Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-12-18
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 décembre 1907 18 décembre 1907
Description : 1907/12/18 (N13795). 1907/12/18 (N13795).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75685437
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
- N 13795. —26 Frotaire An 116 ŒBfQ iMUVlUMMI if^HUDIO
- 1 :- -. -
'C-.. Aercreca 18 Décembre -À tyt, I., - M, IS-, 9b
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OPINIONS
OpiÉo fi Voyageir
On discute ferme en ce moment, à
l'Hôtel de Ville, sur la réorganisation
des transports en commun. Omnibus et
tramways sont sur la sellette ; compa-
gnies d'hier et compagnies de demain
sont aux prises ; les rapports succèdent
aux rapports ; une foule de solutions
sont proposées; finalement la question,
au lieu de se simplifier au fur et à me-
sure des débats, devient de plus en plus
complexe. Peut-être y verrait-on plus
clair, si l'on voulait bien demander son
avis au principal intéressé - celui
qu'on oublie toujours de consulter,
d'ailleurs — au modeste voyageur qui
Dérégrine du -- matin au soir dans - la
capitale et qui forme avec ses congénè-
res une légion assez importante de con-
tribuables, victimes jusqu'ici de la fa-
çon baroque dont les transports en com-
mun ont été organisés dans Paris. Cette
foule de braves gens, dont nous avouons
modestement faire partie, n'irait certes
pas chercher midi à quatorze heures
pour élaborer le cahier des charges à
imposer aux futurs transporteurs.
Contrairement au principe sacro-saint
i des ingénieurs, elle estime que la voitu-
re doit être faite pour le voyageur et
non le voyageur peut la voiture. Son
programme de réformes tient en trois
termes : vite, bien et bon marché.
La rapidité, dira-t-on, est affaire des
constructeurs. Pas absolument, pour-
tant. Si les véhicules les mieux pourvus
actuellement quant au moteur partent
encore quand il leur plaît et laissent en
route nombre de gens qui voudraient les
utiliser, la faute en est à ces absurdes
règlements administratifs rédigés le
plus souvent par des fonctionnaires ne
connaissant rien de l'intense circulation
d'une très grande ville qu'ils parcourent
le moins nossible. trop désireux de s'é-
viter à eux-mêmes les mille et une tra-
casseries qu'ils imposent à leurs con-
citoyens. C'est à des esprits de ce cali-
bre que nous devons la création du fa-
meux « bâton blanc » grâce auquel le
trajet des "boulevards (Bastille-Madelei-
ne) est proportionnellement plus long
que celui de Paris à Marseille ! Et le
piéton n'en est pas mieux protégé. Alors
qu'à certaines heures, aux différents
carrefours, un ou deux agents suffi-
raient pour remettre chacun dans sa
voie, toute une brigade est mobilisée qui
sous prétexte d'assurer la circulation,
l'entrave davantage encore. Insister sur
ce sujet serait trop cruel pour l'amour-
propre parisien. Contentons-nous donc
pour aujourd'hui de demander au Con-
seil municipal de réaliser, précisément
en vue de la rapidité, cette réforme pri-
mordiale : la suppression des horaires.
Faites, ô concessionnaires futurs, que
vos voitures partent : qu'on ne revoie
plus le ridicule — et surtout dangereux
spectacle pour notre santé — de voya-
geurs grillant en été, gelant en hiver,
en attendant le coup de sifflet du dé-
part, alors que le véhicule rempli dès
la première minute ne demande qu'à
s'ébranler. Déjà quelques lignes ont
rompu sur ce point avec la tradition et
s'en trouvent très satisfaites — et le
public aussi. L'horaire ! C'était bon au
temps des chevaux, pour les laisser
souffler ! Mais, objectera-t-on, et le
personnel ? Rien ne l'empêchera de
souffler aussi, avec un système intelli-
gent de roulement — c'est le cas de le
dire — et au besoin en créant une équi-
pe d'auxiliaires dont le travail rému-
néré plus modiquement, puisque moins
fréquent, constituerait une sorte d'ap-
prentissage. Enfin, si l'on tient à main-
tenir les horaires, au moins devra-t-on
fixer les départs toutes les deux ou cinq
minutes au plus. Quand on pense que
Sur certains parcours, notamment celui
du Louvre au Point-du-Jour, il existe
encore des horaires fractionnés de dix à
vingt minutes ! Vingt minutes d'attente
Si vous manquez un tramway à l'heure
du déjeuner ou du dîner !
Une seconde réforme s'impose encore
plus vivement, car il est peu de voya-
geurs qui ne la réclament : la suppres-
sion des arrêts fixes. On pourrait écrire
une forte brochure sur les multiples in-
convénients — disons mieux : les dan-
gers de l'arrêt fixe. Il s'expliquait à la
rigueur au, temps de la traction ani-
e. Or, par une singulière anomalie,
il est apparu, sans rime ni raison, avec
la traction mécanique. L'arrêt fixe est
dangereux pour la voiture comme pour
le piéton, car se sachant assuré d'un
parcours de trois ou quatre cents mè-
tres et quelquefois plus, sans que rien
puisse l'arrêter, le watman a une irré-
sistible tendance à accélérer plus que de
raison son allure: d-' où les collisions et
les écrasements. Il ne faut par chercher
d'autres causes aux.accidents dont s'est
ému ces jours-ci le Conseil général.
Supprimez l'arrêt fixe et la statistique
des accidents tombera à zéro ! L'arrêt
fixe ne dessert pas le voyageur qui, à
égale distance de deux arrêts, court,
n'en peut mais., et manque la voiture
- sans compter le conducteur distrait
ou fatigué qui oublie de voir les ges-
tes désespérés qu'on lui fait et donne le
signal du départ quand la victime est
à quelques centimètres de la plate-for-
me— D'où un retard qui, sur certaines
lignes, peut aller jusqu'à dix ou vingt
minutes, en attendant le passage d'un
autre véhicule. Avec la suppression des
horaires et des départs de deux à cinq
minutes, ce dernier inconvénient n'exis-
terait plus, il faut bien le reconnaître.
L'arrêt fixe est enfin le triomphe bn;
tal de la force musculaire qui ne respec-
te même pas les femmes et les enfants :
les mieux râblés montent, les autres.
restent. Les distributeurs automatiques
de numéros n'y pourraient rien, à moins
de placer auprès un èontrôleur ou un
agent, voire même un garde municipal
à cheval pour exercer plus de prestige !
Vout calculez d'ici la dépense. Pour
toutes ces raisons et bien d'autres en-
core que le défaut de place nous empê-
che d'énumérer, l'arrêt fixe doit dispa-
raître.
Enfin, la troisième réforme n'est pas
moins essentielle : la disparition de ces
tickets délivrés pour la plupart tout
maculés de salive, et qu'il faut garder
cependant précieusement dans sa
main ; et avec eux la fin des multiples
et incessants contrôles de route qui ex-
posent un voyageur distrait à payer
deux fois — bénéfice illicite réalisé par
les compagnies- - et qui constituent
pour le personnel des receveurs une hu-
miliante suspicion. Ici, l'ingéniosité des
constructeurs pourra se donner libre
carrière, si même l'on n'aime en reve-
nir au bon vieux cadran qui permettait
de laisser les voyageurs lire leur journal
ou causer tranquillement.
? Messieurs de l'Hôtel de Ville, ayez
l'obligeance d'exaucer ces trois modes-
tes desiderata de la population pari-
sienne dans la rédaction du nouveau
cahier des charges ; les voyageurs vous
en sauront un gré infini.
Charles VAUDET,
ENCORE LE "STATUT"
Quelques journaux ont pu-
blié le projet de Statut des
fonctionnaires préparé par le
Conseil d'Etat. Il ne s'appli-
que qu'aux fonctionnaires
des administrations centra-
les des ministères. Si les pouvoirs pu-
blics devaient slen tenir à cette réfor-
me, la déception serait grande.
Mais il résulte de renseignements
fournis sur les conférences interminis-
térielles, réunies au ministère de rin-
térieur, qu'on y discute sur le Statut de
l'ensemble des fonctionnaires français.
C'est bien là ce qu'ilfaui.
Certes, la besogne est difficile et ar-
due ; mais que de bénéfices prévus ou
inattendus en seront les immédiates
conséquences 1
Qui a pu mesurer le trouble jeté dans
un arrondissement, dans un canton,
sans intention arrêtée, par un fonction-
naire préoccupé par son avancement !
