Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1951-05-12
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34448033b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 mai 1951 12 mai 1951
Description : 1951/05/12 (A7,N287)-1951/05/18. 1951/05/12 (A7,N287)-1951/05/18.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5118206h
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2022
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DES OMBRES ROYALES
(ET VOLUPTUEUSES)
HANTENT ENCORE
CETTE BAIGNOIRE
Fondateur:Emile de Girardin - 1836
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7e ANNEE. — N’ 287. — SEMAINE DU. 12 AU. 18 MAI 1951
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Préparation aux examens officiels d'Etat»
VOIR L’ARTICLE EN PAGE 5
“TROUBLANTS VESTIGES”
MOSCO
“LIBERE
RESPONSABLES INSOUCIANTS !
Nicole I..., et le père de Panconi
entendent (enfin) la voix du remords
E drame qui se joue
depuis cinq jours
dans la salle exiguë
de la Cour d’Assises
de Melun n’émeut
pas seulement par l’excep ¬
tionnelle situation de ses pre
miers rôles. Deux personna
ges secondaires, au moins, at
tendent dans l’angoisse le dé
nouement d’une action à la
quelle ils ne participent pas
directement, mais dont ils
partagent le poids des res-
ponsabilités.
Insouciants, à l’origine, du
déroulement d’un drame dont
ils avaient pourtant signé les
premières pages, il a fallu
que le destin frappe les trois
coups pour qu’ils connaissent
enfin le rôle qu’ils allaient
devoir jouer : la voix du re
mords.
Derrière les parents du
malheureux Alain Guyader,
derrière les parents de Ber-
nard Petit, derrière la ma
man de Claude Panconi, la
voix du remords fait soudain
apparaître Jean Panconi.
Derrière Claude Panconi,
derrière Bernard Petit, dans
le box même où erre l’ombre
d’Alain Guyader, la voix du
La vie de ce petit Claude ? Il ne
s’en est jamais beaucoup soucié.
Il ne s’en'est guère soucié quand,
démobilisé en 1940, il abandonna
le foyer conjugal pour sa - Corse
natale et d’autres amours.
Lés jours succédaient aux jours,
les années aux années. A-t-il jamais
pensé qu’un garçon, son garçon,
Rentré en France, installé expert
en bijoux, il avait fondé un nou
veau foyer. D’autres enfants nais
saient — ils sont quatre aujour
d’hui. Les jours où tout. allait
bien, Jean Panconi ne pensait qu’à
bien vivre, à fredonner les succès
de Tino Rossi, à retrouver les amis
à la buvette Victor-Hugo, ou dans
HESITE A
THOREZ
L A direction du parti communiste se préoccupe/ ces jours-
ci, d'un grave problème: Maurice Thorez reviendra-t-il
de Russie pour prendre part à la bataille électorale ?
L'éventualité de ce retour vient d'être évoquée avec beau
coup de discrétion au dernier comité central du parti, et
une adresse de sympathie, accompagnée d'un vœu de
prompt retour, a été envoyée au malade moscovite.
Le bureau politique, plus res
treint donc plus secret que le
C.C., a davantage approfondi le
problème. Comme on demandait
cette semaine à M. Jacques Du-
clos, « intérim » 'de Thorez, si le
secrétaire général du parti allait
bientôt reprendre son poste, le
leader communiste se borna à ré
pondre: « Maurice nous reviendra
avant... ou après les élections. »
Voici l'état de la question, à
cinq semaines du retour aux
urnes.
On se souvient de la genèse
des faits: le 10 octobre dernier,
Maurice Thorez, se rendant en
voiture à son bureau du carre
four de Châteaudun, était pris
d'une forte hémorragie buccale et
nasale. Les médecins officiels du
parti, MM. Rouquès, Frumusan et
Klotz, auxquels vinrent se joindre,
ensuite, deux éminents spécia
listes, les. professeur Soulié, car
diologue, et Garcin, neurologue,
diagnostiquaient une « attaque
d'hémiplégie » due à une lésion
des centres moteurs cérébraux;
cette lésion, aux environs de la
troisième circonvolution frontale
gauche, était provoquée par une
occlusion artérielle.
Les effets de l'attaque d'hémi
plégie se manifestèrent par une
paralysie de la partie droite du
corps — du visage aux membres
inférieurs — et par quelques
symptômes d'aphasie — troubles
de la parole — qui disparurent
assez rapidement pour rassurer
les praticiens.
Dans le cas particulier de M.
Maurice Thorez, la cause du
trouble résulte d'une hypertension
sanguine, due à la fois à un or
ganisme trop puissant, à un sur
menage intellectuel et physique,
et à une alimentation trop riche.
L'attaque, peu grave, peut se re
produire.
Tel est le verdict de la Faculté.
Le 18 octobre, le professeur so
viétique Davidenkov arrivait à Pa
ris, et confirmait le diagnostic de
ses confrères français en décla
rant que « l'état du malade don
nait des perspectives favorables
pour une guérison complète ». Le
médecin russe prescrivait une
« observation médicale » prolon
gée et un « régime strict ».
Le 13 novembre, enfin, sur une
civière, Maurice Thorez quittait
Orly pour Moscou où il allait sui
vre un traitement de rééducation
des membres dans une maison de
repos spécialisée...
...Les derniers bulletins de santé
officiels publiés par le P.C. affir
ment que « la convalescence pro
gresse de la meilleure façon, que
l'état général est très satisfaisant
et que les mouvements des mem
bres paralysés sont de plus en
plus aisés. Le malade marche
avec une canne et peut s'asseoir
sans aide... ».
Jeannette Vermeersch, épouse
Thorez, rentrée de Moscou le 20
décembre, donnait déjà, à ce mo
ment-là, des nouvelles réconfor
tantes. Son optimisme n'a pas va
rié depuis.
Dès lors, un seul point d'inter
rogation subsiste: quand Thorez
reviendra-t-il ?
