Critiques

La ville de Paris

Chaillet

« Oui, le Tableau de Paris doit plaire à chacun ! On aime la variété, et c’est la variété même. On veut de l’esprit, et il y a de l’esprit partout. On y trouve de quoi satisfaire tous les goûts : des réflexions qui plairont aux gens sérieux ; de l’enjouement qui amusera les gens superficiels ; de l’énergie et de l’éloquence en quelques endroits ; des remarques légères, des petits faits, des anecdotes qui font plaisir ; un ton moral qui fait estimer l’auteur. Je préfère cet ouvrage à tous les autres ouvrages de M. Mercier. Après l’avoir lu, vous connaissez Paris, ses différents quartiers, les mœurs du jour et mille particularités qu’avec toute l’imagination du monde on ne viendrait pas à bout de deviner, qu’on a même encore quelques peines à croire quand on les lit […] Avec un peu de discernement, il n’est pas fort difficile de voir si un pareil portrait est de fantaisie ou d’après nature. »
(Journal Helvétique, juillet 1781, p. 23-48)

 

Rivarol

« [Le Tableau de Paris est] un ouvrage pensé dans la rue et écrit sur la borne ; l’auteur a peint la cave et le grenier en sautant le salon. »

 

Jean-Joseph Dussaut

« Le Tableau de Paris, que l'auteur a gâté dans ces derniers temps, en voulant le compléter et l'étendre, n'est qu'une esquisse grossière, où l'on rencontre quelques traits saillants, quelques heureux coups de pinceau, mêlés à beaucoup de fatras. C'est un ouvrage peint à la brosse. »
(Annales littéraires, 1814)

 

Charles Monselet

« Tout le XVIIIe siècle est contenu dans le Tableau de Paris, surtout le XVIIIe siècle de la rue ; il y a de tout, des tréteaux, des auberges à quatre sous, des réverbères, du guet, des greniers, de Bicêtre, des chiens tondus, enfin de tout ce qui fait retourner la tête. Aussi Mercier avait-il pour habitude de dire qu'il l'avait écrit avec ses jambes. […] [cette édition] se répandit à une très grande quantité d'exemplaires et fut infiniment goûtée hors de France. C'est inouï ce qu'il y a de verve, d'ampleur, de variété, de savoir et d'esprit au fond de tout cela. Le XVIIIe siècle, qui, à l'heure où parut le Tableau de Paris, avait déjà sa provision de chefs-d'œuvre toute faite, s'entêta à repousser celui-ci. »
(Les originaux du siècle dernier : les oubliés et les dédaignés, 1864)