Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1900-04-29
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 29 avril 1900 29 avril 1900
Description : 1900/04/29 (N11006). 1900/04/29 (N11006).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75679454
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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AUX BUREAUX DU JOURNAL -
131, rue Montmartre, 131
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De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
No 11006. — Dimanche 29 Avril 1900 1%
7 FLORÉAL AN 108
ADMINISTRATION : tat, rue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandats à l'administrateur
NOS, LEADERS
J'ai reçu, au sujet des observations
que j'ai présentées sur les rapports de
l'armée et de la démocratie, un certain
nombre de communications qui mon-
trent combien l'opinion publique se
préoccupe de cette importante ques-
tion.
Tout en manifestant pour l'armée un
profond sentiment d'affection, tout en
apportant un désir très vif de servir ses
intérêts spéciaux, on marque cependant
que cela ne peut plus se faire de façon
aussi exclusive et que dans l'état géné-
ral dit monde et de la France, il faut
placer au premier rang la préoccupa-
tion des exigences sociales et des be-
soins économiques.
Deux problèmes bien différents sont
soulevés dans cette grosse discussion. Le
premier, d'une nature plus particulière-
ment redoutable, pose la question de sa-
voir si 1 armée, dans sa forme actuelle,
ayant été conçue pour un objet très dé-
terminé, pour une tâche extcrifcuro net-
tenaeni fixée, a toujours conservé sa
raison d'être et si l'on ne doit pas
croire que les réparations nécessaires
seront obtenues par d'autres voies. Je
ne veux pas, quant à moi, aborder un
pareil sujet, et je ne crois pas que per-
onne, dans le temps présent, prenne
la responsabilité de modifier la nature
de l'armée pour orienter différemment
notre politique européenne.
Cette solution de principe étant écar-
tée, reste le second problème : c'est îi
raison des exigences économiques et so-
ciales de trouver la forme intermédiaire
qui, en laissant à l'armée tout caractère
de force militaire offensive et perma-
nente. diminue cependant la charge so-
ciale qui ne peut pas rester aussi consi-
dérable qu'elle l'est actuellement. Par
quels moyens pourra-t-on arriver à ce
résultat ? Telle est la question qui est
actuellement posée devant l'opinion
publique.
Un des moyens,et dont j'ai eu à (n'oc-
cuper comme rapporteur de la commis-
won de l'enseignement, est certainement
! éducation physique réellement donnée
dans l'enseignement de l'Etat.
Théoriquement, les enfants dp nos
<''eoley, comme je rai. 4)1 dans mon pré-
cédent article sur le tir, sont censés re-
cevoir l'éducation physique. Les pro-
çrammes comportent,.-e»'effets pour la
gymnastique, le tir,, etc., un certain
nombre d'exercices. Mais,' en réalité,
cela ne constitue pas l'éducation physi-
que. Pour l'école primaire, les enfants
reçoivent quelques notions élémentaires
jusqu'à leur certificat d'études, après
quoi ils sont pris par le travail et se
désintéressent pour l'immense majorité
de tout effort nouveau. Pour l'enseigne-
ment secondaire, comme je l'ai expli-
qué, les élèves ne suivent les exercices
physiques que dans la limite très
étroite de l'utilité que cela peut avoir
Jour des concours spéciaux et, pour le
ï,dus grand nombre, ils se libèrent de
toute obligation de ce genre.
La réforme essentielle est dans la
création desanctions effectivesetla prin-
cipale sanction est, comme je l'ai dit
pour le tir, d'attacher à tout brevet déli-
vré au titre de l'éducation, physique le
bénéfice d'uno dispense partielle du
temps de service.
Pour l'enseignement secondaire, la
question est résolue puisque l'instruc-
tion se donne au cours des études; il
n'en est pas de mémo pour l'enseigne-
ment primaire. Mais sur ce point il est
un moyen qui peut facilement être
employé : c'est l'utilisation des sociétés
de gymnastique.
On sait combien sont nombreuses les
Rssociations d'hommes dévoués et zélés,
qui mettent leur activité et leur dévoue-
ment au service de cette cause si utile;
on sait aussi combien leurs efforts sont
le plus généralementstérilesetcomment,
malgré tant d'intelligence et de zèlo dé-
ployés, les sociétés végètent et donnent
peu de résultats. Il suffirait, pour les
vivifier et les féconder, d'en faire les
auxiliaires autorisés de l'enseignement
primaire et de leur donner, à côté des as-
sociations philomatiq-lilcsetdes polytech-
niques, à côté des cours d'adultes et des
cours complémentaires, une place offi-
cielle dans cette « plus grande école»
qu'on projette de créer pour prolonger
J'action de l'enseignement et le conti-
nuer de l'enfant à l'adulte, pour l'ame-
ner à un plus grand développement.
