Titre : La Justice / dir. G. Clemenceau ; réd. Camille Pelletan
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-12-02
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 décembre 1899 02 décembre 1899
Description : 1899/12/02 (Numéro 7238). 1899/12/02 (Numéro 7238).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/02/2011
VingMim» àani«. *ïfc«88
i Samedi 2 Décembre 1899
fr. . .; . ? . , ; . . .
SGOIHRS
Le Homéro
- PARIS KT DêPiRTiouttiTS -
LA JUSTICE
cent \m
|y| Le Numéro
- PARIS ET DEPAKTBMVNTB -
Les Annonces sont reçaes au Bureau du Journal
S'y, FAUBOUHfl MflW'JMAKÏHB, s?
POUR U flBBftCTISN :
£~j,:"*sser au SetTft&rr
JOURNAL POLITIQUE DU MATIN
Rédaction ci. Administration * Faubourg Montmartre
PMJX DB RABOSNFEUBUT (
Parti : S mois, 5 fr. - 0 mole, -* Un an, 18 fr.
Départ* et Algérie : 3 mois, Q fr. - 6 «ois, i 1 fr. - Ùn an, 20 fir»
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Adresser lettre* et mandat* à fifl, E- RO BUTTE, A dm inistratemh
DESHABILLAGE |
A mesure que se" deroule devant. ia
Haute-Cour, te procès Déroulède et
consorts, la lumière salait de plus en
nlus éclatante, sur le rôle joué flans
le complot par les divers accusés.
Tandis aue par l'intermédiaire uc Ka-
mei et Pou jol,.cour, tiers en monarchie,
les nationalistes recevaient la bonne
offrande des dames de la Haute-Pe-
gre, les Àssomptionnistes envoyaient
l'obole des dévotes qui ont perdu
quelque chose, au chef antijuif trans-
forme pour la circonstance en Saint-
Antoine de Padoue.
Ces offrantes et dons répandus en-
suite à profusion par celui-ci, dans les
milieux où l'on panse - comme dit
Drumont - permettaient alors aux
donataires de crier: « Vive Derou-
lède ! Vive Guèrin ! et même, Vive le
roil u sans la moindre conviction, lit
c'est ainsi qu'on a vu des .«roque-
morts et des fossoyeurs acclamer, en-
tre deux enterrements et pour ia
modique somme de 3 francs, un
homme qu'ils auraient eu plus de bé-
néfice ù enterrer.
Les débats de la Haute-Cour nous
édifient donc complètement sur le
.degré de patriotisme ou de républi-
canisme des manifestants nationalis
tes Ceux qui les employaient n sxi-
geaient d'eux, à vrai dire, que de la
voix et de l'audace, La fortune sou-
riait alors aux audacieux et aux té-
nors, Aujourd'hui plutôt de de danser
devant Buffet, ceux dont les accla-
mations nourries... et payées, étaient
si agréables aux nationaistes, pré-
fèrent manger le morceau. Vraiment,
lie telles gens, onne pouvait attendre
davantage. Et leurs commanditaires
auraient tort de les traiter d'ingrats.
On n'est jamais trahi que par les
siens. .
Certes, les accusés ont pius «e re-
tenue que les témoins. Ceux - et il
v en a - qui ont touché la forte
somme pour créer des émeutes .et
acheter des baya dos, sont d'une dis-
crétion à laquelle on doit rendre
hommage. Ils avouent, sans doute,
qu'ils ont reçu de l'argent, mais ils
ont la délicatesse de .taire les noms do
leurs commanditaires. Même dans les
circonstances les plus graves, la ga-
lanterie française ne perd jamais ses
droits. Et les accusés sont «liants!
Mais, point n'est besoin des aveux
des accusé pour savoir oii le Pactole
oui coulait à pleins bords dans les
caisses nationaliste^ et antisémites,
prenait ses sources. De récents événe-
ments nous ont-démontré combien
' étaient fructueuses les recettes éma-
nantdes églises, monastères, abbayes
et autres maisons mal famées ou la
mendicité semble un dogme et I es-
croquerie un culte.
C'est déjà là,! nne source abondante
ou les athées nationalistes allaient
souvent en pèlerinage.
A l'étranger, dans les: coffre-forts
des riches américaines protestantes et
dans les bourses de milliardaires sué-
doises juives, il est encore une autre
source» , . ,
Et c'est de là, que pendant deux
ans, coula, l'international fleuve d or,
où s'allaient désaltérer le patriotisme
des nationalistes et l'antisémitisme
des antijuifs.
Ces faits sont connus, archi connus,
les dépositions dés témoins qui se suc-
cèdent depuis quelques jours devant
la Haute-Cour ne font qu en corro-
borer l'évidence qui apparaît désor-
mais éclatante,
Aussi, combien piteux, sont aujour- (
d'hui les tranche-montagne du na- (
tionalisme ou de l'antisémitisme, lors-
nue tous ces témoins viennent pai
d'incessantes révélations sur le rOIe
des accusés, sur leurs intentions et
sur leur but, arracher lambeaux par
lambeaux, à l'un sa défroque natio-
naliste, à l'autre son travesti antijuif,
et nous les montrer, ces pseudo-rè-
publicaîns, dissimulant leur fleur de
lis dans la culotte tricolore qu'ils s é-
taient taillée-dans notre drapeau.
C'est en vain que Dèroulède dit en
se tournant vers le royaliste Buffet :
a Jo ne connais pae cet homme ».
(Test en vain que Buffet s écrie en
désignant lé nationaliste Deroulède :
a Je ne connais pas cet homme ».
Los républicains sont fixés sur ta
sincérité de ces déclarations
Ce- sont des mots. Sunt verba.
a propos des sous-préfets
De même qu'il y a fagot et fagot, il y
a sous-préfecture et sous-préfecture.
Celle-ci est indispensable.
Celle-là peut disparaître sans incon-
Celle-ci est vraiment ta petite capitale
Û cèlle-là n'est qu'une grosse bourgade
à proximité du chef-lieu du départe-
je ne vois pas pourquoi nous
nous arrêterions en chemin, dans cette
oeuvre des implifications administratives
et' de décentralisation dont il est si sou-
vent'question depuis quelque temps,
pourquoi ne considérer que la suppres-
sion possible de certaines sous-prefectu- t
res ? Est-ce que nous ne pourrions pas <
(aire l'économie de quelques autres i
fonctionnaires. Y compris quelques pré- '
fets 2 " , , 1
La vérité, c'est que toute la carte de
France est à refaire, au point (le vue
administratif, en tenant compte des fa-
cilités de communications que ta poste,
les chemins de fer, le télégraphe, te
téléphone - sans compter notre admira-
ble réseau de routes - nous fournissent
aujourd'hui.
La vérité, encore, c'est que tous _nos
services administratifs méritent ii être
profondément remaniés.
Il faudrait diminuer notre paperas-
serie officielle,
11 faudrait accorder plus d'initiative et
une-autorité plus grande à tels et tels
agents.
li faudrait utilise) intelligemment le
temps de certains fonctionnaires qai,
malheureusement, passent des heures
et des heures à établir des ï états a que
de simples expéditionnaires rempli-
raient à merveille. .
Il faudrait procéder i la fusion de
quelques régies financières et à une
meilleure répartition d'attributions entre
fonctionnaires.
Il faudrait réformer l'organisation ue
la justice.
Il faudrait...
Hélas ! Il faudrait, a notre tête, des
novateurs hardis soutenus par lui Parle-
ment bien résolu lui-même i l'aire passer
l'intérêt général avant les intérêts parti-
culiers... Et nous n'en sommes pas pré-
cisément lê, surtout avec le scrutin
d'arrondissement... Mettez-vous a la
place du député de telle sous-prefec-
ture ! Vous imaginez-vous la situation
de cet homme 1# jour ou on lui propo-
sera,à la fois,de supprimer son sous-pré-
fet et son tribunal I C'est, comme qui
? dirait, le sacrifice d'Abraham que vous
allez demander i ce malheureux, Et je
doute fort qu'il y consente... Ce n est
que grâce au scrutin de liste qui!
serait possible d'en finir avec certains
abus administratifs. Peut-être .même
faudrait-il en arriver au scrutin ré-
gional... , - ,
Ne désespérons personne, cependant.
Il est peut-être possible, avec beaucoup
d'insistance, avec beaucoup de patience,
d'obtenir de la législature actuelle quel-
nues réformes de ce genre. Et C est avec
raison, daus tous les cas, que MM. Klotz
et Cère vont demander i la Chambre de
renvoyer l'amendement relatif à la sup-
pression des sous-préfectures à 1 exa-
men de la grande commission qui s °C--
cupe des réformes administratives.
Q riant à la manoeuvre qui consisterait êi
transformer la question deB sous-préfec-
tures en « pelure d'orange » sur laquelle
le cabinet actuel pourrait se laisser
choir, elle échouera lamentablement...
