Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1919-05-10
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 mai 1919 10 mai 1919
Description : 1919/05/10 (Numéro 45182). 1919/05/10 (Numéro 45182).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k537977h
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/03/2008
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ARTHUR MEYER
Directeur
RÉDACTION
38 QUATDE HEURES DU SOIR A UNE HEURE DP MATM
2, rue Hïrouot, 2
(Angle des boulevards Montmartre et des Italiens)
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Paris et départements
un mois 3 fr. 50 Six mois 18 tr.
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ARTHUR MEYER
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2, rue Drouot, 2
(As(it des loulewrds Montmartre et des Italiens»
ANNONCES
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DES ANNONCES
• 8, PLi.CE DE LA BOORSE, 8
Et l'administration du Journal
tli HMnacrits ne sont pas, rendus
Nous rappelons que le GAULOIS pa-
raîtra denzain sur six pages, dont deux
seront consacrées au
GAULOIS DU DIMANCHE
7 LITTÉRAIRE, ARTISTIQUE ET MUSICAL
f os Drapeaux
restitués
Pâle, nerveux et tendu à la fois, hu-
milié et agressif, vieux style boche et
démocratisé, leur comte Brockdorff-
Rantzau a reçu le livre de nos condii
tions. Elles ont des précisions pesantes.
Ce qui doit nous réjouir en elles, c'est
qu'elles sont l'expression stricte et légi-
time de nos droits, de ce qui compense
tant de maux et de sacrifices, de ce
qu'ordonne la sécurité désormais de
ceux qui n'avaient eu que trop confiance.
Donc, comme l'écrivait hier ici mon ami
M. René d'Aral, félicitons-nous. Et,
fondée sur la.justice, cette 'rigueur nous
est douce.
Je sais bien qu'on ne peut contenter
tout le monde. et sa patrie, et que quel-
ques-uns ne manqueront pas d'observer
qu'une France à ce point déterminée et
exigeante, c'est une France inattendue,
et que sous cet aspect nouveau on ne
reconnaît plus guère celle dont les géné-
rosités toujours ont été si escomptées.
Mais que cette générosité trop fameuse,
pour ainsi dire incorrigible, croyait-on,
et qui nous a valu tant de désillusions
historiques se trouve cette fois très em-
pêchée, c'est au contraire la marque
'même de l'expérience, de la sagesse ac-
quise, d'un de ces progrès sur le natu-
'rél que parfois les réalités imposent.
Il faut être « dur », osait, pour l'atta-
que, commandeur leur empereur aujour-
d'hui en congé Dieu merci, la dureté
passe à cette heure du côté de la défense,
et qu'elle soit la biénvenue
Cependant, dans ces conditions de
;nôtre paix, que les journalistes de ce
'Rhin maintenant démobilisé dans ses
eaux menaçantes et symboliques, trai-
tent de tentative d'assassinat, n'y a-t-il
.,plus aucune trace de notre ancienne ma-
nière ? Là, ne retrouve-t-on plus rien, en
effet, de ce qui passait, non sans hon-
neur d'ailleurs, pour .essentiellement de
notre pays ? Et, tout en applaudissant
k'ces fermes vigilances, oes restitutions
et réparations inexorables, ce total de
lourds règlements mais qui n'atteint
pas ce qui nous était assurément réservé
nous ne saurait-on découvrir dans
ces paroles de notre force quelque chose
encore de ce sentiment français, qui est
tout de même comme une parure nation-
nale?
Avec quelques bons esprits, déjà des
Spécialistes ont cherché. Ils ont fait des
chiffres redoutables. Et il leur est ap-
paru, ont-ils dit, qu'en somme, sur la
question d'argent, nous aurions dédai-
gné çà et là Les justes rigueurs de la
mathématique. Ayant appris, par ail-
leurs, beaucoup de choses, nous n'au-
rions pas encore appris assez à calculer,
et cette façon élégante, de sentir plus
que de compter, serait tout à fait dans
la, tradition de nos gestes. Je suis in-
compétent. Avec moi, « ce serait le dan-
seur qui l'obtint ». Et il me plaît, non
Bans valables raisons, de faire confiance
à ceux qui ont porté le glorieux et ter-
rible fardeau de ces travaux.
Mais voici deux petites lignes, dans
cet énorme document, qui, elles, ne prê-
tent à aucun doute. Elles sont là très
simples, glissées, comme perdues pour-
tant, à elles seules, elles crient que le
monde est changé, l'offense effacée, la
blessure guérie. Elles ne prennent pas
de place, et prodigieux est leur poids.
Elles ne sont, celles-là, que de pur sen-
itiment, et elles frappent comme d'un
coup formidable de glaive.
Tous les drapeaux pris en 1870-71
doivent nous être restituées. Ai-je bien
lu ? Est-ce possible ? Est-ce vrai ?
Ceux qui, visitant l'Allemagne impé-
riale et monstrueusement prospère, ont
'connu cette silencieuse douleur de sou-
dain se heurter à ces reliques orgueil-
leusement et vilement exposées partout,
seraient vengés ? Aux mânes de Léon
Gambetta et de Déroulède, cette conso-
lation qui ferait croire qu'il est des
Champs-Elysées pour l'idée de Patrie ?
Oui, c'est écrit, cela sera, les vieilles
couleurs pâlies et déchirées vont renaî-
tre, et refrémir de fierté et de joie.
Ce n'est pas à cette heure que l'on
redira que le drapeau est une fiction.
Je' me rappelle un mot de Jules Vallès,
:J'Il de ces mots qu'il forgeait dur, à la
perfection. Il y a longtemps. C'était à
son retour d'exilé, de Londres, après
l'amnistie du premier Quatorze-Juillet.
J'écrivais alors, vaguement, dans la
Justice, de Georges Clemenceau, direc-
teuir depuis d'une bien autre Justice, et
avec quelques amis, on était allé atten-
dre Vallès au débarqué de la gare du
'Nord. Enfin, il paraît. Je le vois tou-
jours, son paletot brun sur le bras, la
¡barbe en broussaille, le regard en boule,
iavec sa puissante et admirable laideur
jde dogue. Et tout d'un coup, ému sans
•doute, quoique avec défense personnelle
jdfe-le sembler, devant tout ce tricolore
qui pavoise la gare, il s'écrie
-Et l'on m'a fait revenir pour cette
fêté de la Passementerie!
Oui, du Vallès achevé mais il n'en
est pas moins vrai que cette passemen-
terie-là n'a pas connu d'Insurgé pendant
dette guerre, qu'elle fut souveraine, et
qu'elle tient à l'âme même immortelle
ce peuple.
C'est, à peu près vers le même temps
,que, tout à sa jeune ferveur républicaine,
André Gill, dans un dessin célèbre, ne
regardait pas camper au mi'ieu de .'a
rue Montmartre inondée elle aussi de
tricolore, la silhouette d'un Ratapoil
conventionnel, avec cette légende alors
aveuglément applaudie « Etonnement
de notre vieil ami.en voyant tant de dira-
peaux, lui qui pensait les avoir livrés
tous. Un mot aussi, très lointain, et qui
sent le part. Mais, quoi qu'il en soit, ces
drapeaux on a conquis leur retour, ils
rentrent au foyer, c'est une manifesta-
tion incomparable, indiscutable, aveu-
glante, unique de la victoire, et qu'on y
ait songé, qu'on l'exige, que cela soit,'
voilà bien l'inspiration par excellence et
la trouvaille du sentiment français.
Sentimentalisme plutôt, diront Cer-
tains docteurs et praticiens. Il s'agissait
bien de cette satisfaction morale, de cette
revanche à petite fleur bleue, quànd l'in-
térêt seul doit tout prévoir, dicter, ren-
fermer 1
L'événement, en effet, ne justifierait
que trop de matériels soucis, d'exclusifs
points de vue, et dans le sang la leçon
doit être enfin salutaire. Oui, par une de
ces ironies qui pavent d'enfer le seuil des
plus beaux rêves, à l'instant même où
les nations entrevoient une société idéale,
la force, hélas ne renonce pas à son
argument, à l'une quelconque de ses fa-
talités, et plus que jamais il importe de
veiller aux surprises, que sous le désar-
mement même elle pourrait infliger au
monde.
Mais il serait trop mélancolique, en
vérité, d'être contraints pour cela a se
faire des cœurs sans émouvant frisson,
sans culte pu,r, sans nobles faiblesses. Il
doit nous Tester permis de sentir quelque
chose qui bat suprêmement sous l'écra-
sante armure.
S'il est indispensable et méritoire de
se plier aux nécessités nouvelles, il est
beau, et il peut être parfois utile, de
maintenir aussi ce qui est du cœur de
nos vieux pères et de l'héritage fran-
çais.
Certes, il est excellent de récupérer les
canons, les avions, la houille, le bétail.
