Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-04-24
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 24 avril 1921 24 avril 1921
Description : 1921/04/24 (N18397). 1921/04/24 (N18397).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75743566
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
1 FLOREAL, AN 129. - N° 18.397.
te fiutftéfè" : QUINZE CENTmts
blMANCHE 24 AVRIÎi i92J.. N°" 18.397.
LES XIXE SIÈCLE
Fondateur: Edmond ABOUT
ANNONCES
Ad BUREAUX S>U JOIFfcflAl
flUÊ. to Mnafenorg e& 71, rae du ?g~Sl-U«rt)t
0 » Il SOCIÉTÉ GÉNÉRALE des ANNONCES
B. Plau de la Bourse, 9
Êêmn ^égraphiqcHs : XIX* SIÊGLS - PABiS
Après 10 fc. du soir : GUTENBERG 00-78
113, rue MoBlmartre. — PARIS
ABOMEMENTS
TMtaMtt Sla nom na
-- - ««M
seine & S.-et-Oise t8 a 20 « K •
France et Colonies.. 11 a 22 w 41 w
Etranger 13 » 26 » 49 •
Les abonnements sont reçus sans trait ftIIt.
tous les Bureaux de Poste.
1 iLÉPHGNE 9 Nord 24-90 et Norà 24-M
Adresser lettre* et mandata A F AdminlëlndbMÊ
TRIBUNE LIBRB
a-
La propagande française à l'étranger
,.-+ :
Lors du vote du budget
dift l'instruction publique
au Sénat, le président de
la commission de l'ensei-
gnement a relevé 1 extrême
modicité du crédit employé
à subventionner la propa-
gande française à l étranger. 11 a de-
mandé qu'une partie de la somme affec.
tée aux affaires étrangères pour le
même objet soit rendue à l'instruction
publique.
Il semble bien, en effet, que les idées
françaises se répandent dans le monde
par nos revues scientifiques et par nos
écoles, avec plus d'efficacité que par
certaines missions diplomatiques con-
fiées à des hommes qui .;J"onl que de la
bonne volonté. Ces missions ont, d'ail-
leurs, un caractère temporaire qui ne
leur permet pas une action continue,
comme celle qu'exercent lies professeurs
fit tachés aux établissements d'enseigne-
ment à l'étranger.
L'influence française au dehors peut
«'exercer par l'instruction publique soit
en organisant nos écoles de tous ordres
dans les pays étrangers, soit en rece-
lant les étudiants de ces mêmes pays
dans tous inos établissements scolaires.
En ce qui se rapporte à la première
formule, je voudrais, ici, signaler la
timidité de notre effort dans un pays
qui nous appelle.
La Perse, avant la guerre, était sous
l'emprise allemande. *
Alors que la France ne recevait qu'un
tout petit nombre de jeunes Persans,
Berlin avait su attirer une éle nom-
breuse de jeunes gens qui, imbus de la
pensée allemande, ne furent pas dans
leur pays des amis bien chauds de la
France.,
Et lorsque, à JBerne, groupés autour
irle Fabibollah Khan, ceux qui veulent
que la Perse entre dans le sillage in-
tellectuel de la France, ne sont pas
suivis d'enthousiasme par leurs com-
fatriotes dont l'éducation, complétée à
Berlin, avait commencé à Téhéran dans
ifs établissements scolaires allemands.
L'effort de nos ennemis avait été et
est encore considérable là-bas. La mi-
sère du nôtre est lamentable.
La comparaison serait pénible entre
leurs établissements scolaires et les nô-
tres. Nous n avons qu'uln pauvre collège
tie Lazaristes et une école de l'Alliance
française dans Téhéran qui nous de-
mande des professeurs et des institu-
teurs
Nous nous obstinons à ne pas les lui
envoyer.
fBJfIJ
Le génie français rayonne dans l'uni-
vers non seulement par leb Français
qui s'expatrient, mais aussi par les
étrangers qui font leurs études en
France. Et plus d'un peuple eat en voie
d'émancipation, parce que ses dirigeants
sont des fils de l'Université de France.
Je voudrais sur ce point signaler
une organisation qui est appelée à nous
rendre des services.
Il a été créé dans certaines Universi-
tés, Grenoble, Dijon, Nancy, des cours
spéciaux destinés aux étrangers ; ils
durent toute l'année ; mais, sous le
nom de « cours de vacances ». ils sont
intensifiés de mai à novembre ; les étu-
diants peuvent avoir à leur disposition
quatre heures de cours ou de conféren-
ce par jour. Des visites et des prome-
nades complètent les exercices intellec-
tuels et font connaître aux auditeurs
des cours la région, ses produits, ses
usines, son industrie, ses richesses et sa
beauté.
On relève dans les inscriptions toutes
les professions ; commerçants et indus-
triels y coudoient les avocats ; les pro-
fcsseurs et les instituteurs y sont nom-
breux. Les deux sexes y figurent à éga-
lité. Les mêmes noms se retrouvent à
plusieurs années d'intervalle.
Les nationalités sont très mélangées.
Les Ainglais, les Italiens, les Scandi-
naves formaient en 1920 la masse impo-
sante.
Les Russes étaient nombreux au tempe
<3e l'Alliance, de même que les Hongrois
et les Tchèques. Il y aurait lieu sans
doute de faire un effort de ce côté, car
Berlin les attire.
Les Allemands formaient un contio-
pent important. Nous en reparlerons
plus tard. Cependant, les Rhénans mé..
ritent peut-être quelque considération.
Les universitaires alsaciens et lor-
rains sont venus s'initier à des métho-
des d'enseignement qui sont l'opposé de
l'automatisme allemand.
Le personnel enseignant est fourni
jpar tous les ordres d'enseignement,
auxquels se joignent des volontaires de
professions libérales, des commerçants,
des industriels.
Si les cours réguliers sont payés à un
taux d'une modicité extrême, les confé-
renciers donnent leur temps. pour
rhoiY.îeur. ft.,>
Car les ressources sont modestes :
subventions des collectivités : villes, dé-
partements, droits d'inscription des
étudiants ; tout cela ne permet pas de
faire grand.
Dans Je précédent budget, j'avais de-
mandé au ministre d'alors d'appliquer
une faible partie du crédit « Propagande
à l'étranger » à ces cours intéressants.
Le libellé de l'article ne le permettait
pas. t
M. Honnorat m'avait promis d'en mo-
difier le texte. Mais les ministres pas-
sent et les choses demeurent
Il serait peut-être utile de songer à
tout ce qui peut accroître notre influence
intellectuelle dans le monde.
P. JOSSOT,
Sénateur de la Côlc-d'Or.
————————————
EDITORIAL
a
1- Ravitaillement
Quand on tira - - selon
les rites- les poi tefettilles
du cabinet Briand au zan-
zibar, le ravitaillement échut
à M. Paisant, avocat à la
cour d'appel.
L'honorable sous-secrétaire ti' Etat en
fut d'abord tout 'éberlué. Après quoi, il
s'efforça d'adapter, comme tant d'au-
tres, sa magistrale incompétence 'à sa
nouvelle fonction.
Deux monstres — enhardis par la
complicité de ses prédécesseurs — le
happèrent aussitôt à la gorge : la liqui-
dation des stocks et la vie chère.
Ah ! les sales bêtes. 'Admirons - les
efforts méritoires et vains.par quoi le
jeune demi-ministre tente d'en avoir
raison.
Hier, c'était la lutte contre la bouche-
rie ; aujourd'hui, contre la charcu-
terie,
Nulle part y la spéculation, trop long-
temps impunie, ne désarme. Dans le
monde des cochons, oÛ les cours étaient
stables, des grossistes n'en persistent
pas moins à augmenter leurs prix pour
favoriser les manœuvres de hausse. La
« saucisse » s'agite ; le « petit salé »
s'insurge ; la « poitrine » se soulève ;
et le « jambonneau de derrière » fonce
de l'avant.
Si la situation se prolonge, le « jam-
bon roulé » va entrer dans lu « hure »
et faire de la « chair à saucisse » ;
quant à la « palette », son état est in-
descriptible.