M. Isambert nous a dit, hier, ici même,
ce qu'il en (allait penser. Et la majorité
républicaine évitera, aujourd'hui. 1«
nouveau piège dans lequel les meilleurs
amis de M. Méline voudrainet la faire
tomber. _
Trois Maires
lia République a vécu. C'est M. Geor-
ges Thiébaud qui le proclame dans le
Gaulois. En -effet il sait pertinemment
que tonales maires de province qui ont
assisté à la fête du Triomphe se sont
chargés de faire k la Gueuse une bell
réputation. ,,
Et si vous n'en croyiez pas un mot, u
ne serait pas longtemps à vous confon-
dre. Oui, ma bonne ma chère, il a bel et
bien dans sa poche trois lettres qui
prouvent surabondamment ce qn >1
Dans ces lettres nous avons la douleur
de lire, au milieu de licences orthogra-
phiques peu banales et de périphrases
assez risquées, les appréciations de
trois maires de patelins înnommés, °t
peut-être innommables, sur « 1 aliéna-
tion cérébrale du gouvernement J qui
livre la France aux i communardis-
Je me doutais bien un peu de tout ce-
la. car l'en avais.entendu parler par le
! cousin de l'amoureuse du fils de ma
j concierge.
ECHOS
?Le 8S'banquet annuel des BarbiStes, qui ,
aura lieu Le lundi, i décembre, à 7 h, 1^2 du ,
soir, au restaurenl Ledoyen, sera présidé par ,
notre confrère, M. Adolphe Aderer.
***
On va repeindre le pont des Arts ; le be-
soin s'en faisait sentir ; aussi, dans quelques
jours, des ouvriers vont-ils prendre posses-
sion de ee pont et en badigeonner les arrhes
i d'uni, couleur verte fort seyante a l'oeil.
Oo petit travail de propreté nécessitera une
dépense modique de 8,000 francs.
A quel pays le record de la vitesse tardes
voies ferrées appartient-il î
Les Anglais et les Américains ont long-
temps prétendu avoir l'avantage sur les an-
tres pays. Us sont aujourd'hui forcés d'a-
vouer que c'est la France qui possède les
trains les plua rapides.
En effet, d'après les chiffres cités par un
écrivain anglaiS, M. C. R. Marten, le Sud-
Express - train spécial, i la vérité, mais
régulier, - réalise entre Paris et Bayonne
une i vitesse commerciale t de 80 kilom, 98
à l'heure. Aux Etats-Unis, le célèbre gm-
pire State Escpress n'excède pas, entre New
York et Buffalo, BD kilom. 82, et, en Angle-
terre, celui qui va de Londres é Edimbourg
par la eâte est n'atteint que 81 kilom. 44. If
paraît donc bien que le record de la vitesse
commerciale et de vitesse moyenne en pleine
marche entre deux points d'arrêt consécutifs
appartient actuellement aux Compagnies
d'Orléans et du Midi.
***
^ On annonce l'apparition d'un nouvel or-
? gane de combat, sous la direction d'Eugène
Chatelain la Tribune dit XI' arrondisse-
ment, journal hebdomadaire, dont lu pre-
mier numéro paraîtra le dimanche 3 décem-
bre prochain.
Bureaux : boulevard-Voltaire, 144.
SEMAINES RELIGIEUSES
Quelqu'un qui touché de fort près au parti
clérical noue disait hier : « Je euia narré
des lois dont votre gouvernement menace
les congrégations ; mais franchement celles-
ci ont tout fait pour les avoir. »
Est-il'un seul homme d« bonne foi qui
puisse penser autrement ? Qu'on IKWS cite
un pays où le parti catholique ait plus do
libertés que dans notre République ?
Leurs prêtres sont salariés par l'Etat; les
membre de leurs couvents, au lieu de payer
les impôts comme tout citoyen, jouissent de
tarifs de faveur grâce à la taxe d'abonne-
ment ; leurs professeurs peuvent ouvrir des
écoles où bon leur semble, en offrant bien
moins de garanties que les fonctionnaires de
l'enseignement public.
Néanmoins, excités par quelques fanati-
ques, ils n'ont pas compris qu'ils avaient tout
intérêt à se taire. Ils ont semé le vent.
Qu'ils se plaignent pas de récolter la tem-
pête. ,
Par exemple, le ministère a ordonné la
plus juste et la plus Légale des perquisitions
dans les officines louches des Assomplion-
pistes. Certains évéques, notamment ceux de
Chàlons, d'Evreux, de Verdun et de Versail-
les ont, par la voie de leur Semaine Reli-
gieuse, prit fait et cause pour cea sectaires.
Nous ne demandons pas la suppression de
leurs traitements ; c'est un petit argument :
qui n'a jamais rien prouvé ; mais nous rap-
pelons anx préfets qu'ils ont mission d'ins-
pecter les séminaires et de signaler si l'en-
seignement n'y est pa« contraire aux lois et ;
règlements. Or, dans les séminaires,«ntrouve
les Semaines Religieuses à. profusion.
Nous rappelons aux curée de campagne,
qui ont coutume de lire ces feuilles le diman-
che au prône, qu'ils tombent dans un cas
d'abus, quand la prose épiscopale se permet
de telles incartades.
Nous rappelons enfin à ceux qui ont le
mandat de proposer et de voter les remanie-
ments à nos codes que le mieux serait encore
de saper le mal à sa base, en -n'accordant
plus à aucune catégorie de citoyens la faveur
d'être au-dessus du droit commun.
Àujourd'hui le devoir des républicains est
nettement tracé. Ptus de concessions.
Frantz M. Melchers
M. Frantz Melchers est né à la Haye. ^
Sou genre de talent ne se départ pas des ^
qualités inhérentes au tempérament 1
consciencieux de ses illustres devan- *
ciers ; ses compatriotes : l'amour du sol
natal, la fidélité au clocher, le souci 1
d'être scrupuleusement sincère et vrai, J
tout au moins eu ce qui concerne la plu- *
part (car quelques-uns, par exemple,
comme Àlbert. Cuyp, Nicolas Berghem, i
Marcel Du jardin, exprimentirop l'influent, ]
ce italienne)* de ces petits maîtres bol- j
landais, ainsi qu'on ies dénomma, qui ]
se groupèrent autour de l'immortel Hem- 1
brandt, entre autres, Jean Wynants,
Adrien van Ostade, Ruysdael, Hobbéma, 1
ces trois grands petits maîtres ; Peter
de Hooch, Van de Velde, Gabriel Metzu, 1
eic, et Van der Hajden, le peintre des
Extérieurs, avec lequel M. F, Melchers
paraît avoir quelques affinités.,quant au
choix, des motifs, au fini du métier, à
l'exactitude des détails.
Tel nous l'appréciâmes, il y a quatre
ou cinq ans déjà, à son exposition chez
Le Barc de Boutteville, tel il confirme
encore aujourd'hui ce jugement.
Evidemment, son art s'inspire de for-
mule littéraire, aveo une idée voulue de
synthétiser des façons de vivre et d'être.
Le poète a - il.nous semble - le droit
de préséance sur le peintre, en ce sens
que sa pensée subjective sacrifie le côté
foncièrement nature au désir de symbo-
liser des choses qu'il peint naïvement,
sous des couleurs plus ou moins acer-
bées, - selon qu'elles correspondent à
des sensations parallèlement adéqua-
tes.
Mais, dans ce cadre d'idées confusé-
ment obscures parfois - sinon qu'on
finit par deviner ie sens caché, eu se
pénétrant de l'aridité de sa tâche - il y 1
acertains de ses tableaux qui présentent
un curieux attrait. I
Ainsi, dans tel groupement, au nora .
d'une plage, de maisonnettes, toutes du
même style uniforme et symétrique,
; dans un paysage aux plans rectilign.es,
l'artiste a voulu évoquer certainement
le souvenir d'habitations humbles entre-
vues ; exalter le caractère de bonne tenue
et l'esprit méthodique de la race hollan-
daise, Ses maisons sont séduisantes,
peintes de couleurs variées ; les toits
sont rouges, les arbres verts ; tout est
propre, nettoyé, aligné. On devine aisé-
ment que le même ordre et îa parfaite
ordonnance d'un arrangement si méticu-
leusement réglé, doit règnefà l'intérieur
de ces modestes habitations, et, en fl-
dentifiant ces sentiments, on se plait à
rêver d'une existence si bien agencée où
rien n'est confié au hasard et à l'im-
prévu, du soin de nous donner une par-
celle de ces joies calmes et pures que
nous aspirons à goûter au déclin de la
vie.
Deux femmes en coiffes blanchës., or-
néesde joyaux nationauxsont agenouil-
téea et prient au seuil d'une maison pein-
te en vert. Urs mince treillage clot le
jardinet tout émaillé de fleurs. Cela res-
nire ie calme, inspire la confiance. Nnl
douta que le bonheur ne soit encore li,
enclos entre ces quatre murs, dans le
contentement de peu, et l'absence de va- j
nité et d'ostentation.