Mais revendiquer des loques sacrées, cela
signifie bien aussi quelque chose dans la
vie nationale. C'est notre honneur pré-
cisément de ne pas sacrifier ce qui s'é-
prouve à ce qui se chiffre. Et .s'il n'en
était pas ainsi, si nous ne savions pas
allier ce qui élève à ce qui paie, si nous
n'avions pas songé à ce rien qui est tout
est s'appelle un drapeaux, ce ne serait plus
ici la France bien-aimée, la France jus-
tement aimée, la France supérieure, et
nous tomberions au niveau du Boche.
Alexandre Hepp
La Semaine
espagnole,
UN SAbUT A QOYft
La cour intérieure, si charmante de propor-
tions, du Petit Palais, tout inondée d'un gai
soleil, a perdu son habituelle solitude, et un
peuple nombreux,- varié, revêtu d'éclatants cos-
tumes, en a fait sa demeure. Mais il n'en a
pas troublé le silence et, muet comme les pois-
sons rouges qui dansent dans les vasques voi-
sines, il mène sans bruit ses rondes, ses faran-
doles, ses jeux et ses assemblées. Mais qui nous
dit que ce silence ne sera pas heureusement
troublé aujourd'hui ?
Ce peuple pittoresque, ^bariolé; ces jeunes
garçons cambrés dans leurs vestes courtes, ces
filles brunes en mantilles, ces villageois, sèi-
gneurs, belles dames en carrosses, saltimbanques
étalant leur pacotille; cet horizon de pics nei-
geux, ces torrents, ces couleurs, cette gaieté
étrangère, c'est l'Espagne d'autrefois qu'un
peintre magnifique nous raconte. Et ces tapis-
series, d'après les cartons de Goya, sont de
grandes images d'Epinal où nous venons
apprendre la vie d'un peuple, ses moeurs, ses
plaisirs, ses colères et ses amours.
Charmantes leçons, en vérité Et quelle plai-
sante manière de nous instruire Un couple rêve
au fond d'un parc: la dame au châle, au grand
peigne, à l'éventail, écoute et sourit. et nous
croyons voir passer Dona Sol! Avec une féroce
gaieté, ces gens, sur un drap tendu, font sauter
et rebondir un pantin: n'est-ce pas ainsi que
fut « berné » Sancho, le bon compagnon de Don
Quichotte? Le pantin douloureux ressemble
déjà son frère moderne Petrouchka.
Des porteuses d'alcarazas s'en vont, droites et
cambrées, criant, bien sûr: « A"gua trial» Des
marchandes étalent les raisins bleus d'Alicante,
les grenades, les pastèques et les oranges d'An-
dalousie. Un charretier, sur quelque route d'Es-
trémadure, tire son attelage de mules, dont on
croit entendre les joyeuses sonnailles. Des gamins
se poursuivent, montés sur des échasses. Une
vieille revendeuse offre à une belle dame ses
plats, ses faïences mauresques, ses dentelles, ses
mantilles et. un fin poignard d'argent! Au bord
d'un lac, des seigneurs descendus de carrosses,
des duchesses en robes d'azur et d'aurore
daasent, se tenant par la main. De rudes paysans
ramènent de grands chars courohnés d'épis. et
une rixe de méchants garçons emmêle dans la
jaune poussière les poings crispés, les membres
furieux et les visages de colère.
Mouvements de l'âme pris sur le vif. Décors
qui nous renseignent comme un plan de -ville,
une carte de géographie. Coutumes et costumes,
villages rocailleux, sierra neigeuse, jardins de
Castille et d'Andalousie, brûlante et glacée séche-
resse d'Espagne, et tous ses types étonnants, si
accusés de relief et de caractère. Voilà ce que
le génie de Goya a su illustrer d'un coloris
tellement vif, frais et varié, que plus d'un siècle
passé sur eux n'a pu ni ternir ni altérer leur
éclatante vérité.
Le soir venu, quand' les visiteurs ont déserté
la petite cour silencieuse, quand les poissons
rouges même dorment dans leurs bassins, les
grandes tapisseries poursuivent leur vie mysté-
rieuse et muette. Et le pantin, épris sans doute
de Dona Sol, se laisse « berner » pour l'amour
de ses yeux noirs, comme le fut Sancho Panca
par dévouement à son maître, le chimérique et
sublime chevalier espagnol.
Qu'ils rêvent tous au clair de lune, les enfants
de Goya Les rêves sont plus grands que la
vie, puisqu'elle essaie toujours de leur ressem-
bler, et que, quand elle y parvient, elle crée
les héros et le génie.
Madeleine Le Chevret
Indignation
Le profond émoi que soulèvent en
Allemagne les conditions de paix des
alliés se traduit aujourd'hui par les
protestations indignées de ses hommes
d'Etat. Nous nous attendions à cette ex-
plosion le discours du comte de
Brockdorff-Rantzau nous l'avait an-
noncé. Il était à prévoir que le gouver-
nement, fût-il convaincu de la nécessité
de signer le traité qu'on lui imposerait,
commencerait par se mettre au diapason
de l'opinion, afin de dégager sa propre
responsabilité et de pouvoir ensuite
établir qu'il avait eu la main forcée.
Remarquez toutefois qu'il se garde de
repousser d'emblée le papier qu'on lui
présente. M. Scheidemann a grand soin
de déclarer « qu'un oui aussi' bien
qu'un « non » peuvent faire tomber l'Al-
lemagne « plus bas encore, jusqu'à
l'anéantissement ». Qu'en conclut-il?
Qu'il faut tâcher d'obtenir des adoucis-
sements, et qu'il faut par conséquent
chicaner, ergoter c'est ce qu'il appelle
« livrer la suprême bataille
Je crains, en ce cas, qu'il n'ait pas
exactement compris les paroles de M.
Clemenceau, pourtant si claires et si
formelles.
Nous n'accepterons de bataille que.
dans les plaines d'Allemagne, mais non
point autour du tapis vert de Versailles.
Nous ne nous prêterons pas aux dia-
logues que MM. de Bethmann-Hollweg,
Michaëlis et von Hertling s'efforçaient
d'amorcer lorsque l'Allemagne impé-
riale entendait dicter la paix du monde
sous la menace de ses canons et sous
l'effet de ses éphémères victoire.
M. Scheidemann nous annonce son
intention de nous présenter un contre-
projet il oublie que le temps est passé
où l'on se fût contenté d'une paix blan-
che.
Certes, le traité que nous avons rédigé
est draconien il n'étrangle point'la na-
tion allemande, mais il brise les rêves
insensés de domination dont ses diri-
geants l'avaient bercée depuis près d'un
demi-siècle.
Elle nous reproche aujourd'hui d'abu-
ser de nos avantages eût-elle ménagé
notre faiblesse si nous avions été les
vaincus ? Qu'elle se souvienne du traité
de Bucarest, qu'elle infligeait il y a juste
un an à la Roumanie qu'elle se sou-
vienne des conditions que Hindenburg et
Tirpitz se préparaient à nous signifier
quand ils croyaient à la victoire
C'était l'Allemagne d'hier, nous répon-
Nous n'avons pas à entrer
dans ces considérations, car l'Allemagne
d'aujourd'hui ne .nous a donné jusqu'ici
d'autre garantie Que celle de la haine
contre les alliés, qu'elle fait serment d'en-
tretenir dans le cœur de ses enfants.
Ce sentiment est naturel, soit Mais il
est naturel aussi que nous nous prému-
nissions contre ses conséquences.
René d'Aral
LE PRESIDENT WILSON
ET LA SIGNATURE DU TRAITE
On mande de Washington
L'Uniled Press apprend de bonne
source que le président Wilson ne ren-
trera pas aux Etats-Unis avant que le
traité de paix soit signé.
Le Président enverra par poste ou par
câble un message au Congrès, message
dans lequel il indiquera les diverses
questions d'ordre national qui doivent
tout d'abord ètre étudiées par l'Assem-
blée.
Le traité et, la proposition d'alliance
entre la France, les Etats-Unis et la
Grande-Bretagne seront soumis au Con-
grès après que Les Allemands auront
signé.
La délégation allemande
A dix heures, hier matin, sont arrivés les
délégués allemands restés jusqu'à ce jour
au château de Plessis-Villette.
Ces délégués sont au nombre de huit et
sont descendus à l'hôtel Vatel.
Un petit incident s'est produit au sujet
d'un dessin pris à la Conférence par un
Allemand, qui a dû attendre pendant dieux
heures l'autorisation de la censure mili-
taire avant d'expédier son croquis à Berlin.
La paix avec l'Autriche et la Hongrie
Le conseil des quatre chefs de gouverne-
ment, américains, britannique, français, ita-
lien, s'est réuni hier matin.
Hier après-midi s'est réuni également le
conseil des quatre ministres des affaires
étrangères des Etats-Unis, d,e l'empire bri-
tanuqué, de la France et de l'Italie, à qui
se joignirent M. Makino, représentant le
Japon, 'et M. André Tardieu, président de
la commission centrale territoriale. Ce con-
seil avait déjà fixé les frontières de la Hon-
grie. Il s'est 'occupé, hier, de déterminer
les limites territoriales de l'Autriche.
