Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1923-02-10
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 février 1923 10 février 1923
Description : 1923/02/10 (A39,N13697). 1923/02/10 (A39,N13697).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t539874h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
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LE PETIT ALGÉRIEN
39 e ANNÉE
N° 13697
cent.
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V
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H
EN RELISANT L’HISTOIRE
Madame de_CUateaubrïand
Son mari la nommait parfois, dans les
lettres qu’il écrivait à des intimes : « La
petite créature », et il semble que pendant
longtemps Mme de Chateaubriand est res-
téô pour beaucoup une petite créature
perdue dans le rayonnement glorieux de
l’écrivain. Cela a maintenant bien changé.
Grâce à des publications successives, cette
pâle figure est peu à peu sortie de son
effacement. Le livre de M. Maurice Levait- *
lant : Splendeurs et misères de M. de Cha
teaubriand, vient de préciser encore sa
phvsionomie en la montrant à son foyer.
Céleste Buisson de Lavigne fut élevée
par son grand-père, à Lorient, où elle
était née.Ce n’est qu’à l'âge de 17 ans
qu’elle quitta cette ville pour venir à
Saint-Malo, où elle se lia avec Lucile de
Chateaubriand. Celle-ci, en son affection
désordonnée, entreprit de la marier à son
frère. Ce qui fut fait.
Chateaubriand laissa, avec une noncha-
ïenee superbe, engager sa vie tout entiè
re. Il mit la main dans la main de, cette
petite fille, no songeant pas un instant à
ce qu’il représentait pour ce cœur d’or
pheline. Or, ce qu’il représentait c’était un
abîme mystérieux de douceur et de ten
dresse, un foyer où, côte à côte, se ré
chauffant par "un amour partagé, l’on voit
chaque jour succéder à un autre, sans re
gret et sans impatience. Aussi, alors
qu’il ne se donnait pas à elle, elle se don
nait à lui, -qui ne devina jamais l’absolu
de ce don volontaire.
Il n’eut guère, d’ailleurs, le temps d’y
réfléchir. Les événements publics ne le lui
permirent pas. Quatre mois ne s’étaient
nas écoulés cuie Chateaubriand émigrait,
tl court à Bruxelles, gagne Coblentz, est
blessé à Thionville et, après avoir pénible
ment rejoint Jersey, arrive en Angleterre.
La vie y était rude. Chateaubriand man
qua mourir de faim à Londres ; il tra
vaille, écrit, parcourt la Suisse, s’enflam
me pour une jeune anglaise et, au mo
ment qu’il va s’engager à elle, il se sou
vient qu’il a déjà une femme en France.
Tout porte à croire qu’il l’avait oubliée.
Mme de Chateaubriand, ^ pendant ce
temps, supportait les inconvénients d’ôtre
ta femme d’un émigré. Incarcérée avec Lu
cile, les deux belles-sœurs purent occuper
les longues heures de leur emprisonne
ment à parler de leur François, de ^ses
souffrances qu’elles devinaient.. Peut-être
n’allèrent-elles pas jusqu’à deviner Char
lotte Ives. Et cela dura jusqu’au jour où
la chute de Robespierre ouvrit leur pri
son.
Les événements de Thermiaor ne de
vaient point toutefois amener la réunion
des deux époux. Tandis que, rendue à la
liberté, Mme de Chateaubriand attend,
dans leur Bretagne, son insaisissable maî
tre, celui-ci rentre en France, un peu à la
dérobée. Il reste à Paris. Introduit par
ïïoubert dans le petit monde charmant de
la rue Neuve-du-Luxembourg, il occupe
les mois d’été à dicter à la douce Pauline
de Beaumont Le Génie du Christianisme.
On sait la suite : la publication du livre,
son succès, la protection de Lucien Bona
parte, la nomination, à Rome, comme se
crétaire d’ambassade, l’arrivée de Mme de
Beaumont dans la Ville Eternelle, son
agonie douloureuse et plein d affection,
d’une affection assez détachée de la terre
pour rappeler à son ami qu’il a une fem
me et que celle-ci l’attend depuis bientôt
douze ans.
cx>o
Quand ils se retrouvèrent, ils ne se re
connurent pas.Comment auraient-ils pu se
reconnaître ? La solitude et les années
n’avaient pas glissé sans l’atteindre sur
Mme de Chateaubriand ; il restait bien
peu de chose de la jeune fille en capote
rose qu’il avait trouvée jolie sur le. sillon
de Saint-Malo. Lui-même, à cette époque
lointaine, n’était qu’un jeune homme dé
barqué d’Amérique les yeux pleins des
grands paysages que son imagination al
lait amplifier encore. Depuis.il avait souf
fert, triomphé, et il avait été aimé.
Frénilly, qui ne respecte rien en sa ver
ve amusante, les rencontre alors à Cham-
îlâtreux. Citant les personnes qu’il y vit,
A nomme : « Chateaubriand et une person
ne que nul, je crois, ni avait encore mie
avec lui, sa femme, j'aime . mieux femelle, car comme je l'ai déjà dit, elle
était certainement sortie du même nid,
sinon du même œuf que lui, et cet assor-
liment parfait des deux caractères les plus
désassoriissants que j'aie connus, fait ai
sément concevoir comment ils s'étaient
fougueusement connus, impétueusement
quittés et étourdiment repris. »
Peut-être étaient-ils faits pour se ma
rier, mais certainement ils n’étaient point
faits pour s’entendre. Chateaubriand vou
lait de l’admiration, Mme de Chateau
briand lui offrait une passion inextingui
ble. Elle l’aimait avec une ardeur tracas-
’Bière et jalouse ; elle l’aimait trop et, pré
cisément parce qu’elle l’aimait trop, elle •
l’aimait mal. Il est juste de reconnaître
que son rôle était délicat. Chateaubriand
avait beau plàner au-dessus des contin
gences, il redescendait parfois sur terre.
Quand on vit avec Velléda, Cymodocée ou
Blança, il est difficile alors d’y retrouver,
sans désillusion, des mortelles plus hum
bles. La comparaison, pour Mme de Cha
teaubriand, était redoutable. Vive, spiri
tuelle, pétulante et hargneuse, la maladie
même n’arrêtait pas ses lamentations, ses
fureurs et ses reproches. Elle était frêle,
d’une de ces fragilités indestructibles qui
vous accompagnent, sans rémission, jus
qu’au tombeau.
A quelques égards la comparaison avec
les femmes 4e chair et de sang qui prodi
guaient à son époux la douceur voluptueu
se ou ardente de leur présence, n’était pas
moins redoutable. De là dans ce ménage
des scènes, tour à tour violentes ou inter
minables, qui faisaient considérer au pau
vre Chateaubriand l’éloignement du foyer
comme fine aubaine désirable et trop ra
re. Et sans doute l’affection de Mme de |
Chateaubriand le touche ! c’était un « bon j
garçon », mais elle le touche surtout ;
quand elle est lointaine, et comme il aime i
écrire, il lui écrit chaque jour pour, qu’elle
ne s’inquiète pas, pour qu’elle patiente et
surtout pour qu’elle ne vienne pas.
Même à Londres, à l’abri dans son am
bassade, il sentait planer sur lui la me
nace de cette venue. M. de Bourqueney,
4111 était alors troisième secrétaire, écrit ; ■ !
F.
« M- Pilorge m'a donné -, sur Mme de Cha \
teaubriand, des détails qui ne font pas
désirer son arrivée. M. de Chateaubriand
supporte néanmoins, avec une patience
admirable , les travers de son caractère
acariâtre, mais il redouterait son voyage
à Londres. » '
C’est le reflet très fidèle de l’opinion de
l’ambassadeur ; il n’a qu’une idée : que sa
femme reste à Paris. Aussi multiplie-t-il
les objurgations au fidèle M. Lemoine ; il
lui enjoint de no laisser Mme de Chateau
briand manquer ni d’argent, ni de visites ;
mais, pour Dieu ! qu’elle ne vienne pas !
Que voulez-vous, Chateaubriand aime la
solitude ; il l’aime pour la tranquillité si
lencieuse qu’elle lui procure, il l’aime
peut-être aussi pour la liberté qu’elle lui
donne. Mme Elliott n’a-t-elle pas murmu
ré, en apercevant l’ambassadeur à une
réception : « He looks pretty well for a
genius. »
0 * 0*0
Le génie ' n’excuse rien et les torts de
Chateaubriand furent éclatants. Ce qui
l’excuserait à meilleur escient, c’est que
Mme de Chateaubriand, dans la vie quo
tidienne, devait être insupportable. Spiri
tuelle, mordante, elle juge sans douceur
ceux qu’elle ne chérit pas. Elle est, en ou
tre, admirable à se créer des souffrances.
Elle souffre de tout : de l’indifférence de
son grand homme et aussi de l’injustice
qu’on lui montre ; elle souffre de leur sé
paration et, quand ils sont réunis, elle
souffre de sa présence. Il n’est pas jus
qu’au mépris de l'argent, qu’affiche son
mari, ce mépris qui lui fait plaisanter ses
dettes, dont certaines « ont de la barbe,
tellement elles sont âgées », qui ne torture
son âme bourgeoise.
Peu à peu cependant celle-ci devait s’a
paiser. Il semble qu’au retour de l’am
bassade de Rome, ils aient adopté une fa
çon de vivre qui, à défaut de bonheur,
leur donne un calme relatif. Mme de Cha
teaubriand a la haute main sur l’Infirme
rie Marie-Thérèse, elle commande aux
vieux prêtres qu’elle recueille, aux sœurs
qui les soignent, aux pauvres, et cela use
le trop-plein de son activité. Chateau
briand lui abandonne même 3 a direction
du ménage. Précieuse concession qui lui
permet d’aller chaque jour voir sa chère
tout de se rendre auprès de Juliette Réca-
mier, enchanter ses yeux et son cœur.
Sous l’argent des cheveux, lui, continue
à être René, mais un René assagi, sinon
corrigé ; elle, elle est devenuo la vieille da
me aux longues boucles encadrant le vi
sage émacié. Evidemment, jusqu’au bout
Mmè de Chateaubriand tonne et vocifère ;
cependant avec l’âge les tempêtes sont
moins violentes, il n’y a plus de lames de
fond.
D’ailleurs, elle devait avoir sa revanche
le jour où Chateaubriand, à demr-perelus,
n’allant plus à l’Abbaye-au-Bois, ce fut
Juliette Récamier qui vint à lui. Ils du
rent leur paraître longs parfois, les ins
tants qu’ils passèrent ensemble, sous les
yeux implacables de Mme de Chateau
briand.
