Titre : Le Radical
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-01-08
Contributeur : Maret, Henry (1837-1917). Rédacteur
Contributeur : Simond, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32847124t
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 janvier 1899 08 janvier 1899
Description : 1899/01/08 (A19,N8). 1899/01/08 (A19,N8).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-210
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/09/2014
US RADICAL g
en France, que nous saurions bien empêcher
le gouvernement de recommencer le procès de
Versailles, avant que la cour ait terminé son
enquête, et que ce serait un nouveau succès
pour nous. Mais je m'incline, puisque vous
m'affirmez que mon retour mettrait en péril
les autres lutteurs et nuirait à la cause. C'èst
bien certainement le plus gros sacrifice que
je lui aie fait jusqu'à ce jour.
Mon état d'âme est que je suis las de paix et
de sécurité. Vous n'imaginez pas mon angoisse,
tous les matins, en lisant les journaux. Il me
semble que je ne suis plus bon à rien, que je
suis un mort, pendant que les autres se bat-
tent. Et cela va durer pendant des mois en-
core, loin de tous ceux que j'aime, loin de mes
habitudes d'esprit et de cœur.
Quant à changer de refuge, à quoi bon ? Ce
serait comme un malade qui se retourne dans
son lit de fièvre. Je suis installé ici, il faudrait
recommencer ailleurs toute cette installation
difficile et dangereuse. Je ne bougerai donc
pas, c'est plus simple et plus digne. Toutes
sortes de raisons me décident à rester ici.
Vous me demandez ce que je pense des évé-
nements, du lointain où je suis. La victoire me
paraît désormais certaine, mais je suis con-
vaincu que, jusqu'au dernier moment, le parti
des bandits fera tout pour entraver la justice.
L'héroïque Picquart paraît sauvé, grâce à vous
d'ailleurs : c'est Urbain Gohier, c'est Reinach,
qui vont être traqués ; et la veille même de
l'acquittement de Dreyfus, vous verrez encore
quelque tentative imbécile et monstrueuse. Ah 1
notre pauvre pays! c'est à lui que je songe,
avec une inquiétude de toutes les heures. Au
lendemain de notre victoire, que de décom-
bres, et pourrons-nous jamais rebâtir la mai-
son, avec tous ces matériaux pourris? Là est
le terrible demain.
Merci pour votre si tendre dévouement dans
toutes les affaires secondaires.
Je m'en désintéresse un peu, je le confesse ;
car je vous répète que je me considère comme
an mort, puisque me voilà pour tant de jours
rayé de mon pays, au loin et muet. Enfin, je
puis travailler, c'est ma seule consolation.
Merci, merci, mon cher et grand ami, pour
tout ce que vous avez fait de généreux, pour
iout ce que vous ferez encore.
Je vous embrasse, EMILB ZOLA.
A la cour de cassation
La chambre criminelle de la cour de cas-
sstion a siégé hier comme chambre d'ins-
truction.
D'après le bruit qui court au Palais, l'exa-
men du dossier secret serait terminé.
M. Lœw a convoqué comme témoins,
pour le 12 janvier, M. le lieutenant-colonel
du Paty de Clam, M. le général Yung et M.
ie commandant Lauth.
L'archiviste Gribelin sera également en-
tendu par la cour.
A l'île du Diable
L'agence Havas reçoit de Londres la dé-
pêche suivante:
Londres, 6 janvier.
Un télégramme de Cayenne au Baily Tele-
graph dit que le médecin en chef de l'adminis-
tration pénitentiaire est parti, ce matin, pour
l'île du Diable, sur la demande du comman-
dant de l'île.
Depuis trois jours, Dreyfus serait, dit-on,
malade de la dysenterie.
L'agence Havas ajoute que : Il Le minis-
tère des colonies n'a reçu, jusqu'à présent,
aucune nouvelle relative à une maladie
d'Alfred Dreyfus. »
Le témoignage d'un garde républicain
,.,e Gaulois annonce que la chambre cri-
minelle de la cour de cassation vient d'être
récemment appelée à recueillir une dépo-
sition « des plus graves ».
Il est aujourd'hui certain, dit notre confrère,
judiciairement prouvé par uç. témoignage dont
personne ne pourra mettre en doute la benne
foi, que Dreyfus a avoué sa culpabilité, et cela
non pas à une seule personne, le capitaine Le-
brun-Renaud, mais à un deuxième confident, qui
est venu déposer, ces jours derniers, devant la
cour.
C'est un garde républicain qui était de ser-
vice dans la voiture cellulaire qui a transporté
Dreyfus, après sa dégradation de l'Ecole-
Militaire au Dépôt. A cet homme, Dreyfus a
déclaré :
« Eh biec, si je suis coupable. il y en e d'au-
tres! » -
Le garde, dit le Gaulois, n'avait pas, à la
première heure, attaché d'importance à
cette déclaralion. Il n'en aurait compris la
gravité que lorsque la suite des événe-
ment lui eut appris dans quelles conditions
Dreyfus aurait avoué au capitaine Lebrun-
Renaud. Alors seulement il aurait instruit
ses chefs.
Le Temps fait ju&tement remarquer que
le récit du Gaulois est, sur un point essen-
tiel, en contradiction avec la réalité. En
effet, ce ne sont pas des gardes républi-
cains qui ont ramène-Dreyfus, après la
dégradation, de l'Ecole-Militaire au- dépôt,
ce sont des gendarmes. Le rôle .de la garde
républicaine se terminait à l'Ecole-Mili-
taire. Après la parade d'exécution, Dreyfus
fut remis à la gendarmerie départemen-
tale. Les gendarmes étaient commandés
par l'adjudant Abadie. Deux gendarmes
montèrent dans la voiture à côté de Drey-
fus. C'est à ces deux seules personnes qu'il a
parlé. Il a notamment voulu donner son
uniforme à un des gendarmes; qui refusa
celte offre. Le rapport officiel de la gen-
darmerie, fait après la parade d'exécution,
est déposé aux archives de la première
section de gendarmerie de la Seine, caserne
des Minimes.
Le commandant Esterhazy
Le Journal (VUtrecht (Ulrechtsche Dagblad)
fournit quelques détails curieux sur le sé-
jour de M. Esterhazy à Rotterdam.
Le petit hôlel (logement) où est, dit-if,
descendu le commandant, est un établisse-
ment du dernier ordre. C'est à la fois une
hôtellerie et un cabaret, où le service est
fait par des femmes (Damesbediening). Il
est situé sur le Steiger, longue ruelle près
jde la Korle Hoogstraat.
On n'eûl guère songé à chercher le com-
mandant en cet endroit et on ne l'y eût
point découvert,, si le Petit Bleu, de Bruxel-
les, n'avait signalé cette retraite. Dans la-
dite auberge on niaiténergiquement qu'Es-
terliazy y habitât.
Découvert par la -police, M. Esterhazy
fut invité à passer au bureau du commis-
saire central, avec lequel il eut un long en-
tretien. -' -' :
Le commandant refuse 1 accès de sa
.porte aux journalistes ; il ne reçoit, d'ail-
leurs, personne. - -
Après sa -visite chez le commissaire, il
s'est tenu moins caché que dans les pre-
miers temps. Alors il n'osait sortir en plein
jour, tandis que maintenant il se promène
et va au café'.
La L. P. L. P. F.
La ligue pour la Patrie française continue
à être lâchée même par ses adhérents. Au-
jourd'hui c'est M. Janet qui fait cette décla-
ration :
En donnant mon nom aux fondateurs de la
nouvelle ligue, j'entendais bien qu'il était ques-
tion d'une mesure de conciliation et d'apaise-
ment, non d'exclusion. Je regrette que les pre-
miers actes de ses fondateurs semblent indi-
quer une autre direction. Mais j'attends, pour
me prononcer d'une manière définitive, que la
Ligue pour la Patrie française soit elle-même
constituée définitivement et qu'elle ait précisé
son objet.
A. B. - De 8 à 9 ce soir samedi au Ra-
dical. ce soir samedi au Da-
ÇONSEIL DES MINISTRES
Le conseil des ministres s'est réuni hier ma-
"Un, à l'Elysée, sous la présidence de M. Félix-
traure, et s'est longuement occupé de diverses
questions soulevées par l'affaire Dreyfus et
|3ea
Le conseil s'est occupé ensuite de l'expédition
des affaires.
DÉCORATION D'UN SAUVETEUR
Il a décidé de nommer chevalier de la Lé-
gion d'honneur M. de Joly, lieutenant des
douanes à Dieppe, qui s'est distingué d'une
manière particulière en organisant le sauve-
tage des naufragés du bateau Angers, qui, on
se le rappelle, s'est échoué à l'entrée du port à
son arrivée d'Angleterre.
PROJETS MILITAIRES
Le ministre de la guerre a fait signer cinq
projets de loi ayant pour objet :
1° De régler les droits au commandement des
officiers de l'armée territoriale;
2° De faciliter les actes de l'état civil et les
testaments faits aux armées ;
3° De régler la situation des corps de troupe
détachés hors du territoire de la région du
corps d'armée ;
4° De modifier la loi sur les réquisitions mi-
litaires en ce qui concerne les chevaux et les
voitures ;
5° De modifier la constitution des compa-
gnies de remonte.
LE SERVICE MILITAIRE DE SANTÉ
Le président de la République a signé des
décrets aux termes desquels sont nommés :
Directeur du Val-de-Grâce, le médecin-ins-
pecteur Kelsch, directeur de l'Ecole de santé
de Lyon, en remplacement de M. Mathieu, ad-
mis au cadre de réserve ;
Directeur de l'Ecole de santé de Lyon, le
médecin-inspecteur Nogier, directeur du ser-
vice de santé du gouvernement militaire de
Lyon.
COULISSES DU PARLEMENT
A la commission du budget
La commission du budget a examiné hier les
crédits des ministères pour l'Exposition de
1900.
Le gouvernement demandait 9,349,000 francs.
M. Georges Berger, rapporteur, proposait de
réduire cette somme à 8,386,700 fr., c'est-à-
dire de réaliser une économie de 962,300 fr.
La commission a adopté cette proposition en
principe, sauf en ce qui concerne la participa-
tion du ministère de l'intérieur, pour lequel
elle a maintenu l'augmentation de 180,000 fr.
afférente au concours des sapeurs-pompiers.
En a, par contre, décidé de porter la diminu-
tion du crédit affecté au ministère de l'instruc-
tion publique de 265,000 fr. demandés par M.
Berger à 1,265,000 fr. ; cette diminution sera à
récupérer sur le budget normal de l'Exposi-
tion.
Quant à la participation du ministère des
travaux publics, M. Berger a proposé de di-
minuer le crédit de 150,000, mais la commis-
sion a porté cette réduction à 250,000 fr.
Sur la demande de M. Pelletan, rapporteur
général, la commission a décidé d'entendre le
gouvernement avant de statuer définitivement.
La commission s'est ensuite occupée du bud-
get des postes et télégraphes et elle s'est ajour-
née à demain deux heures.
