CSÏTVQ CENTIMES le NUlD.ero¡ 1- PARIS â DÉPARTEMENTS
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AUX BUREAUX DU JOURN"
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No t 1092. - Mardi 24 Juillet 1900
3 THERMIDOR AN 108
ADMINISTRATION: 131, rue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandats à l'administrateur
Nous publierons prochainement dans
notre feuilleton de la 2* page:
L'ANNEAU DE FER
GRAND ROMAN
PAR
ELY MONTCLERC
Nos lecteurs se souviennent du Bouquet
Mortel qui remporta dans nos colonnes un
luccès si retentissant.
Cette nouvelle eoucre d'Ely Montclerc rem-
portera, nous en sommes certains, un succès
plus grand encore que justifient les sacrifices
que nous nous sommes imposés en publiant :
L'ANNEAU DE FER
œuvre attachante, mouvementée, pleine de
couleur et de sentiment, où les situations
\ragiques abondent, où l'intérêt, jusqu'à la
ierniere ligne, va grandissant.
NOS LEADERS
L'ÉDILITÉ
En se prolongeant d'une façon inusi-
tée en nos climats et avec une violence
qui y est rare, la chaleur est une chose
iigne d'attention pour ceux dont c'est le
rôle de se préoccuper des intérêts du
public. Sujet ordinaire des conversa-
tions d'aujourd'hui, elle mérite d'être
aussi le sujet d'une conversation écrite
avec le public et avec nos édiles.
Le mal causé par l'implacable « beau
lemps », par ce superbe soleil que les
Puniques appelaient le Dieu dévorateur
et à qui ils offraient des victimes hu-
maines, le mal est déjà très grand dans
les campagnes.
Certaines récoltes sont compromises.
Quand, samedi, il a plu un instant,
j'entendais quelqu'un dire, de façon
pittoresque : « Pour la campagne, il
pleut des pièces de cent sous. » Mais,
malheureusement, la bienfaisante averse
a été trop courte et n'a mouillé le sol
et rafraîchi l'air que pour quelques
heures.
A ce mal, il n'y a rien à faire aux
champs.
La création de la pluie artificielle par
la déflagration de la poudre à canon
ast une chose très réelle, expérimentée
avec succès. Mais c'est une amusette
scientifique et il est bien clair que, pra-
tiquement, on ne peut pas recourir à ce
moyen d'avoir de la pluie. Il faut donc
prendre le mal en patience, car les pro-
cessions, pas plus que les coups de ca-
non, ne changeront le cours de la
nature.
Mais, dans les villes, c'est différent.
L'édilité peut certainement atténuer,
par une action prévoyante, les incon-
vénients et les souffrances de la cha-
leur.
Ces inconvénients sont très pénibles
et arrivent à être tragiques. Les jour-
naux n'ont-ils pas dû ouvrir une rubri-
que pour enregistrer les morts subites
causées par la chaleur, les décès qui se
sont produits même sur la voie publi-
que?
Le palliatif, c'est l'usage de l'eau,
non pas pour la boire, car en temps de
chaleur tropicale, il faut boire le moins
qu'on peut et préférer le thé et le café,
qui sont toniques, à toute autre bois-
son, mais l'eau pour les bains et pour
le lavage des appartements.
Or, Paris manque de bains publics,
gratuits ou à très bon marché. Il n'a
pas, comme en avaient Rome et les
villes antiques, des piscines ouvertes au
peuple.
Dans ies maisons neuves, les appar-
tements ont presque toujours des salles
de bains. Mais ceci n'est à l'usage que
des gens riches. Les Parisiens peu aisés
ou pauvres sont à rpu près complète-
ment privés de bains. C'est une lacune
qu'on pourrait songer à remplir.
De plus, et j'arrive là à une question
qui se présente presque tous les ans,
même quand les chaleurs ne sont pas
exceptionnelles, comme aujourd'hui,
l'eau fait défaut.
L'administration des Eaux de la Ville
nous a prévenus, dans une circulaire
d'un ton assez rogue, qu'en présence du
« gaspillage» que nous faisions de l'eau,
elle supprimerait le précieux liquide
pendant toute la nuit, pour nous empê-
cher d'en faire « un moyen de réfrigé-
ration » dans les appartements.
En fait, on nous supprime l'eau non
seulement la nuit, mais encore le jour.
Samedi, par exemple, au plus fort de
la chaleur, avec trente-cinq degrés à
l'ombre, l'eau m'a été coupée de dix
heures du matin à sept heures du soir.
Le service de l'ascenseur, plus utile
en cette saison que pendant l'hiver, le
nettoyage des cabinets, l'usage du tub
ou du bain ont été impossibles.
Remarquons que le quartier que j'ha-
bite (Champs-Elysées), n'est pas un
quartier très populeux et que, pendant
l'été, la moitié des habitants est à la
campagne. Dans l'immeuble que j'ha-
bite, par exemple, et qui est très vaste,
il ne reste pas plus de trois ou quatre
locataires sur vingt-cinq. Par conséquent
la consommation de l'eau demeure au
moins égale à la normale.
i D'ailleurs, ceci importe peu. Une ville
comme Paris devrait pouvoir, en temps
de canicule, «gaspiller » l'eau, pour me
servir de l'expression de l'administra-
tion expression assez - malheureuse et
de méchante ironie quand elle s'adresse
à des gens qui, pendant huit ou dix heu-
res, n'ont pas pu se laver les mains !
Le « gaspillage » de l'eau, en effet,
est de nécessité hygiénique.
L'hygiène est à la mode et je ne m'en
plains pas. On en pousse la préoccupa-
tion jusqu'à nous empêcher de cracher.
« Il est défendu de cracher » est un or-
dre administratif qu'on trouve partout.
Mais, s'il est interdit de cracher, il de-
vrait être permis et possible de se laver
et même de combattre la poussière et
les microbes en lavant et en arrosant
même les balcons.
Je me permets de recommander au
Conseil municipal l'expérience de cette
année, afin qu'il avise.
Je sftis bien qu'il aimerait mieux chan-
ger la forme du gouvernement, reviser
la Constitution et autres affaires dont il
a été uniquement parlé au moment des
élections municipales. Mais je puis as-
surer au conseil que les électeurs pari-
siens, tout de même ne seraient pas fâ-
chés qu'on s'occupât de leurs besoins
matériels. Là-dessus, ils sont tous
d'accord. J'en sais même qui, aujour-
d'hui, tirant la langue devant leurs ré-
servoirs vides donneraient, pour un
litre d'eau, la statue qu'on veut élever
à M. le marquis de Morès.
Et, puisque j'en suis à ce que l'on peut
appeler « le ménage » de la grande
Ville, j'ajouterai un mot pour dire que
l'éclairage des rues laisse souvent fort à
désirer.
On allume les becs de gaz avec parci-
monie, on les éteint de trop bonne
heure.
On compte trop sur les rayons gra-
tuits de la lune.
En dehors des grandes artères, certai-
nes rues, par leur obscurité, deviennent
de véritables coupe-gorge.
Les « faits divers » fort instructifs,
ont noté une recrudescence d'attentats
nocturnes ; c'est à ce point que les
gardiens de la paix, font mainte-
nant leur ssrvicele revolver à la cein-
ture.
L'éclairage n'est pas seulement une
facilité matérielle. Il est un élément de
sécurité et de propreté morale pour la
Cité et cette « hygiène» ne doit pas être
négligée plus qu'une autre.
Il est défendu de cracher, soit, mais
qu'on puisse selaver et qu'on soit sûrde
ne pas être chouriné!.
Henry Fouquier.
Nous publierons demain l'article
de M. Olivier Bascou
INFLUENCE DE M. DÉROULÉDE
Eh bien , M. Georges
Thiébaud, flanqué de la let-
tre de M. Déroulède qui dé-
clarait que le nationalisme
de son ami était un
tionalisme nullement mo-
narchiste bien que plébisci-
taire, M. Georges Thiébaud, disons-nous,
arrive bon troisième dans l'élection de
Niort, recueillant 2.226 voix, alors que M.
Toutant, républicain, en obtieni 2.763, et
que M. Gentil, radical, est élu avec 5.977
voix.
Pour un four, voilà un four. On croyait
avoirle droit, d'avance, de se moquer des
Deux-Sèvres, on leur envoyait un candidat
nationaliste,et on leur disait : Prenez notre
ours, c'est le meilleur lieutenant de Dérou-
lède lui-même, et Déroulède lui-même vous
le garantit républicain. »
Alors il s'est produit ce phénomène que
les républicains sont partis, en se bouchant
le nez,et se sont dit ; Pour que celui-ci soit
recommandé par Déroulède, il faut que son
nationalisme soit d'une nature particuliè-
rement dangereuse ; et, en effet,le candidat
que M. Déroulède présentait comme répu-
blicain, n'était autre que l'inventeur du
boulangisme. Républicains de toutes nuan-
ces se sont donc empressés d'aller s'affirmer
sur les noms de MM. Gentil et Toutant. Il
n'y a même pas eu besoin d'un second tour,
la question posée était trop claire ; l'élec-
tion a été faite au premier tour.
Maintenant, sous les orangers de Saint-
Sébastien, M. Déroulède peut méditer sur
le peu de goût que montrent les électeurs
pour le coup d'Etat. Nous l'avons déjà dit :
un plébiscite ça ne se propose qu'après
coup d'Etat. Une fois le coup d'Etat réussi,
l'électeur libre refuse de répondre, et l'é-
lecteur moutonnier et tremblant va voter :
oui, on est donc certain dé recueillir l'una-
nimité des votants. En outre, on a les ur-
nes qui conviennent pour cette opération.
Mais avant le coup d'Etat, il ne faut point
parler de plébiscite, personne en France n'i-
gnore que plébiscite veut dire : empire,
Waterloo, Sedan.