Des divergences sérieuses op
posent sur l'opportunité de ce re
tour, les dirigeants russes et ceux
du carrefour de Châteaudun, sauf
quelques-uns.
Duclos, Fajon, Lecœur et Bil-
loux, notamment, sont convaincus
que « Maurice » doit rentrer en
France avant le 15 juin pour les
raisons suivantes:
1° La cote personnelle de Tho
rez dans les milieux communistes
ou simplement ouvriers sera un
stimulant extraordinaire pour la
campagne électorale. .Thorez sera
pour le parti un drapeau illus-
trant la lutte pour « la * paix et
l'indépendance nationale ».
2° Le retour de Thorez guéri, ou
du moins en pleine convalescence,
fera une très précieuse propa
gande à la médecine et à la
science soviétiques.
3° Même si le chef du P.C.F.
n'offrait aux foules françaises que
l'image d'un homme incomplète
ment guéri, l'élément affectif de
ce spectacle serait utilisé par la
propagande du parti: « Thorez,
l'homme qui a sacrifié jusqu'à
l'extrême ses forces et sa santé à
la cause du peuple. »
4° Un malaise pèse sur le parti.
La dissidence l'attaque dans la
région du Nord. Le retour de Tho
rez arrangerait bien des choses.
Qu'on se souvienne comment le
secrétaire général avait aplani
l'incident Prot, député maire
communiste de Longueau, qui
s'orientait vers le titisme.
sesseess
D
- -
Nicole a repris goût aux travaux ménagers.
remords pousse inexorable
ment Nicole I...
A Royan, comme partout en
France, des hommes, des femmes
suivent avec passion dans les comp
tes rendus de la presse, les débats
de Melun. Aucun cependant n’en
peut mieux mesurer le tragique que
jean Panconi.
Il revoit le petit appartement de
la rue Pelleport où, un matin de
mai 1930, son fils Claude dédiait
ses premiers sourires à la vie.
grandissait quelque part, loin de lui,
dans les dangereux remous d'un
monde bouleversé ? Un garçon qui
aurait eu besoin d’une poigne
d’homme pour l’aider. Non. Jean
Panconi avait bien assez de ses pro
pres joies et de ses propres soucis.
les petits bistros de Houilles où il
habitait. A travailler un peu aussi,
mais pas trop, encore que la bijou
terie ne fatigue pas beaucoup.
Les jours où tout allait mal, lors
que les fonds étaient bas, lorsque
la belle-mère n’avait pas envové
le viatique hebdomadaire, ce n’est
pas à son fils qu’il pensait, mais à
ses propres ennuis, à cette expertise
frauduleuse commise en 1943, à
cette condamnation pour escroque
rie et abus de confiance, à cette
prison à laquelle il n’avait échappé
que grâce à ses relations dans le
petit monde des inspecteurs de po
lice, qui vont, eux aussi, de bistro
en bistro, l’oreille aux aguets.
Comment aurait-il eu le loisir de
penser au garçon ' qui portait son
nom ?
O
Il y a pensé, pour la première
fois, il y a vingt-huit mois, lors
qu’il a lu ce nom à la première
page du journal sous l’annonce du
crime.
D’instinct, il s’est alors tourné
vers son propre père, le vieillard
qu’il n’avait pas vu depuis des an
nées, mais qui, lui, n’avait oublié
ni son fils, ni son petit-fils, ni sur
tout son devoir de chef de famille,
et qui, de loin, continuait de veil
ler sur l’enfant.
Ce que fut la conversation de ces
deux hommes penchés sur le sort
du «petit» déjà emprisonné, on
l’imagine.
Depuis, Jean Panconi a quitté
Houilles. Il a abandonné là-bas la
défroque du garçon insouciant et
un peu veule qu’il était. Il ne fre
donne plus Tino Rossi, et il pense
enfin à son fils. La voix du re
mords qui parle.
Quel savant lui dira quelle part
de son sang gonflait le cœur de
Claude, marchant, revolver en
main, derrière Alain Guyader dans
le bois de Malnoue ?
Nicole aussi pense, perdue dans
la salle de Melun.
Elle pense à cette jeune fille
qu’elle était, il y a vingt-huit mois.
Elle ne reconnaît ni Panconi, ni
Petit, là-bas derrière leur box. Elle
ne se reconnaît pas elle-même.
Elle revoit comme dans un rêve
la bande des J3, les joyeuses sor
ties du cours George-Sand ; les
séances de cinéma et tous ces jeu
nes mâles autour d’elle ; le regard
de Panconi, le sourire de Guyader,
les mains de Graziani. Etait-ce bien
elle, cette fille, rieuse et chahuteuse,
qui rentrait rue du Pont-de-l’Eure
entourée de garçons, et que les
commères du quartier regardaient
sévèrement ?
C’était elle.
Mais comme les choses peuvent
changer en vingt-huit mois ! Au
jourd’hui, Nicole ne quitte plus
l’appartement de ses parents que
pour de rares courses dans les bou
tiques voisines, le cordonnier, la
parfumeuse, la blanchisseuse...
Ce n’est plus la fille un peu folle
qui ouvre la porte des commer
çants, mais une grande jeune fille
simple, au sourire sincère et doux.
Entre son père, sa mère, sa
grand-mère et sa sœur, Nicole vit
enfin la vie familiale exemplaire qui
aurait toujours dû être la sienne.
Elle travaille. Discrètement, car
sa présence dans une' école officielle
n’aurait sans doute été souhaitée
par aucun professeur. Cours com
merciaux, leçons d’anglais, compta
bilité. Car elle n’a pas renoncé à
son stage en Angleterre.
Nicole songe. Elle a le temps de
songer à cet avenir qui l’attend.
Cet avenir dépend beaucoup des
juges devant lesquels elle compa
raîtra le 15 de ce mois.
Comprendront-ils, ces magistrats,
que la Nicole qui se présentera de
vant eux est étrangère à celle qui,
voici vingt-huit mois, jouait les
femmes fatales et affolait des
gangsters en herbe ?
