Presse et revues
40 pages
Titre : Pall-Mall illustration : revue mensuelle, littéraire, artistique, sportive & mondaine ["puis" publication hebdomadaire spécialement consacrée à la vie mondaine, sportive, artistique et littéraire de la Riviera]
Éditeur : [s.n.] (Nice)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Cannes)
Date d'édition : 1906-09-01
Contributeur : Jourdan, Raymond. Directeur de publication
Contributeur : Besson, Francis (1882-19..). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32831571s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 septembre 1906 01 septembre 1906
Description : 1906/09/01 (N7)-1906/10/31. 1906/09/01 (N7)-1906/10/31.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG06 Collection numérique : BIPFPIG06
Description : Collection numérique : BIPFPIG06 Collection numérique : BIPFPIG06
Description : Collection numérique : BIPFPIG13 Collection numérique : BIPFPIG13
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Provence-Alpes-Côte d'Azur
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4522051g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-50547
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/05/2016
PALL MALL ILLUSTRATION
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“FALL MALL” LITTÉRAIRE
Nous avons le plaisir d’annoncer à nos lecteurs que
Gaston üumestre, l’homme de lettres bien connu, s’est
définitivement installé parmi nous et a bien voulu entrer
comme rédacteur en chef au Pall Mail Illustration, auquel
il collaborait déjà.
Nous sommes sûrs qu’il sera le bienvenu parmi nos
lecteurs comme il l’a été parmi nous.
La Direction.
De taille moyenne, mais solidement et bien planté, Gaston
Dumestre, avec son masque sombre de tzigane, semble avoir
rapporté de ses lointains voyages
une tristesse infinie dans ses
grands yeux verts.
Le nez est fortement aquilin,
le front haut, intelligent. La bou
che, qui est grande, s’ouvre sur
une double rangée de belles dents
blanches, en un sourire souvent
bon, parfois moqueur, toujours
spirituel. Mais, à travers cette
bouté, cette moquerie., cet esprit
du sourire, la physionomie garde
pour l’observateur quelque chose
d’amer, un voile léger, mais que
rien n’écarte, un voile de brume...
Souvenirs d’enfance et des heures mauvaises? Peines de
cœur?... “Chilosa”?
Une autre lueur tremble au fond de mon passé :
— Cette nuit est mauvaise où les morts ressuscitent !—
Voici mon vieil amour par devant moi d/'essé,
Tels ces remords à quoi les nuits blanches incitent.
Va-t-en, fantôme né de ces heures sans bruit !
Nul souvenir en moi ne vit et nulle joie;
Mon vieux bonheur que les destins fous ont détruit
Ne s’éveillera pas à l’aube qui rougeoie—
(Nuit Provençale, par G. Dumestre).
II y a trois phases dans la vie de Gaston Dumestre : La
phase parisienne, la phase des voyages, la phase de
production régulière; il y a eu trois hommes : le poète, le
compositeur, l’écrivain.
La phase parisienne trempa Gaston Dumestre. Adolescent,
il fut pris dans les engrenages de la vie de bohème, cette
vie cruelle, au jour le jour, qui broie les âmes vulgaires,mais
affine étrangement la sensibilité des autres. Il sortit vain
queur de cette rude épreuve, qu’il commença dans les envi
rons de 1894, de la façon originale que voici... A l’une des
soirées de la Plume, dirigée alors par Léon Deschamps, le
jeune Dumestre se présenta un jour pour chanter. Là, se
trouvait tout entière cette pléiade illustre de poètes et de litté
rateurs qui pendant plus de 10 ans collaborèrent à cette
revue, la plus littéraire de l’époque.
Il fut toisé, et apprit que seules les œuvres personnelles
pouvaient être interprétées. «Mais c’est mon œuvre, protesta
l’adolescent. » Alors, sur un signe de permission peut-être
un peu railleur, il s’assit au piano et chanta de toute son
âme, sur un thème d’une navrance étrange et poignante :
LES INQUIETS
Quand la nuit tombe sur Paris,
Une bande noire chemine ;
Ce sont les Inquiets sans logis,
Par la misère et la famine
Leurs yeux quêteurs sont agrandis.
refrain
Ils vont, ils vont
Le long du feuve profond,
Au bruit des vagues chanteuses
Berçant leurs âmes rêveuses,
Les yeux brillants du désir
Des fols verts qui font mourir !
Les Inquiets ont de fous espoirs
D’amantes qui leur seraient douces
Et, dans la tristesse des soirs.
Rêvant de brunes et de rousses,
Ils recherchent les coins bien noirs.
(au refrain)
Les Inquiets dorment sur le bord
Du feuve en rêvant des richesses :
La lune a l’air d’un flambeau d’or
Et les pierreuses de duchesses.
Ils rêvent, leur douleur s’endort,
(au refrain)
Quelquefois on entend le cri
D’un pauvre qui roule dans l’onde,
Lors un Inquiet s’arrête et dit :
“ Requiem ”, En quittant ce monde
Réponds-nous, frère, est-on guérit...
(au refrain)
Les Inquiets furent unanimement proclamés un chef-
d’œuvre. A partir de ce jour, Gaston Dumestre collabora
régulièrement à la Plume. Il était lancé. Pris en amitié par
ses nouveaux amis, et plus particulièrement par Paul
Verlaine, Laurent Tailhade, Henri de Régnier, Anatole
France, François Coppée, Armand Sylvestre, qu’il fréquenta
assidûment, il développa en cette atmosphère de talent et
de génie, ses facultés admirables de poète et de composi
teur, d’observateur et d’écrivain dont toutes ses œuvres
portent la patine.
