Chronologie de l'Encyclopédie

1746
Le libraire Le Breton et ses trois associés David, Durand et Briasson, obtiennent un privilège royal de vingt ans pour la publication d’un Dictionnaire universel des arts et des sciences, traduit de la Cyclopedia or an Universal Dictionnary of Arts and Sciences, d’Ephraïm Chambers. Il confie la direction rédactionnelle à l’abbé Gua de Malves, de l’Académie des sciences. Celui-ci engage, entre autres collaborateurs, Diderot et d’Alembert.
1747

En octobre, Gua de Malves abandonne au profit de Diderot et d’Alembert, nommés co-directeurs.

1749

Diderot est incarcéré quelque temps à Vincennes pour ses Lettres sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient, la réputation sulfureuse attachée à ses premiers écrits se trouve ainsi confirmée.

1750

Le Prospectus, rédigé par Diderot, lance une souscription pour la vente d’une Encyclopédie ou dictionnaire universel des arts et des sciences en dix volumes dont deux de planches. Il en présente le plan suivant l’Arbre des connaissances humaines emprunté à Francis Bacon, ce qui déclenche une polémique avec les jésuites (ce n’est plus Dieu, mais l’homme qui est au centre de l’univers). Dès le début, la Compagnie de Jésus, par l’intermédiaire de son journal Mémoires de Trévoux, dirigé par le père Berthier, exprime son opposition à une entreprise qu’elle juge dirigée contre l’Église et la morale chrétienne. Assez vite d’ailleurs, pape, jansénistes et jésuites combattront avec la même vigueur l’Encyclopédie.

1751

Parution du premier volume, avec, légèrement modifié, l’Arbre des connaissances commenté par Diderot (Observations sur la division des sciences du chancelier Bacon) et le Discours préliminaire de d’Alembert, qui expose les buts de la publication et qui est considéré comme un véritable manifeste des « Lumières ».

1752

L’affaire de la thèse de l’abbé de Prades, un des rédacteurs de l’Encyclopédie, accusé par les autorités ecclésiastiques de favoriser le matérialisme athée, donne des arguments aux adversaires de l’entreprise. Un arrêt du Conseil du roi interdit et condamne au pilon les deux premiers tomes déjà parus. Grâce à l’appui de Malesherbes, alors directeur de la Librairie (équivalent du ministère de la culture), la publication reprend en novembre 1753. D’Alembert démissionne de la codirection, mais revient quelques mois plus tard pour se consacrer uniquement aux articles de physique et de mathématiques (il abandonnera définitivement, à la suite de dissensions avec Diderot, au début de 1758).

1757

Parution du tome VII, comprenant l’article « Genève » de d’Alembert, qui semble lui avoir été très largement soufflé par son ami Voltaire, et qui suscite de vives protestations des pasteurs genevois, comme du parti dévot français. En janvier, l’attentat manqué de Damiens contre Louis XV est imputé à l’influence des idées nouvelles, que l’Encyclopédie est accusée de propager.

1758

Helvétius, ami de Diderot et mécène des encyclopédistes, provoque un nouveau scandale avec son traité De l’Esprit.

1759

Le Parlement, appelé à examiner l’ouvrage d’Helvétius en même temps que l’Encyclopédie, les juge subversifs. Le roi révoque les lettres de privilège et décrète la destruction par le feu des sept volumes de l’Encyclopédie. Le pape met l’œuvre à l’index. Les manuscrits conservés par Diderot sont saisis, mais Malesherbes les cache chez lui. Les Libraires-Associés et Diderot proposent le remboursement des souscripteurs par des volumes de planches. Un nouveau privilège est accordé pour un Recueil de mille planches en taille-douce sur les sciences, les arts mécaniques...
Mais les adversaires des encyclopédistes ne lâchent pas prise et une nouvelle affaire va opposer l’Académie des sciences aux Libraires-Associés : les graveurs de l’Encyclopédie sont accusés d’avoir pillé les archives privées de l’Académie et copié les planches de la Description des Arts et Métiers. Le débat judiciaire durera jusqu’en 1778 et le plaignant sera débouté. L’élaboration de l’Encyclopédie continue dans l’ombre et le libraire Le Breton corrige et censure des articles. Diderot ne s’en apercevra, à sa grande fureur, qu’en 1764.

1765

Les dix derniers volumes, imprimés secrètement sans privilège, paraissent sous adresse (fausse) de Neuchâtel.

1762 - 1772

Parution des onze volumes de planches.

1768

Panckoucke, qui est alors le libraire de l’Imprimerie royale et de l’Académie des sciences, veut rééditer l’Encyclopédie. Diderot tente de l’en dissuader. Dans un mémoire, il estime que l’Encyclopédie a été sabotée par des collaborateurs médiocres et qu’elle doit être complètement réécrite. Panckoucke rachète cependant les droits et les cuivres gravés à Le Breton et à ses associés.

1776 - 1777

Cinq volumes de Supplément au Dictionnaire raisonné, dont un de planches, sont publiés à Paris et Amsterdam. Diderot et la plupart de ses collaborateurs n’ont pas participé à la rédaction.

1778

Panckoucke s’attèle à une autre entreprise extravagante, basée sur la refonte de l’Encyclopédie de Diderot, mais organisée par ordre des matières, et rédigée par des auteurs appartenant tous à l’intelligentsia de l’époque. Son Encyclopédie méthodique comprendra 202 volumes et ne sera terminée qu’en 1832, trente-trois ans après sa mort...

1780

Panckoucke édite les deux volumes de la Table qui ont pour auteur le pasteur Pierre Mouchon (1733-1797).