Quelle sera l'indépendance des hom-
mes politiques lorsqu'ils n'auront plus
à substituer à leur rôle de contrôleur
celui de quémandeur et de suppléant !
Que d'améliorations utiles, de trans-
formations fécondes auraient été appor-
tées dans nos services administratifs, si
de justes critiques, de simples observa-
tions n'avaient été réservées par crainte
de se créer des hostilités dans le mi-
lieu des tout-puissants chefs de bu-
reaux i
On nous désignait récemment un
sous-secrétariat d'Etat — mettons, pour
être discret, le sous-secrétariat des pos-
tes, télégraphes et téléphones — où la
simple menace d'une interpellation
avait fait boycotter un homme politique
par tous les services susceptibles d'être
visés. Il suffirait sans doute de faire
appel, soit au sous-secrétaire d'Etat,
soit aux Chambres, pour' faire cesser
tous ces abus et pour en faire entrer
dans l'ordre ou dans l'ombre les au-
teurs.
Mais on hésite à prendre semblames
mesures, à occuper le Parlement de
questions de personnes. Et les choses
continuent à aller leur train pour le
plus grand dommage du bien public et
le triomphe du plus détestable des ar-
bitraires.
Avec des règles fixes d'entrée en fonc-
tions, d'avancement, de discipline, cha-
cun restera dans ses attributions. Le
pouvoir exécutif administrera à l'aide
de ses agents sous le haut contrôle du
Parlement sans que celui-ci ait à s'im-
miscer dans leur choix autrement que
pour un rappel, s'il est nécessaire, au
respect de la loi.
Si la Chambre actuçjle peut mener
à bonne fin êette importante réforme,
moins .retentissante que beaucoup d'au-.
très, mais non moins utile, elle aura
donné au régime républicain des ba..
ses indestructibles et rendu, au -pays
un immense service. Le temps qu'elle
y consacre ne sera pas du temps
perdu et j'imagine que, pour cette gra-
ve discussion, personne ne lui deman-
dera de courir la poste.
G. CHAIGNE.
LES ON-DIT
tLa dent de sagesse dans l'armée
On sait qu'une circulaire du général
Picquart a organisé un service de den-
tistes militaires avec enseignement
spécial à l'Ecole de Lyon et au Val-de-
Grâce. Dans les corps de troupes, les
affections dentaires sont l'objet de soins
particuliers et l'on ne se borne plus à
arracher des molaires à Pitou avec les
tenailles du maréchal-ferrant.
Nous avons été devancés par l'All"
magne, où un service dentaire fonc-
tionne depuis plusieurs années et don-
ne les meilleurs résultats. Les statiSlk
ques faites en France à ce sujet nous
apprennent un fait plutôt joyeux. Nos
recrues souffrent beaucoup de la dent
de sagesse. En une seule année, son
évolution et ses complications ont en-
traîné l'hospitalisation de 1,845 sol-
dats.
a
A la S. P. A.
La Société protectrico des animaux
vient de procéder à ses élections en
vue du renouvellement de son bureau
et du tiers sortant de son conseil. Ont
été élus : président, M. Albert Çou-
taud ; vice-présidents, MM. Van Brock,
Dr Maréchal, Guilbert, Charrot.
Tous les membres du conseil sortants
ont été réélus. Comme membres nou-
veaux, on compte M. Marmottan, M.
Dupont de Sobre (Nord), industriel ;
M. Berzème, commerçant.
Les élections complémentaires du
bureau 'effectueront samedi prochain
en séance du conseil.
Les derniers éléphants de mer
M. Walter Rothschild a acquis six
spécimens du grand éléphant marin de
Californie. Ils enrichiront l'admirable
musée que M. Rothschild possède à
Tring. On croyait que cet animal avait
disparu, mais, récemment, on apprit
que quelques types survivaient encore
dans l'île déserte de la Guadeloupe et
sur les côtes de la Basse-Californie.
On pense que la race pourra se per-
pétuer, si le gouvernement des Etats-
Unis veut prendre des mesures de pro-
tection.
Aucun musée d'Europe ne possède de
spécimen adulte de cette bête rarissime.
Le plus grand diamant du monde
'■ Le diamant « Culiinan M offert par le
Transvaal au roi Edouard ne sera pas
taillé avant le mois de mars. Il s.e trou-
ve sous scellés à Scotland Yard, où des
détectives le surveillent jour et nuit. A
l'état brut, le Cullinan est vingt fois
plus grand que le Kohinoor. On y tail-
lera tout d'abord un brillant de 800 ca-
rats.
Ce sera le plus grand et, sans doute,
le plus beau brillant connu. Les éclats
provenant de la taille serviront à la con-
fection de pierres d'un poids encore re-
marquable. A l'heure présente, le Cul-
linan a l'aspect d'un bloc irrégulier de
gomme arabique de la grosseur de
deux poings. La taille sera confiée à
des maîtres, car le moindre faux coup
coûterait une fortune.
Le Kohinoor, confié à des mains inha-
biles, perdit la moitié de son poids.
Le Passant.
L'ENSEIGNEMENT RELIGIEUX
DANS LES ÉCOLES EN ITALIE
Il y a quelques jours, la presse libérale
italienne exultait ; un coup terrible allait
être porté au cléricalisme, si puissant chez
nos voisins, coup dont il ne se reléverait
certainement pas et qui. assurerait le triom-
phe des idées libérales en Italie.
Le règlement sur l'enseignement dans les
écoles primaires comporte un article 4 d'a-
près lequel l'instruction religieuse fait par-
tie du programme des connaissances qui
doivent être enseignées dans ces écoles. Ins-
tituteurs et institutrices étaient tenus, d'a-
près cet article, d'enseigner les préceptes re-
ligieux à leurs élèves.
Or, le gouvernement, sur la réclamation
de nombreux instituteurs et institutrices,
avait soumis la question au Conseil d'Etat
et il lui avait demandé si, en l'état actuel
de la loi, l'article 4 du règlèment sur l'ins-
truction dans les écoles primaires Douvait
être supprimé.
Pour tous les journaux, pour tous les li-
béraux italiens, la réponse du Conseil d'Etat
ne faisait aucun doute. L'article 4 allait
être supprimé.
La réponse du Conseil d'Etat n'a pas été
celle que l'on attendait. La haute assem-
blée a répondu qu'en l'état actuel de la loi,
il était du devoir du gouvernement de don-
ner, dans les écoles primaires, l'enseigne-
ment religieux aux élèves qui en exprime-
raient le désir.
Cette réponse a causé une émotion indes-
criptible et depuis nuciques jours, eue fait
l'objet de toutes les r.reoccuuations, à la
Chambre, dans l'i presse et dans tous les
milieux politiquc
On espérait que le gouvernement, prenant
fait et cause, pour le parti libéral, tout en ne
voulant pas entrer en conflit avec le Conseil
d'Etat, présenterait un projet de loi sur
l'enseignement primaire.
'Mais le gouvernement s'est jusqu'ici tenu
col. La question, pour le moment, semble
répolue dans le sens clérical.
■ gâm", - - - "i » »
LA VIE TROP CHERE
La France est un des pays les plus ri-
ches : sa fortune mobilière s'élève à 100
milliards environ. Seuls, les Etats-Unis et
la Grande-Bretagne peuvent rivaliser avec
nous, les premiers avec 110 milliards, la
seconde avec 125 milliards. Mais nos cais-
ses, en vient de s'en apercevoir, contien-
nent bien plus d'or que n'en possèdent ces
puissances.
Après l'Allemagne, dont la fortune mo-
bilière ne dépasse par 70 milliards, les au-
tres pays nous apparaissent dans une bien
modeste posture, la Russie avec ses 25
milliards, l'Autriche-Hongrie avec ses 22
milliards, l'Italie avec ses 12 milliards, et
le - Japon avec ses 5 mIlliards.
Nous avons bien une dette nationale de
29 milliards 177 millions ; mais l'Allema-
gne doit plus de 21 milliards, la Russie 23
milliards, l'Autriche-Hongrie 15 milliards,
et l'Italie 13 milliards. Quoique étant les
plus endettés, nous restons les plus riches.
Mais, malheur de malheur, plus nous
sommes riches et plus nous avons de la
peine à vivre 1 Tout renchérit dans des
proportions déconcertantes, et chacun de
nous travaille et s'exténue bien plus qu'a-
vant., tout simplement pour arriver au mê-
me résultat : se loger, s'habiller et se nour-
rir.