La question algérienne
M. Morinaud a eu hier une entrevue avec M.
Ch. Dupuy, président du conseil, qui lui a de-
mandé de reculer jusqu'en février la discus-
sion de son interpellation sur la situation en
Algérie, afin de permettre à M. Laferrière de
venir à la tribune lui répondre en personne.
M. MQrinaud a accepté.
LE RENDEMENT DES IMPOTS
L'administration des finances vient de
publier le rendement des impôts et reve-
nus indirects, ainsi que des -monopoles de
l'Etat pendant le mois de décembre 1898.
Les résultats accusent une plus-value de
13,005,058 par rapport aux évaluations bud-
gétaires et une augmentation de 9,503,500
par rapport à la période correspondante
de 1897.
Par rapport aux évaluations budgétaires,
il y a plus-value sur : le timbre, 8,492,978;
l'impôt sur les opérations de bourse, 5,000;
l'impôt de 4 OjO sur les valeurs mobilières,
2,000; les douanes, 5,141,300; les contribu-
tions indirectes, 3,262,980; les sels, 125,000;
les contributions indirectes (monopoles),.
2,871,500; les postes, 1,464,300; les télégra-
phes, 264,900.
Les moins-values portent sur l'enregis-
trement, 149,600; les sucres, 8,449,000; les
téléphones, 26,300.
Par rapport au mois de décembre 1897,
il y a augmentation sur l'enregistrement,
1,394,000; le timbre; 8,021,000; l'impôt de
4 010 sur les valeurs mobilières, 434,500;
les contributions indirectes, 5,099,000;. les
sels, 231,000; les contributions indirectes
(monopoles), 2,278,000; les postes, 748,800;
les téléphones, 32,200.
Il y a diminution sur l'impôt sur les opé-
rations de bourse, 134,000; les douanes,
7,905,000; les sucres, 688,000; -les télégra-
phes, 8,000.
LES AMÉRICAINS- AUX PHILIPPINES
- HOSTILITÉS IMMINENTES
Manille, 5 janvier
* Les Phillippms font, au nom de l'huma-
nité, un appel à la nation américaine. Ils
se déclarent prêts à accepter une solution
amicale proposée par une commission d'en-
quête impartiale.
Ils rappellent qu'ils ont soutenu les Amé-
ricains contre l'Espagne et comptent sur
l'accomplissement des promesses faites, à
Singapore, au général Aguinaldo, afin qu'il
prêtât son concours à l'amiral Dewey.
Manille, 5 janvier.
Aguinaldo est toujours président de la
République.
La majorité du nouveau cabinet appar-
tient au parti de l'action.
Un journal indigène dit que la situation
est très grave ; il n'admet que deux alter-
natives : une guerre sanglante et prolongée,
ou l'abandon par les Américains de la po-
litique d'annexion.
Chronique de l' Ecole
DES VOSGES AU TARN
On ne saurait croire avec quelle ingénio-
sité, avec quelle fécondité de ressources
les institutrices animent les réunions de
jeunes filles, les patronages. e
Il y a émulation entre le Nord et le Midi.
Dans les Vosges, sous l'active impulsion
d VMI. Poirson, inspecteur primaire en ré-
sidence à Epinal, le dimanche, le jeudi
sont bien employés par les adolescentes
qui reviennent à l'école. On apprend aux
anciennes élèves à devenir de bonnes mé-
nagères. Elles visitent la cuisine, la salle à
manger de la directrice. Elles y prennent
des leçons d'ordre et de propreté. Elles en
tirent parti, paraît-il, à la maison pater-
nelle.
La cuisine ménagère est faite au cours.
On vise au pratique, à l'utile. On tend à
l'économie. C'est le triomphe des grands
plats, des plats abondants, nourrissants et
pas chers. Les jeunes filles revêtent le ta-
blier, s'arment d'une cuillère, accommo-
dent le repas de la directrice.
Mais voici le plan d'économie domesti-
que et d'enseignement ménager que M.
Poirson a fait adopter. Il l'a élaboré de
concert avec les institutrices qui, suivant
point par point le programme, font mer-
veille :
1° Aération et propreté du logement, tenue
des différentes pièces. -
Comment on donne à un appartement un
aspect coquet et riant.
Désinfection d'un Joca*
20 Comptabilité ménagère :
Achat des provisions; préparation et cuis-
son des aliments ; manières différentes de
les apprêter; exercices pratiques et non
conseils théoriques que l'on trouve dans
tous les livres de cuisine.
3° Manières d'utiliser les restes.
Confection d'entremets peu coûteux et de
desserts.
Confitures et compotes.
4° Lessive. Moyens d'enlever les taches.
Savonnage des objets de couleur ; repas-
sage, pliage, raccommodage du linge ; en-
tretien des vêtements ; comment on peut
utiliser le vieux linge, les vieux vêtements.
5° Hygiène. Nourriture. Vêtements. Pro-
preté. Sommeil. Exercice. Nourriture des
petits enfants. Le berceau. Vaccination.
Comment on soigne un malade. Tenue du
jardin potager. Plantes d'agrément.
Tout cela est vu, et bien vu, en un an. Le
cycle complet d'études pratiques est par-
couru aux après-midi hebdomadaires qui,
de novembre à juillet, groupent les jeunes
Lorraines.
Des Vosges au Tarn. A Brassac, grâce
à M. Baron, inspecteur primaire, l'aiguille
joue le même rôle que la poêle à Epinal.
Le « Patronage de couture » est en bon-
neur.
Aux termes des statuts, le Patronage a
pour but:
1° D'aider à la fréquentation scolaire par la
fourniture de vêtements aux enfants pauvres ;
2° De réunir de temps en temps à l'école
quelques anciennes élèves et quelques mères
de famille en vue du soulagement de la mi-
sère ;
3° D'intéresser et d'instruire les membres de
l'œuvre par des chants sérieux ou des lectures
morales.
Dans les séances de l'œuvre, il n'est fait que
des travaux de couture et de tricot.
Toutefois, à la fin de chaque séance, des
chants peuvent être exécutés par les élèves de
l'école ; une lecture peut être faite par les soins
de l'institutrice ou de l'une des dames pré-
sentes.
Les dames patronnesses (membres actifs et
membres honoraires) sont priées de fournir à
l'œuvre du vieux linge, de vieux habits, ou
des étoffes neuves qui doiveni servir à confec-
tionner des vêtements, en premier lieu pour les
enfants d'âge scolaire qui en auraient besoin ;
en second lieu, et exceptionnellement, pour les
adultes nécessiteux.
Et le résultat? Car il ne suffit pas de
mettre des statuts et règlemenls sur le
papier. Qu'a-t-on obtenu?
M. Baron, dans la vaillante petite revue
VEnseignement pratique, nous l'apprend.
Il a eu l'idée de fonder l'œuvre de la
Couture à la fin de 1897. En un an :
Neuf patronages ont été établis : deux de ces
patronages ont compté plus de vingt membres
chacun, les autres en comprenaient de dix à
vingt.
Les réunions ont eu lieu à peu près réguliè-
rement une fois par semaine, pendant huit
mois environ.
Elles ont été fréquentées en totalité par 80
dames patronnesses et par une centaine d'an-
ciennes élèves.
Deux cents lectures morales (Victor Hugo,
Lamartine, Gustave Droz, etc., etc.) ont été
faites. Des morceaux de chant, de la collection
Bouchor et autres, ont égayé bon nombre de
séances.
Mais ce qu'il y a de plus important encore,
c'est que 612 objets de vêtement ont pu être
distribués.
Le nombre des enfants secourus a été de 84;
la moitié au moins de ces enfants n'allaient
pas en classe, faute de vêtement ; ils ont pu y
aller. Les autres y sont allés plus propres.
Enfin, plusieurs mères de famille, des veuves
surtout, écrasées par la misère, ayant toutes
les peines du monde à donner du pain à leurs
enfants, et ne pouvant les couvrir que de hail-
lons, ont repris courage.
Ne sont-ce pas là des exemples à imiter?
Et n'y trouvez-vous pas un réconfort et des
motifs d'espérer ?
FRANCIS FRAMÉE.
HOMMES ET CHOSES
LA PATRIE FRANÇAISE
Puisque le mot est à la mode, parlons-en.
Savez-vous quand, pour la première fois
le mot de Patrie a acquis en France toute
sa signification, c'est quand a été poussé
le cri superbe de 1792 : « La Patrie est en
danger!. »
Car pour la première fois ceux qui le pro-
féraient avaient la notion profonde et vraie
de ce qui, dès lors, était le patrimoine im-
périssable de la France, de cette indépen-
dance morale qui ne va pas sans. l'indépen-
dance matérielle, de cette liberté désor-
mais conquise et sans retour, de cet épa-
nouissement trop longtemps retardé du
génie français, dont Rabelais, Montaigne,
La Boétie, Montêsquieu, Voltaire, Rous-
seau, La Mettrie, Morelly, avaient été les
initiateurs, ou plutôt les dépositaires à
travers toutes les tyrannies.
Oui, l'a patrie, c'est-à-dire la France, re-
présentante de la justice et du droit uni-
versel était en danger. Car si la France
alors avait été écrasée, c'en était fait, pour
de longs siècles peut-être, des conquêtes
de la Révolution française, c'était l'obscu-
rantisme s'étendant à nouveau sur nous.'
Brunswick vainqueur, c'était un recul dans
la nuit profonde du moyen âge.
Mais il y a plus encore. La France, en
cette époque grandiose, a affirmé le grand
principe de la patrie dans toute sa pureté,
car elle l'a étendu, élargi à toutes les pa-
tries. La patrie de la Révolution se défen-
dit, mais mieux encore, elle se donna à
tous ; elle épandit son sang par le monde,
et avec son sang les germes de justice et
de vérité. qui grandirent si bien, alors
même que les tyrans ont tout tenté pour
l'étouffer, qu'aujourd'hui, quand il est ques-
tion de justice, il n'est pas dans le monde
entier d'homme qui ne tourne les yeux
vers la France.
Comprenez-vous pourquoi nous avons le
droit.d'être fiers de notre patrie? Par quel-
ques crises qu'elle passe, quelques vicis-
situdes qu'elle traverse, alors même que
ses gouvernants l'ont poussée de force
dans quelque aventure dynastique , les
peuples savent que ce n'est là qu'une
éclipse passagère de la justice, et qu'elle
se ressaisira. et qu'elle reprendra sa
marche en avant.
Donc l'idée vraie de patrie se dégage
dans sa pureté, et cela, à notre honneur,
par l'exemple que nous pouvons prendre
de la France. Car c'est en elle qu'elle s'in-
carne le mieux, purifiée, éclairée par l'i-
dée dejustice.
Il est d'autres patries qui ont pour idéal,
les unes la conquête et la suprématie de la
force, les autres le commerce et le déve-
loppement indéfini de l'industrie, d'autres
encore, comme l'Espagne, en cette miséra-
ble guerre de Cuba, un point d'honneur mal
compris, puisqu'il était contraire aux rè-
gles du droit éternel.
- Mais qui donc en France admettrait la
guerre pour la conquête, la guerre pour de
l'argent, la guerre pour l'oppression d'un
peuple?.
