Titre : L'Employé : organe du Syndicat des employés du commerce et de l'industrie
Auteur : Syndicat des employés du commerce et des interprofessionnels (France). Auteur du texte
Auteur : Fédération française des syndicats chrétiens d'employés. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-02-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32766548x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 202 Nombre total de vues : 202
Description : 01 février 1902 01 février 1902
Description : 1902/02/01 (A12,N94)-1902/02/28. 1902/02/01 (A12,N94)-1902/02/28.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9642582k
Source : CODHOS / Archives CFDT, 2013-304540
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/02/2016
12e ANNÉE. —tT°^4 Février 1902
L'EMPLOYÉ
Organe du Syndicat des Employés du Commerce et de l'Industrie
FONDÉ EN 1887
SIÈGE SOCIAL : 14, Rue des Petits-Carreaux. — PARIS
POUR LES ABONNEMENTS ET LES ANNONCES
S'adresser au Siège Social
Le JOURNAL paraît tous les mois
Il est envoyé gratuitement aux Syndiqués
SOMMAIRE
Le chômage (Henri GUILLEBERT \. — Projets de lois
relatifs aux employés. (Jacques RAYMOND). — Biblio-
graphie . •
Courrier du Syndicat : Conseil syndical. — Mon
journal. — Soirées syndicales. ,— Commission
d'études. — Tablettes d'un curieux. — Assemblée
générale. — Aux conscrits. — Coopération. —
Avis divers.
Voir à la page 32 l'annonce des conditions
consenties aux syndiqués par d'importants
magasins d'habillement.
LE CHÔMAGE
Parmi les infortunes auxquelles sont exposés
les salariés, la plus accablante est certainement le
chômage.
Vivre au jour le jour, voir la rétribution de son
travail absorbée en entier par les dépenses du
ménage, par des charges de famille, les enfants,
les vieux parents, par les frais de la maladie, s'en-
detter parfois, prolonger le labeur de la journée
pour pouvoir se libérer : ces situations pénibles
sont encore supportables, parce qu'on les estime
passagères et que le salaire, régulièrement apporté
à la maison, permet du moins de se procurer le
pain-Ilécessaire à l'existence. Mais se sentir plein
de forces et ne pas trouver à s'employer, alors que
derrière soi on entend les plaintes des êtres chers
que les privations font souffrir, quelle cruelle
angoisse !
Le chômage est une source de désastres qui af-
fectent) au même degré le physique et le moral.
Après l'épuisement des pauvres économies les four-
nisseurs ont ouvert et fermé le crédit, les amis se
sont dérobés, le Mont-de-Piété s'est offert, l'in-
certitude, l'énervement, le découragement, la dé-
moralisation, le désespoir, peut-être, se sont
succédé au foyer.
Suivez'ce malheureux. Voyez comme il cherche
l'ombre des murs pour cacher la misère de ses
habits râpés, la pâleur de son teint, ses joues creu-
sées par la faim et l'inquiétude. Il pénètre sous
une voûte, ouvre une porte, formule une demande;
une voix répond : « Nous n'avons besoin de per-
sonne ». On lui dit ailleurs : « Nous donnons
125 francs par mois. » A côté : « Nous ne prenons
que des jeunes gens ». Enfin, on l'a prié d'atten-
dre, le chef de maison arrive, le questionne,
l'examine... et le congèdie par ces mots : « Cet
emploi ne vous conviendrait pas. » La porte se
referme, laissant ces paroles navrantes s'échapper
par l'entrebâillement : Il marque vraiment trop
mal! Quel est donc ce malheureux? C'est un
employé qui cherche une place.
Encore quelques mois de ces démarches, et ce
père de famille, devenu sans force physique et
sans ressort moral, ayant acquis à son insu le ton
du mendiant qui implore la charité des passants,
sera accepté par pitié aux mêmes appointements
qu'on lui donnait à vingt ans, sans grand espoir
de se relever jamais.
N'est-ce pas l'occasion de reconnaître les services
inappréciables rendus par les bureaux de place-
ment des syndicats professionnels ? En même temps
qu'ils abrègent la période amère du chômage, ces
syndicats permettent à leurs membres de conserver
la tenue et l'énergie nécessaires en pareil cas, et
de rencontrer plus sûrement l'emploi qui leur con-
vient. Ils diminuent ainsi, pour leur part, le nom-
bre des déclassés; c'est pour l'Etat et pour les
municipalités une aide précieuse que ceux-ci de-
vraient encourager dans une plus large mesure.
