Titre : La Patrie : journal quotidien, politique, commercial et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1845-12-07
Contributeur : Saint-Valry, Gaston de (1828-1881). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32833792s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 décembre 1845 07 décembre 1845
Description : 1845/12/07. 1845/12/07.
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : conditions spécifiques d'utilisation - BnF-partenariats, Presse Ancienne RetroNews
Identifiant : ark:/12148/bd6t5134271d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Arsenal, FOL JO-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/01/2022
20 centimes le Numéro
Dimanche 7 Décembre 1845.
TA P A T RIT
_ Mm • Mb A Am A _e
Edition du soir.
En en,
40 FR.
JOURNAL POLITIQUE, CORNERCIAL; AGRICOLE, LITTÉRAIRE, JUDICIARE.
Trois mois
11 FR.
On s’abonne, à Paris dans les bureaux du Journal, rue Coq-Héror , 3.—Prix de l’abonnement : un an, 40 francs ; six mois, 21 francs ; trois mois, 11 francs. — Les réclame f déguisées , c’est- à-dire classées parmi les fait» divert, ne sont poin
" ‘ admises. — Le prix des annonces est de 40 centimes la ligne, sur la justification de six colonnes.
Tout ce qui concerne la rédaction politique doit être adressé au rédacteur en chef. — Tout ce qui concerne l’administration et le feuilleton doit être adressé au gérant.
Paris, 7 décembre
L'industrie parisienne et la Chine.
Le goût des dessinateurs , l’adresse des ouvriers, l'intelligence '
des fabricans,sont réunis dans la capitale pour donner à ces mille
et un objets nécessaires ou futiles que l’on nomme les articles de
Paris cette supériorité incontestable qui les fait rechercher de tous
les peuples. L’industrie parisienne a donc deux débouchés natu
rels : la consommation intérieure et l’exportation. Malheureuse
ment notre politique commerciale a fermé à cette classe si nom
breuse et si intéressante de producteurs la plupart des marchés ex-
térieurs.Il y a trois ans à peine,vers la fin de 1842,1e tarif du zoll-
verein leur a porté un rude coup, auquel les fabricans ont depuis
songé à parer en établissant des relations avec la Chine. Un dé
légué de la chambre de commerce a accompagné notre ambassa
deur, et déjà il a pu adresser quelques renseignemens utiles.
D’après les nouvelles et les détails qui ont été publiés récem
ment sur la manière tout—à—fait cordicale avec laquelle les repré-
sentans de la France ont été reçus, il est maintenant permis de
dire que le marché chinois va s’ouvrir pour nos fabricans. Or, le
céleste empire est peuplé d’environ trois cent soixante-dix mil-
lions d’hommes, s’il faut en croire une carte de la Chine pu
bliée en 1842 à Londres. Sans doute tous les Chinois ne sont
pas riches, sans doute il faudra du temps pour que les acheteurs
se fassent à nos goûts, ou plutôt pour que nos fabricans connais
sent bien les goûts des habitans de la Chine ; mais il est incon
testable que si la bonne intelligence continue à régner entre les
deux peuples, notre industrie trouvera dans ce grand empire un
immense débouché.
On ne croirait pas au premier abord que les articles de Paris
ont une importance majeure, et qu’ils peuvent figurer en pre-
mière ligne dans la liste de nos exportations. M. Potonié, com
missionnaire en marchandises, évaluait en 1842 l’exportation en
articles de Paris proprement dits, à près de 160 millions, c’est-à-
dire à près du cinquième des exportations de toute la France.
Ces 160 millions sont le prix, en valeur officielle, des exportations
en outils et ustensiles de toute sorte, comme les armes, la sellerie,
la coutellerie, les fournitures de bureau , en vaisselle, en meu
bles, en pendules, en mercerie, en peaux ouvrées, en objets de
luxe, de goût, d’art, de sciences, en bijouterie, en parfumerie, en
modes, en gravures et en toutes ces superfluités si nécessaires à
des civilisés, comme diraient les disciples de Fourier.
Tout le secret de la supériorité de l’industrie parisienne se
trouve dans e goût,qui n’émigre pas et qui a toujours abandonné
les ouvriers qui ont voulu s’établir en pays étranger, loin de nos
musées, de nos théâtres,de nos magasins, .loin aussi, disent d’au-
cuns, de ce bon vin de France. Mais les inventeurs parisiens, si
supérieurs par leur intelligence, se laissent ruiner par la contre
façon. Ils attendent trop le consommateur, et semblent ne pas sa
voir qu’il faut désormais aller chez lui pour exciter le désirdla-
cheter de jolies choses, pour étudier ses goûts, ses mœurs, ses be
soins. Aujourd’hui, dit le négociant que nous citions tout à
l’heure , dans une brochure adressée aux fabricans de Paris, ce
sont les étrangers voyageurs gui viennent découvrir nos produits
dans les quartiers Saint-Denis et Saint-Martin. Quant aux étran
gers sédentaires, ils ne connaissent guère ces produits que par les
maisons anglaises, américaines, allemandes, hollandaises, et l’on
comprend que ces intermédiaires né sont pas presses d’ajouter à
leurs factures les indications d’origine.