Il est donc indispensable que de nou-
velles conférences aient lieu entre M.
Paisant. 6es conseillers techniques et le
syndicat des charcutiers. Il s'agit de
constituer de nouveaux prix dont le
maximum ne saurait être dél;assé. En
principe.
Mais, en fait, la Mercante finit tou-
jours par se gausser des édits de nos
MaUres et cette histoire de charcuterie
se terminera tout naturellement par un
pied de cochon et en eau de loudin.
Entre nous, si M. Paisant ne veut pas
perdre son temps et notre argent, un seul
moyen de mettre les spéculateurs à la
raison : s adjoindre un procureur et
deux gendarmes.
EDMOND DU MESNIL.
™ if
La Pensée des Autres
Les Etats-Unis attendent des décisions et
de 1 action. Ils attendent une mauilestation
nette de notre volonté, sinon ils manifeste-
ront ia leur. S'il ne venait, ce soir ou de-
main, de la Conférence de Lympne, que. des
paroles vagues et dilatoires, nous ne pour-
rions nous en prendre qu'à nous-mêmes des
désagréments qui en résulteraient.
Jacques B,\I:\II.J,,E.
(Action française.)
On dit.
-
En Passant
Les peintres hollandais à Paris
Pour nous, les peintres hollandais ont
quitté leurs musées somptueux, leurs plaines
mélancoliques et douces où, précisément, à
cette époque, fleurissent les tulipes et les ja-
cinthes.
A la salle du Jeu de Paume, ils sont nos
hôtes, et quels hôtes ! Rembrandt, Ruysdaël,
Franz Hais, Jean Steen, Vcrmeer.
C'est touie la Hollande, dans ce qu'elle
a de plus précieux, dans l'évocation aussi
de ses coutumes charmantes, de ses tableaux
familiers, dlC ses paysages gras et géné-
reux, de ses ancêtres au panache glorieux,
de ses bourgeois solides et honnêtes.
Rembrandt avec de l'ombre, fait de la
lumière, et ses héros nous regardent plus en,
Ciore qu'on ne les regarde. Ruysdaël a des
ciels, qui meurent en gris, indéfinissables, et
des coins de verdure où s'allie le rêve à la
réalité ; tel Franz Hals éclate de rire au
point qu'on croiv entendre le vibrant écho
de sa joie.
Et un souvenir me revient, un lointain
souvenir d'avant-guerrei qui constitue le plus
bel hommage à la Hollande et à ses pein-
tres. Je sortais, voici quelque dix ans, de
ce délicieux Mauritshuis de La Haye, qui,
tout petit, intime, discret, poli comme un
sou neuf. ou, tout simplement, comme une
maison. hollandaise, ressemble plus à une
collection particulière qu'à un musée. Dans
le hall de l'hôtel, qui se glorifiait alors
d'avoir reçu les délégués du monde entier
à la Conférence de la paix — comme c'est
loin, comme c'est vieux jeu, comme l'His-
toire a dépassé tout cela! — et dont toutes
les chambres, les unes après les autres,
passaient, auprès des voyageurs français,
pour avoir donné asile à M. Léon Bour-
geois, les hasards d'un soir m'avaient rap.
proché d'un jeune compatriote. Son émotion
d'art était touve palpitante encore et il me
dit très simplement' : «. C'est ce pays qui
vient de me donner la révélation de la pein-
ture. J'avais, jusqu'ici, erré par des salles
de musées comme un profane qui regarde
des images. J'ai compris, ici, qu'il y a
dans ces prestigieux contrastes de lumière,
dans ces morceaux de vie dont, presque, on
sent frémir les vibrations, autre chose que
des images : une âme. »
Je ne crcis pas qu'il puisse être plus joli
compliment. Puissent bien des Parisiens en
dire autant au Jeu de Paume. --
-Car les maîtres hollandais ont. voulu que
leur visiie soit. non seulement un salut à
la France glorieuse, mais aussi 'à la France
meurtrie. Ils ont quitté leurs musées pour
venir à nos régions dévastées apporter le
concours généreux de leur splendeur radieu-
se. Le geste est joli et significatif : la. beau-
té s'unit à la bonté pour rendre hommage à
la France.
Raymond LANGE.
GoD
Autrefois
Antiféminisme
Connaissez-vous Pierre lIe Blois ? Celait
nrt diplomate du temps de Philippe-Au-
guste, dont M. Achille Luchaire, de l'Ins-
titut, nous restitua naguère la curieuse
personnalité.
Ce diplomate avait sur la lemme et le
mariage des idées pittoresques qui p'ont
pas cessé de mériter d'être citées :
Il y a de grandes incommodités dans le
lien conjugal. La première, c'est qu'on ne9
peut pas faire de sa femme un choix rai-
sonné. Il faut la prendre au hasard, sans la
connaître. Quand on achète un cheval, un
dne, un escabeau, un chaudron, on peut en
laire l'essai préalable. Vous ne vous aper-
cevez des défauts ou des vices de votre
lemme qu'après l'avoir épousée. Et com-
ment avec, elle avoir l'esprit en paix ? Elle
éloignera de vous vos camarades, vos amis
particuliers. Si vous lui laissez gouverner
le ménage, vo.us êtes esclave ! Si vous vous
réservez certains droits, elle criera que vous
manques de confiance et d'affection ; elle
vous prendra en nrippe, et, peu à peu,
s'habituera à l'idée de vous empoisonner.
Ce Pierre de Blois n'était évidemment
pas un féministe avant la lettre. On ne
peut nier pourtant qu'il y ait dans sa
diatribe quelques vérités.
G4lJII
Aujourd'hui
Les rôles renversés
A la brillante cérémonie qui eut lieu hier
à la Sorbonne, pour la remise à l'envoyé ex-
traordinaire de Chine du diplôme de doc-
teur honoris causa de l'Université de Paris,
destiné au président de la République chi-
noise, on s'attendait à voir les délégués cé-
lestes en somptueuses robes orientales.
Or, ils vinrent tous en habit.
Par contre, ce furent les savants français
qui arborèrent leurs rutilantes robes d'appa-
rat.
Les rôles étaient renversés
Poussières et pluie
Il était temps que la pluie tombât, Tous
les mrdecins vous diront qu'il n'est rien de
plus dangereux pour les citadins — notam-
ment pour ceux des grandes villes — qu'une
sécheresse un peu persistante.
Sans parler de la tuherculose, il suffit de
plusieurs jours de sécheresse pour prome.
iîei- d'un bout à l'autre d'une cité les mala-
dies d'allure épidémique, à virus légers :
variole, grippe, rougeole, oreillons, scaria-
tine. Et aussi le rhiuue de cervcau, qui n'est
pas toujours le rhume des foins.
Les rues macadamisées, à usure rapide,
sont les meillcujes pourvoyeuses de pous-
sière. Les plus saines sont les rues asphal-
tées.
Selon les spécialistes de la, voirie, te pavé
de, bois fournit déjà 5 fois et demie plus
d'ordure de rue que l'asphalte ; le pavé de
pierre, 5 fois plus, et le macadam, 12 fols
plus.
Or, dans la poussière sèche, il y a tou-
jours au moins une dizaine de millions de
microbes par kilogramme.
Voilci. pourquoi il faut bénir la. pluie. »
quand le ciel n'en abuse pas.
Je Tanin.
Nomination impossible
•
1
Le bruit court que M. Eonncvay aurait
l'intention de nommer conseiller à la cour
de Paris M. Larère, ex-sénateur des Côtes-
du-Nord, battu aux dernières élections.
Nous hésitons encore à accorder crédit à
une telle nouvelle. M. Larèrc figurait au Sé-
nat parmi les militants les plus avérés de
la réaction. Son action ne s'est jamais dé-
partie d'une hostilité systématique à la Ré-
publique.
Il serait impossible que, à l'heure où tant
de magistrats attendent un avoncement pé-
nible, le glrde des sceaux songe à accorder
une des plus hautes charges à la. justice à
un ancien parlementaire que les électeurs
jetèrent par-dessus bord.