Réduire le chômage (car il sera difficile de le
faire disparaître), et mieux encore, tant qu'il dure,
L'EMPLOYÉ
Organe du Syndicat des Employés du Commerce et de l'Industrie
FONDÉ EN 1887
SIÈGE SOCIAL : 14, Rue des Petits-Carreaux. — PARIS
POUR LES ABONNEMENTS ET LES ANNONCES
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Il est envoyé gratuitement aux Syndiqués
SOMMAIRE
Le chômage (Henri GUILLEBERT \. — Projets de lois
relatifs aux employés. (Jacques RAYMOND). — Biblio-
graphie . •
Courrier du Syndicat : Conseil syndical. — Mon
journal. — Soirées syndicales. ,— Commission
d'études. — Tablettes d'un curieux. — Assemblée
générale. — Aux conscrits. — Coopération. —
Avis divers.
Voir à la page 32 l'annonce des conditions
consenties aux syndiqués par d'importants
magasins d'habillement.
LE CHÔMAGE
Parmi les infortunes auxquelles sont exposés
les salariés, la plus accablante est certainement le
chômage.
Vivre au jour le jour, voir la rétribution de son
travail absorbée en entier par les dépenses du
ménage, par des charges de famille, les enfants,
les vieux parents, par les frais de la maladie, s'en-
detter parfois, prolonger le labeur de la journée
pour pouvoir se libérer : ces situations pénibles
sont encore supportables, parce qu'on les estime
passagères et que le salaire, régulièrement apporté
à la maison, permet du moins de se procurer le
pain-Ilécessaire à l'existence. Mais se sentir plein
de forces et ne pas trouver à s'employer, alors que
derrière soi on entend les plaintes des êtres chers
que les privations font souffrir, quelle cruelle
angoisse !
Le chômage est une source de désastres qui af-
fectent) au même degré le physique et le moral.
Après l'épuisement des pauvres économies les four-
nisseurs ont ouvert et fermé le crédit, les amis se
sont dérobés, le Mont-de-Piété s'est offert, l'in-
certitude, l'énervement, le découragement, la dé-
moralisation, le désespoir, peut-être, se sont
succédé au foyer.
Suivez'ce malheureux. Voyez comme il cherche
l'ombre des murs pour cacher la misère de ses
habits râpés, la pâleur de son teint, ses joues creu-
sées par la faim et l'inquiétude. Il pénètre sous
une voûte, ouvre une porte, formule une demande;
une voix répond : « Nous n'avons besoin de per-
sonne ». On lui dit ailleurs : « Nous donnons
125 francs par mois. » A côté : « Nous ne prenons
que des jeunes gens ». Enfin, on l'a prié d'atten-
dre, le chef de maison arrive, le questionne,
l'examine... et le congèdie par ces mots : « Cet
emploi ne vous conviendrait pas. » La porte se
referme, laissant ces paroles navrantes s'échapper
par l'entrebâillement : Il marque vraiment trop
mal! Quel est donc ce malheureux? C'est un
employé qui cherche une place.
Encore quelques mois de ces démarches, et ce
père de famille, devenu sans force physique et
sans ressort moral, ayant acquis à son insu le ton
du mendiant qui implore la charité des passants,
sera accepté par pitié aux mêmes appointements
qu'on lui donnait à vingt ans, sans grand espoir
de se relever jamais.
N'est-ce pas l'occasion de reconnaître les services
inappréciables rendus par les bureaux de place-
ment des syndicats professionnels ? En même temps
qu'ils abrègent la période amère du chômage, ces
syndicats permettent à leurs membres de conserver
la tenue et l'énergie nécessaires en pareil cas, et
de rencontrer plus sûrement l'emploi qui leur con-
vient. Ils diminuent ainsi, pour leur part, le nom-
bre des déclassés; c'est pour l'Etat et pour les
municipalités une aide précieuse que ceux-ci de-
vraient encourager dans une plus large mesure.
Réduire le chômage (car il sera difficile de le
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