Un journal professionnel a publié récem-
ment un tableau des diverses denrées avec
leurs augmentations de 1902 à 1905. Nous
y voyons que, dans cette courte période de
5 ans, le pain a augmenté de 15 .%, le
bœuf de 22 %, le mouton de 25 %, le porc
de 27 %, le beurre de 14 %, les fromages
de 25 %, les légumes secs de 30 ; les
condiments, la pâtisserie, le café, lcè cho-
colat, de 25 ; l'essence et le charbon de
terre, e 30 à.34 %; les poissons de 50 !
Mais, comme nous savons que nous
sommes riches, très riches, nous ne pro-
testons pas trop fort et nous continuons
à payer les prix qu'on nous fixe et qu'on.
établit nous ne savons jamais sur quelles
bases.
Dans les pays moins fortunés, cela ne se
passe pas aussi tranquillement. Les Alle-
mands ayant constaté que, dans cette mê-
me période de 1902 à 1907, le bœuf avait
augmenté de 32 %, le veau et le mouton
de 23 à 24 %, les pommes de terre de 9 %,
les légumes secs de 32 et le charbon de.
terre de 48 à 50 %, les socialistes vont fai-
re pleuvoir les interpellations au Reichs-
tag.
En Bohême, le peuple se révolte ouver-
tement contre le renchérissement des vi-
vres : à Prague, à Budweis et dans diver-
ses villes industrielles, des milliers d'ouf
vriers ont manifesté dans les rues, ont bri-
sé des devantures et dévalisé des maga-
sins d'approvisionnements.
A Naples, où la douceur du-climat n'exi-
ge pas, cependant, aussi impérieusement
qu'ici un gîte confortable, les 4.000 locatai-
res de la Société « Le Risanamento » ont
sommé cette Société d'abaisser de 30 le
prix des loyers. Sur le silence de celle-ci,
les 4.000 locataires ont refusé de payer
leurs loyers et se sont enfoncés dans le
maquis ou le bourbier de la procédure
pour « embêter » la Société propriétaire.
Si peu de macaroni suffit à la nourriture
du Napolitain que le renchérissement des
vivres l'émeut et le frappe moins que l'aug-
mentation des loyers.
Il semble bien qu'en cette occurrence le
remède sera plus facile à découvrir. Il suf-
fira de s'adresser à la Chambre des pro-
priétaires de Paris, et celle-ci indiquera
très aimablement la nouvelle façon de trai-
ter les locataires comme ils le méritent.
Elle vient, fort à propos, de publier un
modèle de bail qu'une Société immobilière
propose à ses clients. Aux termes de ce
bail la Société assure les mobiliers contre
l'incendie, ramone à ses frais les poêles et
les cheminées et organise un service médi-
cal gratuit. Ce n'est pas tout ;
Chaque mois. un tirage se fera entre toutes
les quittances du loyer des locataires, ayant au
moins un an de séjour dans l'immeuble, et ta
quittance qui sortira la première sera remise
gracieusement au locataire favorisé. En cas de
décès dans l'immeuble, après un an au moins de
séjour d'un locataire soutien de famille, une
quittance d'un mois sera remise à la veuve ou
aux enfants orphelins, à titre de secours, et la
location sera résiliée ou non à la volonté des
survivants sans indemnité. En cas de naissance,
d'un enfant dans l'immeuble, après un an au
moins de séjour de la mère, celle-ci recevra, à
titr. gracieux, une quittance mensuelle de loyer.
L'amusement des enfants, la tranquillité
des parents, la sécurité du foyer, les espé-
rances de la loterie, les soins aux malades,
les secours - au»' veuves et aux orphelins,
tout est prévu.
Quel succès aurait cette combinaison
édenique à Naples, cet Eden ! Tous les Ita-
liens ne tarderaient pas à affluer chez des
propriétaires aussi charmants.
Hélas ! ce ne seront plus les loyers, ce
sera le macaroni, alors, qui, sera trop
cher.
Crouchy de Vorney.
"'-- i ■
Les avantages de l'Empire
M. Dugué de la Fauconnerie a été bien
mal inspiré en comparant, récemment, les
dépenses des pouvoirs publics de la Répu-
blique avec celles de l'Empire.
Le Rappel a déjà fait justice des asser-
tions de l'ex-député bonapartiste.
Il a mis en présence des dépenses occa-
sionnées par le régime parlementaire, cel-
les de la liste civile impériale.
Notre collaborateur n'a toutefois pas as-
sez insisté sur ce point.
Il évalue la liste civile à vingt-cmq mil-
lions alors qu'elle atteignait, dans certai-
nes années, près de quarante millions.
Il ne faut pas oublier que la liste civile de
25 millions était une sorte de traitement
fixe auquel venaient s'ajouter des émolu-
ments accessoires sous la ferme de reve-
nus des biens de la couronne.
Ces revenus comprenaient 1° les produits
des forêts de Saint-Germain, Samt-Cloud,
Versailles, Marly-le-Roi, Rambouillet, Fon-
tainebleau, Conipiègne, Sénart, Villeneuve-
l'Etang, Lamotbc-Beuvron, Laigues, la
Grillière, Meudon, Dourdan, Vincennes.
- 2° Les revenus du Palais-Royal, d'un im-
meuble. de la rue de ftivoli, d'un hôtel place
Vendôme hO, 9, des domaines et fermes si-
tués dans les forêts précitées.
3° Les revenus des domaines de Stras-
bourg, de Pau manufactures de Sèvres, de
Beauvais et des Gobelins.
Ces-t donc bien une somme de quarante
militons environ xjuê noua coûtait la liste
civile de Napoléon III.
A ces quarante millions il faut ajouter la
dotatioh ou apanages des princes de la fa.
mille impériale.
Tous ces hommes entretenus nous coû-
taient, en moyenne, chacun deux millions
par an !
D'après un relevé qui a été effectué en
1871, la liste civile de Napoléon III a coûté
à la }<"qoan.ce,de 1854 à 1869 inolus,591.51M.605
francs : ce-qui donne une dépense moyenne
de 37 millions par an ! !
Ajoutez à ce chiffre formidable, les trai-
tements des grands dignitaires de l'Etat
(membres du conseil privé, conseillers d'E-
tat, grands veneurs ou chambellans, prési-
dents du Sénat et du Corps législatif, etc.)
et vous aurez une faible idée de la dépense
à mettre en regard du modeste million et
demi que nous * coûte la présidence de !a
République. - - -
M. Dugué de la Fauconnerie a donc per-
du une belle occasion d'imiter de Conrart.
le silence prudent. Il ne fait pas bon de
parler de corde dans la maison d'un pendu.
Venir nous vanter les avantages drEm.
pire quand nous payons encore 680 millions
d'impôts par an pour liquider les folies de
ce régime abominable, semble un véritable
paradoxe.
Les avantages de l'Empire nous les con-
naissons : Ils s'appellent le Mexique et Se-
dan. Ils sont synonymes de ruine et de dé-
membrement, de gaspillage, d'incapacité et
de dilapidation.
Si M. Dugué de la Fauconnerie parait
l'ignorer, les 680 millions d'impôts et l'am-
putation de nos plus belles provinces sont
là pour le lui rappeler,
Jean Clerval
LE PROCES DE
SAINT. PET ERS BOURG
Les faits. - Quatre généraux accusés.
— La défense de Port-Arthur
Un conseil de guerre est actuelle-
ment réuni à Saint-Pétersbourg devant
lequel comparaissent un général, un
major général et deux lieutenants-gé-
néraux. C'est le dernier écho de cette
tragique guerre russo-japonaise.
Pour l'intelligence des débats dont
les détails nous arrivent par brèves dé-
pêches, nous exposons ci-après aux
lecteurs du Rappel les « faits de la
cause » - sans porter un jugement et
sans exprimer une opinion sur l'un ou
l'autre, ce qui serait sortir de notre
rôle d'informateur.
* *
Le général Stœssel — auquel, à juste
titre ou mal renseignée, la presse euro-
péenne tressa de triomphales couron-
nes pour sa résistance opiniâtre à Port-
Arthur — est accusé d'un ensemble de
faits qui constituent la haute trahison.
Reconnu coupable, c'est une sentence
de mort qui pourrait le frapper.
Il aurait, dit l'accusation, dénaturé
les faits dans une dépêche qu'il adres-
sa au tsar pour lui rendre compte de
sa situation qu'il montrait désespérée,
et engagé de lui-même avec le général
japonais des pourparlers relatifs à la
reddition de la place, alors que celle-ci
était en état de continuer sa résistance
et que la très grande majorité des offi-
ciers généraux voulait, en effet, pour-
suivre la lutte.
