Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-07-27
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 27 juillet 1872 27 juillet 1872
Description : 1872/07/27 (N2272). 1872/07/27 (N2272).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47160723
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
suivant cet homme, et fut précipité dans les es-
caliers, où il se brisa le crine.
Le jardinier est sérieuse! ,ent en danger.
r La domestique est mortu peu d'heures après,
tfans une maison voisine.
UN NOYÉ DANS UNE ÉCOLE nr NATATION. — Mardi,
,M. Edouard S... avait aciompagné son cousin
{Jules S..., dans un établiusemcnt de bains. Il y
avait une affluence énorme. M. Edouard S... a
eu lieu l'imprudence de su séparer de son cou-
sin et, comme il ne savait pas nager, il a bien-
tôt disparu sous l'eau sano que» personne y prît
garde. M. Jules S..., ne le voyant plus, croyait
qu'il avait quitté le bain.
Mais il ne le retrouva pas èms le cabinet où
.étaient ses vêtements. On s'inquiète alors, on
.cherche, on appelle ; aussitôt iniormé, un des
,'inaîtres baigneurs s'empresse de plonger et, au
bout de quelques instants, ramène le corps de
,!M. Edouard S .., qui avait succombé presque
aussitôt à une congestion dont il avait été frappé
en entrant dans l'eau.
, Insensibilisateur Duchesne.Guérison, extrac-
tion et pose de dents sans douleur, 45, rue Lafayette.
L'INCENDIE DE L'HOPITAL GÉNÉRAL
DE BOURGES
Mardi matin à huit heures, lisons-nous dans
. le Courrier de Bourges, le feu s'est manifesté à
'l'étage supérieur du pavillon du centre de l'hô-
: pital général. En peu d'instants les flammes ont
, envahi et consumé la toiture. Le mobilier et le
linge ont été en grande partie sauvés.
Notre compagnie des pompiers, soutenus par
des citoyens courageux, par les régiments de
; l'artillerie et des chasseurs, a fait des prodiges
de valeur. Le personnel et les pompes du che-
min de fer, qui touche à l'hôpital général, ont
rendu un énorme service. Heureusement le
temps était calme; un vent contraire aurait pu
¡pÕusser le feu sur les magasins de la gare des
marchandises du chemin de fer. Aussi les chefs
de service de la Compagnie d'Orléans étaient
des premiers au foyer de l'incendie dirigeant
l'activité de leur personnel.
-, Le préfet, le général d'Auvergne, les colonels
et officiers des régiments, un certain nombre
d'ecclésiastiques ont concouru à l'action com-
mune, de leur personne et par leurs conseils
'd'encouragement aux sauveteurs.
: On remarquait plusieurs dames de la ville qui
s'étaient mises à la chaîne.
Une personne ayant dit au général d'Auver-
gne de commander les manœuvres, le digne gé-
nérai a répondu : « Je ne suis rien ici en pré-
sence du capitaine des pompiers ; lui seul a le
commandement et la police de la place. »
L'hôpital général, situé entre les anciennes
portes de Saint-Privé et de Sâint-Ambroise, fut
établi le 4 septembre 1657 par les contributions
des habitants de Bourges ; sa population se com-
pose exclusivement des vieillards indigents de la
ville et d'enfants trouvés et abandonnés ayant
plus de sept ans.
Nous apprenons que le feu a pris par une fis-
ture de la cheminée du grand pavillon.
UN MARIAGE SANS MARIÉE
On lit dans l'Abbevillois :
Un jeune homme de Vaudricourt, le nommé
devait épouser samedi dernier une jeune
fille de Tilloy, annexe de Pendé.
L'heure de la messe étant sonnée, M. le curé
de Pendé se rend à l'église et se prépare à-bénir
le mariage des futurs époux.
Là noce cependant se fait attendre; une heure
se passe, deux heures même et l'enfant de
chœur grimpé au haut du clocher pour signa-
ler l'arrivée du cortége n'avait encore rien vu
■venir.
vDe guerre lasse, M. le curé monte à l'autel et
célèbre la messe en l'honneur des mariés, qui
: w
sans doute, vont arriver pendant qu'elle s'achè-
vera. Mais non, la messe est dite, l'enfant de
chœur a éteint les cierges, le prêtre a rangé ses
vêtements sacerdotaux et toujours rien à l'ho-
rizon.
Pendant que le célébrant perdait patience, la
jeune fiancée, baignée dans les larmes, deman-
dait en vain son infidèle à tous les échod d'alen-
tour. Le futur ne se montrait pas.
La famille, désolée par tant d'indifférence en
un si grand jour, av&it partout dépêché des
courriers qui devaient explorer les environs et
ramener B... mort ou vif. Mais les recherches
sont inutiles, B... manque toujours au rendez-
vous. Alors chacun perd la tête : on se lamente,
les cuisinières laissent brûler leur rôti, le pot-au-
feu oublie de bouillir et les commentaires vont
leur train. — Je vous laisse à penser le déses-
poir des gens de la noce.
Comme on allait se quitter, un graad cri se
fait entendre : Le v0ilà!
C'était lui, en c ff t, qui haletant, tout cou-
vert de poussière et de sueur, encore vêtu de
ses habits de trav; ,il, acc Jurait vers le domicile
de sa future et se précipitait dans la maison
comme un ouragan s'engouffre dans une che-
minée, en un jour de tempête.
On crie, on interroge, et voici ce qu'en se re-
prenant vingt fois B... put enfin raconter :
Levé avant l'aurore, pour veiller aux derniers
préparatifs, l'infortuné s'était rendu au village
voisin, afin de s'entendre avec un violoneux qui
devait charmer dq ses accords le bal que le soir
même les mariés offriraient à leurs invités. Un
tel arrangement ne saurait se'conclure sans être
[ tant soit peu arrosé. On se rafraîchit donc assez j
généreusement.