- Une habitante, autre part, a déposé-
ses sabots ; ils sont là, à l'extérieur, au.
pied du mur, coquets, énigmatiques.
Tout autour le silence... Seuls, ces deux
sabots font pressentir et témoignent de
l'activité d'un Être, qui, au-dedans du
logis, doit s'agiter, se mouvoir, vaquer Èi
dt paisibles travaux... Ge n est nea,
mai» oe rien, si naïf, soit-il, a le charme ;
d'au poëme descriptif.
. Une voiture de forme archaïque fran- ?
cbit Je pont-levis, des maisons aux bri- (
ques rouges bordent les fossés. Le so- 1
leil embellit l'ensemble, ciel, maisons,
arbres. M: c'est de somnolence que tout !
est énvahi, de quiétude qui flotte dans
l'air ; les pas du cheval qui tire lente-
ment, seuls , doivent résonner anr la
route bien pavée, comme dallée joli-
ment, qui s'étend au loin sous les feuil-
lages empourprés.
Partout, dans les tableaux de M. F.
Me! eli ers se retrouve cette expression
d'intimité douce et familiale.
Et ce n'est pas tant un art de vignet-
tes, - comme on pourrait le supposer,
- puisqu'on se recueille devant ces pa-
ges qui indiquent des états d'âme diffé-
rents et qu'on cherche à en approfondir
l'humaine philosophie.
Puis, les années ont passé. M. Msl-
chers est venu se fixer à Paris. La somp-
tuosité de nos parcs,l'a séduit. Le con-
traste était saisissant. L'antithèse êst
frappante, entre les jardinets fleuris de
tulipes de son pays et les frondaisons
superbes de nos parcs de Versailles et
de Trianon. D'autres avant lui aussi
avaient subi la même attraction, M.
Gaston La Touche,Teuré.
Lui, comme eux, s'est appliqué,donc,, i
en ses dernières créations, à évoquer ia |
-mélancolie de cés royales futaies écloses
sons les mains expertes d'artistes, à la
solde de courtisans dévôts, sous des de-
hors de magnificence et de luxe, tels j
que seul l'esprit, en rêve, peut en con 1
cevoir de pareils et de si majestueux. 1
lit ,t le bassin des Nymphes, de
Neptune. Les grands lacs aperçus le soir
à Sa tombée du jour, s'engazant comme
d'une brume opaque de souvenirs et do
regrets décevants, alors que s'estompe 1
dans le vague - ainsi que de pâles appa-
ritions- le blanc des marbres et que
les ifs trop bien taillés en boules et en
pyramides maculent de taches pins
sombres la morbidesse éteinte des hori-
zons où tout se confond et disparaît...
Ici, moins quedans ses* Intimités » de
Hollande, je louangerai le côté naïf du
faire, mais j'ai déjà dit : le poète est »u-
périeur au peintre. Il me reste à parler
d'albums, où certaines compositions de
M. Melehers me rappellent très heureu-
sement des conceptions sévères de M.
Maufra, ou celles héroïques et colorées
des estampes japonaises.
J'en goûte l'àpre parfum nostalgique et
descriptif encore ; aussi dss portraits
d'actrices, celui de Mlle Sorel ; série ab-
solument délicieuse, des dessins, des
figures drapées comme s'en acquittait si'
bien l'allemand Gaspard Netscher.
Mon distingué confrère Charles Mo-
rice a, antérieurement déjà, apprécié
comme il convenait et comme il sait dire,
la personnalité de M. F. Melehers.
Au physique, cet artiste est mince,
nerveux; son teint bistré, sa chevelure
noire, dénonçent des origines créolesf
A.U demeurant, M. F. Melehers est uns
physionomie très parisienne; 11 exposa
au Champ de Mars.
C'est un artiste au tempérament très
complexe, doublé d'un homme du mônde.
Une figure, somme toute, peu banale et
que je suis satisfait de présenter rapide-
ment au public en ce court aperçu d'une
visite trop hâtive faite à son atelier, le
printemps dernier.
Chronique Musicale
Opéra-Comique. - Reprise de Proser- ]
pine, opéra en 4 actes, poème de Louis 1
Galle t. musique de M. Camille Saint- '
Saëns. I
Le poème de Proserpine, tiré de la ,
nouvelle de M. Auguste Vacquerie,n'est
pas fameux, il faut l'avouer. C'est mélo-
dramatique et décousu. ;
L'insuffisance du livret explique suf-
fisamment le demi succès de 1887.
M. Camille Saint-Saèns doit être mis
hors de cause, car il a mis au service de
cette fable compliquée et digne de l'Am-
bigu, toutes les ressources de sa techni-
que, l'ingéniosité de ses Chômes mélodi-
ques, toutes les grâces de son style, re-
haussées par une instrumentation sans
égale.
La faveur du public a soutenu chaleu-
reusement l'ouvrage aux premiersactes.
Le second est exquis d'un bout à l'autre,
avec la scène de l'anneau, puis avec le
choeur alterné des mendiants et des
nonnes- On a bissé d'acclamation cette
page inspiré*.
Le troisième acte, heurté et violent,
est de moindre valeur. Uu hors-d'oeuvre
curieux d'ailleurs, là chanson à boire du
bandit,s'y détache. Nous aimons moins
la «bonne aventure ».
Le quatrième acte renferme un beau
duo entre Sabatirio,l'amoureux,et An-
giola. Le dénouement primitif été mo-
difié, croyons-nous. Dans la première
version, Proserpine tuait la douce fian-
cée et se tuait après. Dans le nouvel
arrangement, Angiola est préservée.
Seule, la courtisane se frappe sous les
veux des amants.
L'assistance tràsbrillante, au point de
vue très officiel aussi, puisque le Pré-
sident de ia République at plusieurs
ministres étaient présents, a fait Je
meilleur accueil à la partition de M.
Camille Saint-Saêns.
Les avis ont êtéplus partagés touchant
l'interprétation.
Certes Mme de Nuovina (Proserpine)
possède un vrai tempérament dramati-
que, malheureusement, elle vise beau-
i coup à l'effet, enfin son articulation est
, défectueuse. Il faut, toutefois, recon-
naitre qu'elle a eu de beaux élans.
M. Clément s'est élevé peu à. peu du
! rang de ténor léger, aux premiers rôles.
1 Sa voix a pris de la force et de l'éclat
i dans le médium.
Mlle Mastio est agréable sous les
i traits d'Angïola.
Npus avons goûté les altitudes pit-
. toresques et le jeu exercé de M. Isnar-
don, ainsi que la bonne méthode de M. t
Vieillie.
L'orchestre,sous 1 habile direction de j
M.-Luigini, a été digne de l'oeuvre, * l
Maxime Auguste Vitu
Brûlée par les Curés
Drumont trouve admirable le dessin
de Willette que publie le Rire et qui re-
présente Jeanne d'Arc sur son bûcher.
« Voyez, écrit-il, voyez ces mains
liées qui se crispent dans la flamme, cette
poitrine de vierge qui, se contracte de
pudeur et de honte encore plus que de
souffrance, cês lèvres ouvertes par où
s'échappe la suprême .protestation de la
jeunesse et de îa vie, ces yeux voilés
déjà par l'agonie où se lit 3a résignation
du dévouement et l'acceptation du mar-
tyre. »
Le dessin est très bien en vérité. Il
n'y manque pour être exact que quelques
évéques et curés applaudissant au sup-
plice de l'héroïne qu'ils condamnèrent.
Mais ainsi, Drumont l'aurait trouvé
horrible.,.
LI BANQUET DU (MO HOTE
Nous sommes sortis réconfortés, d'une .
superbe manifestation républicaine qui 11
aura, à Paris et dans les départements,
un profond retentissement. r
11 s'agit du 1 an quel offert à M. Mille- d
rand et à un très grand nombre de no- \
tabilités politiques, par un Comité de s
formation récente, le Comité républi- -s
cain du Commerce et do l'Industrie. g
Gomme l'a fort bien expliqué, le Pré-
sident de ce Comité, l'honorable M. Mas- i
curaud, il n'est pas permis aux commer-
çants et aux industriels d'assister, in . ;
j diffÊrents, aux luttes politiques dans <
lesquelles sont en jeu les intérêts vitaux j
du pays. t
lie comité, tout en se consacrant à l'ê- s
tude des questions professionnelles, ;
tient donc à proclamer son loyalisme j
républicain.
Il en a été félicité, dans un superbe i
langage, par M. Millerand, dont le dis- <
cours plein de tact, plein de fermeté, a
été unaniment applaudi et qui a fait suc-
cessivement acclamer par l'assemblée
les noms de M. Brisson et de M. Lou-
bet.