La délégation autrichienne
Le départ de cette délégation, est définiti-
vement fixé à dimanche.
M. Chaleil, préfet de Seine-et-Oise, et le
colonel Henry, se sont Tendus hier à Saint-
Germain, où ils ont réquisitionné un
groupe de villas près de la terrasse.
Elles seront séparées les unes des au-
tres et suffisamment isolées pour éviter
toutes relations -entre plénipotentiaires au-
trichiens et plénipotentiaires hongrois.
La grande salle du château connue sous'
le nom « Gaule avant les métaux servira
pour la séance plénière.
C'est le commandant Bourgeois, adjoint
à la mission du colonel Henry, qui com-
mandera la mission militaire de Saint-Ger-
main M. Poncet, commissaire spécial, sera
chargé de la surveillance et de la police.
Le capitaine Degoin est délégué par le mi-
nistère des affaires étrangères auprès des
plénipotentiaires et M. Gardet, architecte
au ministère des affaires étrangères, est
chargé de l'installation.
M. Clemenceau
Le président du conseil, après avoir reçu
MM. Pichon, Tardieu et Klotz, s'est rendu
chez le président Wilson.
Le Conseil des Cinq
A trois, heures, les Cinq ont tenu une
des questions autrichiennes.
Les questions russes
On a' appris, dit le New-York Heraftl,
que la Conférence a décidé de ne pas inter-
venir dans la question de la Russie, qui
sera probablement renvoyée à la Ligue des
Nations.
Le Traité de paix
devant la Chambre
Dans sa réunion d'hier, le groupe ra-
dical-socialiste a échangé des vues sur
les clauses du traité de uaix et a décidé
d'attendre que le Parlement soit saisi
du texte intégral pour en aborder l'exa-
men et formuler des appréciations.
En ce qui concerne la question de la
procédure parlementaire, le groupe a dé-
cidé à l'unanimité que la Chambre de-
vrait nommer une commission spéciale
dès qu'un projet serait déposé par le
gouvernement.
D'autre part, sur l'initiative de M.
Franklin-Bouillon, quelques présidents
des grandes commissions de la Chambre
se sont réunis et ont été d'avis que pour
l'examen du traité de paix il n'y avait
pas lieu de nommer une commission
spéciale.
La commission des affaires extérieu-
res, complétée par l'adjonction de délé-
gués appartenant aux douze grandes
commissions intéressées, devrait être
chargée de cet examen.
Cette question viendra probablement
mardi devant la Chambre et donnera
lieu à un vif débat, car certains groupes
n'ont pas les mêmes dispositions que M'.
Franklin -Bouillon et ses amis, et il y a
tout lieu de croire que la Chambre nom-
mera une grande commission spéciale.
LE RAVITAILLEMENT
DE L'AUTRICHE
On demande à la France 75 millions
M. Pichon, ministre des affaires étrangè-
res, a demandé à être entendu par la com-
mission du budget au sujet d'une avance
de 15 millions de dollars sollicitée par
M. Clémentel, ministre du commerce, pour
participation de la France au ravitaille-
ment de l'Autriche.
La commission ldu budget, bien que s'é-
tant déjà montrée hostile à cette mesure,
a décidé d'accéder au désir exprimé par
le ministre des affaires étrangères qui sera
entendu dès les premiers jours de la se-
maine prochaine.
D'autre part, M. Clémentel a fait parve-
nir à,Ja commission une lettre pércisant les
conditions dans lesquelles se ferait éven-
tuellement le ravitaillement de l'Autriche.
Les fournitures seraient faites par les Etats-
Unis mais les dépenses à engager d'ici au
15 juin prochain seraient garanties par la
France, l'Angleterre et l'Italie.
Chacunel de ces trois puissances ferait
uue avance de 15 millions de dollars à
l'Autriche pour lui permettre de s'acquit-
ter immédiatement envers les Etats-Unis.
De son côté, l'Autriche offre certains gages
comme garantie de sa dette.
La commission a pensé que ces gages se-
raient peut-être difficilement réalisables
d'autre part, elle a estimé qu'avant de s'en-
gager dans la voie, en fait nouvelle, où
elle est sollicitée d'entrer, il convenait de
savoir jusqu'à quelles limites la France en-
tend participer au ravitaillement de l'Au-
triche.
Ces précisions seront demandées au mi-
nistre des affaires étrangères lorsqu'il vien-
dra conférer, à ce sujet, avec la -commis-
L'Autriche abandonne l'Allemagne
On télégraphie de Vienne;
La question de l'union az'ec l'Allema-
gne est définitivement liquidée. La ma-
jorité de l'Assemblée nationale, dans l'in-
térêt de V Autriche et de la paix du
monde, renonce a cette idée,
Celle décision prise, l'Assemblée natio-
nale s'est ajournée.
L'AVANCE DE QUATRE MILLIARDS
'La commission du budget a entendu
hier M. Klotz, ministre des finances,
sur le projet de loi ayant pour objet de
ratifier la convention avec la Banque de
France, qui porte à trois milliards le
chiffre des avances que celle-ci peut
consentir à l'Etat, et à quatre milliards
le chiffre des émissions de billets.
Le ministre a indiqué à la commis-
sion que le vote de ce projet était indis-
pensable pour assurer les paiements,
mais que cette avance de trois milliards
serait sans doute la dernière, le gouver-
nement devant désormais faire appel à
l'emprunt. Interrogé sur sa politique fi-
nancière et sur les différentes mesures
envisagées par lui pour assurer l'équi-
libre des budgets futurs, M. Klotz a
annoncé qu'il ferait à cet égard des dé-
clarations à (la Chambre avant la fin
du mois.
En présence des nécessités de trésore-
rie, la commission a adopté le projet de
loi et autorisé Louis Marin, rappor-
ter général, déposer son rapport qui
viendra en discussion dans le courant
de la semaine prochaine.
Les prochaines
Élections en Espagne
On annonce que les élections aux Cortès
auraient lieu le lw juin, et celles des séna-
teurs le 15 juin.
Le Parlement serait convoqué pour le
juin. M. Maura soumet au Roi un dé-
cret fixant ces dates.
Les partisans de M. Dato ne combattront
pas les candidats de M. Maura, mais ne
les soutiendront pas non plus. La situa-
tion reste confuse.
ÇA ET LA
Droit de cité au maréchal Foch.
La ville de Newcastle, un des
plus grands centres manufacturiers du
Royaume-Uni, a décidé d'offrir le droit
de cité au maréchal Foch en même
temps qu'au maréchal Douglas Haig et
à l'amiral Beatty.
Le lord maire et le conseil municipal
de Newcastle ont fixé la cérémonie au
mois de juillet, époque à laquelle auront
heu les fêtes en l'honneur de. la paix.
La ville sera pavoisée et les fêtes dure-
ront 'trois joum. On espère que le com-
mandant en chef des armées alliées
pourra se poindre au maréchal Douglas
Haig et à l'amiral Beatty pour prendre
part à la cérémonie officielle.
Les forces perdues. •
Les statisticiens ne laissent échapper
aucune occasion d'exercer leurs facultés
Personne n'a encore songé, nous
disait hier l'un d'eux, à compter le nom-
bre de gestes que fait en: une heure une
femme pour ouvrir et refermer son ,sac.
Le mouchoir, le bâton de rouge, la pe-
tite glace, la bourse, une photographie,
le courrier, à,' relire, une crotte de cho-
colat, que sais-je ? Et chacun de ces
mouvements spéciaux est répété un nom-
bre incalculable de fois. Si vous les mul-
tipliez par le nombre d'heures pendant
lesquelles une Parisienne, dans sa jour-
née, est munie de son sac, vous arrivez
a un total impressionnant par son chif-
fre et par son inutilité. Et quand on
songe que la dépense musculaire ainsi
perdue pourrait fournir une force mo-
trice capable d'actionner un moteur de.
Assez, assez nous sommes-nous
écrié. C'est à faire frémir.
L'ORNEMENT DE LA SEMAINE
L1OMBPE ET L'AZUR
Le beau temps, en quelques jours, presque
en quelques heures, a enhardi et rassuré les
bourgeons. Il a créé au-dessus de nos têtes le
monde nouveau du feuillage. Chaque hiver,
nous oublions l'impression physique que donne
l'ombre. Pénétrer sous une allée de marronniers
au moment du premier soleil, regarder sur le
gravier cette dentelle à ramages noirs qui se
déplace doucement sur un tapis de clarté, c'est,
malgré l'habitude, malgré le souvenir, une sur-
prise voluptueuse, un léger enchantement.
