À propos de l’œuvreNoëlle Benhamou

Le Horla, manuscrit autographe

Le Horla est l’histoire d’une possession. Un être invisible vampirise le narrateur anonyme qui tient un journal, relatant les progrès du mal qui le touche. Mais d’où vient ce nom « Horla » ? Certains pensent qu’il vient du russe oriol, « aigle » ; d’autres qu’il est construit sur le modèle de horsain ou qu’il signifie hors là. Il s’agit d’une réécriture de deux récits précédents : « Lettre d’un fou » (1885) et « Le Horla », première version de 1886, où dominent la peur, l’angoisse et la folie. La nouvelle est située en tête de douze nouvelles réalistes et fantastiques, qui connurent une prépublication dans la presse de 1885 à 1887 avant d’être recueillies sous le titre Le Horla : « Amour » (1886), « Le Trou » (1886), « Clochette » (1886), « Le Marquis de Fumerol » (1886), « Le Signe » (1886), « Le Diable » (1886), « Les Rois » (1887), « Au bois » (1886), « Une famille » (1886), « Joseph » (1885), « L’Auberge » (1886) et « Le Vagabond » (1887). Apparemment disparate, l’œuvre publiée chez Ollendorff en 1887 a pris le titre de la longue nouvelle fantastique initiale, et inédite, qui se présente sous la forme d’un journal.

 
L’apparition
Le Horla
Conversation avec le moine du Mont-Saint-Michel
 

Le journal d’un fou

Chef-d’œuvre du fantastique, Le Horla (1887) est parfois considéré, à tort, comme un récit autobiographique. Durant quatre mois, du 8 mai au 10 septembre, le diariste décrit et analyse l’avancée du mal qui le touche. Vivant près de Rouen, il a vu passer un trois-mâts brésilien et est atteint depuis d’une maladie indéfinissable qui tient de la langueur et de la dépression. L’inachèvement du récit, marqué par les points de suspension semble indiquer que l’auteur du journal a sombré dans la folie ou s’est suicidé comme il en avait eu l’intention. Les circonstances de l’internement de Maupassant amenèrent journalistes et médecins à assimiler l’œuvre à la vie de l’auteur. Selon un aliéniste interrogé en 1892, « on n’a qu’à lire le Horla, ce conte fantastique d’une évocation si intense, pour découvrir le germe de la folie chez l’auteur ». Divers savants ont cru que ce qui n’était que pure fiction littéraire représentait un outil fiable permettant l’analyse d’un cas pathologique réel. Ils forgèrent ainsi une légende de plus autour de l’auteur et de son œuvre. C'est en effet un écrivain en pleine possession de ses moyens qui invente un récit fantastique majeur de l’histoire de la littérature française.

 
Le flacon
La rose
L’apparition
 

Fortune de l’œuvre

Le Horla fait partie des récits les plus adaptés au théâtre – notamment au Grand-Guignol – et au cinéma en raison de sa capacité à générer l’épouvante. On compte ainsi une multitude de mises en scène mais aussi une comédie musicale proche de l’opéra rock où les effets spéciaux modernes tentent de rivaliser avec les effets de style du conteur.