Pour donner à nos compatriotes une idée des ressources que
doit un jour offrir le marché chinois, on peut leur rappeler le
succès obtenu par M. Nathan Dunn, ex-consul des Etats-Unis à
Canton, qui a pu amasser en onze anrées, et avec la participa
tion d’un quart dans une maison de commerce, la somme énor
me de quinze millions. Or, il faut savoir que c’est M. Dunn qui a
ouvert le marché chinois à ses compatriotes, puisqu’il eut en
1818 toutes les peines du monde à ramasser une première car
gaison. M. Dunn est mort laissant, outre sa grande fortune, une
magnifique collection d’objets chinois que l’on montre à Londres
et que l’on viendra sans doute exploiter à Paris. Nos ouvriers et
nos fabricans pourront, si ce projet se réalise, y puiser un ensei
gnement précieux. —-
Mais il en est de l’industrie parisienne comme de toutes celles
qui exportent : elle a besoin de se surveiller avec le plus grand
soin pour la qualité des produits qu’elle expédie. Les Chinois sont
d’abord très confians, puis ils passent, lorsqu’on les a trompés, à
une grande méfiance ; en cela, il faut l’avouer, ils ne sont pas
bien différens des autres peuples. On a cherché le remède à
ce mal dans toutes sortes d’organisations impossibles, dans
des marques forcées, dans des inspections officielles. Tout cet
appareil réglementaire a été renversé par l’expérience. On
falsifiait tout autant, si ce n’est plus qu’aujourd’hui , alors
que Colbert faisait exposer des manufacturiers au poteau
d’infamie. C’est à l’acheteur à faire Sa propre police; c’est au
vendeur à comprendre qu’à côté de ses produits inférieurs, un
homme plus adroit, plus intelligent, plus honnête, peut attirer
sa clientèle. Que chaque producteur adopte une marque, que là
loi lui en garantisse la propriété, rien de mieux. Cela ne suffit-il
pas aux maisons anglaises, qui savent que la bonne foi commer-
ciale leur économise du temps-et finit par valoir de la monnaie?
Ce serait donc un triste calcul de la part des premiers expéditeurs
en Chine que d’agir comme les pacotilleurs ordinaires ne man
quent jamais de faire, en commandant en retour d’une exporta-
tation qui a réussi des articles plus avantageux, c’est-à-dire des
produits de qualités et de prix inférieurs, mais de la même ap
parence.
Le. système de pacotille est l’enfance du commerce, et l’on com
prend que le négociant participe alors de l’aventurier qui sacrifie
le présente! l’avenir. Les Anglais et les Américains ont au con
traire adopté le système des comptoirs fixes et permanens aux
quels les étrangers prennent confiance, qui recueillent tous les
renseignemens utiles et peuvent seuls donner de la consistance
aux opérations. A tout prendre, c’est peut-être au système de pa
cotille, emportant l’irresponsabilité du vendeur, qu’il faut attri-
buer le discrédit des, marchandises francaises et la renommée
douteuse de notre commerce.
Nous soumettons ces observations à tous ceux qui peuvent s’in
téresser à l’avenir de nos relations commerciales avec les nom
breux sujets de l’empire chinois.
Voici maintenant quelques détails sur la manière dont les Chi
nois ont accueilli divers objets emportés par M. Renard, délégué
du commerce de Paris.
Les Chinois aiment les armes ; mais les armes à bon marché,
les fusils simples, ceux de Saint-Etienne, par exemple.Un modèle
de 12 fr. a beaucoup plu. Ils achètent les armes blanches autant
pour orner les magasins que pour leur défense.
Ils ont bien accueilli les boulons ronds dits grelots, ciselés,
dorés en vert ou argentés. Ils ne veulent que des dés coupés
semblables à ceux des tailleurs. Comme ils ont des doigts petits
et très effilés, il leur faut des modèles comme ceux qui convien
nent ici aux femmes. En Chine, ce sont les hommes qui confec
tionnent les vêtemens des deux sexes et les broderies en tous
genres qui sont beaucoup portées.
Les Chinois n’aiment pas les couteaux-poignards; ils recher
chent au contraire les couteaux de poche dits janibettes à deux
ou trois James, ainsi que les jolis petits ciseaux de broderies. Con
trairement à ce qui se passe pour d’autres articles, il faut ici des
articles de choix, car les Chinois excellent dans la coutellerie com
mune. -
Dans la cristallerie, ils aiment les objets peints, des tabatières
en cristal. Malheureusement ils se sont mis à fabriquer tous ces
objets depuis quelque temps. Ils ont un sable excellent.