Tout en nous proteste contre ces inter-
prétations inhumaines d'un faux patrio-
tisme. Notre patriotisme à nous, c'est la
volonté d'être justes et de répandre les
idées de justice à travers le monde.
Mais, dira-t-on, cette notion de la Patrie,
pour si grande et si généreuse qu'elle soit,
n'implique-t-elle pas la nécessité des ar-
mées ?. eh ! qui dit ici le contraire ?. la
France, par cela même qu'elle représente
la Liberté, est haïe par tous ceux qui veu-
lent l'esclavage, -parce qu'elle veut le pro-
grès, elle est la terreur de tous ceux qui
veulent le recul. parce qu'elle est la Ré-
publique — car encore ici les deux mots
Patrie et République se confondent et sont
inséparables l'un de l'autre — la France a
pour adversaires patents ou hypocrites
tout ce qui veut le despotiome et l'obscu-
rantisme. en un mot par tous les rois et
les empereurs quels qu'ils soient. et la si-
nistre séquelle qu'ils traînent après eux.
Ici seulement le peuple est le maître de
sa patrie, tandis qu'ailleurs le peuple ap-
partient à un royaume ou à un empire.
Pour que les peuples aient de la patrie
la notion élevée que nous en avons nous-
mêmes, il faut que les rois et les empe-
reurs ne montrent plus à leurs yeux les
faux mirages d'une gloire menteuse, qu'ils
ne leur imposent plus les légendes des
haines meurtrières, des haines internatio-
nales.
Est-ce que les peuples, laissés à eux-
mêmes et délivrés des excitations crimi-
nelles, sont les ennemis des autres peu-
ples?. Est-ce que cette notion ne se fait
pas jour que l'union économique des peu-
ples sera la grande génératrice du bien-
être universel? Et qui s'oppose à l'expan-
sion immédiate de ce programme de pro-
grès? Les rois, les empereurs et tous ceux
qui, de près ou de loin, sont les complices
intéressés de la tyrannie, c'est-à-dire les
agioteurs et les jouisseurs.
Contre ceux-là nous avons à défendre
notre patrie de justice, la France de la Ré-
volution, c'est pourquoi aujourd'hui encore,
sous la menace d'agression dont tous les
réactionnaires et les cléricaux sont les
excitateurs, il faut que nous soyons prêts
à sauvegarder notre patrimoine. c'est
pourquoi nous appelons tous les enfants
de la France autour du symbole de la patrie,
autour de ce drapeau dont certaines gens
font une loque de guerre civile, et qui pour
nous en ses trois couleurs représente la
trinité révolutionnaire, liberté, égalité,
fraternité.
Chauvinisme, oui, chauvinisme de jus-
tice et de progrès.
Nous savons, selon le mot d'un poète,
que si la France disparaissait il se ferait
de la nuit sur le monde. Nous sommes et
nous resterons les défenseurs de la lu-
mière. et, parce que la France aura eu le
bras assez fort pour porter le flambeau si
haut qu'il soit vu de partout, c'est pour
cela que les peuples viendront eux aussi à
la République.
Notre programme est et ne peut être que
la République universelle. c'est par elle
seulement que l'idée de patrie prendra sa
signification humaine et sublime. chaque
peuple alors aura sa patrie d'amour, de
sympathie, d'habitudes, et en même temps
aura la patrie universelle, l'humanité. pa-
trie de justice et d'égalité.
JULES LERMINA.
ÉCHOS SJQUYELLES
M. Viger, ministre de l'agriculture, ac-
compagné de MM. Vassillière, directeur de
l'agriculture, Dabat, chef du cabinet, et
Leroy, chef du secrétariat particulier, a
quitté Paris hier soir pour se rendre à
Hyères, où il doit présider dimanche la
pose de la première pierre de l'école pra-
tique d'horticulture.
Le produit de l'octroi de Paris pour l'an-
née 1898 — qui s'élève à 156,064,237 francs
— présente une plus-value de 564,237 francs
par rapport aux prévisions budgétaires, et
une diminution de 368,929 francs par rap-
port aux produits de l'année 1897.
Nous avons dit que des ouvriers qui tra-
vaillaient aux fondations de la nouvelle
gare d'Orléans avaient découvert la « pre-
mière pierre » de la Cour des comptes.
Cette « première pierre », une pierre de
Lorraine pesant environ 4,000 kilogrammes,
contenait, dans la cavité intérieure qui y
fut pratiquée à l'époque de la fondation de
la Cour des comptes, un grand nombre
d'objets dont voici l'énumération :
1° Six croix de Saint-André, entrelacées de
neuf scellements pesant dix kilogrammes ;
2° Une épaisseur de vingt-cinq millimètres
de ciment romain ;
3° Une plaque de fonte de vingt-cinq milli-
mètres d'épaisseur ;
4° Une pièce de bois de quatre centimètres
d'épaisseur ;
5° Deux plaques d'argent de 0 m. 70 de long
sur 0 m. 45 de large, d'épaisseurs différentes,
pesant ensemble de 8 kilos à 8 kilos 500, avec
inscriptions en français, sur la plus épaisse,
et en grec sur l'autre ;
6° Une couche de sciure ;
7° Enfin, le coffret en noyer renfermant 29
pièces encastrées, dont 3 pièces renfermées
dans du cristal, représentant Napoléon Ier, en
1810, Marie-Louise et son fils, une pièce en or
blanc de 500 grammes environ, une pièce de
40 francs, une pièce de 20 francs et les 23 autres
en argent.
A la suite d'un article paru dans le Siècle,
le commandant Myszkowski — un nom bien
français — a envoyé ses témoins, MM. Gas-
ton Pollonnais et Daniel Cloutier, à M. Jo-
seph Reinach, auteur de l'article.
Une intéressante revue de sociologie, la
Coopération des idées, publie dans son der-
nier numéro, une très remarquable étude
de notre ami et collaborateur Jules Ler-
mina : De la base scientifique de la morale.
La thèse défendue par Jules Lermina,
il l'a déjà présentée brillamment le mois
dernier dans une conférence où il a con-
quis son auditoire attentionné par la clarté
et l'originalité de ses aperçus.
L'idée développée par notre collabora-
teur est résumée dans cette maxime orien-
tale : « Nul ne peut être heureux, tant
qu'il existe un seul être malheureux. »
Et c'est très simplement, en se gardant
soigneusement des considérations trop mé-
taphysiques et des formules trop abs-
traites, qu'il arrive à sa conclusion qui est
l'affirmation de la solidarité humaine
comme un élément essentiel du bonheur
de tous.
Un intéressant tournoi de calculateurs
vient d'avoir lieu à la réunion de la Société
astronomique de France.
Deux des membres de la société, M.
Inaudi, le calculateur mental bien connu,
et M. Brandebourg, qui opère avec des mé-
thodes raisonnées spéciales, ont rivalisé
d'exactitude et de rapidité.
Par exemple, M. Inaudi tourne le dos au
tableau, tandis qu'une personne y inscrit
les sommes dictées par l'auditoire. Il ré-
sout ainsi en 9 secondes la soustraction de
deux nombres de 18 chiffres chacun; en 15
secondes la multiplication d'un nombre de
5 chiffres par lui-même; en 54 secondes,
celle d'un nombre de 5 chiffres par un autre
nombre de 5 chiffres également. En 4 mi-
nutes il a porté le chiffre 2 à sa 50e puis-
sance, extrait des racines de chiffres portés
à la 52e puissance, et enfin récapitulé de
mémoire toutes les sommes inscrites au
tableau sans y avoir un instant jeté les
yeux.
M. Brandebourg, au contraire, regarde le
tableau et procède scientifiquement, mais
il obtient dans ses opérations une rapidité
plus grande encore. Pour une addition de
10 nombres de 6 chiffres chacun, le temps
de les inscrire et de tirer la barre : le total
est donné instantanément. Pour une multi-
plication de 5 chiffres par 5 chiffres, 12 se-
condes. Pour 4 multiplications de 2 chiffres
par 2 chiffres, mais dont les quatre pro-
duits doivent être totalisés, le total géné-
ral est donné en 2 secondes. Enfin M. Bran- !
debourg fait aussi, mais en y mettant quel-
ques secondes de plus, des multiplications
mentales de très grands nombres, en rem-
plaçant les chiffres par des sons, ce qui lui
donne des mots que sa mémoire retient
mieux que des nombres.
Comme dans les meilleures batailles, il
n'y a eu ni vainqueur ni vaincu dans ce
tournoi, puisque les deux spécialistes mis
en présence opéraient par des procédés
différents : mais la précision avec laquelle
ils opéraient a émerveillé la scientifique
assistance qui les regardait faire.
Prédictions pour cette année, cueillies
dans un almanach des plus modernes :
13 novembre 1899. — Choc d'une grande co-
mète contre la terre : fin du monde.
14 novembre 1899. — Le temps se remet au
beau, dégel.
Que diable ! il faut s'entendre.
L'HYGIÈNE DE LA TÊTE
Le conseil d'hygiène du département de
la Seine a reçu communication d'une lettre
de M. le président du conseil des ministres,
M. Charles Dupuy, concernant l'hygiène de
la tête et, en particulier, l'emploi des lo-
tions à base d'éther et de pétrole employées
par les coiffeurs.
C'est le conseil d'hygiène de France qui
a provoqué l'étude de ces questions dont
l'importance ne peut échapper à personne.
La lettre du président du conseil se borne
à donner un avis ; cet avis, nous l'espérons,
sera suivi d'effet, sans quoi il est probable
que le conseil d'hygiène, consulté à nou-
veau, devrait agir avec plus de force, de
manière à éviter les accidents fâcheux qui
se sont produits et s'aggraveraient par
l'abus signalé.
Non seulement les lotions à base d'éther
et de pétrole constituent un danger sérieux,
en raison de leur inflammabilité, mais en-
core d'autres inconvénients se sont mani-
festés « sans être compensés par aucun
avantage ».
Les recommandations qui sont contenues
dans la lettre du ministre pourraient se
généraliser et les conseils de prudence qui
sont donnés doivent s'étendre jusqu'à la
manipulation et l'entretien des outils dont
on se sert ordinairement : rasoirs, ciseaux,
tondeuses, peignes, brosses, en y ajoutant
un examen attentif portant sur-les ingré-
dients de toilette et de coquetterie, tels
que pâtes, cosmétiques, pommades, par-
fums, fards, eaux et alcools destinés à
l'embellissement de la coiffure, plus sou-
vent à sa ruine.
Les maladies du cuir chevelu prennent
parfois des proportions inquiétantes faute
de soins ou même de simples précautions.
La pelade surtout se propage beaucoup
chez les enfants, mais encore parmi les
grandes personnes et c'est une maladie en-
suite fort longue à guérir.
Les coiffeurs de Paris, on peut leur ren-
dre cette justice, sont très vigilants, ce qui
ne les empêchera pas de veiller davantage
et de tenir compte des observations pré-
sentées par le conseil d'hygiène non seule-
ment dans leur intérêt, puisque leur res-
ponsabilité peut être en jeu, mais dans
l'intérêt de leurs clients qu'ils ne peuvent
exposer à aucun accident et à qui ils doi-
vent donner complète satisfaction.