Faites d'abord votre coup d'Etat, mon-
sieur Déroulède; et ne nous parlez de plé-
biscite que lorsque les républicains seront
tués, déportés, emprisonnés et bâillonnés.
C'est la méthode, — Ch. B.
AUTOUR D'UN CADAVRE
Les agents du 19' arrondissement étaient re-
quis, après-midi, par M. Douzet, marchand de
vins, 27, rue de BelleTille, pour transporter le
corps inanimé d'un passementier, Eugène La-
boissette, vingt-six ans, demeurant 227, rue
des Pyrénées, qui venait d'être frappé de con-
gestion.
Au moment'où les agents déposaient le mal-
heureux dans un fiacre, ils se rendirent compte
qu'ils avaient transporté un cadavre.
Pendant qu'ils recherchaient la « procédure
légale » à suivre en pareille circonstance, une
fille Marie Aubin, âgée de dix-neuf ans. de-
meurant 70, rue Rébeval, aborda les agents et
se mit à les inj urier.
La fille, enhardie par la boisson et par quel-
ques souteneurs, se rua sur l'agent Victor
Noël. l'égratigna et le mordit cruellement à la
main droite.
En fin de compte, les agents se saisirent de
la jeune bacchante, qui fut conduite au com-
.missariat de M. Amat.., de là «u Dépôt..
COIN DE RUE
Une maison de la rue de Paradis. —
L'auberge du Soleil d'or. - Une
légende de la Révolution. —
Comment ils écrivent
l'histoire !
La Ville de Paris a acheté à M. Bergeron, le
célèbre médecin des hôpitaux, l'ancien expert
médical auprès des Tribunaux, une maison
située à l'angle de la rue Paradis-Poissonnière
et du Faubourg Saint-Denis, afin de pouvoir
procéder à l'élargissement partiel de la rue de
Paradis qui là est fort étroite.
Cette maison, que va remplacer bientôt un
nouvel immeuble, a été bâtie sur l'emplace-
ment d'un ancien jardin où Jean Fromentin
cultivait les roses et les anthémis qui ve-
naient de faire leur apparition à Versailles
pour fleurir les salons de Mme de Pompadour.
A la Révolution c'était un cabaret : Au Soleil
d'or.
La maison n'a pas grande chronique à nous
raconter et nous n'en aurions point parlé si
elle ne nous donnait l'occasion de faite justice
d'une des nombreuses et ineptes légendes que
les écrivains royalistes ont inventées sur le
compte de la Révolution,dt ses hommes et de
ses œuvres, comme celle des Jeunes Vierges
de Verdun, des tombeaux de Saint Denis, du
jeune Loizerolles, du verre de sang de Mlle de
Sombreuil, etc.
Lioriquets catholiques
Les écrivains catholiques, plus épris.comme
d'habitude,d'anecdotes larmoyantes et fantai-
sistes que de vérité historique ,ont écrit que le
jour où Mme de Montmorency, la dernière ab-
besse de Montmartre, fut extraite de Saint-La-
zare et conduite au supplice,elle se trouva sur
la fatale charrette avec quinze de ses religieu-
ses. Pendant le funèbre voyage, elles auraient
chanté le pieux cantique :
Je mets ma confiance
Vierge, en votre secours 1 etc.
Or, à l'auberge du Soleil d'Or,dans la maison
du coin de la rue de Paradis, des sans-culottes
attablés à un banquet patriotique, criblèrent
la voiture de pierres et voulurent forcer les
saintes épouses du Christ à chanter le Chant
du Départ. A la portière, Mme de Montmo-
rency, « illuminée d'une beauté suprême », en
imposa aux féroces bourreaux et les saintes
fllles, intrépides et charmantes, répétèrent jus-
qu'au pied de l'échafaud sanglant, leur pieux
refrain.
Ce n'est pas mal comme mise en scène; le
scenario est bien charpenté et bien des yeux
ont dû pleurer à ces récits terribles, bien des
lèvres ont dû vouer à l'éternel supplice.ces
bandits lâches et cruels.
Canard royaliste
Il n'a, ce beau et sentimental récit, qu'un
seul défaut : c'est que, comme la jument de
Roland, il n'a pu exister.
Le Chant du Départ ne fut composé par Marie
Joseph Chénier qu'après le 9Thermidor, 6 mois
au moins après le supplice ; de plus il n'y avait
pas une, pas une seule religieuse de Montmar-
tre parmi les victimes qui prirent avec Mme
de Montmorency-Laval, le chemin de la Bar-
rière-Renversée (ancienne place du Trône).
Parmi ses compagnons nous voyons, Maillé
Soyecourt, Vregène, de Berulle, de Saint-
Aignan de Montesquiou, ex-nobles, des do-
mestiques, des gardes du corps, des chevaliers
du poignard, mais de religieuses de Montmar-
tre point.
Et voilà comme les Loriquets ont écrit l'his-
toire de la Révolution dont on a fait un conte
de Barbe-Bleue avec lequel nous ont bercé nos
grand' mères.- A. C.
Voir à la 3° page
LES DERNIÈRES DÉPÊCHES
de la nuit et la
REVUE DES JOURNAUX
du matin
LA CHALEUR
Toujours chaud. — Les accidents. -
Phénomène dans les Pays-Bas
L'orage que nous avons signalé hier* n'a pas
suffi à rafraîchir le temps : et comme aucu-
ne autre averse n'est venue compléter
l'œuvre de cette faible ondée, le soleil a fait
tout autant de victimes que la veille.
Les insolations
C'est ainsi que François Mazuet, vingt-cinq
ans, tombé sur la chaussée, a dû être ramené
à son domicile, 6, passage Bouchardy.
Pierre Wins, employé de commerce, a dû
être également recunduit chez lui, rueGodefroy-
Cavaignac.
Vers quatre heures du matin, la nuit der-
nière, deux passants aperce rant un indi vidu
étendu sur un banc du boulevard des Italiens,
constatèrent en s'approchant que le pauvre
homme était mort.
En l'absence de pièces d'identité, le cadavre
a été transporté à la morgue.
Pendant qu'il me tait au four les manettes
contenant la pâte, un garçon boulanger, Bou-
try, est tombé mort, terrassé par une conges-
tion. Disons ici qu'une erreur sur l'identité du
boulanger a fait qu'on a d'abord prévenu du
décès la famille d'un autre ouvrier, qui a été
plongée dans la désolation jusqu'à ce que la
fausse nouvelle eût élé démentie.
Une porteuse de pain, Léonie Moudet, 28
ans, demeurant 23, impasse de Montfaucon a
été frappée d'insolation rue de Flandre; elle a
été transportée à Lariboisière.
Marie Mollet, 52 ans, ménagère, 24, rue de
Meaux, tombée boulevard de la Villette, a été
transportée aussi à Lariboisière.
Joannès Marville. trente-trois ans, camelot,
98. boulevard de Belleville, a été frappé d'inso-
lation place de la République; transporté éga-
lement à Lariboisière.
Un charretier, Nicolas Gotlib, vingt-six ans,
demeurant 94, rue Riquet, déchargeait sa voi-
ture, 23, rue Secrétan, lorsqu'il tomba d'une
échelle, frappé de congestion.
Gotlib a été dirigé sur l'hôpital Saint-
Louis.
Un garçon de lavoir, Emile Lafond, âgé de
vingt-sept ans, frappé d'insolation sur le quai
Valmy, a été transporté à son tour à Saint-
Louis.
Dans la banlieue
Les environs de Paris ont encore été très
éprouvés.
Un magasinier, Nicolas Lorrain, trente-deux
ans, employé dans une fabrique de produits
chimiques, rue Hoche, à Pantin, a été frappé
d'insolation.
La mort a été foudroyante. Le corps du défunt
a été transporté à son domicile, 70 impasse
Montferrat.
— Route d'Auberviliers. à Pantin, également
un ouvrier, Louis Ritzer, quarante ans, est
tombé sur le trottoir. Il a dû être conduit à
l'hôpital Lariboisière.
- Un facteur des postes, Eugène Charpitot,
cinquante ans, est tombé, hier matin, rue
Charron, foudroyé par une insolation. L'em-
ployé n'a pu être ranimé.
— Mine Marguerite L.,.. femme d'une nhar-
macien de la Plaine-Saint-Denis, âgée de vingt
ans, était frappé d'insolation. Prise des dou-
leurs de l'enfantement, elle ne tarda pas à suc-
comber.
— Hier matin, à neuf heures, un enfant de
onze ans, Gabriel Raymond qui habite rue
Renan, à Saint-Ouen, jouait sur la place de la
Mairie, Pris de congestion, il a été transporté
au domicile de ses parents.
— Un rentier de Croy, M. Walter, dont
plusieurs parents habitent Saint-Denis, a suc-
combé à une attaque d'apoplexie provoquée
par la chaleur.
La similitude de nom avait fait croire un
moment que c'était M. Walter, député de St-
Denis, qui était mort, et le bruit s'en était
répandu dans la ville.
—A Clichy, un eharretier,Théophile Toiton,
45 ans, demeurant rue de Lorraine, a été
trouvé mort dans son tombereau, à quatre heu-
res du soir, devant sa maison.
Une heure plus tard, rue Trouillet, est tombé
un employé du chemin de fer, Léon Gougelin,
trente-sept ans.
Il a été conduit à Beaujon.
—A Levallois-Perret, un ouvrier gazier.Léo-
pold Travezier, quarante-trois ans, demeurant
rue de Poitou à Paris, est tombé en traversant
le pont de Biais.
En Province et à l'Etranger
Un orage, au cours duquel la grêle est tom-
bée abondamment, a éclaté à Montbrison et à
Fleurs, près de Saint-Etienne.