C'est une véritable ovation qui atten-
dait M. Brisson dès qui! s'est levé, et 1
point n'est besoin de dire avec quelle i
chaleur les six cents républicians qui
assistaient au banquet du Grand Hôtel
ont accueilli l'ancien président du Con-
seil quand, faisant allusion aux amer-
tumes passées, il a parlé avec une émo-
tion communicative des « blessures qui
lui sont chères. »
Très applaudi, également, le passage
où M. Brisson, se tournant vers l'officier
d'ordonnance qui représentait M. Lou-
bet, a parlé, en termes élevés, de la mis-
sion qui incombe à l'armée républi-i
caine,
M. Mesureur, en sa qualité de prési-
dent de, la Commission du budget, a in-
sisté en excellents termes, sur l'effort
fiscal si considérable réclamé au com-
merce et à l'industrie; M. de Freycinet
a fait entendre, de son côté, quelques
utiles exhortations et M. Lucipïa, a clos
la série des toasts en s'écriant ; « Après
le peuple de Paris défilant devant le
Triomphe de la République, nous avons
vu la manifestation des étudiants, après
les étudiants voici l'élite du comme ree
i et de l'industrie ! Ce sont tous les tra-
. vailleurs de ce pays qui se déclarent
prêts à défendre la République 11
Citons enfin, un peu au busard, parmi
L les assistants, MM. Guieysse, Chau-
temps, Trouillot, de la Porte, Etienne,
Abeille, Flanc, Maxime Lecomte, Strauss,
Thuillier, Desmons, Lefebvre, Poirier,
Maurice Faure, Àimond, Berteaux, Dou -
, mergue, Viviani, Goujat, Klotz, Puech,
ï Perillier, Ricard. Rivet, Weil-Mallez,
^ Pierre Baudin, ministre des travaux
* publiés . Mougeot, soûs-Secrétaire d'Etat
* aux Postes, d'Éstournelles, Astier, Henri
Blanc, Borne, Bazille, Chauvière, De- !
" fontaine, Dumont, Genel, Gervais, Guil-
lemet, Labussière, Levraud, Loup,
Rajon, Victor Legrand, président du
Tribunal de Commerce, Combarieu, Pi-
* card, commissaire de l'Exposition etc.,
à etc.
Guillaume H en Angleterre
Le correspondant parisien du Time
a reçu la visite d'un de ses amis d'Alle-
magne qui connaît bien l'Empereur
Guillaume et qui a bien observé ce qui
s'est passé on Angleterre pendant le
séjour 4e Guillaume chez sa grand'-
mère.
Cet Allemand est persuadé que, dans
les conversation qu'il a eues et dans:
celles que le ministre des affaires étran-
gères a eues avec les ministres anglais
on a parlé d'autre chose que d'affaires
de famille.
L'Empereur a dù, plus, d'une fois,
exprimer son désir de voir- la guerre
angio-transvaalienne se terminer le
plus tèt possible, et cela aussi bien dans :
l'intérêt de l'Angleterre que dans celui 1
des Républiques Sud-Africaines au sujet
desquelles il a soigneusement évité d'ex-
primer aucune opinion.
L'empereur a dû aussi poser plu-
sieurs questions concernant les relations
entre l® Japon,les Etats-Unis et l'Angle-
terre.
L'ami du correspondant anglais est
cependant sur que l'empereur réfléchira
longtemps avant d'entreprendre aucune
action sérieuse.-Bien que son principe
ait toujours été queles intérêts coloniaux
de l'Allemagne n'ont rion à voir avec la
Triple alliance, ses alliées, l'Italie sur-
tout, ne sont pas du même avis et n'ont,
pas été sans faire savoir à l'empereur
qu'à leur point de vue l'entente avec la
France et la Russie, après la guerre sino-
japonaise,est une dérogation à l'altitude
qu'il conviant d'observer entre alliés.
Mais c»s considérations ne modifient
aucunement les plans et les décisions de
Guillaume II. II s'imagine qu'il appar-
tient à celte catégorie d'élite dont les
inspirations viennent du Très-Haut et
voilà pourquoi il persévère inflexible-
ment dans son grand projet d'une puis-
sance maritime allemande.
Lorsque ce projet aura été réalisé, la
politique coloniale allemande subira du
grands changements et l'on verra alors
que, sur plusieurs points du globe, l'Ai*
lemagne et l'Angleterre ont les mèmes
intérêts et rencontreront les mêmes op-
positions; on comprendra alors pour-
quoi Guillaume H s'intéresse avec tant
de soin à l'attitude dos Etats-Unis et du
Japon en Extrême-Orient.
La Gazette annonce que Guillaume II
a reçu'le titre de chevalier grand'croix
honoraire de l'ordre de Victoria.
* D'après le correspondant du Daily
Mail à Berlin, l'empereur d'Allemagne
et la reine Victoria se rencontreraient
au mois d'avril prochain à Home, où ils
OnI,dit-Il, été invités par le roi Humbert.
Les Drames tle la Brousse
La Politique Coloniale publie la grave
information suivante ;
Un jeune- lieutenant d'infanterie de
marine, du corps d'occupation de Ma-
dagascar» déjà embarqué pour la.France,
vient d'être arrêté à l'escale de Djibouti
sur l'ordre du général Pennequin, gou-
verneur général par intérim de notre
grande colonie australe.
Cet officier se treuve sous le coup des
inculpations les plus graves.
Il aurait fait pendre arbitrairement
un gouverneur indigène, fusiller à tort
et à travers, ordonné des supplices ; il
aurait conîisqué des troupeaux et fait
édifier des constructions àîaeorvée pour-
sou profit personnel, opérant de compte
à demi avec son frère, en société de qui
il songeait à s'établir colon.
Circonstance aggravante qui nécessi-
tera une enquête et qui entraînera un
départ de responsabilité, -Von aurait
reconnu que ce lieutenant a été décoré
pour un K fait de guerre Ï auquel il est
matériellement impossible qu'il ait pu
prendre part.
Odieux Procédés Anglais
Brux*iles,28 novembre.
La légation du Tranâvaal communi-
que un long télégramme contenant dea
détails rétrospectifs sur la bataille d'E-
kndslaagte et sur l'évacuation de Dun-
dee.les Boërs ont capturé 300 tentes. Ge
télégramme mentionne aussi les noms
des blessés boërs à Elandslagte et donne
des détails sur la participation des Scandi-
naves aux opérations du 26 octobre con-
tre Mafeking. Le télégramme donne les
noms dosbîesBés boërs dans le Natal, Il
ajoute que le docteur Lingbeek a,télé-
graphié de Kewcastle, en date du 26 oc-
tobre, â Pretoria, que les Anglais ont
achevé les blessés après les avoir désar-
més. Le doeteur affirme -qu'il possède à
ce sujet des déclarations faites sous ser-
ment, et qu'il les tient à la disposition
du gouvernement*
La Légation du Transvaal affirme que
les Anglais emploient des Cafres et des
Basutos.
La Légation communique une autre
dépêche de Prétoria disant que les pri-
sonniers anglais ont été reçus evec calme
à Prétoria, tandis que les prisonniers
boërs d'ElandsIaagte et les blessés ont
été injuriés en arrivant à Ladysmith. Ge
dernier télégramme ajoute que le colonel
Baden-Powell avait hissé le drapeau
AU GRÉ DES CHOSES
Promenades d'un homise enitasiaste
H
il allait avec elle sur le boulevard ; il
disait: « Le» Anglais jouent un rôle in«
t.ltïie ; ils s'acharnent après un peupla
héroïque qui mourra pour la justice. Les
Boërs sont généreux -et leur cause est
belle; lis flattent 'poàr que leur nation
subsiste; je ne »ais rien de plus grand ».
Elle lui montra une affiche; ils y couru-
refit! dans la foule qui se pressait, Usant
le placard de guerre, l'appel contre i'en«
nemi héréditaire, l'appel aux chevalier»,
il s'écria: ( Sus à l'Anglais! » Les hom-
mes le regardèrent, ahuris, certains l'asiJ
méchant, il l'entraîna, disant ; «Ceux qui
nous entouraient avaient, comme mol,
: le mot de haine sur les lèvres i ils m'au-
raient suivi, si j'avais voulu, et noua au»
rions manifesté nos b elliquaus es idées.
Je veux répondre à l'appel de ca géné-
reux patriote qui travaille à l'anéantis-
sement de îa race anglo-âaxonne ; je
m'enrôlerai; et, pour servir l'humanité,
je collaborerai a l'oeuvie de carnage;
nous sommes des hommes de progrès;
voici qu'une croisade s'organise; j'en-
tends le cri puissant de quelque nouveau
Pierre l'Ermite; je prends la croix et
j'apporte mes subsides à ceux qui luttent
contre l'tnMèie renouvelé, .1 -Éilfl de-
manda : « Quand y a-til eu des croisa-
des '? - H y a hait cents ans ; la féoda-
lité, les moines, des sectaires ponsaèrent
lis peuples d'Occident contre les Sarra-
zins, - Vous ferez une autre croisade.-
Certainement ! - Et il rêva,.. Puis com-
me des ^aniio* rapides parlaient aux
extrémités de Paris une feuille queloon-
que il en prit une ; < Vois encore suc-
cès des héros du Transva&l! » I l s'arrêta
sous un réverbère et lut : « Les Boérs
?ont été battus...
i Samedi 2 Décembre 1899
fr. . .; . ? . , ; . . .