Nous connaîtrons bientôt l'ombre massive de
l'été: ces grottes de fraîcheur où l'humidité et
les ténèbres ensevelissent le sommeil plein de
rêves des sources. Aujourd'hui, l'ombre offre
les charmes de l'innocence, des débuts Mais ses
formes vont vite- s'amplifier. Elle s'alourdira,
cette jeune créole aux membre grêles, agiles,
qui accorde timidement ses grâces aux caresses
de l'azur revenu.
Le pouvoir de cet azur est si brusque que l'on
ne pense plus du tout, déjà, au pluviôse opi-
niâtre, qui, la semaine dernière, décontenançait
Paris. Le ciel a revêtu sa chair incorruptible.
Ailleurs, l'azur est une pierre dure, une haute
paroi minérale, si unie, si profonde et si muette
que le ciel ressemble à l'insensi6ilité. Mais notre
ciel a une haleine; on voit sa respiration. Il fris-
sonne, il pâlit ou se colore incessamment. Il a
l'air d'obéir à des mouvements de pudeur, à d'in-
térieurs et mystérieux sentiments. Parfois, il est
sur le point de défaillir d'émotion; ou bien il
sourit comme Manon, il raille comme Célimène.
En ce premier printemps de la paix, il est
souvent un dais immense, pavoisé, vers lequel
une main vigoureuse élève une palme d'or, dont
l'ombre impose, sur le sol encore blessé par
des ravages, le dessin de l'aile d'un dieu.
Un groupe de catholiques travaille ar-
demment à rénover l'art liturgique en
Franche. Mgr Battifol, la duchesse d'Es-
tissac, Mme Girod de l'Ain, la baronne
C. de Rochetaillée, Mme André Thome
s'emploient avec un zèle admirable à
faire comprendre aux jeunes artistes la
grandeur de la beauté religieuse, et à
en propager le goût parmi les fidèles.
Mme Maurice de Wendel a mis à la
disposition de ce groupe les salons de
son hôtel du quai de Billy, et l'on peut
y admirer actuellement une exposition
d'art liturgique ancien et moderne d'un
haut intérêt. Auprès des ornements d'é-
glise provenant de la chapelle d'Anet, de
chasubles Louis XV d'une grande beau-
té, ceux que vient de peindre Mlle de
Czameska ne paraissent pas déplacés,
Ge procédé de la peinture sur étoffe
produit un grand effet et rappelle la
somptuosité des vitraux. Mlle Cléry,
Mille de Richemond, Mlle Hély d'Oissel
et Mlle Hiver ont aussi brodé de magni-
fiques ornements. Il faut féliciter la fa-
mille de Wendel d'en avoir acquis les
plus beaux pour l'ceuvre des.églises dé-
vastées.
Nombreuse et élégante réunion, ces
jours-ci, dans l'atelier de Mlle d'Epinay,
avenue de Wagram, pour admirer l'ex-
position de ses œuvres, pastels et san-
guines, portraits tracés depuis quatre
ans.
Parmi les plus séduisants portraits au
pastel, nous avons remarqué celui de la
comtesse Cruy de Montcabrier, exécuté
dans le sentiment du dix-huitième siècle,
dans un enveloppement des plus déli-
cats. Citons'encore les portraits de la
vicomtesse de Petiteville, de la comtesse
de Fleurieu, de la marquise de Nadail-
lac, de M. de Beaupré, conseiller maître
à la Cour des comptes, et de ravissants
portraits d'enfants.
Parmi les sanguines, des portraits
d'officiers tués ou. disparus au cours de
la guerre, et d'autres encore d'une belle
venue.
Le talent de Mlle d'Epinay s'est encore
affiné au cours de ces années de deuil.
Nous nous réjouissons du succès tou-
jours plus grand de cette charmante ar-
tiste.
Citong parmi les visiteu.rs prince et
princesse de Faucigny-Lucinge, com-
tesse de'Dreux-Brézé, marquise de «Chas-
tellux, marquis et marquise de Pelle-
port, baron et baronne de Ravigna.n,
comtesse de Chérisey, comte de Grollier,
M. Verîefc, marquise de Sassenay, Mme
et Mlle d'Eichthal, comtesse do La Bour-
doniiaye, baronne do Bekastel mais
nous ne saunons nommer tout le monde
venu là pour féliciter Mlle d'Epinay.
Pour ajouter, sous les frondaisons
vertes, à la griserie du printemps,
les effluves que dégage une Parisienne
vaporisée à la « Fleur Bleue », à'la
« Fleur de France », au « Chypre »
ou aux « Roses d'Orsay », ont un réel
pouvoir d'enchantement.-
Le Coq
'PAR LES AIRS
La traversée
de l'Atlantique
New-York-Halifax Une première
étape de 1,100 kilomètres
Cependant qu'à Saint-Jean-de-Terre-
Neuve les champions de l'Angleterre,
Hawker et Raynham, attendent l'instant
propice pour s'envoler vers l'Irlande et
'continuent d'être contrariés par un fort
vent sud-est, les champions de la marine
américaine, qui attendaient, près de
New-York, l'heure favorable, ont entre-
pris, jeudi matin, la, première partie du
grand voyage qu'ils projettent.
A dix heures, trois hydravions le
N.C 1, piloté par le commandant Bellin-
gel' le N.0 3, piloté par le commandant
et le N.C. 4, piloté par le lieute-
nant Road se sont élevés de Rocka-
way-Beaeb, leur première base, située
sus la côte à l'est de New-York. Chaque
appareil emmenait un équipage de six
hommes, dont un opérateur de T. S. F.,
en contact permanent avec les stations
radiotélégraphiques de terre et avec l'é-
quipage des autres appareils. Et les trois
hydravions forment une escadrille soua
l'autorité du commandant Towers.
Le but de cette première étape était
Halifax, chef-lieu de la Nouvelle-Ecosso,
à quelque kilomètres de la plage
de Rockaway.
Le voyage s'effectua sans incident pour,
le N.C 1 et le N.C 3! Les postes de T.S.F.
de la -côte et des destroyers échelonnés
sur le parcours signalèrent leur heureuse
progression au long du Connecticut et
par-dessus le golfe du Maine. Et, à vingt
heures, ils atteignaient Halifax. Le
N.C 4, moins heureux, avait eu des en-
nuis avec un de ses moteurs mauvais
fonctionnement de la pompe à huile
et avait été distancé.
D'Halifax, l'escadrille (américaine va;'
gagner Terre-Neuve. C'est une nouvelle,
étape préliminaire de 800 kilomètres au-
dessus de l'Océan. Après quoi, les cham-
pions américains risqueront la traversée
de l'Atlantique. Mais par une autre route
qu'Hawker et Raynham. Ils essaieront
d'atteindre, non pas l'Irlande, mais les
Açores. Et cela représente un vol de 2,000
kilomètres en pleine mer,
L'ALLEMAGNE
PROTESTE
UN APPEL DU PRESIDENT EBERT
Le gouvernement allemand ré-
pondra à la proposition d'une!
paix de violence par une propo-
aition de paix du droit.
On mande de Berlin
Le présidant et le gouvernement d'em-
pire adressent l'appel suivant au peuple
allemand
La loyale volonté pacifique de notre peu.
ple, souffrant cruellement a reçu une pre-
miere reponse par les conditions d'armis-
tice énormément dures. Le peuple. aile-
mande a mis bas Les armes et a tenu loyale.4
nuent toutes les obligations de l'armistice
aussi dures qu'elles étaient.
Malgré eela, nos ennemis continuèrent la
guerre pendant six mois par le maintien.
au blocus.
Le peuple allemand supporta toutes ces
charges, confiant dcrns les promesses faites
par les alliés dans;leur note du, 5 novembre
que la paiz serait une paix du droit sur la
base des quatorze Foints du président Wil-
son.
Ce qui, par contre, est offert comme con-
ditiona de paix, ne correspond pas aux pro-
messes elles ne sont pas supportables pour
le peuple allemand et inexécutables malgré
tout labeur.
Le monde doit renoncer en l'espoir d'une
Ligue des nations libérant les peuples, les
sauvant et assurant la paix.
Le morcellement et le déchirement du
peuple allemand, la livraison du proléta-
riat allemande au capitalisme étranger, ment-
tre des hommes dans l'esclavage salarié
iradigrce, l'enchaînement durable de la jeurte
république allemande par l'impérialisme de
l'Entente voilà le but de cette paix de vio-
lence.
Le gouvernement a2leinand répondra à
la proposition d'une paix de violence par
une proposition de paix du droit sur la base
d'une Ligue des nations durable.
L'émotion qui s'est emparée de toutes les
classes populaires allemandes est une
preuve que le gouvernement exprime la
ferme volonté du peuple,
Le gouvernement atlernand engagera ton»
tes ses forces afin d'obtenir pour le peuple
allemande la même unité nationale, l'indé-
pendarcce et la même liberté de travail au
point de vue éconornique et intellectuel q
les alliés veulent apporter à tous les peu-
ples de l'Europe sauf seulement ci note
peuple.
Notre peuple doit se sauver par son pro.
pre travail.