Entendront-ils le los des com
merçants de 1951 ou les comméra
ges fondés de 1948 ?
Nicole songe. Elle est seule, toute
seule, face à un monde hostile
d’hommes en robe rouge ou noire,
de journalistes curieux, de mondai
nes excitées. Ses yeux vont vers
Panconi. Est-ce que son avenir ne
dépend pas un peu du sien ? Est-ce
que la peine qui le frappera ne la
frappera pas elle-même ? Est-ce que
son sort à elle ne sera pas différent,
selon que triomphera la thèse du
crime passionnel ou celle du crime
crapuleux ?
Nicole ne sait plus.
Ce qu’elle sait, c’est que la vie
ne se lit pas comme un roman.
Cela, la voix du remords le lui
a appris.
Et longtemps encore, cette voix
lui répétera, en conscience, le nom
du seul vrai condamné de ce grand
procès : Alain Guyader.
LiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiifiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiniiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiL
MCC
Pessimisme
g) U EU ILLE tape du bout de
(P sa canne le dallage de la
o% cour du Palais-Bourbon...
— Nous n’en sortirons jamais,
de cette obstruction, grogne-t-il
tristement.
M. Bourgès-Maunoury, secré
taire d’Etat à la Présidence, s’ef
force de rassurer son chef :
— Ce sont leurs dernières car
touches que les « octobristes » brû
lent actuellement. L’obstruction
des communistes les sert, de
même que les adversaires des
élections de juin servent les pro
jets de M. Duclos et de ses amis,
mais je crois que finalement, sa
medi ou dimanche, ils seront tous
battus... et honteux, pour la plu
part.
— J’aimerais avoir votre opti
misme, mon jeune ami, dit le pré
sident du Conseil en hochant la
tête... Mais même si, malgré le
temps perdu par la nouvelle ques
tion de confiance qu’on vient de
me contraindre de poser sur une
forme de procédure, la loi est vo
tée samedi ici, il restera le Sé
nat... qui a une revanche à pren
dre sur la loi électorale.
Oh t certes, il y a possibilité
d’élections jusqu’au 24 juin... Mais
ce sera en pleine période de con
gés payés. Jeune homme, ces con
gés payés seront des abstention
nistes et, parmi eux, il y aura
beaucoup de radicaux ou d’élec
teurs modérés. Vous voyez donc
que cette question de date a d«
l’importance.
de Solier, notamment, ont trop
d’importance pour que nous lais
sions des touristes étrangers en
approcher.
— Cependant, monsieur le Gou
verneur, on circule librement
dans le quartier haut, d’où l’on
plonge sans obstacle sur Soller, le
moindre téléobjectif permet d’en
photographier tous les détails.
Le Français marque un petit
temps, puis poursuit :
— Ne serait-ce pas plutôt pour
éviter à vos concitoyens de dé
couvrir les secrets que révèlent
généreusement les bikinis de nos
estivantes que vous avez pris cette
décision ? Votre pudeur
doute plus menacée que
cis d’Etat.
est sans
vos sou-
Le gouverneur sourit, mais ne
répond pas.
Secrets d’Etat
V RAIMENT, monsieur le
Gouverneur, je m’étonne
de mesures aussi dra
coniennes... Je me permets de
souligner une fois encore qu’elles
ruinent tous nos projets et jettent
un lourd nuage sur les relations
touristiques entre la France et
l’Espagne.
Le représentant des organisa
teurs du village de toile des îles
Baléares s’est tu ; le gouverneur,
embarrassé, pianote sur son bu
reau.
— Seules les nécessités de notre
défense nationale nous ont ame
né à interdire les villages de toile
aux Baléares. Le port et l’arsenal
&,29%12%2
L’art de sonner
les cloches
J NDIGNE, M. de Fontobbia,
président de l’Association des
enfants adultérins et naturels,
lève un bras au ciel et coupe son
interlocuteur au téléphone.
— Mais jamais de la vie, mon
sieur l’abbé, jamais de la vie !...
Il est exact que j’ai fourni à M.
Maurice Cloche toute la docu
mentation nécessaire à la réalisa
tion de son film : « Né de père
inconnu ». Documentation dont il
a fait le plus large et le plus
heureux usage, puisque j’ai re
trouvé dans son dialogue des bri
bes de phrases de notre conversa
tion. Mais jamais M. Cloche n’a
versé un centime à notre œuvre...
— J’accepte volontiers la pater
nité des propos « subversifs »,
comme vous dites, que tiennent
certains personnages du film,
mais, du moins, j’aimerais que
notre Association en tire quelque
bénéfice. Or ni le nom de notre
Association, ni même le mien ne
sont cités au générique et, pour
votre confusion, monsieur l’abbé
la présentation du film a été don
née au bénéfice d’une association
catholique hostile au principe des
droits égaux entre les enfants nés
dans ou hors mariage ! Si vous
voulez sonner les cloches, mon
sieur l’abbé, adressez-vous où il y
en a.
&,29%29%2
Jules : Bonjour, monsieur Pru
dent !
Prudent : Bonjour Jules, alors
ce premier mai, il s’est bien passé?
Jules: Oh ! très bien !... Il pa
raît que le défilé a été formidable!
Prudent : Oui, je l’ai entendu
dire à la Radio. Ils ont défilé ac
clamés par la foule... Ça devait
être impressionnant...
Jules : Oh ! j’aurais aimé le
voir, ça !
Prudent : Bah !... Vous le ver
rez au cinéma !
Jules : Vous croyez qu’on le
projettera ?
Prudent : Ah ! cette année, je
sais pas, mais moi je l’ai vu une
fois, c’était grandiose !... Y avait
des chars énormes...
Jules : Ah ! oui, on me l’a dit,
ça, qu’il y avait de très beaux
chars...
Prudent : Magnifiques ! Et puis
les autos-mitrailleuses, les canons,
la D.C.A...
Jules : Comment ?... Com
ment ?... Des autos-mitrailleuses,
des canons... au défilé du 1er
mai ?