L'avis officiel sera certainement accueilli
avec déférence; il ne peut qu'en résulter
un grand bien.
Ce n'est pas pour nous autres hommes
que nous parlons; les Clodion modernes
deviennent rares ; mais la chevelure, cet
ornement superbe de la. femme, mérite les
plus délicates attentions.
LA NOUVELLE GARE D'ORLÉANS
Après l'inondation — Mesures
de précaution
On est en ixain d'étayer actuellement
l'immeuble situé au coin du quai d'Oroay
et de la rue du Bao, et dans lequel se trou-
vait autrefois le restaurant d'Orsay, et qui
est occupé actuellement par les bureaux
de la Compagnie d'Orléans(2e et 3* sections
des travaux). Contrairement à ce qui a été
dit, ces travaux d'étayement n'ont pas été
motivés par des infiltrations provenant de
la nappe d'eau qui recouvre les chantiers.
L'infiltration estimpossible, la nappe d'eau
en question étant d'un niveau inférieur à
celui des fondations. L'immeuble a été
étayé parce que l'on a dû couper ses fon-
dations sur la façade regardant la Seine,
afin d'établir un tunnel sous lequel passe-
ront les trains.
Une sorte de panique a été causée dans
le quartier par les travaux d'étayement.
On s'attendait à ce que la maison s'effon-
drât, minée dans ses fondations par la fa-
meuse nappe d'eau.
Aujourd'hui encore, de nombreux cu-
rieux stationnent devant l'immeuble.
La nappe d'eau recouvrant les chantiers
est en grande partie asséchée.
Il n'y a plus guère que 60 à 80 centimè-
tres d eau.
Les eaux sont maintenant environ au ni-
veau de la Seine et l'assèchement, qui se
fait assez rapidement à l'aide de pompes
et de l'ancien exutoire de l'égout, sera ter-
miné dans la journée de demain.
Des mouvements de terrain peuvent en-
core se produire, entraînant çà et là quel-
ques éboulements.
La nuit dernière, d'énormes pilastres de
fer entassés non loin des bâtiments de la
Caisse des dépôts et qui pesaient en
moyenne de 6 à 8,000 kilog. se sont écrou-
lés par suite d'un glissement de terrain.
Aucun ouvrier ne se trouvait dans les pa-
rages, fort heureusement.
Ils ont broyé dans leur chute un pont de
bois établi sur une galerie et causé un
éboulement.
Bien qu'en raison des précautions prises,
pour empêcher tout accident, aucun dan-
ger ne soit à craindre, la préfecture de po-
lice, afin d'amoindrir la trépidation aux
abords de la rue du Bac, à l'angle du quai
d'Orsay, vient d'interdire la circulation
sur le pont Royal, aux omnibus et aux
voitures lourdement chargées.
LA CONSIGNE DES COLIS
Dans les gares - La garde des colis — Un
nouveau règlement — Tarif
exorbitant
On sait que les compagnies avaient élevé
des plaintes nombreuses au sujet de la
consigne des gares qui étaient encombrées,
paraît-il, par les bicyclettes et les voitures
et colis des marchands forains.
Les bicyclistes laissaient leur machine à
la consigne, cela leur coûtait 10 centimes
pour le premier jour et cinq centimes pour
les jours suivants, et ils trouvaient ainsi
un garage absolument sûr.
Les marchands forains faisaient de mê-
me et chaque soir allaient remiser leur
matériel à la gare la plus voisine.
Le ministre des travaux publics a
écouté les doléances des compagnies et il
vient de prendre un arrêté qui donne satis-
faction aux compagnies, mais qui, certes,
va fort mécontenter le public, la victime
éternelle.
Le premier article de l'arrêté modifie le
tarif appliqué au magasinage d~o ~~C3
de messagerie et des marchandises adres*
sées en gare.
Cette modification porte un droit fixé pat
fraction indivisible de 100 kilogrammes, à
raison de 10 centimes pour la première pé-
riode de vingt-quatre heures; de 15 centi-
mes en sus pour la deuxième période de
vingt-quatre heures, et de 20 centimes en
sus des deux taxes précédentes et par pé-
riode de vingt-quatre heures.
Pour nous résumer, disons que les an-
ciens droits son quadruplés.
Pour s'en convaincre, il suffit d'examiner
l'article visant le dépôt des bagages, sous
la responsabilité des compagnies, soit avant
le départ, soit après l'arrivée des trains,
qui a été ainsi modifié :
Droit fixe par article à raison de :
10 centimes pour la première période dà
vingt-quatre heures ;
20 centimes en sus pour la deuxième pé-
riode de vingt-quatre heures ;
30 centimes en sus des deux taxes précé-
cédentes et par période de vingt-quatre
heures.
Ce n'est pas tout.
Ces droits, déjà exorbitants, sont doubles
pour les objets mobiliers, petites voitures
d'enfants, de marchands ambulants, ma-
chines à coudre, bicyclettes, tricycles, tan-,
dems, voitures automobiles, motocycles,
pots de fleurs, arbustes, denrées non em-
ballées, etc. Suit une longue énumération.
qui paraît comprendre à peu près tous le3
articles qu'on laisse à la consigne.
Ainsi donc, une bicyclette laissée à la
consigne paiera désormais 0,60 centimes,
par jour.
Une voiture d'enfant laissée trois joun'
à la consigne d'une gare paiera un frant
vingt centimes.
Ce tarif est exorbitant, et il est permis:
d'espérer que les protestations qui vont se
produire obligeront le ministre à modifier
son arrêté.
Nous prions ceux de nos souscripteurs
dont l'abonnement va expirer de nom
envoyer aussi vite que possible leur re.
nouvellement, s'ils ne veulent éprouve!
aucun retard dans l'envoi de leur journal
Toute demande de changement d'a",
dresse doit être accompagnée d'une bande
imprimée et de 50 centimes en timbres-
poste, pour frais de réimpression.
Bulletin de l'Enseignement
L'ÉDUCATION POPULAIRE
M. Edouard Petit, inspecteur général de
l'instruction publique, vient de faire à Châ-
teau Thierry une conférence sur l'éducation
populaire devant tous les instituteurs de l'ar-
rondissement.
M. Cavé a entretenu ensuite l'auditoire de
l'œuvre de la mutualité scolaire.
La séance était présidée par le sous-préfet
de Château-Thierry, M. Merlin.
Etaient présents : M. Morlot, député, le con-
seiller général du canton; M. Forfer, inspec..
teur d'académie; les présidents de sociétés de
secours mutuels, etc.
M. Maurice Bouchot a fait une lecture popu-
laire, avec le concours des professeurs de
collège.
Les trois conférenciers ont obtenu un grand
succès. ,
Un comité a été organisé aussitôt ,après la
réunion pour assurer le fonctionnement de It
mutualité scolaire.
CAUSERIE FINANCIÈRE
LA BOURSE
Un revirement satisfaisant s'est produit au
jourd'hui sur notre marché ; l'exagération du
mouvement de baisse a déterminé une réac<
tion contraire de la part des acheteurs qui sa
sont enfin repris, et qui se sont rendus compta
que les ventes précipitées auxquelles on ve-
nait d'assister, n'avaient peut-être pas exacte.
ment la source que l'on voulait bien dire. 1*
paraît, en effet, qu'il y a eu de la part d'un
certain groupe de véritables manœuvres d'a-
giotage, tendant à déprimer la cote de nos
giotagde, 'Etat et do la plupart des valeurs étran-
luudo
gères. Mais le groupe en question, pressentant
l'accumulation rapide de capitaux qui allait se
former, par suite de l'énorme contingent de
coupons, destinés à s'appliquer sur nos va-
leurs, a jugé à propos de battre en retraite,
ou du moins de se montrer moins entrepre-
nant. En outre, on s'est plu à répondre le bruit
que les craintes de renchérissement de l'argent
étaient exagérées : nous voulons bien l'espé-
rer, mais nous attendons, à ce sujet, d'être
réedri, fiés par des faits précis et non par des sup-
positions alimentées par le désir trop empressa
de voir la situation s'améliorer.
Le 3 OiO progresse à 101 75, l'Amortissable 1..
100 45, le 3 1x2 010 à 104 30.
Signalons une brusque reprise sur la rentf
espagnole qui clôture à 46 30, l'Italien gagnr
0 60 c. à 93 'fr. ; sur les emprunts russes, Il
hausse est également très importante : le 1891,
cote 93 97, le 1896 94 97. Les valeurs ottomanes
sont en hausse : le Turc C à 27 10, la série D à
22 80. La banque gagne 2 fr. à 550 fr.
Les établissements de crédit sont également
en hausse. Notons cependant un peu de lour-
deur sur la Banque de France à 3,850 fr., la
Banque de Paris gagne 8 fr. à 940 fr., le Crédit
lyonnais également 8 fr. à 716 ; le Crédit lyon-
nais s'avance de 858 fr. à 864.
Nos chemins de fer ont, de leur côté, un mar-
ché plus animé et plus ferme. Le Lyon est en
hausse à 1882 fr., le Midi à 1400 fr., le Nord ài
2,095, l'Orléans reste à 1790.
Sur les valeurs industrielles l'amélioration
est non moins intéressante : le Suez progresser
à 3,495, le Gaz à 1,265, l'action de la Compagnie
générale de Traction gagne 2 fr. à 118.
J. LEGRAND.
LES MINES
Le marché minier est très ferme et on notf
quelques plus-values intéressantes.
La Chartered vaut 77 25, la Goldfields 134 50,
l'East Rand 164 50, la Ferreira 632, la Geldenhuis
205 50, la Langlaagte 96, la May Consolidâtes.
progresse à 113, la Randfontein est à 53 50,
la Hobinson yaut 229 50.
Le Rio reprend vigoureusement à 826, la de
Beers gagne 10 fr. à 682, la New Emerald est
en forte hausse à 86 50.
L'AFFAIRE HINQUE
La lettre d'une « folle »
On se rappelle sans doute commentrrIIft
Hinque tira des coups de revolver sur M.
Boursy, juge d'instruction, au moment 0$
celui-ci allait pénétrer dans le Palais de
Justice.
Le @ père de cette jeune fille avait étf
ruiné par quelques aventurières; vaine,-
ment il s'adressa à la justice; un jour Mlltt
Hinque, exaspérée, voulut tuer le juge qu(
avait instruit dans l'affaire et qu'elle consi
dère comme responsable de la ruine de Son
père.
On sait que M. Boursy, qui est aujourd'hui
complètement rétabli, reçut la croix de la
Légion d'honneur à la suite de l'attentat
dont il fut l'objet.
Quant à Mlle Heinque, elle est soumise
à l'examen d'un médecin aliéniste, car on ;
prétend — depuis le premier jour du restai
— qu'elle est folle. î
D'autres affirment que l'on voudrait ainsi i
éviter un procès devant les assises. t
En attendant, Mlle Hinque est toujours r
détenue à Saint-Lazare.