Comme il retournait ensuite chez lui, B..., fa-
tigué par la route, fatigué par les rafraîchisse- |
ments, fatigué par la chaleur, pensa qu'il avait
encore bien le temps de se reposer un moment;
il s'assit dans un champ de seigle, où, succom-
bant à tant de fatigues réunies, il ne tarda pas
à s'endormir.
Tel autrefois Napoléon, à la veille d'Aus-
terlitz.
Enfin, vers onze heures et demie, le soleil
dardant d'aplomb < du dormeur, finit par le réveiller. Eperdu, il
regarde l'heure, et, saisi d'un remords qui l'é-
trangle, il court en grande hâte regagner la
maison paternelle et s'habiller pour la céré-
monie. -
Mais ses parents, qui l'avaient vu sortir dès
le matin, le croyant chez sa future, y avaient
porté ses effets. Il fallut bien s'y rendre comme
il était, et passer à travers la haie de curieux qui
depuis trois mortelles heures s'impatientaient en
l'attendant.
Tout se termina non par des chansons, mais
par un baiser ; la fiancée, tout aimable, accorda
généreuseenent son pardon; la noce, fort retar-
dée, put enfin s'acheminer vers l'église, les cui-
sinières firent rébouillir le pot-au-feu, et le soir,
le violoneux, cause première de tant de pleurs,
fit sauter gaiement les mariés et toute la noce
aux sons les plus entraînants de son joyeux crin
crin.
Et voilà pourquoi depuis trois jours on a tant
ri dans Pendé!
LORIENT. — Un enfant de onze ans a succom-
bé, à Lorient, dimanche dernier, d'une horrible
manière.
Le jeune Jérôme Henrio, dont les parents ha-
bitent Kiontaniou, se baignait, à la marée mon-
tante, près de la digue de Keroman, au lieu dit
Kepelay, lorsqu'il fut entraîné par le courant
vers l'écluse d'un réservoir appartenant à M.
Charles, lequel venait d'y faire poser une vanne
deux jours auparavant.
Au moment où l'enfant passait, cette vanne
s'est subitement fermée sur le pied droit du
malheureux qui, retenu dans ce puissant étau,
se mit à pousser des cris déchirants. Ses petits
camarades ne purent que joindre leurs cris aux
siens.
Plusseurs personnes accoururent, parmi les -
quelles des marins ; tous firent des efforts inouïs
pour dégager de la fatale étreint^ la jambe de
l'enfant, mais leurs forces ne purent venir à
bout de la force terrible de la mer.
Et le petit martyr, qui se voyait noyer, sous
le flot montant, montant toujours, criait au se-
cours avec angoisse, avec terreur... Il demanda
un prêtre... Les témoins affolés, terrifiés, lui
maintinrent tant qu'on le put la tête au-dessus
de l'eau; puis cette jeune tête fut couverte... et
l'épouvantable drame fut fini.
On avait été chercher la mère de Jérôme Hen-
rio, qui assista au supplice de son fils.
TRIBUNAUX
COUR D'ASSISES DE LA SEINE
Audience du 22 juillet.
Assassinat par un mari sur sa
femme.
Charles Tronche, ouvrier raffinent-, était traduit
hier devant la cour d'assises de la Seine sous l'accu-
sation d'assassinat sur sa femme. Celle-ci menait, il
est vrai, une vie de débaucha, et entretenait avec un
homme de soixante ans, chez lequel elle était en ser-
vice, des relations suivies.
Le 21 avril dernir, vers cinq heures, il se rendit
rue de Tanger dans une maison où sa femme avait
déjeuné. Il l'interpella brusquement et la somma de
l'accompagner. Elle refusa. Elle lui reprocha de se
faire nourrir par elle et de ne pas travailler.- Il ne lui
répondit pas; mais, levant le bras, il lui porta sou-
dain un coup de couteau au ventre et s'enfuit. Lors.
qu'il fut arrêté, le soir du même jour, il avait sur
lui trois couteaux. La femme Tronche expira dans la
nuit.
L'accusé allègue, pour sa défense, qu'étant ivre il
a cédé à un mouvement de colère et de jalousie.
M. le président. — Vous êtes allé chez votre fem-
me un couteau à "la main? — R. Non, monsieur, je
l'avais dans ma poche, c'est quand elle m'a insulté
que je".l'ai pris.
D. Vous avez donné un coup de couteau à cette
malheureuse et vous avez pris la fuite. Le soir on
vous retrouvait sur la place du Maroc, derrière une
voiture et posté aux aguets. Ne vouliez vous pas at-
tendre et frapper le sieur Gay? — n. Non, mon-
sieur. Je n'avais pas cette intention. Je ne savais plus
ce que je faisais; j'avais la tête perdue par le regret
de ce que j'avais fait à ma femme.
D. Le commissaire de police a constaté cependant
qu'au moment de l'arrestation vous lui aviez dit :
« Je ne regrette pas ce que j'ai fait; je lui aurais
bien donné un second coup. »
R. J'étais encore ivre en ce moment.
D. Le lendemain vous avez manifesté un regret,
c'est vrai; mais après l'acte, je le répète, votre senti-
ment était celui de la -«engeance satisfaite.
Quand on vous a arrêté, vous aviez encore votre
couteau tout sanglant ouvert dans la main; vous ne
dissimuliez donc pas vos intentions et vos actes.
Enfin, n'aviez-vous pas tenu avant le crime ce pro-
pos significatif : « Je coucherai au poste ce soir. »
R. Non, monsieur, je n'ai pu dire cela.
Reconnu coupable de meurtre sans préméditation,
Tronche est condamné, grâce à l'admission de cir-
constances atténuantes, à la peine de huit ans de
réclusion. I
TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE LA SEINE
Audience du 22 juillet
Participation au pillage de l'hôtel
de M. Thiers et de l'église Notre-
Dame-des-Victoires.