Prudent : Diable !... Tous les
ans !... Et cette année ça a été
particulièrement réussi : y a eu
les avions qui ont survolé la ma
nifestation...
Jules : Ah ! ça, on me l’a dit
aussi : deux avions, même qu’ils
ont jeté des tracts...
Prudent : Deux avions ?... Pen
sez-vous !... Des centaines, y en a
eu ! des chasseurs, des bombar
diers, un carrousel aérien mons
tre !... Je vous dis c’est.impres
sionnant ! Surtout quand on voit
ces soldats qui défilent, raides, au
coude à coude, avec leurs longues
capotes et la baïonnette pointée
en avant... Ça fait de l’effet !...
C’est la plus grande parade mili
taire du monde !
Jules : Par exemple !... Eh
bien, vous voyez, je ne savais pas
qu’il y avait eu un défilé militaire
à la Bastille...
Prudent : Comment à la Bas
tille ?... Je vous cause pas de la
Bastille !... Je vous cause du grand
défilé de l’Armée Rouge, à Mos
cou, le premier mai.
Jules : Ah ! Voilà ! c’est pour
ça que j’étais un peu surpris !...
Non ! moi je vous parlais du
grand défilé de la Bastille à la
Nation, pour la paix et le désar
mement !
Prudent : Oui, oui... en effet !...
Ça aucun rapport ! mais ça devait
être très bien aussi.
Jules : Vous n’y êtes pas allé ?...
Prudent : Non !... Je suis allé
au concours Lépine : Y a pas de
manifestation plus pacifique...
Jules : Ah ! oui ?... Je croyais
que les inventeurs c’étaient des
gens dangereux.
Prudent : Pas ceux-là !... Au
contraire !... Ce sont des bien
faiteurs de l’humanité... Des gens
qui se creusent la tête, d’un bout
de l’année à l’autre, pour nous
rendre l’existence plus agréable,
pour nous simplifier toutes les pe
tites tâches quotidiennes... Té, par
exemple, une personne âgée, qui
a la vue fatiguée, si elle veut
coudre, elle a du mal à enfiler
son aiguille ?
Jules : Je pense bien !... Moi
je peux jamais y arriver...
Prudent : Eh ! ben, c’est fini !...
Y a un petit appareil, très sim
ple, où on met l’aiguille dans une
fente, le fil dans une petite enco
che, on tire l’aiguille et elle est
enfilée !
Jules : Ah ! dites donc, c’est
pas bête, ça !... v. •, 1
Prudent : Pardi !... Et la sa
vonnette que pendant que vous
vous lavez les mains, pchitt, elle
vous glise des doigts et elle saute
en l’air !
Jules : Ah ! oui... et on est obli
gé de se mettre à plat ventre pour
aller la récupérer sous la bai
gnoire.
Prudent : Eh ! ben, ça aussi,
c’est fini... La savonnette, elle est
attachée à une chaîne, avec un
ressort; quand vous la lâchez, elle
reste suspendue.
Jules : Ah !... C’est drôlement
ingénieux !
Prudent : Y en a des centai
nes d’inventions comme ça, mais
y en a une qui m’a fait parti
culièrement plaisir. C’est le para
sol pour les pêcheurs à la ligne...
Jules : Ah ! Ça, c’est pas prati
que... Moi, je pêche à la ligne,
alors je connais la question. Si
l’on est sous un parasol, on peut
pas lever la canne complètement
et on rate tout...
Prudent : Parce que le parasol
est fixe, tandis que celui-là, au
moment où vous avez une touche
et que vous levez la canne brus
quement, Hop !... il bascule en
arrière et plus rien vous gêne !...
C’est pas joli, ça ?
Jules: Oui, c’est bien combiné,
mais je me demande si ce n’est
pas un peu compliqué...
Prudent : Peut-être, mais c’est
joli quand même : réfléchissez
un peu : voilà un homme qui
pense que l’avenir est à la pêche
à la ligne...
Jules : Oui... c’est réconfortant...
Prudent : A une époque où il
n’est question que de chasseurs
à réaction, de fusées téléguidées,
de bombes de toute sorte, lui, il
s’occupe de nous protéger la tête
contre le soleil...
Jules : C’est un optimiste...
Prudent : Eh oui ! Et a un
moment où y a tant de gens qui
pensent à mettre à l’ombre, entre
quatre murs, ceusses qui sont pas
de leur avis, lui il pense à nous
mettre à l’ombre sous un parasol
et un parasol qui nous gêne pas,
qui nous laisse la liberté de nos =
mouvements. =
Jules : En somme, c’est un =
homme qui aime la paix et la li- =
berté ! =
Prudent : Voilà... Notez qu’on =
1 peut montrer qu’on aime la paix =
et la liberté autrement : en fai- =
sant des défilés militaires ou en =
empêchant les autres de travail- =
1er s’ils en ont envie ou en or- =
ganisant des bagarres dans les S
rues, mais personnellement je pré- =
fère le -parasol à bascule... cha- =
cun son goût , hé ? =
Jules : En tout cas, c’est plus S
rigolo !
Prudent : Ah ! sûrement I... =
Allez, au revoir Jules !
Jules : A demain, monsieur =
Prudent...
ÉiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinW
LES BALS SONT INTERDITS
Adieu, dancing !.. Adieu, guingette !..
Bien entendu, il ne saurait être
question d’une mesure prise par
nos édiles, mais plutôt, de cette
navrante détermination que pren
nent bon nombre de jeunes filles
devant le peu d’empressement té
moigné par les danseurs à leur
égard et les sourires ironiques.
Elles ne sont cependant, ni moins
jolies ni moins bonnes danseuses
que celles « qu’on invite toujours »,
seulement elles négligent cet élé
ment indispensable à la beauté fé
minine : l’épilation, alors qu’il est
si simple’ de faire disparaître ces
ombres disgracieuses que sont les
duvets et poils superflus.