Ces yeux devaient se fermer les pre
miers. Mme de Chateaubriand mourut le
9 février 1847. Chateaubriand portit, alors
des grands silences qui déjà l’absorbaient
pour offrir à Mme Récamier de l’épouser.
Celle-ci, en son élégance, repoussa cette
politesse in extremis. Elle ne voulut être
et rester que la consolatrice dévouée, jus
qu’au jour d’été où l’on emporta vèss le
tombeau qu’il s’était choisi le génie fou
droyé. Et, tandis qu’il allait reposer là-
bas, face à la mer, qui si souvent avait
bercé son front lourd de songes orageux,
Mme de Chateaubriand, ensevelie dans sa
chère Infirmerie, pouvait enfin goûter,
parmi ses pauvres, un repos que son
cœur trop ardent avait vainement cher
ché dans une union magnifique et mal
heureuse,
Faüre de Céris.
BULLETIN OU JOUR
9e la Ruhr à Smyrne
(De notre rédacteur parisien)
Paris, 9 février.
Dans la Ruhr, la situation reste difft-
cite, parce que jusqu'ici on a tâtonnÇ sans
plan ni volonté bien arrêtée de briser les
obstacles. On ne pouvait ignorer que les
Allemands ne manqueraient d’en accu
muler sur notre route. On a voulu faire,
suivant l'expression d'un journal, l'occu
pation invisible, alors qu'au contraire il
fallait frapper les imaginations par une
occupation 'militaire en quelque sorte os*
tenlatoire.
On n'a pas prévu la 1 grève des chemi
nots, si bien qu'on a été pris au dépourvu.
Les agents de remplacement n'ont été ex
pédiés là-bas que par petits paquets,
alors qu'il s'agissait d'assurer des servi-
ces qui exigent 60.000 employés. Grâce aux
derniers envois ordonnés par M. Le Troc-
quér, nous allons avoir quelqu'e 10.000
cheminots à la, fois pour la Rhénanie.
C'est encore très insuffisant. Il est vrai
qu'on ne pourvoiera qu'à l'indispensable.
Mais l'indispensable c'est beaucoup, puis
qu'il faut ravitailler nos troupes, ravitail
ler la population et acheminer enfin vers
la France et la Belgique le charbon que
nous sommes allés chercher sur les bords
du Rhin. Ce charbon, nous l'attendons en
core, et il va y avoir un mois que nous
sommes à pied-d'œuvre.
Le manque de vigueur dans Vopération
a grandement encouragé l'adversaire, qui
nous brave aujourd’hui plus que le pre
mier jour, et nous bravera demain plus
qu'aujourd'hui, si nous ne renonçons pas
une fois pour toutes aux procédés dépour
vus d'énergie qui nous ont si mal réussi.
Il faut voir la situation telle qu'elle est.
Les neutres commencent à s'agiter. On a
vu, l'autre jour, le Suédois Branting là-
ter le conseil de la Société des nations
pour un arbitrage ; sa tentative est res
tée vaine. Aujourd'hui, c'est au Conseil
national suisse que la question a été po
sée ; l'opération a encore échoué, mais le
branle est donné et plus la situation ap
paraîtra incertaine dans la Ruhr, plus les
neutres s'agiteront.
Le devoir de notre gouvernement est de
serrer sérieusement celte vis dont on par
le tant et qu'on serre si peu. Il y a long
temps que les Allemands seraient mâles,
$'ü& avaient senti chez nous, chez lei oc*
TÉLÉPHONE : 1-02
cupants, une volonté farouche. Au lieu
de cela ,ils ont constaté de l'hésitation.
Aussi, leurs agents ont-ils eu beau jeu
dans leur résistance agressive.
le veux finir sur une impression de con
fiance. Les Allemands disent : « Nous tien
drons deux mois encore, s'il le faut. » Il
est vrai que deux mois, ce sera pour eux
un effort considérable, qui risque d'anéan
tir leur vie économique tout entière, alors
que nous nous pourrons tenir non pas
deux mois, non pas six mois, mais indé
finiment. Il s'agit, dans la Ruhr, d'une
lutte d'endurance. C'est dosic à celui qui
tiendra le pins longtemps qu'ira la vic
toire. Il n'y a pas l'ombre d'un doute que
ce sera la France. M. Wilson ayant dis
paru, les Allemands cherchent des média
teurs un peu partout. La France, pour
vaincre, ne compte que sur elle-même.
La question de Smyrne, plus exacte
ment celle de l'Orient tout entier, demeu
re sérieuse. Au moment où je télégraphie,
on ignore si les Turcs sont revenus à des
points de vue plus raisonnables. Leur folle
extravagance est telle qu'on a le droit de-
tout redouter. Ce qui ajoute à la gravité
de la situation, c'est qu'au coup de tête
des Turcs peut s'ajouter un coup de tête
des Grecs.
Ce coup de tête est tellement, si Von peut
dire, dans l'air, qu'une dépêche nous ar
rive de Berne, assurant qu'on croit savoir,
à Rome, que l'armée grecque de la Thrace
aurait attaqué les Turcs sur la Maritza.
Le télégramme aurait fait bien des cro
chets avant de nous parvenir, preuve que
la nouvelle est heureusement fausse. Crai
gnons qu'elle ne soü que prématurée et
faisons des vœux pour que la sagesse en
tre enfin dans toutes ces cervelles à l'en
vers.
L. Marcellin.
Le Budget de 1923
Les explications de M. de Lasteyrie
à la commission des Finances
Paris, 8 février. — M. de Lasteyrie s’est
rendu ce matin à la commission des finan
ces de la Chambre pour s’expliquer sur les
mesures fiscales déjà volées par cette com
mission et sur les propositions élaborées par
la sous-commüssiôn fiscale pour équilibrer le
budget.
Le ministre a tou£ d’abord renouvelé net
tement l’avis formellement défavorable qu’il
avait déjà formulé au sujet du carnet de
coupons ; le ministre considère que l’institu-
ti au crédit public et favoriserait l’évasion des
capitaux.
En ce qui concerne l’équilibre du budget,
le ministre estime que cet équilibre peut être
réalisé de la manière suivante. :
Le déficit, à comblet étant de 3 milliards
800 millions :
1» Un rendement sup pl érnen t a iro de 500 mil
lions cte-s contributions directes peut cyre es
compté en se fondant sur les résultats de
l’exercice précédent ;
2° On peut faire état des 500 millions pro-
yenant du remboursement par les. compa
gnies dés chemins de fer du matériel que
l’Etat leur avait cédé ;
3° Le ministre évalue à 500 millions les res
sources supplémentaires à attendre des me-
junas de contrôle, d’après -Es signes exté
rieurs qu’il a proposées pour la perception
de l’impôt sur le revenu ;
4° Le ministre voudrait demander un mil
liard et demi à l'établissement d’un double
décime sur certains impôts directs et pur
les droits d’enregistrement et d’un décime
seulement sur lès autres impôts, exception
faite des droits de douanes et de l’impôt sur
le chiffre d’affaires qui en aucun cas ne de
vraient êtra surtaxés ;
5° Enfin, pour les 800 millions restant à
trouver, île ministre a déclaré qu’il consenti
rait à accepter, comme l’année dernière, l’a
mortissement des rentes données en paye
ment sur les bénéfices de guerre.
En terminant son exposé, M. de Lasteyrie
a fait connaître à la commission que les plus-
values réalisées au cours de l’exercice 1922,
par rapport à l’exercice 1921, se sont élevées
aux chiffres suivants : 1.282 millions pour les
contributions directes ; 1.854 millions pour les
contributions indirectes, enregistrement et
monopoles. Soit un total de 3 milliards 136
millions.
Ces plus-values, dont le ministre a fait état
clans ses évaluations budgétaires, montrent
tout à la fois les progrès réalisés dans la per
ception des impôts et les pus-values dont no
tre système fiscal est actuellement suscepti
ble
Le ministre a ajouté que si T Allemagne
avait tenu ses engagements et que si la tré
sorerie avait pu bénéficier d’emprunts inter
nationaux, on n’aurait pas eu besoin d'impôts
nouveaux ; mais étant donné l’impossibilité
d’attendre pendant trois ou quatre ans les
plus-values escomptées, il est nécessaire de
faire un effort fiscal qui sera plus ou moins
provisoire.
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SAMEDI 10 FEVRIER 1923
LE PARLEMENT
Chambre
Çyand on promet, il faut tenir
Nancy, 8 février. — Le jour de la mobilisa
tion, le 2 août 1914, M. Bailly, ingénieur, con
seiller municipal de Nancy, annonçait par let
tre au maire qu’il offrait 100.000 francs en fa
veur des familles nécessiteuses mobilisées.
Mais après le vote de la Chambre accordant
une allocation aux-familles de mobilisés, M.
Bailly déclara que >le geste n’avait plus sa
raison d'être et, mis en demeure de tenir sa
promesse, il refusa.
Le Conseil municipal donna alors mandat
au maire de poursuivre le donateur devant la
juridiction compétente. M. Bailly fut condam
né à souscrire à ©es engagements et la Gour
de Cassation vient de rejeter le pourvoi de
l’ancien conseiller 'municipal, qui devra ver
ser ©es 100.000 francs.
L'ACTUALITE
(par Henriot)
Séance du 9 Février
La séance est ouverte à 15 heures, sous la,
présidence de M. Raoul Péret.
b prfiüèp (tes tailleurs de ern
On discute le projet relatif au privilège des
bouilleurs de cru.
M. Bykanowskl, rapporteur général, con
clut, au nom de la commission de© finances,
à la prorogation pure et simple du régime
actuel.
M. Delles-al!o développe ensuite une motion
d'ajournement, en vue du renvoi du projet à
la commission des finances et à la commis
sion de l’hygiène
M. S&rthe, président'de la commission des
boissons, s’oppose à la motion d’ajournement
qui est écartée par 450 voix contre 120.
MM. Courtier et Girod défendent ensuite
longuement le privilège des bouilleurs de cru
et s’élèvent contre le reproche fait à ces der
niers, d’ôtre des fraudeurs.
Après diverses observations, en particulier
de MM. Laruel et About, en faveur des bouil
leurs de cru et contre les tracasseries dont
ceux-ci sont les objets, la discussion générale
est close et le passage aux articles ordonné.
La suite de la discussion est renvoyée à
mardi.