Ils préfèrent nos confiseries à celles des Américains,qu’ils trou
vent molles et gluantes.
Dans la lithographie, ce sont les sujets coloriés d’histoire, de
guerre, d’amourette, etc., qui plaisent le plus. Les odalisques, les
batailles, les baigneuses, Ja Esmeralda ont eu du succès.
Ce sont les Danois qui ont saisi le goût des Chinois dans les li
queurs. Leur cherry-cordial, leur cherry-brandy (cerises à l’eau-
de-vie), ont la vogue. Le parfait-amour, le cassis, le curaçao, ne
sont pas dédaignés; mais l’anisette n’a pas le moindre succès.
Les boîtes à musique se vendent bien. Il vaut mieux les faire
en bois blanc, que les Chinois remplacent par un travail en lac-
que; bien entendu que les airs doivent être patriotiques et chi-
nois!
Dans la parfumerie , la pommade qui fait pousser les cheveux
réussit parfaitement. Les compositions qui noircissent sont d’un
grand usage.
Les Chinois ont beaucoup goûté les poupées élégantes ; les jeu
nes mariées, les belles dames, etc., excitent l’admiration des vi
siteurs.
La jolie tournure des nouveaux parapluies leur plaît infini-
ment.
Ce sont les Anglais qui leur vendent toute la quincaillerie ,
bien différente d’ailleurs de l’outillage de nos ouvriers.
Le Chinois est en général coutumier et peu changeant. La
> grande majorité est pauvre et recherche le bon marché.
Notre but, en entrant dans ces détails, est de provoquer la leç-
FEUILLETON 0B IA PATRIE DU 7 DBCEMBRB 4843,
LES MÉMOIRES D’UNE FILLE DU PEUPLE.
PREMIERE SERIE.
TOME DEUXIÈDIE (I)
7 .... r XI. nez
Le Fiancé.
On commençait à s'étonner du retard.
Le salon de la comtesse Nareski était encombré de monde depuis
longtemps.
On remarquait dans la réunion beaucoup plus d’hommes que de fem-
mes. Cependant, l’immense fortune de la comtesse n’avait pu manquer
d’attirer autour d’elle de ces femmes toujours prêtes à accepter le rôle
de familières, gagnées par ce prestige de la richesse qui leur crée à elles-
mêmes comme un luxe de reflet.
Au milieu de cette phalange d'amies intimes, achetées pour la plupart
à baux deniers complans par quelques largesses particulières, on re
marquait tou’ ce que Paris possédait en ce moment de Russes de
distinction, attirés par cette solennité si curieuse, et qui devait dater
dans les annales du monde.
Il n'y avait plus de doute à avoir maintenant.
La comtesse.Nareski allait bien réellement prendre pour époux un
homme obscur, et dont le nom et les qualités étaient encore pour tous
les assistans un problème insoluble et que la lecture du contrat allait
sans doute éclaircir.
On chuchottait dans les pièces contiguës au salon et dans la galerie
remplie ne fleurs séparée de l’avenue des Champs-Elysées seulement par
une cour plantée d arbres.
Une expression de surprise railleuse se peignait sur tous les visages.
On devine que les médisances, les observations hostiles, qui n’épar
gnent pas même les mariages les mieux assortis, ne pouvaient guère
manquer d’éclore en foule en pareille occasion.
Des rires à peine étouifés partaient de certains groupes disposés de
distance'en distance. D’autres personnes causaient à voix basse avec une
sorte de consternation ; puis un bourdonnement confus de toutes les
(1) La reproduction de ce roman, même par parties détachées, est formelle
ment interdite. — Voir la Patrie depuis le 7 novembre.
voix s’élevait d’une pièce dans une autre et annonçait une impatience
générale à peine déguisée.
La réunion avait été annoncée pour trois heures; il en était plus de
quatre , et aucun des acteurs de cette scène , que plusieurs des assistans
s’obstinaient encore à regarder comme une pure comédie, n’avait paru.
Il y avait plus d’une heure déjà que le notaire était assis devant une
table placée au milieu de la pièce principale, et sur laquelle reposait la
pièce officielle qui devait former le dénoûment do ce drame depuis si
longtemps préparé.
Enfin, la porte du salon s’ouvrit, et un murmure d’approbation invo
lontaire s’envola de toutes les bouches.
Les ennemis même les plus acharnés de la comtesse ne purent s’em
pêcher de se prêter au concert de louanges qui s’élevait sur son passage,
lorsqu’on la vit paraître seule, sans autre défense que son rang et sa
beauté, contre toute cette foule dont elle venait affronter les regards.
Elle avait,suivant son habitude,un costume presque entièrement noir.
If régnait dans cet habillement noble et sombre un grand art pour si-
muleruné seconde jeunesse.