Si cela était, nous commencerions à com-
prendre par quels fonctionnaires veut être
servie la République. du Bloc national.
Quels que soient les sentiments person-
nels de M. Bonnevay pour son ancien collé-
tftie, il est impossible que la magistrature
devienne le dépotoir des déchets du suf-
frage universel.
- - ■ ..i
Pl&s d'Êoquetsî plue ûe coiipalilBS!
--'
ON VOLE LES D,OSSIERS!
ÔM. Bar thon, ministre de la gUCITc, ayant
sagement décidé une enquête sur la situa-
tion militaire de M. Vilgrain, on s'en lui
quérir le dossier.
— Le dossier ? dirent les bureaux ; vous
n'y pensez pas. Il n'y. a pas de dossier Vil-
grain.
- Comment, il n'y a pas de dossier Vil-
grain ?
- Du moins il n'y en a plus..
- Parce que ?
- Disparu, volatilisé ; regardez mes car-
tons, regardez mes mains, regardez mes
manches de lustrine. pffut !. plus rien !
EL M. le ministre de la guerre d'ordonner
de nouvelles recherches ad-mi-nis-tra-ti-ves.
Si M. Barthou veut réellement retrouver
les dossiers disparus — nous disons les
dossiers disparus du ministère de ia
guerre, qu'il nous permette un conseil : or-
donner une enquête judiciaire.
D'ailleurs, tous les dossiers « compromet-
tants » de la maison (le la rue Saint-Domi-
nique n'ont-ils pas, par les mains fé-
tides du Mandel ? N'ont-ils pas servi à
terroriser les uns, à acheter le silence des
autres ?
Ainsi le dossier de M- E.-E. Dreyfus, qui
faillit passer en conseil de guerre à Bor-
deaux, ne se retrouvera, sans Uoute pas
davantage,
Mais, sur les uns et les autres, lo Man-
(lel doit avoir d'intéressants renseignements
ù. donner à un juge d'instruction.
Quelle aubaine pour lui de pouvoir s'ex-
pliquer enfin sur les origines étranges de
flOn impudente fortune. ,.
Et puis, lui aussi, n'a-t-il pas évité le ser-
vice militaire, comme M. Vilgrain, par sui-
te d'une blessure mystérieuse ? Le mutilé
du sécateur !
m
L'incident J.-L. Bonnet
M. Renard, président du groupe radical et
radical-socialiste de la Chambre, nous adresse
la lettre suivante :
23 avril 1920.
Mon cher Directeur,
Je vous adresse la copie de la lettre que
j'ai adressée à M. Bonnet pour l'informer
de la décision du groupe radical et radi-
cal-socialiste ; elle me paraît utile à pu-
blier, ne fût-ce que pour renseigner exac-
tement les membres de notre parti sur
ce qui s'est passé et les mettre à même de
juger notre résolution. J'ajoute que M. Bon-
net, dans une lettre parue aujourd'hui dans
le Matin, déclare que la convocation qu'il
a envoyée aux membres de la fédération
radicale et radicale-socialiste de la Seine
porte comme ordre du jour :
« Maintien de l'adhésion au comité exé-
cutif du parti ou retrait de cette adhésion,
et constitution d'une fédération indépen-
dante. Or, cet ordre du jour que j'ai sous
les yeux dit textuellement :
(l Retrait de l'adhésion au comité exécu-
tif du parti et constitution de la fédération
radicale et radicale-socialiste indépendante
de la Seine. »
La différence, on ,Je voit, est importante
et tous les membres de notre parti, y com-
pris ceux de la fédération radicale et ra-
dicale-socialiste de la Seine, l'apprécieront
comme il convient.
Recevez, mon cher Directeur, l'assurance
de. mes meilleurs sentiments.
Signé : RENARD.
Voici, d'autre. part, la lettre par laquelle M.
André Renard a fait connaître à M. J.-L. Bon-
net la décision du groupe radical de la Chambre:
Paris, le 22 avril 1921.
Mon cher Collègue,
J'ai le regret de vous informer que le
groupe radical et radical-socialiste a dé-
cidé, à l'unanimité des voix moins une
abstention, de ne pas accueillir favoruble-
ment. votre demande d'admission au grou-
pe. Le motif principal de cette décision a
été la communication à la réunion d'un
document daté du 5 avril dernier et portant
convocation de la fédération radicale et
radicale-socialiste de la Seine, dont vous
êtes le président, pour une assemblée gé-
nérale qui doit se tenir .lc30 avril prochain.
L'objet exclusif de cette réunion est indi-
que par l'ordre du jour suivant : « Retrait
dii l'adhésion au coinité exécutif du parti et
constitution de la fédération radicale et
radicale - socialiste indépendante de la
Scme. » ',
(Vite volonté ainsi affirmée do créer une
division dans notre parti a soulevé au sein
de notre groupera réprobation générale et
il a jugé qu'il ne pouvait paraitre approu-
ver d'une façon quelconque une semblable
tentative en acceptant parmi ses membres
ceiiu qui en est l'auteur principal.
Recevez, mon cher Collègue.
André RENARD,
Président du gvoune radical
el radical-socialiste.
L'ACTUALITÉ
+.
Les conversations ont commencé
entre MM. Briand et Lloyd George
) - < ————.——.
L'Allemagne établit de nouvelles propositions qu'elle
fera d'abord connaître à l'Amérique
--.
Les Allemands n'ont pas
changé. Ils ont gardé leur
amour immodéré polir la chi-
cane et ils continuent — ce
qu'ils n'ont pas cessé de faire
depuis le commencement — à
se moquer de nous le plus sé-
rieusement dit monde.
Le projet allemand de reconstruction des
régions dévastées en est un nouvel exem-
ple ; la réponse du gouvernement allemand
à la commission des réparations au sujet
de l'cncaisse or de la Ileichsbanh en est
encore un autre.
La note concernant les régions dévastées
a été remise la veille au soir à Londres et
le lendemain seulement à Paris, mais pas-
sons.
La combinaison sur laquelle repose le pro-
jet et le plan de la reconstitution tel qu'il est
énuincré tout an OIlU dans ta note ont plu-
tôt l'air d'attrapes.
IJAlle ma fine ne se livre à de pareilles nl-
fres qu'a fin de mieux prétendre qu'elle ne
se dérobe pas à. ses obligations.
Le projet a été qualifié de prospectus fi-
nancier. Comme il est présenté et si l'on a
soin de relever certains ddails, il (tonne,
en effet, celle impressions
Le bluff et la mauvaise loi ont toujours
clé des armes allemandes.
La. commission des réparations s'était ap-
puyée sur le libellé de l'article 2:35 du traité
de paix pour réclamer la. livraison de r cn
caisse métallique de la Banque d'empire, le
fameux milliOld. de mark» or.
o La Deutsche Kricgslaten Kominission op-
pose l'alinéa 2 de l'article 248 pour refuser
cette livraison.
Après celle-là, on peut tirer l'échelle.
Il est évident que si l'on continue à disen-
ter longtemps sur ce pied là, les Allemands
ne paieront rien du tout, ni au prochain
premier mai, ni à d'autres échéances.
Le comprendra-t-on à Lympne ?
LOlus BRESSE.
M. BRIAND EN ANGLETERRE
M. Briaiid, accompagné oe M. Philippe
Berthelot, secrétaire général des affaires
étrangères, a quitté Paris, par le rapide de
Boulogne, se rendant en Angleterre, où il
conférera avec M. Lloyd George.
Après un voyage excellent, nmis par un
après-midi pluvieux, M. Briand et sa suite
sont arrivés à Douvres à 2 h. 20 précises.
Le président du conseil a été salué à son
arrivée par M. de Mon tille, conseiller d'am-
bassade à Londres, remplaçant M. de Saint-
Aulaire, souffrant. Le capitaine Prior, vice-
consul de France à Douvres et à Folkesto-
ne ; sir Philip Sassoon, représentant ai.
