Les infections à orthopoxvirus (virus encapsulés à ADN) comprennent la vaccine, la variole de la vache (en anglais, cowpoxvirus), la variole du singe (monkeypox), la variole du chameau (camelpox) et la variole (smallpox). Ils présentent un véritable risque épidémique pour l’homme.
La vaccine est transmissible des animaux à l’homme mais est le plus souvent une maladie bénigne. Par contre, la contagion de la variole se fait de manière interhumaine. Sur le plan épidémiologique, la variole n’aurait donc pas de réservoir animal. Au dix-neuvième siècle, pour certains médecins, la vaccine et la variole sont deux maladies proches. Pourtant, il est aujourd’hui admis que ce sont deux maladies distinctes.
La variole n’est donc pas une zoonose proprement dite, mais le vaccin utilisé contre sa propagation provient des bovins atteints de vaccine.
L’origine de la variole est incertaine. D’après les
historiens de la médecine, elle serait apparue en Asie ou en Égypte, il y a plus de 3000 ans. Des cicatrices ont été retrouvées sur des momies égyptiennes. Selon certains, elle « serait aussi vieille que le monde ». Elle se manifeste en Europe avant le VIe siècle. Au VIIIe siècle, les conquêtes musulmanes propagent la maladie en Afrique du Nord et en Espagne. Mais ce sont les croisades à partir du XIe siècle qui contribuent à étendre la maladie en Occident. Christophe Colomb, en découvrant le Nouveau Monde, déciment une grande partie des populations indigènes en leur apportant la variole.
La variole, aussi appelée petite vérole, est une maladie d’origine virale très contagieuse. L’origine de son nom vient du latin
variola qui signifie « petite pustule ». Les symptômes sont multiples : fièvre, éruptions cutanées sur le corps sous formes de pustules, douleurs dorsales. Les malades guéris conservent d’importantes cicatrices.
Au cours de l’histoire, de nombreux
médecins décrivent des symptômes. C’est le cas de Rhazès, au IXe siècle, d’Avicenne, au Xe siècle ou encore Constantin l’Africain, au XIe siècle. Mais, il faut attendre les XVIIe et XVIIIe siècles, pour que des médecins comme
Thomas Sydenham,
Morton et
Giovanni Battista Biorsieri publient des travaux plus approfondis sur la description de la maladie et ses différentes formes.
En 1774, Louis XV mourut à 64 ans de la variole.
Marie Adelaïde de Savoie, duchesse de Bourgogne décéda de la maladie en 1712. Saint-Simon en fut également frappé, comme Danton, Mirabeau. Voltaire faillit perdre la vie en 1723, lors d'une épidémie qui fit 14 000 morts à Paris.
Alors que la variole, très présente en Europe jusqu’au XVIIIe siècle, ne cesse de faire des ravages, c’est le médecin anglais de campagne,
Edward Jenner (1749-1823), qui, en 1796, met au point un traitement qu’il nomme
vaccine du même nom que la maladie.
La vaccine (cowpox ou equipox, respectivement variole de la vache ou du cheval), est transmissible à l'homme. La fermière, Sarah Nelmes, contracte la vaccine en trayant les vaches atteintes de la maladie. Jenner a, alors, l’idée d’utiliser la substance de la vaccine pour immuniser l'homme contre la variole. A l’aide d’une lancette, il prélève du pus de la main de Sarah Nelmes, et inocule un enfant,
James Phipps. Trois mois plus tard, Jenner lui injecte le virus de la variole. Il ne développe pas la maladie et est donc immunisé. Ce procédé d’inoculation de Jenner a donné le nom de vaccin, du latin
vacca qui signifie vache. Pasteur reprendra le même procédé au siècle suivant.
En France, les encyclopédistes, les « savants » en général se passionnent pour l'inoculation.
Charles Marie de La Condamine s'efforcera de l'imposer avec trois rapports.
Il reconnait par cette phrase que l'inoculation n'est pas sans danger [...].
Comme dans nombreuses pandémies, le manque d’hygiène favorise la transmission du virus. Le linge sale, l’air vicié, les appartements peu aérés par grands froids sont propices aux germes contagieux. De même, les grandes agglomérations sont particulièrement sujettes à l’épidémie du fait de la promiscuité.
Au cours de l’histoire, la variole a fait de nombreuses victimes. La dernière épidémie a fait 20 000 morts en Inde au milieu des années 1970. Selon l’OMS, la variole est éradiquée depuis 1980 grâce à des campagnes de vaccination. Par contre, des cas de vaccine ou cowpoxvirus sont encore observés, aujourd’hui, en Europe. Les vecteurs de transmission ne sont plus les vaches ou les chevaux mais tout particulièrement les rongeurs et les chats.
Dans un contexte d’émergence ou de
réémergence de maladies infectieuses virales, le potentiel émergeant des virus à ADN, tels que les orthopoxvirus, ne doit pas être négligé, la population n’ayant que peu ou pas d’immunité pour les infections avec ce type de virus. Bien qu’ils soient conservés dans certains laboratoires hautement sécurisés (P4) aux États-Unis et en moindre mesure en Russie, des accidents ou des utilisations de bioterrorisme ne sont pas à exclure. Pour toutes ces raisons, il apparaît, donc, nécessaire de poursuivre une surveillance active des maladies à orthopoxvirus.
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