Devant ce danger d' anéantissement, le
peuple allemand et le gouvernement qu'il
a choisi doirent êlre unis. Que l'Allemagne
s'unis,se sains distinction de partis et que,
dans une volonté unanime, elle sauvegarde
Le peuple alternarad et la liberté. Chat'"
pensée et toute la volonté de la nation ap-
ARTHUR MEYER
Directeur
RÉDACTION
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• 8, PLi.CE DE LA BOORSE, 8
Et l'administration du Journal
tli HMnacrits ne sont pas, rendus
Nous rappelons que le GAULOIS pa-
raîtra denzain sur six pages, dont deux
seront consacrées au
GAULOIS DU DIMANCHE
7 LITTÉRAIRE, ARTISTIQUE ET MUSICAL
f os Drapeaux
restitués
Pâle, nerveux et tendu à la fois, hu-
milié et agressif, vieux style boche et
démocratisé, leur comte Brockdorff-
Rantzau a reçu le livre de nos condii
tions. Elles ont des précisions pesantes.
Ce qui doit nous réjouir en elles, c'est
qu'elles sont l'expression stricte et légi-
time de nos droits, de ce qui compense
tant de maux et de sacrifices, de ce
qu'ordonne la sécurité désormais de
ceux qui n'avaient eu que trop confiance.
Donc, comme l'écrivait hier ici mon ami
M. René d'Aral, félicitons-nous. Et,
fondée sur la.justice, cette 'rigueur nous
est douce.
Je sais bien qu'on ne peut contenter
tout le monde. et sa patrie, et que quel-
ques-uns ne manqueront pas d'observer
qu'une France à ce point déterminée et
exigeante, c'est une France inattendue,
et que sous cet aspect nouveau on ne
reconnaît plus guère celle dont les géné-
rosités toujours ont été si escomptées.
Mais que cette générosité trop fameuse,
pour ainsi dire incorrigible, croyait-on,
et qui nous a valu tant de désillusions
historiques se trouve cette fois très em-
pêchée, c'est au contraire la marque
'même de l'expérience, de la sagesse ac-
quise, d'un de ces progrès sur le natu-
'rél que parfois les réalités imposent.
Il faut être « dur », osait, pour l'atta-
que, commandeur leur empereur aujour-
d'hui en congé Dieu merci, la dureté
passe à cette heure du côté de la défense,
et qu'elle soit la biénvenue
Cependant, dans ces conditions de
;nôtre paix, que les journalistes de ce
'Rhin maintenant démobilisé dans ses
eaux menaçantes et symboliques, trai-
tent de tentative d'assassinat, n'y a-t-il
.,plus aucune trace de notre ancienne ma-
nière ? Là, ne retrouve-t-on plus rien, en
effet, de ce qui passait, non sans hon-
neur d'ailleurs, pour .essentiellement de
notre pays ? Et, tout en applaudissant
k'ces fermes vigilances, oes restitutions
et réparations inexorables, ce total de
lourds règlements mais qui n'atteint
pas ce qui nous était assurément réservé
nous ne saurait-on découvrir dans
ces paroles de notre force quelque chose
encore de ce sentiment français, qui est
tout de même comme une parure nation-
nale?
Avec quelques bons esprits, déjà des
Spécialistes ont cherché. Ils ont fait des
chiffres redoutables. Et il leur est ap-
paru, ont-ils dit, qu'en somme, sur la
question d'argent, nous aurions dédai-
gné çà et là Les justes rigueurs de la
mathématique. Ayant appris, par ail-
leurs, beaucoup de choses, nous n'au-
rions pas encore appris assez à calculer,
et cette façon élégante, de sentir plus
que de compter, serait tout à fait dans
la, tradition de nos gestes. Je suis in-
compétent. Avec moi, « ce serait le dan-
seur qui l'obtint ». Et il me plaît, non
Bans valables raisons, de faire confiance
à ceux qui ont porté le glorieux et ter-
rible fardeau de ces travaux.
Mais voici deux petites lignes, dans
cet énorme document, qui, elles, ne prê-
tent à aucun doute. Elles sont là très
simples, glissées, comme perdues pour-
tant, à elles seules, elles crient que le
monde est changé, l'offense effacée, la
blessure guérie. Elles ne prennent pas
de place, et prodigieux est leur poids.
Elles ne sont, celles-là, que de pur sen-
itiment, et elles frappent comme d'un
coup formidable de glaive.
Tous les drapeaux pris en 1870-71
doivent nous être restituées. Ai-je bien
lu ? Est-ce possible ? Est-ce vrai ?
Ceux qui, visitant l'Allemagne impé-
riale et monstrueusement prospère, ont
'connu cette silencieuse douleur de sou-
dain se heurter à ces reliques orgueil-
leusement et vilement exposées partout,
seraient vengés ? Aux mânes de Léon
Gambetta et de Déroulède, cette conso-
lation qui ferait croire qu'il est des
Champs-Elysées pour l'idée de Patrie ?
Oui, c'est écrit, cela sera, les vieilles
couleurs pâlies et déchirées vont renaî-
tre, et refrémir de fierté et de joie.
Ce n'est pas à cette heure que l'on
redira que le drapeau est une fiction.
Je' me rappelle un mot de Jules Vallès,
:J'Il de ces mots qu'il forgeait dur, à la
perfection. Il y a longtemps. C'était à
son retour d'exilé, de Londres, après
l'amnistie du premier Quatorze-Juillet.
J'écrivais alors, vaguement, dans la
Justice, de Georges Clemenceau, direc-
teuir depuis d'une bien autre Justice, et
avec quelques amis, on était allé atten-
dre Vallès au débarqué de la gare du
'Nord. Enfin, il paraît. Je le vois tou-
jours, son paletot brun sur le bras, la
¡barbe en broussaille, le regard en boule,
iavec sa puissante et admirable laideur
jde dogue. Et tout d'un coup, ému sans
•doute, quoique avec défense personnelle
jdfe-le sembler, devant tout ce tricolore
qui pavoise la gare, il s'écrie
-Et l'on m'a fait revenir pour cette
fêté de la Passementerie!
Oui, du Vallès achevé mais il n'en
est pas moins vrai que cette passemen-
terie-là n'a pas connu d'Insurgé pendant
dette guerre, qu'elle fut souveraine, et
qu'elle tient à l'âme même immortelle
ce peuple.
C'est, à peu près vers le même temps
,que, tout à sa jeune ferveur républicaine,
André Gill, dans un dessin célèbre, ne
regardait pas camper au mi'ieu de .'a
rue Montmartre inondée elle aussi de
tricolore, la silhouette d'un Ratapoil
conventionnel, avec cette légende alors
aveuglément applaudie « Etonnement
de notre vieil ami.en voyant tant de dira-
peaux, lui qui pensait les avoir livrés
tous. Un mot aussi, très lointain, et qui
sent le part. Mais, quoi qu'il en soit, ces
drapeaux on a conquis leur retour, ils
rentrent au foyer, c'est une manifesta-
tion incomparable, indiscutable, aveu-
glante, unique de la victoire, et qu'on y
ait songé, qu'on l'exige, que cela soit,'
voilà bien l'inspiration par excellence et
la trouvaille du sentiment français.
Sentimentalisme plutôt, diront Cer-
tains docteurs et praticiens. Il s'agissait
bien de cette satisfaction morale, de cette
revanche à petite fleur bleue, quànd l'in-
térêt seul doit tout prévoir, dicter, ren-
fermer 1
L'événement, en effet, ne justifierait
que trop de matériels soucis, d'exclusifs
points de vue, et dans le sang la leçon
doit être enfin salutaire. Oui, par une de
ces ironies qui pavent d'enfer le seuil des
plus beaux rêves, à l'instant même où
les nations entrevoient une société idéale,
la force, hélas ne renonce pas à son
argument, à l'une quelconque de ses fa-
talités, et plus que jamais il importe de
veiller aux surprises, que sous le désar-
mement même elle pourrait infliger au
monde.
Mais il serait trop mélancolique, en
vérité, d'être contraints pour cela a se
faire des cœurs sans émouvant frisson,
sans culte pu,r, sans nobles faiblesses. Il
doit nous Tester permis de sentir quelque
chose qui bat suprêmement sous l'écra-
sante armure.
S'il est indispensable et méritoire de
se plier aux nécessités nouvelles, il est
beau, et il peut être parfois utile, de
maintenir aussi ce qui est du cœur de
nos vieux pères et de l'héritage fran-
çais.
Certes, il est excellent de récupérer les
canons, les avions, la houille, le bétail.
Mais revendiquer des loques sacrées, cela
signifie bien aussi quelque chose dans la
vie nationale. C'est notre honneur pré-
cisément de ne pas sacrifier ce qui s'é-
prouve à ce qui se chiffre. Et .s'il n'en
était pas ainsi, si nous ne savions pas
allier ce qui élève à ce qui paie, si nous
n'avions pas songé à ce rien qui est tout
est s'appelle un drapeaux, ce ne serait plus
ici la France bien-aimée, la France jus-
tement aimée, la France supérieure, et
nous tomberions au niveau du Boche.
