pour Bordeaux,
répondit le jeune homme, nia mève est très
malade, et lp" devoir m'appelle à ses côtés.
M. de Vieillechèze serra silencieusement la
main do Victor.
Mais ce n'est pas tout, reprit ce dernier,
et, montrant la lettre de M. Coquet qu'il pres-
sait convulsivement dans sa main, t'ajouta:
Lisez j. -/̃ '̃
La loyale", figure de M. d'e Vieillechèze. se
rembrunit..
–Voilà l'explication de la joie de. dii Çipu-
zeau, dit-il, Que voulez^vous l'aire? ?
^rr i,a ne sais. Je suis sans force devant cet
ordre cruel qui brise mon existence. Il me
semble qu'il ne me reste plus qu'à nvmrir â
tres amendements, et notamment ceux qui ont
pour but d'atteindre le nouveau, ministère des
lettres, sciences et beaux-arts.
Parmi les détails du bucîget des beaux-arts,
nous relevons ceux-ci aux.l,{»0û,000-fr. do.
subventions accordées aux théâtres impériaux
de Paris, il faut ajouter 230,000 fr. affectés
aux traitements des inspecteurs et autres
membres du personnel de ce service.
Les encouragements et secours aux auteurs
et artistes dramatiques s'élèvent à S5/i,000 fr.;
ceux accordés aux gens de lettres à 500,000 fr.
seulement, d'où nous concluons que les gens
de lettres sont, en généra!, dans une meilleure
situation que les auteurs et artistes drama-
tiques.
J200,000 fr. sont réservés pour ,la fête du
15 août.
Le projet de loi sur le travail des enfants
dans les manufactures, présenté sous le mi-
nistère de M. Alfred Le Roux, a été envoyé
directement au Sénat, après avoir été longue-
ment discuté et modifié au conseil d'Etat.- Il
porte, la signature de deux ministres, MM.
Louvet et Plichon.
On remarque depuis quelque temps, au bas
de chaque projet de loi, la signature du minis-
tre duquel elle émane.
Nous apprenons que, depuis quinze jours,
-M. le garde des sceaux va été appelé dans la
commission du Sénat chargée d'examiner la
loi qui attribue au jury le jugement des délits
de presse, et qu'il a informé le président
qu'il ne pouvait s'y rendre immédiatement.
Ce n'est que demain, lor juillet, qu'il ré-
pondra aux questions de la commission. On
pense que le rapport pourra être déposé
mardi prochain, et que la loi pourra venir en
Séance publique le jeudi suivant. "̃
Au sujet du caractère définitif de la loi sur
les maires, aux termes de la déclaration du
garde des sceaux, il faut mentionner que c'est
M. Latour du Moulin qui avait eu le premier
l'idée d'interroger le ministère sur ce point,
'et qui avait été prévenir "M. Ollivier de son
intention. Le ministre l'avait très froidement
reçu et ne lui avait pas dissimulé les déclara-
tions très absolues qu'il avait l'intention de
faire. Pendant ce temps, M. Johnston, mem-
bre du centre droit, soucieux de l'exécution
du programme qu'il avait signé, allait préve-
nir M. Ollivier qu'il lui adresserait la même
question. Il ne fut pas mieux reçu.
Quant aux raisons qui 'ont pu déterminer
M. le gardé des sceaux à s'écarter de son pro-
gramme, il est aisé de les découvrir. M. Olli-
vier a voulu gagner pour quelques jours l'ap-
pui delà droite.
II est bien certain que la loi organique d'at-
tsibutions municipales pourra modifier le mo-
de de nomination des maires.
Le ministre des finances vient de. transmet-
tre au conseil d'Etat un projet de décret ten-
dant à autoriser la création d'une succursale
de la Banque de France à Chartres.
v
On nous assure, dit le Temps, que la com-
mission du Sénat repousse la publicité des
débats des conseils généraux, qui avait été ac-
ceptée.par le Corps législatif.