La séance est levée à 18 h. 40.
it h <£s
— Qu’cst-ce qu'il faut faire, docteur, j’en*
gfàisse à vue d’œil, j'enfle... j'enfle...
— Ne vous désolez pas, vous avez encore
de la marge avant d’avoir atteint le niveau
de la livre sterling ...
Séance du 9 février
M. Bienvenu-Martin préside la séance ou
verte à 15 h. 15 et donne aussitôt la parole à
M. Fernand Merlin pour développer son in
terpellation sur les brusques déplacements de
fonctionnaires d’ordre administratif.
sierpeiiatiaa do I. Fernand Merlin
L’orateur expose Es faits :
— Un préfet, M. Bourienne, ancien sous-
préfet de Roanne pendant sept ans, fut pla
cé le 12 octobre dernier à la tête du départe>-
inent de l’Aisne. Après un vértable calvaire
de quarante-huit jours, pendant lequel il fut
poursuivi par des hainàs implacables, il était
appelé à d’autres fonctions, qu’il attend en
core. Il n’araijt pas demandé les fonctions
qui lui ont été retirées brusquement, sans
que les raisons de sa disgr âce lui soit ait con
nues.
L’orateur demande des explications à .ce
suj et.
M. Fernand Merlin poursuit :
— A la suite d’une conversation confiante
et douloureuse avec M. Maunoury, j’ai con
servé l'impression que, dans nos régions dé
vastées, il arrive que les préfets sont placés
sous la surveillance iat presque sous l’autorité
de certain© de leurs subordonnés. J'ajoute que
la décision prise à l’égard de M. Bourienne
semble être imputable plutôt au •ministre dos
régions libérées qu’au ministre de l'intérieur.
M. Maunoury, ministre de l’intérieur. —- 11 -
y a eu une délibération et une décision au
Conseil dos ministres. Je suis) solidaire de
tous mes collègues. Si, en dehors de la soli
darité ministérielle on veut e’en prendre à
quelqu'un, c’est à mol qu’il faut le faire. Mon
collègue des régions libérées ne saurait être
mis en cause. (Applaudissements).
M. Fernand Merlin. — Je suis heureux de
vous entendre tenir ce langage ; mais M.
Bourr,tenue, disgrâcié, n'est pas de ces hom
mes, dont d’essentielle règle d’action est e pas
d'histoires ». Il est un de ceux dont nous
avons besoin pour que tout ce qui concerne
la reconstitution de,s régions libérées soit
soumii à un contrôle rigoureux qui est né
cessaire. (Applaudissements). Il faut que nous
soyons renseignés sur ce qui se passe dans
nos départements dévastés, où déjà tant de
milliards ont été dépensées.
M. da Lis ber sac. — Demain vos paroles se
ront traduite à Berlin. (Vives interruptions).
M. Soulié. — A l’ordre.
M. Fernand Merlin, Je ne suis jamais
laila à Berlin (mouvements divers) et je n’ai
pas T-intention d’y aller ; mais je voudrais
que notre commission des finances, qui a le
dro-it de tout connaître, fît une enquête sur,
la gestion financière des départements de nos
•régions dévastées.
M. Henry Bérenger, rapporteur général. —
Depuis Tan dernier, la commission des finan
ces fait des enquêtes sur les .régions iibô
rées. Sur beaucoup de points sfgnalés, lo mi
nistre des régions libérées, a saisi la justice.
Le Sénat peut être assuré de la vigilance da
la commission. (Applaudissements.)
M. Fernand Merlin termine -en posant les
questions suivantes à M. Maunoury : Pour
quelles raisons le gouverneraient s’est-il déju
gé en frappant) d’une disgrâce brutale un
fonctionnaire, à qui il avait donné tout ré
cemment un avancement mérité ? Quelle com
pensation entend-on donner à M. Ro-urrienne ?
Pourquoi a4-on déclassé le département de
I’Aftsne ?
Je ne déposerai pas d’ordre du jour, déclare
l’orateur. Je me contente des marques d’ap
probation. que j’ai recueillies auprès de mes
collègues. C’est un jugement moral qui suffit
à ma conscience et mes. préoccupations.
Après une intervention de M. Chêne-benoit,
M. Maunoury met les choses au point. Il tient
tout d’abord à déclarer que le gouvernement
a un pouvoir quasi dictatorial sur ses préfets.
M. Maunoury. — Un de mes prédécesseurs,
-M. Ste-eg, a dit que le ministre de l'intérieur
nomme les préfets dans la plénitude de ses
-attributions. Pas de statuts pour les préfets.
Le ministre lés -placo là où il juge bon de
les placer. Il est naturel que le Parlement
ait un droit de surveillance ; mais quelles
en ©onlfi -les Limites ? Lorsque le gouvirne-
ment nomme un préfet, si un parlementaire
a des griefs contre c-e préfet, il a droit de
les formuler et même d’interpeller ; niais lor-s-
au’il s’agit d’une mutation, il est moins -habi
tuel que l’on'proteste, car cela est dange
reux pour l’assembîée, pour le préfet et pour
le miiùstre. Si un ordre du jour défavorable
était voté, ce serait le Sénat qui prendrait
■la responsabilité de replacer le préfet visé.
Dans l’espèce -actuelle, il n’y a pas de dis
grâce. J’ai offert à M. Bourrienne une com
pensation qu’il a refusée.
Mais, dit-on, pourquoi avez-vous déclassé
le département. le départ de M. Bourricnné
étant motivé parce qu’il ne connaissait pas
suffisamment les questions die dommages de
guerre, il fallait trouver ce fonctionnaire
compétent. On me Ta désigné ; mai© il n’é
tait que sous-préfet. Pour le nommer, il l’al
lait déclasser la préfecture. -Ces brèves expli
cations me paraissent suffire pour montrer
qu’il n'y a pas eu de sanction contre M. Bour-
rienne. (Applaudissements. )
Aucun ordre du jour n’étant déposé, l’inci
dent est clos sans débat.
- Prejîts s! proposions
Le Sénat adopte :
1° Le projet portant ratification du décret
du 24 avrii 1922, qui a institué un coeffi
cient de majoration aux droits de douane af
férents aux plombs non argentifères.
2° Une proposition tendant à modifier le ta
rif des douanes, en ce qui concerne les
crayons simples en pierre ou en ardoise natu-
relie
3° Le proje-t portant ratification du décret
du 26 octobre 192-1, qui a,,modifié les droits
de douane, applicables aux compteurs et in
dicateurs de vitesse, tachymètres, etc.
4° Le projet portant ratification du décret
du 25 fevrièr 1922, qui a, modifié le régime
® douanier fiqs compteurs de iours d'électricité*
d'eau, etc., autres que ceux repris au décret
du 26 octobre 1921.
L’ordre du jour est épuisé.
M. Bïenvenu-Marîm, qui préside, fait con
naître que la commission de l’armée deman
de l’inscription de la discussion du projet re
latif au recrutement de l'armée, à l’ordre du
jour de la séance de jeudi, 15 février.
Le généra! Taufflieb s'y oppose. Il demande
1 ajournement de la discussion après le bud
get pour permettre à la Chambre de se pro
noncer sur la loi -relative à l’organisation gé
nérale de l’armée avant que le'Sénat aborde
1 examen d,e la loi relative au recrutement.
M. Maginot appuie Ja, demande de la commis
sion de l’armeé. On ne peut rester dans la .si
tuation actuelle, où le nombre des unités ne
répond pas aux effectifs. U importe que, sans
un nouveau retard, le Sénat se prononce sur
les conditions nouvelles de recrutement que
le paya attend avec impatience. (Applaudis-
b-iments).
M, Gaston Menier, vice-président de la
commission de l’armée, insiste également
pour T,inscription à l’ordre du jour du 15 fé
vrier.
M, Paul Doumet, — Je crois que c’est une
faut» d’examiner , 1 e recrutement avant l’or
ganisation de l’armée ; mais je ne m’oppose
pas à ce que la discussion sur le recrutement
s’engage dès la semaine prochaine.
M. da SMvos, au nom de la commission
des finances, appuie la fixation de la dicus-
sion à jeudi.
LVmsoription de la discussion à l’ordre du
jour (le la séance de jeudi, 15 février est or
donnée.
La séance e,st fixée à jeudi à 15 heures. '
La séance est levée à 17 h. 40.
ftoüÿEiiiiEs paRiiEp.miÿs
CHAMBRE
Le droit de vote aux femmes
Paris, 9 février. — La commission du suf
frage universel adopte le rapport de M. Jo
seph Barthélemy, concluant à 1 -’adoption do
la proposition de loi accordant le droit de suf
frage et d’éligibilité des femmes à partir de
l’âge de 25 ans.
Par contre la comirfisslon a rejeté la propo
sition de loi comportant lo renouvellement
partiel de la Chambre et fixant au mandat
législatif, une durée de six années.
Les campagnes menées avec l’argent
étranger
Paris, 9 février. — MM. Maurice Barrés, Dé
siré Ferry et plusieurs de leurs collègues,
viennent de déposer une proposition (le loi
ayant pour but de réprimer Tes campagnes
menées dans le public avec de l’argent étran
ger et qui sont de nature à porter -atteinte à
la situation extérieure militaire ou financière
de la France.
Le régime fiscal des contributions
directes
Paris, 9 février. — La commission des fi
nances de la -Chambre adopte la motion sui
vante, qui lui a été présentée par M. Cha-s-
saigne-Goyon, au nom du groupe de Penften
te aémocratique :
« La commission, considérant que le régi
me fiscal des contributions directes, cerastirné
par des textes successifs juxtaposés dans l’or
dre et sans' lien suffisant entre eux, consacre
des Illégalités de toute nature et parfois de
véritables injustices, émet le vœu que le mi
nistre des finances élabore, dans le plus bref
délai, un projet de. réajustement des lois fis
cales, qui, sans vexations inutiles, sans me
sures arbitraires, ménageant 'les forces des
petits contribuables, tenant un large compte
des charges 'de famille, apporte plus de jus
tice et d’égalité dans le système des impôts
directs. »
Le régime des avocats, médecins
et la cédule agricole
Paris, 9 février. — Le commission des fi
nances de la Chambre a entendu. M. Baudoin
Bugn-et, directeur des contributions directes
mir le registre à tenir par les assujettis des
professions non commerciales ou libérales
(avocats, médecins, etc.). Elle -a repoussé les
suggestions de l’administration en ce qui
concerne les noms et adresses des assujettis.