Cette phase que marque plus particulièrement Les
Inquiets, est l’époque du Dumestre chansonnier, mais quel
chansonnier! Le mot est banal et inexact. Il s’applique à
trop de médiocrité pour ne pas jurer à côté du nom de
l’auteur de Fantôme, des Cloches, de Soir Crépusculaire
et de tant d’autres chefs-d’œuvre.
Pourrait-on qualifier de chansonnier l’homme où vivait
l’âme d’un Verlaine et parfois aussi d’un Sully-Prud’homme
avec les souffles fréquents de Pâme d’un Griegh et d’un
Massenet.
C’est là toute la différence entre les deux mots : chanson
nier et Dumestre.
* *
Z?
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Nous avons le plaisir d’annoncer à nos lecteurs que
Gaston üumestre, l’homme de lettres bien connu, s’est
définitivement installé parmi nous et a bien voulu entrer
comme rédacteur en chef au Pall Mail Illustration, auquel
il collaborait déjà.
Nous sommes sûrs qu’il sera le bienvenu parmi nos
lecteurs comme il l’a été parmi nous.
La Direction.
De taille moyenne, mais solidement et bien planté, Gaston
Dumestre, avec son masque sombre de tzigane, semble avoir
rapporté de ses lointains voyages
une tristesse infinie dans ses
grands yeux verts.
Le nez est fortement aquilin,
le front haut, intelligent. La bou
che, qui est grande, s’ouvre sur
une double rangée de belles dents
blanches, en un sourire souvent
bon, parfois moqueur, toujours
spirituel. Mais, à travers cette
bouté, cette moquerie., cet esprit
du sourire, la physionomie garde
pour l’observateur quelque chose
d’amer, un voile léger, mais que
rien n’écarte, un voile de brume...
Souvenirs d’enfance et des heures mauvaises? Peines de
cœur?... “Chilosa”?
Une autre lueur tremble au fond de mon passé :
— Cette nuit est mauvaise où les morts ressuscitent !—
Voici mon vieil amour par devant moi d/'essé,
Tels ces remords à quoi les nuits blanches incitent.
Va-t-en, fantôme né de ces heures sans bruit !
Nul souvenir en moi ne vit et nulle joie;
Mon vieux bonheur que les destins fous ont détruit
Ne s’éveillera pas à l’aube qui rougeoie—
(Nuit Provençale, par G. Dumestre).
II y a trois phases dans la vie de Gaston Dumestre : La
phase parisienne, la phase des voyages, la phase de
production régulière; il y a eu trois hommes : le poète, le
compositeur, l’écrivain.
La phase parisienne trempa Gaston Dumestre. Adolescent,
il fut pris dans les engrenages de la vie de bohème, cette
vie cruelle, au jour le jour, qui broie les âmes vulgaires,mais
affine étrangement la sensibilité des autres. Il sortit vain
queur de cette rude épreuve, qu’il commença dans les envi
rons de 1894, de la façon originale que voici... A l’une des
soirées de la Plume, dirigée alors par Léon Deschamps, le
jeune Dumestre se présenta un jour pour chanter. Là, se
trouvait tout entière cette pléiade illustre de poètes et de litté
rateurs qui pendant plus de 10 ans collaborèrent à cette
revue, la plus littéraire de l’époque.
Il fut toisé, et apprit que seules les œuvres personnelles
pouvaient être interprétées. «Mais c’est mon œuvre, protesta
l’adolescent. » Alors, sur un signe de permission peut-être
un peu railleur, il s’assit au piano et chanta de toute son
âme, sur un thème d’une navrance étrange et poignante :
LES INQUIETS
Quand la nuit tombe sur Paris,
Une bande noire chemine ;
Ce sont les Inquiets sans logis,
Par la misère et la famine
Leurs yeux quêteurs sont agrandis.
refrain
Ils vont, ils vont
Le long du feuve profond,
Au bruit des vagues chanteuses
Berçant leurs âmes rêveuses,
Les yeux brillants du désir
Des fols verts qui font mourir !
Les Inquiets ont de fous espoirs
D’amantes qui leur seraient douces
Et, dans la tristesse des soirs.
Rêvant de brunes et de rousses,
Ils recherchent les coins bien noirs.
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La lune a l’air d’un flambeau d’or
Et les pierreuses de duchesses.
Ils rêvent, leur douleur s’endort,
(au refrain)
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Réponds-nous, frère, est-on guérit...
(au refrain)
Les Inquiets furent unanimement proclamés un chef-
d’œuvre. A partir de ce jour, Gaston Dumestre collabora
régulièrement à la Plume. Il était lancé. Pris en amitié par
ses nouveaux amis, et plus particulièrement par Paul
Verlaine, Laurent Tailhade, Henri de Régnier, Anatole
France, François Coppée, Armand Sylvestre, qu’il fréquenta
assidûment, il développa en cette atmosphère de talent et
de génie, ses facultés admirables de poète et de composi
teur, d’observateur et d’écrivain dont toutes ses œuvres
portent la patine.
Cette phase que marque plus particulièrement Les
Inquiets, est l’époque du Dumestre chansonnier, mais quel
chansonnier! Le mot est banal et inexact. Il s’applique à
trop de médiocrité pour ne pas jurer à côté du nom de
l’auteur de Fantôme, des Cloches, de Soir Crépusculaire
et de tant d’autres chefs-d’œuvre.
Pourrait-on qualifier de chansonnier l’homme où vivait
l’âme d’un Verlaine et parfois aussi d’un Sully-Prud’homme
avec les souffles fréquents de Pâme d’un Griegh et d’un
Massenet.
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nier et Dumestre.
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