En effet, Taky, dépilatoire ino-
dore, assure une épilation parfaite,
rapide, sans douleur, en rendant à
l’épiderme tout son éclat.
Vous trouverez partout Taky, en
/Crème blanche pour le visage et
près des muqueuses, en Eau pour
les grandes surfaces (bras et jam
bes). en Poudre pour tous usages,
et d’une longue conservation.
(Communiqué),
2
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MOUSSEUSE
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VOIR L’ARTICLE EN PAGE 5
“TROUBLANTS VESTIGES”
MOSCO
“LIBERE
RESPONSABLES INSOUCIANTS !
Nicole I..., et le père de Panconi
entendent (enfin) la voix du remords
E drame qui se joue
depuis cinq jours
dans la salle exiguë
de la Cour d’Assises
de Melun n’émeut
pas seulement par l’excep ¬
tionnelle situation de ses pre
miers rôles. Deux personna
ges secondaires, au moins, at
tendent dans l’angoisse le dé
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ils avaient pourtant signé les
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coups pour qu’ils connaissent
enfin le rôle qu’ils allaient
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mords.
Derrière les parents du
malheureux Alain Guyader,
derrière les parents de Ber-
nard Petit, derrière la ma
man de Claude Panconi, la
voix du remords fait soudain
apparaître Jean Panconi.
Derrière Claude Panconi,
derrière Bernard Petit, dans
le box même où erre l’ombre
d’Alain Guyader, la voix du
La vie de ce petit Claude ? Il ne
s’en est jamais beaucoup soucié.
Il ne s’en'est guère soucié quand,
démobilisé en 1940, il abandonna
le foyer conjugal pour sa - Corse
natale et d’autres amours.
Lés jours succédaient aux jours,
les années aux années. A-t-il jamais
pensé qu’un garçon, son garçon,
Rentré en France, installé expert
en bijoux, il avait fondé un nou
veau foyer. D’autres enfants nais
saient — ils sont quatre aujour
d’hui. Les jours où tout. allait
bien, Jean Panconi ne pensait qu’à
bien vivre, à fredonner les succès
de Tino Rossi, à retrouver les amis
à la buvette Victor-Hugo, ou dans
HESITE A
THOREZ
L A direction du parti communiste se préoccupe/ ces jours-
ci, d'un grave problème: Maurice Thorez reviendra-t-il
de Russie pour prendre part à la bataille électorale ?
L'éventualité de ce retour vient d'être évoquée avec beau
coup de discrétion au dernier comité central du parti, et
une adresse de sympathie, accompagnée d'un vœu de
prompt retour, a été envoyée au malade moscovite.
Le bureau politique, plus res
treint donc plus secret que le
C.C., a davantage approfondi le
problème. Comme on demandait
cette semaine à M. Jacques Du-
clos, « intérim » 'de Thorez, si le
secrétaire général du parti allait
bientôt reprendre son poste, le
leader communiste se borna à ré
pondre: « Maurice nous reviendra
avant... ou après les élections. »
Voici l'état de la question, à
cinq semaines du retour aux
urnes.
On se souvient de la genèse
des faits: le 10 octobre dernier,
Maurice Thorez, se rendant en
voiture à son bureau du carre
four de Châteaudun, était pris
d'une forte hémorragie buccale et
nasale. Les médecins officiels du
parti, MM. Rouquès, Frumusan et
Klotz, auxquels vinrent se joindre,
ensuite, deux éminents spécia
listes, les. professeur Soulié, car
diologue, et Garcin, neurologue,
diagnostiquaient une « attaque
d'hémiplégie » due à une lésion
des centres moteurs cérébraux;
cette lésion, aux environs de la
troisième circonvolution frontale
gauche, était provoquée par une
occlusion artérielle.
Les effets de l'attaque d'hémi
plégie se manifestèrent par une
paralysie de la partie droite du
corps — du visage aux membres
inférieurs — et par quelques
symptômes d'aphasie — troubles
de la parole — qui disparurent
assez rapidement pour rassurer
les praticiens.
Dans le cas particulier de M.
Maurice Thorez, la cause du
trouble résulte d'une hypertension
sanguine, due à la fois à un or
ganisme trop puissant, à un sur
menage intellectuel et physique,
et à une alimentation trop riche.
L'attaque, peu grave, peut se re
produire.
Tel est le verdict de la Faculté.
Le 18 octobre, le professeur so
viétique Davidenkov arrivait à Pa
ris, et confirmait le diagnostic de
ses confrères français en décla
rant que « l'état du malade don
nait des perspectives favorables
pour une guérison complète ». Le
médecin russe prescrivait une
« observation médicale » prolon
gée et un « régime strict ».
Le 13 novembre, enfin, sur une
civière, Maurice Thorez quittait
Orly pour Moscou où il allait sui
vre un traitement de rééducation
des membres dans une maison de
repos spécialisée...
...Les derniers bulletins de santé
officiels publiés par le P.C. affir
ment que « la convalescence pro
gresse de la meilleure façon, que
l'état général est très satisfaisant
et que les mouvements des mem
bres paralysés sont de plus en
plus aisés. Le malade marche
avec une canne et peut s'asseoir
sans aide... ».
Jeannette Vermeersch, épouse
Thorez, rentrée de Moscou le 20
décembre, donnait déjà, à ce mo
ment-là, des nouvelles réconfor
tantes. Son optimisme n'a pas va
rié depuis.
Dès lors, un seul point d'inter
rogation subsiste: quand Thorez
reviendra-t-il ?
Des divergences sérieuses op
posent sur l'opportunité de ce re
tour, les dirigeants russes et ceux
du carrefour de Châteaudun, sauf
quelques-uns.
Duclos, Fajon, Lecœur et Bil-
loux, notamment, sont convaincus
que « Maurice » doit rentrer en
France avant le 15 juin pour les
raisons suivantes:
1° La cote personnelle de Tho
rez dans les milieux communistes
ou simplement ouvriers sera un
stimulant extraordinaire pour la
campagne électorale. .Thorez sera
pour le parti un drapeau illus-
trant la lutte pour « la * paix et
l'indépendance nationale ».