Philippe Bauër, sujet bavarois, âgé de trente-qua-
tre ans, polisseur sur acier, vivait depuis 1864 en
concubinage avec la fille Céleste Gilet, âgée de vingt-
quatre ans, ouvrière brunisseuse, dont il a deux en-
fants par lui reconnus.
En 1870, après la déclaration de guerre, Bauër»,
en raison de, sa nationalité, dut quitter la France. Il
se retira à Liégé, où la fille Gillet ne tarda pas à
aller le rejoindre.
L'armistice le ramena à Paris et il y resta e11
1871, pendant la période insurectionnelle.
Les relations devinrent de plus en plus difficiles
entre lui et la fille Gilet, qui lui reprochait son in-
conduite et se plaignait de sa brutalité.
Au mois de janvier 1872, une rupture eut lieu
entre eux ; mais, vers la fin de mars, la fille Gilet
chercha à se rapprocher de Bauër..
Un jpur, il la rencontra en compagnie d'un nommé
Pietri, ayec qui elle convient avoir t'Il des relations.
Il interpelle son ancienne maitivsse et profère
contre le nouvel amant des menace .,., d * mort :
Il faut que ça finisse! Il faut que jf: le tue !
En même temps il se précipite sur son rival et le
frappe dangereusement au bas-vptiin?.
Arrêté et conduit devant le commissaire de police
il avoue avoir porté des coups à Piei. i ; mais la fiile
Gilet, intervenant comme témoin, élève contre lui
des charges beaucoup plus graves.
Elle l'accuse d'avoirservi durant la Commune dan1;
le corps des Vengeurs de Flourens, d'avoir participé
a l arrestation du maire de Bagnolet, au pillage de
1 hôtel de M. Thiers et des églises, enfin à la dé-
ftlnse de la grande barricade du faubourg du Tem.
Il fut impossible de contrôler, sur ces différents
points, les déclarations de la fille Gilet, et Bauër ne
fut pas reconnu parle maire, qui av.ut été effective-
ment arrêté le 3 avril 1871 et conduit à la préfecture
de police.
personne n'avait vu le Bavarois dans les rangs des
fédérés. Il n'existait donc pas de preuves suffisantes
qu'il eut pris à l'insurrection une pnt active. Mais
une perquisition au domicile qu'il occupait pendant
la Commune a-vec sa maîtresse y fit i'etrouver diffé-
rents objets paraissant provenir du pillage des égli-
ses, notamment une sonnette de cuivre avec manche
de bois, ayant appartenu à la paroisse Notre-Dame-
des-VtctOtres, des nœuds de ceinture des morceaux
d 'étoffe rouge ayant fait. partie de costumes d'en-
fant" de chœur, des ornements ecclésiastiques bordés
en or. De plus, la fille Gilet avoua avoir vendu à un
fondeur, M. Dauphin, des cœurs en argent pour la
somme de 42 fr.
Bauër et la fille Gilet sont traduits devant la cor-
rectionnelle; le premier nie sa participation aux
événements de la Commune.
Mais la seconde persiste dans ses déclarations.
Le tribunal lui tenant compte de ses aveux la ren-
voie de la poursuite. *
Quant à Bauër, il est condamné à treize mois
d emprisonnement et à trois ans de surveillance de
la haute police.
Le ministère public blâme énergiquement ies
commerçants qui ont accepté les objets dérobés et
les ont fondus ou brisés malgré leur origine sus-
! pecte. *"
CHRONIQUE JUDICIAIRE
EPISODE DE L'INSURRECTION ARABE DE 1871. —
Le dimanche 21 juillet 187! , vers huit heures du
soir, M. Héraut, propriétaire d'un moulin qu'il
exploitait lui-même dans la province de Cons-
tantine, Ormilie Converso, sa domestique, et
Genovardo, meunier, las des fatigues de la jour-
née, s'étaient réunis sur le. perron d'une porte
latérale peur prendre le frais.
Hamou et Si Mohamed, serviteurs indigènes,
chantaient et dansaient devant eux. Tout à coup
Mohamed disparaît à l'ang'e'd'un mur; Ilamou
continue ses gambades.
Au mème instant, une bande (i e vingt Arabes,
débouchant le sabre au poing, se précipite sur
Hamou et les trois Européens.
Ce fut une lutte horrible. La femme Converso
fut d'abord renversée, mutilée et décapitée sur
place. Héraut, Genovardo et Hamou, opposant
une vive résistance, réussirent à se faire jour au
milieu de la bande et à pénétrer dans le moulin,
où ils s'enfermèrent.,
Les Arabes se mirent en devoir d'enfoncer la.
porte, qui ne tarda pas à céder à leurs efforts et
à livrer passage à toute la bande.
Héla&! à partir de ce moment, il est impossible
de décrire ce qui se passa! b
Effroyablement mutilés, Hamou et Genovardo
parvinrent à s'enfuir, le premier dans un pi-
geonnier et; le second, dans la turbine du
moulin.
A travers les planches disjointes, Hamou put
suivre les mouvements des assassins : Héraut,
seul contre vingt, luttait encore. Sabres, pisto-
lets, carabines, tout fut dirigé contre ['infortuné
qui, lorsqu'il succomba, fut littéralement haché
par ces malfaiteurs.
Ce nouveau crime consommé, ceux-ci se mi-
rent à la recherche du meunier et d'.tîamou. 1
Voyant qu'ils ne pouvaient les trouver, ils dé-
valisèrent tout. Les meubles furent brisés, les
grains dispersés, l'argenterie enlevée. Ce n'est
que le lendemain que les deux malheureux fu-
rent délivrés de leur cachette, d'où ils n'osaient
N° 99. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXXIV
Au bord de l'abîme.
Le lendemain du jour fameux où Mariette
avait reçu une correction qu'elle ne devait ja-
mais oublier, vers deux heures de relevée, M. e
• ■ comte Powschine descendait de cheval dans la
1 -de l'hôtel Willcomb; puis, ayant jeté la
bride à un groom, il escaladait lestement le
perron monumental du riche édifice.