SGOIHRS
Le Homéro
- PARIS KT DêPiRTiouttiTS -
LA JUSTICE
cent \m
|y| Le Numéro
- PARIS ET DEPAKTBMVNTB -
Les Annonces sont reçaes au Bureau du Journal
S'y, FAUBOUHfl MflW'JMAKÏHB, s?
POUR U flBBftCTISN :
£~j,:"*sser au SetTft&rr
JOURNAL POLITIQUE DU MATIN
Rédaction ci. Administration * Faubourg Montmartre
PMJX DB RABOSNFEUBUT (
Parti : S mois, 5 fr. - 0 mole, -* Un an, 18 fr.
Départ* et Algérie : 3 mois, Q fr. - 6 «ois, i 1 fr. - Ùn an, 20 fir»
Union postale: 3 mois, le fr. - 6 mois, 18 fr. - Un an, 3» Sr.
Adresser lettre* et mandat* à fifl, E- RO BUTTE, A dm inistratemh
DESHABILLAGE |
A mesure que se" deroule devant. ia
Haute-Cour, te procès Déroulède et
consorts, la lumière salait de plus en
nlus éclatante, sur le rôle joué flans
le complot par les divers accusés.
Tandis aue par l'intermédiaire uc Ka-
mei et Pou jol,.cour, tiers en monarchie,
les nationalistes recevaient la bonne
offrande des dames de la Haute-Pe-
gre, les Àssomptionnistes envoyaient
l'obole des dévotes qui ont perdu
quelque chose, au chef antijuif trans-
forme pour la circonstance en Saint-
Antoine de Padoue.
Ces offrantes et dons répandus en-
suite à profusion par celui-ci, dans les
milieux où l'on panse - comme dit
Drumont - permettaient alors aux
donataires de crier: « Vive Derou-
lède ! Vive Guèrin ! et même, Vive le
roil u sans la moindre conviction, lit
c'est ainsi qu'on a vu des .«roque-
morts et des fossoyeurs acclamer, en-
tre deux enterrements et pour ia
modique somme de 3 francs, un
homme qu'ils auraient eu plus de bé-
néfice ù enterrer.
Les débats de la Haute-Cour nous
édifient donc complètement sur le
.degré de patriotisme ou de républi-
canisme des manifestants nationalis
tes Ceux qui les employaient n sxi-
geaient d'eux, à vrai dire, que de la
voix et de l'audace, La fortune sou-
riait alors aux audacieux et aux té-
nors, Aujourd'hui plutôt de de danser
devant Buffet, ceux dont les accla-
mations nourries... et payées, étaient
si agréables aux nationaistes, pré-
fèrent manger le morceau. Vraiment,
lie telles gens, onne pouvait attendre
davantage. Et leurs commanditaires
auraient tort de les traiter d'ingrats.
On n'est jamais trahi que par les
siens. .
Certes, les accusés ont pius «e re-
tenue que les témoins. Ceux - et il
v en a - qui ont touché la forte
somme pour créer des émeutes .et
acheter des baya dos, sont d'une dis-
crétion à laquelle on doit rendre
hommage. Ils avouent, sans doute,
qu'ils ont reçu de l'argent, mais ils
ont la délicatesse de .taire les noms do
leurs commanditaires. Même dans les
circonstances les plus graves, la ga-
lanterie française ne perd jamais ses
droits. Et les accusés sont «liants!
Mais, point n'est besoin des aveux
des accusé pour savoir oii le Pactole
oui coulait à pleins bords dans les
caisses nationaliste^ et antisémites,
prenait ses sources. De récents événe-
ments nous ont-démontré combien
' étaient fructueuses les recettes éma-
nantdes églises, monastères, abbayes
et autres maisons mal famées ou la
mendicité semble un dogme et I es-
croquerie un culte.
C'est déjà là,! nne source abondante
ou les athées nationalistes allaient
souvent en pèlerinage.
A l'étranger, dans les: coffre-forts
des riches américaines protestantes et
dans les bourses de milliardaires sué-
doises juives, il est encore une autre
source» , . ,
Et c'est de là, que pendant deux
ans, coula, l'international fleuve d or,
où s'allaient désaltérer le patriotisme
des nationalistes et l'antisémitisme
des antijuifs.
Ces faits sont connus, archi connus,
les dépositions dés témoins qui se suc-
cèdent depuis quelques jours devant
la Haute-Cour ne font qu en corro-
borer l'évidence qui apparaît désor-
mais éclatante,
Aussi, combien piteux, sont aujour- (
d'hui les tranche-montagne du na- (
tionalisme ou de l'antisémitisme, lors-
nue tous ces témoins viennent pai
d'incessantes révélations sur le rOIe
des accusés, sur leurs intentions et
sur leur but, arracher lambeaux par
lambeaux, à l'un sa défroque natio-
naliste, à l'autre son travesti antijuif,
et nous les montrer, ces pseudo-rè-
publicaîns, dissimulant leur fleur de
lis dans la culotte tricolore qu'ils s é-
taient taillée-dans notre drapeau.
C'est en vain que Dèroulède dit en
se tournant vers le royaliste Buffet :
a Jo ne connais pae cet homme ».
(Test en vain que Buffet s écrie en
désignant lé nationaliste Deroulède :
a Je ne connais pas cet homme ».
Los républicains sont fixés sur ta
sincérité de ces déclarations
Ce- sont des mots. Sunt verba.
a propos des sous-préfets
De même qu'il y a fagot et fagot, il y
a sous-préfecture et sous-préfecture.
Celle-ci est indispensable.
Celle-là peut disparaître sans incon-
Celle-ci est vraiment ta petite capitale
Û cèlle-là n'est qu'une grosse bourgade
à proximité du chef-lieu du départe-
je ne vois pas pourquoi nous
nous arrêterions en chemin, dans cette
oeuvre des implifications administratives
et' de décentralisation dont il est si sou-
vent'question depuis quelque temps,
pourquoi ne considérer que la suppres-
sion possible de certaines sous-prefectu- t
res ? Est-ce que nous ne pourrions pas <
(aire l'économie de quelques autres i
fonctionnaires. Y compris quelques pré- '
fets 2 " , , 1
La vérité, c'est que toute la carte de
France est à refaire, au point (le vue
administratif, en tenant compte des fa-
cilités de communications que ta poste,
les chemins de fer, le télégraphe, te
téléphone - sans compter notre admira-
ble réseau de routes - nous fournissent
aujourd'hui.
La vérité, encore, c'est que tous _nos
services administratifs méritent ii être
profondément remaniés.
Il faudrait diminuer notre paperas-
serie officielle,
11 faudrait accorder plus d'initiative et
une-autorité plus grande à tels et tels
agents.
li faudrait utilise) intelligemment le
temps de certains fonctionnaires qai,
malheureusement, passent des heures
et des heures à établir des ï états a que
de simples expéditionnaires rempli-
raient à merveille. .
Il faudrait procéder i la fusion de
quelques régies financières et à une
meilleure répartition d'attributions entre
fonctionnaires.
Il faudrait réformer l'organisation ue
la justice.
Il faudrait...
Hélas ! Il faudrait, a notre tête, des
novateurs hardis soutenus par lui Parle-
ment bien résolu lui-même i l'aire passer
l'intérêt général avant les intérêts parti-
culiers... Et nous n'en sommes pas pré-
cisément lê, surtout avec le scrutin
d'arrondissement... Mettez-vous a la
place du député de telle sous-prefec-
ture ! Vous imaginez-vous la situation
de cet homme 1# jour ou on lui propo-
sera,à la fois,de supprimer son sous-pré-
fet et son tribunal I C'est, comme qui
? dirait, le sacrifice d'Abraham que vous
allez demander i ce malheureux, Et je
doute fort qu'il y consente... Ce n est
que grâce au scrutin de liste qui!
serait possible d'en finir avec certains
abus administratifs. Peut-être .même
faudrait-il en arriver au scrutin ré-
gional... , - ,
Ne désespérons personne, cependant.
Il est peut-être possible, avec beaucoup
d'insistance, avec beaucoup de patience,
d'obtenir de la législature actuelle quel-
nues réformes de ce genre. Et C est avec
raison, daus tous les cas, que MM. Klotz
et Cère vont demander i la Chambre de
renvoyer l'amendement relatif à la sup-
pression des sous-préfectures à 1 exa-
men de la grande commission qui s °C--
cupe des réformes administratives.
Q riant à la manoeuvre qui consisterait êi
transformer la question deB sous-préfec-
tures en « pelure d'orange » sur laquelle
le cabinet actuel pourrait se laisser
choir, elle échouera lamentablement...