La vigne et les céréales sur pied sont très
gravement endommagées.
Un violent orage a éclaté également sur
Auxerre. La pluie tombait à torrents. Les ca-
ves de la ville ont été inondées, ainsi qu'un
grand nombre de magasins.
Les sapeurs-pompiers et les soldats du 40
d'infanterie ont passé la nuit à vider les caves
et les sous-sols de l'usine Piat et Fougerol.
La grêle a causé des dégâts dans les envi-
rons.
A Périgueux, il a fait une journée torride,
pendant laquelle le thermomètre est monté
jusqu'à 40 degrés à l'ombre.
La situation atmosphérique troublée dont
nous souffrons s'est manifestée sur la côte sep-
tentrionale de l'île du Texel (Pays-Bas) par un
extraordinaire phénomène.
Par un calme plat et une chaleur tropicale,
une vague énorme s'est élevée tout à coup de la
mer, roulant avec fracas vers le rivage et ve-
nant expirer à un demi-mètre au-dessus de la
côte.
Les plus vieux pêcheurs ne se souviennent
pas d'avoir jamais vu rien de pareil sur les
rivages de l'île.
PARIS SANS EAU
Les robinets sont desléchés. — Impré-
voyance de la Compagnie des eaux.
Nous avons été — malheureusement — bon
prophète en assurant que Paris allait manquer
d'eau pour ses besoins les plus immédiats.
La nuit dernière, en effet, l'eau a été coupée.
De sorte que si un incendie s'était déclaré dans
la ville, les premiers secours eussent été im-
possibles. Ceci est le côté grave de la question.
Nous ne redirons pas tous les multiples in-
convénients que cet état de choses peut provo-
quer, tant au point de vue des nécessités quo-
tidiennes — et nocturnes — de la vie domes-
tique que de l'hygiène la plus élémentaire. Et
Paris souffre de cette disette que les plus
ignares des Pharaons d'Egypte avaient au atté-
nuer sans mobiliser des centaines de millions.
f Un proverbe banal enseigne que gouverner
c'est prévoir. Dans la question qui nous occu-
pe,la prévoyance, vertu d'Etat. semble être le
dernier souci des hauts fonctionnaires de l'ad-
ministration des eaux. Pas un robinet ne se
desséchera, affirmaient ces fonctionnaires aux
journalistes indiscrets.
Gaspillage d'eau et d'argent
Et il se trouve des statisticiens qui ajoutent
pour prouver leur compétence :
— Voyons! nous recevons Journellement 290,000
mètres cubei d'eau. La Vanne nous en fournit
115,000, l'Avre 90,000; la Dhuys 16,000, le Loinget
le Lunain 38,000. Nous filtrons 31,000 mètres, nous
avons une réserve de 500,000 mètres. Et en défi-
nitive, ohaque habitant dispose d'une moyenne de
130 litres par jour, n'est-ce donc pas suffisant, et
dans cette mesure nos prévisions n'étaient-elles
paa raisonnables ?
M. Bouteillier, ingénieur de la direction des
eauL.isait hier :
il y a à Paris, trois grands réservoirs d'eau,
situés à Montsouris, à Saint-Cloud et à Ménilmon-
tant.
Ces réservoirs peuvent contenir cinq cent mille
mètres cubes d'eau.
Or, hier soir, ils en contenaient à peine quatre-
vingt mille mètres cubes. La situation était criti-
pue, d'autant plus que la pression, devenant d'ins-
tant en instant plus faible, les habitants des quar-
tiers élevés commençaient à ne plus recevoir d'eau.
En faisant fermer les départs de ces réservoirs,
nous récupérons, par nuit, environ oinquante
mille mètres cubes d'eau, ce que nous avons gagné
cette nuit, ce qui fait qu'en huit ou dix jours nous
aurons rattrapé ce qui nous manquait.
C'est une consolation, mais combien pré-
caire, si l'on songe aux millions que Paris a
jetés. à l'eau pour obtenir de l'eau, — si l'on
songe à ce gaspillage d'argent qu'oublie l'ad-
ministration des eaux qui reproche aux mal-
heureux contribuables de gaspiller quelques
litres d'eau pour rafraîchir une bouteille de
vin, — si l'on songe, enfin, à la situation des
malheureux boulangers qui ne peuvent pétrir
le pain que la nuit, et vont nous fournir de la
miche altérée par la fermentation de l'eau con-
servée.
Enfin, il serait logique de solliciter pour
Paris, qui n'en peut mais, un traitement moins
barbare que celui infligé aux prisonniers du
fort Chabrol qui attendaient du ciel et de Dru-
mont l'ondée bienfaisante.
-0.»
LES FÊTES DE CHERBOURG
(De notre correspondant particulier)
Cherbourg, 22 juillet.
Après avoir quitté le Bouvet et s'être rendu à
la Préfecture maritime, l'amiral Gervais s'est
dirigé vers la gare dont les quais étaient en-
vahis, bien avant le départ, par une foule nom-
breuse. Tous les états-majors des escadres
étaient venus témoigner leur sympathie à leur
chef ; le maire de Cherbourg, le général Donop
attendaient également sur le quai.
Après avoir serré la main aux personnes pré-
sentes, l'amiral est monté dans le train qui
s'est ébranlé aux cris de : « Vive Gervais 1 Vive
la marine I D
L'escadre de la Méditerranée à Brest
Brest, 22 juillet
Le vice amiral Fournier a informé le vice-
amiral Barrera, préfet maritime à Brest, que
l'escadre de la Méditerranée arrivera sur la
rade de Brest demain lundi vers deux heures de
l'après-midi.
Le maire de Brest a fait appel à la population
de la ville pour pavoiser et illuminer, à l'occa-
sion de l'arrivée de l'escadre.
Cherbourg, 22 juillet.
L'escadre de la Méditerranée, sous le com-
mandement en chef de l'amiral Fournier, a
appareillé CETTE après-midiJQQUT Brest.
LA GUERRE EN CHINE
-
Nouvelles des légations de PéIdn. -
Li-Hung-Chang mal reçu à Shan-
ghaï.
EN FRANCE
- M. Henri d'Orléans
M. Henri d'Orléans vient d'adresser au pré-
sident de la République une lettre par laquelle
il demande au chef de l'Etat à participer à
l'expédition de Chine.
M. Loubet a transmis la lettre au général
André.
EN CHINE
Les légations
La Neue Presse de Vienne publie une inter-
view de M. Yoshida, secrétaire de la légation
japonaise à Vienne ; « Je suis porté à croire,
a dit M. Yoshida, que les ministres des puis-
sances à Pékin sont encore vivants. Je crains
seulement qu'ils ne soient gardés comme ota-
ges par les Chinois, dans le but d'exercer une
pression sur les puissances ».
Le consul d'Allemagne à Che-Fou, a envoyé
la dépêche suivante :
J'ai prié le gouverneur du Chan-Toung
d'envoyer, en chinois et le plus vite possible,
à la légation d'Allemagne de Pékin, un télé-
gramme annonçant la récompense promise par
l'Empereur d'Allemagne à qui pourra sauver
un membre quelconque d'une ambassade.
Je demande aussi, dans cette dépêche, qu'on
me fasse savoir de même façon, si le ministre
des Etate-Unis pourrait télégraphier, en clair
ou en chiffres, par l'intermédiaire du Tsung-
Li-Yamen ou du gouverneur de Tsinan-Fou, à
l'office des affaires étrangères, ou à moi, ce
qui s'est passé, quelle est la situation actuelle-
ment et ce qu'on pourrait faire pour les étran-
gers enfermés dans Pékin.
Le gouverneur du Chantoung a télégraphié
dans l'après-midi à tous les consuls étrangers
résidant à Che-Fou que, d'après des nouvellos
authentiques qu'il venait de recevoir, tous les
ambassadeurs, à Pékin étaient à l'abri de tout
danger et sous la protection du gouvernement
chinois.
Un nouveau télégramme du gouverneur de
Yuan-Shi-Kaï, en date de vendredi soir, est
conçu dans les termes suivants :
« J'apprends de façon précise, de Pékin, que
tous les ministres sont saufs. Aucune maladie
ne règne parmi eux. Les autorités légales chi-
noises prennent des mesures pour les sauver et
les protéger. »
Le ministre de Chine à Washington a reçu
de Cheng un télégramme annonçant qu'un dé-
cret impérial, en date du 18 juillet, dit que
tous les ministres sont sains et saufs et que les
insurgés s'entre-tuent.
Le ministre de Chine a reçu du vice-roi de
Nankin un télégramme analogue à celui reçu
à Paris.
Li-Hung-Chang
Les journaux de Londres publient la dépê-
che suivante de Shanghaï :
Les consuls ont décidé de s'abstenir de visi-
ter en corps Li-Hung-Chang. Ils lui rendront
simplement et individuellement sa visite.
.Ils ont décidé, en outre, de lui accorder une
garde de cent hommes, sans armes.
AUX COLLABORATEURS
DE L'EXPOSITION
Le Président de la République à la
salle des Fêtes. — Les ouvriers
de l'Exposition
Le ministre du commerce et Mme Millerand
offraient hier à la salle des Fêtes une fête artis-
tique et musicale aux collaborateurs de l'Ex-
position et aux associations ouvrières qui ont
collaboré à la préparation de l'Exposition.
L'arrivée du président
A 4 h. 112, exactement, le président de la
République et Mme Loubet arrivent à la salle
des Fêtes, accompagnés de M. et Mme Mille-
rand, du général Dubois, qui inaugure ses
fonctions de secrétaire général de l'Elysée, de
M. Combarieu et de M. Poulet.
M. Loubet est reçu par M. Picard commis-
saire général,entouré de MM. Chardon, Delau-
nay -Belleville et des principaux administra-
teurs de l'Exposition.