Elle a -adopté ensuite par sept voix contre -six
le -texte suivant proposé par M. Rodez-Ré.na-
vent :
« Tout contribuable passible de l’impôt sur
lies bénéfices des professions non commercia
les, devra tenir urr registre sur lequel il Ins
crira le montant de tous les honoraires ou
profits encaissés par lui à l’occasion de
l’exercice de sa profession, ainsi que la date
de ces paiements. Ce registre devra être pré
senté à toute réquisition du contrôleur des
contributions directes. Le refus de commu
niquer sera constaté par un, procès-verbal
et soumis aux sanctions établies par l’article
5 de la loi du 17 avril 1966 .»
La commission a ensuite adopté le texte
suivant proposé par M. Maillard :
a Tous les particuliers ou toutes fîtes socié
tés ou associations non astreintes aux décla
rations prévues par l’article 26 de xa loi du
31 juillet 1917, ayant rétribué en cours de
l’année les iservioes d’une autre personne,
soit par le versement d’honoraires, soit par
le paiement d’une commission, soit par tout
autre moyen, que ces services soient d'ordre
médical, juridique, financier, commercial ou
de toute autre nature, pourcoit être tenus,
dans, les conditions prévues 6 -ur la demande
du contrôleur des contributions directes,, de
lui remettre une déclaration do la valeur re
mise comme prix de ces services à l'excep
tion des sommes annuelles inférieures à 1000
francs et .de fournir leu indications relati
ves aux bénéficiaires de ces paiements •
La commission a ensuite entendu MM. de
Monicault, Capus et Rendu, au nom du grou
pe de ila défense paysanne, sur les modifica
tions à apporter à la cédule agricole. Les dé
légués du groupe soumettront dans quinze
jours un texte à la commission. A ce pro
pos, le groupe de- là voter la motioi> Suivante :
« Le groupe do la défense paysanne, saisi
depuis 24 heures seulement des propositions
tendant à réformer la loi sur les bénéfices
agricoles, déclare impossible une réponse im
médiate à une aussi grave question. Elle se
refuse à accepter un chiffre formulé à l'a
vance -sans examen de détail. Il constate que
•sù l’impôt sur les bénéfices agricoles n’a pas
rendu dans certaines régions ce qu’on en at
tendait, le résultat est surtout dû à la né
gligence de l'administration. Il affirmé cepen
dant la volonté des agriculteurs, bien qu’ils
contribuent déjà, largement, sous forme d'im
pôts multiples, aux charges nationales, de
prendre une part équitable des nouveaux im
pôts, qui pourront être reconnu© indispensa
bles. Il décide de rester saisi de la question
-et d'apporter à la résoudre sa collaboration
loyale dans toute la mesure qui n’entravera
pas la -production agricole, avant tout néces
saire -au relèvement du pays ».
La fabrication des marks papr
45 milliards par jour
Berlin, 9 février. — La production quotidien
ne de La pressé à billets vient d’être portée
de 35 à 45 milliards de' marks papier.
Les nouveaux billets de 59.600 marks qui
viennent d’entrer en circulation aujourd’hui,
permettront -encore' d’augmenter cette produc
tion-de 15 milliards par jour. On estime qu’à
In- fin du mois elle sera au moins de 125 mil
liards. ,
La fabrication des billets de banque^ fait
travailler actueüÊiQieïit 12 papeteries et 3-5 im
primerie*.
L’EXECUTION DES SANCTIONS
L’Occupation
d e la Ruhr
La résistance
Nouvelle note de protestation
Berlin, 9 février. — Le chargé d’affaires al
lemand à Paris a reçu l’ordre de remettre au
gouvernement français une note de protesta
tion contre l’occupation de la Bade. La note
prétend notamment que radmimstration des
chemins, de fer allemands s'est vue forcée
d arrêter un grand nombre d-e trains inter
nationaux et de trains circulant en Allema
gne à ciause du manque de charbon causé
par l'occupation française gt belge dans la
Ruhr.
II ne saurait donc être'question d’une in
fraction au itraité de Versailles comme le re
proche le gouvernement français au gouver
nement allemand dans -la -note v-ertelo remisa
le 2 février au chargé d’affaires allemand.
Même s’il y avait -eu une violation de forme
du traité, oe serait une caricature de l’état
de paix que diairrêter de© trains internatio
naux pour faire marcher les troupes sur les
villes allemandes.
Le gouvernement français, poursuit la no
te, s’apercevant du manque de proportion
entre la cause et Tes mesures prises par toi
a essayé d’expliquer notre prétendue viola
tion du traité. À ce sujet, le -gouvernement
allemand constate qu’il a refusé chaque, foi©
les reproches sans que le* gouvernement fran
çais ait seulement essayé de réduire à néant
l’argumentation L’action du gouvernement
français est donc un acte de violence Elle tsl
purement arbitraire.
A la commission du Reich
Berlin, 9 février.. — La commission du Reich
a continué le débat sur les territoires occupés
à l’occasion de la discussion du budget du
ministère de l'intérieur. Le ministre du ra
vitaillement a fait ©on rapport sur la situa
tion actuelle dans la Ruhr. Il a déclaré qua
si les Français faisaient des difficultés* à
l’expédition des denrées -par chemin de fer,
les vivres seraient transportés par cornions
automobiles.
La résistance prend les formes les plus
diverses
Dusse-ldorf, 9 février. — Le gouvernement
du .Reich continue sous les formes les piu-s
diverses se's efforts en vue de la résistance
à roécupation. Les commerçants qtj las indus
triels de Dusseldorf ont reçu ce matin une
circulaire émanant d’une « association de
sauvegarde des intérêts économiques de Rhé
nanie », qui révèle ainsi son existence, leur
recommandant de refuser d’obtempérer aux
-réquisitions et aux ordres des autorités d’oc
cupation ; de n’avoir aucun rapport commer
cial av-ec les Français ou, les Beiges même
établis en Rhénanie et de ne faire aucune li
vraison au compte des réparations.
Toutefois, elle le» autorise à continuer à
acheter le minerai de fer lorrain, luxembour
geois et leur demande d’éviter à tout prix, le
chômage et de ne se mettre en grève que su*
un ordre express du gouvernement de Ber
lin.
Les la-gents dé contribution du Reich se sont
repdus chez les commerçants et industriels
pour leur signaler que Je Reich exigerait le
payement des droits de douane même s’ils
avait déjà,versé ce© droits entre les mains des
postes français de Dusseldorf et de Duis-
bourg ou de© postes de dédouanement.
Il est ,à noter que le© autorités d’occupation,
disposent dans cette guerre douanière des
moyens d’action les plus puissants, car filles
n’autorisent pas rentrée des marchandises
qui n’ont pas été dédouanées par elles. Quel
ques restrictions ont été apportées dans les
restaurants de Dusseldorf au point de vue dé
la viande. Les restaurateurs de Dusseldorf
ont été invité© à ne plus servir les Français
•et les Belges. Us se ©ont refusés à obéir à une
pareille invitation. .
Le ministre du ravitaillement allemand A
attribué à la -présence des troupes françaises
ila pénurie du lait. Or, il .n’-est prélevé de lait
que .pour l’hôpital français d’Essen.
Un projet de loi d’urgence
Berlin, 9 février. — Le projet de loi. d’ur
gence destiné à favoriser là _ résistance du
gouvernement allemand a été soumis au
Reiohiiag, après avoir été .approuvé par le
Rei chnath. La loi tend à limiter Ta consom
mation de l'alcool, ( 1 e la bonne chère et des
plaisirs publics et de- poursuivre les commer
ces clandestins ainsi que le mercantilisme:
L’article 4 donne au président du Reich le
pouvoir de prescrire des mesures spéciales
relatives aux passeports et visas et à Texpmw
s ion des étrangers.
La loi donne la préférence pour rts loge
ments aux familles expulsée© des territoires
occupés. Enfin, le gouvernement du Reich
est autorisé à prendre des mesures pour lut
ter contre l’influence étrangère sur la situa
tion de rAllemagne.-
Le trafic ferroviaire
Désembouteiller la Ruhr,
tel est le problème
Aix-la-Chapelle, 9 février. — La grande
préoccupation du moi non t es-t de dejoniDOu-
toillar la Ruhr, en rétablissant un trafic régu
lier -et suffisant sur les Lignes de chemins a©
fer et les canaux. Outre que le mécanisme
et certains organismes essentiels, écluses tel
trares ont été criminellement sabotés, ta un-
liculté s'accroît du fait que la Ruhr -est au
croisement de nombreux teams internatio
naux, en sort© que le trafic commercial et le
trafic’ des voyageurs sont, en temps ordinaire
d’une intensité insoupçonnée. ... T „
Dans un récent voyage à Essen, M. Le
Trocquer, qui était accompagne de M.. Java,-
ry, dont l’autorité en matière de chemins de
fer est universellement connue, _ a arrête,
d’accord avec les services du générai. Payot,
un plan dont l’exécution doit conduire au ie*
Sl D’tci t peu "de jours, six trains internationaux
traverseront la Ruhr et 50 teains de chaihon
la a lutteront pour la France et le» terutone»
occupés. Le trafic sera rétabli sur un cR-'yRj-
ble d-e lignes maîtresses capable» de i assu
rer On calcule qu’-on pourra ainsi évacuer,
en s’aidant également des transports par eau
1.590.000 tonnes de charbon ou de coke par
En ce qui concerne la production du coke,
on arrivera assez rapidement à fournir envi
ron 7.000 tonne» par jour, alors que les ntee»-
sités se montent 4 12.000 tonnes. Ce ch.fne
pourra être atteint par la suite. .
L’exploitation sera assurée par en -r , ' roa
10.000 cheminots des ré seau x 1 if*
tent en contact permanent ^cla. ^ T r f ^ or J
de leur réseau d’origine. Los mesures soin
prises pour qu-e, quotidiennement, ils soient
visités et ravitaillés et
TTftfP fl'&S Q/wOIl fiS ’CÎiG iGllr. (JrOmpcL--,XI l ^ »
CF 4 'mÆH&s cheminots en toute pour
la Ruhr v «ont conduits par tes «recteurs
des ré-eaux. Toutes le» mesures sont prises
nour que ce personnel ne se considéré pas
connue isolé de l'ensemble.des réseaux fian
çais et belges.
Occupation de points importants
Berlin, 9 février. — On mande d’Essen à'
la Gazette de Voss :
Le trafic ferroviaire d-e la Ruhr vient d'en
trer dans une phase critique. Tandis qu. le»
Français se sont borné», ju-squ à preseut, a
•À.,
LE PETIT ALGÉRIEN
39 e ANNÉE
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9, Boulevard Laferrière, ALGER
SHÈQUES POSTAUX : 20-21.