Lloyd George, et M. Couway Davies, direc-
teur du service d'hospitalité du gouverne-
ment britannique. Le président du conseil
et M. Berthelot ont pris ensuite place dans
une automobile et se sont acheminés direc-
tement sur Limpne.
Sur tout le parcours, dans les localités
traversées, à Folkestone. à Sandgate, à
Hythe, en dépit du mauvais temps, la popu-
lation stationnait le long des trottoirs pour
voir le chef du gouvernement français,
poussant des hurrahs, agitant des drapeaux
français et anglais. Beaucoup de maisons
étaient également décorées aux couleurs
alliées.
A 3 h. 15, M. Briand arrivait à la pro-
priété de sir Philip Sassoon où l'attendait
M. Lloyd George.
Le premier ministre anglais a remercié
son collègue français d'avoir accepté son
invitation et il s'est enquis des conditions
de la traversée, qui avait été assez bonne.
Premières conversations
Dès quatre heures moins le quart, les
hommes d'Etat entraient en conversation
dans les salons de la villa, assistés de leurs
collaborateurs, Mai. Berthelot et Camer-
lynck, du côté français ; sir Maurice Han-
key, secrétaire de la présidence du conseil,,
sir Philipp Kerr et M. Silvester, secrétaire
particulier et secrétaire adjoint du premier
ministre ainsi que M. van Sittart, chez de
cabinet au Foreign Office, du côté anglais.,
La conversation a duré jusqu'à cinq heu-
res un quart. Elle a été reprise après le
thé, à cinq heures quarante-cinq.
Dans cette première entrevue, les deux
premiers ministres ont étudié les projets
que le gouvernement français a l'intention
de soumettre aux puissances aJIiées.
Les conversations se sont prolongées as-
sez tard dans la soirée. Elles seront reprises
ce matin.
Jusqu'à présent, on assure que les adles
ne sont pas en possession de propositions
précises de l'Afl niagne en dehors du nié-
moire du docteur Simons publié 'hier malitt
sur la reconstruction des régions dévastées.
AU REICHSTAG
N
Le chancelier refuse
de faire connaître les propositions
Berlin, 23 avril. — La séance du R.eich-
siag s'est ouverte à 3 heures. Le président
Loche déclare que le gouvernement est en
ce moment en train de discuter les nouvel-
les propositions et konsidère ne pas pouvoir
en faire l'objet d'une discussion publique
avant qu'elles soient parvenues au prési-
deut Ilarding.
Le président demande donc à l'assemblée
d'ajourner à lundi la déclaration gouver-
nementale.
Le député Crispien, socialiste indépen-
dent, prend la parole : ç
« Je ne puis, dit-il, consentir à cet ajour-
nement. Nous nous sommes imposés jus-
qu'à présent une grande réserve, parce
qu'il était convenu que le gouvernement
rendrait compte aujourd'hui au Reichetag
de toutes ses démarches. Le fait que les
propositions ne sont pas encore prêtes ne
saurait être une excuse à un ajournement.
u II faut que le gouvernement renonce à
cette tactique de supprimer la collaboration
du Reichstag qui dort, à notre avis, s'oc-
cuper d'une note aussi importante avant
qu'elle parte, d'autant plus que le gouverne-
ment a agi jusqu'ici très malheureusement!
dans cette question..
« Si le gouvernement envoie la note dans
ces conditions, il ne pourra pas dire qu'il
a le peuple derrière lui. Aussi insistons-
nous pour une discussion immédiate. M
Le chancelier d'empire, M. Fehreniach,
prend la parole :
« Il ne saurait être question, dit-il, de
discuter des propositions avant qu'elles
soient parvenues au gouvernement améri-
cain. Ce serait contraire aux habitudes in-
ternationales. De plus, une discussion pu-
blique pourrait compromettre gravement la
démarche que nous allons faire. »
Le communiste Geyer déclare que la ques-
tion est plus large.
<( Il s'agit, dit-il, de savoir si le Reichstag
sera toujours, comme jusqu'à présent, dé-
pouillé de toute action sur les affaires ex-
térieures et si le gouvernement, le Parle-
ment et -le peuple collaboreront ou non.
« La commission des affaires étrangères
a été convoquée pour demain, mais le
Reichstag est privé de tout droit de criti-
que. »
M. Schultz, nationaliste, regrette très vi-
vement que le gouvernement ne puissetenir
la promesse faite hier. Puisqu'il refuse.
une discussion n'est guère possible, mais
toute la responsabilité de cette démarche
sensationnelle auprès des Etats-Unis re-
tombe sur lui ainsi que celle de la fâcheuse
situation dans laquelle le Parlement se
trouve aujourd'hui. Toutefois, les nationa-
listes consentiront à l'ajournement.
LA CHAMBRE
Vote de la loi sur l'amnistie
1 Co - 1
La dramatique affaire Maupas. - Des innocents ont été
fusillés. - L'émouvant récit d'un ancien combattant.
—————— .t. -
La Chambre a, enfin,
terminé hier matin la dis-
cussion du projet de loi
sur l'amnistie. La séance
fut calme, très calme,mais
impressionnante à certain
moment, grâce à l'inter-
vention de M. Ja.dé (rui ap-
porta à la tribune le récit
de certains laits, profondé-
ment dramatiques, qui ont
soulevé l'indignation de la Chambre tout
entière, sans aucune distinction de parti.
La discussion avait repris sur l'article 20
qui a trait aux conditions dans lesquelles
peuvent s'exercer les recours contre les
condamnations prononcées a.u cours de la
guerre par les juridictions dites d'excep-
tion : cours martiales et conseils de guerre
spéciaux institués par le décret Ûu 6 sep-
tembre 1914.
Après une observation de M. Raynaldy,
auquel le garde des sceaux donne satisfac-
tion par ses explications, M. Morucci, qui
représente, seul, le parti communiste à la
séance, présente un amendement tendant à
ajouter au paragraphe premier de l'article
20, après les mots : « juridictions d'excep-
tion », les mots : « toute juridiction mili-
taire improvisée ou irrégulièrement cons-
lituée à-
En quelques mots, M. Barthou, ministre
de la guerre, s'oppose à l'amendement qui
est repoussé et notre ami, M. Ferdinand
Buisson, dépose un nouvel amendement qui
est ainsi conçu ;
Le ministre de la justice pourra, dans les
mêmes conditions, saisir la Chambre des mises
en accusation d'un recours contre les décisions
des conseils de guerre antérieures au 11 mars
J'~C qu'il jugerait devoir être réformées dans
l'intérêt de Ja loi et du condamné.
L'affaire Maupas
M. Ferdinand Buisson, dans un langage
très mesuré, mais avec une émotion com-
municative, développe son amendement. Il
évoque l'affairc Maupas qmi fut particulière-
ment odieuse. Ici, il faut citer les parole?
mêmes de M. Buisson :
Voici le fait.
Quatre caporaux, dont l'instituteur Maupas,
iigé de quarante-cinq Hns, excellemment noté,
ont été condamnés, le 11 mars m15, par un
conseil de guerre, pour avoir, disait-on, refusé
do sortir de la tranchée en pleine bataiJe.
M. Jadé. — J'ai assité à toute lfaire. Je
puis, monsieur Buisson, vous apporter mon té-
moignHqe.
M. Ferdinand Buisson. — Les chefs militaires
avaient eux-mêmes reconnu l'impossibilité de
connaître les coupables et avaient décidé de dé-
signer 32 jeunes soldats et 6 caiporaux pour
Passer en Jugement.
sur le témoignage d'un adjudant qui affirma
que les soldats n'avaient pu entendre l'ordre
« en avant », les soldai furent mis hors de
cause.
Les quatre caporaux restent seuls responsa-
bles du refus îl'ol>éiss:nice.
Voici le tl'atiqul' : le conseil de Guerre signe
te fiutftéfè" : QUINZE CENTmts
blMANCHE 24 AVRIÎi i92J.. N°" 18.397.