Port-Arthur, on s'en souvient, était
assiégé depuis de longues semaines. Il
ne se passait pas de jours que quelque
combat meurtrier n'eût lieu aux alen-
tours. Les Russes se défendaient avec
opiniâtreté, et les Japonais attaquaient
avec ruse et vaillance — et cela d'autant
plus que le siège de Port-Arthur était
déjà pour eux, si l'on peut dire, chose
connue : quelques mois auparavant, en
effet, ils avaient fait ce même siège
contre les Chinois, et il est certain
qu'aucun point de la place-forte ne leur
était inconnu : ils en savaient les dé-
fauts comme les supériorités.
Stœssel évacua, lui reproche-t-on,
trois forts d'une façon prématurée. Et
il ne donna pas, dit toujours l'accusa-
tion, des instructions précises au gé-
néral Reiss chargé de négocier la capi-
tulation avec le commandant en chef
des troupes japonaises : il en résulta
que Reiss accepta des conditions ex-
trêmement désavantageuses et Humi-
liantes.
Reiss est d'ailleurs co-accusé de
Stœssel, et il partage ce sort avec les
lieutenants-généraux Fock et Smirnof.
Enfin, on reproche encore à Stœssel
'de n'avoir pas accompagné ses soldats
quand ils furent faits prisonniers — et
d'avoir, au contraire, accepté de son
vainqueur, le général Nogi, des faveurs
compromettantes.
L'instruction de cette affaire a été ex-
trêmement longue et difficultueuse.
Quantité de témoins étaient morts ou
absents et il a fallu en faire revenir
d'Extrême-Orient et de lointains com-
mandements.
On assure que Stœssel se défend, si-
non victorieusement, du moins avec le
plus grand calme.
Le rôle du général Reiss, coupable
ou non. ne fut qu'un rôle de second
plan. Il est cependant accusé d'avoir été
un trop conscient instrument dans la
main de Stressel. C'est lui, dit-on, que
le gouverneur de Port-Arthur chargea
de peser sur l'esprit des autres géné-
raux et de les amener peu à peu et cap-
tieusement à la capitulation. On com-
prend que cette action toute morale de
Reiss, et non révélée par des aetes, soit
Reiss, difficile à établir — d'autant plus
assez
que c'est précisément son habileté à
l'exercer qui lui est reprochée. Mais
l'accusation va plus loin encore, et sans1
abandonner ses griefs contre Stœssel,
elle reproche à Reiss d'avoir traité dé
la reddition et accordé celle-ci sans ins-
tructions précises.
Chose bizarre : le grief formulé con-
tre Fock est en contradiction directe
avec ceux dirigés contre Stœssel. Fock
est, en effet, accusé d'avoir désobéi aux
ordres de ce tlernier qui l'avait chargé
de défendre Tsin-Tchao, jusqu'à la der-
nière extrémité. -
Par ce seul détail, on. peut juger du
caractère complexe et embrouillé de ce
pénible débat. ,-
Quant au général Smirnof. qui sem-
ble moins gravement chargé que ses co-
accusés, on lui reproche de n'avoir pas
relev Fock de son ommandement.
bien tju'il eût soupçonné ou dû con-
naître que celui-ci était d'accord avec
Stœssel pour rendre la niar-p-
Ici encore apparaît une contradic-
tion, car il est bien évident que s'il y
avait accord entre Stœssel et Fock, ce-
lui-ci ne pouvait avoir reçu l'ordre for-
mel de défendre Tsin-Tchao désespéré..
ment.
.--
Il n'est pas possible de prévoir l'issue
de ce procès -..: qui peut être retardée
encore ou précipitée tout d'un coup.
L'opinion générale est qu'une con-
damnation — probablement extrême,
sauf à l'atténuer ensuite — intervien-
dra, tant parce que la culpabilité des
quatre généraux serait établie que pour
le haut intérêt d'Etat qu'il y a à fournil
une explication 3e l'échec des armes
russes.
R. V. S.
—
ALLIANCE RUSSO-SUEDOISE
(De notre correspondant particulier)
STOCKHOLM, 16 décembre. - Le ma
nage du duc de Sodermanland, deuxième
fils du roi, avec la grande-duchesse Mario'
Pawlcwna, cousine du tsar, aura prochai-
nement lieu malgré le deuil qui a frap
la famille royale de Suède. Ce sera la pre-
mière union matrimoniale entre la maison
de Suède et celle de Russie. Catherine Il
avait fait une tentative d'alliance analo-
gue. Elle voulait faire épouser sa petite-
fille par Gustave IV de Suède. Mais le
mariage fut rompu d'une manière insolite.
Le fiancé, homme d'un caractère bizarre,
negligea de se présenter le jour, du maria-
ge * Vingt ans après il quitta fa couronne
et se retira à Baie où il vécut ensuite SOUE
le nom de colonel Gustavson.
■* ^f1 ,
Les événements du Maroc
SUR LA FRONTIÈRE ALGÉRIENNE
Après un vif combat, nos troupes occupenf
les gorges d'Aîn-Sfa ; un officier et onze
soldats sont blessés
Le général Lyautey a télégraphié de Mat"
ma que la colonne Félineau a enlevé le 15
décembre les gorges (TAïn-Sfa et les trois
villages qui dominent ces gorges. Le 13
les goumiers avaient poussé Aïn-Sfa en.
reconnaissance et avaient été accueillis à
coups de fusil .par les Marocains.
Le colonel lYHneau, dont les troupes
avaient campé j. 14 sur l'Oued-IsJy s'esl
porté à la première heure sur Aïn-Sfa. La
colonne comprenait deux compagnies du
28 zouaves ; trois compagnies du 38 tirail-
leurs ; un bataillon de marche du 1er étran-
ger, deux escadrons du 36 spahis, un esca-
dron du 28 chaseurs d'Afriquè deux sec.
tions de montagne, une section de 75, le
groupe mobile de Berguent et les goums.
A 9 h. du matin, l'attaque commençait,
l'avant-garde enlevait le mamelon situé sur
la rive sud de l'Oued, pendant que le gros
de la colonne s'emparait des jardins et dq
marché d'Aïn-Sfa.
Les Marocains en grand nombre, débou-
chant des ravins ouest, sont rejetés par
la cavalerie que notre infanterie soutenait
en échelons.
Nos troupes prennent pour objectif les
deux villages du haut de la vallée. Elles
occupent d'abord les crêtes sur les deux
flancs, tandis que l'artillerie concentre son
feu sur les deux villages, qui sont succes-
sivement enlevés et détruits ; pendant
qu'une partie des contingents marocains
essayant de tourner notre gauche, sont re-
foulés avec grandes pertes. L'engagament
était terminé à 5 heures du soir.
Nous n'avons pas eu de tués, mais treize
blessés dont un officier, le lieutenant Faure
du 2e spahis (blessure à la cuisse) ; l'adju-
dant Guyot du 3e ti.ra.Uleurs, un adjudant
du 1er étranger, six tirailleurs, trois lé-
gionnaires, un spahis. Il y a trois blessés
grièvement.
Nos troupes sont maintenant en posses-
sion du marché d'Aïn-Sfa et des sources.
Elles occupent un mamelon élevé qui com-
mande l'entrée des gorges et tiendra sous
son feu les débouchés de la montagne.
Cet engagement a produit une impres-
sion considérable sur les Beni-Snassen.
L'état des blessés
Dudjda, 16 décembre.
Le lieutenant Faure et les autres blessés
d'hier à Aïn-Sfa ont été transportés à l'am-
bulance installée au camp d'Oudjda. Le
médecin principal Martin, de la division
d'Oran, qui les a examinés dans la matinée,
a émis un diagnostic très favorable. Leur
guérison paraît assurée.
Le lieutenant Faure a été atteint dans la
partie molle de la cuisse gauche. L'adju-
dant Guyon, du 28 tirailleurs, dans la ré-
gion lombaire d'une contusion sans gra-
vité. -
Quant au sergent Bricks et an cavalier
Calino, leurs blessures n'intéressent aucun
organe essentiel.
Les plus grièvement atteints sont deux
légionnaires et les deux tirailleurs qui ont
été transportés dans la soirée à l'hôpital dC4
Lalla-Marnia.
On n'a aucune communication sur les;
opérations de la colonne Branlières. Des
renseignements particuliers disent qu'une
reconnaissance a poussé jusqu'à Chernaa.
Mais cette nouvelle n'est pas confirmée.