Alexandre Hepp
La Semaine
espagnole,
UN SAbUT A QOYft
La cour intérieure, si charmante de propor-
tions, du Petit Palais, tout inondée d'un gai
soleil, a perdu son habituelle solitude, et un
peuple nombreux,- varié, revêtu d'éclatants cos-
tumes, en a fait sa demeure. Mais il n'en a
pas troublé le silence et, muet comme les pois-
sons rouges qui dansent dans les vasques voi-
sines, il mène sans bruit ses rondes, ses faran-
doles, ses jeux et ses assemblées. Mais qui nous
dit que ce silence ne sera pas heureusement
troublé aujourd'hui ?
Ce peuple pittoresque, ^bariolé; ces jeunes
garçons cambrés dans leurs vestes courtes, ces
filles brunes en mantilles, ces villageois, sèi-
gneurs, belles dames en carrosses, saltimbanques
étalant leur pacotille; cet horizon de pics nei-
geux, ces torrents, ces couleurs, cette gaieté
étrangère, c'est l'Espagne d'autrefois qu'un
peintre magnifique nous raconte. Et ces tapis-
series, d'après les cartons de Goya, sont de
grandes images d'Epinal où nous venons
apprendre la vie d'un peuple, ses moeurs, ses
plaisirs, ses colères et ses amours.
Charmantes leçons, en vérité Et quelle plai-
sante manière de nous instruire Un couple rêve
au fond d'un parc: la dame au châle, au grand
peigne, à l'éventail, écoute et sourit. et nous
croyons voir passer Dona Sol! Avec une féroce
gaieté, ces gens, sur un drap tendu, font sauter
et rebondir un pantin: n'est-ce pas ainsi que
fut « berné » Sancho, le bon compagnon de Don
Quichotte? Le pantin douloureux ressemble
déjà son frère moderne Petrouchka.
Des porteuses d'alcarazas s'en vont, droites et
cambrées, criant, bien sûr: « A"gua trial» Des
marchandes étalent les raisins bleus d'Alicante,
les grenades, les pastèques et les oranges d'An-
dalousie. Un charretier, sur quelque route d'Es-
trémadure, tire son attelage de mules, dont on
croit entendre les joyeuses sonnailles. Des gamins
se poursuivent, montés sur des échasses. Une
vieille revendeuse offre à une belle dame ses
plats, ses faïences mauresques, ses dentelles, ses
mantilles et. un fin poignard d'argent! Au bord
d'un lac, des seigneurs descendus de carrosses,
des duchesses en robes d'azur et d'aurore
daasent, se tenant par la main. De rudes paysans
ramènent de grands chars courohnés d'épis. et
une rixe de méchants garçons emmêle dans la
jaune poussière les poings crispés, les membres
furieux et les visages de colère.
Mouvements de l'âme pris sur le vif. Décors
qui nous renseignent comme un plan de -ville,
une carte de géographie. Coutumes et costumes,
villages rocailleux, sierra neigeuse, jardins de
Castille et d'Andalousie, brûlante et glacée séche-
resse d'Espagne, et tous ses types étonnants, si
accusés de relief et de caractère. Voilà ce que
le génie de Goya a su illustrer d'un coloris
tellement vif, frais et varié, que plus d'un siècle
passé sur eux n'a pu ni ternir ni altérer leur
éclatante vérité.
Le soir venu, quand' les visiteurs ont déserté
la petite cour silencieuse, quand les poissons
rouges même dorment dans leurs bassins, les
grandes tapisseries poursuivent leur vie mysté-
rieuse et muette. Et le pantin, épris sans doute
de Dona Sol, se laisse « berner » pour l'amour
de ses yeux noirs, comme le fut Sancho Panca
par dévouement à son maître, le chimérique et
sublime chevalier espagnol.
Qu'ils rêvent tous au clair de lune, les enfants
de Goya Les rêves sont plus grands que la
vie, puisqu'elle essaie toujours de leur ressem-
bler, et que, quand elle y parvient, elle crée
les héros et le génie.
Madeleine Le Chevret
Indignation
Le profond émoi que soulèvent en
Allemagne les conditions de paix des
alliés se traduit aujourd'hui par les
protestations indignées de ses hommes
d'Etat. Nous nous attendions à cette ex-
plosion le discours du comte de
Brockdorff-Rantzau nous l'avait an-
noncé. Il était à prévoir que le gouver-
nement, fût-il convaincu de la nécessité
de signer le traité qu'on lui imposerait,
commencerait par se mettre au diapason
de l'opinion, afin de dégager sa propre
responsabilité et de pouvoir ensuite
établir qu'il avait eu la main forcée.
Remarquez toutefois qu'il se garde de
repousser d'emblée le papier qu'on lui
présente. M. Scheidemann a grand soin
de déclarer « qu'un oui aussi' bien
qu'un « non » peuvent faire tomber l'Al-
lemagne « plus bas encore, jusqu'à
l'anéantissement ». Qu'en conclut-il?
Qu'il faut tâcher d'obtenir des adoucis-
sements, et qu'il faut par conséquent
chicaner, ergoter c'est ce qu'il appelle
« livrer la suprême bataille
Je crains, en ce cas, qu'il n'ait pas
exactement compris les paroles de M.
Clemenceau, pourtant si claires et si
formelles.
Nous n'accepterons de bataille que.
dans les plaines d'Allemagne, mais non
point autour du tapis vert de Versailles.
Nous ne nous prêterons pas aux dia-
logues que MM. de Bethmann-Hollweg,
Michaëlis et von Hertling s'efforçaient
d'amorcer lorsque l'Allemagne impé-
riale entendait dicter la paix du monde
sous la menace de ses canons et sous
l'effet de ses éphémères victoire.
M. Scheidemann nous annonce son
intention de nous présenter un contre-
projet il oublie que le temps est passé
où l'on se fût contenté d'une paix blan-
che.
Certes, le traité que nous avons rédigé
est draconien il n'étrangle point'la na-
tion allemande, mais il brise les rêves
insensés de domination dont ses diri-
geants l'avaient bercée depuis près d'un
demi-siècle.
Elle nous reproche aujourd'hui d'abu-
ser de nos avantages eût-elle ménagé
notre faiblesse si nous avions été les
vaincus ? Qu'elle se souvienne du traité
de Bucarest, qu'elle infligeait il y a juste
un an à la Roumanie qu'elle se sou-
vienne des conditions que Hindenburg et
Tirpitz se préparaient à nous signifier
quand ils croyaient à la victoire
C'était l'Allemagne d'hier, nous répon-
Nous n'avons pas à entrer
dans ces considérations, car l'Allemagne
d'aujourd'hui ne .nous a donné jusqu'ici
d'autre garantie Que celle de la haine
contre les alliés, qu'elle fait serment d'en-
tretenir dans le cœur de ses enfants.
Ce sentiment est naturel, soit Mais il
est naturel aussi que nous nous prému-
nissions contre ses conséquences.
René d'Aral
LE PRESIDENT WILSON
ET LA SIGNATURE DU TRAITE
On mande de Washington
L'Uniled Press apprend de bonne
source que le président Wilson ne ren-
trera pas aux Etats-Unis avant que le
traité de paix soit signé.
Le Président enverra par poste ou par
câble un message au Congrès, message
dans lequel il indiquera les diverses
questions d'ordre national qui doivent
tout d'abord ètre étudiées par l'Assem-
blée.
Le traité et, la proposition d'alliance
entre la France, les Etats-Unis et la
Grande-Bretagne seront soumis au Con-
grès après que Les Allemands auront
signé.
La délégation allemande
A dix heures, hier matin, sont arrivés les
délégués allemands restés jusqu'à ce jour
au château de Plessis-Villette.
Ces délégués sont au nombre de huit et
sont descendus à l'hôtel Vatel.
Un petit incident s'est produit au sujet
d'un dessin pris à la Conférence par un
Allemand, qui a dû attendre pendant dieux
heures l'autorisation de la censure mili-
taire avant d'expédier son croquis à Berlin.
La paix avec l'Autriche et la Hongrie
Le conseil des quatre chefs de gouverne-
ment, américains, britannique, français, ita-
lien, s'est réuni hier matin.
Hier après-midi s'est réuni également le
conseil des quatre ministres des affaires
étrangères des Etats-Unis, d,e l'empire bri-
tanuqué, de la France et de l'Italie, à qui
se joignirent M. Makino, représentant le
Japon, 'et M. André Tardieu, président de
la commission centrale territoriale. Ce con-
seil avait déjà fixé les frontières de la Hon-
grie. Il s'est 'occupé, hier, de déterminer
les limites territoriales de l'Autriche.
La délégation autrichienne
Le départ de cette délégation, est définiti-
vement fixé à dimanche.