Les bijoux du plus grand prix, qu’elle avait répandus à profusion sur
ses vêtemens et sur ses cheveux , célèbres dans toute l’Europe par leur
beauté, rayonnaient comme des étoiles sur un ciel ténébreux. Les par
fums les plus délicats voltigeaient autour de son cou frêle.
Son front se relevait allier, comme pour interroger ceux des assistans
qui étaient venus là non pas tant pour céder à ses vœux que pour obser
ver son attitude et espionner pour ainsi dire les traits de son visage.
Un seul coup d’œil avait déjà suffi à la comtesse pour embrasser toute
la réunion;
Ses sourcils noirs se rapprochèrent vivement, lorsqu’elle s’aperçut que
celui qu'elle attendait n’avait pas encore paru et s’élail laissé devancer
par elle. ,
Elle éprouva le même frémissement intérieur que dut ressentir Louis
XV, quand la Dubarry se fit attendre le jour de sa présentation à Ver
sailles. ■' 0 ■
Au milieu de cet air de fierté si admirablement concerté, la comtesse,
qui cherchait vainement à dissimuler le malaise intérieur qu’elle éprou
vait, froissait entre ses mains convulsives une carte de visite qu’elle
venait de recevoir.
Enfin, elle aperçut le prince Tangaroff, qui, après l’avoir saluée avec
une froideur respectueuse, s’était mis à causer avec une des soi-disant
amies intimes de la comtesse dans l’embrasure d’une croisée.
Elle lui lit un signe de la tête, et le prince, quittant aussitôt la per
sonne avec laquelle il conversait, se rendit à l’extrémité de la galerie en
attendant la comtesse.
— Comment cette carte se trouve-t-elle ici? lui dit-elle d’un ton im-
pétueux; que signifie cette visite?
Le prince ne put s’empêcher de sourire en lisant le nom du colonel
Yolodimir.
J’ai su en effet aujourd’hui, reprit-il, que le colonel venait d’arriver
de Saint-Pétersbourg.
— Et comment n’ai-je pas reçu sa visite plus tôt ?
— Il est à Paris depuis hier seulement, et il paraît que des affaires
indispensables...
— Quel est le motif de son voyage?
— Je l’ignore, en vérité, ma chère comtesse.
— Vous me trompez ; il y a là quelque grand complot qui ne lardera
pas sans doute à se découvrir. Cette arrivée subite d’un officier russe...
M, de Montalbert qui ne paraît pas... Prenez garde, prince; vous savez
que lorsqu’on s’obstine à me braver, tôt ou tard je me venge.
La comtesse était vivement agitée : une teinte de pourpre était étendue
sur son front olivâtre ; sa poitrine se soulevait et s’abaissait avec l’im-
pétuosité de la vague furieuse.
Le prince voulant l’apaiser reprit d’un ton de gravité :
— Calmez-vous, de grâce, madame, et croyez bien que tant que je
serai près de vous, on n’osera rien entreprendre de contraire aux inté
rêts de votre honneur...
— Oui, je vous comprends, vous espérez encore... vous avez cru peut-
être que l’arrivée imprévue d’un étranger venu de Russie exprès pour
moi pourrait empêcher... Prince Tangaroff, vous avez trop de jugement
pour ne pas sentir que tout ce qu’on pourrait entreprendre maintenant
contre mes projets ne ferait que produire un scandale inutile... Voyez
cette foule, ces préparatifs, reconnaissez enfin que ma destinée est fixée
à tout jamais.
— Après le blâme, chère comtesse, et tous les reproches de l’affection,
reprit le prince en s’inclinant, vous voyez que je n’en ai pas moins fini
par céder entièrement à vos vœux... J'étais ici un des premiers parmi
ceux qui auront l’honneur de signer à votre contrat de mariage.
Il lui prit la main ct la ramena dans le salon, où une fermentation
orageuse, à peine calmée par l’apparition de la comtesse, venait tout-a-
coup de s’élever.
La porte principale s’était ouverte.avec fracas.
Un nom avait été lancé au milieu delà réunion avec cette élévation de
la voix particulière à tout domestique qui sait qu’il annonce un person
nage important.
— M. Ulric de Montalbert!
On vit aussitôt les rangs des assistans se presser, tous les regards se
porter à la fois vers la porte qui venait d’être ouverte.
Il semblait qu’Ulric parût chez la comtesse pour la première fois, tant
on mettait d’empressement à le contempler.
Sa figure, sa démarche, jusqu'aux détails de son costume, il semblait
que tout méritât d'être examiné attentivement dans cette journée.
Les impressions d’une lutte qui n’avait pas laissé de l’ébranler violem-
ment malgré la vigueur de son organisation, surtout les inquiétudes
causées par une expédition jugée indispensable et qui se décidait en ce
moment; ces diverses causes semaient sur son front des nuages épais
qu’il cherchait vainement à chasser. .