̃ •. ̃ • '̃ ̃ F. lâchent'. ̃
U SITUATION POLITIQUE M PRUSSE
La situation politique des partis en Prusse
n'intéresse directement la France qu'à un seul
point de vue.
Quelle est la pensée de chacun d'eux sur
l'état militaire de ce pays, sur les charges qui
grèvent la Prusse pour la défense de son terri-
toire et sur le chiffre du contingent?
Une courte analyse permet d'apprécier
quelles sont en ce moment, sur cet objet uni-
que, les vues des divers groupes de l'opinion;
Nous les constatons sans les discuter, pensant
que la polémique d'un journal parisien aurait
peu d'influence sur des élections prussiennes.
Voilà donc ce que nous écrit notre corres-
pondant
Les conservateurs veulent le maintien du sys-
tème militaire et de l'effectif actuels, une poli-
tique nationale allemande énergique, plus d'in-
fluence politique pour les propriétaires et les
agriculteurs et la réforme du système fiscal.
Les nationaux-libéraux du Schleswig-Hols-
tein, approuvant les annexions de 1866, deman-
dent, en évitant de se prononcer sur la question
de l'armée, l'achèvement de l'unité allemande et
le développement libéral de la Confédération,
développement qui exige la réforme de l'ins-
truction, celle de l'organisation munièipale, la
décentralisation, la transformation de laChambre
des seigneurs,; la suppression du cautionnement
-et du timbre des journaux, la responsabilité mi-
Du courage, ami. Voulez-vous venir avec
moi chez Mme Coquette? èon.mari est au cer-
clé, et nous la trouverons seule. `
Elle ne me recevra pas.
Qui sait? Il n'y a peutrôtre rien de dés-
espéré encore.
Allons fit Victor.
Les deux hommes se, rendirent à la maison
de la route de Niort.
Aucun ordre n'avait été donné aux domes-
tiques.
Ils furent introduits au salon et Mmo Co-
quette, qui était dans son jardin, arriva aus-
sitôt.
Elle était souriante comme d'habitude.
Bonjour, cousin dit-elle à M. de Vieille-
chèze c'est ainsi qu'elle le nommait, ̃»=̃
Bonjour, mon cher Victor.
Elle ne sait, rien, pensa celui-ci, ou c'est
la plus habile comédienne que je connaisse
Votre bon accueil, madame, dit Victor,
rassérène mon cœur, car il me prouve que
vous ne connaissez pas cette lettre que je
viens de recevoir de M, Coquet.
Une lettre de monsieur s'écria-t-elle.
Oui, Lisez-la, je vous prie.
Et il la lui remit.
Une imperceptible rougeur passa sur les
traits do Mmo Coquette tandis qu'elle lisait
eetto épitre; puis elle froissa la lettre, la jeta,
au feu, et dit d'un ton de dédain parfaitement
joué t ̃
Voilà le cas que j'en fais l
Ah! vous me rende? î^vîe. exclama
Victor. Reine ignorait sans doute comme
VOUS
T" R^Ile i'gnc-r&rt comme moi cette nouvelle
Wbje de monsieur,, qui ne doit vous inquiéter
nullement ne prenez donc aucun souci de
cette missive; demain elle sera complètement
oubliée..
Je vais partir moins malheareux.
Vous partez? demanda, curieusement
MIno Coquette,
Marcel. exyUqaà le but de son voyage»
Jo tiéstre bien sincèrement que vous
trouviez Mmo votre nière en. bonne santé et
que vous nous reveniez. pi'tuBptement.
Je vous remoreie de ce bon souhait, .'ma-
dame, et j'en- appelle l'accomplissement avec
aqcs ardeur que vous devez comprendre. Ne
verrai-je point Reine avant mon départ?
Reine va êtt-e désespérée, répondit la
perfide Vendéenne elle est au bain avec la
femme de chambre et ne sera pas de retour
avant trois (^uart^'heure,
nislêrielle et, pour les députés de la nation, le
droit de voler les impôts, droit qu'ils na possè-
dent 'pas complètement..
