Titre : L'Employé : organe du Syndicat des employés du commerce et de l'industrie
Auteur : Syndicat des employés du commerce et des interprofessionnels (France). Auteur du texte
Auteur : Fédération française des syndicats chrétiens d'employés. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-11-25
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32766548x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 202 Nombre total de vues : 202
Description : 25 novembre 1906 25 novembre 1906
Description : 1906/11/25 (A16,N151). 1906/11/25 (A16,N151).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k96478573
Source : CODHOS / Archives CFDT, 2013-304540
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/03/2016
16e ANNÉE. — N° 151 25 Novembre 1906
L'EMPLOYÉ
Vive - la Loi!
Tel est le cri dont les employés ont salué la loi
sur le repos hebdomadaire. Serait-ce qu'ils la trou-
vent parfaite ? Loin de là, et nous verrons tout à
l'heure leurs critiques. Mais ils la regardent comme
le_ premier résultat de leurs efforts en faveur de
l'une des réformes les plus désirées de leur corpo-
ration et ils entendent en soutenir le principe de-
vant ceux qui s'insurgent contre elle en ce moment.
Nous n'en sommes déjà plus, Dieu merci, au
temps où la légitimité du repos hebdomadaire
demandait une démonstration quasi-scientifique.
Tout le monde admet la nécessité d'un jour de
. repos par semaine. Les philosophes patentés, les
sociologues du meilleur teint, les hommes poli-
tiques dûment émancipés de la tutelle cléricale
ont chanté sur tous les tons l'hymne au Repos
hebdomadaire et réclamé pour les travailleurs un
régime de travail en conformité avec la nature
humaine.
Quand nous disons tout le monde, il est bien en-
tendu que nous faisons une exception pour les dis-
tingués économistes surnommés libéraux, derniers
champions de cette vieille liberté de mourir de mi-
sère ou de fatigue, suivant les cas, à laquelle le
travailleur du xixe siècle a été contraint d'immoler
tant de fois son bien-être et sa dignité. Ces impla-
cables logiciens se déclarent en effet ennemis de
toute réglementation du travail, parce que toute
,réglementation oblige quelqu'un et qu'il faut que
tous soient libres ; libres, celui-ci de se mettre en
servitude, celui-là d'exploiter l'homme comme un
capital inerte et insensible. Ces derniers survi-
vants d'une doctrine formellement condamnée
aujourd'hui par tous ceux qui ont le sentiment de
la justice, ont donné la mesure de l'esprit qui les
anime dans ce mot d'un de leurs pontifes sur la
question qui nous occupe : « C'est à chacun de
savoir s'il doit se reposer et quand il doit le faire. »
Heureusement, ces doctrinaires sont, nous le répé-
tons, une exception.
S'il n'y a plus pour ainsi dire d'adversaires
systématiques du repos hebdomadaire, il y a par
contre de nombreuses opinions en présence dès
qu'il s'agit de le faire passer dans la pratique D'un -
côté, les partisans de l'initiative privée, ennemis-
nés de tout ce qui de près ou de loin ressemble à
une intervention de l'Etat, estiment qu'il est
possible d'arriver, par une propagande incessante,
à faire entrer le repos dans les mœurs ou plutôt à
l'y réintégrer. De l'autre, les interventionnistes
soutiennent qu'on ne peut se passer du concours
de l'Etat dans des questions aussi graves. L'expé-
rience donne pleinement raison à ces derniers.
Seule, en effet, la loi est assez puissante pour
faire accepter et surtout respecter l'observation du
repos hebdomadaire. Sans attribuer à l'Etat un
rôle exagéré dans la réglementation du travail, il
est indispensable, dans des cas comme celui-ci,
d'avoir recours à sa force coercitive. L'initiative
privée n'ayant à sa ressource que la persuasion ne
peut rien contre la coalition des intérêts particu-
liers qui se cache derrière ce mot: le public. Sauf
le respect que nous devons à nos concitoyens,
nous imaginons que les coffres de l'Etat risque-
raient de rester vides ou presque si l'on s'en
remettait à l'initiative privée du paiement des
impôts. De même, les travailleurs soupireraient
encore après le repos hebdomadaire, s'ils ne
s'étaient tournés vers. le législateur pour en
obtenir ou plutôt pour lui en arracher le bienfait.
Donc, la loi était nécessaire et elle a été votée.
-Dire qu'elle a reçu un bon accueil de l'opinion
serait exagérer. Nous ne saurions mieux faire
pour rappeler son entrée en ce monde que d'invi-
ter le lecteur à relire le bel article de notre ami
Tessier paru dans L'Employé du 25 septembre.
Il trouvera là un exposé pittoresque des doléances
et des tentatives de rebellion d'une grande partie
du patronat bruyamment soutenue par la presse
bourgeoise de toutes nuances.