Chacun remarqua son front marbré, sa narine, ouverte à demi, fré
quemment relevée par un tremblement nerveux. Il y avait dans son
extérieur comme une révélation involontaire et secrète de ce qu’il était
Dimanche 7 Décembre 1845.
TA P A T RIT
_ Mm • Mb A Am A _e
Edition du soir.
En en,
40 FR.
JOURNAL POLITIQUE, CORNERCIAL; AGRICOLE, LITTÉRAIRE, JUDICIARE.
Trois mois
11 FR.
On s’abonne, à Paris dans les bureaux du Journal, rue Coq-Héror , 3.—Prix de l’abonnement : un an, 40 francs ; six mois, 21 francs ; trois mois, 11 francs. — Les réclame f déguisées , c’est- à-dire classées parmi les fait» divert, ne sont poin
" ‘ admises. — Le prix des annonces est de 40 centimes la ligne, sur la justification de six colonnes.
Tout ce qui concerne la rédaction politique doit être adressé au rédacteur en chef. — Tout ce qui concerne l’administration et le feuilleton doit être adressé au gérant.
Paris, 7 décembre
L'industrie parisienne et la Chine.
Le goût des dessinateurs , l’adresse des ouvriers, l'intelligence '
des fabricans,sont réunis dans la capitale pour donner à ces mille
et un objets nécessaires ou futiles que l’on nomme les articles de
Paris cette supériorité incontestable qui les fait rechercher de tous
les peuples. L’industrie parisienne a donc deux débouchés natu
rels : la consommation intérieure et l’exportation. Malheureuse
ment notre politique commerciale a fermé à cette classe si nom
breuse et si intéressante de producteurs la plupart des marchés ex-
térieurs.Il y a trois ans à peine,vers la fin de 1842,1e tarif du zoll-
verein leur a porté un rude coup, auquel les fabricans ont depuis
songé à parer en établissant des relations avec la Chine. Un dé
légué de la chambre de commerce a accompagné notre ambassa
deur, et déjà il a pu adresser quelques renseignemens utiles.
D’après les nouvelles et les détails qui ont été publiés récem
ment sur la manière tout—à—fait cordicale avec laquelle les repré-
sentans de la France ont été reçus, il est maintenant permis de
dire que le marché chinois va s’ouvrir pour nos fabricans. Or, le
céleste empire est peuplé d’environ trois cent soixante-dix mil-
lions d’hommes, s’il faut en croire une carte de la Chine pu
bliée en 1842 à Londres. Sans doute tous les Chinois ne sont
pas riches, sans doute il faudra du temps pour que les acheteurs
se fassent à nos goûts, ou plutôt pour que nos fabricans connais
sent bien les goûts des habitans de la Chine ; mais il est incon
testable que si la bonne intelligence continue à régner entre les
deux peuples, notre industrie trouvera dans ce grand empire un
immense débouché.
On ne croirait pas au premier abord que les articles de Paris
ont une importance majeure, et qu’ils peuvent figurer en pre-
mière ligne dans la liste de nos exportations. M. Potonié, com
missionnaire en marchandises, évaluait en 1842 l’exportation en
articles de Paris proprement dits, à près de 160 millions, c’est-à-
dire à près du cinquième des exportations de toute la France.
Ces 160 millions sont le prix, en valeur officielle, des exportations
en outils et ustensiles de toute sorte, comme les armes, la sellerie,
la coutellerie, les fournitures de bureau , en vaisselle, en meu
bles, en pendules, en mercerie, en peaux ouvrées, en objets de
luxe, de goût, d’art, de sciences, en bijouterie, en parfumerie, en
modes, en gravures et en toutes ces superfluités si nécessaires à
des civilisés, comme diraient les disciples de Fourier.
Tout le secret de la supériorité de l’industrie parisienne se
trouve dans e goût,qui n’émigre pas et qui a toujours abandonné
les ouvriers qui ont voulu s’établir en pays étranger, loin de nos
musées, de nos théâtres,de nos magasins, .loin aussi, disent d’au-
cuns, de ce bon vin de France. Mais les inventeurs parisiens, si
supérieurs par leur intelligence, se laissent ruiner par la contre
façon. Ils attendent trop le consommateur, et semblent ne pas sa
voir qu’il faut désormais aller chez lui pour exciter le désirdla-
cheter de jolies choses, pour étudier ses goûts, ses mœurs, ses be
soins. Aujourd’hui, dit le négociant que nous citions tout à
l’heure , dans une brochure adressée aux fabricans de Paris, ce
sont les étrangers voyageurs gui viennent découvrir nos produits
dans les quartiers Saint-Denis et Saint-Martin. Quant aux étran
gers sédentaires, ils ne connaissent guère ces produits que par les
maisons anglaises, américaines, allemandes, hollandaises, et l’on
comprend que ces intermédiaires né sont pas presses d’ajouter à
leurs factures les indications d’origine.