LES XIXE SIÈCLE
Fondateur: Edmond ABOUT
ANNONCES
Ad BUREAUX S>U JOIFfcflAl
flUÊ. to Mnafenorg e& 71, rae du ?g~Sl-U«rt)t
0 » Il SOCIÉTÉ GÉNÉRALE des ANNONCES
B. Plau de la Bourse, 9
Êêmn ^égraphiqcHs : XIX* SIÊGLS - PABiS
Après 10 fc. du soir : GUTENBERG 00-78
113, rue MoBlmartre. — PARIS
ABOMEMENTS
TMtaMtt Sla nom na
-- - ««M
seine & S.-et-Oise t8 a 20 « K •
France et Colonies.. 11 a 22 w 41 w
Etranger 13 » 26 » 49 •
Les abonnements sont reçus sans trait ftIIt.
tous les Bureaux de Poste.
1 iLÉPHGNE 9 Nord 24-90 et Norà 24-M
Adresser lettre* et mandata A F AdminlëlndbMÊ
TRIBUNE LIBRB
a-
La propagande française à l'étranger
,.-+ :
Lors du vote du budget
dift l'instruction publique
au Sénat, le président de
la commission de l'ensei-
gnement a relevé 1 extrême
modicité du crédit employé
à subventionner la propa-
gande française à l étranger. 11 a de-
mandé qu'une partie de la somme affec.
tée aux affaires étrangères pour le
même objet soit rendue à l'instruction
publique.
Il semble bien, en effet, que les idées
françaises se répandent dans le monde
par nos revues scientifiques et par nos
écoles, avec plus d'efficacité que par
certaines missions diplomatiques con-
fiées à des hommes qui .;J"onl que de la
bonne volonté. Ces missions ont, d'ail-
leurs, un caractère temporaire qui ne
leur permet pas une action continue,
comme celle qu'exercent lies professeurs
fit tachés aux établissements d'enseigne-
ment à l'étranger.
L'influence française au dehors peut
«'exercer par l'instruction publique soit
en organisant nos écoles de tous ordres
dans les pays étrangers, soit en rece-
lant les étudiants de ces mêmes pays
dans tous inos établissements scolaires.
En ce qui se rapporte à la première
formule, je voudrais, ici, signaler la
timidité de notre effort dans un pays
qui nous appelle.
La Perse, avant la guerre, était sous
l'emprise allemande. *
Alors que la France ne recevait qu'un
tout petit nombre de jeunes Persans,
Berlin avait su attirer une éle nom-
breuse de jeunes gens qui, imbus de la
pensée allemande, ne furent pas dans
leur pays des amis bien chauds de la
France.,
Et lorsque, à JBerne, groupés autour
irle Fabibollah Khan, ceux qui veulent
que la Perse entre dans le sillage in-
tellectuel de la France, ne sont pas
suivis d'enthousiasme par leurs com-
fatriotes dont l'éducation, complétée à
Berlin, avait commencé à Téhéran dans
ifs établissements scolaires allemands.
L'effort de nos ennemis avait été et
est encore considérable là-bas. La mi-
sère du nôtre est lamentable.
La comparaison serait pénible entre
leurs établissements scolaires et les nô-
tres. Nous n avons qu'uln pauvre collège
tie Lazaristes et une école de l'Alliance
française dans Téhéran qui nous de-
mande des professeurs et des institu-
teurs
Nous nous obstinons à ne pas les lui
envoyer.
fBJfIJ
Le génie français rayonne dans l'uni-
vers non seulement par leb Français
qui s'expatrient, mais aussi par les
étrangers qui font leurs études en
France. Et plus d'un peuple eat en voie
d'émancipation, parce que ses dirigeants
sont des fils de l'Université de France.
Je voudrais sur ce point signaler
une organisation qui est appelée à nous
rendre des services.
Il a été créé dans certaines Universi-
tés, Grenoble, Dijon, Nancy, des cours
spéciaux destinés aux étrangers ; ils
durent toute l'année ; mais, sous le
nom de « cours de vacances ». ils sont
intensifiés de mai à novembre ; les étu-
diants peuvent avoir à leur disposition
quatre heures de cours ou de conféren-
ce par jour. Des visites et des prome-
nades complètent les exercices intellec-
tuels et font connaître aux auditeurs
des cours la région, ses produits, ses
usines, son industrie, ses richesses et sa
beauté.
On relève dans les inscriptions toutes
les professions ; commerçants et indus-
triels y coudoient les avocats ; les pro-
fcsseurs et les instituteurs y sont nom-
breux. Les deux sexes y figurent à éga-
lité. Les mêmes noms se retrouvent à
plusieurs années d'intervalle.
Les nationalités sont très mélangées.
Les Ainglais, les Italiens, les Scandi-
naves formaient en 1920 la masse impo-
sante.
Les Russes étaient nombreux au tempe
<3e l'Alliance, de même que les Hongrois
et les Tchèques. Il y aurait lieu sans
doute de faire un effort de ce côté, car
Berlin les attire.
Les Allemands formaient un contio-
pent important. Nous en reparlerons
plus tard. Cependant, les Rhénans mé..
ritent peut-être quelque considération.
Les universitaires alsaciens et lor-
rains sont venus s'initier à des métho-
des d'enseignement qui sont l'opposé de
l'automatisme allemand.
Le personnel enseignant est fourni
jpar tous les ordres d'enseignement,
auxquels se joignent des volontaires de
professions libérales, des commerçants,
des industriels.
Si les cours réguliers sont payés à un
taux d'une modicité extrême, les confé-
renciers donnent leur temps. pour
rhoiY.îeur. ft.,>
Car les ressources sont modestes :
subventions des collectivités : villes, dé-
partements, droits d'inscription des
étudiants ; tout cela ne permet pas de
faire grand.
Dans Je précédent budget, j'avais de-
mandé au ministre d'alors d'appliquer
une faible partie du crédit « Propagande
à l'étranger » à ces cours intéressants.
Le libellé de l'article ne le permettait
pas. t
M. Honnorat m'avait promis d'en mo-
difier le texte. Mais les ministres pas-
sent et les choses demeurent
Il serait peut-être utile de songer à
tout ce qui peut accroître notre influence
intellectuelle dans le monde.
P. JOSSOT,
Sénateur de la Côlc-d'Or.
————————————
EDITORIAL
a
1- Ravitaillement
Quand on tira - - selon
les rites- les poi tefettilles
du cabinet Briand au zan-
zibar, le ravitaillement échut
à M. Paisant, avocat à la
cour d'appel.
L'honorable sous-secrétaire ti' Etat en
fut d'abord tout 'éberlué. Après quoi, il
s'efforça d'adapter, comme tant d'au-
tres, sa magistrale incompétence 'à sa
nouvelle fonction.
Deux monstres — enhardis par la
complicité de ses prédécesseurs — le
happèrent aussitôt à la gorge : la liqui-
dation des stocks et la vie chère.
Ah ! les sales bêtes. 'Admirons - les
efforts méritoires et vains.par quoi le
jeune demi-ministre tente d'en avoir
raison.
Hier, c'était la lutte contre la bouche-
rie ; aujourd'hui, contre la charcu-
terie,
Nulle part y la spéculation, trop long-
temps impunie, ne désarme. Dans le
monde des cochons, oÛ les cours étaient
stables, des grossistes n'en persistent
pas moins à augmenter leurs prix pour
favoriser les manœuvres de hausse. La
« saucisse » s'agite ; le « petit salé »
s'insurge ; la « poitrine » se soulève ;
et le « jambonneau de derrière » fonce
de l'avant.
Si la situation se prolonge, le « jam-
bon roulé » va entrer dans lu « hure »
et faire de la « chair à saucisse » ;
quant à la « palette », son état est in-
descriptible.
Il est donc indispensable que de nou-
velles conférences aient lieu entre M.
Paisant. 6es conseillers techniques et le
syndicat des charcutiers. Il s'agit de
constituer de nouveaux prix dont le
maximum ne saurait être dél;assé. En
principe.
Mais, en fait, la Mercante finit tou-
jours par se gausser des édits de nos
MaUres et cette histoire de charcuterie
se terminera tout naturellement par un
pied de cochon et en eau de loudin.