2° Le retour de Thorez guéri, ou
du moins en pleine convalescence,
fera une très précieuse propa
gande à la médecine et à la
science soviétiques.
3° Même si le chef du P.C.F.
n'offrait aux foules françaises que
l'image d'un homme incomplète
ment guéri, l'élément affectif de
ce spectacle serait utilisé par la
propagande du parti: « Thorez,
l'homme qui a sacrifié jusqu'à
l'extrême ses forces et sa santé à
la cause du peuple. »
4° Un malaise pèse sur le parti.
La dissidence l'attaque dans la
région du Nord. Le retour de Tho
rez arrangerait bien des choses.
Qu'on se souvienne comment le
secrétaire général avait aplani
l'incident Prot, député maire
communiste de Longueau, qui
s'orientait vers le titisme.
sesseess
D
- -
Nicole a repris goût aux travaux ménagers.
remords pousse inexorable
ment Nicole I...
A Royan, comme partout en
France, des hommes, des femmes
suivent avec passion dans les comp
tes rendus de la presse, les débats
de Melun. Aucun cependant n’en
peut mieux mesurer le tragique que
jean Panconi.
Il revoit le petit appartement de
la rue Pelleport où, un matin de
mai 1930, son fils Claude dédiait
ses premiers sourires à la vie.
grandissait quelque part, loin de lui,
dans les dangereux remous d'un
monde bouleversé ? Un garçon qui
aurait eu besoin d’une poigne
d’homme pour l’aider. Non. Jean
Panconi avait bien assez de ses pro
pres joies et de ses propres soucis.
les petits bistros de Houilles où il
habitait. A travailler un peu aussi,
mais pas trop, encore que la bijou
terie ne fatigue pas beaucoup.
Les jours où tout allait mal, lors
que les fonds étaient bas, lorsque
la belle-mère n’avait pas envové
le viatique hebdomadaire, ce n’est
pas à son fils qu’il pensait, mais à
ses propres ennuis, à cette expertise
frauduleuse commise en 1943, à
cette condamnation pour escroque
rie et abus de confiance, à cette
prison à laquelle il n’avait échappé
que grâce à ses relations dans le
petit monde des inspecteurs de po
lice, qui vont, eux aussi, de bistro
en bistro, l’oreille aux aguets.
Comment aurait-il eu le loisir de
penser au garçon ' qui portait son
nom ?
O
Il y a pensé, pour la première
fois, il y a vingt-huit mois, lors
qu’il a lu ce nom à la première
page du journal sous l’annonce du
crime.
D’instinct, il s’est alors tourné
vers son propre père, le vieillard
qu’il n’avait pas vu depuis des an
nées, mais qui, lui, n’avait oublié
ni son fils, ni son petit-fils, ni sur
tout son devoir de chef de famille,
et qui, de loin, continuait de veil
ler sur l’enfant.
Ce que fut la conversation de ces
deux hommes penchés sur le sort
du «petit» déjà emprisonné, on
l’imagine.
Depuis, Jean Panconi a quitté
Houilles. Il a abandonné là-bas la
défroque du garçon insouciant et
un peu veule qu’il était. Il ne fre
donne plus Tino Rossi, et il pense
enfin à son fils. La voix du re
mords qui parle.
Quel savant lui dira quelle part
de son sang gonflait le cœur de
Claude, marchant, revolver en
main, derrière Alain Guyader dans
le bois de Malnoue ?
Nicole aussi pense, perdue dans
la salle de Melun.
Elle pense à cette jeune fille
qu’elle était, il y a vingt-huit mois.
Elle ne reconnaît ni Panconi, ni
Petit, là-bas derrière leur box. Elle
ne se reconnaît pas elle-même.
Elle revoit comme dans un rêve
la bande des J3, les joyeuses sor
ties du cours George-Sand ; les
séances de cinéma et tous ces jeu
nes mâles autour d’elle ; le regard
de Panconi, le sourire de Guyader,
les mains de Graziani. Etait-ce bien
elle, cette fille, rieuse et chahuteuse,
qui rentrait rue du Pont-de-l’Eure
entourée de garçons, et que les
commères du quartier regardaient
sévèrement ?
C’était elle.
Mais comme les choses peuvent
changer en vingt-huit mois ! Au
jourd’hui, Nicole ne quitte plus
l’appartement de ses parents que
pour de rares courses dans les bou
tiques voisines, le cordonnier, la
parfumeuse, la blanchisseuse...
Ce n’est plus la fille un peu folle
qui ouvre la porte des commer
çants, mais une grande jeune fille
simple, au sourire sincère et doux.
Entre son père, sa mère, sa
grand-mère et sa sœur, Nicole vit
enfin la vie familiale exemplaire qui
aurait toujours dû être la sienne.
Elle travaille. Discrètement, car
sa présence dans une' école officielle
n’aurait sans doute été souhaitée
par aucun professeur. Cours com
merciaux, leçons d’anglais, compta
bilité. Car elle n’a pas renoncé à
son stage en Angleterre.
Nicole songe. Elle a le temps de
songer à cet avenir qui l’attend.
Cet avenir dépend beaucoup des
juges devant lesquels elle compa
raîtra le 15 de ce mois.
Comprendront-ils, ces magistrats,
que la Nicole qui se présentera de
vant eux est étrangère à celle qui,
voici vingt-huit mois, jouait les
femmes fatales et affolait des
gangsters en herbe ?
Entendront-ils le los des com
merçants de 1951 ou les comméra
ges fondés de 1948 ?
Nicole songe. Elle est seule, toute
seule, face à un monde hostile
d’hommes en robe rouge ou noire,
de journalistes curieux, de mondai
nes excitées. Ses yeux vont vers
Panconi. Est-ce que son avenir ne
dépend pas un peu du sien ? Est-ce
que la peine qui le frappera ne la
frappera pas elle-même ? Est-ce que
son sort à elle ne sera pas différent,
selon que triomphera la thèse du
crime passionnel ou celle du crime
crapuleux ?