AU MAROC
Le retour de M. Regnault
Tanger, 16 décembre.
M. Regnault, ministre de France, e's.
- 1 :- -. -
'C-.. Aercreca 18 Décembre -À tyt, I., - M, IS-, 9b
ANNONCES
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OPINIONS
OpiÉo fi Voyageir
On discute ferme en ce moment, à
l'Hôtel de Ville, sur la réorganisation
des transports en commun. Omnibus et
tramways sont sur la sellette ; compa-
gnies d'hier et compagnies de demain
sont aux prises ; les rapports succèdent
aux rapports ; une foule de solutions
sont proposées; finalement la question,
au lieu de se simplifier au fur et à me-
sure des débats, devient de plus en plus
complexe. Peut-être y verrait-on plus
clair, si l'on voulait bien demander son
avis au principal intéressé - celui
qu'on oublie toujours de consulter,
d'ailleurs — au modeste voyageur qui
Dérégrine du -- matin au soir dans - la
capitale et qui forme avec ses congénè-
res une légion assez importante de con-
tribuables, victimes jusqu'ici de la fa-
çon baroque dont les transports en com-
mun ont été organisés dans Paris. Cette
foule de braves gens, dont nous avouons
modestement faire partie, n'irait certes
pas chercher midi à quatorze heures
pour élaborer le cahier des charges à
imposer aux futurs transporteurs.
Contrairement au principe sacro-saint
i des ingénieurs, elle estime que la voitu-
re doit être faite pour le voyageur et
non le voyageur peut la voiture. Son
programme de réformes tient en trois
termes : vite, bien et bon marché.
La rapidité, dira-t-on, est affaire des
constructeurs. Pas absolument, pour-
tant. Si les véhicules les mieux pourvus
actuellement quant au moteur partent
encore quand il leur plaît et laissent en
route nombre de gens qui voudraient les
utiliser, la faute en est à ces absurdes
règlements administratifs rédigés le
plus souvent par des fonctionnaires ne
connaissant rien de l'intense circulation
d'une très grande ville qu'ils parcourent
le moins nossible. trop désireux de s'é-
viter à eux-mêmes les mille et une tra-
casseries qu'ils imposent à leurs con-
citoyens. C'est à des esprits de ce cali-
bre que nous devons la création du fa-
meux « bâton blanc » grâce auquel le
trajet des "boulevards (Bastille-Madelei-
ne) est proportionnellement plus long
que celui de Paris à Marseille ! Et le
piéton n'en est pas mieux protégé. Alors
qu'à certaines heures, aux différents
carrefours, un ou deux agents suffi-
raient pour remettre chacun dans sa
voie, toute une brigade est mobilisée qui
sous prétexte d'assurer la circulation,
l'entrave davantage encore. Insister sur
ce sujet serait trop cruel pour l'amour-
propre parisien. Contentons-nous donc
pour aujourd'hui de demander au Con-
seil municipal de réaliser, précisément
en vue de la rapidité, cette réforme pri-
mordiale : la suppression des horaires.
Faites, ô concessionnaires futurs, que
vos voitures partent : qu'on ne revoie
plus le ridicule — et surtout dangereux
spectacle pour notre santé — de voya-
geurs grillant en été, gelant en hiver,
en attendant le coup de sifflet du dé-
part, alors que le véhicule rempli dès
la première minute ne demande qu'à
s'ébranler. Déjà quelques lignes ont
rompu sur ce point avec la tradition et
s'en trouvent très satisfaites — et le
public aussi. L'horaire ! C'était bon au
temps des chevaux, pour les laisser
souffler ! Mais, objectera-t-on, et le
personnel ? Rien ne l'empêchera de
souffler aussi, avec un système intelli-
gent de roulement — c'est le cas de le
dire — et au besoin en créant une équi-
pe d'auxiliaires dont le travail rému-
néré plus modiquement, puisque moins
fréquent, constituerait une sorte d'ap-
prentissage. Enfin, si l'on tient à main-
tenir les horaires, au moins devra-t-on
fixer les départs toutes les deux ou cinq
minutes au plus. Quand on pense que
Sur certains parcours, notamment celui
du Louvre au Point-du-Jour, il existe
encore des horaires fractionnés de dix à
vingt minutes ! Vingt minutes d'attente
Si vous manquez un tramway à l'heure
du déjeuner ou du dîner !
Une seconde réforme s'impose encore
plus vivement, car il est peu de voya-
geurs qui ne la réclament : la suppres-
sion des arrêts fixes. On pourrait écrire
une forte brochure sur les multiples in-
convénients — disons mieux : les dan-
gers de l'arrêt fixe. Il s'expliquait à la
rigueur au, temps de la traction ani-
e. Or, par une singulière anomalie,
il est apparu, sans rime ni raison, avec
la traction mécanique. L'arrêt fixe est
dangereux pour la voiture comme pour
le piéton, car se sachant assuré d'un
parcours de trois ou quatre cents mè-
tres et quelquefois plus, sans que rien
puisse l'arrêter, le watman a une irré-
sistible tendance à accélérer plus que de
raison son allure: d-' où les collisions et
les écrasements. Il ne faut par chercher
d'autres causes aux.accidents dont s'est
ému ces jours-ci le Conseil général.
Supprimez l'arrêt fixe et la statistique
des accidents tombera à zéro ! L'arrêt
fixe ne dessert pas le voyageur qui, à
égale distance de deux arrêts, court,
n'en peut mais., et manque la voiture
- sans compter le conducteur distrait
ou fatigué qui oublie de voir les ges-
tes désespérés qu'on lui fait et donne le
signal du départ quand la victime est
à quelques centimètres de la plate-for-
me— D'où un retard qui, sur certaines
lignes, peut aller jusqu'à dix ou vingt
minutes, en attendant le passage d'un
autre véhicule. Avec la suppression des
horaires et des départs de deux à cinq
minutes, ce dernier inconvénient n'exis-
terait plus, il faut bien le reconnaître.
L'arrêt fixe est enfin le triomphe bn;
tal de la force musculaire qui ne respec-
te même pas les femmes et les enfants :
les mieux râblés montent, les autres.
restent. Les distributeurs automatiques
de numéros n'y pourraient rien, à moins
de placer auprès un èontrôleur ou un
agent, voire même un garde municipal
à cheval pour exercer plus de prestige !
Vout calculez d'ici la dépense. Pour
toutes ces raisons et bien d'autres en-
core que le défaut de place nous empê-
che d'énumérer, l'arrêt fixe doit dispa-
raître.
Enfin, la troisième réforme n'est pas
moins essentielle : la disparition de ces
tickets délivrés pour la plupart tout
maculés de salive, et qu'il faut garder
cependant précieusement dans sa
main ; et avec eux la fin des multiples
et incessants contrôles de route qui ex-
posent un voyageur distrait à payer
deux fois — bénéfice illicite réalisé par
les compagnies- - et qui constituent
pour le personnel des receveurs une hu-
miliante suspicion. Ici, l'ingéniosité des
constructeurs pourra se donner libre
carrière, si même l'on n'aime en reve-
nir au bon vieux cadran qui permettait
de laisser les voyageurs lire leur journal
ou causer tranquillement.
? Messieurs de l'Hôtel de Ville, ayez
l'obligeance d'exaucer ces trois modes-
tes desiderata de la population pari-
sienne dans la rédaction du nouveau
cahier des charges ; les voyageurs vous
en sauront un gré infini.
Charles VAUDET,
ENCORE LE "STATUT"
Quelques journaux ont pu-
blié le projet de Statut des
fonctionnaires préparé par le
Conseil d'Etat. Il ne s'appli-
que qu'aux fonctionnaires
des administrations centra-
les des ministères. Si les pouvoirs pu-
blics devaient slen tenir à cette réfor-
me, la déception serait grande.
Mais il résulte de renseignements
fournis sur les conférences interminis-
térielles, réunies au ministère de rin-
térieur, qu'on y discute sur le Statut de
l'ensemble des fonctionnaires français.
C'est bien là ce qu'ilfaui.
Certes, la besogne est difficile et ar-
due ; mais que de bénéfices prévus ou
inattendus en seront les immédiates
conséquences 1
Qui a pu mesurer le trouble jeté dans
un arrondissement, dans un canton,
sans intention arrêtée, par un fonction-
naire préoccupé par son avancement !
Quelle sera l'indépendance des hom-
mes politiques lorsqu'ils n'auront plus
à substituer à leur rôle de contrôleur
celui de quémandeur et de suppléant !