M. Chaleil, préfet de Seine-et-Oise, et le
colonel Henry, se sont Tendus hier à Saint-
Germain, où ils ont réquisitionné un
groupe de villas près de la terrasse.
Elles seront séparées les unes des au-
tres et suffisamment isolées pour éviter
toutes relations -entre plénipotentiaires au-
trichiens et plénipotentiaires hongrois.
La grande salle du château connue sous'
le nom « Gaule avant les métaux servira
pour la séance plénière.
C'est le commandant Bourgeois, adjoint
à la mission du colonel Henry, qui com-
mandera la mission militaire de Saint-Ger-
main M. Poncet, commissaire spécial, sera
chargé de la surveillance et de la police.
Le capitaine Degoin est délégué par le mi-
nistère des affaires étrangères auprès des
plénipotentiaires et M. Gardet, architecte
au ministère des affaires étrangères, est
chargé de l'installation.
M. Clemenceau
Le président du conseil, après avoir reçu
MM. Pichon, Tardieu et Klotz, s'est rendu
chez le président Wilson.
Le Conseil des Cinq
A trois, heures, les Cinq ont tenu une
des questions autrichiennes.
Les questions russes
On a' appris, dit le New-York Heraftl,
que la Conférence a décidé de ne pas inter-
venir dans la question de la Russie, qui
sera probablement renvoyée à la Ligue des
Nations.
Le Traité de paix
devant la Chambre
Dans sa réunion d'hier, le groupe ra-
dical-socialiste a échangé des vues sur
les clauses du traité de uaix et a décidé
d'attendre que le Parlement soit saisi
du texte intégral pour en aborder l'exa-
men et formuler des appréciations.
En ce qui concerne la question de la
procédure parlementaire, le groupe a dé-
cidé à l'unanimité que la Chambre de-
vrait nommer une commission spéciale
dès qu'un projet serait déposé par le
gouvernement.
D'autre part, sur l'initiative de M.
Franklin-Bouillon, quelques présidents
des grandes commissions de la Chambre
se sont réunis et ont été d'avis que pour
l'examen du traité de paix il n'y avait
pas lieu de nommer une commission
spéciale.
La commission des affaires extérieu-
res, complétée par l'adjonction de délé-
gués appartenant aux douze grandes
commissions intéressées, devrait être
chargée de cet examen.
Cette question viendra probablement
mardi devant la Chambre et donnera
lieu à un vif débat, car certains groupes
n'ont pas les mêmes dispositions que M'.
Franklin -Bouillon et ses amis, et il y a
tout lieu de croire que la Chambre nom-
mera une grande commission spéciale.
LE RAVITAILLEMENT
DE L'AUTRICHE
On demande à la France 75 millions
M. Pichon, ministre des affaires étrangè-
res, a demandé à être entendu par la com-
mission du budget au sujet d'une avance
de 15 millions de dollars sollicitée par
M. Clémentel, ministre du commerce, pour
participation de la France au ravitaille-
ment de l'Autriche.
La commission ldu budget, bien que s'é-
tant déjà montrée hostile à cette mesure,
a décidé d'accéder au désir exprimé par
le ministre des affaires étrangères qui sera
entendu dès les premiers jours de la se-
maine prochaine.
D'autre part, M. Clémentel a fait parve-
nir à,Ja commission une lettre pércisant les
conditions dans lesquelles se ferait éven-
tuellement le ravitaillement de l'Autriche.
Les fournitures seraient faites par les Etats-
Unis mais les dépenses à engager d'ici au
15 juin prochain seraient garanties par la
France, l'Angleterre et l'Italie.
Chacunel de ces trois puissances ferait
uue avance de 15 millions de dollars à
l'Autriche pour lui permettre de s'acquit-
ter immédiatement envers les Etats-Unis.
De son côté, l'Autriche offre certains gages
comme garantie de sa dette.
La commission a pensé que ces gages se-
raient peut-être difficilement réalisables
d'autre part, elle a estimé qu'avant de s'en-
gager dans la voie, en fait nouvelle, où
elle est sollicitée d'entrer, il convenait de
savoir jusqu'à quelles limites la France en-
tend participer au ravitaillement de l'Au-
triche.
Ces précisions seront demandées au mi-
nistre des affaires étrangères lorsqu'il vien-
dra conférer, à ce sujet, avec la -commis-
L'Autriche abandonne l'Allemagne
On télégraphie de Vienne;
La question de l'union az'ec l'Allema-
gne est définitivement liquidée. La ma-
jorité de l'Assemblée nationale, dans l'in-
térêt de V Autriche et de la paix du
monde, renonce a cette idée,
Celle décision prise, l'Assemblée natio-
nale s'est ajournée.
L'AVANCE DE QUATRE MILLIARDS
'La commission du budget a entendu
hier M. Klotz, ministre des finances,
sur le projet de loi ayant pour objet de
ratifier la convention avec la Banque de
France, qui porte à trois milliards le
chiffre des avances que celle-ci peut
consentir à l'Etat, et à quatre milliards
le chiffre des émissions de billets.
Le ministre a indiqué à la commis-
sion que le vote de ce projet était indis-
pensable pour assurer les paiements,
mais que cette avance de trois milliards
serait sans doute la dernière, le gouver-
nement devant désormais faire appel à
l'emprunt. Interrogé sur sa politique fi-
nancière et sur les différentes mesures
envisagées par lui pour assurer l'équi-
libre des budgets futurs, M. Klotz a
annoncé qu'il ferait à cet égard des dé-
clarations à (la Chambre avant la fin
du mois.
En présence des nécessités de trésore-
rie, la commission a adopté le projet de
loi et autorisé Louis Marin, rappor-
ter général, déposer son rapport qui
viendra en discussion dans le courant
de la semaine prochaine.
Les prochaines
Élections en Espagne
On annonce que les élections aux Cortès
auraient lieu le lw juin, et celles des séna-
teurs le 15 juin.
Le Parlement serait convoqué pour le
juin. M. Maura soumet au Roi un dé-
cret fixant ces dates.
Les partisans de M. Dato ne combattront
pas les candidats de M. Maura, mais ne
les soutiendront pas non plus. La situa-
tion reste confuse.
ÇA ET LA
Droit de cité au maréchal Foch.
La ville de Newcastle, un des
plus grands centres manufacturiers du
Royaume-Uni, a décidé d'offrir le droit
de cité au maréchal Foch en même
temps qu'au maréchal Douglas Haig et
à l'amiral Beatty.
Le lord maire et le conseil municipal
de Newcastle ont fixé la cérémonie au
mois de juillet, époque à laquelle auront
heu les fêtes en l'honneur de. la paix.
La ville sera pavoisée et les fêtes dure-
ront 'trois joum. On espère que le com-
mandant en chef des armées alliées
pourra se poindre au maréchal Douglas
Haig et à l'amiral Beatty pour prendre
part à la cérémonie officielle.
Les forces perdues. •
Les statisticiens ne laissent échapper
aucune occasion d'exercer leurs facultés
Personne n'a encore songé, nous
disait hier l'un d'eux, à compter le nom-
bre de gestes que fait en: une heure une
femme pour ouvrir et refermer son ,sac.
Le mouchoir, le bâton de rouge, la pe-
tite glace, la bourse, une photographie,
le courrier, à,' relire, une crotte de cho-
colat, que sais-je ? Et chacun de ces
mouvements spéciaux est répété un nom-
bre incalculable de fois. Si vous les mul-
tipliez par le nombre d'heures pendant
lesquelles une Parisienne, dans sa jour-
née, est munie de son sac, vous arrivez
a un total impressionnant par son chif-
fre et par son inutilité. Et quand on
songe que la dépense musculaire ainsi
perdue pourrait fournir une force mo-
trice capable d'actionner un moteur de.
Assez, assez nous sommes-nous
écrié. C'est à faire frémir.
L'ORNEMENT DE LA SEMAINE
L1OMBPE ET L'AZUR
Le beau temps, en quelques jours, presque
en quelques heures, a enhardi et rassuré les
bourgeons. Il a créé au-dessus de nos têtes le
monde nouveau du feuillage. Chaque hiver,
nous oublions l'impression physique que donne
l'ombre. Pénétrer sous une allée de marronniers
au moment du premier soleil, regarder sur le
gravier cette dentelle à ramages noirs qui se
déplace doucement sur un tapis de clarté, c'est,
malgré l'habitude, malgré le souvenir, une sur-
prise voluptueuse, un léger enchantement.
Nous connaîtrons bientôt l'ombre massive de
l'été: ces grottes de fraîcheur où l'humidité et
les ténèbres ensevelissent le sommeil plein de
rêves des sources. Aujourd'hui, l'ombre offre
les charmes de l'innocence, des débuts Mais ses
formes vont vite- s'amplifier. Elle s'alourdira,
cette jeune créole aux membre grêles, agiles,
qui accorde timidement ses grâces aux caresses
de l'azur revenu.