Quinze mille personnes qui se pressaient
déjà dans l'immense vaisseau de la salle des
fêtes, saluent respectueusement le président, et
des cris de vive Loubet ! Vive la République!
éclatent dans une manifestation spontanée.
Puis le Président va prendre place aux fau-
teuils réservés, au pied de la scène.
La matinée
L'orchestre compte 630 exécutants recrutés
parmi les artistes de l'Opéra et de l'Opéra-Co-
mique, sous la direction de M. Vidal, de la
Garde Républicaine dirigée par M. Parès, et
de la musique de l'Ecole d'artillerie de Vincen-
nes que dirige M. Blin. Il est complété par les
orgues de la salle des fêtes tenues par M. Lut-
tin, le kappel-meister émérite.
La Marche aux Flambeaux, de Meyerbeer,
exécutée par l'orchestre, les musiques militai-
res et les orgues, a mis en valeur l'excellente
acoustique de la salle des Fêtes. Le premier
acte de M. de Pourceaugnac, interprété par
Miles Kalb et Leconte, MM. Coquelin cadet, de
Féraudy, Boucher, Truffier, Laugier. Villain,
Dehelly, BarraI. de la Maison de Molière ; le
deuxième acte de Guillaume Tell, interprété par
MM. Affre. Noté, Chambon et Mme Bos-
man.
Le ballet du Cid, exécuté par Mmes H. Ré-
gnier, J. Régnier. Viollat Blanc. Gallay. Beau-
vais, Couat, Parent, Charrier, Morlet, Boos,
Barbier, Meunier; MM. Stilb, Régnier, Fer-
rouilli, Baron, sous la direction de Mlle Zam-
belli et de M. Vasquez, ont été accueillis par de
chsleureaux applaudissements. Enfin, l'orches-
tre et les musiques militaires ont exécuté la
Marseillaise.
Notre hymne national a été l'occasion d'une
admirable démonstration républicaine et pa-
triotique.
A six heures, M. Loubet quittait la salle des
Fêtes par l'avenue de Lamotte-Piquet, salué
par de chaleureuses acclamations.
00
A U MEMOIRE DE VlllEBOIS-MIREUll
(De notre correspondant particulier)
Laval, 22 juillet.
Le Souvenir Français a placé à Grez-en-
Bouère, une plaque à la mémoire de Villebois-
Mareuil. L'inauguration a eu lieu aujourd'hui
et a donné lieu à des manifestations patrioti-
ques.
Le maire de cette commune est le frère du
héros de Boshof, et le château familial se
trouve aux environs.
Outre les amis et les membres de la famille,
on remarquait la présence de M. Pierson. le
consul général de la République Sud-Africaine
à Paris et de nombreuses délégations, entre
autres celles des habitants de la Mayenne ha-
bitant Paris.
L'évoque de Layal, M. Gmjl a béni la pa.
, --.- _.- - _c.-'
que que M. Messen a ensuite remise A la ma*
nicipalité.
MM. Gando.. adjoint : GodiBier, conseilla
-général ont prononcé de chaudes allocutions
dont l'émotion était partagée par tous les assis.
tants, parmi ces derniers citons M. Christian
de Villebois-Mareuil, maire de Grez-en-BGuêre.
Mlle de Villebois-Mareuil, fille du colonel, le
marquis de Saint-Aiglan, son fils et M fille,
cousins de M. de Ville bois : le capitaine Prévôt,
du 102*, de Mayenne qui a été spécialement dé-
légué du 4' corps par le général Niox, comme
ayant été longtemps au Haut-Oubanghi et ayant
servi sous les ordres du colonel ; un grand nom-
bre d'ottlciofl du 101'.
——————————— —————j--
ELECTIONS LÉGISLATIVES
DEUX-SIVRES
Deuxième circonscription de Niort
Inscrits : 15.483. Votants ; 11.061
MM. Gentil, rad 5.977 ELU
Toutant, rép. 2.763
Georges Thiébaud, nat. 2.226*
Il s agissait de remplacer M. de la Porte, ra-
dical, décédé, qui avait obtenu aux dernière.
élections législatives 7.292 voix contre 3.208 à
M. Toutant et 2.210 à M. Spronck, nationa-
liste.
-00
UNE FÊTE DE L'ART SOCIAL
Pour le peuple et pour les poètes.
«Mais quelqu'un troubla la fête Io
Un public enthousiaste.
Les mélodrames ordinaires du théâtre de la
République avaient cédé la pll1, hier après-
midi, à un spectacle d'ordre relevé, qui com-
portait notamment une conférence de M. Jean
Jaurès et la première représentation de la
pièce socialiste de notre ami M. Louis Mar-
solleau : Mais quelqu'un troubla la fête.
La matinée était organisée par le comité
général du parti socialiste et les bénéfices, qui
sont importants, serviront à l'organisation du
congrès international de cette année.
A l'ouverture des portes, qui s'est faite à une
heure, un public très nombreux est venu com-
bler la très vaste salle de l'ancien Château-
d'Eau. Tout le monde s'était fleuri la bouton-
nière de l'églantine rouge, qui est devenue
l'insigne des républicains depuis les belles ma-
nifestations du Triomphe de la République, de
Longchamp et de la dernière fête nationale.
Beaucoup de dames avaient pris place aux
balcons et aux loges.
En attendant le lever du rideau, trois mille
voix ont chanté l'Internationale et la Carma-
gnole.
A deux heures, la représentation a commen-
cé : M. Doublier a dit le Christ en bois de
Coûté; M. Xavier Privas a chanté le TestamenC
de Pierrot et M. Marcel Legay le Soleil rouge;
le superbe poème de Victor-Hugo, Civilisation
a été récité par Mme Jeannine du Bos; MM.
Manescau et Yon-Lug ont trouvé également de
bons motifs de se faire applaudir.
Des acclamations ont accueilli M. Jean Jau*
rès qui est venu parler du Thédtre social et a
montré son développement depuis le promé.
thèt d'Eschyle jusqu'à l'Ennemi du Peuple
d'Ibsen, aux Tisserands d'Hauptman et à la
pièce de M. Louis Marsolleau. qui, interdite
par la censure, allait être cependant présentée
à une assemblée purement populaire - en
séance privée, il est vrai.
De nouvelles acclamations ont salué la pé-
roraison de M. Jean Jaurès.
De nouvelles chansons du vrai poète socia-
liste J. B. Clément, de notre ami Charles Fré'
mine, dites par le grand acteur Silvain, etc.,
ont précédé la représentation de l'œuvre de
M. Louis Marsolleau. Notre collaborateur, M.
Jean Thorel a déjà fait connaître le thème de
ce bref et puissant poème.
Disons que M. Gémier a Joué avec le pitto*
resque et la force qui lui sont ordinaires sot
double rôle de paysan et d'ouvrier.
MM. Albert Mayer, Maxence Dujeu, Amyot,
Dufresne; Mmes Legat et Roggers ont composé
une interprétation parfaite.
Quant au succès? Sur la réclamation una.
nime de la salle, on a amené de force sur la
scène M. Louis Marsolleau à qui l'on a fait une
longue ovation.
Nous ne serions pas complets, si nous ne
disions combien on a félicité M. Boutié, tréso-
rier du comité socialiste, organisateur de la
fête et M. Louis Dubreuilb, le secrétaire du
même cotnité, qui a aussi contribué, dans une
large part, à la préparation de cette belle jour-
née.
M. Fournière représentait le groupe des dé-
putés socialistes.
La sortie s'est effectuée sans incident, tou-
jours au chant de l'Internationale.
Ob
UN ACCIDENT SUR
LE MÉTROPOLITAIN
Une grave nouvelle. — Aux stations. —
Un watman oublieux. — Un com-
mencement d'incendie.
Hier, vers midi, une terrible nouvelle se ré-
pandait dans Paris. Le Métropolitain comptait
son premier accident.
On racontait, entre autres choses, qu'un
train qui, à onze heures, venait de quitter la
station initiale de Viicennes, avait parcouru
huit cents mètres à une vitesse tellement verti-
gineuse qu'un homme avait été blessé en es-
sayant de sauter en bas d'une des voitures.
Nous noue sommes rendus aussitôt au siège
de la Compagnie, 31, avenue de l'Opéra, mais
les bureaux étaient vides, les employés pre-
nant hur repos dominical. Force nous futdonc
d'aller dans plusieurs stations, où nous avons
pu obtenir les renseignements que nous dési-
rions.
Il y a plusieurs versions officielles. D'après la
première, il y aurait eu plusieurs incidents b
signaler: un watman se serait blessé au poi.
gnet à la station du Palais-Royal en cassant
une glace par mégarde. Puis, par suite d'un ou-
bli du mécanicien dutrain de onzeheures trente
cinq, le convoi aurait brûlé la même statioi.
Enfin, par suite de la rupture des freins, un
autre train a dû laisser ses voyageurs à la gare
du Palais-Royal et être reconduit à vide à la
station initiale.
La seconde version officielle nous a été don-
née par l'un des employés principaux de la
gare de la Bastille. Le train de quatre heurot
trente-cinq venait, selon lui, de quitter la gare
de l'Hôtel-de-Ville, lorsque l'un des frotteurp
de la locomotrice s'enflamma communiquant
le feu au wagon suivant, tandis que l'électri-
cité manquait. Le watman descendit alors de
sa machine et éteignit un commencement d'in-
cendie, Le mécanicien conduisit alors ses voya
geurs que deux gardiens de la paix avaient pu
rassurer à la gare du Palais-Royal où ils furent
débarqués, puis ramena son train vide au dépôt
de Vincennes.
On nous assure que le watman, qui a ainsi
sauvé la vie à plusieurs centaines de personnel
recevrait une gratification de 5 francs.
Voici certes qui est bien peu pour récom-
penser, son initiative et sa présence d'esprit.