M. Isambert nous a dit, hier, ici même,
ce qu'il en (allait penser. Et la majorité
républicaine évitera, aujourd'hui. 1«
nouveau piège dans lequel les meilleurs
amis de M. Méline voudrainet la faire
tomber. _
Trois Maires
lia République a vécu. C'est M. Geor-
ges Thiébaud qui le proclame dans le
Gaulois. En -effet il sait pertinemment
que tonales maires de province qui ont
assisté à la fête du Triomphe se sont
chargés de faire k la Gueuse une bell
réputation. ,,
Et si vous n'en croyiez pas un mot, u
ne serait pas longtemps à vous confon-
dre. Oui, ma bonne ma chère, il a bel et
bien dans sa poche trois lettres qui
prouvent surabondamment ce qn >1
Dans ces lettres nous avons la douleur
de lire, au milieu de licences orthogra-
phiques peu banales et de périphrases
assez risquées, les appréciations de
trois maires de patelins înnommés, °t
peut-être innommables, sur « 1 aliéna-
tion cérébrale du gouvernement J qui
livre la France aux i communardis-
Je me doutais bien un peu de tout ce-
la. car l'en avais.entendu parler par le
! cousin de l'amoureuse du fils de ma
j concierge.
ECHOS
?Le 8S'banquet annuel des BarbiStes, qui ,
aura lieu Le lundi, i décembre, à 7 h, 1^2 du ,
soir, au restaurenl Ledoyen, sera présidé par ,
notre confrère, M. Adolphe Aderer.
***
On va repeindre le pont des Arts ; le be-
soin s'en faisait sentir ; aussi, dans quelques
jours, des ouvriers vont-ils prendre posses-
sion de ee pont et en badigeonner les arrhes
i d'uni, couleur verte fort seyante a l'oeil.
Oo petit travail de propreté nécessitera une
dépense modique de 8,000 francs.
A quel pays le record de la vitesse tardes
voies ferrées appartient-il î
Les Anglais et les Américains ont long-
temps prétendu avoir l'avantage sur les an-
tres pays. Us sont aujourd'hui forcés d'a-
vouer que c'est la France qui possède les
trains les plua rapides.
En effet, d'après les chiffres cités par un
écrivain anglaiS, M. C. R. Marten, le Sud-
Express - train spécial, i la vérité, mais
régulier, - réalise entre Paris et Bayonne
une i vitesse commerciale t de 80 kilom, 98
à l'heure. Aux Etats-Unis, le célèbre gm-
pire State Escpress n'excède pas, entre New
York et Buffalo, BD kilom. 82, et, en Angle-
terre, celui qui va de Londres é Edimbourg
par la eâte est n'atteint que 81 kilom. 44. If
paraît donc bien que le record de la vitesse
commerciale et de vitesse moyenne en pleine
marche entre deux points d'arrêt consécutifs
appartient actuellement aux Compagnies
d'Orléans et du Midi.
***
^ On annonce l'apparition d'un nouvel or-
? gane de combat, sous la direction d'Eugène
Chatelain la Tribune dit XI' arrondisse-
ment, journal hebdomadaire, dont lu pre-
mier numéro paraîtra le dimanche 3 décem-
bre prochain.
Bureaux : boulevard-Voltaire, 144.
SEMAINES RELIGIEUSES
Quelqu'un qui touché de fort près au parti
clérical noue disait hier : « Je euia narré
des lois dont votre gouvernement menace
les congrégations ; mais franchement celles-
ci ont tout fait pour les avoir. »
Est-il'un seul homme d« bonne foi qui
puisse penser autrement ? Qu'on IKWS cite
un pays où le parti catholique ait plus do
libertés que dans notre République ?
Leurs prêtres sont salariés par l'Etat; les
membre de leurs couvents, au lieu de payer
les impôts comme tout citoyen, jouissent de
tarifs de faveur grâce à la taxe d'abonne-
ment ; leurs professeurs peuvent ouvrir des
écoles où bon leur semble, en offrant bien
moins de garanties que les fonctionnaires de
l'enseignement public.
Néanmoins, excités par quelques fanati-
ques, ils n'ont pas compris qu'ils avaient tout
intérêt à se taire. Ils ont semé le vent.
Qu'ils se plaignent pas de récolter la tem-
pête. ,
Par exemple, le ministère a ordonné la
plus juste et la plus Légale des perquisitions
dans les officines louches des Assomplion-
pistes. Certains évéques, notamment ceux de
Chàlons, d'Evreux, de Verdun et de Versail-
les ont, par la voie de leur Semaine Reli-
gieuse, prit fait et cause pour cea sectaires.
Nous ne demandons pas la suppression de
leurs traitements ; c'est un petit argument :
qui n'a jamais rien prouvé ; mais nous rap-
pelons anx préfets qu'ils ont mission d'ins-
pecter les séminaires et de signaler si l'en-
seignement n'y est pa« contraire aux lois et ;
règlements. Or, dans les séminaires,«ntrouve
les Semaines Religieuses à. profusion.
Nous rappelons aux curée de campagne,
qui ont coutume de lire ces feuilles le diman-
che au prône, qu'ils tombent dans un cas
d'abus, quand la prose épiscopale se permet
de telles incartades.
Nous rappelons enfin à ceux qui ont le
mandat de proposer et de voter les remanie-
ments à nos codes que le mieux serait encore
de saper le mal à sa base, en -n'accordant
plus à aucune catégorie de citoyens la faveur
d'être au-dessus du droit commun.
Àujourd'hui le devoir des républicains est
nettement tracé. Ptus de concessions.
Frantz M. Melchers
M. Frantz Melchers est né à la Haye. ^
Sou genre de talent ne se départ pas des ^
qualités inhérentes au tempérament 1
consciencieux de ses illustres devan- *
ciers ; ses compatriotes : l'amour du sol
natal, la fidélité au clocher, le souci 1
d'être scrupuleusement sincère et vrai, J
tout au moins eu ce qui concerne la plu- *
part (car quelques-uns, par exemple,
comme Àlbert. Cuyp, Nicolas Berghem, i
Marcel Du jardin, exprimentirop l'influent, ]
ce italienne)* de ces petits maîtres bol- j
landais, ainsi qu'on ies dénomma, qui ]
se groupèrent autour de l'immortel Hem- 1
brandt, entre autres, Jean Wynants,
Adrien van Ostade, Ruysdael, Hobbéma, 1
ces trois grands petits maîtres ; Peter
de Hooch, Van de Velde, Gabriel Metzu, 1
eic, et Van der Hajden, le peintre des
Extérieurs, avec lequel M. F, Melchers
paraît avoir quelques affinités.,quant au
choix, des motifs, au fini du métier, à
l'exactitude des détails.
Tel nous l'appréciâmes, il y a quatre
ou cinq ans déjà, à son exposition chez
Le Barc de Boutteville, tel il confirme
encore aujourd'hui ce jugement.
Evidemment, son art s'inspire de for-
mule littéraire, aveo une idée voulue de
synthétiser des façons de vivre et d'être.
Le poète a - il.nous semble - le droit
de préséance sur le peintre, en ce sens
que sa pensée subjective sacrifie le côté
foncièrement nature au désir de symbo-
liser des choses qu'il peint naïvement,
sous des couleurs plus ou moins acer-
bées, - selon qu'elles correspondent à
des sensations parallèlement adéqua-
tes.
Mais, dans ce cadre d'idées confusé-
ment obscures parfois - sinon qu'on
finit par deviner ie sens caché, eu se
pénétrant de l'aridité de sa tâche - il y 1
acertains de ses tableaux qui présentent
un curieux attrait. I
Ainsi, dans tel groupement, au nora .
d'une plage, de maisonnettes, toutes du
même style uniforme et symétrique,
; dans un paysage aux plans rectilign.es,
l'artiste a voulu évoquer certainement
le souvenir d'habitations humbles entre-
vues ; exalter le caractère de bonne tenue
et l'esprit méthodique de la race hollan-
daise, Ses maisons sont séduisantes,
peintes de couleurs variées ; les toits
sont rouges, les arbres verts ; tout est
propre, nettoyé, aligné. On devine aisé-
ment que le même ordre et îa parfaite
ordonnance d'un arrangement si méticu-
leusement réglé, doit règnefà l'intérieur
de ces modestes habitations, et, en fl-
dentifiant ces sentiments, on se plait à
rêver d'une existence si bien agencée où
rien n'est confié au hasard et à l'im-
prévu, du soin de nous donner une par-
celle de ces joies calmes et pures que
nous aspirons à goûter au déclin de la
vie.
Deux femmes en coiffes blanchës., or-
néesde joyaux nationauxsont agenouil-
téea et prient au seuil d'une maison pein-
te en vert. Urs mince treillage clot le
jardinet tout émaillé de fleurs. Cela res-
nire ie calme, inspire la confiance. Nnl
douta que le bonheur ne soit encore li,
enclos entre ces quatre murs, dans le
contentement de peu, et l'absence de va- j
nité et d'ostentation.
- Une habitante, autre part, a déposé-
ses sabots ; ils sont là, à l'extérieur, au.
pied du mur, coquets, énigmatiques.