Nicole ne sait plus.
Ce qu’elle sait, c’est que la vie
ne se lit pas comme un roman.
Cela, la voix du remords le lui
a appris.
Et longtemps encore, cette voix
lui répétera, en conscience, le nom
du seul vrai condamné de ce grand
procès : Alain Guyader.
LiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiifiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiniiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiL
MCC
Pessimisme
g) U EU ILLE tape du bout de
(P sa canne le dallage de la
o% cour du Palais-Bourbon...
— Nous n’en sortirons jamais,
de cette obstruction, grogne-t-il
tristement.
M. Bourgès-Maunoury, secré
taire d’Etat à la Présidence, s’ef
force de rassurer son chef :
— Ce sont leurs dernières car
touches que les « octobristes » brû
lent actuellement. L’obstruction
des communistes les sert, de
même que les adversaires des
élections de juin servent les pro
jets de M. Duclos et de ses amis,
mais je crois que finalement, sa
medi ou dimanche, ils seront tous
battus... et honteux, pour la plu
part.
— J’aimerais avoir votre opti
misme, mon jeune ami, dit le pré
sident du Conseil en hochant la
tête... Mais même si, malgré le
temps perdu par la nouvelle ques
tion de confiance qu’on vient de
me contraindre de poser sur une
forme de procédure, la loi est vo
tée samedi ici, il restera le Sé
nat... qui a une revanche à pren
dre sur la loi électorale.
Oh t certes, il y a possibilité
d’élections jusqu’au 24 juin... Mais
ce sera en pleine période de con
gés payés. Jeune homme, ces con
gés payés seront des abstention
nistes et, parmi eux, il y aura
beaucoup de radicaux ou d’élec
teurs modérés. Vous voyez donc
que cette question de date a d«
l’importance.
de Solier, notamment, ont trop
d’importance pour que nous lais
sions des touristes étrangers en
approcher.
— Cependant, monsieur le Gou
verneur, on circule librement
dans le quartier haut, d’où l’on
plonge sans obstacle sur Soller, le
moindre téléobjectif permet d’en
photographier tous les détails.
Le Français marque un petit
temps, puis poursuit :
— Ne serait-ce pas plutôt pour
éviter à vos concitoyens de dé
couvrir les secrets que révèlent
généreusement les bikinis de nos
estivantes que vous avez pris cette
décision ? Votre pudeur
doute plus menacée que
cis d’Etat.
est sans
vos sou-
Le gouverneur sourit, mais ne
répond pas.
Secrets d’Etat
V RAIMENT, monsieur le
Gouverneur, je m’étonne
de mesures aussi dra
coniennes... Je me permets de
souligner une fois encore qu’elles
ruinent tous nos projets et jettent
un lourd nuage sur les relations
touristiques entre la France et
l’Espagne.
Le représentant des organisa
teurs du village de toile des îles
Baléares s’est tu ; le gouverneur,
embarrassé, pianote sur son bu
reau.
— Seules les nécessités de notre
défense nationale nous ont ame
né à interdire les villages de toile
aux Baléares. Le port et l’arsenal
&,29%12%2
L’art de sonner
les cloches
J NDIGNE, M. de Fontobbia,
président de l’Association des
enfants adultérins et naturels,
lève un bras au ciel et coupe son
interlocuteur au téléphone.
— Mais jamais de la vie, mon
sieur l’abbé, jamais de la vie !...
Il est exact que j’ai fourni à M.
Maurice Cloche toute la docu
mentation nécessaire à la réalisa
tion de son film : « Né de père
inconnu ». Documentation dont il
a fait le plus large et le plus
heureux usage, puisque j’ai re
trouvé dans son dialogue des bri
bes de phrases de notre conversa
tion. Mais jamais M. Cloche n’a
versé un centime à notre œuvre...
— J’accepte volontiers la pater
nité des propos « subversifs »,
comme vous dites, que tiennent
certains personnages du film,
mais, du moins, j’aimerais que
notre Association en tire quelque
bénéfice. Or ni le nom de notre
Association, ni même le mien ne
sont cités au générique et, pour
votre confusion, monsieur l’abbé
la présentation du film a été don
née au bénéfice d’une association
catholique hostile au principe des
droits égaux entre les enfants nés
dans ou hors mariage ! Si vous
voulez sonner les cloches, mon
sieur l’abbé, adressez-vous où il y
en a.
&,29%29%2
Jules : Bonjour, monsieur Pru
dent !
Prudent : Bonjour Jules, alors
ce premier mai, il s’est bien passé?
Jules: Oh ! très bien !... Il pa
raît que le défilé a été formidable!
Prudent : Oui, je l’ai entendu
dire à la Radio. Ils ont défilé ac
clamés par la foule... Ça devait
être impressionnant...
Jules : Oh ! j’aurais aimé le
voir, ça !
Prudent : Bah !... Vous le ver
rez au cinéma !
Jules : Vous croyez qu’on le
projettera ?
Prudent : Ah ! cette année, je
sais pas, mais moi je l’ai vu une
fois, c’était grandiose !... Y avait
des chars énormes...
Jules : Ah ! oui, on me l’a dit,
ça, qu’il y avait de très beaux
chars...
Prudent : Magnifiques ! Et puis
les autos-mitrailleuses, les canons,
la D.C.A...
Jules : Comment ?... Com
ment ?... Des autos-mitrailleuses,
des canons... au défilé du 1er
mai ?
Prudent : Diable !... Tous les
ans !... Et cette année ça a été
particulièrement réussi : y a eu
les avions qui ont survolé la ma
nifestation...
Jules : Ah ! ça, on me l’a dit
aussi : deux avions, même qu’ils
ont jeté des tracts...