Entre nous, si M. Paisant ne veut pas
perdre son temps et notre argent, un seul
moyen de mettre les spéculateurs à la
raison : s adjoindre un procureur et
deux gendarmes.
EDMOND DU MESNIL.
™ if
La Pensée des Autres
Les Etats-Unis attendent des décisions et
de 1 action. Ils attendent une mauilestation
nette de notre volonté, sinon ils manifeste-
ront ia leur. S'il ne venait, ce soir ou de-
main, de la Conférence de Lympne, que. des
paroles vagues et dilatoires, nous ne pour-
rions nous en prendre qu'à nous-mêmes des
désagréments qui en résulteraient.
Jacques B,\I:\II.J,,E.
(Action française.)
On dit.
-
En Passant
Les peintres hollandais à Paris
Pour nous, les peintres hollandais ont
quitté leurs musées somptueux, leurs plaines
mélancoliques et douces où, précisément, à
cette époque, fleurissent les tulipes et les ja-
cinthes.
A la salle du Jeu de Paume, ils sont nos
hôtes, et quels hôtes ! Rembrandt, Ruysdaël,
Franz Hais, Jean Steen, Vcrmeer.
C'est touie la Hollande, dans ce qu'elle
a de plus précieux, dans l'évocation aussi
de ses coutumes charmantes, de ses tableaux
familiers, dlC ses paysages gras et géné-
reux, de ses ancêtres au panache glorieux,
de ses bourgeois solides et honnêtes.
Rembrandt avec de l'ombre, fait de la
lumière, et ses héros nous regardent plus en,
Ciore qu'on ne les regarde. Ruysdaël a des
ciels, qui meurent en gris, indéfinissables, et
des coins de verdure où s'allie le rêve à la
réalité ; tel Franz Hals éclate de rire au
point qu'on croiv entendre le vibrant écho
de sa joie.
Et un souvenir me revient, un lointain
souvenir d'avant-guerrei qui constitue le plus
bel hommage à la Hollande et à ses pein-
tres. Je sortais, voici quelque dix ans, de
ce délicieux Mauritshuis de La Haye, qui,
tout petit, intime, discret, poli comme un
sou neuf. ou, tout simplement, comme une
maison. hollandaise, ressemble plus à une
collection particulière qu'à un musée. Dans
le hall de l'hôtel, qui se glorifiait alors
d'avoir reçu les délégués du monde entier
à la Conférence de la paix — comme c'est
loin, comme c'est vieux jeu, comme l'His-
toire a dépassé tout cela! — et dont toutes
les chambres, les unes après les autres,
passaient, auprès des voyageurs français,
pour avoir donné asile à M. Léon Bour-
geois, les hasards d'un soir m'avaient rap.
proché d'un jeune compatriote. Son émotion
d'art était touve palpitante encore et il me
dit très simplement' : «. C'est ce pays qui
vient de me donner la révélation de la pein-
ture. J'avais, jusqu'ici, erré par des salles
de musées comme un profane qui regarde
des images. J'ai compris, ici, qu'il y a
dans ces prestigieux contrastes de lumière,
dans ces morceaux de vie dont, presque, on
sent frémir les vibrations, autre chose que
des images : une âme. »
Je ne crcis pas qu'il puisse être plus joli
compliment. Puissent bien des Parisiens en
dire autant au Jeu de Paume. --
-Car les maîtres hollandais ont. voulu que
leur visiie soit. non seulement un salut à
la France glorieuse, mais aussi 'à la France
meurtrie. Ils ont quitté leurs musées pour
venir à nos régions dévastées apporter le
concours généreux de leur splendeur radieu-
se. Le geste est joli et significatif : la. beau-
té s'unit à la bonté pour rendre hommage à
la France.
Raymond LANGE.
GoD
Autrefois
Antiféminisme
Connaissez-vous Pierre lIe Blois ? Celait
nrt diplomate du temps de Philippe-Au-
guste, dont M. Achille Luchaire, de l'Ins-
titut, nous restitua naguère la curieuse
personnalité.
Ce diplomate avait sur la lemme et le
mariage des idées pittoresques qui p'ont
pas cessé de mériter d'être citées :
Il y a de grandes incommodités dans le
lien conjugal. La première, c'est qu'on ne9
peut pas faire de sa femme un choix rai-
sonné. Il faut la prendre au hasard, sans la
connaître. Quand on achète un cheval, un
dne, un escabeau, un chaudron, on peut en
laire l'essai préalable. Vous ne vous aper-
cevez des défauts ou des vices de votre
lemme qu'après l'avoir épousée. Et com-
ment avec, elle avoir l'esprit en paix ? Elle
éloignera de vous vos camarades, vos amis
particuliers. Si vous lui laissez gouverner
le ménage, vo.us êtes esclave ! Si vous vous
réservez certains droits, elle criera que vous
manques de confiance et d'affection ; elle
vous prendra en nrippe, et, peu à peu,
s'habituera à l'idée de vous empoisonner.
Ce Pierre de Blois n'était évidemment
pas un féministe avant la lettre. On ne
peut nier pourtant qu'il y ait dans sa
diatribe quelques vérités.
G4lJII
Aujourd'hui
Les rôles renversés
A la brillante cérémonie qui eut lieu hier
à la Sorbonne, pour la remise à l'envoyé ex-
traordinaire de Chine du diplôme de doc-
teur honoris causa de l'Université de Paris,
destiné au président de la République chi-
noise, on s'attendait à voir les délégués cé-
lestes en somptueuses robes orientales.
Or, ils vinrent tous en habit.
Par contre, ce furent les savants français
qui arborèrent leurs rutilantes robes d'appa-
rat.
Les rôles étaient renversés
Poussières et pluie
Il était temps que la pluie tombât, Tous
les mrdecins vous diront qu'il n'est rien de
plus dangereux pour les citadins — notam-
ment pour ceux des grandes villes — qu'une
sécheresse un peu persistante.
Sans parler de la tuherculose, il suffit de
plusieurs jours de sécheresse pour prome.
iîei- d'un bout à l'autre d'une cité les mala-
dies d'allure épidémique, à virus légers :
variole, grippe, rougeole, oreillons, scaria-
tine. Et aussi le rhiuue de cervcau, qui n'est
pas toujours le rhume des foins.
Les rues macadamisées, à usure rapide,
sont les meillcujes pourvoyeuses de pous-
sière. Les plus saines sont les rues asphal-
tées.
Selon les spécialistes de la, voirie, te pavé
de, bois fournit déjà 5 fois et demie plus
d'ordure de rue que l'asphalte ; le pavé de
pierre, 5 fois plus, et le macadam, 12 fols
plus.
Or, dans la poussière sèche, il y a tou-
jours au moins une dizaine de millions de
microbes par kilogramme.
Voilci. pourquoi il faut bénir la. pluie. »
quand le ciel n'en abuse pas.
Je Tanin.
Nomination impossible
•
1
Le bruit court que M. Eonncvay aurait
l'intention de nommer conseiller à la cour
de Paris M. Larère, ex-sénateur des Côtes-
du-Nord, battu aux dernières élections.
Nous hésitons encore à accorder crédit à
une telle nouvelle. M. Larèrc figurait au Sé-
nat parmi les militants les plus avérés de
la réaction. Son action ne s'est jamais dé-
partie d'une hostilité systématique à la Ré-
publique.
Il serait impossible que, à l'heure où tant
de magistrats attendent un avoncement pé-
nible, le glrde des sceaux songe à accorder
une des plus hautes charges à la. justice à
un ancien parlementaire que les électeurs
jetèrent par-dessus bord.
Si cela était, nous commencerions à com-
prendre par quels fonctionnaires veut être
servie la République. du Bloc national.
Quels que soient les sentiments person-
nels de M. Bonnevay pour son ancien collé-
tftie, il est impossible que la magistrature
devienne le dépotoir des déchets du suf-
frage universel.
- - ■ ..i
Pl&s d'Êoquetsî plue ûe coiipalilBS!