\\i
V
i
H
EN RELISANT L’HISTOIRE
Madame de_CUateaubrïand
Son mari la nommait parfois, dans les
lettres qu’il écrivait à des intimes : « La
petite créature », et il semble que pendant
longtemps Mme de Chateaubriand est res-
téô pour beaucoup une petite créature
perdue dans le rayonnement glorieux de
l’écrivain. Cela a maintenant bien changé.
Grâce à des publications successives, cette
pâle figure est peu à peu sortie de son
effacement. Le livre de M. Maurice Levait- *
lant : Splendeurs et misères de M. de Cha
teaubriand, vient de préciser encore sa
phvsionomie en la montrant à son foyer.
Céleste Buisson de Lavigne fut élevée
par son grand-père, à Lorient, où elle
était née.Ce n’est qu’à l'âge de 17 ans
qu’elle quitta cette ville pour venir à
Saint-Malo, où elle se lia avec Lucile de
Chateaubriand. Celle-ci, en son affection
désordonnée, entreprit de la marier à son
frère. Ce qui fut fait.
Chateaubriand laissa, avec une noncha-
ïenee superbe, engager sa vie tout entiè
re. Il mit la main dans la main de, cette
petite fille, no songeant pas un instant à
ce qu’il représentait pour ce cœur d’or
pheline. Or, ce qu’il représentait c’était un
abîme mystérieux de douceur et de ten
dresse, un foyer où, côte à côte, se ré
chauffant par "un amour partagé, l’on voit
chaque jour succéder à un autre, sans re
gret et sans impatience. Aussi, alors
qu’il ne se donnait pas à elle, elle se don
nait à lui, -qui ne devina jamais l’absolu
de ce don volontaire.
Il n’eut guère, d’ailleurs, le temps d’y
réfléchir. Les événements publics ne le lui
permirent pas. Quatre mois ne s’étaient
nas écoulés cuie Chateaubriand émigrait,
tl court à Bruxelles, gagne Coblentz, est
blessé à Thionville et, après avoir pénible
ment rejoint Jersey, arrive en Angleterre.
La vie y était rude. Chateaubriand man
qua mourir de faim à Londres ; il tra
vaille, écrit, parcourt la Suisse, s’enflam
me pour une jeune anglaise et, au mo
ment qu’il va s’engager à elle, il se sou
vient qu’il a déjà une femme en France.
Tout porte à croire qu’il l’avait oubliée.
Mme de Chateaubriand, ^ pendant ce
temps, supportait les inconvénients d’ôtre
ta femme d’un émigré. Incarcérée avec Lu
cile, les deux belles-sœurs purent occuper
les longues heures de leur emprisonne
ment à parler de leur François, de ^ses
souffrances qu’elles devinaient.. Peut-être
n’allèrent-elles pas jusqu’à deviner Char
lotte Ives. Et cela dura jusqu’au jour où
la chute de Robespierre ouvrit leur pri
son.
Les événements de Thermiaor ne de
vaient point toutefois amener la réunion
des deux époux. Tandis que, rendue à la
liberté, Mme de Chateaubriand attend,
dans leur Bretagne, son insaisissable maî
tre, celui-ci rentre en France, un peu à la
dérobée. Il reste à Paris. Introduit par
ïïoubert dans le petit monde charmant de
la rue Neuve-du-Luxembourg, il occupe
les mois d’été à dicter à la douce Pauline
de Beaumont Le Génie du Christianisme.
On sait la suite : la publication du livre,
son succès, la protection de Lucien Bona
parte, la nomination, à Rome, comme se
crétaire d’ambassade, l’arrivée de Mme de
Beaumont dans la Ville Eternelle, son
agonie douloureuse et plein d affection,
d’une affection assez détachée de la terre
pour rappeler à son ami qu’il a une fem
me et que celle-ci l’attend depuis bientôt
douze ans.
cx>o
Quand ils se retrouvèrent, ils ne se re
connurent pas.Comment auraient-ils pu se
reconnaître ? La solitude et les années
n’avaient pas glissé sans l’atteindre sur
Mme de Chateaubriand ; il restait bien
peu de chose de la jeune fille en capote
rose qu’il avait trouvée jolie sur le. sillon
de Saint-Malo. Lui-même, à cette époque
lointaine, n’était qu’un jeune homme dé
barqué d’Amérique les yeux pleins des
grands paysages que son imagination al
lait amplifier encore. Depuis.il avait souf
fert, triomphé, et il avait été aimé.
Frénilly, qui ne respecte rien en sa ver
ve amusante, les rencontre alors à Cham-
îlâtreux. Citant les personnes qu’il y vit,
A nomme : « Chateaubriand et une person
ne que nul, je crois, ni avait encore mie
avec lui, sa femme, j'aime . mieux
était certainement sortie du même nid,
sinon du même œuf que lui, et cet assor-
liment parfait des deux caractères les plus
désassoriissants que j'aie connus, fait ai
sément concevoir comment ils s'étaient
fougueusement connus, impétueusement
quittés et étourdiment repris. »
Peut-être étaient-ils faits pour se ma
rier, mais certainement ils n’étaient point
faits pour s’entendre. Chateaubriand vou
lait de l’admiration, Mme de Chateau
briand lui offrait une passion inextingui
ble. Elle l’aimait avec une ardeur tracas-
’Bière et jalouse ; elle l’aimait trop et, pré
cisément parce qu’elle l’aimait trop, elle •
l’aimait mal. Il est juste de reconnaître
que son rôle était délicat. Chateaubriand
avait beau plàner au-dessus des contin
gences, il redescendait parfois sur terre.
Quand on vit avec Velléda, Cymodocée ou
Blança, il est difficile alors d’y retrouver,
sans désillusion, des mortelles plus hum
bles. La comparaison, pour Mme de Cha
teaubriand, était redoutable. Vive, spiri
tuelle, pétulante et hargneuse, la maladie
même n’arrêtait pas ses lamentations, ses
fureurs et ses reproches. Elle était frêle,
d’une de ces fragilités indestructibles qui
vous accompagnent, sans rémission, jus
qu’au tombeau.
A quelques égards la comparaison avec
les femmes 4e chair et de sang qui prodi
guaient à son époux la douceur voluptueu
se ou ardente de leur présence, n’était pas
moins redoutable. De là dans ce ménage
des scènes, tour à tour violentes ou inter
minables, qui faisaient considérer au pau
vre Chateaubriand l’éloignement du foyer
comme fine aubaine désirable et trop ra
re. Et sans doute l’affection de Mme de |
Chateaubriand le touche ! c’était un « bon j
garçon », mais elle le touche surtout ;
quand elle est lointaine, et comme il aime i
écrire, il lui écrit chaque jour pour, qu’elle
ne s’inquiète pas, pour qu’elle patiente et
surtout pour qu’elle ne vienne pas.
Même à Londres, à l’abri dans son am
bassade, il sentait planer sur lui la me
nace de cette venue. M. de Bourqueney,
4111 était alors troisième secrétaire, écrit ; ■ !
F.
« M- Pilorge m'a donné -, sur Mme de Cha \
teaubriand, des détails qui ne font pas
désirer son arrivée. M. de Chateaubriand
supporte néanmoins, avec une patience
admirable , les travers de son caractère
acariâtre, mais il redouterait son voyage
à Londres. » '
C’est le reflet très fidèle de l’opinion de
l’ambassadeur ; il n’a qu’une idée : que sa
femme reste à Paris. Aussi multiplie-t-il
les objurgations au fidèle M. Lemoine ; il
lui enjoint de no laisser Mme de Chateau
briand manquer ni d’argent, ni de visites ;
mais, pour Dieu ! qu’elle ne vienne pas !
Que voulez-vous, Chateaubriand aime la
solitude ; il l’aime pour la tranquillité si
lencieuse qu’elle lui procure, il l’aime
peut-être aussi pour la liberté qu’elle lui
donne. Mme Elliott n’a-t-elle pas murmu
ré, en apercevant l’ambassadeur à une
réception : « He looks pretty well for a
genius. »
0 * 0*0
Le génie ' n’excuse rien et les torts de
Chateaubriand furent éclatants. Ce qui
l’excuserait à meilleur escient, c’est que
Mme de Chateaubriand, dans la vie quo
tidienne, devait être insupportable. Spiri
tuelle, mordante, elle juge sans douceur
ceux qu’elle ne chérit pas. Elle est, en ou
tre, admirable à se créer des souffrances.
Elle souffre de tout : de l’indifférence de
son grand homme et aussi de l’injustice
qu’on lui montre ; elle souffre de leur sé
paration et, quand ils sont réunis, elle
souffre de sa présence. Il n’est pas jus
qu’au mépris de l'argent, qu’affiche son
mari, ce mépris qui lui fait plaisanter ses
dettes, dont certaines « ont de la barbe,
tellement elles sont âgées », qui ne torture
son âme bourgeoise.
Peu à peu cependant celle-ci devait s’a
paiser. Il semble qu’au retour de l’am
bassade de Rome, ils aient adopté une fa
çon de vivre qui, à défaut de bonheur,
leur donne un calme relatif. Mme de Cha
teaubriand a la haute main sur l’Infirme
rie Marie-Thérèse, elle commande aux
vieux prêtres qu’elle recueille, aux sœurs
qui les soignent, aux pauvres, et cela use
le trop-plein de son activité. Chateau
briand lui abandonne même 3 a direction
du ménage. Précieuse concession qui lui
permet d’aller chaque jour voir sa chère
mier, enchanter ses yeux et son cœur.
Sous l’argent des cheveux, lui, continue
à être René, mais un René assagi, sinon
corrigé ; elle, elle est devenuo la vieille da
me aux longues boucles encadrant le vi
sage émacié. Evidemment, jusqu’au bout
Mmè de Chateaubriand tonne et vocifère ;
cependant avec l’âge les tempêtes sont
moins violentes, il n’y a plus de lames de
fond.
D’ailleurs, elle devait avoir sa revanche
le jour où Chateaubriand, à demr-perelus,
n’allant plus à l’Abbaye-au-Bois, ce fut
Juliette Récamier qui vint à lui. Ils du
rent leur paraître longs parfois, les ins
tants qu’ils passèrent ensemble, sous les
yeux implacables de Mme de Chateau
briand.