Voici la lettre qu'elle écrivit à son père
le 1er janvier de cette année :
Mon cher papa,
Que vais-je te souhaiter, si ce n'est une t
bonne santé ? C'est tout ce que je puis désirer
pour toi, mon pauvre papa. Je te souhaite en- j
core d'être bien raisoaaable et de ae pas
faire de chagrin. - - -
en France, que nous saurions bien empêcher
le gouvernement de recommencer le procès de
Versailles, avant que la cour ait terminé son
enquête, et que ce serait un nouveau succès
pour nous. Mais je m'incline, puisque vous
m'affirmez que mon retour mettrait en péril
les autres lutteurs et nuirait à la cause. C'èst
bien certainement le plus gros sacrifice que
je lui aie fait jusqu'à ce jour.
Mon état d'âme est que je suis las de paix et
de sécurité. Vous n'imaginez pas mon angoisse,
tous les matins, en lisant les journaux. Il me
semble que je ne suis plus bon à rien, que je
suis un mort, pendant que les autres se bat-
tent. Et cela va durer pendant des mois en-
core, loin de tous ceux que j'aime, loin de mes
habitudes d'esprit et de cœur.
Quant à changer de refuge, à quoi bon ? Ce
serait comme un malade qui se retourne dans
son lit de fièvre. Je suis installé ici, il faudrait
recommencer ailleurs toute cette installation
difficile et dangereuse. Je ne bougerai donc
pas, c'est plus simple et plus digne. Toutes
sortes de raisons me décident à rester ici.
Vous me demandez ce que je pense des évé-
nements, du lointain où je suis. La victoire me
paraît désormais certaine, mais je suis con-
vaincu que, jusqu'au dernier moment, le parti
des bandits fera tout pour entraver la justice.
L'héroïque Picquart paraît sauvé, grâce à vous
d'ailleurs : c'est Urbain Gohier, c'est Reinach,
qui vont être traqués ; et la veille même de
l'acquittement de Dreyfus, vous verrez encore
quelque tentative imbécile et monstrueuse. Ah 1
notre pauvre pays! c'est à lui que je songe,
avec une inquiétude de toutes les heures. Au
lendemain de notre victoire, que de décom-
bres, et pourrons-nous jamais rebâtir la mai-
son, avec tous ces matériaux pourris? Là est
le terrible demain.
Merci pour votre si tendre dévouement dans
toutes les affaires secondaires.
Je m'en désintéresse un peu, je le confesse ;
car je vous répète que je me considère comme
an mort, puisque me voilà pour tant de jours
rayé de mon pays, au loin et muet. Enfin, je
puis travailler, c'est ma seule consolation.
Merci, merci, mon cher et grand ami, pour
tout ce que vous avez fait de généreux, pour
iout ce que vous ferez encore.
Je vous embrasse, EMILB ZOLA.
A la cour de cassation
La chambre criminelle de la cour de cas-
sstion a siégé hier comme chambre d'ins-
truction.
D'après le bruit qui court au Palais, l'exa-
men du dossier secret serait terminé.
M. Lœw a convoqué comme témoins,
pour le 12 janvier, M. le lieutenant-colonel
du Paty de Clam, M. le général Yung et M.
ie commandant Lauth.
L'archiviste Gribelin sera également en-
tendu par la cour.
A l'île du Diable
L'agence Havas reçoit de Londres la dé-
pêche suivante:
Londres, 6 janvier.
Un télégramme de Cayenne au Baily Tele-
graph dit que le médecin en chef de l'adminis-
tration pénitentiaire est parti, ce matin, pour
l'île du Diable, sur la demande du comman-
dant de l'île.
Depuis trois jours, Dreyfus serait, dit-on,
malade de la dysenterie.
L'agence Havas ajoute que : Il Le minis-
tère des colonies n'a reçu, jusqu'à présent,
aucune nouvelle relative à une maladie
d'Alfred Dreyfus. »
Le témoignage d'un garde républicain
,.,e Gaulois annonce que la chambre cri-
minelle de la cour de cassation vient d'être
récemment appelée à recueillir une dépo-
sition « des plus graves ».
Il est aujourd'hui certain, dit notre confrère,
judiciairement prouvé par uç. témoignage dont
personne ne pourra mettre en doute la benne
foi, que Dreyfus a avoué sa culpabilité, et cela
non pas à une seule personne, le capitaine Le-
brun-Renaud, mais à un deuxième confident, qui
est venu déposer, ces jours derniers, devant la
cour.
C'est un garde républicain qui était de ser-
vice dans la voiture cellulaire qui a transporté
Dreyfus, après sa dégradation de l'Ecole-
Militaire au Dépôt. A cet homme, Dreyfus a
déclaré :
« Eh biec, si je suis coupable. il y en e d'au-
tres! » -
Le garde, dit le Gaulois, n'avait pas, à la
première heure, attaché d'importance à
cette déclaralion. Il n'en aurait compris la
gravité que lorsque la suite des événe-
ment lui eut appris dans quelles conditions
Dreyfus aurait avoué au capitaine Lebrun-
Renaud. Alors seulement il aurait instruit
ses chefs.
Le Temps fait ju&tement remarquer que
le récit du Gaulois est, sur un point essen-
tiel, en contradiction avec la réalité. En
effet, ce ne sont pas des gardes républi-
cains qui ont ramène-Dreyfus, après la
dégradation, de l'Ecole-Militaire au- dépôt,
ce sont des gendarmes. Le rôle .de la garde
républicaine se terminait à l'Ecole-Mili-
taire. Après la parade d'exécution, Dreyfus
fut remis à la gendarmerie départemen-
tale. Les gendarmes étaient commandés
par l'adjudant Abadie. Deux gendarmes
montèrent dans la voiture à côté de Drey-
fus. C'est à ces deux seules personnes qu'il a
parlé. Il a notamment voulu donner son
uniforme à un des gendarmes; qui refusa
celte offre. Le rapport officiel de la gen-
darmerie, fait après la parade d'exécution,
est déposé aux archives de la première
section de gendarmerie de la Seine, caserne
des Minimes.
Le commandant Esterhazy
Le Journal (VUtrecht (Ulrechtsche Dagblad)
fournit quelques détails curieux sur le sé-
jour de M. Esterhazy à Rotterdam.
Le petit hôlel (logement) où est, dit-if,
descendu le commandant, est un établisse-
ment du dernier ordre. C'est à la fois une
hôtellerie et un cabaret, où le service est
fait par des femmes (Damesbediening). Il
est situé sur le Steiger, longue ruelle près
jde la Korle Hoogstraat.
On n'eûl guère songé à chercher le com-
mandant en cet endroit et on ne l'y eût
point découvert,, si le Petit Bleu, de Bruxel-
les, n'avait signalé cette retraite. Dans la-
dite auberge on niaiténergiquement qu'Es-
terliazy y habitât.
Découvert par la -police, M. Esterhazy
fut invité à passer au bureau du commis-
saire central, avec lequel il eut un long en-
tretien. -' -' :
Le commandant refuse 1 accès de sa
.porte aux journalistes ; il ne reçoit, d'ail-
leurs, personne. - -
Après sa -visite chez le commissaire, il
s'est tenu moins caché que dans les pre-
miers temps. Alors il n'osait sortir en plein
jour, tandis que maintenant il se promène
et va au café'.
La L. P. L. P. F.
La ligue pour la Patrie française continue
à être lâchée même par ses adhérents. Au-
jourd'hui c'est M. Janet qui fait cette décla-
ration :
En donnant mon nom aux fondateurs de la
nouvelle ligue, j'entendais bien qu'il était ques-
tion d'une mesure de conciliation et d'apaise-
ment, non d'exclusion. Je regrette que les pre-
miers actes de ses fondateurs semblent indi-
quer une autre direction. Mais j'attends, pour
me prononcer d'une manière définitive, que la
Ligue pour la Patrie française soit elle-même
constituée définitivement et qu'elle ait précisé
son objet.
A. B. - De 8 à 9 ce soir samedi au Ra-
dical. ce soir samedi au Da-
ÇONSEIL DES MINISTRES
Le conseil des ministres s'est réuni hier ma-
"Un, à l'Elysée, sous la présidence de M. Félix-
traure, et s'est longuement occupé de diverses
questions soulevées par l'affaire Dreyfus et
|3ea
Le conseil s'est occupé ensuite de l'expédition
des affaires.
DÉCORATION D'UN SAUVETEUR
Il a décidé de nommer chevalier de la Lé-
gion d'honneur M. de Joly, lieutenant des
douanes à Dieppe, qui s'est distingué d'une
manière particulière en organisant le sauve-
tage des naufragés du bateau Angers, qui, on
se le rappelle, s'est échoué à l'entrée du port à
son arrivée d'Angleterre.
PROJETS MILITAIRES
Le ministre de la guerre a fait signer cinq
projets de loi ayant pour objet :
1° De régler les droits au commandement des
officiers de l'armée territoriale;
2° De faciliter les actes de l'état civil et les
testaments faits aux armées ;
3° De régler la situation des corps de troupe
détachés hors du territoire de la région du
corps d'armée ;
4° De modifier la loi sur les réquisitions mi-
litaires en ce qui concerne les chevaux et les
voitures ;
5° De modifier la constitution des compa-
gnies de remonte.
LE SERVICE MILITAIRE DE SANTÉ
Le président de la République a signé des
décrets aux termes desquels sont nommés :
Directeur du Val-de-Grâce, le médecin-ins-
pecteur Kelsch, directeur de l'Ecole de santé
de Lyon, en remplacement de M. Mathieu, ad-
mis au cadre de réserve ;
Directeur de l'Ecole de santé de Lyon, le
médecin-inspecteur Nogier, directeur du ser-
vice de santé du gouvernement militaire de
Lyon.
COULISSES DU PARLEMENT
A la commission du budget
La commission du budget a examiné hier les
crédits des ministères pour l'Exposition de
1900.
Le gouvernement demandait 9,349,000 francs.
M. Georges Berger, rapporteur, proposait de
réduire cette somme à 8,386,700 fr., c'est-à-
dire de réaliser une économie de 962,300 fr.
La commission a adopté cette proposition en
principe, sauf en ce qui concerne la participa-
tion du ministère de l'intérieur, pour lequel
elle a maintenu l'augmentation de 180,000 fr.
afférente au concours des sapeurs-pompiers.
En a, par contre, décidé de porter la diminu-
tion du crédit affecté au ministère de l'instruc-
tion publique de 265,000 fr. demandés par M.
Berger à 1,265,000 fr. ; cette diminution sera à
récupérer sur le budget normal de l'Exposi-
tion.
Quant à la participation du ministère des
travaux publics, M. Berger a proposé de di-
minuer le crédit de 150,000, mais la commis-
sion a porté cette réduction à 250,000 fr.
Sur la demande de M. Pelletan, rapporteur
général, la commission a décidé d'entendre le
gouvernement avant de statuer définitivement.
La commission s'est ensuite occupée du bud-
get des postes et télégraphes et elle s'est ajour-
née à demain deux heures.
La question algérienne
M. Morinaud a eu hier une entrevue avec M.
Ch. Dupuy, président du conseil, qui lui a de-
mandé de reculer jusqu'en février la discus-
sion de son interpellation sur la situation en
Algérie, afin de permettre à M. Laferrière de
venir à la tribune lui répondre en personne.