Que d'améliorations utiles, de trans-
formations fécondes auraient été appor-
tées dans nos services administratifs, si
de justes critiques, de simples observa-
tions n'avaient été réservées par crainte
de se créer des hostilités dans le mi-
lieu des tout-puissants chefs de bu-
reaux i
On nous désignait récemment un
sous-secrétariat d'Etat — mettons, pour
être discret, le sous-secrétariat des pos-
tes, télégraphes et téléphones — où la
simple menace d'une interpellation
avait fait boycotter un homme politique
par tous les services susceptibles d'être
visés. Il suffirait sans doute de faire
appel, soit au sous-secrétaire d'Etat,
soit aux Chambres, pour' faire cesser
tous ces abus et pour en faire entrer
dans l'ordre ou dans l'ombre les au-
teurs.
Mais on hésite à prendre semblames
mesures, à occuper le Parlement de
questions de personnes. Et les choses
continuent à aller leur train pour le
plus grand dommage du bien public et
le triomphe du plus détestable des ar-
bitraires.
Avec des règles fixes d'entrée en fonc-
tions, d'avancement, de discipline, cha-
cun restera dans ses attributions. Le
pouvoir exécutif administrera à l'aide
de ses agents sous le haut contrôle du
Parlement sans que celui-ci ait à s'im-
miscer dans leur choix autrement que
pour un rappel, s'il est nécessaire, au
respect de la loi.
Si la Chambre actuçjle peut mener
à bonne fin êette importante réforme,
moins .retentissante que beaucoup d'au-.
très, mais non moins utile, elle aura
donné au régime républicain des ba..
ses indestructibles et rendu, au -pays
un immense service. Le temps qu'elle
y consacre ne sera pas du temps
perdu et j'imagine que, pour cette gra-
ve discussion, personne ne lui deman-
dera de courir la poste.
G. CHAIGNE.
LES ON-DIT
tLa dent de sagesse dans l'armée
On sait qu'une circulaire du général
Picquart a organisé un service de den-
tistes militaires avec enseignement
spécial à l'Ecole de Lyon et au Val-de-
Grâce. Dans les corps de troupes, les
affections dentaires sont l'objet de soins
particuliers et l'on ne se borne plus à
arracher des molaires à Pitou avec les
tenailles du maréchal-ferrant.
Nous avons été devancés par l'All"
magne, où un service dentaire fonc-
tionne depuis plusieurs années et don-
ne les meilleurs résultats. Les statiSlk
ques faites en France à ce sujet nous
apprennent un fait plutôt joyeux. Nos
recrues souffrent beaucoup de la dent
de sagesse. En une seule année, son
évolution et ses complications ont en-
traîné l'hospitalisation de 1,845 sol-
dats.
a
A la S. P. A.
La Société protectrico des animaux
vient de procéder à ses élections en
vue du renouvellement de son bureau
et du tiers sortant de son conseil. Ont
été élus : président, M. Albert Çou-
taud ; vice-présidents, MM. Van Brock,
Dr Maréchal, Guilbert, Charrot.
Tous les membres du conseil sortants
ont été réélus. Comme membres nou-
veaux, on compte M. Marmottan, M.
Dupont de Sobre (Nord), industriel ;
M. Berzème, commerçant.
Les élections complémentaires du
bureau 'effectueront samedi prochain
en séance du conseil.
Les derniers éléphants de mer
M. Walter Rothschild a acquis six
spécimens du grand éléphant marin de
Californie. Ils enrichiront l'admirable
musée que M. Rothschild possède à
Tring. On croyait que cet animal avait
disparu, mais, récemment, on apprit
que quelques types survivaient encore
dans l'île déserte de la Guadeloupe et
sur les côtes de la Basse-Californie.
On pense que la race pourra se per-
pétuer, si le gouvernement des Etats-
Unis veut prendre des mesures de pro-
tection.
Aucun musée d'Europe ne possède de
spécimen adulte de cette bête rarissime.
Le plus grand diamant du monde
'■ Le diamant « Culiinan M offert par le
Transvaal au roi Edouard ne sera pas
taillé avant le mois de mars. Il s.e trou-
ve sous scellés à Scotland Yard, où des
détectives le surveillent jour et nuit. A
l'état brut, le Cullinan est vingt fois
plus grand que le Kohinoor. On y tail-
lera tout d'abord un brillant de 800 ca-
rats.
Ce sera le plus grand et, sans doute,
le plus beau brillant connu. Les éclats
provenant de la taille serviront à la con-
fection de pierres d'un poids encore re-
marquable. A l'heure présente, le Cul-
linan a l'aspect d'un bloc irrégulier de
gomme arabique de la grosseur de
deux poings. La taille sera confiée à
des maîtres, car le moindre faux coup
coûterait une fortune.
Le Kohinoor, confié à des mains inha-
biles, perdit la moitié de son poids.
Le Passant.
L'ENSEIGNEMENT RELIGIEUX
DANS LES ÉCOLES EN ITALIE
Il y a quelques jours, la presse libérale
italienne exultait ; un coup terrible allait
être porté au cléricalisme, si puissant chez
nos voisins, coup dont il ne se reléverait
certainement pas et qui. assurerait le triom-
phe des idées libérales en Italie.
Le règlement sur l'enseignement dans les
écoles primaires comporte un article 4 d'a-
près lequel l'instruction religieuse fait par-
tie du programme des connaissances qui
doivent être enseignées dans ces écoles. Ins-
tituteurs et institutrices étaient tenus, d'a-
près cet article, d'enseigner les préceptes re-
ligieux à leurs élèves.
Or, le gouvernement, sur la réclamation
de nombreux instituteurs et institutrices,
avait soumis la question au Conseil d'Etat
et il lui avait demandé si, en l'état actuel
de la loi, l'article 4 du règlèment sur l'ins-
truction dans les écoles primaires Douvait
être supprimé.
Pour tous les journaux, pour tous les li-
béraux italiens, la réponse du Conseil d'Etat
ne faisait aucun doute. L'article 4 allait
être supprimé.
La réponse du Conseil d'Etat n'a pas été
celle que l'on attendait. La haute assem-
blée a répondu qu'en l'état actuel de la loi,
il était du devoir du gouvernement de don-
ner, dans les écoles primaires, l'enseigne-
ment religieux aux élèves qui en exprime-
raient le désir.
Cette réponse a causé une émotion indes-
criptible et depuis nuciques jours, eue fait
l'objet de toutes les r.reoccuuations, à la
Chambre, dans l'i presse et dans tous les
milieux politiquc
On espérait que le gouvernement, prenant
fait et cause, pour le parti libéral, tout en ne
voulant pas entrer en conflit avec le Conseil
d'Etat, présenterait un projet de loi sur
l'enseignement primaire.
'Mais le gouvernement s'est jusqu'ici tenu
col. La question, pour le moment, semble
répolue dans le sens clérical.
■ gâm", - - - "i » »
LA VIE TROP CHERE
La France est un des pays les plus ri-
ches : sa fortune mobilière s'élève à 100
milliards environ. Seuls, les Etats-Unis et
la Grande-Bretagne peuvent rivaliser avec
nous, les premiers avec 110 milliards, la
seconde avec 125 milliards. Mais nos cais-
ses, en vient de s'en apercevoir, contien-
nent bien plus d'or que n'en possèdent ces
puissances.
Après l'Allemagne, dont la fortune mo-
bilière ne dépasse par 70 milliards, les au-
tres pays nous apparaissent dans une bien
modeste posture, la Russie avec ses 25
milliards, l'Autriche-Hongrie avec ses 22
milliards, l'Italie avec ses 12 milliards, et
le - Japon avec ses 5 mIlliards.
Nous avons bien une dette nationale de
29 milliards 177 millions ; mais l'Allema-
gne doit plus de 21 milliards, la Russie 23
milliards, l'Autriche-Hongrie 15 milliards,
et l'Italie 13 milliards. Quoique étant les
plus endettés, nous restons les plus riches.
Mais, malheur de malheur, plus nous
sommes riches et plus nous avons de la
peine à vivre 1 Tout renchérit dans des
proportions déconcertantes, et chacun de
nous travaille et s'exténue bien plus qu'a-
vant., tout simplement pour arriver au mê-
me résultat : se loger, s'habiller et se nour-
rir.