Il portait un costume de bon goût, mais som-
bre et rendant plus sensible le cachet assez fatal
de son visage. La roideur de sa haute taille, qui
«semblait d'ordinaire outrer le gourmé des grands 1
seigneurs moscovites, s'exagérait encore sous
nous ne savons quel stimulant intérieur, impri-
Çlant à toute sa personne l'air d'un... Mçphisto-
phélès sûr de la perdition de Marguerite-. Par-
venu au vaste vestibule du rez-de-chaussée, le
Russe y rencontra plusieurs domestiques, et,
fait anormal, maître Cincinnatus, que ses fonc-
tions, tenant de l'intendant et du premier valet
de chambre, dispensaient complètement de cette
station trop servile.
— Madame n'est sans doute pas encore ren-
I trée? lui dit Pétrus. N'importe, je vais l'ttttendr
: à la bibliothèque.
j —Pardon, monsieur, répondit l'ex- Ui-Codgia,
! madame n'est pas sortie d'aujourd'hui et vous
prie de venir la trouver dans le petit salon bleu.
Ces simples paroles parurent causer au boyard
une très-désagréable surprise.
— Le distique de François Ier à Chambord
serait-il vrai pour elle comme pour tant d'autres
mobiles dames? murmura-1-il entre ses dents..
Néanmoins il reprit presque aussitôt son atti-
tude glorieuse, et ordonna sèchement au nègre.
de le faire annoncer à sa maîtresse.
— J'aurai personnellement cet honneur, dit le
factotum de Georges avec un sourire ambigu.
Il accompagna donc l'arrivant jusqu'à la pièce
désignée, sise au premier étage, et que précé-
dait une antichambre.
— M.. le comte Pétrus Powschine, déclama«t-
il au seuil du salon.
L'annoncé entra avec une courtoisie un peu
familière, que justifiait sa position d'ami de la
maison.
Cincinnatus referma la porte sur le tète-à-tête.
Elise était assise auprès d'une petite table
d'ébène à incrustations d'argent, sur laquelle
elle jeta le journal de modes qu'elle tenait à la
main, pour indiquer au visiteur un siége placé
en face d'elle.
La pupille de Cambronne avait revêtu un frais
déshabillé, dont la simplicité indiquait assez
son-intention de ne pas sortir et de ne pas « re-
cevoir » ce jour-là. Un unique ruban rose rete-
nait la masse ondoyante de sa blonde chevelure.
Dans ce négligé, et quoique la pénible préoccu-,
pation des absences de Georges, si mal interpré-
tées par elle, eût visiblement pâli ses jolis traits,
| elle était plus charmante, plus involontairement
attrayante et désirable surtout qu'en toilette
d'apj a "a t.
Le Bysantin iessentit aussitôt cette séduction
sans artifice, qu'exercent certaines femmes, pré-
! ci-ément, à force d'ignorance ' de leur beauté
[ tentatrice; son ceil étincela, nous n'écrivons pas
j d'amour, pour ne point profaner ce noble mot
én l'appliquant à cette personnalité louche, mais
d'ardente couvoitise.
: — Je ne comptais guère, chère madame, com-
j mença-t-il en s'asseyant, sur le plaisir de vous
I rencontrer tout d'abord ici,
—- Pourquoi donc, monsieur ? fit Elise en le-
vant sur son cavalier servant son limpide regard.
—Parce que vous m'aviez averti, hier. qu'une
visite indispensable vous retiendrait probable-
ment dehors jusqu'à trois heures environ. Or,
il en est deux et demie... et... je vois à vos
atours que vous n'avez point quitte l'hôtel d'au-
jourd'hui.
— Oui, j'ai remis à un autre moment cette
course, et...
— Et cette station, acheva Pétrus.
— Cette station? répéta vivement la jeune
femme. Qu'entendez-vous par ce mot, monsieur?
— Tenez, ma chère Elise... permettez cette
qualification à un ami dont l'âge est presque le j
double du'vôtre, ajouta Powschine d'une voix |
paternelle, en remarquant une expression de di- j
gnité blessée sur le visage de son interlocutrice. !
Tenez, ma chère enfant, n'essayez point de me !
rien cacher, car ma triste expérience se joue de j
votre naïve dissimulation. Dès notre rencontre j
au bois avec Mme d'Airelle, j'avais deviné que j
vous vouliez vous rendre incognito devant sa !
maison, pour y épier l'entrée de Georges. Vous 1
avez donc abandonné cette vilaine résolution? Je !
vous en félicite de tout coeur. |
| Il y avait dans, le ton île cette approbation
: conciliante quelque chose de sardonique; pour-
tant Mme Willcomb parut la prendre ton jeu
bon argent.
1 ^ — Merci,, monsieur, répondit-elle. En effet,
j'ai réussi d'abord à me persuader que le ddute
est préférable à une affreuse certitude, dans un
cas comme le mien. De là à espérer que mes
soupçons étaient mal fondés, il n'y avait pas
loin. Aussi, quoique mon mari soit encore parti
dès l'autre sans même m'embrasser,—-peut-être
; par crainte de m'éveiller, — je renonce à un
espionnage indigne de moi... et probablement
de nous deux. Au lieu de chercher en lui le par-
jure à la foi conjugale, je veux retrouver l'in-
séparable et tendre compagnon des premiers.
1 jours de notre union... Pour provoquer cet heu-
reux retour, je vais même saisir 'bientôt une
occasion où votre amical concours me -sera utile.
— En quoi, s'il vous plaît, madame? interro-,
gea le comte avec un dépit mal dissimulé.
| (La. suite à demain.)
JULES CAUVAIN.
Jois le numéro d'kisç,
L'Imprimerie du MONITEUR se
charge de toutes sortes d'impressions,
journaux, affiches, circulaires, labeurs,
illustrations, travaux de ville et d'ad-
ministrations .