--'
ON VOLE LES D,OSSIERS!
ÔM. Bar thon, ministre de la gUCITc, ayant
sagement décidé une enquête sur la situa-
tion militaire de M. Vilgrain, on s'en lui
quérir le dossier.
— Le dossier ? dirent les bureaux ; vous
n'y pensez pas. Il n'y. a pas de dossier Vil-
grain.
- Comment, il n'y a pas de dossier Vil-
grain ?
- Du moins il n'y en a plus..
- Parce que ?
- Disparu, volatilisé ; regardez mes car-
tons, regardez mes mains, regardez mes
manches de lustrine. pffut !. plus rien !
EL M. le ministre de la guerre d'ordonner
de nouvelles recherches ad-mi-nis-tra-ti-ves.
Si M. Barthou veut réellement retrouver
les dossiers disparus — nous disons les
dossiers disparus du ministère de ia
guerre, qu'il nous permette un conseil : or-
donner une enquête judiciaire.
D'ailleurs, tous les dossiers « compromet-
tants » de la maison (le la rue Saint-Domi-
nique n'ont-ils pas, par les mains fé-
tides du Mandel ? N'ont-ils pas servi à
terroriser les uns, à acheter le silence des
autres ?
Ainsi le dossier de M- E.-E. Dreyfus, qui
faillit passer en conseil de guerre à Bor-
deaux, ne se retrouvera, sans Uoute pas
davantage,
Mais, sur les uns et les autres, lo Man-
(lel doit avoir d'intéressants renseignements
ù. donner à un juge d'instruction.
Quelle aubaine pour lui de pouvoir s'ex-
pliquer enfin sur les origines étranges de
flOn impudente fortune. ,.
Et puis, lui aussi, n'a-t-il pas évité le ser-
vice militaire, comme M. Vilgrain, par sui-
te d'une blessure mystérieuse ? Le mutilé
du sécateur !
m
L'incident J.-L. Bonnet
M. Renard, président du groupe radical et
radical-socialiste de la Chambre, nous adresse
la lettre suivante :
23 avril 1920.
Mon cher Directeur,
Je vous adresse la copie de la lettre que
j'ai adressée à M. Bonnet pour l'informer
de la décision du groupe radical et radi-
cal-socialiste ; elle me paraît utile à pu-
blier, ne fût-ce que pour renseigner exac-
tement les membres de notre parti sur
ce qui s'est passé et les mettre à même de
juger notre résolution. J'ajoute que M. Bon-
net, dans une lettre parue aujourd'hui dans
le Matin, déclare que la convocation qu'il
a envoyée aux membres de la fédération
radicale et radicale-socialiste de la Seine
porte comme ordre du jour :
« Maintien de l'adhésion au comité exé-
cutif du parti ou retrait de cette adhésion,
et constitution d'une fédération indépen-
dante. Or, cet ordre du jour que j'ai sous
les yeux dit textuellement :
(l Retrait de l'adhésion au comité exécu-
tif du parti et constitution de la fédération
radicale et radicale-socialiste indépendante
de la Seine. »
La différence, on ,Je voit, est importante
et tous les membres de notre parti, y com-
pris ceux de la fédération radicale et ra-
dicale-socialiste de la Seine, l'apprécieront
comme il convient.
Recevez, mon cher Directeur, l'assurance
de. mes meilleurs sentiments.
Signé : RENARD.
Voici, d'autre. part, la lettre par laquelle M.
André Renard a fait connaître à M. J.-L. Bon-
net la décision du groupe radical de la Chambre:
Paris, le 22 avril 1921.
Mon cher Collègue,
J'ai le regret de vous informer que le
groupe radical et radical-socialiste a dé-
cidé, à l'unanimité des voix moins une
abstention, de ne pas accueillir favoruble-
ment. votre demande d'admission au grou-
pe. Le motif principal de cette décision a
été la communication à la réunion d'un
document daté du 5 avril dernier et portant
convocation de la fédération radicale et
radicale-socialiste de la Seine, dont vous
êtes le président, pour une assemblée gé-
nérale qui doit se tenir .lc30 avril prochain.
L'objet exclusif de cette réunion est indi-
que par l'ordre du jour suivant : « Retrait
dii l'adhésion au coinité exécutif du parti et
constitution de la fédération radicale et
radicale - socialiste indépendante de la
Scme. » ',
(Vite volonté ainsi affirmée do créer une
division dans notre parti a soulevé au sein
de notre groupera réprobation générale et
il a jugé qu'il ne pouvait paraitre approu-
ver d'une façon quelconque une semblable
tentative en acceptant parmi ses membres
ceiiu qui en est l'auteur principal.
Recevez, mon cher Collègue.
André RENARD,
Président du gvoune radical
el radical-socialiste.
L'ACTUALITÉ
+.
Les conversations ont commencé
entre MM. Briand et Lloyd George
) - < ————.——.
L'Allemagne établit de nouvelles propositions qu'elle
fera d'abord connaître à l'Amérique
--.
Les Allemands n'ont pas
changé. Ils ont gardé leur
amour immodéré polir la chi-
cane et ils continuent — ce
qu'ils n'ont pas cessé de faire
depuis le commencement — à
se moquer de nous le plus sé-
rieusement dit monde.
Le projet allemand de reconstruction des
régions dévastées en est un nouvel exem-
ple ; la réponse du gouvernement allemand
à la commission des réparations au sujet
de l'cncaisse or de la Ileichsbanh en est
encore un autre.
La note concernant les régions dévastées
a été remise la veille au soir à Londres et
le lendemain seulement à Paris, mais pas-
sons.
La combinaison sur laquelle repose le pro-
jet et le plan de la reconstitution tel qu'il est
énuincré tout an OIlU dans ta note ont plu-
tôt l'air d'attrapes.
IJAlle ma fine ne se livre à de pareilles nl-
fres qu'a fin de mieux prétendre qu'elle ne
se dérobe pas à. ses obligations.
Le projet a été qualifié de prospectus fi-
nancier. Comme il est présenté et si l'on a
soin de relever certains ddails, il (tonne,
en effet, celle impressions
Le bluff et la mauvaise loi ont toujours
clé des armes allemandes.
La. commission des réparations s'était ap-
puyée sur le libellé de l'article 2:35 du traité
de paix pour réclamer la. livraison de r cn
caisse métallique de la Banque d'empire, le
fameux milliOld. de mark» or.
o La Deutsche Kricgslaten Kominission op-
pose l'alinéa 2 de l'article 248 pour refuser
cette livraison.
Après celle-là, on peut tirer l'échelle.
Il est évident que si l'on continue à disen-
ter longtemps sur ce pied là, les Allemands
ne paieront rien du tout, ni au prochain
premier mai, ni à d'autres échéances.
Le comprendra-t-on à Lympne ?
LOlus BRESSE.
M. BRIAND EN ANGLETERRE
M. Briaiid, accompagné oe M. Philippe
Berthelot, secrétaire général des affaires
étrangères, a quitté Paris, par le rapide de
Boulogne, se rendant en Angleterre, où il
conférera avec M. Lloyd George.
Après un voyage excellent, nmis par un
après-midi pluvieux, M. Briand et sa suite
sont arrivés à Douvres à 2 h. 20 précises.
Le président du conseil a été salué à son
arrivée par M. de Mon tille, conseiller d'am-
bassade à Londres, remplaçant M. de Saint-
Aulaire, souffrant. Le capitaine Prior, vice-
consul de France à Douvres et à Folkesto-
ne ; sir Philip Sassoon, représentant ai.
Lloyd George, et M. Couway Davies, direc-
teur du service d'hospitalité du gouverne-
ment britannique. Le président du conseil
et M. Berthelot ont pris ensuite place dans
une automobile et se sont acheminés direc-
tement sur Limpne.
Sur tout le parcours, dans les localités
traversées, à Folkestone. à Sandgate, à
Hythe, en dépit du mauvais temps, la popu-
lation stationnait le long des trottoirs pour
voir le chef du gouvernement français,
poussant des hurrahs, agitant des drapeaux
français et anglais. Beaucoup de maisons
étaient également décorées aux couleurs
alliées.