Pour donner à nos compatriotes une idée des ressources que
doit un jour offrir le marché chinois, on peut leur rappeler le
succès obtenu par M. Nathan Dunn, ex-consul des Etats-Unis à
Canton, qui a pu amasser en onze anrées, et avec la participa
tion d’un quart dans une maison de commerce, la somme énor
me de quinze millions. Or, il faut savoir que c’est M. Dunn qui a
ouvert le marché chinois à ses compatriotes, puisqu’il eut en
1818 toutes les peines du monde à ramasser une première car
gaison. M. Dunn est mort laissant, outre sa grande fortune, une
magnifique collection d’objets chinois que l’on montre à Londres
et que l’on viendra sans doute exploiter à Paris. Nos ouvriers et
nos fabricans pourront, si ce projet se réalise, y puiser un ensei
gnement précieux. —-
Mais il en est de l’industrie parisienne comme de toutes celles
qui exportent : elle a besoin de se surveiller avec le plus grand
soin pour la qualité des produits qu’elle expédie. Les Chinois sont
d’abord très confians, puis ils passent, lorsqu’on les a trompés, à
une grande méfiance ; en cela, il faut l’avouer, ils ne sont pas
bien différens des autres peuples. On a cherché le remède à
ce mal dans toutes sortes d’organisations impossibles, dans
des marques forcées, dans des inspections officielles. Tout cet
appareil réglementaire a été renversé par l’expérience. On
falsifiait tout autant, si ce n’est plus qu’aujourd’hui , alors
que Colbert faisait exposer des manufacturiers au poteau
d’infamie. C’est à l’acheteur à faire Sa propre police; c’est au
vendeur à comprendre qu’à côté de ses produits inférieurs, un
homme plus adroit, plus intelligent, plus honnête, peut attirer
sa clientèle. Que chaque producteur adopte une marque, que là
loi lui en garantisse la propriété, rien de mieux. Cela ne suffit-il
pas aux maisons anglaises, qui savent que la bonne foi commer-
ciale leur économise du temps-et finit par valoir de la monnaie?
Ce serait donc un triste calcul de la part des premiers expéditeurs
en Chine que d’agir comme les pacotilleurs ordinaires ne man
quent jamais de faire, en commandant en retour d’une exporta-
tation qui a réussi des articles plus avantageux, c’est-à-dire des
produits de qualités et de prix inférieurs, mais de la même ap
parence.
Le. système de pacotille est l’enfance du commerce, et l’on com
prend que le négociant participe alors de l’aventurier qui sacrifie
le présente! l’avenir. Les Anglais et les Américains ont au con
traire adopté le système des comptoirs fixes et permanens aux
quels les étrangers prennent confiance, qui recueillent tous les
renseignemens utiles et peuvent seuls donner de la consistance
aux opérations. A tout prendre, c’est peut-être au système de pa
cotille, emportant l’irresponsabilité du vendeur, qu’il faut attri-
buer le discrédit des, marchandises francaises et la renommée
douteuse de notre commerce.
Nous soumettons ces observations à tous ceux qui peuvent s’in
téresser à l’avenir de nos relations commerciales avec les nom
breux sujets de l’empire chinois.
Voici maintenant quelques détails sur la manière dont les Chi
nois ont accueilli divers objets emportés par M. Renard, délégué
du commerce de Paris.
Les Chinois aiment les armes ; mais les armes à bon marché,
les fusils simples, ceux de Saint-Etienne, par exemple.Un modèle
de 12 fr. a beaucoup plu. Ils achètent les armes blanches autant
pour orner les magasins que pour leur défense.
Ils ont bien accueilli les boulons ronds dits grelots, ciselés,
dorés en vert ou argentés. Ils ne veulent que des dés coupés
semblables à ceux des tailleurs. Comme ils ont des doigts petits
et très effilés, il leur faut des modèles comme ceux qui convien
nent ici aux femmes. En Chine, ce sont les hommes qui confec
tionnent les vêtemens des deux sexes et les broderies en tous
genres qui sont beaucoup portées.
Les Chinois n’aiment pas les couteaux-poignards; ils recher
chent au contraire les couteaux de poche dits janibettes à deux
ou trois James, ainsi que les jolis petits ciseaux de broderies. Con
trairement à ce qui se passe pour d’autres articles, il faut ici des
articles de choix, car les Chinois excellent dans la coutellerie com
mune. -
Dans la cristallerie, ils aiment les objets peints, des tabatières
en cristal. Malheureusement ils se sont mis à fabriquer tous ces
objets depuis quelque temps. Ils ont un sable excellent.
Ils préfèrent nos confiseries à celles des Américains,qu’ils trou
vent molles et gluantes.
