À propos de l'auteur

Portrait de Charles Perrault

Né à Paris en 1628, Charles Perrault est le cadet d'une famille de la bourgeoisie parlementaire parisienne, cultivée et d'orientation janséniste, donc « moderne » : elle est opposée, par exemple, à l'utilisation dans les collèges catholiques des classiques latins considérés comme païens et tient en horreur la superstition, méprisant les « contes de bonne femme ». Pendant la Fronde, Charles rime avec ses frères une Énéide Travestie sur le même ton satirique que les « Mazarinades » puis, dès la paix de Rueil (1648), il prend ses distances avec le burlesque populaire. Perrault achève des études de droit, s'initie aux affaires auprès de son frère Pierre qui est receveur général des finances de Paris, et il s'essaie dans la veine précieuse à la cour de Fouquet. Enfin, il devient pendant vingt ans l'homme de confiance de Colbert, plus spécialement préposé à l'encadrement et à la surveillance des intellectuels. À ce poste, il réorganise ou crée des académies, et inspire ou supervise avec son frère Claude « les bâtiments », en particulier à Paris avec la colonnade du Louvre, et à Versailles. Élu à l’Académie française en 1671, Perrault en devient le chancelier un an plus tard et redéfinit le fonctionnement de l’assemblée. Il s’attache également à rationaliser et simplifier l'orthographe, et active le travail du Dictionnaire, qu'il conçoit comme le répertoire de la langue de l'administration et de l'art. Par conséquent, il en exclut à la fois les mots techniques et les expressions populaires, signalées comme familières, vulgaires ou triviales.
 
En 1683, à la mort de Colbert, il a déjà derrière lui toute une carrière de grand commis de l'Etat, ayant exercé pendant une vingtaine d'années un contrôle de tutelle sur les travaux de l'Académie, sur la production des œuvres littéraires et artistiques en l'honneur du roi et du règne, sur la construction et l'aménagement des « bâtiments », sur la répartition des aides royales, bref, le travail d'un actuel ministre de la Culture. Écarté du pouvoir par le clan de Louvois et par ses deux ennemis personnels Racine et Boileau, historiographes du roi, il entreprend un long combat pour reconquérir ses fonctions et réactive la vieille lutte entre les Anciens et les Modernes. Dans les quatre volumes de son Parallèle des Anciens et des Modernes, parus entre 1688 et 1697, il exalte la supériorité des Modernes et fait éclater la célèbre Querelle qui le rapproche de Fontenelle et l’oppose à Boileau et La Bruyère.
La disgrâce et cette bataille artistique lui redonnent, à cinquante-cinq ans, l'énergie du second souffle. Sans se renier – il continue à produire de grands poèmes religieux, ou chantant les armes du roi –, Perrault ouvre à sa manière le siècle nouveau en se faisant le chef de file des Modernes (1687-1694), et en donnant dignité et audience littéraires à un genre jusqu'alors oral et privé : le conte de fées. Ce sont ses Histoires ou Contes du temps passé (1697), parus initialement sous la signature de son fils, qui devaient faire sa fortune littéraire.