Un journal professionnel a publié récem-
ment un tableau des diverses denrées avec
leurs augmentations de 1902 à 1905. Nous
y voyons que, dans cette courte période de
5 ans, le pain a augmenté de 15 .%, le
bœuf de 22 %, le mouton de 25 %, le porc
de 27 %, le beurre de 14 %, les fromages
de 25 %, les légumes secs de 30 ; les
condiments, la pâtisserie, le café, lcè cho-
colat, de 25 ; l'essence et le charbon de
terre, e 30 à.34 %; les poissons de 50 !
Mais, comme nous savons que nous
sommes riches, très riches, nous ne pro-
testons pas trop fort et nous continuons
à payer les prix qu'on nous fixe et qu'on.
établit nous ne savons jamais sur quelles
bases.
Dans les pays moins fortunés, cela ne se
passe pas aussi tranquillement. Les Alle-
mands ayant constaté que, dans cette mê-
me période de 1902 à 1907, le bœuf avait
augmenté de 32 %, le veau et le mouton
de 23 à 24 %, les pommes de terre de 9 %,
les légumes secs de 32 et le charbon de.
terre de 48 à 50 %, les socialistes vont fai-
re pleuvoir les interpellations au Reichs-
tag.
En Bohême, le peuple se révolte ouver-
tement contre le renchérissement des vi-
vres : à Prague, à Budweis et dans diver-
ses villes industrielles, des milliers d'ouf
vriers ont manifesté dans les rues, ont bri-
sé des devantures et dévalisé des maga-
sins d'approvisionnements.
A Naples, où la douceur du-climat n'exi-
ge pas, cependant, aussi impérieusement
qu'ici un gîte confortable, les 4.000 locatai-
res de la Société « Le Risanamento » ont
sommé cette Société d'abaisser de 30 le
prix des loyers. Sur le silence de celle-ci,
les 4.000 locataires ont refusé de payer
leurs loyers et se sont enfoncés dans le
maquis ou le bourbier de la procédure
pour « embêter » la Société propriétaire.
Si peu de macaroni suffit à la nourriture
du Napolitain que le renchérissement des
vivres l'émeut et le frappe moins que l'aug-
mentation des loyers.
Il semble bien qu'en cette occurrence le
remède sera plus facile à découvrir. Il suf-
fira de s'adresser à la Chambre des pro-
priétaires de Paris, et celle-ci indiquera
très aimablement la nouvelle façon de trai-
ter les locataires comme ils le méritent.
Elle vient, fort à propos, de publier un
modèle de bail qu'une Société immobilière
propose à ses clients. Aux termes de ce
bail la Société assure les mobiliers contre
l'incendie, ramone à ses frais les poêles et
les cheminées et organise un service médi-
cal gratuit. Ce n'est pas tout ;
Chaque mois. un tirage se fera entre toutes
les quittances du loyer des locataires, ayant au
moins un an de séjour dans l'immeuble, et ta
quittance qui sortira la première sera remise
gracieusement au locataire favorisé. En cas de
décès dans l'immeuble, après un an au moins de
séjour d'un locataire soutien de famille, une
quittance d'un mois sera remise à la veuve ou
aux enfants orphelins, à titre de secours, et la
location sera résiliée ou non à la volonté des
survivants sans indemnité. En cas de naissance,
d'un enfant dans l'immeuble, après un an au
moins de séjour de la mère, celle-ci recevra, à
titr. gracieux, une quittance mensuelle de loyer.
L'amusement des enfants, la tranquillité
des parents, la sécurité du foyer, les espé-
rances de la loterie, les soins aux malades,
les secours - au»' veuves et aux orphelins,
tout est prévu.
Quel succès aurait cette combinaison
édenique à Naples, cet Eden ! Tous les Ita-
liens ne tarderaient pas à affluer chez des
propriétaires aussi charmants.
Hélas ! ce ne seront plus les loyers, ce
sera le macaroni, alors, qui, sera trop
cher.
Crouchy de Vorney.
"'-- i ■
Les avantages de l'Empire
M. Dugué de la Fauconnerie a été bien
mal inspiré en comparant, récemment, les
dépenses des pouvoirs publics de la Répu-
blique avec celles de l'Empire.
Le Rappel a déjà fait justice des asser-
tions de l'ex-député bonapartiste.
Il a mis en présence des dépenses occa-
sionnées par le régime parlementaire, cel-
les de la liste civile impériale.
Notre collaborateur n'a toutefois pas as-
sez insisté sur ce point.
Il évalue la liste civile à vingt-cmq mil-
lions alors qu'elle atteignait, dans certai-
nes années, près de quarante millions.
Il ne faut pas oublier que la liste civile de
25 millions était une sorte de traitement
fixe auquel venaient s'ajouter des émolu-
ments accessoires sous la ferme de reve-
nus des biens de la couronne.
Ces revenus comprenaient 1° les produits
des forêts de Saint-Germain, Samt-Cloud,
Versailles, Marly-le-Roi, Rambouillet, Fon-
tainebleau, Conipiègne, Sénart, Villeneuve-
l'Etang, Lamotbc-Beuvron, Laigues, la
Grillière, Meudon, Dourdan, Vincennes.
- 2° Les revenus du Palais-Royal, d'un im-
meuble. de la rue de ftivoli, d'un hôtel place
Vendôme hO, 9, des domaines et fermes si-
tués dans les forêts précitées.
3° Les revenus des domaines de Stras-
bourg, de Pau manufactures de Sèvres, de
Beauvais et des Gobelins.
Ces-t donc bien une somme de quarante
militons environ xjuê noua coûtait la liste
civile de Napoléon III.
A ces quarante millions il faut ajouter la
dotatioh ou apanages des princes de la fa.
mille impériale.
Tous ces hommes entretenus nous coû-
taient, en moyenne, chacun deux millions
par an !
D'après un relevé qui a été effectué en
1871, la liste civile de Napoléon III a coûté
à la }<"qoan.ce,de 1854 à 1869 inolus,591.51M.605
francs : ce-qui donne une dépense moyenne
de 37 millions par an ! !
Ajoutez à ce chiffre formidable, les trai-
tements des grands dignitaires de l'Etat
(membres du conseil privé, conseillers d'E-
tat, grands veneurs ou chambellans, prési-
dents du Sénat et du Corps législatif, etc.)
et vous aurez une faible idée de la dépense
à mettre en regard du modeste million et
demi que nous * coûte la présidence de !a
République. - - -
M. Dugué de la Fauconnerie a donc per-
du une belle occasion d'imiter de Conrart.
le silence prudent. Il ne fait pas bon de
parler de corde dans la maison d'un pendu.
Venir nous vanter les avantages drEm.
pire quand nous payons encore 680 millions
d'impôts par an pour liquider les folies de
ce régime abominable, semble un véritable
paradoxe.
Les avantages de l'Empire nous les con-
naissons : Ils s'appellent le Mexique et Se-
dan. Ils sont synonymes de ruine et de dé-
membrement, de gaspillage, d'incapacité et
de dilapidation.
Si M. Dugué de la Fauconnerie parait
l'ignorer, les 680 millions d'impôts et l'am-
putation de nos plus belles provinces sont
là pour le lui rappeler,
Jean Clerval
LE PROCES DE
SAINT. PET ERS BOURG
Les faits. - Quatre généraux accusés.
— La défense de Port-Arthur
Un conseil de guerre est actuelle-
ment réuni à Saint-Pétersbourg devant
lequel comparaissent un général, un
major général et deux lieutenants-gé-
néraux. C'est le dernier écho de cette
tragique guerre russo-japonaise.
Pour l'intelligence des débats dont
les détails nous arrivent par brèves dé-
pêches, nous exposons ci-après aux
lecteurs du Rappel les « faits de la
cause » - sans porter un jugement et
sans exprimer une opinion sur l'un ou
l'autre, ce qui serait sortir de notre
rôle d'informateur.
* *
Le général Stœssel — auquel, à juste
titre ou mal renseignée, la presse euro-
péenne tressa de triomphales couron-
nes pour sa résistance opiniâtre à Port-
Arthur — est accusé d'un ensemble de
faits qui constituent la haute trahison.
Reconnu coupable, c'est une sentence
de mort qui pourrait le frapper.
Il aurait, dit l'accusation, dénaturé
les faits dans une dépêche qu'il adres-
sa au tsar pour lui rendre compte de
sa situation qu'il montrait désespérée,
et engagé de lui-même avec le général
japonais des pourparlers relatifs à la
reddition de la place, alors que celle-ci
était en état de continuer sa résistance
et que la très grande majorité des offi-
ciers généraux voulait, en effet, pour-
suivre la lutte.