Son matériel lui permet de fournir
plus rapidement qu'aucune autre mai-
son des catalogues et des prospectus à
des conditions très-avantageuses. *
S'adresser à M. TOLMER, chef du
service de l'Imprimerie. -
caliers, où il se brisa le crine.
Le jardinier est sérieuse! ,ent en danger.
r La domestique est mortu peu d'heures après,
tfans une maison voisine.
UN NOYÉ DANS UNE ÉCOLE nr NATATION. — Mardi,
,M. Edouard S... avait aciompagné son cousin
{Jules S..., dans un établiusemcnt de bains. Il y
avait une affluence énorme. M. Edouard S... a
eu lieu l'imprudence de su séparer de son cou-
sin et, comme il ne savait pas nager, il a bien-
tôt disparu sous l'eau sano que» personne y prît
garde. M. Jules S..., ne le voyant plus, croyait
qu'il avait quitté le bain.
Mais il ne le retrouva pas èms le cabinet où
.étaient ses vêtements. On s'inquiète alors, on
.cherche, on appelle ; aussitôt iniormé, un des
,'inaîtres baigneurs s'empresse de plonger et, au
bout de quelques instants, ramène le corps de
,!M. Edouard S .., qui avait succombé presque
aussitôt à une congestion dont il avait été frappé
en entrant dans l'eau.
, Insensibilisateur Duchesne.Guérison, extrac-
tion et pose de dents sans douleur, 45, rue Lafayette.
L'INCENDIE DE L'HOPITAL GÉNÉRAL
DE BOURGES
Mardi matin à huit heures, lisons-nous dans
. le Courrier de Bourges, le feu s'est manifesté à
'l'étage supérieur du pavillon du centre de l'hô-
: pital général. En peu d'instants les flammes ont
, envahi et consumé la toiture. Le mobilier et le
linge ont été en grande partie sauvés.
Notre compagnie des pompiers, soutenus par
des citoyens courageux, par les régiments de
; l'artillerie et des chasseurs, a fait des prodiges
de valeur. Le personnel et les pompes du che-
min de fer, qui touche à l'hôpital général, ont
rendu un énorme service. Heureusement le
temps était calme; un vent contraire aurait pu
¡pÕusser le feu sur les magasins de la gare des
marchandises du chemin de fer. Aussi les chefs
de service de la Compagnie d'Orléans étaient
des premiers au foyer de l'incendie dirigeant
l'activité de leur personnel.
-, Le préfet, le général d'Auvergne, les colonels
et officiers des régiments, un certain nombre
d'ecclésiastiques ont concouru à l'action com-
mune, de leur personne et par leurs conseils
'd'encouragement aux sauveteurs.
: On remarquait plusieurs dames de la ville qui
s'étaient mises à la chaîne.
Une personne ayant dit au général d'Auver-
gne de commander les manœuvres, le digne gé-
nérai a répondu : « Je ne suis rien ici en pré-
sence du capitaine des pompiers ; lui seul a le
commandement et la police de la place. »
L'hôpital général, situé entre les anciennes
portes de Saint-Privé et de Sâint-Ambroise, fut
établi le 4 septembre 1657 par les contributions
des habitants de Bourges ; sa population se com-
pose exclusivement des vieillards indigents de la
ville et d'enfants trouvés et abandonnés ayant
plus de sept ans.
Nous apprenons que le feu a pris par une fis-
ture de la cheminée du grand pavillon.
UN MARIAGE SANS MARIÉE
On lit dans l'Abbevillois :
Un jeune homme de Vaudricourt, le nommé
devait épouser samedi dernier une jeune
fille de Tilloy, annexe de Pendé.
L'heure de la messe étant sonnée, M. le curé
de Pendé se rend à l'église et se prépare à-bénir
le mariage des futurs époux.
Là noce cependant se fait attendre; une heure
se passe, deux heures même et l'enfant de
chœur grimpé au haut du clocher pour signa-
ler l'arrivée du cortége n'avait encore rien vu
■venir.
vDe guerre lasse, M. le curé monte à l'autel et
célèbre la messe en l'honneur des mariés, qui
: w
sans doute, vont arriver pendant qu'elle s'achè-
vera. Mais non, la messe est dite, l'enfant de
chœur a éteint les cierges, le prêtre a rangé ses
vêtements sacerdotaux et toujours rien à l'ho-
rizon.
Pendant que le célébrant perdait patience, la
jeune fiancée, baignée dans les larmes, deman-
dait en vain son infidèle à tous les échod d'alen-
tour. Le futur ne se montrait pas.
La famille, désolée par tant d'indifférence en
un si grand jour, av&it partout dépêché des
courriers qui devaient explorer les environs et
ramener B... mort ou vif. Mais les recherches
sont inutiles, B... manque toujours au rendez-
vous. Alors chacun perd la tête : on se lamente,
les cuisinières laissent brûler leur rôti, le pot-au-
feu oublie de bouillir et les commentaires vont
leur train. — Je vous laisse à penser le déses-
poir des gens de la noce.
Comme on allait se quitter, un graad cri se
fait entendre : Le v0ilà!
C'était lui, en c ff t, qui haletant, tout cou-
vert de poussière et de sueur, encore vêtu de
ses habits de trav; ,il, acc Jurait vers le domicile
de sa future et se précipitait dans la maison
comme un ouragan s'engouffre dans une che-
minée, en un jour de tempête.
On crie, on interroge, et voici ce qu'en se re-
prenant vingt fois B... put enfin raconter :
Levé avant l'aurore, pour veiller aux derniers
préparatifs, l'infortuné s'était rendu au village
voisin, afin de s'entendre avec un violoneux qui
devait charmer dq ses accords le bal que le soir
même les mariés offriraient à leurs invités. Un
tel arrangement ne saurait se'conclure sans être
[ tant soit peu arrosé. On se rafraîchit donc assez j
généreusement.