Le pouvoir de cet azur est si brusque que l'on
ne pense plus du tout, déjà, au pluviôse opi-
niâtre, qui, la semaine dernière, décontenançait
Paris. Le ciel a revêtu sa chair incorruptible.
Ailleurs, l'azur est une pierre dure, une haute
paroi minérale, si unie, si profonde et si muette
que le ciel ressemble à l'insensi6ilité. Mais notre
ciel a une haleine; on voit sa respiration. Il fris-
sonne, il pâlit ou se colore incessamment. Il a
l'air d'obéir à des mouvements de pudeur, à d'in-
térieurs et mystérieux sentiments. Parfois, il est
sur le point de défaillir d'émotion; ou bien il
sourit comme Manon, il raille comme Célimène.
En ce premier printemps de la paix, il est
souvent un dais immense, pavoisé, vers lequel
une main vigoureuse élève une palme d'or, dont
l'ombre impose, sur le sol encore blessé par
des ravages, le dessin de l'aile d'un dieu.
Un groupe de catholiques travaille ar-
demment à rénover l'art liturgique en
Franche. Mgr Battifol, la duchesse d'Es-
tissac, Mme Girod de l'Ain, la baronne
C. de Rochetaillée, Mme André Thome
s'emploient avec un zèle admirable à
faire comprendre aux jeunes artistes la
grandeur de la beauté religieuse, et à
en propager le goût parmi les fidèles.
Mme Maurice de Wendel a mis à la
disposition de ce groupe les salons de
son hôtel du quai de Billy, et l'on peut
y admirer actuellement une exposition
d'art liturgique ancien et moderne d'un
haut intérêt. Auprès des ornements d'é-
glise provenant de la chapelle d'Anet, de
chasubles Louis XV d'une grande beau-
té, ceux que vient de peindre Mlle de
Czameska ne paraissent pas déplacés,
Ge procédé de la peinture sur étoffe
produit un grand effet et rappelle la
somptuosité des vitraux. Mlle Cléry,
Mille de Richemond, Mlle Hély d'Oissel
et Mlle Hiver ont aussi brodé de magni-
fiques ornements. Il faut féliciter la fa-
mille de Wendel d'en avoir acquis les
plus beaux pour l'ceuvre des.églises dé-
vastées.
Nombreuse et élégante réunion, ces
jours-ci, dans l'atelier de Mlle d'Epinay,
avenue de Wagram, pour admirer l'ex-
position de ses œuvres, pastels et san-
guines, portraits tracés depuis quatre
ans.
Parmi les plus séduisants portraits au
pastel, nous avons remarqué celui de la
comtesse Cruy de Montcabrier, exécuté
dans le sentiment du dix-huitième siècle,
dans un enveloppement des plus déli-
cats. Citons'encore les portraits de la
vicomtesse de Petiteville, de la comtesse
de Fleurieu, de la marquise de Nadail-
lac, de M. de Beaupré, conseiller maître
à la Cour des comptes, et de ravissants
portraits d'enfants.
Parmi les sanguines, des portraits
d'officiers tués ou. disparus au cours de
la guerre, et d'autres encore d'une belle
venue.
Le talent de Mlle d'Epinay s'est encore
affiné au cours de ces années de deuil.
Nous nous réjouissons du succès tou-
jours plus grand de cette charmante ar-
tiste.
Citong parmi les visiteu.rs prince et
princesse de Faucigny-Lucinge, com-
tesse de'Dreux-Brézé, marquise de «Chas-
tellux, marquis et marquise de Pelle-
port, baron et baronne de Ravigna.n,
comtesse de Chérisey, comte de Grollier,
M. Verîefc, marquise de Sassenay, Mme
et Mlle d'Eichthal, comtesse do La Bour-
doniiaye, baronne do Bekastel mais
nous ne saunons nommer tout le monde
venu là pour féliciter Mlle d'Epinay.
Pour ajouter, sous les frondaisons
vertes, à la griserie du printemps,
les effluves que dégage une Parisienne
vaporisée à la « Fleur Bleue », à'la
« Fleur de France », au « Chypre »
ou aux « Roses d'Orsay », ont un réel
pouvoir d'enchantement.-
Le Coq
'PAR LES AIRS
La traversée
de l'Atlantique
New-York-Halifax Une première
étape de 1,100 kilomètres
Cependant qu'à Saint-Jean-de-Terre-
Neuve les champions de l'Angleterre,
Hawker et Raynham, attendent l'instant
propice pour s'envoler vers l'Irlande et
'continuent d'être contrariés par un fort
vent sud-est, les champions de la marine
américaine, qui attendaient, près de
New-York, l'heure favorable, ont entre-
pris, jeudi matin, la, première partie du
grand voyage qu'ils projettent.
A dix heures, trois hydravions le
N.C 1, piloté par le commandant Bellin-
gel' le N.0 3, piloté par le commandant
et le N.C. 4, piloté par le lieute-
nant Road se sont élevés de Rocka-
way-Beaeb, leur première base, située
sus la côte à l'est de New-York. Chaque
appareil emmenait un équipage de six
hommes, dont un opérateur de T. S. F.,
en contact permanent avec les stations
radiotélégraphiques de terre et avec l'é-
quipage des autres appareils. Et les trois
hydravions forment une escadrille soua
l'autorité du commandant Towers.
Le but de cette première étape était
Halifax, chef-lieu de la Nouvelle-Ecosso,
à quelque kilomètres de la plage
de Rockaway.
Le voyage s'effectua sans incident pour,
le N.C 1 et le N.C 3! Les postes de T.S.F.
de la -côte et des destroyers échelonnés
sur le parcours signalèrent leur heureuse
progression au long du Connecticut et
par-dessus le golfe du Maine. Et, à vingt
heures, ils atteignaient Halifax. Le
N.C 4, moins heureux, avait eu des en-
nuis avec un de ses moteurs mauvais
fonctionnement de la pompe à huile
et avait été distancé.
D'Halifax, l'escadrille (américaine va;'
gagner Terre-Neuve. C'est une nouvelle,
étape préliminaire de 800 kilomètres au-
dessus de l'Océan. Après quoi, les cham-
pions américains risqueront la traversée
de l'Atlantique. Mais par une autre route
qu'Hawker et Raynham. Ils essaieront
d'atteindre, non pas l'Irlande, mais les
Açores. Et cela représente un vol de 2,000
kilomètres en pleine mer,
L'ALLEMAGNE
PROTESTE
UN APPEL DU PRESIDENT EBERT
Le gouvernement allemand ré-
pondra à la proposition d'une!
paix de violence par une propo-
aition de paix du droit.
On mande de Berlin
Le présidant et le gouvernement d'em-
pire adressent l'appel suivant au peuple
allemand
La loyale volonté pacifique de notre peu.
ple, souffrant cruellement a reçu une pre-
miere reponse par les conditions d'armis-
tice énormément dures. Le peuple. aile-
mande a mis bas Les armes et a tenu loyale.4
nuent toutes les obligations de l'armistice
aussi dures qu'elles étaient.
Malgré eela, nos ennemis continuèrent la
guerre pendant six mois par le maintien.
au blocus.
Le peuple allemand supporta toutes ces
charges, confiant dcrns les promesses faites
par les alliés dans;leur note du, 5 novembre
que la paiz serait une paix du droit sur la
base des quatorze Foints du président Wil-
son.
Ce qui, par contre, est offert comme con-
ditiona de paix, ne correspond pas aux pro-
messes elles ne sont pas supportables pour
le peuple allemand et inexécutables malgré
tout labeur.
Le monde doit renoncer en l'espoir d'une
Ligue des nations libérant les peuples, les
sauvant et assurant la paix.
Le morcellement et le déchirement du
peuple allemand, la livraison du proléta-
riat allemande au capitalisme étranger, ment-
tre des hommes dans l'esclavage salarié
iradigrce, l'enchaînement durable de la jeurte
république allemande par l'impérialisme de
l'Entente voilà le but de cette paix de vio-
lence.
Le gouvernement a2leinand répondra à
la proposition d'une paix de violence par
une proposition de paix du droit sur la base
d'une Ligue des nations durable.
L'émotion qui s'est emparée de toutes les
classes populaires allemandes est une
preuve que le gouvernement exprime la
ferme volonté du peuple,
Le gouvernement atlernand engagera ton»
tes ses forces afin d'obtenir pour le peuple
allemande la même unité nationale, l'indé-
pendarcce et la même liberté de travail au
point de vue éconornique et intellectuel q
les alliés veulent apporter à tous les peu-
ples de l'Europe sauf seulement ci note
peuple.
Notre peuple doit se sauver par son pro.
pre travail.
Devant ce danger d' anéantissement, le
peuple allemand et le gouvernement qu'il
a choisi doirent êlre unis. Que l'Allemagne
s'unis,se sains distinction de partis et que,
dans une volonté unanime, elle sauvegarde
Le peuple alternarad et la liberté. Chat'"
pensée et toute la volonté de la nation ap-
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