Ces yeux devaient se fermer les pre
miers. Mme de Chateaubriand mourut le
9 février 1847. Chateaubriand portit, alors
des grands silences qui déjà l’absorbaient
pour offrir à Mme Récamier de l’épouser.
Celle-ci, en son élégance, repoussa cette
politesse in extremis. Elle ne voulut être
et rester que la consolatrice dévouée, jus
qu’au jour d’été où l’on emporta vèss le
tombeau qu’il s’était choisi le génie fou
droyé. Et, tandis qu’il allait reposer là-
bas, face à la mer, qui si souvent avait
bercé son front lourd de songes orageux,
Mme de Chateaubriand, ensevelie dans sa
chère Infirmerie, pouvait enfin goûter,
parmi ses pauvres, un repos que son
cœur trop ardent avait vainement cher
ché dans une union magnifique et mal
heureuse,
Faüre de Céris.
BULLETIN OU JOUR
9e la Ruhr à Smyrne
(De notre rédacteur parisien)
Paris, 9 février.
Dans la Ruhr, la situation reste difft-
cite, parce que jusqu'ici on a tâtonnÇ sans
plan ni volonté bien arrêtée de briser les
obstacles. On ne pouvait ignorer que les
Allemands ne manqueraient d’en accu
muler sur notre route. On a voulu faire,
suivant l'expression d'un journal, l'occu
pation invisible, alors qu'au contraire il
fallait frapper les imaginations par une
occupation 'militaire en quelque sorte os*
tenlatoire.
On n'a pas prévu la 1 grève des chemi
nots, si bien qu'on a été pris au dépourvu.
Les agents de remplacement n'ont été ex
pédiés là-bas que par petits paquets,
alors qu'il s'agissait d'assurer des servi-
ces qui exigent 60.000 employés. Grâce aux
derniers envois ordonnés par M. Le Troc-
quér, nous allons avoir quelqu'e 10.000
cheminots à la, fois pour la Rhénanie.
C'est encore très insuffisant. Il est vrai
qu'on ne pourvoiera qu'à l'indispensable.
Mais l'indispensable c'est beaucoup, puis
qu'il faut ravitailler nos troupes, ravitail
ler la population et acheminer enfin vers
la France et la Belgique le charbon que
nous sommes allés chercher sur les bords
du Rhin. Ce charbon, nous l'attendons en
core, et il va y avoir un mois que nous
sommes à pied-d'œuvre.
Le manque de vigueur dans Vopération
a grandement encouragé l'adversaire, qui
nous brave aujourd’hui plus que le pre
mier jour, et nous bravera demain plus
qu'aujourd'hui, si nous ne renonçons pas
une fois pour toutes aux procédés dépour
vus d'énergie qui nous ont si mal réussi.
Il faut voir la situation telle qu'elle est.
Les neutres commencent à s'agiter. On a
vu, l'autre jour, le Suédois Branting là-
ter le conseil de la Société des nations
pour un arbitrage ; sa tentative est res
tée vaine. Aujourd'hui, c'est au Conseil
national suisse que la question a été po
sée ; l'opération a encore échoué, mais le
branle est donné et plus la situation ap
paraîtra incertaine dans la Ruhr, plus les
neutres s'agiteront.
Le devoir de notre gouvernement est de
serrer sérieusement celte vis dont on par
le tant et qu'on serre si peu. Il y a long
temps que les Allemands seraient mâles,
$'ü& avaient senti chez nous, chez lei oc*
TÉLÉPHONE : 1-02
cupants, une volonté farouche. Au lieu
de cela ,ils ont constaté de l'hésitation.
Aussi, leurs agents ont-ils eu beau jeu
dans leur résistance agressive.
le veux finir sur une impression de con
fiance. Les Allemands disent : « Nous tien
drons deux mois encore, s'il le faut. » Il
est vrai que deux mois, ce sera pour eux
un effort considérable, qui risque d'anéan
tir leur vie économique tout entière, alors
que nous nous pourrons tenir non pas
deux mois, non pas six mois, mais indé
finiment. Il s'agit, dans la Ruhr, d'une
lutte d'endurance. C'est dosic à celui qui
tiendra le pins longtemps qu'ira la vic
toire. Il n'y a pas l'ombre d'un doute que
ce sera la France. M. Wilson ayant dis
paru, les Allemands cherchent des média
teurs un peu partout. La France, pour
vaincre, ne compte que sur elle-même.
La question de Smyrne, plus exacte
ment celle de l'Orient tout entier, demeu
re sérieuse. Au moment où je télégraphie,
on ignore si les Turcs sont revenus à des
points de vue plus raisonnables. Leur folle
extravagance est telle qu'on a le droit de-
tout redouter. Ce qui ajoute à la gravité
de la situation, c'est qu'au coup de tête
des Turcs peut s'ajouter un coup de tête
des Grecs.
Ce coup de tête est tellement, si Von peut
dire, dans l'air, qu'une dépêche nous ar
rive de Berne, assurant qu'on croit savoir,
à Rome, que l'armée grecque de la Thrace
aurait attaqué les Turcs sur la Maritza.
Le télégramme aurait fait bien des cro
chets avant de nous parvenir, preuve que
la nouvelle est heureusement fausse. Crai
gnons qu'elle ne soü que prématurée et
faisons des vœux pour que la sagesse en
tre enfin dans toutes ces cervelles à l'en
vers.
L. Marcellin.
Le Budget de 1923
Les explications de M. de Lasteyrie
à la commission des Finances
Paris, 8 février. — M. de Lasteyrie s’est
rendu ce matin à la commission des finan
ces de la Chambre pour s’expliquer sur les
mesures fiscales déjà volées par cette com
mission et sur les propositions élaborées par
la sous-commüssiôn fiscale pour équilibrer le
budget.
Le ministre a tou£ d’abord renouvelé net
tement l’avis formellement défavorable qu’il
avait déjà formulé au sujet du carnet de
coupons ; le ministre considère que l’institu-
ti
capitaux.
En ce qui concerne l’équilibre du budget,
le ministre estime que cet équilibre peut être
réalisé de la manière suivante. :
Le déficit, à comblet étant de 3 milliards
800 millions :
1» Un rendement sup pl érnen t a iro de 500 mil
lions cte-s contributions directes peut cyre es
compté en se fondant sur les résultats de
l’exercice précédent ;
2° On peut faire état des 500 millions pro-
yenant du remboursement par les. compa
gnies dés chemins de fer du matériel que
l’Etat leur avait cédé ;
3° Le ministre évalue à 500 millions les res
sources supplémentaires à attendre des me-
junas de contrôle, d’après -Es signes exté
rieurs qu’il a proposées pour la perception
de l’impôt sur le revenu ;
4° Le ministre voudrait demander un mil
liard et demi à l'établissement d’un double
décime sur certains impôts directs et pur
les droits d’enregistrement et d’un décime
seulement sur lès autres impôts, exception
faite des droits de douanes et de l’impôt sur
le chiffre d’affaires qui en aucun cas ne de
vraient êtra surtaxés ;
5° Enfin, pour les 800 millions restant à
trouver, île ministre a déclaré qu’il consenti
rait à accepter, comme l’année dernière, l’a
mortissement des rentes données en paye
ment sur les bénéfices de guerre.
En terminant son exposé, M. de Lasteyrie
a fait connaître à la commission que les plus-
values réalisées au cours de l’exercice 1922,
par rapport à l’exercice 1921, se sont élevées
aux chiffres suivants : 1.282 millions pour les
contributions directes ; 1.854 millions pour les
contributions indirectes, enregistrement et
monopoles. Soit un total de 3 milliards 136
millions.
Ces plus-values, dont le ministre a fait état
clans ses évaluations budgétaires, montrent
tout à la fois les progrès réalisés dans la per
ception des impôts et les pus-values dont no
tre système fiscal est actuellement suscepti
ble
Le ministre a ajouté que si T Allemagne
avait tenu ses engagements et que si la tré
sorerie avait pu bénéficier d’emprunts inter
nationaux, on n’aurait pas eu besoin d'impôts
nouveaux ; mais étant donné l’impossibilité
d’attendre pendant trois ou quatre ans les
plus-values escomptées, il est nécessaire de
faire un effort fiscal qui sera plus ou moins
provisoire.
ANNONCES et RÉCLAMES
ALGER : Agence Africaine, 57, rue d’Isly (téléphone : 4-S3).
PARIS : Agence Africaine, rue des Fille? Jaint-Thomas, 5.
Et dans les principales Agences de France et de l’Etranger.
SAMEDI 10 FEVRIER 1923
LE PARLEMENT
Chambre
Çyand on promet, il faut tenir
Nancy, 8 février. — Le jour de la mobilisa
tion, le 2 août 1914, M. Bailly, ingénieur, con
seiller municipal de Nancy, annonçait par let
tre au maire qu’il offrait 100.000 francs en fa
veur des familles nécessiteuses mobilisées.
Mais après le vote de la Chambre accordant
une allocation aux-familles de mobilisés, M.
Bailly déclara que >le geste n’avait plus sa
raison d'être et, mis en demeure de tenir sa
promesse, il refusa.
Le Conseil municipal donna alors mandat
au maire de poursuivre le donateur devant la
juridiction compétente. M. Bailly fut condam
né à souscrire à ©es engagements et la Gour
de Cassation vient de rejeter le pourvoi de
l’ancien conseiller 'municipal, qui devra ver
ser ©es 100.000 francs.
L'ACTUALITE
(par Henriot)
Séance du 9 Février
La séance est ouverte à 15 heures, sous la,
présidence de M. Raoul Péret.
b prfiüèp (tes tailleurs de ern
On discute le projet relatif au privilège des
bouilleurs de cru.
M. Bykanowskl, rapporteur général, con
clut, au nom de la commission de© finances,
à la prorogation pure et simple du régime
actuel.
M. Delles-al!o développe ensuite une motion
d'ajournement, en vue du renvoi du projet à
la commission des finances et à la commis
sion de l’hygiène
M. S&rthe, président'de la commission des
boissons, s’oppose à la motion d’ajournement
qui est écartée par 450 voix contre 120.
MM. Courtier et Girod défendent ensuite
longuement le privilège des bouilleurs de cru
et s’élèvent contre le reproche fait à ces der
niers, d’ôtre des fraudeurs.
Après diverses observations, en particulier
de MM. Laruel et About, en faveur des bouil
leurs de cru et contre les tracasseries dont
ceux-ci sont les objets, la discussion générale
est close et le passage aux articles ordonné.
La suite de la discussion est renvoyée à
mardi.