Il faut insister sur cette campagne des journaux
qui a été particulièrement grotesque. Ils donnè-
rent du Paris futur livré au repos dominical des
descriptions sinistres illustrées de vues photogra-
phiques au moins anticipées. Exagérant à plaisir,
étendant à l'infini les inconvénients de la loi, ils
pleurèrent avec émotion la mort du petit commerce
et saluèrent avec épouvante l'âge du pain rassis
qui commençait pour la France !
L'EMPLOYÉ
Vive - la Loi!
Tel est le cri dont les employés ont salué la loi
sur le repos hebdomadaire. Serait-ce qu'ils la trou-
vent parfaite ? Loin de là, et nous verrons tout à
l'heure leurs critiques. Mais ils la regardent comme
le_ premier résultat de leurs efforts en faveur de
l'une des réformes les plus désirées de leur corpo-
ration et ils entendent en soutenir le principe de-
vant ceux qui s'insurgent contre elle en ce moment.
Nous n'en sommes déjà plus, Dieu merci, au
temps où la légitimité du repos hebdomadaire
demandait une démonstration quasi-scientifique.
Tout le monde admet la nécessité d'un jour de
. repos par semaine. Les philosophes patentés, les
sociologues du meilleur teint, les hommes poli-
tiques dûment émancipés de la tutelle cléricale
ont chanté sur tous les tons l'hymne au Repos
hebdomadaire et réclamé pour les travailleurs un
régime de travail en conformité avec la nature
humaine.
Quand nous disons tout le monde, il est bien en-
tendu que nous faisons une exception pour les dis-
tingués économistes surnommés libéraux, derniers
champions de cette vieille liberté de mourir de mi-
sère ou de fatigue, suivant les cas, à laquelle le
travailleur du xixe siècle a été contraint d'immoler
tant de fois son bien-être et sa dignité. Ces impla-
cables logiciens se déclarent en effet ennemis de
toute réglementation du travail, parce que toute
,réglementation oblige quelqu'un et qu'il faut que
tous soient libres ; libres, celui-ci de se mettre en
servitude, celui-là d'exploiter l'homme comme un
capital inerte et insensible. Ces derniers survi-
vants d'une doctrine formellement condamnée
aujourd'hui par tous ceux qui ont le sentiment de
la justice, ont donné la mesure de l'esprit qui les
anime dans ce mot d'un de leurs pontifes sur la
question qui nous occupe : « C'est à chacun de
savoir s'il doit se reposer et quand il doit le faire. »
Heureusement, ces doctrinaires sont, nous le répé-
tons, une exception.
S'il n'y a plus pour ainsi dire d'adversaires
systématiques du repos hebdomadaire, il y a par
contre de nombreuses opinions en présence dès
qu'il s'agit de le faire passer dans la pratique D'un -
côté, les partisans de l'initiative privée, ennemis-
nés de tout ce qui de près ou de loin ressemble à
une intervention de l'Etat, estiment qu'il est
possible d'arriver, par une propagande incessante,
à faire entrer le repos dans les mœurs ou plutôt à
l'y réintégrer. De l'autre, les interventionnistes
soutiennent qu'on ne peut se passer du concours
de l'Etat dans des questions aussi graves. L'expé-
rience donne pleinement raison à ces derniers.
Seule, en effet, la loi est assez puissante pour
faire accepter et surtout respecter l'observation du
repos hebdomadaire. Sans attribuer à l'Etat un
rôle exagéré dans la réglementation du travail, il
est indispensable, dans des cas comme celui-ci,
d'avoir recours à sa force coercitive. L'initiative
privée n'ayant à sa ressource que la persuasion ne
peut rien contre la coalition des intérêts particu-
liers qui se cache derrière ce mot: le public. Sauf
le respect que nous devons à nos concitoyens,
nous imaginons que les coffres de l'Etat risque-
raient de rester vides ou presque si l'on s'en
remettait à l'initiative privée du paiement des
impôts. De même, les travailleurs soupireraient
encore après le repos hebdomadaire, s'ils ne
s'étaient tournés vers. le législateur pour en
obtenir ou plutôt pour lui en arracher le bienfait.
Donc, la loi était nécessaire et elle a été votée.
-Dire qu'elle a reçu un bon accueil de l'opinion
serait exagérer. Nous ne saurions mieux faire
pour rappeler son entrée en ce monde que d'invi-
ter le lecteur à relire le bel article de notre ami
Tessier paru dans L'Employé du 25 septembre.
Il trouvera là un exposé pittoresque des doléances
et des tentatives de rebellion d'une grande partie
du patronat bruyamment soutenue par la presse
bourgeoise de toutes nuances.
Il faut insister sur cette campagne des journaux
qui a été particulièrement grotesque. Ils donnè-
rent du Paris futur livré au repos dominical des
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phiques au moins anticipées. Exagérant à plaisir,
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pleurèrent avec émotion la mort du petit commerce
et saluèrent avec épouvante l'âge du pain rassis
qui commençait pour la France !
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