Port-Arthur, on s'en souvient, était
assiégé depuis de longues semaines. Il
ne se passait pas de jours que quelque
combat meurtrier n'eût lieu aux alen-
tours. Les Russes se défendaient avec
opiniâtreté, et les Japonais attaquaient
avec ruse et vaillance — et cela d'autant
plus que le siège de Port-Arthur était
déjà pour eux, si l'on peut dire, chose
connue : quelques mois auparavant, en
effet, ils avaient fait ce même siège
contre les Chinois, et il est certain
qu'aucun point de la place-forte ne leur
était inconnu : ils en savaient les dé-
fauts comme les supériorités.
Stœssel évacua, lui reproche-t-on,
trois forts d'une façon prématurée. Et
il ne donna pas, dit toujours l'accusa-
tion, des instructions précises au gé-
néral Reiss chargé de négocier la capi-
tulation avec le commandant en chef
des troupes japonaises : il en résulta
que Reiss accepta des conditions ex-
trêmement désavantageuses et Humi-
liantes.
Reiss est d'ailleurs co-accusé de
Stœssel, et il partage ce sort avec les
lieutenants-généraux Fock et Smirnof.
Enfin, on reproche encore à Stœssel
'de n'avoir pas accompagné ses soldats
quand ils furent faits prisonniers — et
d'avoir, au contraire, accepté de son
vainqueur, le général Nogi, des faveurs
compromettantes.
L'instruction de cette affaire a été ex-
trêmement longue et difficultueuse.
Quantité de témoins étaient morts ou
absents et il a fallu en faire revenir
d'Extrême-Orient et de lointains com-
mandements.
On assure que Stœssel se défend, si-
non victorieusement, du moins avec le
plus grand calme.
Le rôle du général Reiss, coupable
ou non. ne fut qu'un rôle de second
plan. Il est cependant accusé d'avoir été
un trop conscient instrument dans la
main de Stressel. C'est lui, dit-on, que
le gouverneur de Port-Arthur chargea
de peser sur l'esprit des autres géné-
raux et de les amener peu à peu et cap-
tieusement à la capitulation. On com-
prend que cette action toute morale de
Reiss, et non révélée par des aetes, soit
Reiss, difficile à établir — d'autant plus
assez
que c'est précisément son habileté à
l'exercer qui lui est reprochée. Mais
l'accusation va plus loin encore, et sans1
abandonner ses griefs contre Stœssel,
elle reproche à Reiss d'avoir traité dé
la reddition et accordé celle-ci sans ins-
tructions précises.
Chose bizarre : le grief formulé con-
tre Fock est en contradiction directe
avec ceux dirigés contre Stœssel. Fock
est, en effet, accusé d'avoir désobéi aux
ordres de ce tlernier qui l'avait chargé
de défendre Tsin-Tchao, jusqu'à la der-
nière extrémité. -
Par ce seul détail, on. peut juger du
caractère complexe et embrouillé de ce
pénible débat. ,-
Quant au général Smirnof. qui sem-
ble moins gravement chargé que ses co-
accusés, on lui reproche de n'avoir pas
relev Fock de son ommandement.
bien tju'il eût soupçonné ou dû con-
naître que celui-ci était d'accord avec
Stœssel pour rendre la niar-p-
Ici encore apparaît une contradic-
tion, car il est bien évident que s'il y
avait accord entre Stœssel et Fock, ce-
lui-ci ne pouvait avoir reçu l'ordre for-
mel de défendre Tsin-Tchao désespéré..
ment.
.--
Il n'est pas possible de prévoir l'issue
de ce procès -..: qui peut être retardée
encore ou précipitée tout d'un coup.
L'opinion générale est qu'une con-
damnation — probablement extrême,
sauf à l'atténuer ensuite — intervien-
dra, tant parce que la culpabilité des
quatre généraux serait établie que pour
le haut intérêt d'Etat qu'il y a à fournil
une explication 3e l'échec des armes
russes.
R. V. S.
—
ALLIANCE RUSSO-SUEDOISE
(De notre correspondant particulier)
STOCKHOLM, 16 décembre. - Le ma
nage du duc de Sodermanland, deuxième
fils du roi, avec la grande-duchesse Mario'
Pawlcwna, cousine du tsar, aura prochai-
nement lieu malgré le deuil qui a frap
la famille royale de Suède. Ce sera la pre-
mière union matrimoniale entre la maison
de Suède et celle de Russie. Catherine Il
avait fait une tentative d'alliance analo-
gue. Elle voulait faire épouser sa petite-
fille par Gustave IV de Suède. Mais le
mariage fut rompu d'une manière insolite.
Le fiancé, homme d'un caractère bizarre,
negligea de se présenter le jour, du maria-
ge * Vingt ans après il quitta fa couronne
et se retira à Baie où il vécut ensuite SOUE
le nom de colonel Gustavson.
■* ^f1 ,
Les événements du Maroc
SUR LA FRONTIÈRE ALGÉRIENNE
Après un vif combat, nos troupes occupenf
les gorges d'Aîn-Sfa ; un officier et onze
soldats sont blessés
Le général Lyautey a télégraphié de Mat"
ma que la colonne Félineau a enlevé le 15
décembre les gorges (TAïn-Sfa et les trois
villages qui dominent ces gorges. Le 13
les goumiers avaient poussé Aïn-Sfa en.
reconnaissance et avaient été accueillis à
coups de fusil .par les Marocains.
Le colonel lYHneau, dont les troupes
avaient campé j. 14 sur l'Oued-IsJy s'esl
porté à la première heure sur Aïn-Sfa. La
colonne comprenait deux compagnies du
28 zouaves ; trois compagnies du 38 tirail-
leurs ; un bataillon de marche du 1er étran-
ger, deux escadrons du 36 spahis, un esca-
dron du 28 chaseurs d'Afriquè deux sec.
tions de montagne, une section de 75, le
groupe mobile de Berguent et les goums.
A 9 h. du matin, l'attaque commençait,
l'avant-garde enlevait le mamelon situé sur
la rive sud de l'Oued, pendant que le gros
de la colonne s'emparait des jardins et dq
marché d'Aïn-Sfa.
Les Marocains en grand nombre, débou-
chant des ravins ouest, sont rejetés par
la cavalerie que notre infanterie soutenait
en échelons.
Nos troupes prennent pour objectif les
deux villages du haut de la vallée. Elles
occupent d'abord les crêtes sur les deux
flancs, tandis que l'artillerie concentre son
feu sur les deux villages, qui sont succes-
sivement enlevés et détruits ; pendant
qu'une partie des contingents marocains
essayant de tourner notre gauche, sont re-
foulés avec grandes pertes. L'engagament
était terminé à 5 heures du soir.
Nous n'avons pas eu de tués, mais treize
blessés dont un officier, le lieutenant Faure
du 2e spahis (blessure à la cuisse) ; l'adju-
dant Guyot du 3e ti.ra.Uleurs, un adjudant
du 1er étranger, six tirailleurs, trois lé-
gionnaires, un spahis. Il y a trois blessés
grièvement.
Nos troupes sont maintenant en posses-
sion du marché d'Aïn-Sfa et des sources.
Elles occupent un mamelon élevé qui com-
mande l'entrée des gorges et tiendra sous
son feu les débouchés de la montagne.
Cet engagement a produit une impres-
sion considérable sur les Beni-Snassen.
L'état des blessés
Dudjda, 16 décembre.
Le lieutenant Faure et les autres blessés
d'hier à Aïn-Sfa ont été transportés à l'am-
bulance installée au camp d'Oudjda. Le
médecin principal Martin, de la division
d'Oran, qui les a examinés dans la matinée,
a émis un diagnostic très favorable. Leur
guérison paraît assurée.
Le lieutenant Faure a été atteint dans la
partie molle de la cuisse gauche. L'adju-
dant Guyon, du 28 tirailleurs, dans la ré-
gion lombaire d'une contusion sans gra-
vité. -
Quant au sergent Bricks et an cavalier
Calino, leurs blessures n'intéressent aucun
organe essentiel.
Les plus grièvement atteints sont deux
légionnaires et les deux tirailleurs qui ont
été transportés dans la soirée à l'hôpital dC4
Lalla-Marnia.
On n'a aucune communication sur les;
opérations de la colonne Branlières. Des
renseignements particuliers disent qu'une
reconnaissance a poussé jusqu'à Chernaa.
Mais cette nouvelle n'est pas confirmée.
AU MAROC
Le retour de M. Regnault
Tanger, 16 décembre.
M. Regnault, ministre de France, e's.
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