La séance est levée à 18 h. 40.
it h <£s
— Qu’cst-ce qu'il faut faire, docteur, j’en*
gfàisse à vue d’œil, j'enfle... j'enfle...
— Ne vous désolez pas, vous avez encore
de la marge avant d’avoir atteint le niveau
de la livre sterling ...
Séance du 9 février
M. Bienvenu-Martin préside la séance ou
verte à 15 h. 15 et donne aussitôt la parole à
M. Fernand Merlin pour développer son in
terpellation sur les brusques déplacements de
fonctionnaires d’ordre administratif.
sierpeiiatiaa do I. Fernand Merlin
L’orateur expose Es faits :
— Un préfet, M. Bourienne, ancien sous-
préfet de Roanne pendant sept ans, fut pla
cé le 12 octobre dernier à la tête du départe>-
inent de l’Aisne. Après un vértable calvaire
de quarante-huit jours, pendant lequel il fut
poursuivi par des hainàs implacables, il était
appelé à d’autres fonctions, qu’il attend en
core. Il n’araijt pas demandé les fonctions
qui lui ont été retirées brusquement, sans
que les raisons de sa disgr âce lui soit ait con
nues.
L’orateur demande des explications à .ce
suj et.
M. Fernand Merlin poursuit :
— A la suite d’une conversation confiante
et douloureuse avec M. Maunoury, j’ai con
servé l'impression que, dans nos régions dé
vastées, il arrive que les préfets sont placés
sous la surveillance iat presque sous l’autorité
de certain© de leurs subordonnés. J'ajoute que
la décision prise à l’égard de M. Bourienne
semble être imputable plutôt au •ministre dos
régions libérées qu’au ministre de l'intérieur.
M. Maunoury, ministre de l’intérieur. —- 11 -
y a eu une délibération et une décision au
Conseil dos ministres. Je suis) solidaire de
tous mes collègues. Si, en dehors de la soli
darité ministérielle on veut e’en prendre à
quelqu'un, c’est à mol qu’il faut le faire. Mon
collègue des régions libérées ne saurait être
mis en cause. (Applaudissements).
M. Fernand Merlin. — Je suis heureux de
vous entendre tenir ce langage ; mais M.
Bourr,tenue, disgrâcié, n'est pas de ces hom
mes, dont d’essentielle règle d’action est e pas
d'histoires ». Il est un de ceux dont nous
avons besoin pour que tout ce qui concerne
la reconstitution de,s régions libérées soit
soumii à un contrôle rigoureux qui est né
cessaire. (Applaudissements). Il faut que nous
soyons renseignés sur ce qui se passe dans
nos départements dévastés, où déjà tant de
milliards ont été dépensées.
M. da Lis ber sac. — Demain vos paroles se
ront traduite à Berlin. (Vives interruptions).
M. Soulié. — A l’ordre.
M. Fernand Merlin, Je ne suis jamais
laila à Berlin (mouvements divers) et je n’ai
pas T-intention d’y aller ; mais je voudrais
que notre commission des finances, qui a le
dro-it de tout connaître, fît une enquête sur,
la gestion financière des départements de nos
•régions dévastées.
M. Henry Bérenger, rapporteur général. —
Depuis Tan dernier, la commission des finan
ces fait des enquêtes sur les .régions iibô
rées. Sur beaucoup de points sfgnalés, lo mi
nistre des régions libérées, a saisi la justice.
Le Sénat peut être assuré de la vigilance da
la commission. (Applaudissements.)
M. Fernand Merlin termine -en posant les
questions suivantes à M. Maunoury : Pour
quelles raisons le gouverneraient s’est-il déju
gé en frappant) d’une disgrâce brutale un
fonctionnaire, à qui il avait donné tout ré
cemment un avancement mérité ? Quelle com
pensation entend-on donner à M. Ro-urrienne ?
Pourquoi a4-on déclassé le département de
I’Aftsne ?
Je ne déposerai pas d’ordre du jour, déclare
l’orateur. Je me contente des marques d’ap
probation. que j’ai recueillies auprès de mes
collègues. C’est un jugement moral qui suffit
à ma conscience et mes. préoccupations.
Après une intervention de M. Chêne-benoit,
M. Maunoury met les choses au point. Il tient
tout d’abord à déclarer que le gouvernement
a un pouvoir quasi dictatorial sur ses préfets.
M. Maunoury. — Un de mes prédécesseurs,
-M. Ste-eg, a dit que le ministre de l'intérieur
nomme les préfets dans la plénitude de ses
-attributions. Pas de statuts pour les préfets.
Le ministre lés -placo là où il juge bon de
les placer. Il est naturel que le Parlement
ait un droit de surveillance ; mais quelles
en ©onlfi -les Limites ? Lorsque le gouvirne-
ment nomme un préfet, si un parlementaire
a des griefs contre c-e préfet, il a droit de
les formuler et même d’interpeller ; niais lor-s-
au’il s’agit d’une mutation, il est moins -habi
tuel que l’on'proteste, car cela est dange
reux pour l’assembîée, pour le préfet et pour
le miiùstre. Si un ordre du jour défavorable
était voté, ce serait le Sénat qui prendrait
■la responsabilité de replacer le préfet visé.
Dans l’espèce -actuelle, il n’y a pas de dis
grâce. J’ai offert à M. Bourrienne une com
pensation qu’il a refusée.
Mais, dit-on, pourquoi avez-vous déclassé
le département. le départ de M. Bourricnné
étant motivé parce qu’il ne connaissait pas
suffisamment les questions die dommages de
guerre, il fallait trouver ce fonctionnaire
compétent. On me Ta désigné ; mai© il n’é
tait que sous-préfet. Pour le nommer, il l’al
lait déclasser la préfecture. -Ces brèves expli
cations me paraissent suffire pour montrer
qu’il n'y a pas eu de sanction contre M. Bour-
rienne. (Applaudissements. )
Aucun ordre du jour n’étant déposé, l’inci
dent est clos sans débat.
- Prejîts s! proposions
Le Sénat adopte :
1° Le projet portant ratification du décret
du 24 avrii 1922, qui a institué un coeffi
cient de majoration aux droits de douane af
férents aux plombs non argentifères.
2° Une proposition tendant à modifier le ta
rif des douanes, en ce qui concerne les
crayons simples en pierre ou en ardoise natu-
relie
3° Le proje-t portant ratification du décret
du 26 octobre 192-1, qui a,,modifié les droits
de douane, applicables aux compteurs et in
dicateurs de vitesse, tachymètres, etc.
4° Le projet portant ratification du décret
du 25 fevrièr 1922, qui a, modifié le régime
® douanier fiqs compteurs de iours d'électricité*
d'eau, etc., autres que ceux repris au décret
du 26 octobre 1921.
L’ordre du jour est épuisé.
M. Bïenvenu-Marîm, qui préside, fait con
naître que la commission de l’armée deman
de l’inscription de la discussion du projet re
latif au recrutement de l'armée, à l’ordre du
jour de la séance de jeudi, 15 février.
Le généra! Taufflieb s'y oppose. Il demande
1 ajournement de la discussion après le bud
get pour permettre à la Chambre de se pro
noncer sur la loi -relative à l’organisation gé
nérale de l’armée avant que le'Sénat aborde
1 examen d,e la loi relative au recrutement.
M. Maginot appuie Ja, demande de la commis
sion de l’armeé. On ne peut rester dans la .si
tuation actuelle, où le nombre des unités ne
répond pas aux effectifs. U importe que, sans
un nouveau retard, le Sénat se prononce sur
les conditions nouvelles de recrutement que
le paya attend avec impatience. (Applaudis-
b-iments).
M, Gaston Menier, vice-président de la
commission de l’armée, insiste également
pour T,inscription à l’ordre du jour du 15 fé
vrier.
M, Paul Doumet, — Je crois que c’est une
faut» d’examiner , 1 e recrutement avant l’or
ganisation de l’armée ; mais je ne m’oppose
pas à ce que la discussion sur le recrutement
s’engage dès la semaine prochaine.
M. da SMvos, au nom de la commission
des finances, appuie la fixation de la dicus-
sion à jeudi.
LVmsoription de la discussion à l’ordre du
jour (le la séance de jeudi, 15 février est or
donnée.
La séance e,st fixée à jeudi à 15 heures. '
La séance est levée à 17 h. 40.
ftoüÿEiiiiEs paRiiEp.miÿs
CHAMBRE
Le droit de vote aux femmes
Paris, 9 février. — La commission du suf
frage universel adopte le rapport de M. Jo
seph Barthélemy, concluant à 1 -’adoption do
la proposition de loi accordant le droit de suf
frage et d’éligibilité des femmes à partir de
l’âge de 25 ans.
Par contre la comirfisslon a rejeté la propo
sition de loi comportant lo renouvellement
partiel de la Chambre et fixant au mandat
législatif, une durée de six années.
Les campagnes menées avec l’argent
étranger
Paris, 9 février. — MM. Maurice Barrés, Dé
siré Ferry et plusieurs de leurs collègues,
viennent de déposer une proposition (le loi
ayant pour but de réprimer Tes campagnes
menées dans le public avec de l’argent étran
ger et qui sont de nature à porter -atteinte à
la situation extérieure militaire ou financière
de la France.
Le régime fiscal des contributions
directes
Paris, 9 février. — La commission des fi
nances de la -Chambre adopte la motion sui
vante, qui lui a été présentée par M. Cha-s-
saigne-Goyon, au nom du groupe de Penften
te aémocratique :
« La commission, considérant que le régi
me fiscal des contributions directes, cerastirné
par des textes successifs juxtaposés dans l’or
dre et sans' lien suffisant entre eux, consacre
des Illégalités de toute nature et parfois de
véritables injustices, émet le vœu que le mi
nistre des finances élabore, dans le plus bref
délai, un projet de. réajustement des lois fis
cales, qui, sans vexations inutiles, sans me
sures arbitraires, ménageant 'les forces des
petits contribuables, tenant un large compte
des charges 'de famille, apporte plus de jus
tice et d’égalité dans le système des impôts
directs. »
Le régime des avocats, médecins
et la cédule agricole
Paris, 9 février. — Le commission des fi
nances de la Chambre a entendu. M. Baudoin
Bugn-et, directeur des contributions directes
mir le registre à tenir par les assujettis des
professions non commerciales ou libérales
(avocats, médecins, etc.). Elle -a repoussé les
suggestions de l’administration en ce qui
concerne les noms et adresses des assujettis.