Nous espérons que la direction saura encoura-
ger de meilleure tacon ses employés qui éyivm
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Adresser lettres et mandats à l'administrateur
Nous publierons prochainement dans
notre feuilleton de la 2* page:
L'ANNEAU DE FER
GRAND ROMAN
PAR
ELY MONTCLERC
Nos lecteurs se souviennent du Bouquet
Mortel qui remporta dans nos colonnes un
luccès si retentissant.
Cette nouvelle eoucre d'Ely Montclerc rem-
portera, nous en sommes certains, un succès
plus grand encore que justifient les sacrifices
que nous nous sommes imposés en publiant :
L'ANNEAU DE FER
œuvre attachante, mouvementée, pleine de
couleur et de sentiment, où les situations
\ragiques abondent, où l'intérêt, jusqu'à la
ierniere ligne, va grandissant.
NOS LEADERS
L'ÉDILITÉ
En se prolongeant d'une façon inusi-
tée en nos climats et avec une violence
qui y est rare, la chaleur est une chose
iigne d'attention pour ceux dont c'est le
rôle de se préoccuper des intérêts du
public. Sujet ordinaire des conversa-
tions d'aujourd'hui, elle mérite d'être
aussi le sujet d'une conversation écrite
avec le public et avec nos édiles.
Le mal causé par l'implacable « beau
lemps », par ce superbe soleil que les
Puniques appelaient le Dieu dévorateur
et à qui ils offraient des victimes hu-
maines, le mal est déjà très grand dans
les campagnes.
Certaines récoltes sont compromises.
Quand, samedi, il a plu un instant,
j'entendais quelqu'un dire, de façon
pittoresque : « Pour la campagne, il
pleut des pièces de cent sous. » Mais,
malheureusement, la bienfaisante averse
a été trop courte et n'a mouillé le sol
et rafraîchi l'air que pour quelques
heures.
A ce mal, il n'y a rien à faire aux
champs.
La création de la pluie artificielle par
la déflagration de la poudre à canon
ast une chose très réelle, expérimentée
avec succès. Mais c'est une amusette
scientifique et il est bien clair que, pra-
tiquement, on ne peut pas recourir à ce
moyen d'avoir de la pluie. Il faut donc
prendre le mal en patience, car les pro-
cessions, pas plus que les coups de ca-
non, ne changeront le cours de la
nature.
Mais, dans les villes, c'est différent.
L'édilité peut certainement atténuer,
par une action prévoyante, les incon-
vénients et les souffrances de la cha-
leur.
Ces inconvénients sont très pénibles
et arrivent à être tragiques. Les jour-
naux n'ont-ils pas dû ouvrir une rubri-
que pour enregistrer les morts subites
causées par la chaleur, les décès qui se
sont produits même sur la voie publi-
que?
Le palliatif, c'est l'usage de l'eau,
non pas pour la boire, car en temps de
chaleur tropicale, il faut boire le moins
qu'on peut et préférer le thé et le café,
qui sont toniques, à toute autre bois-
son, mais l'eau pour les bains et pour
le lavage des appartements.
Or, Paris manque de bains publics,
gratuits ou à très bon marché. Il n'a
pas, comme en avaient Rome et les
villes antiques, des piscines ouvertes au
peuple.
Dans ies maisons neuves, les appar-
tements ont presque toujours des salles
de bains. Mais ceci n'est à l'usage que
des gens riches. Les Parisiens peu aisés
ou pauvres sont à rpu près complète-
ment privés de bains. C'est une lacune
qu'on pourrait songer à remplir.
De plus, et j'arrive là à une question
qui se présente presque tous les ans,
même quand les chaleurs ne sont pas
exceptionnelles, comme aujourd'hui,
l'eau fait défaut.
L'administration des Eaux de la Ville
nous a prévenus, dans une circulaire
d'un ton assez rogue, qu'en présence du
« gaspillage» que nous faisions de l'eau,
elle supprimerait le précieux liquide
pendant toute la nuit, pour nous empê-
cher d'en faire « un moyen de réfrigé-
ration » dans les appartements.
En fait, on nous supprime l'eau non
seulement la nuit, mais encore le jour.
Samedi, par exemple, au plus fort de
la chaleur, avec trente-cinq degrés à
l'ombre, l'eau m'a été coupée de dix
heures du matin à sept heures du soir.
Le service de l'ascenseur, plus utile
en cette saison que pendant l'hiver, le
nettoyage des cabinets, l'usage du tub
ou du bain ont été impossibles.
Remarquons que le quartier que j'ha-
bite (Champs-Elysées), n'est pas un
quartier très populeux et que, pendant
l'été, la moitié des habitants est à la
campagne. Dans l'immeuble que j'ha-
bite, par exemple, et qui est très vaste,
il ne reste pas plus de trois ou quatre
locataires sur vingt-cinq. Par conséquent
la consommation de l'eau demeure au
moins égale à la normale.
i D'ailleurs, ceci importe peu. Une ville
comme Paris devrait pouvoir, en temps
de canicule, «gaspiller » l'eau, pour me
servir de l'expression de l'administra-
tion expression assez - malheureuse et
de méchante ironie quand elle s'adresse
à des gens qui, pendant huit ou dix heu-
res, n'ont pas pu se laver les mains !
Le « gaspillage » de l'eau, en effet,
est de nécessité hygiénique.
L'hygiène est à la mode et je ne m'en
plains pas. On en pousse la préoccupa-
tion jusqu'à nous empêcher de cracher.
« Il est défendu de cracher » est un or-
dre administratif qu'on trouve partout.
Mais, s'il est interdit de cracher, il de-
vrait être permis et possible de se laver
et même de combattre la poussière et
les microbes en lavant et en arrosant
même les balcons.
Je me permets de recommander au
Conseil municipal l'expérience de cette
année, afin qu'il avise.
Je sftis bien qu'il aimerait mieux chan-
ger la forme du gouvernement, reviser
la Constitution et autres affaires dont il
a été uniquement parlé au moment des
élections municipales. Mais je puis as-
surer au conseil que les électeurs pari-
siens, tout de même ne seraient pas fâ-
chés qu'on s'occupât de leurs besoins
matériels. Là-dessus, ils sont tous
d'accord. J'en sais même qui, aujour-
d'hui, tirant la langue devant leurs ré-
servoirs vides donneraient, pour un
litre d'eau, la statue qu'on veut élever
à M. le marquis de Morès.
Et, puisque j'en suis à ce que l'on peut
appeler « le ménage » de la grande
Ville, j'ajouterai un mot pour dire que
l'éclairage des rues laisse souvent fort à
désirer.
On allume les becs de gaz avec parci-
monie, on les éteint de trop bonne
heure.
On compte trop sur les rayons gra-
tuits de la lune.
En dehors des grandes artères, certai-
nes rues, par leur obscurité, deviennent
de véritables coupe-gorge.
Les « faits divers » fort instructifs,
ont noté une recrudescence d'attentats
nocturnes ; c'est à ce point que les
gardiens de la paix, font mainte-
nant leur ssrvicele revolver à la cein-
ture.
L'éclairage n'est pas seulement une
facilité matérielle. Il est un élément de
sécurité et de propreté morale pour la
Cité et cette « hygiène» ne doit pas être
négligée plus qu'une autre.
Il est défendu de cracher, soit, mais
qu'on puisse selaver et qu'on soit sûrde
ne pas être chouriné!.
Henry Fouquier.
Nous publierons demain l'article
de M. Olivier Bascou
INFLUENCE DE M. DÉROULÉDE
Eh bien , M. Georges
Thiébaud, flanqué de la let-
tre de M. Déroulède qui dé-
clarait que le nationalisme
de son ami était un
tionalisme nullement mo-
narchiste bien que plébisci-
taire, M. Georges Thiébaud, disons-nous,
arrive bon troisième dans l'élection de
Niort, recueillant 2.226 voix, alors que M.
Toutant, républicain, en obtieni 2.763, et
que M. Gentil, radical, est élu avec 5.977
voix.
Pour un four, voilà un four. On croyait
avoirle droit, d'avance, de se moquer des
Deux-Sèvres, on leur envoyait un candidat
nationaliste,et on leur disait : Prenez notre
ours, c'est le meilleur lieutenant de Dérou-
lède lui-même, et Déroulède lui-même vous
le garantit républicain. »
Alors il s'est produit ce phénomène que
les républicains sont partis, en se bouchant
le nez,et se sont dit ; Pour que celui-ci soit
recommandé par Déroulède, il faut que son
nationalisme soit d'une nature particuliè-
rement dangereuse ; et, en effet,le candidat
que M. Déroulède présentait comme répu-
blicain, n'était autre que l'inventeur du
boulangisme. Républicains de toutes nuan-
ces se sont donc empressés d'aller s'affirmer
sur les noms de MM. Gentil et Toutant. Il
n'y a même pas eu besoin d'un second tour,
la question posée était trop claire ; l'élec-
tion a été faite au premier tour.
Maintenant, sous les orangers de Saint-
Sébastien, M. Déroulède peut méditer sur
le peu de goût que montrent les électeurs
pour le coup d'Etat. Nous l'avons déjà dit :
un plébiscite ça ne se propose qu'après
coup d'Etat. Une fois le coup d'Etat réussi,
l'électeur libre refuse de répondre, et l'é-
lecteur moutonnier et tremblant va voter :
oui, on est donc certain dé recueillir l'una-
nimité des votants. En outre, on a les ur-
nes qui conviennent pour cette opération.
Mais avant le coup d'Etat, il ne faut point
parler de plébiscite, personne en France n'i-
gnore que plébiscite veut dire : empire,
Waterloo, Sedan.