Lbs progressistes qui, avaut 1808, formaient la «~
grande majorité do la Chambre et paraissent re-
gagner un peu d'influence aux dépens des aatio-
naux-Ii.ber;uix,.pas3é.s.on grande partie au service
clo M. de Bismark, insistent, après s'être mis
d'accord avec «a certain nombre d'associations
ouvrières, sur la réduction considérable des dé-
pendes militaires, la restitution à la Cliambrc
du droit de voter le budget, cl l'abandon com-
plet du système suivi par les ministères de l'in-
térieur et des cultes, système antilibéral et
piétiste.
Une fraction encore plus avancée des progres-
sistes, celle dont le chef est M. Jacoby, demande
qu'on refuso.au gouvernement actuel" le vote do
l'impôt, tant qu'il persistera dans la voie qu'il :t
adoptée. Une résolution en ce sens a été prise
avant-hier par un meeting assez considérable au-
quet assistaient nombre de bourgeois. C'est en
effet la bourgeoisie éclairée des villes qui com-
pose le parti progressiste, tandis que les natio-
naux-libéraux se recrutent surtout parmi les
fonctionnaires qui veulent arriver.
Les démocrates socialistes, enfin, et toutes les
associations ouvrières obéissant à MM. de
Schweiger, Mende, Bebel, ^Liebknecht et tutti
quanti, bien qu'en désaccord sur certains points,
réclament la diminution du budget militaire et 1&
désarmement », ainsi que l'admission- des ouvriers
aux affaires et les réformes démocratiques et so-
ciales de rigueur.
Nombre de fractions diverses existent à côté de
ces grands partis, et, sans être hostiles au gou-
vernement actuel, lui font une certaine opposi-
tion. Je citerai notamment celle des catholiques,
très puissante dans les pays rhénans, et celle des
Schloswig-IIolsteinois indépendants.
Los premiers veulent la liberté, d'enseigne-
ment, le maintien du système fédéral en Alle-
magne et le renoncement à toute idée de centra-
lisation, la réduction du temps de service mili-
taire et des dépenses de l'armée.
Les seconds, dont le chef est le comte Baudis-
sin, demandent l'indépendance complète de tous
les pays allemands, et, par conséquent, colle du
Sehles\yig-Holstein, sous la seule restriction des
obligations à eux imposées par une Constitution;
vraiment fédérale l'abandon total du système:
militaire actuel, et son remplacement par cetari
adopté on Suisse la diminution ou la suppres-
sion de toutes les taxes qui chargent le peuple.-
Cli. ùirnon.
Les élections qui vont avoiç lieu en Prusse
ont donc une importance capitale pour F état
à venir^de la monarchie, et même pour l'Eu-
rope.
La campagne électorale se terminera, ajou-
te notre correspondant, par le triomphe ou
par la chute de M. de Bismark, et par la créa-
tion d'une Prusse centralisée, militaire et ab-
solutiste, comprenant près de M) millions
d'âmes, ou par un retour impossible à une
Confédération allemande sauvegardant les in-
térêts et les droits de toutes les races. lî. de
la Madelaine..
'̃ s CAUSERIE
Un procès curieux, va s'engager. A l'aide
d'un fort télescope, je l'ai vu poindre à l'ho-
rizou de la chicane, et je vous le signale, com-
me le font des comètes, les astronomes in-
specteurs du ciel et guetteurs des astres.
Les adversaires sont une ville et un. artiste.
La ville, c'est Nice, un fragment" du Paradis.
L'artiste, c'est Carrier-Belleusei un des sculp-
teurs les plus célèbres et les plus éminents,,
sans contredit, que nous; ayons.