Dans la lithographie, ce sont les sujets coloriés d’histoire, de
guerre, d’amourette, etc., qui plaisent le plus. Les odalisques, les
batailles, les baigneuses, Ja Esmeralda ont eu du succès.
Ce sont les Danois qui ont saisi le goût des Chinois dans les li
queurs. Leur cherry-cordial, leur cherry-brandy (cerises à l’eau-
de-vie), ont la vogue. Le parfait-amour, le cassis, le curaçao, ne
sont pas dédaignés; mais l’anisette n’a pas le moindre succès.
Les boîtes à musique se vendent bien. Il vaut mieux les faire
en bois blanc, que les Chinois remplacent par un travail en lac-
que; bien entendu que les airs doivent être patriotiques et chi-
nois!
Dans la parfumerie , la pommade qui fait pousser les cheveux
réussit parfaitement. Les compositions qui noircissent sont d’un
grand usage.
Les Chinois ont beaucoup goûté les poupées élégantes ; les jeu
nes mariées, les belles dames, etc., excitent l’admiration des vi
siteurs.
La jolie tournure des nouveaux parapluies leur plaît infini-
ment.
Ce sont les Anglais qui leur vendent toute la quincaillerie ,
bien différente d’ailleurs de l’outillage de nos ouvriers.
Le Chinois est en général coutumier et peu changeant. La
> grande majorité est pauvre et recherche le bon marché.
Notre but, en entrant dans ces détails, est de provoquer la leç-
FEUILLETON 0B IA PATRIE DU 7 DBCEMBRB 4843,
LES MÉMOIRES D’UNE FILLE DU PEUPLE.
PREMIERE SERIE.
TOME DEUXIÈDIE (I)
7 .... r XI. nez
Le Fiancé.
On commençait à s'étonner du retard.
Le salon de la comtesse Nareski était encombré de monde depuis
longtemps.
On remarquait dans la réunion beaucoup plus d’hommes que de fem-
mes. Cependant, l’immense fortune de la comtesse n’avait pu manquer
d’attirer autour d’elle de ces femmes toujours prêtes à accepter le rôle
de familières, gagnées par ce prestige de la richesse qui leur crée à elles-
mêmes comme un luxe de reflet.
Au milieu de cette phalange d'amies intimes, achetées pour la plupart
à baux deniers complans par quelques largesses particulières, on re
marquait tou’ ce que Paris possédait en ce moment de Russes de
distinction, attirés par cette solennité si curieuse, et qui devait dater
dans les annales du monde.
Il n'y avait plus de doute à avoir maintenant.
La comtesse.Nareski allait bien réellement prendre pour époux un
homme obscur, et dont le nom et les qualités étaient encore pour tous
les assistans un problème insoluble et que la lecture du contrat allait
sans doute éclaircir.
On chuchottait dans les pièces contiguës au salon et dans la galerie
remplie ne fleurs séparée de l’avenue des Champs-Elysées seulement par
une cour plantée d arbres.
Une expression de surprise railleuse se peignait sur tous les visages.
On devine que les médisances, les observations hostiles, qui n’épar
gnent pas même les mariages les mieux assortis, ne pouvaient guère
manquer d’éclore en foule en pareille occasion.
Des rires à peine étouifés partaient de certains groupes disposés de
distance'en distance. D’autres personnes causaient à voix basse avec une
sorte de consternation ; puis un bourdonnement confus de toutes les
(1) La reproduction de ce roman, même par parties détachées, est formelle
ment interdite. — Voir la Patrie depuis le 7 novembre.
voix s’élevait d’une pièce dans une autre et annonçait une impatience
générale à peine déguisée.
La réunion avait été annoncée pour trois heures; il en était plus de
quatre , et aucun des acteurs de cette scène , que plusieurs des assistans
s’obstinaient encore à regarder comme une pure comédie, n’avait paru.
Il y avait plus d’une heure déjà que le notaire était assis devant une
table placée au milieu de la pièce principale, et sur laquelle reposait la
pièce officielle qui devait former le dénoûment do ce drame depuis si
longtemps préparé.
Enfin, la porte du salon s’ouvrit, et un murmure d’approbation invo
lontaire s’envola de toutes les bouches.
Les ennemis même les plus acharnés de la comtesse ne purent s’em
pêcher de se prêter au concert de louanges qui s’élevait sur son passage,
lorsqu’on la vit paraître seule, sans autre défense que son rang et sa
beauté, contre toute cette foule dont elle venait affronter les regards.
Elle avait,suivant son habitude,un costume presque entièrement noir.
If régnait dans cet habillement noble et sombre un grand art pour si-
muleruné seconde jeunesse.
Les bijoux du plus grand prix, qu’elle avait répandus à profusion sur
ses vêtemens et sur ses cheveux , célèbres dans toute l’Europe par leur
beauté, rayonnaient comme des étoiles sur un ciel ténébreux. Les par
fums les plus délicats voltigeaient autour de son cou frêle.