Prudent : Deux avions ?... Pen
sez-vous !... Des centaines, y en a
eu ! des chasseurs, des bombar
diers, un carrousel aérien mons
tre !... Je vous dis c’est.impres
sionnant ! Surtout quand on voit
ces soldats qui défilent, raides, au
coude à coude, avec leurs longues
capotes et la baïonnette pointée
en avant... Ça fait de l’effet !...
C’est la plus grande parade mili
taire du monde !
Jules : Par exemple !... Eh
bien, vous voyez, je ne savais pas
qu’il y avait eu un défilé militaire
à la Bastille...
Prudent : Comment à la Bas
tille ?... Je vous cause pas de la
Bastille !... Je vous cause du grand
défilé de l’Armée Rouge, à Mos
cou, le premier mai.
Jules : Ah ! Voilà ! c’est pour
ça que j’étais un peu surpris !...
Non ! moi je vous parlais du
grand défilé de la Bastille à la
Nation, pour la paix et le désar
mement !
Prudent : Oui, oui... en effet !...
Ça aucun rapport ! mais ça devait
être très bien aussi.
Jules : Vous n’y êtes pas allé ?...
Prudent : Non !... Je suis allé
au concours Lépine : Y a pas de
manifestation plus pacifique...
Jules : Ah ! oui ?... Je croyais
que les inventeurs c’étaient des
gens dangereux.
Prudent : Pas ceux-là !... Au
contraire !... Ce sont des bien
faiteurs de l’humanité... Des gens
qui se creusent la tête, d’un bout
de l’année à l’autre, pour nous
rendre l’existence plus agréable,
pour nous simplifier toutes les pe
tites tâches quotidiennes... Té, par
exemple, une personne âgée, qui
a la vue fatiguée, si elle veut
coudre, elle a du mal à enfiler
son aiguille ?
Jules : Je pense bien !... Moi
je peux jamais y arriver...
Prudent : Eh ! ben, c’est fini !...
Y a un petit appareil, très sim
ple, où on met l’aiguille dans une
fente, le fil dans une petite enco
che, on tire l’aiguille et elle est
enfilée !
Jules : Ah ! dites donc, c’est
pas bête, ça !... v. •, 1
Prudent : Pardi !... Et la sa
vonnette que pendant que vous
vous lavez les mains, pchitt, elle
vous glise des doigts et elle saute
en l’air !
Jules : Ah ! oui... et on est obli
gé de se mettre à plat ventre pour
aller la récupérer sous la bai
gnoire.
Prudent : Eh ! ben, ça aussi,
c’est fini... La savonnette, elle est
attachée à une chaîne, avec un
ressort; quand vous la lâchez, elle
reste suspendue.
Jules : Ah !... C’est drôlement
ingénieux !
Prudent : Y en a des centai
nes d’inventions comme ça, mais
y en a une qui m’a fait parti
culièrement plaisir. C’est le para
sol pour les pêcheurs à la ligne...
Jules : Ah ! Ça, c’est pas prati
que... Moi, je pêche à la ligne,
alors je connais la question. Si
l’on est sous un parasol, on peut
pas lever la canne complètement
et on rate tout...
Prudent : Parce que le parasol
est fixe, tandis que celui-là, au
moment où vous avez une touche
et que vous levez la canne brus
quement, Hop !... il bascule en
arrière et plus rien vous gêne !...
C’est pas joli, ça ?
Jules: Oui, c’est bien combiné,
mais je me demande si ce n’est
pas un peu compliqué...
Prudent : Peut-être, mais c’est
joli quand même : réfléchissez
un peu : voilà un homme qui
pense que l’avenir est à la pêche
à la ligne...
Jules : Oui... c’est réconfortant...
Prudent : A une époque où il
n’est question que de chasseurs
à réaction, de fusées téléguidées,
de bombes de toute sorte, lui, il
s’occupe de nous protéger la tête
contre le soleil...
Jules : C’est un optimiste...
Prudent : Eh oui ! Et a un
moment où y a tant de gens qui
pensent à mettre à l’ombre, entre
quatre murs, ceusses qui sont pas
de leur avis, lui il pense à nous
mettre à l’ombre sous un parasol
et un parasol qui nous gêne pas,
qui nous laisse la liberté de nos =
mouvements. =
Jules : En somme, c’est un =
homme qui aime la paix et la li- =
berté ! =
Prudent : Voilà... Notez qu’on =
1 peut montrer qu’on aime la paix =
et la liberté autrement : en fai- =
sant des défilés militaires ou en =
empêchant les autres de travail- =
1er s’ils en ont envie ou en or- =
ganisant des bagarres dans les S
rues, mais personnellement je pré- =
fère le -parasol à bascule... cha- =
cun son goût , hé ? =
Jules : En tout cas, c’est plus S
rigolo !
Prudent : Ah ! sûrement I... =
Allez, au revoir Jules !
Jules : A demain, monsieur =
Prudent...
ÉiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinW
LES BALS SONT INTERDITS
Adieu, dancing !.. Adieu, guingette !..
Bien entendu, il ne saurait être
question d’une mesure prise par
nos édiles, mais plutôt, de cette
navrante détermination que pren
nent bon nombre de jeunes filles
devant le peu d’empressement té
moigné par les danseurs à leur
égard et les sourires ironiques.
Elles ne sont cependant, ni moins
jolies ni moins bonnes danseuses
que celles « qu’on invite toujours »,
seulement elles négligent cet élé
ment indispensable à la beauté fé
minine : l’épilation, alors qu’il est
si simple’ de faire disparaître ces
ombres disgracieuses que sont les
duvets et poils superflus.
En effet, Taky, dépilatoire ino-
dore, assure une épilation parfaite,
rapide, sans douleur, en rendant à
l’épiderme tout son éclat.
Vous trouverez partout Taky, en
/Crème blanche pour le visage et
près des muqueuses, en Eau pour
les grandes surfaces (bras et jam
bes). en Poudre pour tous usages,
et d’une longue conservation.
(Communiqué),
2
gA-xeuossegj(llilllIIIIDIIIIiIIIIIIIIIIdidIiiIiiII"S
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