Comme il retournait ensuite chez lui, B..., fa-
tigué par la route, fatigué par les rafraîchisse- |
ments, fatigué par la chaleur, pensa qu'il avait
encore bien le temps de se reposer un moment;
il s'assit dans un champ de seigle, où, succom-
bant à tant de fatigues réunies, il ne tarda pas
à s'endormir.
Tel autrefois Napoléon, à la veille d'Aus-
terlitz.
Enfin, vers onze heures et demie, le soleil
dardant d'aplomb <
regarde l'heure, et, saisi d'un remords qui l'é-
trangle, il court en grande hâte regagner la
maison paternelle et s'habiller pour la céré-
monie. -
Mais ses parents, qui l'avaient vu sortir dès
le matin, le croyant chez sa future, y avaient
porté ses effets. Il fallut bien s'y rendre comme
il était, et passer à travers la haie de curieux qui
depuis trois mortelles heures s'impatientaient en
l'attendant.
Tout se termina non par des chansons, mais
par un baiser ; la fiancée, tout aimable, accorda
généreuseenent son pardon; la noce, fort retar-
dée, put enfin s'acheminer vers l'église, les cui-
sinières firent rébouillir le pot-au-feu, et le soir,
le violoneux, cause première de tant de pleurs,
fit sauter gaiement les mariés et toute la noce
aux sons les plus entraînants de son joyeux crin
crin.
Et voilà pourquoi depuis trois jours on a tant
ri dans Pendé!
LORIENT. — Un enfant de onze ans a succom-
bé, à Lorient, dimanche dernier, d'une horrible
manière.
Le jeune Jérôme Henrio, dont les parents ha-
bitent Kiontaniou, se baignait, à la marée mon-
tante, près de la digue de Keroman, au lieu dit
Kepelay, lorsqu'il fut entraîné par le courant
vers l'écluse d'un réservoir appartenant à M.
Charles, lequel venait d'y faire poser une vanne
deux jours auparavant.
Au moment où l'enfant passait, cette vanne
s'est subitement fermée sur le pied droit du
malheureux qui, retenu dans ce puissant étau,
se mit à pousser des cris déchirants. Ses petits
camarades ne purent que joindre leurs cris aux
siens.
Plusseurs personnes accoururent, parmi les -
quelles des marins ; tous firent des efforts inouïs
pour dégager de la fatale étreint^ la jambe de
l'enfant, mais leurs forces ne purent venir à
bout de la force terrible de la mer.
Et le petit martyr, qui se voyait noyer, sous
le flot montant, montant toujours, criait au se-
cours avec angoisse, avec terreur... Il demanda
un prêtre... Les témoins affolés, terrifiés, lui
maintinrent tant qu'on le put la tête au-dessus
de l'eau; puis cette jeune tête fut couverte... et
l'épouvantable drame fut fini.
On avait été chercher la mère de Jérôme Hen-
rio, qui assista au supplice de son fils.
TRIBUNAUX
COUR D'ASSISES DE LA SEINE
Audience du 22 juillet.
Assassinat par un mari sur sa
femme.
Charles Tronche, ouvrier raffinent-, était traduit
hier devant la cour d'assises de la Seine sous l'accu-
sation d'assassinat sur sa femme. Celle-ci menait, il
est vrai, une vie de débaucha, et entretenait avec un
homme de soixante ans, chez lequel elle était en ser-
vice, des relations suivies.
Le 21 avril dernir, vers cinq heures, il se rendit
rue de Tanger dans une maison où sa femme avait
déjeuné. Il l'interpella brusquement et la somma de
l'accompagner. Elle refusa. Elle lui reprocha de se
faire nourrir par elle et de ne pas travailler.- Il ne lui
répondit pas; mais, levant le bras, il lui porta sou-
dain un coup de couteau au ventre et s'enfuit. Lors.
qu'il fut arrêté, le soir du même jour, il avait sur
lui trois couteaux. La femme Tronche expira dans la
nuit.
L'accusé allègue, pour sa défense, qu'étant ivre il
a cédé à un mouvement de colère et de jalousie.
M. le président. — Vous êtes allé chez votre fem-
me un couteau à "la main? — R. Non, monsieur, je
l'avais dans ma poche, c'est quand elle m'a insulté
que je".l'ai pris.
D. Vous avez donné un coup de couteau à cette
malheureuse et vous avez pris la fuite. Le soir on
vous retrouvait sur la place du Maroc, derrière une
voiture et posté aux aguets. Ne vouliez vous pas at-
tendre et frapper le sieur Gay? — n. Non, mon-
sieur. Je n'avais pas cette intention. Je ne savais plus
ce que je faisais; j'avais la tête perdue par le regret
de ce que j'avais fait à ma femme.
D. Le commissaire de police a constaté cependant
qu'au moment de l'arrestation vous lui aviez dit :
« Je ne regrette pas ce que j'ai fait; je lui aurais
bien donné un second coup. »
R. J'étais encore ivre en ce moment.
D. Le lendemain vous avez manifesté un regret,
c'est vrai; mais après l'acte, je le répète, votre senti-
ment était celui de la -«engeance satisfaite.
Quand on vous a arrêté, vous aviez encore votre
couteau tout sanglant ouvert dans la main; vous ne
dissimuliez donc pas vos intentions et vos actes.
Enfin, n'aviez-vous pas tenu avant le crime ce pro-
pos significatif : « Je coucherai au poste ce soir. »
R. Non, monsieur, je n'ai pu dire cela.
Reconnu coupable de meurtre sans préméditation,
Tronche est condamné, grâce à l'admission de cir-
constances atténuantes, à la peine de huit ans de
réclusion. I
TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE LA SEINE
Audience du 22 juillet
Participation au pillage de l'hôtel
de M. Thiers et de l'église Notre-
Dame-des-Victoires.