Son front se relevait allier, comme pour interroger ceux des assistans
qui étaient venus là non pas tant pour céder à ses vœux que pour obser
ver son attitude et espionner pour ainsi dire les traits de son visage.
Un seul coup d’œil avait déjà suffi à la comtesse pour embrasser toute
la réunion;
Ses sourcils noirs se rapprochèrent vivement, lorsqu’elle s’aperçut que
celui qu'elle attendait n’avait pas encore paru et s’élail laissé devancer
par elle. ,
Elle éprouva le même frémissement intérieur que dut ressentir Louis
XV, quand la Dubarry se fit attendre le jour de sa présentation à Ver
sailles. ■' 0 ■
Au milieu de cet air de fierté si admirablement concerté, la comtesse,
qui cherchait vainement à dissimuler le malaise intérieur qu’elle éprou
vait, froissait entre ses mains convulsives une carte de visite qu’elle
venait de recevoir.
Enfin, elle aperçut le prince Tangaroff, qui, après l’avoir saluée avec
une froideur respectueuse, s’était mis à causer avec une des soi-disant
amies intimes de la comtesse dans l’embrasure d’une croisée.
Elle lui lit un signe de la tête, et le prince, quittant aussitôt la per
sonne avec laquelle il conversait, se rendit à l’extrémité de la galerie en
attendant la comtesse.
— Comment cette carte se trouve-t-elle ici? lui dit-elle d’un ton im-
pétueux; que signifie cette visite?
Le prince ne put s’empêcher de sourire en lisant le nom du colonel
Yolodimir.
J’ai su en effet aujourd’hui, reprit-il, que le colonel venait d’arriver
de Saint-Pétersbourg.
— Et comment n’ai-je pas reçu sa visite plus tôt ?
— Il est à Paris depuis hier seulement, et il paraît que des affaires
indispensables...
— Quel est le motif de son voyage?
— Je l’ignore, en vérité, ma chère comtesse.
— Vous me trompez ; il y a là quelque grand complot qui ne lardera
pas sans doute à se découvrir. Cette arrivée subite d’un officier russe...
M, de Montalbert qui ne paraît pas... Prenez garde, prince; vous savez
que lorsqu’on s’obstine à me braver, tôt ou tard je me venge.
La comtesse était vivement agitée : une teinte de pourpre était étendue
sur son front olivâtre ; sa poitrine se soulevait et s’abaissait avec l’im-
pétuosité de la vague furieuse.
Le prince voulant l’apaiser reprit d’un ton de gravité :
— Calmez-vous, de grâce, madame, et croyez bien que tant que je
serai près de vous, on n’osera rien entreprendre de contraire aux inté
rêts de votre honneur...
— Oui, je vous comprends, vous espérez encore... vous avez cru peut-
être que l’arrivée imprévue d’un étranger venu de Russie exprès pour
moi pourrait empêcher... Prince Tangaroff, vous avez trop de jugement
pour ne pas sentir que tout ce qu’on pourrait entreprendre maintenant
contre mes projets ne ferait que produire un scandale inutile... Voyez
cette foule, ces préparatifs, reconnaissez enfin que ma destinée est fixée
à tout jamais.
— Après le blâme, chère comtesse, et tous les reproches de l’affection,
reprit le prince en s’inclinant, vous voyez que je n’en ai pas moins fini
par céder entièrement à vos vœux... J'étais ici un des premiers parmi
ceux qui auront l’honneur de signer à votre contrat de mariage.
Il lui prit la main ct la ramena dans le salon, où une fermentation
orageuse, à peine calmée par l’apparition de la comtesse, venait tout-a-
coup de s’élever.
La porte principale s’était ouverte.avec fracas.
Un nom avait été lancé au milieu delà réunion avec cette élévation de
la voix particulière à tout domestique qui sait qu’il annonce un person
nage important.
— M. Ulric de Montalbert!
On vit aussitôt les rangs des assistans se presser, tous les regards se
porter à la fois vers la porte qui venait d’être ouverte.
Il semblait qu’Ulric parût chez la comtesse pour la première fois, tant
on mettait d’empressement à le contempler.
Sa figure, sa démarche, jusqu'aux détails de son costume, il semblait
que tout méritât d'être examiné attentivement dans cette journée.
Les impressions d’une lutte qui n’avait pas laissé de l’ébranler violem-
ment malgré la vigueur de son organisation, surtout les inquiétudes
causées par une expédition jugée indispensable et qui se décidait en ce
moment; ces diverses causes semaient sur son front des nuages épais
qu’il cherchait vainement à chasser. .
Chacun remarqua son front marbré, sa narine, ouverte à demi, fré
quemment relevée par un tremblement nerveux. Il y avait dans son
extérieur comme une révélation involontaire et secrète de ce qu’il était
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