Elle a -adopté ensuite par sept voix contre -six
le -texte suivant proposé par M. Rodez-Ré.na-
vent :
« Tout contribuable passible de l’impôt sur
lies bénéfices des professions non commercia
les, devra tenir urr registre sur lequel il Ins
crira le montant de tous les honoraires ou
profits encaissés par lui à l’occasion de
l’exercice de sa profession, ainsi que la date
de ces paiements. Ce registre devra être pré
senté à toute réquisition du contrôleur des
contributions directes. Le refus de commu
niquer sera constaté par un, procès-verbal
et soumis aux sanctions établies par l’article
5 de la loi du 17 avril 1966 .»
La commission a ensuite adopté le texte
suivant proposé par M. Maillard :
a Tous les particuliers ou toutes fîtes socié
tés ou associations non astreintes aux décla
rations prévues par l’article 26 de xa loi du
31 juillet 1917, ayant rétribué en cours de
l’année les iservioes d’une autre personne,
soit par le versement d’honoraires, soit par
le paiement d’une commission, soit par tout
autre moyen, que ces services soient d'ordre
médical, juridique, financier, commercial ou
de toute autre nature, pourcoit être tenus,
dans, les conditions prévues 6 -ur la demande
du contrôleur des contributions directes,, de
lui remettre une déclaration do la valeur re
mise comme prix de ces services à l'excep
tion des sommes annuelles inférieures à 1000
francs et .de fournir leu indications relati
ves aux bénéficiaires de ces paiements •
La commission a ensuite entendu MM. de
Monicault, Capus et Rendu, au nom du grou
pe de ila défense paysanne, sur les modifica
tions à apporter à la cédule agricole. Les dé
légués du groupe soumettront dans quinze
jours un texte à la commission. A ce pro
pos, le groupe de- là voter la motioi> Suivante :
« Le groupe do la défense paysanne, saisi
depuis 24 heures seulement des propositions
tendant à réformer la loi sur les bénéfices
agricoles, déclare impossible une réponse im
médiate à une aussi grave question. Elle se
refuse à accepter un chiffre formulé à l'a
vance -sans examen de détail. Il constate que
•sù l’impôt sur les bénéfices agricoles n’a pas
rendu dans certaines régions ce qu’on en at
tendait, le résultat est surtout dû à la né
gligence de l'administration. Il affirmé cepen
dant la volonté des agriculteurs, bien qu’ils
contribuent déjà, largement, sous forme d'im
pôts multiples, aux charges nationales, de
prendre une part équitable des nouveaux im
pôts, qui pourront être reconnu© indispensa
bles. Il décide de rester saisi de la question
-et d'apporter à la résoudre sa collaboration
loyale dans toute la mesure qui n’entravera
pas la -production agricole, avant tout néces
saire -au relèvement du pays ».
La fabrication des marks papr
45 milliards par jour
Berlin, 9 février. — La production quotidien
ne de La pressé à billets vient d’être portée
de 35 à 45 milliards de' marks papier.
Les nouveaux billets de 59.600 marks qui
viennent d’entrer en circulation aujourd’hui,
permettront -encore' d’augmenter cette produc
tion-de 15 milliards par jour. On estime qu’à
In- fin du mois elle sera au moins de 125 mil
liards. ,
La fabrication des billets de banque^ fait
travailler actueüÊiQieïit 12 papeteries et 3-5 im
primerie*.
L’EXECUTION DES SANCTIONS
L’Occupation
d e la Ruhr
La résistance
Nouvelle note de protestation
Berlin, 9 février. — Le chargé d’affaires al
lemand à Paris a reçu l’ordre de remettre au
gouvernement français une note de protesta
tion contre l’occupation de la Bade. La note
prétend notamment que radmimstration des
chemins, de fer allemands s'est vue forcée
d arrêter un grand nombre d-e trains inter
nationaux et de trains circulant en Allema
gne à ciause du manque de charbon causé
par l'occupation française gt belge dans la
Ruhr.
II ne saurait donc être'question d’une in
fraction au itraité de Versailles comme le re
proche le gouvernement français au gouver
nement allemand dans -la -note v-ertelo remisa
le 2 février au chargé d’affaires allemand.
Même s’il y avait -eu une violation de forme
du traité, oe serait une caricature de l’état
de paix que diairrêter de© trains internatio
naux pour faire marcher les troupes sur les
villes allemandes.
Le gouvernement français, poursuit la no
te, s’apercevant du manque de proportion
entre la cause et Tes mesures prises par toi
a essayé d’expliquer notre prétendue viola
tion du traité. À ce sujet, le -gouvernement
allemand constate qu’il a refusé chaque, foi©
les reproches sans que le* gouvernement fran
çais ait seulement essayé de réduire à néant
l’argumentation L’action du gouvernement
français est donc un acte de violence Elle tsl
purement arbitraire.
A la commission du Reich
Berlin, 9 février.. — La commission du Reich
a continué le débat sur les territoires occupés
à l’occasion de la discussion du budget du
ministère de l'intérieur. Le ministre du ra
vitaillement a fait ©on rapport sur la situa
tion actuelle dans la Ruhr. Il a déclaré qua
si les Français faisaient des difficultés* à
l’expédition des denrées -par chemin de fer,
les vivres seraient transportés par cornions
automobiles.
La résistance prend les formes les plus
diverses
Dusse-ldorf, 9 février. — Le gouvernement
du .Reich continue sous les formes les piu-s
diverses se's efforts en vue de la résistance
à roécupation. Les commerçants qtj las indus
triels de Dusseldorf ont reçu ce matin une
circulaire émanant d’une « association de
sauvegarde des intérêts économiques de Rhé
nanie », qui révèle ainsi son existence, leur
recommandant de refuser d’obtempérer aux
-réquisitions et aux ordres des autorités d’oc
cupation ; de n’avoir aucun rapport commer
cial av-ec les Français ou, les Beiges même
établis en Rhénanie et de ne faire aucune li
vraison au compte des réparations.
Toutefois, elle le» autorise à continuer à
acheter le minerai de fer lorrain, luxembour
geois et leur demande d’éviter à tout prix, le
chômage et de ne se mettre en grève que su*
un ordre express du gouvernement de Ber
lin.
Les la-gents dé contribution du Reich se sont
repdus chez les commerçants et industriels
pour leur signaler que Je Reich exigerait le
payement des droits de douane même s’ils
avait déjà,versé ce© droits entre les mains des
postes français de Dusseldorf et de Duis-
bourg ou de© postes de dédouanement.
Il est ,à noter que le© autorités d’occupation,
disposent dans cette guerre douanière des
moyens d’action les plus puissants, car filles
n’autorisent pas rentrée des marchandises
qui n’ont pas été dédouanées par elles. Quel
ques restrictions ont été apportées dans les
restaurants de Dusseldorf au point de vue dé
la viande. Les restaurateurs de Dusseldorf
ont été invité© à ne plus servir les Français
•et les Belges. Us se ©ont refusés à obéir à une
pareille invitation. .
Le ministre du ravitaillement allemand A
attribué à la -présence des troupes françaises
ila pénurie du lait. Or, il .n’-est prélevé de lait
que .pour l’hôpital français d’Essen.
Un projet de loi d’urgence
Berlin, 9 février. — Le projet de loi. d’ur
gence destiné à favoriser là _ résistance du
gouvernement allemand a été soumis au
Reiohiiag, après avoir été .approuvé par le
Rei chnath. La loi tend à limiter Ta consom
mation de l'alcool, ( 1 e la bonne chère et des
plaisirs publics et de- poursuivre les commer
ces clandestins ainsi que le mercantilisme:
L’article 4 donne au président du Reich le
pouvoir de prescrire des mesures spéciales
relatives aux passeports et visas et à Texpmw
s ion des étrangers.
La loi donne la préférence pour rts loge
ments aux familles expulsée© des territoires
occupés. Enfin, le gouvernement du Reich
est autorisé à prendre des mesures pour lut
ter contre l’influence étrangère sur la situa
tion de rAllemagne.-
Le trafic ferroviaire
Désembouteiller la Ruhr,
tel est le problème
Aix-la-Chapelle, 9 février. — La grande
préoccupation du moi non t es-t de dejoniDOu-
toillar la Ruhr, en rétablissant un trafic régu
lier -et suffisant sur les Lignes de chemins a©
fer et les canaux. Outre que le mécanisme
et certains organismes essentiels, écluses tel
trares ont été criminellement sabotés, ta un-
liculté s'accroît du fait que la Ruhr -est au
croisement de nombreux teams internatio
naux, en sort© que le trafic commercial et le
trafic’ des voyageurs sont, en temps ordinaire
d’une intensité insoupçonnée. ... T „
Dans un récent voyage à Essen, M. Le
Trocquer, qui était accompagne de M.. Java,-
ry, dont l’autorité en matière de chemins de
fer est universellement connue, _ a arrête,
d’accord avec les services du générai. Payot,
un plan dont l’exécution doit conduire au ie*
Sl D’tci t peu "de jours, six trains internationaux
traverseront la Ruhr et 50 teains de chaihon
la a lutteront pour la France et le» terutone»
occupés. Le trafic sera rétabli sur un cR-'yRj-
ble d-e lignes maîtresses capable» de i assu
rer On calcule qu’-on pourra ainsi évacuer,
en s’aidant également des transports par eau
1.590.000 tonnes de charbon ou de coke par
En ce qui concerne la production du coke,
on arrivera assez rapidement à fournir envi
ron 7.000 tonne» par jour, alors que les ntee»-
sités se montent 4 12.000 tonnes. Ce ch.fne
pourra être atteint par la suite. .
L’exploitation sera assurée par en -r , ' roa
10.000 cheminots des ré seau x 1 if*
tent en contact permanent ^cla. ^ T r f ^ or J
de leur réseau d’origine. Los mesures soin
prises pour qu-e, quotidiennement, ils soient
visités et ravitaillés et
TTftfP fl'&S Q/wOIl fiS ’CÎiG iGllr. (JrOmpcL--,XI l ^ »
CF 4 'mÆH&s cheminots en toute pour
la Ruhr v «ont conduits par tes «recteurs
des ré-eaux. Toutes le» mesures sont prises
nour que ce personnel ne se considéré pas
connue isolé de l'ensemble.des réseaux fian
çais et belges.
Occupation de points importants
Berlin, 9 février. — On mande d’Essen à'
la Gazette de Voss :
Le trafic ferroviaire d-e la Ruhr vient d'en
trer dans une phase critique. Tandis qu. le»
Français se sont borné», ju-squ à preseut, a
•À.,
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