Tout autour le silence... Seuls, ces deux
sabots font pressentir et témoignent de
l'activité d'un Être, qui, au-dedans du
logis, doit s'agiter, se mouvoir, vaquer Èi
dt paisibles travaux... Ge n est nea,
mai» oe rien, si naïf, soit-il, a le charme ;
d'au poëme descriptif.
. Une voiture de forme archaïque fran- ?
cbit Je pont-levis, des maisons aux bri- (
ques rouges bordent les fossés. Le so- 1
leil embellit l'ensemble, ciel, maisons,
arbres. M: c'est de somnolence que tout !
est énvahi, de quiétude qui flotte dans
l'air ; les pas du cheval qui tire lente-
ment, seuls , doivent résonner anr la
route bien pavée, comme dallée joli-
ment, qui s'étend au loin sous les feuil-
lages empourprés.
Partout, dans les tableaux de M. F.
Me! eli ers se retrouve cette expression
d'intimité douce et familiale.
Et ce n'est pas tant un art de vignet-
tes, - comme on pourrait le supposer,
- puisqu'on se recueille devant ces pa-
ges qui indiquent des états d'âme diffé-
rents et qu'on cherche à en approfondir
l'humaine philosophie.
Puis, les années ont passé. M. Msl-
chers est venu se fixer à Paris. La somp-
tuosité de nos parcs,l'a séduit. Le con-
traste était saisissant. L'antithèse êst
frappante, entre les jardinets fleuris de
tulipes de son pays et les frondaisons
superbes de nos parcs de Versailles et
de Trianon. D'autres avant lui aussi
avaient subi la même attraction, M.
Gaston La Touche,Teuré.
Lui, comme eux, s'est appliqué,donc,, i
en ses dernières créations, à évoquer ia |
-mélancolie de cés royales futaies écloses
sons les mains expertes d'artistes, à la
solde de courtisans dévôts, sous des de-
hors de magnificence et de luxe, tels j
que seul l'esprit, en rêve, peut en con 1
cevoir de pareils et de si majestueux. 1
lit ,t le bassin des Nymphes, de
Neptune. Les grands lacs aperçus le soir
à Sa tombée du jour, s'engazant comme
d'une brume opaque de souvenirs et do
regrets décevants, alors que s'estompe 1
dans le vague - ainsi que de pâles appa-
ritions- le blanc des marbres et que
les ifs trop bien taillés en boules et en
pyramides maculent de taches pins
sombres la morbidesse éteinte des hori-
zons où tout se confond et disparaît...
Ici, moins quedans ses* Intimités » de
Hollande, je louangerai le côté naïf du
faire, mais j'ai déjà dit : le poète est »u-
périeur au peintre. Il me reste à parler
d'albums, où certaines compositions de
M. Melehers me rappellent très heureu-
sement des conceptions sévères de M.
Maufra, ou celles héroïques et colorées
des estampes japonaises.
J'en goûte l'àpre parfum nostalgique et
descriptif encore ; aussi dss portraits
d'actrices, celui de Mlle Sorel ; série ab-
solument délicieuse, des dessins, des
figures drapées comme s'en acquittait si'
bien l'allemand Gaspard Netscher.
Mon distingué confrère Charles Mo-
rice a, antérieurement déjà, apprécié
comme il convenait et comme il sait dire,
la personnalité de M. F. Melehers.
Au physique, cet artiste est mince,
nerveux; son teint bistré, sa chevelure
noire, dénonçent des origines créolesf
A.U demeurant, M. F. Melehers est uns
physionomie très parisienne; 11 exposa
au Champ de Mars.
C'est un artiste au tempérament très
complexe, doublé d'un homme du mônde.
Une figure, somme toute, peu banale et
que je suis satisfait de présenter rapide-
ment au public en ce court aperçu d'une
visite trop hâtive faite à son atelier, le
printemps dernier.
Chronique Musicale
Opéra-Comique. - Reprise de Proser- ]
pine, opéra en 4 actes, poème de Louis 1
Galle t. musique de M. Camille Saint- '
Saëns. I
Le poème de Proserpine, tiré de la ,
nouvelle de M. Auguste Vacquerie,n'est
pas fameux, il faut l'avouer. C'est mélo-
dramatique et décousu. ;
L'insuffisance du livret explique suf-
fisamment le demi succès de 1887.
M. Camille Saint-Saèns doit être mis
hors de cause, car il a mis au service de
cette fable compliquée et digne de l'Am-
bigu, toutes les ressources de sa techni-
que, l'ingéniosité de ses Chômes mélodi-
ques, toutes les grâces de son style, re-
haussées par une instrumentation sans
égale.
La faveur du public a soutenu chaleu-
reusement l'ouvrage aux premiersactes.
Le second est exquis d'un bout à l'autre,
avec la scène de l'anneau, puis avec le
choeur alterné des mendiants et des
nonnes- On a bissé d'acclamation cette
page inspiré*.
Le troisième acte, heurté et violent,
est de moindre valeur. Uu hors-d'oeuvre
curieux d'ailleurs, là chanson à boire du
bandit,s'y détache. Nous aimons moins
la «bonne aventure ».
Le quatrième acte renferme un beau
duo entre Sabatirio,l'amoureux,et An-
giola. Le dénouement primitif été mo-
difié, croyons-nous. Dans la première
version, Proserpine tuait la douce fian-
cée et se tuait après. Dans le nouvel
arrangement, Angiola est préservée.
Seule, la courtisane se frappe sous les
veux des amants.
L'assistance tràsbrillante, au point de
vue très officiel aussi, puisque le Pré-
sident de ia République at plusieurs
ministres étaient présents, a fait Je
meilleur accueil à la partition de M.
Camille Saint-Saêns.
Les avis ont êtéplus partagés touchant
l'interprétation.
Certes Mme de Nuovina (Proserpine)
possède un vrai tempérament dramati-
que, malheureusement, elle vise beau-
i coup à l'effet, enfin son articulation est
, défectueuse. Il faut, toutefois, recon-
naitre qu'elle a eu de beaux élans.
M. Clément s'est élevé peu à. peu du
! rang de ténor léger, aux premiers rôles.
1 Sa voix a pris de la force et de l'éclat
i dans le médium.
Mlle Mastio est agréable sous les
i traits d'Angïola.
Npus avons goûté les altitudes pit-
. toresques et le jeu exercé de M. Isnar-
don, ainsi que la bonne méthode de M. t
Vieillie.
L'orchestre,sous 1 habile direction de j
M.-Luigini, a été digne de l'oeuvre, * l
Maxime Auguste Vitu
Brûlée par les Curés
Drumont trouve admirable le dessin
de Willette que publie le Rire et qui re-
présente Jeanne d'Arc sur son bûcher.
« Voyez, écrit-il, voyez ces mains
liées qui se crispent dans la flamme, cette
poitrine de vierge qui, se contracte de
pudeur et de honte encore plus que de
souffrance, cês lèvres ouvertes par où
s'échappe la suprême .protestation de la
jeunesse et de îa vie, ces yeux voilés
déjà par l'agonie où se lit 3a résignation
du dévouement et l'acceptation du mar-
tyre. »
Le dessin est très bien en vérité. Il
n'y manque pour être exact que quelques
évéques et curés applaudissant au sup-
plice de l'héroïne qu'ils condamnèrent.
Mais ainsi, Drumont l'aurait trouvé
horrible.,.
LI BANQUET DU (MO HOTE
Nous sommes sortis réconfortés, d'une .
superbe manifestation républicaine qui 11
aura, à Paris et dans les départements,
un profond retentissement. r
11 s'agit du 1 an quel offert à M. Mille- d
rand et à un très grand nombre de no- \
tabilités politiques, par un Comité de s
formation récente, le Comité républi- -s
cain du Commerce et do l'Industrie. g
Gomme l'a fort bien expliqué, le Pré-
sident de ce Comité, l'honorable M. Mas- i
curaud, il n'est pas permis aux commer-
çants et aux industriels d'assister, in . ;
j diffÊrents, aux luttes politiques dans <
lesquelles sont en jeu les intérêts vitaux j
du pays. t
lie comité, tout en se consacrant à l'ê- s
tude des questions professionnelles, ;
tient donc à proclamer son loyalisme j
républicain.
Il en a été félicité, dans un superbe i
langage, par M. Millerand, dont le dis- <
cours plein de tact, plein de fermeté, a
été unaniment applaudi et qui a fait suc-
cessivement acclamer par l'assemblée
les noms de M. Brisson et de M. Lou-
bet.