Philippe Bauër, sujet bavarois, âgé de trente-qua-
tre ans, polisseur sur acier, vivait depuis 1864 en
concubinage avec la fille Céleste Gilet, âgée de vingt-
quatre ans, ouvrière brunisseuse, dont il a deux en-
fants par lui reconnus.
En 1870, après la déclaration de guerre, Bauër»,
en raison de, sa nationalité, dut quitter la France. Il
se retira à Liégé, où la fille Gillet ne tarda pas à
aller le rejoindre.
L'armistice le ramena à Paris et il y resta e11
1871, pendant la période insurectionnelle.
Les relations devinrent de plus en plus difficiles
entre lui et la fille Gilet, qui lui reprochait son in-
conduite et se plaignait de sa brutalité.
Au mois de janvier 1872, une rupture eut lieu
entre eux ; mais, vers la fin de mars, la fille Gilet
chercha à se rapprocher de Bauër..
Un jpur, il la rencontra en compagnie d'un nommé
Pietri, ayec qui elle convient avoir t'Il des relations.
Il interpelle son ancienne maitivsse et profère
contre le nouvel amant des menace .,., d * mort :
Il faut que ça finisse! Il faut que jf: le tue !
En même temps il se précipite sur son rival et le
frappe dangereusement au bas-vptiin?.
Arrêté et conduit devant le commissaire de police
il avoue avoir porté des coups à Piei. i ; mais la fiile
Gilet, intervenant comme témoin, élève contre lui
des charges beaucoup plus graves.
Elle l'accuse d'avoirservi durant la Commune dan1;
le corps des Vengeurs de Flourens, d'avoir participé
a l arrestation du maire de Bagnolet, au pillage de
1 hôtel de M. Thiers et des églises, enfin à la dé-
ftlnse de la grande barricade du faubourg du Tem.
Il fut impossible de contrôler, sur ces différents
points, les déclarations de la fille Gilet, et Bauër ne
fut pas reconnu parle maire, qui av.ut été effective-
ment arrêté le 3 avril 1871 et conduit à la préfecture
de police.
personne n'avait vu le Bavarois dans les rangs des
fédérés. Il n'existait donc pas de preuves suffisantes
qu'il eut pris à l'insurrection une pnt active. Mais
une perquisition au domicile qu'il occupait pendant
la Commune a-vec sa maîtresse y fit i'etrouver diffé-
rents objets paraissant provenir du pillage des égli-
ses, notamment une sonnette de cuivre avec manche
de bois, ayant appartenu à la paroisse Notre-Dame-
des-VtctOtres, des nœuds de ceinture des morceaux
d 'étoffe rouge ayant fait. partie de costumes d'en-
fant" de chœur, des ornements ecclésiastiques bordés
en or. De plus, la fille Gilet avoua avoir vendu à un
fondeur, M. Dauphin, des cœurs en argent pour la
somme de 42 fr.
Bauër et la fille Gilet sont traduits devant la cor-
rectionnelle; le premier nie sa participation aux
événements de la Commune.
Mais la seconde persiste dans ses déclarations.
Le tribunal lui tenant compte de ses aveux la ren-
voie de la poursuite. *
Quant à Bauër, il est condamné à treize mois
d emprisonnement et à trois ans de surveillance de
la haute police.
Le ministère public blâme énergiquement ies
commerçants qui ont accepté les objets dérobés et
les ont fondus ou brisés malgré leur origine sus-
! pecte. *"
CHRONIQUE JUDICIAIRE
EPISODE DE L'INSURRECTION ARABE DE 1871. —
Le dimanche 21 juillet 187! , vers huit heures du
soir, M. Héraut, propriétaire d'un moulin qu'il
exploitait lui-même dans la province de Cons-
tantine, Ormilie Converso, sa domestique, et
Genovardo, meunier, las des fatigues de la jour-
née, s'étaient réunis sur le. perron d'une porte
latérale peur prendre le frais.
Hamou et Si Mohamed, serviteurs indigènes,
chantaient et dansaient devant eux. Tout à coup
Mohamed disparaît à l'ang'e'd'un mur; Ilamou
continue ses gambades.
Au mème instant, une bande (i e vingt Arabes,
débouchant le sabre au poing, se précipite sur
Hamou et les trois Européens.
Ce fut une lutte horrible. La femme Converso
fut d'abord renversée, mutilée et décapitée sur
place. Héraut, Genovardo et Hamou, opposant
une vive résistance, réussirent à se faire jour au
milieu de la bande et à pénétrer dans le moulin,
où ils s'enfermèrent.,
Les Arabes se mirent en devoir d'enfoncer la.
porte, qui ne tarda pas à céder à leurs efforts et
à livrer passage à toute la bande.
Héla&! à partir de ce moment, il est impossible
de décrire ce qui se passa! b
Effroyablement mutilés, Hamou et Genovardo
parvinrent à s'enfuir, le premier dans un pi-
geonnier et; le second, dans la turbine du
moulin.
A travers les planches disjointes, Hamou put
suivre les mouvements des assassins : Héraut,
seul contre vingt, luttait encore. Sabres, pisto-
lets, carabines, tout fut dirigé contre ['infortuné
qui, lorsqu'il succomba, fut littéralement haché
par ces malfaiteurs.
Ce nouveau crime consommé, ceux-ci se mi-
rent à la recherche du meunier et d'.tîamou. 1
Voyant qu'ils ne pouvaient les trouver, ils dé-
valisèrent tout. Les meubles furent brisés, les
grains dispersés, l'argenterie enlevée. Ce n'est
que le lendemain que les deux malheureux fu-
rent délivrés de leur cachette, d'où ils n'osaient
N° 99. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXXIV
Au bord de l'abîme.