M. MQrinaud a accepté.
LE RENDEMENT DES IMPOTS
L'administration des finances vient de
publier le rendement des impôts et reve-
nus indirects, ainsi que des -monopoles de
l'Etat pendant le mois de décembre 1898.
Les résultats accusent une plus-value de
13,005,058 par rapport aux évaluations bud-
gétaires et une augmentation de 9,503,500
par rapport à la période correspondante
de 1897.
Par rapport aux évaluations budgétaires,
il y a plus-value sur : le timbre, 8,492,978;
l'impôt sur les opérations de bourse, 5,000;
l'impôt de 4 OjO sur les valeurs mobilières,
2,000; les douanes, 5,141,300; les contribu-
tions indirectes, 3,262,980; les sels, 125,000;
les contributions indirectes (monopoles),.
2,871,500; les postes, 1,464,300; les télégra-
phes, 264,900.
Les moins-values portent sur l'enregis-
trement, 149,600; les sucres, 8,449,000; les
téléphones, 26,300.
Par rapport au mois de décembre 1897,
il y a augmentation sur l'enregistrement,
1,394,000; le timbre; 8,021,000; l'impôt de
4 010 sur les valeurs mobilières, 434,500;
les contributions indirectes, 5,099,000;. les
sels, 231,000; les contributions indirectes
(monopoles), 2,278,000; les postes, 748,800;
les téléphones, 32,200.
Il y a diminution sur l'impôt sur les opé-
rations de bourse, 134,000; les douanes,
7,905,000; les sucres, 688,000; -les télégra-
phes, 8,000.
LES AMÉRICAINS- AUX PHILIPPINES
- HOSTILITÉS IMMINENTES
Manille, 5 janvier
* Les Phillippms font, au nom de l'huma-
nité, un appel à la nation américaine. Ils
se déclarent prêts à accepter une solution
amicale proposée par une commission d'en-
quête impartiale.
Ils rappellent qu'ils ont soutenu les Amé-
ricains contre l'Espagne et comptent sur
l'accomplissement des promesses faites, à
Singapore, au général Aguinaldo, afin qu'il
prêtât son concours à l'amiral Dewey.
Manille, 5 janvier.
Aguinaldo est toujours président de la
République.
La majorité du nouveau cabinet appar-
tient au parti de l'action.
Un journal indigène dit que la situation
est très grave ; il n'admet que deux alter-
natives : une guerre sanglante et prolongée,
ou l'abandon par les Américains de la po-
litique d'annexion.
Chronique de l' Ecole
DES VOSGES AU TARN
On ne saurait croire avec quelle ingénio-
sité, avec quelle fécondité de ressources
les institutrices animent les réunions de
jeunes filles, les patronages. e
Il y a émulation entre le Nord et le Midi.
Dans les Vosges, sous l'active impulsion
d VMI. Poirson, inspecteur primaire en ré-
sidence à Epinal, le dimanche, le jeudi
sont bien employés par les adolescentes
qui reviennent à l'école. On apprend aux
anciennes élèves à devenir de bonnes mé-
nagères. Elles visitent la cuisine, la salle à
manger de la directrice. Elles y prennent
des leçons d'ordre et de propreté. Elles en
tirent parti, paraît-il, à la maison pater-
nelle.
La cuisine ménagère est faite au cours.
On vise au pratique, à l'utile. On tend à
l'économie. C'est le triomphe des grands
plats, des plats abondants, nourrissants et
pas chers. Les jeunes filles revêtent le ta-
blier, s'arment d'une cuillère, accommo-
dent le repas de la directrice.
Mais voici le plan d'économie domesti-
que et d'enseignement ménager que M.
Poirson a fait adopter. Il l'a élaboré de
concert avec les institutrices qui, suivant
point par point le programme, font mer-
veille :
1° Aération et propreté du logement, tenue
des différentes pièces. -
Comment on donne à un appartement un
aspect coquet et riant.
Désinfection d'un Joca*
20 Comptabilité ménagère :
Achat des provisions; préparation et cuis-
son des aliments ; manières différentes de
les apprêter; exercices pratiques et non
conseils théoriques que l'on trouve dans
tous les livres de cuisine.
3° Manières d'utiliser les restes.
Confection d'entremets peu coûteux et de
desserts.
Confitures et compotes.
4° Lessive. Moyens d'enlever les taches.
Savonnage des objets de couleur ; repas-
sage, pliage, raccommodage du linge ; en-
tretien des vêtements ; comment on peut
utiliser le vieux linge, les vieux vêtements.
5° Hygiène. Nourriture. Vêtements. Pro-
preté. Sommeil. Exercice. Nourriture des
petits enfants. Le berceau. Vaccination.
Comment on soigne un malade. Tenue du
jardin potager. Plantes d'agrément.
Tout cela est vu, et bien vu, en un an. Le
cycle complet d'études pratiques est par-
couru aux après-midi hebdomadaires qui,
de novembre à juillet, groupent les jeunes
Lorraines.
Des Vosges au Tarn. A Brassac, grâce
à M. Baron, inspecteur primaire, l'aiguille
joue le même rôle que la poêle à Epinal.
Le « Patronage de couture » est en bon-
neur.
Aux termes des statuts, le Patronage a
pour but:
1° D'aider à la fréquentation scolaire par la
fourniture de vêtements aux enfants pauvres ;
2° De réunir de temps en temps à l'école
quelques anciennes élèves et quelques mères
de famille en vue du soulagement de la mi-
sère ;
3° D'intéresser et d'instruire les membres de
l'œuvre par des chants sérieux ou des lectures
morales.
Dans les séances de l'œuvre, il n'est fait que
des travaux de couture et de tricot.
Toutefois, à la fin de chaque séance, des
chants peuvent être exécutés par les élèves de
l'école ; une lecture peut être faite par les soins
de l'institutrice ou de l'une des dames pré-
sentes.
Les dames patronnesses (membres actifs et
membres honoraires) sont priées de fournir à
l'œuvre du vieux linge, de vieux habits, ou
des étoffes neuves qui doiveni servir à confec-
tionner des vêtements, en premier lieu pour les
enfants d'âge scolaire qui en auraient besoin ;
en second lieu, et exceptionnellement, pour les
adultes nécessiteux.
Et le résultat? Car il ne suffit pas de
mettre des statuts et règlemenls sur le
papier. Qu'a-t-on obtenu?
M. Baron, dans la vaillante petite revue
VEnseignement pratique, nous l'apprend.
Il a eu l'idée de fonder l'œuvre de la
Couture à la fin de 1897. En un an :
Neuf patronages ont été établis : deux de ces
patronages ont compté plus de vingt membres
chacun, les autres en comprenaient de dix à
vingt.
Les réunions ont eu lieu à peu près réguliè-
rement une fois par semaine, pendant huit
mois environ.
Elles ont été fréquentées en totalité par 80
dames patronnesses et par une centaine d'an-
ciennes élèves.
Deux cents lectures morales (Victor Hugo,
Lamartine, Gustave Droz, etc., etc.) ont été
faites. Des morceaux de chant, de la collection
Bouchor et autres, ont égayé bon nombre de
séances.
Mais ce qu'il y a de plus important encore,
c'est que 612 objets de vêtement ont pu être
distribués.
Le nombre des enfants secourus a été de 84;
la moitié au moins de ces enfants n'allaient
pas en classe, faute de vêtement ; ils ont pu y
aller. Les autres y sont allés plus propres.
Enfin, plusieurs mères de famille, des veuves
surtout, écrasées par la misère, ayant toutes
les peines du monde à donner du pain à leurs
enfants, et ne pouvant les couvrir que de hail-
lons, ont repris courage.
Ne sont-ce pas là des exemples à imiter?
Et n'y trouvez-vous pas un réconfort et des
motifs d'espérer ?
FRANCIS FRAMÉE.
HOMMES ET CHOSES
LA PATRIE FRANÇAISE
Puisque le mot est à la mode, parlons-en.
Savez-vous quand, pour la première fois
le mot de Patrie a acquis en France toute
sa signification, c'est quand a été poussé
le cri superbe de 1792 : « La Patrie est en
danger!. »
Car pour la première fois ceux qui le pro-
féraient avaient la notion profonde et vraie
de ce qui, dès lors, était le patrimoine im-
périssable de la France, de cette indépen-
dance morale qui ne va pas sans. l'indépen-
dance matérielle, de cette liberté désor-
mais conquise et sans retour, de cet épa-
nouissement trop longtemps retardé du
génie français, dont Rabelais, Montaigne,
La Boétie, Montêsquieu, Voltaire, Rous-
seau, La Mettrie, Morelly, avaient été les
initiateurs, ou plutôt les dépositaires à
travers toutes les tyrannies.
Oui, l'a patrie, c'est-à-dire la France, re-
présentante de la justice et du droit uni-
versel était en danger. Car si la France
alors avait été écrasée, c'en était fait, pour
de longs siècles peut-être, des conquêtes
de la Révolution française, c'était l'obscu-
rantisme s'étendant à nouveau sur nous.'
Brunswick vainqueur, c'était un recul dans
la nuit profonde du moyen âge.
Mais il y a plus encore. La France, en
cette époque grandiose, a affirmé le grand
principe de la patrie dans toute sa pureté,
car elle l'a étendu, élargi à toutes les pa-
tries. La patrie de la Révolution se défen-
dit, mais mieux encore, elle se donna à
tous ; elle épandit son sang par le monde,
et avec son sang les germes de justice et
de vérité. qui grandirent si bien, alors
même que les tyrans ont tout tenté pour
l'étouffer, qu'aujourd'hui, quand il est ques-
tion de justice, il n'est pas dans le monde
entier d'homme qui ne tourne les yeux
vers la France.
Comprenez-vous pourquoi nous avons le
droit.d'être fiers de notre patrie? Par quel-
ques crises qu'elle passe, quelques vicis-
situdes qu'elle traverse, alors même que
ses gouvernants l'ont poussée de force
dans quelque aventure dynastique , les
peuples savent que ce n'est là qu'une
éclipse passagère de la justice, et qu'elle
se ressaisira. et qu'elle reprendra sa
marche en avant.
Donc l'idée vraie de patrie se dégage
dans sa pureté, et cela, à notre honneur,
par l'exemple que nous pouvons prendre
de la France. Car c'est en elle qu'elle s'in-
carne le mieux, purifiée, éclairée par l'i-
dée dejustice.
Il est d'autres patries qui ont pour idéal,
les unes la conquête et la suprématie de la
force, les autres le commerce et le déve-
loppement indéfini de l'industrie, d'autres
encore, comme l'Espagne, en cette miséra-
ble guerre de Cuba, un point d'honneur mal
compris, puisqu'il était contraire aux rè-
gles du droit éternel.
- Mais qui donc en France admettrait la
guerre pour la conquête, la guerre pour de
l'argent, la guerre pour l'oppression d'un
peuple?.
Tout en nous proteste contre ces inter-
prétations inhumaines d'un faux patrio-
tisme. Notre patriotisme à nous, c'est la
volonté d'être justes et de répandre les
idées de justice à travers le monde.