C'est une véritable ovation qui atten-
dait M. Brisson dès qui! s'est levé, et 1
point n'est besoin de dire avec quelle i
chaleur les six cents républicians qui
assistaient au banquet du Grand Hôtel
ont accueilli l'ancien président du Con-
seil quand, faisant allusion aux amer-
tumes passées, il a parlé avec une émo-
tion communicative des « blessures qui
lui sont chères. »
Très applaudi, également, le passage
où M. Brisson, se tournant vers l'officier
d'ordonnance qui représentait M. Lou-
bet, a parlé, en termes élevés, de la mis-
sion qui incombe à l'armée républi-i
caine,
M. Mesureur, en sa qualité de prési-
dent de, la Commission du budget, a in-
sisté en excellents termes, sur l'effort
fiscal si considérable réclamé au com-
merce et à l'industrie; M. de Freycinet
a fait entendre, de son côté, quelques
utiles exhortations et M. Lucipïa, a clos
la série des toasts en s'écriant ; « Après
le peuple de Paris défilant devant le
Triomphe de la République, nous avons
vu la manifestation des étudiants, après
les étudiants voici l'élite du comme ree
i et de l'industrie ! Ce sont tous les tra-
. vailleurs de ce pays qui se déclarent
prêts à défendre la République 11
Citons enfin, un peu au busard, parmi
L les assistants, MM. Guieysse, Chau-
temps, Trouillot, de la Porte, Etienne,
Abeille, Flanc, Maxime Lecomte, Strauss,
Thuillier, Desmons, Lefebvre, Poirier,
Maurice Faure, Àimond, Berteaux, Dou -
, mergue, Viviani, Goujat, Klotz, Puech,
ï Perillier, Ricard. Rivet, Weil-Mallez,
^ Pierre Baudin, ministre des travaux
* publiés . Mougeot, soûs-Secrétaire d'Etat
* aux Postes, d'Éstournelles, Astier, Henri
Blanc, Borne, Bazille, Chauvière, De- !
" fontaine, Dumont, Genel, Gervais, Guil-
lemet, Labussière, Levraud, Loup,
Rajon, Victor Legrand, président du
Tribunal de Commerce, Combarieu, Pi-
* card, commissaire de l'Exposition etc.,
à etc.
Guillaume H en Angleterre
Le correspondant parisien du Time
a reçu la visite d'un de ses amis d'Alle-
magne qui connaît bien l'Empereur
Guillaume et qui a bien observé ce qui
s'est passé on Angleterre pendant le
séjour 4e Guillaume chez sa grand'-
mère.
Cet Allemand est persuadé que, dans
les conversation qu'il a eues et dans:
celles que le ministre des affaires étran-
gères a eues avec les ministres anglais
on a parlé d'autre chose que d'affaires
de famille.
L'Empereur a dù, plus, d'une fois,
exprimer son désir de voir- la guerre
angio-transvaalienne se terminer le
plus tèt possible, et cela aussi bien dans :
l'intérêt de l'Angleterre que dans celui 1
des Républiques Sud-Africaines au sujet
desquelles il a soigneusement évité d'ex-
primer aucune opinion.
L'empereur a dû aussi poser plu-
sieurs questions concernant les relations
entre l® Japon,les Etats-Unis et l'Angle-
terre.
L'ami du correspondant anglais est
cependant sur que l'empereur réfléchira
longtemps avant d'entreprendre aucune
action sérieuse.-Bien que son principe
ait toujours été queles intérêts coloniaux
de l'Allemagne n'ont rion à voir avec la
Triple alliance, ses alliées, l'Italie sur-
tout, ne sont pas du même avis et n'ont,
pas été sans faire savoir à l'empereur
qu'à leur point de vue l'entente avec la
France et la Russie, après la guerre sino-
japonaise,est une dérogation à l'altitude
qu'il conviant d'observer entre alliés.
Mais c»s considérations ne modifient
aucunement les plans et les décisions de
Guillaume II. II s'imagine qu'il appar-
tient à celte catégorie d'élite dont les
inspirations viennent du Très-Haut et
voilà pourquoi il persévère inflexible-
ment dans son grand projet d'une puis-
sance maritime allemande.
Lorsque ce projet aura été réalisé, la
politique coloniale allemande subira du
grands changements et l'on verra alors
que, sur plusieurs points du globe, l'Ai*
lemagne et l'Angleterre ont les mèmes
intérêts et rencontreront les mêmes op-
positions; on comprendra alors pour-
quoi Guillaume H s'intéresse avec tant
de soin à l'attitude dos Etats-Unis et du
Japon en Extrême-Orient.
La Gazette annonce que Guillaume II
a reçu'le titre de chevalier grand'croix
honoraire de l'ordre de Victoria.
* D'après le correspondant du Daily
Mail à Berlin, l'empereur d'Allemagne
et la reine Victoria se rencontreraient
au mois d'avril prochain à Home, où ils
OnI,dit-Il, été invités par le roi Humbert.
Les Drames tle la Brousse
La Politique Coloniale publie la grave
information suivante ;
Un jeune- lieutenant d'infanterie de
marine, du corps d'occupation de Ma-
dagascar» déjà embarqué pour la.France,
vient d'être arrêté à l'escale de Djibouti
sur l'ordre du général Pennequin, gou-
verneur général par intérim de notre
grande colonie australe.
Cet officier se treuve sous le coup des
inculpations les plus graves.
Il aurait fait pendre arbitrairement
un gouverneur indigène, fusiller à tort
et à travers, ordonné des supplices ; il
aurait conîisqué des troupeaux et fait
édifier des constructions àîaeorvée pour-
sou profit personnel, opérant de compte
à demi avec son frère, en société de qui
il songeait à s'établir colon.
Circonstance aggravante qui nécessi-
tera une enquête et qui entraînera un
départ de responsabilité, -Von aurait
reconnu que ce lieutenant a été décoré
pour un K fait de guerre Ï auquel il est
matériellement impossible qu'il ait pu
prendre part.
Odieux Procédés Anglais
Brux*iles,28 novembre.
La légation du Tranâvaal communi-
que un long télégramme contenant dea
détails rétrospectifs sur la bataille d'E-
kndslaagte et sur l'évacuation de Dun-
dee.les Boërs ont capturé 300 tentes. Ge
télégramme mentionne aussi les noms
des blessés boërs à Elandslagte et donne
des détails sur la participation des Scandi-
naves aux opérations du 26 octobre con-
tre Mafeking. Le télégramme donne les
noms dosbîesBés boërs dans le Natal, Il
ajoute que le docteur Lingbeek a,télé-
graphié de Kewcastle, en date du 26 oc-
tobre, â Pretoria, que les Anglais ont
achevé les blessés après les avoir désar-
més. Le doeteur affirme -qu'il possède à
ce sujet des déclarations faites sous ser-
ment, et qu'il les tient à la disposition
du gouvernement*
La Légation du Transvaal affirme que
les Anglais emploient des Cafres et des
Basutos.
La Légation communique une autre
dépêche de Prétoria disant que les pri-
sonniers anglais ont été reçus evec calme
à Prétoria, tandis que les prisonniers
boërs d'ElandsIaagte et les blessés ont
été injuriés en arrivant à Ladysmith. Ge
dernier télégramme ajoute que le colonel
Baden-Powell avait hissé le drapeau
AU GRÉ DES CHOSES
Promenades d'un homise enitasiaste
H
il allait avec elle sur le boulevard ; il
disait: « Le» Anglais jouent un rôle in«
t.ltïie ; ils s'acharnent après un peupla
héroïque qui mourra pour la justice. Les
Boërs sont généreux -et leur cause est
belle; lis flattent 'poàr que leur nation
subsiste; je ne »ais rien de plus grand ».
Elle lui montra une affiche; ils y couru-
refit! dans la foule qui se pressait, Usant
le placard de guerre, l'appel contre i'en«
nemi héréditaire, l'appel aux chevalier»,
il s'écria: ( Sus à l'Anglais! » Les hom-
mes le regardèrent, ahuris, certains l'asiJ
méchant, il l'entraîna, disant ; «Ceux qui
nous entouraient avaient, comme mol,
: le mot de haine sur les lèvres i ils m'au-
raient suivi, si j'avais voulu, et noua au»
rions manifesté nos b elliquaus es idées.
Je veux répondre à l'appel de ca géné-
reux patriote qui travaille à l'anéantis-
sement de îa race anglo-âaxonne ; je
m'enrôlerai; et, pour servir l'humanité,
je collaborerai a l'oeuvie de carnage;
nous sommes des hommes de progrès;
voici qu'une croisade s'organise; j'en-
tends le cri puissant de quelque nouveau
Pierre l'Ermite; je prends la croix et
j'apporte mes subsides à ceux qui luttent
contre l'tnMèie renouvelé, .1 -Éilfl de-
manda : « Quand y a-til eu des croisa-
des '? - H y a hait cents ans ; la féoda-
lité, les moines, des sectaires ponsaèrent
lis peuples d'Occident contre les Sarra-
zins, - Vous ferez une autre croisade.-
Certainement ! - Et il rêva,.. Puis com-
me des ^aniio* rapides parlaient aux
extrémités de Paris une feuille queloon-
que il en prit une ; < Vois encore suc-
cès des héros du Transva&l! » I l s'arrêta
sous un réverbère et lut : « Les Boérs
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