Faites d'abord votre coup d'Etat, mon-
sieur Déroulède; et ne nous parlez de plé-
biscite que lorsque les républicains seront
tués, déportés, emprisonnés et bâillonnés.
C'est la méthode, — Ch. B.
AUTOUR D'UN CADAVRE
Les agents du 19' arrondissement étaient re-
quis, après-midi, par M. Douzet, marchand de
vins, 27, rue de BelleTille, pour transporter le
corps inanimé d'un passementier, Eugène La-
boissette, vingt-six ans, demeurant 227, rue
des Pyrénées, qui venait d'être frappé de con-
gestion.
Au moment'où les agents déposaient le mal-
heureux dans un fiacre, ils se rendirent compte
qu'ils avaient transporté un cadavre.
Pendant qu'ils recherchaient la « procédure
légale » à suivre en pareille circonstance, une
fille Marie Aubin, âgée de dix-neuf ans. de-
meurant 70, rue Rébeval, aborda les agents et
se mit à les inj urier.
La fille, enhardie par la boisson et par quel-
ques souteneurs, se rua sur l'agent Victor
Noël. l'égratigna et le mordit cruellement à la
main droite.
En fin de compte, les agents se saisirent de
la jeune bacchante, qui fut conduite au com-
.missariat de M. Amat.., de là «u Dépôt..
COIN DE RUE
Une maison de la rue de Paradis. —
L'auberge du Soleil d'or. - Une
légende de la Révolution. —
Comment ils écrivent
l'histoire !
La Ville de Paris a acheté à M. Bergeron, le
célèbre médecin des hôpitaux, l'ancien expert
médical auprès des Tribunaux, une maison
située à l'angle de la rue Paradis-Poissonnière
et du Faubourg Saint-Denis, afin de pouvoir
procéder à l'élargissement partiel de la rue de
Paradis qui là est fort étroite.
Cette maison, que va remplacer bientôt un
nouvel immeuble, a été bâtie sur l'emplace-
ment d'un ancien jardin où Jean Fromentin
cultivait les roses et les anthémis qui ve-
naient de faire leur apparition à Versailles
pour fleurir les salons de Mme de Pompadour.
A la Révolution c'était un cabaret : Au Soleil
d'or.
La maison n'a pas grande chronique à nous
raconter et nous n'en aurions point parlé si
elle ne nous donnait l'occasion de faite justice
d'une des nombreuses et ineptes légendes que
les écrivains royalistes ont inventées sur le
compte de la Révolution,dt ses hommes et de
ses œuvres, comme celle des Jeunes Vierges
de Verdun, des tombeaux de Saint Denis, du
jeune Loizerolles, du verre de sang de Mlle de
Sombreuil, etc.
Lioriquets catholiques
Les écrivains catholiques, plus épris.comme
d'habitude,d'anecdotes larmoyantes et fantai-
sistes que de vérité historique ,ont écrit que le
jour où Mme de Montmorency, la dernière ab-
besse de Montmartre, fut extraite de Saint-La-
zare et conduite au supplice,elle se trouva sur
la fatale charrette avec quinze de ses religieu-
ses. Pendant le funèbre voyage, elles auraient
chanté le pieux cantique :
Je mets ma confiance
Vierge, en votre secours 1 etc.
Or, à l'auberge du Soleil d'Or,dans la maison
du coin de la rue de Paradis, des sans-culottes
attablés à un banquet patriotique, criblèrent
la voiture de pierres et voulurent forcer les
saintes épouses du Christ à chanter le Chant
du Départ. A la portière, Mme de Montmo-
rency, « illuminée d'une beauté suprême », en
imposa aux féroces bourreaux et les saintes
fllles, intrépides et charmantes, répétèrent jus-
qu'au pied de l'échafaud sanglant, leur pieux
refrain.
Ce n'est pas mal comme mise en scène; le
scenario est bien charpenté et bien des yeux
ont dû pleurer à ces récits terribles, bien des
lèvres ont dû vouer à l'éternel supplice.ces
bandits lâches et cruels.
Canard royaliste
Il n'a, ce beau et sentimental récit, qu'un
seul défaut : c'est que, comme la jument de
Roland, il n'a pu exister.
Le Chant du Départ ne fut composé par Marie
Joseph Chénier qu'après le 9Thermidor, 6 mois
au moins après le supplice ; de plus il n'y avait
pas une, pas une seule religieuse de Montmar-
tre parmi les victimes qui prirent avec Mme
de Montmorency-Laval, le chemin de la Bar-
rière-Renversée (ancienne place du Trône).
Parmi ses compagnons nous voyons, Maillé
Soyecourt, Vregène, de Berulle, de Saint-
Aignan de Montesquiou, ex-nobles, des do-
mestiques, des gardes du corps, des chevaliers
du poignard, mais de religieuses de Montmar-
tre point.
Et voilà comme les Loriquets ont écrit l'his-
toire de la Révolution dont on a fait un conte
de Barbe-Bleue avec lequel nous ont bercé nos
grand' mères.- A. C.
Voir à la 3° page
LES DERNIÈRES DÉPÊCHES
de la nuit et la
REVUE DES JOURNAUX
du matin
LA CHALEUR
Toujours chaud. — Les accidents. -
Phénomène dans les Pays-Bas
L'orage que nous avons signalé hier* n'a pas
suffi à rafraîchir le temps : et comme aucu-
ne autre averse n'est venue compléter
l'œuvre de cette faible ondée, le soleil a fait
tout autant de victimes que la veille.
Les insolations
C'est ainsi que François Mazuet, vingt-cinq
ans, tombé sur la chaussée, a dû être ramené
à son domicile, 6, passage Bouchardy.
Pierre Wins, employé de commerce, a dû
être également recunduit chez lui, rueGodefroy-
Cavaignac.
Vers quatre heures du matin, la nuit der-
nière, deux passants aperce rant un indi vidu
étendu sur un banc du boulevard des Italiens,
constatèrent en s'approchant que le pauvre
homme était mort.
En l'absence de pièces d'identité, le cadavre
a été transporté à la morgue.
Pendant qu'il me tait au four les manettes
contenant la pâte, un garçon boulanger, Bou-
try, est tombé mort, terrassé par une conges-
tion. Disons ici qu'une erreur sur l'identité du
boulanger a fait qu'on a d'abord prévenu du
décès la famille d'un autre ouvrier, qui a été
plongée dans la désolation jusqu'à ce que la
fausse nouvelle eût élé démentie.
Une porteuse de pain, Léonie Moudet, 28
ans, demeurant 23, impasse de Montfaucon a
été frappée d'insolation rue de Flandre; elle a
été transportée à Lariboisière.
Marie Mollet, 52 ans, ménagère, 24, rue de
Meaux, tombée boulevard de la Villette, a été
transportée aussi à Lariboisière.
Joannès Marville. trente-trois ans, camelot,
98. boulevard de Belleville, a été frappé d'inso-
lation place de la République; transporté éga-
lement à Lariboisière.
Un charretier, Nicolas Gotlib, vingt-six ans,
demeurant 94, rue Riquet, déchargeait sa voi-
ture, 23, rue Secrétan, lorsqu'il tomba d'une
échelle, frappé de congestion.
Gotlib a été dirigé sur l'hôpital Saint-
Louis.
Un garçon de lavoir, Emile Lafond, âgé de
vingt-sept ans, frappé d'insolation sur le quai
Valmy, a été transporté à son tour à Saint-
Louis.
Dans la banlieue
Les environs de Paris ont encore été très
éprouvés.
Un magasinier, Nicolas Lorrain, trente-deux
ans, employé dans une fabrique de produits
chimiques, rue Hoche, à Pantin, a été frappé
d'insolation.
La mort a été foudroyante. Le corps du défunt
a été transporté à son domicile, 70 impasse
Montferrat.
— Route d'Auberviliers. à Pantin, également
un ouvrier, Louis Ritzer, quarante ans, est
tombé sur le trottoir. Il a dû être conduit à
l'hôpital Lariboisière.
- Un facteur des postes, Eugène Charpitot,
cinquante ans, est tombé, hier matin, rue
Charron, foudroyé par une insolation. L'em-
ployé n'a pu être ranimé.
— Mine Marguerite L.,.. femme d'une nhar-
macien de la Plaine-Saint-Denis, âgée de vingt
ans, était frappé d'insolation. Prise des dou-
leurs de l'enfantement, elle ne tarda pas à suc-
comber.
— Hier matin, à neuf heures, un enfant de
onze ans, Gabriel Raymond qui habite rue
Renan, à Saint-Ouen, jouait sur la place de la
Mairie, Pris de congestion, il a été transporté
au domicile de ses parents.
— Un rentier de Croy, M. Walter, dont
plusieurs parents habitent Saint-Denis, a suc-
combé à une attaque d'apoplexie provoquée
par la chaleur.
La similitude de nom avait fait croire un
moment que c'était M. Walter, député de St-
Denis, qui était mort, et le bruit s'en était
répandu dans la ville.
—A Clichy, un eharretier,Théophile Toiton,
45 ans, demeurant rue de Lorraine, a été
trouvé mort dans son tombereau, à quatre heu-
res du soir, devant sa maison.
Une heure plus tard, rue Trouillet, est tombé
un employé du chemin de fer, Léon Gougelin,
trente-sept ans.
Il a été conduit à Beaujon.
—A Levallois-Perret, un ouvrier gazier.Léo-
pold Travezier, quarante-trois ans, demeurant
rue de Poitou à Paris, est tombé en traversant
le pont de Biais.
En Province et à l'Etranger
Un orage, au cours duquel la grêle est tom-
bée abondamment, a éclaté à Montbrison et à
Fleurs, près de Saint-Etienne.
La vigne et les céréales sur pied sont très
gravement endommagées.
Un violent orage a éclaté également sur
Auxerre. La pluie tombait à torrents. Les ca-
ves de la ville ont été inondées, ainsi qu'un
grand nombre de magasins.