Mais, dira-t-on, cette notion de la Patrie,
pour si grande et si généreuse qu'elle soit,
n'implique-t-elle pas la nécessité des ar-
mées ?. eh ! qui dit ici le contraire ?. la
France, par cela même qu'elle représente
la Liberté, est haïe par tous ceux qui veu-
lent l'esclavage, -parce qu'elle veut le pro-
grès, elle est la terreur de tous ceux qui
veulent le recul. parce qu'elle est la Ré-
publique — car encore ici les deux mots
Patrie et République se confondent et sont
inséparables l'un de l'autre — la France a
pour adversaires patents ou hypocrites
tout ce qui veut le despotiome et l'obscu-
rantisme. en un mot par tous les rois et
les empereurs quels qu'ils soient. et la si-
nistre séquelle qu'ils traînent après eux.
Ici seulement le peuple est le maître de
sa patrie, tandis qu'ailleurs le peuple ap-
partient à un royaume ou à un empire.
Pour que les peuples aient de la patrie
la notion élevée que nous en avons nous-
mêmes, il faut que les rois et les empe-
reurs ne montrent plus à leurs yeux les
faux mirages d'une gloire menteuse, qu'ils
ne leur imposent plus les légendes des
haines meurtrières, des haines internatio-
nales.
Est-ce que les peuples, laissés à eux-
mêmes et délivrés des excitations crimi-
nelles, sont les ennemis des autres peu-
ples?. Est-ce que cette notion ne se fait
pas jour que l'union économique des peu-
ples sera la grande génératrice du bien-
être universel? Et qui s'oppose à l'expan-
sion immédiate de ce programme de pro-
grès? Les rois, les empereurs et tous ceux
qui, de près ou de loin, sont les complices
intéressés de la tyrannie, c'est-à-dire les
agioteurs et les jouisseurs.
Contre ceux-là nous avons à défendre
notre patrie de justice, la France de la Ré-
volution, c'est pourquoi aujourd'hui encore,
sous la menace d'agression dont tous les
réactionnaires et les cléricaux sont les
excitateurs, il faut que nous soyons prêts
à sauvegarder notre patrimoine. c'est
pourquoi nous appelons tous les enfants
de la France autour du symbole de la patrie,
autour de ce drapeau dont certaines gens
font une loque de guerre civile, et qui pour
nous en ses trois couleurs représente la
trinité révolutionnaire, liberté, égalité,
fraternité.
Chauvinisme, oui, chauvinisme de jus-
tice et de progrès.
Nous savons, selon le mot d'un poète,
que si la France disparaissait il se ferait
de la nuit sur le monde. Nous sommes et
nous resterons les défenseurs de la lu-
mière. et, parce que la France aura eu le
bras assez fort pour porter le flambeau si
haut qu'il soit vu de partout, c'est pour
cela que les peuples viendront eux aussi à
la République.
Notre programme est et ne peut être que
la République universelle. c'est par elle
seulement que l'idée de patrie prendra sa
signification humaine et sublime. chaque
peuple alors aura sa patrie d'amour, de
sympathie, d'habitudes, et en même temps
aura la patrie universelle, l'humanité. pa-
trie de justice et d'égalité.
JULES LERMINA.
ÉCHOS SJQUYELLES
M. Viger, ministre de l'agriculture, ac-
compagné de MM. Vassillière, directeur de
l'agriculture, Dabat, chef du cabinet, et
Leroy, chef du secrétariat particulier, a
quitté Paris hier soir pour se rendre à
Hyères, où il doit présider dimanche la
pose de la première pierre de l'école pra-
tique d'horticulture.
Le produit de l'octroi de Paris pour l'an-
née 1898 — qui s'élève à 156,064,237 francs
— présente une plus-value de 564,237 francs
par rapport aux prévisions budgétaires, et
une diminution de 368,929 francs par rap-
port aux produits de l'année 1897.
Nous avons dit que des ouvriers qui tra-
vaillaient aux fondations de la nouvelle
gare d'Orléans avaient découvert la « pre-
mière pierre » de la Cour des comptes.
Cette « première pierre », une pierre de
Lorraine pesant environ 4,000 kilogrammes,
contenait, dans la cavité intérieure qui y
fut pratiquée à l'époque de la fondation de
la Cour des comptes, un grand nombre
d'objets dont voici l'énumération :
1° Six croix de Saint-André, entrelacées de
neuf scellements pesant dix kilogrammes ;
2° Une épaisseur de vingt-cinq millimètres
de ciment romain ;
3° Une plaque de fonte de vingt-cinq milli-
mètres d'épaisseur ;
4° Une pièce de bois de quatre centimètres
d'épaisseur ;
5° Deux plaques d'argent de 0 m. 70 de long
sur 0 m. 45 de large, d'épaisseurs différentes,
pesant ensemble de 8 kilos à 8 kilos 500, avec
inscriptions en français, sur la plus épaisse,
et en grec sur l'autre ;
6° Une couche de sciure ;
7° Enfin, le coffret en noyer renfermant 29
pièces encastrées, dont 3 pièces renfermées
dans du cristal, représentant Napoléon Ier, en
1810, Marie-Louise et son fils, une pièce en or
blanc de 500 grammes environ, une pièce de
40 francs, une pièce de 20 francs et les 23 autres
en argent.
A la suite d'un article paru dans le Siècle,
le commandant Myszkowski — un nom bien
français — a envoyé ses témoins, MM. Gas-
ton Pollonnais et Daniel Cloutier, à M. Jo-
seph Reinach, auteur de l'article.
Une intéressante revue de sociologie, la
Coopération des idées, publie dans son der-
nier numéro, une très remarquable étude
de notre ami et collaborateur Jules Ler-
mina : De la base scientifique de la morale.
La thèse défendue par Jules Lermina,
il l'a déjà présentée brillamment le mois
dernier dans une conférence où il a con-
quis son auditoire attentionné par la clarté
et l'originalité de ses aperçus.
L'idée développée par notre collabora-
teur est résumée dans cette maxime orien-
tale : « Nul ne peut être heureux, tant
qu'il existe un seul être malheureux. »
Et c'est très simplement, en se gardant
soigneusement des considérations trop mé-
taphysiques et des formules trop abs-
traites, qu'il arrive à sa conclusion qui est
l'affirmation de la solidarité humaine
comme un élément essentiel du bonheur
de tous.
Un intéressant tournoi de calculateurs
vient d'avoir lieu à la réunion de la Société
astronomique de France.
Deux des membres de la société, M.
Inaudi, le calculateur mental bien connu,
et M. Brandebourg, qui opère avec des mé-
thodes raisonnées spéciales, ont rivalisé
d'exactitude et de rapidité.
Par exemple, M. Inaudi tourne le dos au
tableau, tandis qu'une personne y inscrit
les sommes dictées par l'auditoire. Il ré-
sout ainsi en 9 secondes la soustraction de
deux nombres de 18 chiffres chacun; en 15
secondes la multiplication d'un nombre de
5 chiffres par lui-même; en 54 secondes,
celle d'un nombre de 5 chiffres par un autre
nombre de 5 chiffres également. En 4 mi-
nutes il a porté le chiffre 2 à sa 50e puis-
sance, extrait des racines de chiffres portés
à la 52e puissance, et enfin récapitulé de
mémoire toutes les sommes inscrites au
tableau sans y avoir un instant jeté les
yeux.
M. Brandebourg, au contraire, regarde le
tableau et procède scientifiquement, mais
il obtient dans ses opérations une rapidité
plus grande encore. Pour une addition de
10 nombres de 6 chiffres chacun, le temps
de les inscrire et de tirer la barre : le total
est donné instantanément. Pour une multi-
plication de 5 chiffres par 5 chiffres, 12 se-
condes. Pour 4 multiplications de 2 chiffres
par 2 chiffres, mais dont les quatre pro-
duits doivent être totalisés, le total géné-
ral est donné en 2 secondes. Enfin M. Bran- !
debourg fait aussi, mais en y mettant quel-
ques secondes de plus, des multiplications
mentales de très grands nombres, en rem-
plaçant les chiffres par des sons, ce qui lui
donne des mots que sa mémoire retient
mieux que des nombres.
Comme dans les meilleures batailles, il
n'y a eu ni vainqueur ni vaincu dans ce
tournoi, puisque les deux spécialistes mis
en présence opéraient par des procédés
différents : mais la précision avec laquelle
ils opéraient a émerveillé la scientifique
assistance qui les regardait faire.
Prédictions pour cette année, cueillies
dans un almanach des plus modernes :
13 novembre 1899. — Choc d'une grande co-
mète contre la terre : fin du monde.
14 novembre 1899. — Le temps se remet au
beau, dégel.
Que diable ! il faut s'entendre.
L'HYGIÈNE DE LA TÊTE
Le conseil d'hygiène du département de
la Seine a reçu communication d'une lettre
de M. le président du conseil des ministres,
M. Charles Dupuy, concernant l'hygiène de
la tête et, en particulier, l'emploi des lo-
tions à base d'éther et de pétrole employées
par les coiffeurs.
C'est le conseil d'hygiène de France qui
a provoqué l'étude de ces questions dont
l'importance ne peut échapper à personne.
La lettre du président du conseil se borne
à donner un avis ; cet avis, nous l'espérons,
sera suivi d'effet, sans quoi il est probable
que le conseil d'hygiène, consulté à nou-
veau, devrait agir avec plus de force, de
manière à éviter les accidents fâcheux qui
se sont produits et s'aggraveraient par
l'abus signalé.
Non seulement les lotions à base d'éther
et de pétrole constituent un danger sérieux,
en raison de leur inflammabilité, mais en-
core d'autres inconvénients se sont mani-
festés « sans être compensés par aucun
avantage ».
Les recommandations qui sont contenues
dans la lettre du ministre pourraient se
généraliser et les conseils de prudence qui
sont donnés doivent s'étendre jusqu'à la
manipulation et l'entretien des outils dont
on se sert ordinairement : rasoirs, ciseaux,
tondeuses, peignes, brosses, en y ajoutant
un examen attentif portant sur-les ingré-
dients de toilette et de coquetterie, tels
que pâtes, cosmétiques, pommades, par-
fums, fards, eaux et alcools destinés à
l'embellissement de la coiffure, plus sou-
vent à sa ruine.
Les maladies du cuir chevelu prennent
parfois des proportions inquiétantes faute
de soins ou même de simples précautions.
La pelade surtout se propage beaucoup
chez les enfants, mais encore parmi les
grandes personnes et c'est une maladie en-
suite fort longue à guérir.
Les coiffeurs de Paris, on peut leur ren-
dre cette justice, sont très vigilants, ce qui
ne les empêchera pas de veiller davantage
et de tenir compte des observations pré-
sentées par le conseil d'hygiène non seule-
ment dans leur intérêt, puisque leur res-
ponsabilité peut être en jeu, mais dans
l'intérêt de leurs clients qu'ils ne peuvent
exposer à aucun accident et à qui ils doi-
vent donner complète satisfaction.
L'avis officiel sera certainement accueilli
avec déférence; il ne peut qu'en résulter
un grand bien.