Le lendemain du jour fameux où Mariette
avait reçu une correction qu'elle ne devait ja-
mais oublier, vers deux heures de relevée, M. e
• ■ comte Powschine descendait de cheval dans la
1 -de l'hôtel Willcomb; puis, ayant jeté la
bride à un groom, il escaladait lestement le
perron monumental du riche édifice.
Il portait un costume de bon goût, mais som-
bre et rendant plus sensible le cachet assez fatal
de son visage. La roideur de sa haute taille, qui
«semblait d'ordinaire outrer le gourmé des grands 1
seigneurs moscovites, s'exagérait encore sous
nous ne savons quel stimulant intérieur, impri-
Çlant à toute sa personne l'air d'un... Mçphisto-
phélès sûr de la perdition de Marguerite-. Par-
venu au vaste vestibule du rez-de-chaussée, le
Russe y rencontra plusieurs domestiques, et,
fait anormal, maître Cincinnatus, que ses fonc-
tions, tenant de l'intendant et du premier valet
de chambre, dispensaient complètement de cette
station trop servile.
— Madame n'est sans doute pas encore ren-
I trée? lui dit Pétrus. N'importe, je vais l'ttttendr
: à la bibliothèque.
j —Pardon, monsieur, répondit l'ex- Ui-Codgia,
! madame n'est pas sortie d'aujourd'hui et vous
prie de venir la trouver dans le petit salon bleu.
Ces simples paroles parurent causer au boyard
une très-désagréable surprise.
— Le distique de François Ier à Chambord
serait-il vrai pour elle comme pour tant d'autres
mobiles dames? murmura-1-il entre ses dents..
Néanmoins il reprit presque aussitôt son atti-
tude glorieuse, et ordonna sèchement au nègre.
de le faire annoncer à sa maîtresse.
— J'aurai personnellement cet honneur, dit le
factotum de Georges avec un sourire ambigu.
Il accompagna donc l'arrivant jusqu'à la pièce
désignée, sise au premier étage, et que précé-
dait une antichambre.
— M.. le comte Pétrus Powschine, déclama«t-
il au seuil du salon.
L'annoncé entra avec une courtoisie un peu
familière, que justifiait sa position d'ami de la
maison.
Cincinnatus referma la porte sur le tète-à-tête.
Elise était assise auprès d'une petite table
d'ébène à incrustations d'argent, sur laquelle
elle jeta le journal de modes qu'elle tenait à la
main, pour indiquer au visiteur un siége placé
en face d'elle.
La pupille de Cambronne avait revêtu un frais
déshabillé, dont la simplicité indiquait assez
son-intention de ne pas sortir et de ne pas « re-
cevoir » ce jour-là. Un unique ruban rose rete-
nait la masse ondoyante de sa blonde chevelure.
Dans ce négligé, et quoique la pénible préoccu-,
pation des absences de Georges, si mal interpré-
tées par elle, eût visiblement pâli ses jolis traits,
| elle était plus charmante, plus involontairement
attrayante et désirable surtout qu'en toilette
d'apj a "a t.
Le Bysantin iessentit aussitôt cette séduction
sans artifice, qu'exercent certaines femmes, pré-
! ci-ément, à force d'ignorance ' de leur beauté
[ tentatrice; son ceil étincela, nous n'écrivons pas
j d'amour, pour ne point profaner ce noble mot
én l'appliquant à cette personnalité louche, mais
d'ardente couvoitise.
: — Je ne comptais guère, chère madame, com-
j mença-t-il en s'asseyant, sur le plaisir de vous
I rencontrer tout d'abord ici,
—- Pourquoi donc, monsieur ? fit Elise en le-
vant sur son cavalier servant son limpide regard.
—Parce que vous m'aviez averti, hier. qu'une
visite indispensable vous retiendrait probable-
ment dehors jusqu'à trois heures environ. Or,
il en est deux et demie... et... je vois à vos
atours que vous n'avez point quitte l'hôtel d'au-
jourd'hui.
— Oui, j'ai remis à un autre moment cette
course, et...
— Et cette station, acheva Pétrus.
— Cette station? répéta vivement la jeune
femme. Qu'entendez-vous par ce mot, monsieur?
— Tenez, ma chère Elise... permettez cette
qualification à un ami dont l'âge est presque le j
double du'vôtre, ajouta Powschine d'une voix |
paternelle, en remarquant une expression de di- j
gnité blessée sur le visage de son interlocutrice. !
Tenez, ma chère enfant, n'essayez point de me !
rien cacher, car ma triste expérience se joue de j
votre naïve dissimulation. Dès notre rencontre j
au bois avec Mme d'Airelle, j'avais deviné que j
vous vouliez vous rendre incognito devant sa !
maison, pour y épier l'entrée de Georges. Vous 1
avez donc abandonné cette vilaine résolution? Je !
vous en félicite de tout coeur. |
| Il y avait dans, le ton île cette approbation
: conciliante quelque chose de sardonique; pour-
tant Mme Willcomb parut la prendre ton jeu
bon argent.
1 ^ — Merci,, monsieur, répondit-elle. En effet,
j'ai réussi d'abord à me persuader que le ddute
est préférable à une affreuse certitude, dans un
cas comme le mien. De là à espérer que mes
soupçons étaient mal fondés, il n'y avait pas
loin. Aussi, quoique mon mari soit encore parti
dès l'autre sans même m'embrasser,—-peut-être
; par crainte de m'éveiller, — je renonce à un
espionnage indigne de moi... et probablement
de nous deux. Au lieu de chercher en lui le par-
jure à la foi conjugale, je veux retrouver l'in-
séparable et tendre compagnon des premiers.
1 jours de notre union... Pour provoquer cet heu-
reux retour, je vais même saisir 'bientôt une
occasion où votre amical concours me -sera utile.
— En quoi, s'il vous plaît, madame? interro-,
gea le comte avec un dépit mal dissimulé.
| (La. suite à demain.)
JULES CAUVAIN.
Jois le numéro d'kisç,
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