Les sapeurs-pompiers et les soldats du 40
d'infanterie ont passé la nuit à vider les caves
et les sous-sols de l'usine Piat et Fougerol.
La grêle a causé des dégâts dans les envi-
rons.
A Périgueux, il a fait une journée torride,
pendant laquelle le thermomètre est monté
jusqu'à 40 degrés à l'ombre.
La situation atmosphérique troublée dont
nous souffrons s'est manifestée sur la côte sep-
tentrionale de l'île du Texel (Pays-Bas) par un
extraordinaire phénomène.
Par un calme plat et une chaleur tropicale,
une vague énorme s'est élevée tout à coup de la
mer, roulant avec fracas vers le rivage et ve-
nant expirer à un demi-mètre au-dessus de la
côte.
Les plus vieux pêcheurs ne se souviennent
pas d'avoir jamais vu rien de pareil sur les
rivages de l'île.
PARIS SANS EAU
Les robinets sont desléchés. — Impré-
voyance de la Compagnie des eaux.
Nous avons été — malheureusement — bon
prophète en assurant que Paris allait manquer
d'eau pour ses besoins les plus immédiats.
La nuit dernière, en effet, l'eau a été coupée.
De sorte que si un incendie s'était déclaré dans
la ville, les premiers secours eussent été im-
possibles. Ceci est le côté grave de la question.
Nous ne redirons pas tous les multiples in-
convénients que cet état de choses peut provo-
quer, tant au point de vue des nécessités quo-
tidiennes — et nocturnes — de la vie domes-
tique que de l'hygiène la plus élémentaire. Et
Paris souffre de cette disette que les plus
ignares des Pharaons d'Egypte avaient au atté-
nuer sans mobiliser des centaines de millions.
f Un proverbe banal enseigne que gouverner
c'est prévoir. Dans la question qui nous occu-
pe,la prévoyance, vertu d'Etat. semble être le
dernier souci des hauts fonctionnaires de l'ad-
ministration des eaux. Pas un robinet ne se
desséchera, affirmaient ces fonctionnaires aux
journalistes indiscrets.
Gaspillage d'eau et d'argent
Et il se trouve des statisticiens qui ajoutent
pour prouver leur compétence :
— Voyons! nous recevons Journellement 290,000
mètres cubei d'eau. La Vanne nous en fournit
115,000, l'Avre 90,000; la Dhuys 16,000, le Loinget
le Lunain 38,000. Nous filtrons 31,000 mètres, nous
avons une réserve de 500,000 mètres. Et en défi-
nitive, ohaque habitant dispose d'une moyenne de
130 litres par jour, n'est-ce donc pas suffisant, et
dans cette mesure nos prévisions n'étaient-elles
paa raisonnables ?
M. Bouteillier, ingénieur de la direction des
eauL.isait hier :
il y a à Paris, trois grands réservoirs d'eau,
situés à Montsouris, à Saint-Cloud et à Ménilmon-
tant.
Ces réservoirs peuvent contenir cinq cent mille
mètres cubes d'eau.
Or, hier soir, ils en contenaient à peine quatre-
vingt mille mètres cubes. La situation était criti-
pue, d'autant plus que la pression, devenant d'ins-
tant en instant plus faible, les habitants des quar-
tiers élevés commençaient à ne plus recevoir d'eau.
En faisant fermer les départs de ces réservoirs,
nous récupérons, par nuit, environ oinquante
mille mètres cubes d'eau, ce que nous avons gagné
cette nuit, ce qui fait qu'en huit ou dix jours nous
aurons rattrapé ce qui nous manquait.
C'est une consolation, mais combien pré-
caire, si l'on songe aux millions que Paris a
jetés. à l'eau pour obtenir de l'eau, — si l'on
songe à ce gaspillage d'argent qu'oublie l'ad-
ministration des eaux qui reproche aux mal-
heureux contribuables de gaspiller quelques
litres d'eau pour rafraîchir une bouteille de
vin, — si l'on songe, enfin, à la situation des
malheureux boulangers qui ne peuvent pétrir
le pain que la nuit, et vont nous fournir de la
miche altérée par la fermentation de l'eau con-
servée.
Enfin, il serait logique de solliciter pour
Paris, qui n'en peut mais, un traitement moins
barbare que celui infligé aux prisonniers du
fort Chabrol qui attendaient du ciel et de Dru-
mont l'ondée bienfaisante.
-0.»
LES FÊTES DE CHERBOURG
(De notre correspondant particulier)
Cherbourg, 22 juillet.
Après avoir quitté le Bouvet et s'être rendu à
la Préfecture maritime, l'amiral Gervais s'est
dirigé vers la gare dont les quais étaient en-
vahis, bien avant le départ, par une foule nom-
breuse. Tous les états-majors des escadres
étaient venus témoigner leur sympathie à leur
chef ; le maire de Cherbourg, le général Donop
attendaient également sur le quai.
Après avoir serré la main aux personnes pré-
sentes, l'amiral est monté dans le train qui
s'est ébranlé aux cris de : « Vive Gervais 1 Vive
la marine I D
L'escadre de la Méditerranée à Brest
Brest, 22 juillet
Le vice amiral Fournier a informé le vice-
amiral Barrera, préfet maritime à Brest, que
l'escadre de la Méditerranée arrivera sur la
rade de Brest demain lundi vers deux heures de
l'après-midi.
Le maire de Brest a fait appel à la population
de la ville pour pavoiser et illuminer, à l'occa-
sion de l'arrivée de l'escadre.
Cherbourg, 22 juillet.
L'escadre de la Méditerranée, sous le com-
mandement en chef de l'amiral Fournier, a
appareillé CETTE après-midiJQQUT Brest.
LA GUERRE EN CHINE
-
Nouvelles des légations de PéIdn. -
Li-Hung-Chang mal reçu à Shan-
ghaï.
EN FRANCE
- M. Henri d'Orléans
M. Henri d'Orléans vient d'adresser au pré-
sident de la République une lettre par laquelle
il demande au chef de l'Etat à participer à
l'expédition de Chine.
M. Loubet a transmis la lettre au général
André.
EN CHINE
Les légations
La Neue Presse de Vienne publie une inter-
view de M. Yoshida, secrétaire de la légation
japonaise à Vienne ; « Je suis porté à croire,
a dit M. Yoshida, que les ministres des puis-
sances à Pékin sont encore vivants. Je crains
seulement qu'ils ne soient gardés comme ota-
ges par les Chinois, dans le but d'exercer une
pression sur les puissances ».
Le consul d'Allemagne à Che-Fou, a envoyé
la dépêche suivante :
J'ai prié le gouverneur du Chan-Toung
d'envoyer, en chinois et le plus vite possible,
à la légation d'Allemagne de Pékin, un télé-
gramme annonçant la récompense promise par
l'Empereur d'Allemagne à qui pourra sauver
un membre quelconque d'une ambassade.
Je demande aussi, dans cette dépêche, qu'on
me fasse savoir de même façon, si le ministre
des Etate-Unis pourrait télégraphier, en clair
ou en chiffres, par l'intermédiaire du Tsung-
Li-Yamen ou du gouverneur de Tsinan-Fou, à
l'office des affaires étrangères, ou à moi, ce
qui s'est passé, quelle est la situation actuelle-
ment et ce qu'on pourrait faire pour les étran-
gers enfermés dans Pékin.
Le gouverneur du Chantoung a télégraphié
dans l'après-midi à tous les consuls étrangers
résidant à Che-Fou que, d'après des nouvellos
authentiques qu'il venait de recevoir, tous les
ambassadeurs, à Pékin étaient à l'abri de tout
danger et sous la protection du gouvernement
chinois.
Un nouveau télégramme du gouverneur de
Yuan-Shi-Kaï, en date de vendredi soir, est
conçu dans les termes suivants :
« J'apprends de façon précise, de Pékin, que
tous les ministres sont saufs. Aucune maladie
ne règne parmi eux. Les autorités légales chi-
noises prennent des mesures pour les sauver et
les protéger. »
Le ministre de Chine à Washington a reçu
de Cheng un télégramme annonçant qu'un dé-
cret impérial, en date du 18 juillet, dit que
tous les ministres sont sains et saufs et que les
insurgés s'entre-tuent.
Le ministre de Chine a reçu du vice-roi de
Nankin un télégramme analogue à celui reçu
à Paris.
Li-Hung-Chang
Les journaux de Londres publient la dépê-
che suivante de Shanghaï :
Les consuls ont décidé de s'abstenir de visi-
ter en corps Li-Hung-Chang. Ils lui rendront
simplement et individuellement sa visite.
.Ils ont décidé, en outre, de lui accorder une
garde de cent hommes, sans armes.
AUX COLLABORATEURS
DE L'EXPOSITION
Le Président de la République à la
salle des Fêtes. — Les ouvriers
de l'Exposition
Le ministre du commerce et Mme Millerand
offraient hier à la salle des Fêtes une fête artis-
tique et musicale aux collaborateurs de l'Ex-
position et aux associations ouvrières qui ont
collaboré à la préparation de l'Exposition.
L'arrivée du président
A 4 h. 112, exactement, le président de la
République et Mme Loubet arrivent à la salle
des Fêtes, accompagnés de M. et Mme Mille-
rand, du général Dubois, qui inaugure ses
fonctions de secrétaire général de l'Elysée, de
M. Combarieu et de M. Poulet.
M. Loubet est reçu par M. Picard commis-
saire général,entouré de MM. Chardon, Delau-
nay -Belleville et des principaux administra-
teurs de l'Exposition.
Quinze mille personnes qui se pressaient
déjà dans l'immense vaisseau de la salle des
fêtes, saluent respectueusement le président, et
des cris de vive Loubet ! Vive la République!