Ce n'est pas pour nous autres hommes
que nous parlons; les Clodion modernes
deviennent rares ; mais la chevelure, cet
ornement superbe de la. femme, mérite les
plus délicates attentions.
LA NOUVELLE GARE D'ORLÉANS
Après l'inondation — Mesures
de précaution
On est en ixain d'étayer actuellement
l'immeuble situé au coin du quai d'Oroay
et de la rue du Bao, et dans lequel se trou-
vait autrefois le restaurant d'Orsay, et qui
est occupé actuellement par les bureaux
de la Compagnie d'Orléans(2e et 3* sections
des travaux). Contrairement à ce qui a été
dit, ces travaux d'étayement n'ont pas été
motivés par des infiltrations provenant de
la nappe d'eau qui recouvre les chantiers.
L'infiltration estimpossible, la nappe d'eau
en question étant d'un niveau inférieur à
celui des fondations. L'immeuble a été
étayé parce que l'on a dû couper ses fon-
dations sur la façade regardant la Seine,
afin d'établir un tunnel sous lequel passe-
ront les trains.
Une sorte de panique a été causée dans
le quartier par les travaux d'étayement.
On s'attendait à ce que la maison s'effon-
drât, minée dans ses fondations par la fa-
meuse nappe d'eau.
Aujourd'hui encore, de nombreux cu-
rieux stationnent devant l'immeuble.
La nappe d'eau recouvrant les chantiers
est en grande partie asséchée.
Il n'y a plus guère que 60 à 80 centimè-
tres d eau.
Les eaux sont maintenant environ au ni-
veau de la Seine et l'assèchement, qui se
fait assez rapidement à l'aide de pompes
et de l'ancien exutoire de l'égout, sera ter-
miné dans la journée de demain.
Des mouvements de terrain peuvent en-
core se produire, entraînant çà et là quel-
ques éboulements.
La nuit dernière, d'énormes pilastres de
fer entassés non loin des bâtiments de la
Caisse des dépôts et qui pesaient en
moyenne de 6 à 8,000 kilog. se sont écrou-
lés par suite d'un glissement de terrain.
Aucun ouvrier ne se trouvait dans les pa-
rages, fort heureusement.
Ils ont broyé dans leur chute un pont de
bois établi sur une galerie et causé un
éboulement.
Bien qu'en raison des précautions prises,
pour empêcher tout accident, aucun dan-
ger ne soit à craindre, la préfecture de po-
lice, afin d'amoindrir la trépidation aux
abords de la rue du Bac, à l'angle du quai
d'Orsay, vient d'interdire la circulation
sur le pont Royal, aux omnibus et aux
voitures lourdement chargées.
LA CONSIGNE DES COLIS
Dans les gares - La garde des colis — Un
nouveau règlement — Tarif
exorbitant
On sait que les compagnies avaient élevé
des plaintes nombreuses au sujet de la
consigne des gares qui étaient encombrées,
paraît-il, par les bicyclettes et les voitures
et colis des marchands forains.
Les bicyclistes laissaient leur machine à
la consigne, cela leur coûtait 10 centimes
pour le premier jour et cinq centimes pour
les jours suivants, et ils trouvaient ainsi
un garage absolument sûr.
Les marchands forains faisaient de mê-
me et chaque soir allaient remiser leur
matériel à la gare la plus voisine.
Le ministre des travaux publics a
écouté les doléances des compagnies et il
vient de prendre un arrêté qui donne satis-
faction aux compagnies, mais qui, certes,
va fort mécontenter le public, la victime
éternelle.
Le premier article de l'arrêté modifie le
tarif appliqué au magasinage d~o ~~C3
de messagerie et des marchandises adres*
sées en gare.
Cette modification porte un droit fixé pat
fraction indivisible de 100 kilogrammes, à
raison de 10 centimes pour la première pé-
riode de vingt-quatre heures; de 15 centi-
mes en sus pour la deuxième période de
vingt-quatre heures, et de 20 centimes en
sus des deux taxes précédentes et par pé-
riode de vingt-quatre heures.
Pour nous résumer, disons que les an-
ciens droits son quadruplés.
Pour s'en convaincre, il suffit d'examiner
l'article visant le dépôt des bagages, sous
la responsabilité des compagnies, soit avant
le départ, soit après l'arrivée des trains,
qui a été ainsi modifié :
Droit fixe par article à raison de :
10 centimes pour la première période dà
vingt-quatre heures ;
20 centimes en sus pour la deuxième pé-
riode de vingt-quatre heures ;
30 centimes en sus des deux taxes précé-
cédentes et par période de vingt-quatre
heures.
Ce n'est pas tout.
Ces droits, déjà exorbitants, sont doubles
pour les objets mobiliers, petites voitures
d'enfants, de marchands ambulants, ma-
chines à coudre, bicyclettes, tricycles, tan-,
dems, voitures automobiles, motocycles,
pots de fleurs, arbustes, denrées non em-
ballées, etc. Suit une longue énumération.
qui paraît comprendre à peu près tous le3
articles qu'on laisse à la consigne.
Ainsi donc, une bicyclette laissée à la
consigne paiera désormais 0,60 centimes,
par jour.
Une voiture d'enfant laissée trois joun'
à la consigne d'une gare paiera un frant
vingt centimes.
Ce tarif est exorbitant, et il est permis:
d'espérer que les protestations qui vont se
produire obligeront le ministre à modifier
son arrêté.
Nous prions ceux de nos souscripteurs
dont l'abonnement va expirer de nom
envoyer aussi vite que possible leur re.
nouvellement, s'ils ne veulent éprouve!
aucun retard dans l'envoi de leur journal
Toute demande de changement d'a",
dresse doit être accompagnée d'une bande
imprimée et de 50 centimes en timbres-
poste, pour frais de réimpression.
Bulletin de l'Enseignement
L'ÉDUCATION POPULAIRE
M. Edouard Petit, inspecteur général de
l'instruction publique, vient de faire à Châ-
teau Thierry une conférence sur l'éducation
populaire devant tous les instituteurs de l'ar-
rondissement.
M. Cavé a entretenu ensuite l'auditoire de
l'œuvre de la mutualité scolaire.
La séance était présidée par le sous-préfet
de Château-Thierry, M. Merlin.
Etaient présents : M. Morlot, député, le con-
seiller général du canton; M. Forfer, inspec..
teur d'académie; les présidents de sociétés de
secours mutuels, etc.
M. Maurice Bouchot a fait une lecture popu-
laire, avec le concours des professeurs de
collège.
Les trois conférenciers ont obtenu un grand
succès. ,
Un comité a été organisé aussitôt ,après la
réunion pour assurer le fonctionnement de It
mutualité scolaire.
CAUSERIE FINANCIÈRE
LA BOURSE
Un revirement satisfaisant s'est produit au
jourd'hui sur notre marché ; l'exagération du
mouvement de baisse a déterminé une réac<
tion contraire de la part des acheteurs qui sa
sont enfin repris, et qui se sont rendus compta
que les ventes précipitées auxquelles on ve-
nait d'assister, n'avaient peut-être pas exacte.
ment la source que l'on voulait bien dire. 1*
paraît, en effet, qu'il y a eu de la part d'un
certain groupe de véritables manœuvres d'a-
giotage, tendant à déprimer la cote de nos
giotagde, 'Etat et do la plupart des valeurs étran-
luudo
gères. Mais le groupe en question, pressentant
l'accumulation rapide de capitaux qui allait se
former, par suite de l'énorme contingent de
coupons, destinés à s'appliquer sur nos va-
leurs, a jugé à propos de battre en retraite,
ou du moins de se montrer moins entrepre-
nant. En outre, on s'est plu à répondre le bruit
que les craintes de renchérissement de l'argent
étaient exagérées : nous voulons bien l'espé-
rer, mais nous attendons, à ce sujet, d'être
réedri, fiés par des faits précis et non par des sup-
positions alimentées par le désir trop empressa
de voir la situation s'améliorer.
Le 3 OiO progresse à 101 75, l'Amortissable 1..
100 45, le 3 1x2 010 à 104 30.
Signalons une brusque reprise sur la rentf
espagnole qui clôture à 46 30, l'Italien gagnr
0 60 c. à 93 'fr. ; sur les emprunts russes, Il
hausse est également très importante : le 1891,
cote 93 97, le 1896 94 97. Les valeurs ottomanes
sont en hausse : le Turc C à 27 10, la série D à
22 80. La banque gagne 2 fr. à 550 fr.
Les établissements de crédit sont également
en hausse. Notons cependant un peu de lour-
deur sur la Banque de France à 3,850 fr., la
Banque de Paris gagne 8 fr. à 940 fr., le Crédit
lyonnais également 8 fr. à 716 ; le Crédit lyon-
nais s'avance de 858 fr. à 864.
Nos chemins de fer ont, de leur côté, un mar-
ché plus animé et plus ferme. Le Lyon est en
hausse à 1882 fr., le Midi à 1400 fr., le Nord ài
2,095, l'Orléans reste à 1790.
Sur les valeurs industrielles l'amélioration
est non moins intéressante : le Suez progresser
à 3,495, le Gaz à 1,265, l'action de la Compagnie
générale de Traction gagne 2 fr. à 118.
J. LEGRAND.
LES MINES
Le marché minier est très ferme et on notf
quelques plus-values intéressantes.
La Chartered vaut 77 25, la Goldfields 134 50,
l'East Rand 164 50, la Ferreira 632, la Geldenhuis
205 50, la Langlaagte 96, la May Consolidâtes.
progresse à 113, la Randfontein est à 53 50,
la Hobinson yaut 229 50.
Le Rio reprend vigoureusement à 826, la de
Beers gagne 10 fr. à 682, la New Emerald est
en forte hausse à 86 50.
L'AFFAIRE HINQUE
La lettre d'une « folle »
On se rappelle sans doute commentrrIIft
Hinque tira des coups de revolver sur M.
Boursy, juge d'instruction, au moment 0$
celui-ci allait pénétrer dans le Palais de
Justice.
Le @ père de cette jeune fille avait étf
ruiné par quelques aventurières; vaine,-
ment il s'adressa à la justice; un jour Mlltt
Hinque, exaspérée, voulut tuer le juge qu(
avait instruit dans l'affaire et qu'elle consi
dère comme responsable de la ruine de Son
père.
On sait que M. Boursy, qui est aujourd'hui
complètement rétabli, reçut la croix de la
Légion d'honneur à la suite de l'attentat
dont il fut l'objet.
Quant à Mlle Heinque, elle est soumise
à l'examen d'un médecin aliéniste, car on ;
prétend — depuis le premier jour du restai
— qu'elle est folle. î
D'autres affirment que l'on voudrait ainsi i
éviter un procès devant les assises. t
En attendant, Mlle Hinque est toujours r
détenue à Saint-Lazare.
Voici la lettre qu'elle écrivit à son père
le 1er janvier de cette année :
Mon cher papa,
Que vais-je te souhaiter, si ce n'est une t
bonne santé ? C'est tout ce que je puis désirer
pour toi, mon pauvre papa. Je te souhaite en- j
core d'être bien raisoaaable et de ae pas
faire de chagrin. - - -
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