^L'objet du procès 2 –C'est l'argent, par-
bleu Pourquoi, diable, un sculpteur et une»
ville se pourraient-ils battre, si ce n'était pour
une contestation d'argent? Voici le fait en
trois mots:
Nice, toute fière d'avoir vu naître Ma^séna,
̃«l'enfant, chéri de la Victoire,"» éprouva, il y
a quatre ou cinq ans, le "besoin impérieux' d'é-
riger une statue à son glorieux -e^nfonf. L'ex-
cellente ville s'adressa à- Carrier-Relieuse, -qur
se rua aussitôt sur la terre glai.se, et modela
un Massena, avec une vigueur; de pouce et une.
maëstria d'allure. –Mai?,, Wus connaissez
cette statue, coulée en bronze,, érigée sur son
socle? Elle figuré au Sc-Jion d'il y a deux ans,
et elle y fut très remarquée.
Nice fut enchantée, Carrier le fut aussi, ira
peu moins que Niée, .à vrai dire (c'était, s'il
faut parler franc, un travail assez mal pavé)
mais enfin. Le Masséna'de bronze, et Clio»
assise a ses pieds, furènt expédiés au chef-lieiï.
des Alpes-Maritimes, et Carrier pensa à, autre*
chose. .•̃
.La bonne ville de Nice, une' fois en posses-
sion de son Masséna, lui chercha une place,–
ce fut long, mais on la trouva; puis il fallut
ériger un socle pour Masséna, co'fut Ion-"
encore, mais on vint à bout de ce travail
Après quinze mois d'attente, on hissa le Mas-
sena sur son socle, et on Vin'jmgvura à grands
renforts de discours, de fanfares, de drapeaux
et de ban-quets, ainsi qu.e le veut la tradition
provinciale. Tout le département fut invité à
cette fête, un seul homme fut oublié le
Elle mentait effrontément Reine était ùeïs-
rière la. porte,, écoutant cette conversation
*j-° i™»1?6011^6 vit le chagrin de Vieùor
et dit à Mmo Coquette
Envoyez de suite chercher Reine, et Te-
nez déjeuner avec elle à la maison pëu« tre
Victor aura-t-il le temps de monter lui. -dire
adieu.
Bien volontiers, répondit M11" Coqueitte;
mais nous ne pourrons déjeuner avec Mm' de
Aieillecheze, monsieur n'étant, pas prévenu.
Puis, s adressant a Victor-, elle lui tendit la
main en disant
A bientôt, mon cher Victor
Voas me permet^ de vous écrire? «le-
manda celui-ci.
Comment donc J, f
Merci^
Victor reyint chc;Z lui, accompagné d& M.
de A MSillecheze il prit à la hâte quelques. ob-
jets qui lui étaient; indispensables, fourra le
tout dans un FjRC de VOyage Ct se rendit à la
poste. 1 m
La malle ne devait pas arriver avant un
quart d h^ure.
Montons chez-moi dit M. de VSeilIé-
clieze, vous prendrez un verre de vin cïe Bor-
deaux et un biscuit.
>- A dix heures, le. cornet du ifiostillon-sc fit
entendre sur la route de Mantes. On sait avec
quelle rapidité s'opérait le ch-.mgemenii des
chevaux sur les malles c'était l'affair e de
quelques secondes. ̃̃'̃
̃La voiture reprit sa marche vers la poste,
qui se trouvait au-delà de la place, sur la
route de Bordeaux. En ce moment, Piétine et
sa mère apparurent à l'entrée de la route.
Uctor. qui était en observation' à. la fenêtre,
descendit immédiatement sum de 5f&" de Vieil-
lechèze il rencontra îa mère et la fille au bas
de l'escalier.Y .̃/̃̃
Je vous remercie d^ètre venuei ma chère
Rcme,dit-il; pensez «r/ peu à moi pendant
cette absence dont la cause m'affejete si dou-
loureusement et soyez certaine que votre sou-
venir ne me quittera pas un instant:
Il embrassa Rem e qui paraissait toute sé~
rieuse, serra la m&.n de Mn'6 Coquette et Cellp
de son ami Vieillochèze. ••'̃̃̃
̃Le postillon étg.it en selle.
Victor moMta 'dans le cabriolet,' à côté du
courrier, e^les chevaux s'élancèrent dans un
gaiop vert:JginQ11x> faisant jaillir du pavé de la
route des^. gerbes d'étincelles..
ARMAND I.AP0INTB,
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