éclatent dans une manifestation spontanée.
Puis le Président va prendre place aux fau-
teuils réservés, au pied de la scène.
La matinée
L'orchestre compte 630 exécutants recrutés
parmi les artistes de l'Opéra et de l'Opéra-Co-
mique, sous la direction de M. Vidal, de la
Garde Républicaine dirigée par M. Parès, et
de la musique de l'Ecole d'artillerie de Vincen-
nes que dirige M. Blin. Il est complété par les
orgues de la salle des fêtes tenues par M. Lut-
tin, le kappel-meister émérite.
La Marche aux Flambeaux, de Meyerbeer,
exécutée par l'orchestre, les musiques militai-
res et les orgues, a mis en valeur l'excellente
acoustique de la salle des Fêtes. Le premier
acte de M. de Pourceaugnac, interprété par
Miles Kalb et Leconte, MM. Coquelin cadet, de
Féraudy, Boucher, Truffier, Laugier. Villain,
Dehelly, BarraI. de la Maison de Molière ; le
deuxième acte de Guillaume Tell, interprété par
MM. Affre. Noté, Chambon et Mme Bos-
man.
Le ballet du Cid, exécuté par Mmes H. Ré-
gnier, J. Régnier. Viollat Blanc. Gallay. Beau-
vais, Couat, Parent, Charrier, Morlet, Boos,
Barbier, Meunier; MM. Stilb, Régnier, Fer-
rouilli, Baron, sous la direction de Mlle Zam-
belli et de M. Vasquez, ont été accueillis par de
chsleureaux applaudissements. Enfin, l'orches-
tre et les musiques militaires ont exécuté la
Marseillaise.
Notre hymne national a été l'occasion d'une
admirable démonstration républicaine et pa-
triotique.
A six heures, M. Loubet quittait la salle des
Fêtes par l'avenue de Lamotte-Piquet, salué
par de chaleureuses acclamations.
00
A U MEMOIRE DE VlllEBOIS-MIREUll
(De notre correspondant particulier)
Laval, 22 juillet.
Le Souvenir Français a placé à Grez-en-
Bouère, une plaque à la mémoire de Villebois-
Mareuil. L'inauguration a eu lieu aujourd'hui
et a donné lieu à des manifestations patrioti-
ques.
Le maire de cette commune est le frère du
héros de Boshof, et le château familial se
trouve aux environs.
Outre les amis et les membres de la famille,
on remarquait la présence de M. Pierson. le
consul général de la République Sud-Africaine
à Paris et de nombreuses délégations, entre
autres celles des habitants de la Mayenne ha-
bitant Paris.
L'évoque de Layal, M. Gmjl a béni la pa.
, --.- _.- - _c.-'
que que M. Messen a ensuite remise A la ma*
nicipalité.
MM. Gando.. adjoint : GodiBier, conseilla
-général ont prononcé de chaudes allocutions
dont l'émotion était partagée par tous les assis.
tants, parmi ces derniers citons M. Christian
de Villebois-Mareuil, maire de Grez-en-BGuêre.
Mlle de Villebois-Mareuil, fille du colonel, le
marquis de Saint-Aiglan, son fils et M fille,
cousins de M. de Ville bois : le capitaine Prévôt,
du 102*, de Mayenne qui a été spécialement dé-
légué du 4' corps par le général Niox, comme
ayant été longtemps au Haut-Oubanghi et ayant
servi sous les ordres du colonel ; un grand nom-
bre d'ottlciofl du 101'.
——————————— —————j--
ELECTIONS LÉGISLATIVES
DEUX-SIVRES
Deuxième circonscription de Niort
Inscrits : 15.483. Votants ; 11.061
MM. Gentil, rad 5.977 ELU
Toutant, rép. 2.763
Georges Thiébaud, nat. 2.226*
Il s agissait de remplacer M. de la Porte, ra-
dical, décédé, qui avait obtenu aux dernière.
élections législatives 7.292 voix contre 3.208 à
M. Toutant et 2.210 à M. Spronck, nationa-
liste.
-00
UNE FÊTE DE L'ART SOCIAL
Pour le peuple et pour les poètes.
«Mais quelqu'un troubla la fête Io
Un public enthousiaste.
Les mélodrames ordinaires du théâtre de la
République avaient cédé la pll1, hier après-
midi, à un spectacle d'ordre relevé, qui com-
portait notamment une conférence de M. Jean
Jaurès et la première représentation de la
pièce socialiste de notre ami M. Louis Mar-
solleau : Mais quelqu'un troubla la fête.
La matinée était organisée par le comité
général du parti socialiste et les bénéfices, qui
sont importants, serviront à l'organisation du
congrès international de cette année.
A l'ouverture des portes, qui s'est faite à une
heure, un public très nombreux est venu com-
bler la très vaste salle de l'ancien Château-
d'Eau. Tout le monde s'était fleuri la bouton-
nière de l'églantine rouge, qui est devenue
l'insigne des républicains depuis les belles ma-
nifestations du Triomphe de la République, de
Longchamp et de la dernière fête nationale.
Beaucoup de dames avaient pris place aux
balcons et aux loges.
En attendant le lever du rideau, trois mille
voix ont chanté l'Internationale et la Carma-
gnole.
A deux heures, la représentation a commen-
cé : M. Doublier a dit le Christ en bois de
Coûté; M. Xavier Privas a chanté le TestamenC
de Pierrot et M. Marcel Legay le Soleil rouge;
le superbe poème de Victor-Hugo, Civilisation
a été récité par Mme Jeannine du Bos; MM.
Manescau et Yon-Lug ont trouvé également de
bons motifs de se faire applaudir.
Des acclamations ont accueilli M. Jean Jau*
rès qui est venu parler du Thédtre social et a
montré son développement depuis le promé.
thèt d'Eschyle jusqu'à l'Ennemi du Peuple
d'Ibsen, aux Tisserands d'Hauptman et à la
pièce de M. Louis Marsolleau. qui, interdite
par la censure, allait être cependant présentée
à une assemblée purement populaire - en
séance privée, il est vrai.
De nouvelles acclamations ont salué la pé-
roraison de M. Jean Jaurès.
De nouvelles chansons du vrai poète socia-
liste J. B. Clément, de notre ami Charles Fré'
mine, dites par le grand acteur Silvain, etc.,
ont précédé la représentation de l'œuvre de
M. Louis Marsolleau. Notre collaborateur, M.
Jean Thorel a déjà fait connaître le thème de
ce bref et puissant poème.
Disons que M. Gémier a Joué avec le pitto*
resque et la force qui lui sont ordinaires sot
double rôle de paysan et d'ouvrier.
MM. Albert Mayer, Maxence Dujeu, Amyot,
Dufresne; Mmes Legat et Roggers ont composé
une interprétation parfaite.
Quant au succès? Sur la réclamation una.
nime de la salle, on a amené de force sur la
scène M. Louis Marsolleau à qui l'on a fait une
longue ovation.
Nous ne serions pas complets, si nous ne
disions combien on a félicité M. Boutié, tréso-
rier du comité socialiste, organisateur de la
fête et M. Louis Dubreuilb, le secrétaire du
même cotnité, qui a aussi contribué, dans une
large part, à la préparation de cette belle jour-
née.
M. Fournière représentait le groupe des dé-
putés socialistes.
La sortie s'est effectuée sans incident, tou-
jours au chant de l'Internationale.
Ob
UN ACCIDENT SUR
LE MÉTROPOLITAIN
Une grave nouvelle. — Aux stations. —
Un watman oublieux. — Un com-
mencement d'incendie.
Hier, vers midi, une terrible nouvelle se ré-
pandait dans Paris. Le Métropolitain comptait
son premier accident.
On racontait, entre autres choses, qu'un
train qui, à onze heures, venait de quitter la
station initiale de Viicennes, avait parcouru
huit cents mètres à une vitesse tellement verti-
gineuse qu'un homme avait été blessé en es-
sayant de sauter en bas d'une des voitures.
Nous noue sommes rendus aussitôt au siège
de la Compagnie, 31, avenue de l'Opéra, mais
les bureaux étaient vides, les employés pre-
nant hur repos dominical. Force nous futdonc
d'aller dans plusieurs stations, où nous avons
pu obtenir les renseignements que nous dési-
rions.
Il y a plusieurs versions officielles. D'après la
première, il y aurait eu plusieurs incidents b
signaler: un watman se serait blessé au poi.
gnet à la station du Palais-Royal en cassant
une glace par mégarde. Puis, par suite d'un ou-
bli du mécanicien dutrain de onzeheures trente
cinq, le convoi aurait brûlé la même statioi.
Enfin, par suite de la rupture des freins, un
autre train a dû laisser ses voyageurs à la gare
du Palais-Royal et être reconduit à vide à la
station initiale.
La seconde version officielle nous a été don-
née par l'un des employés principaux de la
gare de la Bastille. Le train de quatre heurot
trente-cinq venait, selon lui, de quitter la gare
de l'Hôtel-de-Ville, lorsque l'un des frotteurp
de la locomotrice s'enflamma communiquant
le feu au wagon suivant, tandis que l'électri-
cité manquait. Le watman descendit alors de
sa machine et éteignit un commencement d'in-
cendie, Le mécanicien conduisit alors ses voya
geurs que deux gardiens de la paix avaient pu
rassurer à la gare du Palais-Royal où ils furent
débarqués, puis ramena son train vide au dépôt
de Vincennes.
On nous assure que le watman, qui a ainsi
sauvé la vie à plusieurs centaines de personnel
recevrait une gratification de 5 francs.
Voici certes qui est bien peu pour récom-
penser, son initiative et sa présence d'esprit.
Nous espérons que la direction saura encoura-
ger de meilleure tacon ses employés qui éyivm
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