Ces œuvres qui entrent dans le domaine public en 2024

PLM, Chamonix-Martigny, affiche, Roger Broders, Paris, 1930

"Bécassine, c'est ma cousine, Bécassine, on est voisine"

Cette chanson que l’on connaît tous et toutes rend hommage à un personnage mythique de la bande dessinée : Annaïk Labornez, autrement nommée Bécassine. Cette servante bretonne au tablier blanc et coiffe d’époque est inventée par l’illustrateur Émile Joseph Porphyre Pinchon et apparaît dans le premier numéro de l'hebdomadaire pour jeunes filles La Semaine de Suzette du 2 février 1905.

Sur Gallica, vous pouvez lire les aventures de la jeune femme, scénarisées par Caumery, de son expérience de l’automobile à ses croisières en Méditerranée, en passant par son engagement en temps de guerre et même sa recherche d’emploi.

Sortez pinceaux et crayons (et appareil photo)

Plusieurs artistes célèbres voient leurs œuvres libérées en ce début d’année 2024. C’est le cas des peintres Raoul Dufy et ses estampes, comme ce magnifique serpent refusé pour les Bestiaire d’Apollinaire, et Albert Gleize, mais aussi du touche-à-tout Francis Picabia. A noter cependant que ce dernier ayant collaboré avec nombre d’artistes encore sous droits, les documents libérés ne sont qu’un échantillon de sa production présente dans Gallica intra muros. Vous pourrez néanmoins lire ses nombreuses lettres à Gabrielle Buffet.

Le Serpent, estampe, Raoul Dufy, 1910

Du côté de l’illustration, les noms sont nombreux. Edmund Dulac, illustrateur franco-britannique, est l'une des figures majeures dans la seconde moitié du XIXe siècle, période appelée âge d'or de l'illustration au Royaume-Uni. Sur Gallica, vous pouvez retrouver ses dessins dans des contes célèbres comme celui de la fameuse Reine des neiges.

Si vous cherchez le dépaysement, nous vous conseillons de lancer une recherche avec le nom de Roger Broders. Il signe plus d’une centaine d’affiches pour la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, de 1922 à 1932. Dans un style Art Déco aux couleurs chatoyantes, il vous amène de Dunkerque aux plages de Corse, en passant par le Lac d’Annecy et Marseille.

Festival 1924 Salsbourg, affiche, Edmund Dulac, 1924

Sous un angle plus local, vous pourrez découvrir les illustrations de François de Marliave, peintre et dessinateur aixois. Ses œuvres ont notamment accompagné les ouvrages Jean-des-Figues, chef-d’œuvre de jeunesse de Paul Arène (aussi illustré par Armand Coussens dans Gallica) et Les Choses voient d’Édouard Estaunié.

Citons aussi : l’humoriste Henri Guilac qui dresse son propre portrait dans L'Oréal humoristique : pour lire en attendant son tour, de 1929 ; le caricaturiste Alfred Le Petit, contributeur de nombre de journaux satiriques, dont Le Grelot ; et le peintre officiel de la Marine Albert Sébille, auteur d’affiches sur le transport maritime.

Le milieu de la photographie est représenté cette année par Sasha. Ce photographe britannique, de son véritable nom Alexander Stewart, a principalement immortalisé des pièces de théâtre et des ballets de danse. Il est aussi reconnu pour avoir développé son propre matériel technique, l’ampoule Sashalite, commercialisée à partir de 1929. Sur Gallica, ce sont plus de 70 photographies de Sasha qui sont dorénavant libres de droits.

Apollon Musagète, photographie de Sasha, Londres, 1928

Des femmes à la plume

Dans le domaine de la littérature, plusieurs écrivaines entrent dans le domaine public cette année. Parmi elles, Marguerite Eymery de son vrai nom, dite Rachilde, aussi connue sous les pseudonymes de Jean de Childra et Jean de Chibra, a pris diverses identités pour signer une œuvre prolifique. L’identité de genre et le travestissement sont au cœur de ses préoccupations, tant personnelles, elle adopte le style de la garçonne, que littéraires. Dans le roman qui lui vaut sa célébrité, Monsieur Vénus, elle invente une liaison érotique entre une aristocrate et un noble fleuriste qui se mue peu à peu en une figure féminine.

Aux antipodes de Rachilde, Colette Yver entre également dans le domaine public. Cette écrivaine catholique est connue pour ses écrits antiféministes dans lesquels les personnages féminins émancipés rencontrent nombres de malheurs dans leur vie hors du foyer. Son roman Princesses de science en est l’exemple parfait, l’autrice décrit les difficultés rencontrées par les femmes pour concilier vie familiale et carrière scientifique. Elle reçoit pour ce livre le prix Vie Heureuse, ancêtre du prix Fémina, en 1907.

Citons aussi les romances de Janie Dallier, le manifeste de la femme futuriste de Valentine de Saint-Point en cours de numérisation et les traductions de Thekla Hammar.

Mme Valentine de Saint-Point, photographie de presse, Agence Meurisse, Paris, 1914

Du côté des étoiles

Les écrits du mathématicien Pierre Humbert sont dorénavant libres de droit. Ils vous livrent ses plus mystérieux calculs utiles à l’étude des planètes et satellites. Pour une analyse scientifiquement moins rigoureuse des étoiles, plusieurs figures sont à citer : l’astrologue Dom Neroman  qui vulgarise le nombre d’or en employant des arguments étranges et parfois racistes, Anne Osmon qui dévoile ses souvenirs de 50 années d'occultisme, et pour finir René Trintzius, passionné d’ésotérisme, auteur de plusieurs textes sur la voyance.

Finissons en musique

Il est question de paroles d’abord : celles les chansons pour les jeunes de Maurice Dufresne dont ses Baisers à la lune et Chansons tendres pour petits et grands, mais aussi celle de Rosemonde Gérard, poétesse comédienne qui signe plusieurs textes de mélodies présentes sur Gallica.
2024 signe aussi la libération des œuvres de Sergueï Prokofiev. Sur Gallica, vous pouvez écouter neuf disques des œuvres du compositeur. Dernière entrée remarquée à noter celle du guitariste français, Django Reinhardt et de ses morceaux de jazz. Plusieurs enregistrements sont à écouter sur Gallica.

Et si vous voulez en découvrir plus, voici la liste des personnalités dont les œuvres sont dorénavant accessibles :