A 3 h. 15, M. Briand arrivait à la pro-
priété de sir Philip Sassoon où l'attendait
M. Lloyd George.
Le premier ministre anglais a remercié
son collègue français d'avoir accepté son
invitation et il s'est enquis des conditions
de la traversée, qui avait été assez bonne.
Premières conversations
Dès quatre heures moins le quart, les
hommes d'Etat entraient en conversation
dans les salons de la villa, assistés de leurs
collaborateurs, Mai. Berthelot et Camer-
lynck, du côté français ; sir Maurice Han-
key, secrétaire de la présidence du conseil,,
sir Philipp Kerr et M. Silvester, secrétaire
particulier et secrétaire adjoint du premier
ministre ainsi que M. van Sittart, chez de
cabinet au Foreign Office, du côté anglais.,
La conversation a duré jusqu'à cinq heu-
res un quart. Elle a été reprise après le
thé, à cinq heures quarante-cinq.
Dans cette première entrevue, les deux
premiers ministres ont étudié les projets
que le gouvernement français a l'intention
de soumettre aux puissances aJIiées.
Les conversations se sont prolongées as-
sez tard dans la soirée. Elles seront reprises
ce matin.
Jusqu'à présent, on assure que les adles
ne sont pas en possession de propositions
précises de l'Afl niagne en dehors du nié-
moire du docteur Simons publié 'hier malitt
sur la reconstruction des régions dévastées.
AU REICHSTAG
N
Le chancelier refuse
de faire connaître les propositions
Berlin, 23 avril. — La séance du R.eich-
siag s'est ouverte à 3 heures. Le président
Loche déclare que le gouvernement est en
ce moment en train de discuter les nouvel-
les propositions et konsidère ne pas pouvoir
en faire l'objet d'une discussion publique
avant qu'elles soient parvenues au prési-
deut Ilarding.
Le président demande donc à l'assemblée
d'ajourner à lundi la déclaration gouver-
nementale.
Le député Crispien, socialiste indépen-
dent, prend la parole : ç
« Je ne puis, dit-il, consentir à cet ajour-
nement. Nous nous sommes imposés jus-
qu'à présent une grande réserve, parce
qu'il était convenu que le gouvernement
rendrait compte aujourd'hui au Reichetag
de toutes ses démarches. Le fait que les
propositions ne sont pas encore prêtes ne
saurait être une excuse à un ajournement.
u II faut que le gouvernement renonce à
cette tactique de supprimer la collaboration
du Reichstag qui dort, à notre avis, s'oc-
cuper d'une note aussi importante avant
qu'elle parte, d'autant plus que le gouverne-
ment a agi jusqu'ici très malheureusement!
dans cette question..
« Si le gouvernement envoie la note dans
ces conditions, il ne pourra pas dire qu'il
a le peuple derrière lui. Aussi insistons-
nous pour une discussion immédiate. M
Le chancelier d'empire, M. Fehreniach,
prend la parole :
« Il ne saurait être question, dit-il, de
discuter des propositions avant qu'elles
soient parvenues au gouvernement améri-
cain. Ce serait contraire aux habitudes in-
ternationales. De plus, une discussion pu-
blique pourrait compromettre gravement la
démarche que nous allons faire. »
Le communiste Geyer déclare que la ques-
tion est plus large.
<( Il s'agit, dit-il, de savoir si le Reichstag
sera toujours, comme jusqu'à présent, dé-
pouillé de toute action sur les affaires ex-
térieures et si le gouvernement, le Parle-
ment et -le peuple collaboreront ou non.
« La commission des affaires étrangères
a été convoquée pour demain, mais le
Reichstag est privé de tout droit de criti-
que. »
M. Schultz, nationaliste, regrette très vi-
vement que le gouvernement ne puissetenir
la promesse faite hier. Puisqu'il refuse.
une discussion n'est guère possible, mais
toute la responsabilité de cette démarche
sensationnelle auprès des Etats-Unis re-
tombe sur lui ainsi que celle de la fâcheuse
situation dans laquelle le Parlement se
trouve aujourd'hui. Toutefois, les nationa-
listes consentiront à l'ajournement.
LA CHAMBRE
Vote de la loi sur l'amnistie
1 Co - 1
La dramatique affaire Maupas. - Des innocents ont été
fusillés. - L'émouvant récit d'un ancien combattant.
—————— .t. -
La Chambre a, enfin,
terminé hier matin la dis-
cussion du projet de loi
sur l'amnistie. La séance
fut calme, très calme,mais
impressionnante à certain
moment, grâce à l'inter-
vention de M. Ja.dé (rui ap-
porta à la tribune le récit
de certains laits, profondé-
ment dramatiques, qui ont
soulevé l'indignation de la Chambre tout
entière, sans aucune distinction de parti.
La discussion avait repris sur l'article 20
qui a trait aux conditions dans lesquelles
peuvent s'exercer les recours contre les
condamnations prononcées a.u cours de la
guerre par les juridictions dites d'excep-
tion : cours martiales et conseils de guerre
spéciaux institués par le décret Ûu 6 sep-
tembre 1914.
Après une observation de M. Raynaldy,
auquel le garde des sceaux donne satisfac-
tion par ses explications, M. Morucci, qui
représente, seul, le parti communiste à la
séance, présente un amendement tendant à
ajouter au paragraphe premier de l'article
20, après les mots : « juridictions d'excep-
tion », les mots : « toute juridiction mili-
taire improvisée ou irrégulièrement cons-
lituée à-
En quelques mots, M. Barthou, ministre
de la guerre, s'oppose à l'amendement qui
est repoussé et notre ami, M. Ferdinand
Buisson, dépose un nouvel amendement qui
est ainsi conçu ;
Le ministre de la justice pourra, dans les
mêmes conditions, saisir la Chambre des mises
en accusation d'un recours contre les décisions
des conseils de guerre antérieures au 11 mars
J'~C qu'il jugerait devoir être réformées dans
l'intérêt de Ja loi et du condamné.
L'affaire Maupas
M. Ferdinand Buisson, dans un langage
très mesuré, mais avec une émotion com-
municative, développe son amendement. Il
évoque l'affairc Maupas qmi fut particulière-
ment odieuse. Ici, il faut citer les parole?
mêmes de M. Buisson :
Voici le fait.
Quatre caporaux, dont l'instituteur Maupas,
iigé de quarante-cinq Hns, excellemment noté,
ont été condamnés, le 11 mars m15, par un
conseil de guerre, pour avoir, disait-on, refusé
do sortir de la tranchée en pleine bataiJe.
M. Jadé. — J'ai assité à toute lfaire. Je
puis, monsieur Buisson, vous apporter mon té-
moignHqe.
M. Ferdinand Buisson. — Les chefs militaires
avaient eux-mêmes reconnu l'impossibilité de
connaître les coupables et avaient décidé de dé-
signer 32 jeunes soldats et 6 caiporaux pour
Passer en Jugement.
sur le témoignage d'un adjudant qui affirma
que les soldats n'avaient pu entendre l'ordre
« en avant », les soldai furent mis hors de
cause.
Les quatre caporaux restent seuls responsa-
bles du refus îl'ol>éiss:nice.
Voici le tl'atiqul' : le conseil de Guerre signe
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Auteurs similaires BALUZE Étienne BALUZE Étienne /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "BALUZE Étienne "Travaux d'histoire ecclésiastique Dissertatio de episcopatu Egarensi Travaux d'histoire ecclésiastique Dissertatio de episcopatu Egarensi /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Travaux d'histoire ecclésiastique Dissertatio de episcopatu Egarensi" Travaux d'histoire ecclésiastique Notes sur les Conciles Travaux d'histoire ecclésiastique Notes sur les Conciles /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Travaux d'histoire ecclésiastique Notes sur les Conciles" BEAUVAIS BEAUVAIS /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "BEAUVAIS"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k75743566/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k75743566/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k75743566/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k75743566/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k75743566
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k75743566
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k75743566/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest