Titre : L'Employé : organe du Syndicat des employés du commerce et de l'industrie
Auteur : Syndicat des employés du commerce et des interprofessionnels (France). Auteur du texte
Auteur : Fédération française des syndicats chrétiens d'employés. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1901-02-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32766548x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 202 Nombre total de vues : 202
Description : 01 février 1901 01 février 1901
Description : 1901/02/01 (A11,N82)-1901/02/28. 1901/02/01 (A11,N82)-1901/02/28.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k96425741
Source : CODHOS / Archives CFDT, 2013-304540
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/02/2016
11e ANNÉE. — N° 82 - Février 1901
L'EMPLOYÉ
Organe du Syndicat des Employés du Commerce et de l'Industrie
FONDÉ EN 1887
SIÈGE SOCIAL : 14, Rue des Petits-Carreaux. — PARIS
POUR LES- ABONNEMENTS ET LES ANNONCES
S'adresser au Sièjçe social
Le JOURNAL paraît tous les mois
Il est envoyé gratuitement aux Syndiqués
SOMMAIRE.
L'Opinion publique et les Grands Magasins. — « L'Echo
des Syndicats »4 —Une loi démocratique. — Echos et
nouvelles.— Les Prévoyants de l'Avenir. L'Institut
populaire du ve arrondissement. — Courrier du
Syndicat: Conseil syndical. — Réunion des Délé-
gués. — Notre Concours. — Tablettes d'un curieux.
— Nos soldats. — Commission d'Etudes. — Assem-
blée générale du i5 Février JQOi.— Notre Syndicat
au Conseil supérieur du Travail. — Avis divers.
L'OPINION PUBLIQUE
- et les Grands Magasins
- L'opinion publique est-elle ou non favorable
aux grands magasins ? Les avis là-dessus sont
bien partagés, mais dans la plupart des cas, à la
question ; « Aimez-vous les grands magasins ? »
On vous répondra non. Et. si vous ajoutez :
« Alors, vous n'y achetez rien? » l'interlocuteur
vous répondra tantôt avec cynisme et insouciance,
tantôt avec résignation, suivant son caractère :
, « Si, tout de même ! »
Et la conséquence de cet état d'esprit est que la
plupart des Parisiens se réjouiront en apprenant
que nos législateurs ont porté un coup aux grands
magasins par quelque mesure d'exception (ils en
ont l'habitude), mais qu'ils seraient désolés si ce
coup réussissait, parce qu'ils trouvent le grand
magasin commodé et économique.
D'où vient cet état d'âme? que reprochons-nous
aux grands magasins ? Oh ! beaucoup de choses :
ils tuent le petit commerce. Ils sont le théâtre de
la plus grande immoralité. Ils poussent au vol et
aux dépenses exagérées les caractères faibles. Ils
développent le goût du luxe dans les classes peu
aisées. Ils font la fortune de riches capitalistes
aux dépens du travailleur. Ils atténuent, par l'ag-
glomération des commerces variés, la charge des
impôts. Ils font le jeu des Juifs. Que pourrions-
nous dire encore? Ils tendent à établir à leur profit
le monopole de la vente au détail. En deux mots.
ils sont les ennemis de l'humanité.
Assurément beaucoup des griefs articulés nous
ont échappé et parmi le concert des malédictions,
quelques-unes et non sans doute des moins impor-
tantes, ne sont pas parvenues jusqu'à nous. Le
lecteur nous suppléera facilement pour compléter
s'il-est possible la liste et ajoutera le plus gros
grief, le sien, car je gagé quil en a un.
Au risque de paraître paradoxal, je voudrais
montrer en m'appuyant sur des documents cer-
tains, que le grand magasin est le résultat naturel
et je dirai plus, « inévitable », de l'évolution éco-
nomique et qu'il est un progrès; malgré les ruines
qu'il a pu causer et le tort qu'il causera encore à
quelques individualités, toute entrave à son déve-
loppement est inutile et nuisible à l'ensemble des
individus.
Commençons par les vérités les plus évidentes :
le grand magasin est commode; on y trouve dans
un même local toute espèce de marchandises ; je
parle du grand magasin, comme le Louvre ou le
Bon Marché ; on y paie ces marchandises moins
cher qu'ailleurs ; leur prix est marqué et on est
sûr de ne pas être taxé d'après sa tête; voilà ce
que tout le monde peut constater. Tout le monde
se rend compte que l'agglomération des marchan-
dises permet une économie du loyer et du person-
nel et d'autres encore que les commerçants appel-
lent « les frais généraux ». Le grand magasin
réalise donc un progrès économique puisqu'il di-
minue les charges que doit supporter un objet
avant d'arriver aux mains du consommateur. De-
vons-nous abandonner ces avantages parce que
quelques malades, des cleptomanes se laissent
aller à la tentation et volent; je ne crois pas et
L'EMPLOYÉ
Organe du Syndicat des Employés du Commerce et de l'Industrie
FONDÉ EN 1887
SIÈGE SOCIAL : 14, Rue des Petits-Carreaux. — PARIS
POUR LES- ABONNEMENTS ET LES ANNONCES
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L'Opinion publique et les Grands Magasins. — « L'Echo
des Syndicats »4 —Une loi démocratique. — Echos et
nouvelles.— Les Prévoyants de l'Avenir. L'Institut
populaire du ve arrondissement. — Courrier du
Syndicat: Conseil syndical. — Réunion des Délé-
gués. — Notre Concours. — Tablettes d'un curieux.
— Nos soldats. — Commission d'Etudes. — Assem-
blée générale du i5 Février JQOi.— Notre Syndicat
au Conseil supérieur du Travail. — Avis divers.
L'OPINION PUBLIQUE
- et les Grands Magasins
- L'opinion publique est-elle ou non favorable
aux grands magasins ? Les avis là-dessus sont
bien partagés, mais dans la plupart des cas, à la
question ; « Aimez-vous les grands magasins ? »
On vous répondra non. Et. si vous ajoutez :
« Alors, vous n'y achetez rien? » l'interlocuteur
vous répondra tantôt avec cynisme et insouciance,
tantôt avec résignation, suivant son caractère :
, « Si, tout de même ! »
Et la conséquence de cet état d'esprit est que la
plupart des Parisiens se réjouiront en apprenant
que nos législateurs ont porté un coup aux grands
magasins par quelque mesure d'exception (ils en
ont l'habitude), mais qu'ils seraient désolés si ce
coup réussissait, parce qu'ils trouvent le grand
magasin commodé et économique.
D'où vient cet état d'âme? que reprochons-nous
aux grands magasins ? Oh ! beaucoup de choses :
ils tuent le petit commerce. Ils sont le théâtre de
la plus grande immoralité. Ils poussent au vol et
aux dépenses exagérées les caractères faibles. Ils
développent le goût du luxe dans les classes peu
aisées. Ils font la fortune de riches capitalistes
aux dépens du travailleur. Ils atténuent, par l'ag-
glomération des commerces variés, la charge des
impôts. Ils font le jeu des Juifs. Que pourrions-
nous dire encore? Ils tendent à établir à leur profit
le monopole de la vente au détail. En deux mots.
ils sont les ennemis de l'humanité.
Assurément beaucoup des griefs articulés nous
ont échappé et parmi le concert des malédictions,
quelques-unes et non sans doute des moins impor-
tantes, ne sont pas parvenues jusqu'à nous. Le
lecteur nous suppléera facilement pour compléter
s'il-est possible la liste et ajoutera le plus gros
grief, le sien, car je gagé quil en a un.
Au risque de paraître paradoxal, je voudrais
montrer en m'appuyant sur des documents cer-
tains, que le grand magasin est le résultat naturel
et je dirai plus, « inévitable », de l'évolution éco-
nomique et qu'il est un progrès; malgré les ruines
qu'il a pu causer et le tort qu'il causera encore à
quelques individualités, toute entrave à son déve-
loppement est inutile et nuisible à l'ensemble des
individus.
Commençons par les vérités les plus évidentes :
le grand magasin est commode; on y trouve dans
un même local toute espèce de marchandises ; je
parle du grand magasin, comme le Louvre ou le
Bon Marché ; on y paie ces marchandises moins
cher qu'ailleurs ; leur prix est marqué et on est
sûr de ne pas être taxé d'après sa tête; voilà ce
que tout le monde peut constater. Tout le monde
se rend compte que l'agglomération des marchan-
dises permet une économie du loyer et du person-
nel et d'autres encore que les commerçants appel-
lent « les frais généraux ». Le grand magasin
réalise donc un progrès économique puisqu'il di-
minue les charges que doit supporter un objet
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