'Il faudrait donc dire que les Sociétés
de gymnastique auront le droit de déli-
vrer à leurs membres, qui justifieront
d'un temps déterminé de présence et
d'une instruction sérieuse, ,un brevet
d'éducation physique qui emportera le
privilège d'une réduction de temps de
service au régiment. Les conditions
d'obtention de ce diplôme seront à dé-
terminer; on pourra lesentourer de tou-
tes les garanties jugées nécessaires, ins-
tituer des jurys spéciaux, arrêter des
programmes, etc. Mais il faut créer le
diplôme.
Par là on donnera à ce mouvement
fle la gymnastique et des exercices phy-
siques une importance considérable, en
en faisant une fonction de l'enseigne-
ment national.
îlva, dès aujourd'hui,pour aççpmpïir
peltç tâche considérable, dans les so-
ciétés déjà existantes, tout un personnel
tr £ s estimé, de présidents et de profes-
seurs, qui seconderaient avec autorité
et dévouement cette transformation pro-
fonde. Ils y puiseront la récompense
de leurs efforts et s'adjoindront, par la
place nouvelle qui sera donnée à l'édu-
cation physique, des concours nouveaux
et très précieux.
De cette façon, mais de cette façon
seulement, par la sanction donnée à
cet enseignement, on aura enfin créé
l'éducation physique, indispensable à
notre puissance sociale.
A. - Gervais.
Nous publierons demain un article
de M. Lucien Victor-Meunier.
LES MANŒUVRES NATIONALISTES,
Les nationalistes, battus ré-
cemment à Poitiers — après
l'avoir été ailleurs — veulent se
faire écraser à Paris. Ils ont,
exactement à l'heure actuelle, 68
candidats aux élections munici-
pales. Naturellement ces candidats, investis
par la Ligue de la Patrie française, ont éga-
lement l'estampille de Déroulède et des clé-
ricaux, *
:A Paris, on le sait du reste, les élections
municipales ont surtout un caractéré local.
On demande bien aux candidats d'avoir des
opinions politiques très nettes,dans un sens
ou dans l'autre, mais, avant toute chose, ce
qu'on exige d'eux, c'est qu'ils connaissent
bien ces questions municipales d'intérêt
général ou de quartier qu'ils devront traiter
à l'fi ô tel-d e-Vil le. Aussi bien, dans les
quartiers où les électeurs sont représentés
par de bons conseillers municipaux, ces
derniers sont sûrs d'être toujours réélus.
Or, les candidats nationalistes sont, en
matière de questions municipales, igno-
rants comme des carpes; de plus, personne
ne les connaît dans les quartiers où ils sol-
licitent le mandat de conseiller.Voilà assu-
rément qui ne fait guère l'affaire des jour-
naux de la Patrie française. C'est pourquoi
ils essaient de transformer les élections
municipales en élections purement politi-
ques. '-
La calomnie, le mensonge,la diffamation,
l'injure, les expressions ordurières s'étalent
plus que jamais dans ces feuilles qui se di-
sent « patriotes »..Tous les honnêtes gens
do ce pays sont traînés dans la boue. Le
parti républicain est accusé de vouloir res-
susciter 4'affaire Dreyfus, ce à quoi ne songe
aucun d'entre nous. On dit encore : voter
pourles dreyfusards- et pourquoi ce qua-
lificatif ? — c'est voter pour la guerre, car
les dreyfusards sont tous des traîtres qui
préparent l'invasion étrangère ; voter pour
les nationalistes, c'est au contraire voter
pour la paix, car les nationalistes veulent
l'armée forte et respectée. Notez qu'ils par-
lent de l'armée des Mercier, des Esterhazy
et des Henry, mais pas de la vraie, celle
dont vous faites partie, vous et moi.
Eh bien ! le bon sens populaire est telle-
ment fort qu'il résiste à la prose de ces vi-
dangeurs de la presse nationaliste. Dans
aucun quartier, les candidatures nationa-
listes ne sont prises au sérieux. Les habi-
tants demandent des tramways, une Assis-
tance publique mieux organisée, l'éclai-
rage à bon marché, etc., et on leur parle
de l'affaire Dreyfus dont ils ont assez. Les
nationalistes vont donc au devant d'un
désastre. Ils ont trop oublié leur échec
lamentable aux élections des conseils géné-
raux en 1889. — Ch. B.
LEUR BONNE FOI
Un prétendu conflit. — Démenti
catégorique.
Depuis deux jours, la presse nationaliste fait
grand bruit d'un conflit qui aurait-éclaté entre
le gouvernement et l'archevêque de Paris au
sujet de l'inauguration des œuvres catholiques
à l'Exposition.
Ces journaux prétendent que le ministre des
cultes aurait refusé au cardinal de Paris, l'au-
torisation de présider à cette inauguration.
Cette nouvelle est d'autant plus inexacte que
l'archevêque n'a jamais adressé uns de-
.mande semblable au gouvernement. Mais ce
qui est mieux, c'est le récit imagine'par ia Li-
berté dans lequel il est dit que le refus du gou-
vernement fut précédé, au dernier Conseil des
ministres, d'une discussion très animée entre
MM. Waldeck-Rousseau, Millerand et Monis.
Or, M. Monis n'a pas assisté au dernier Con-
seil des ministres.
D'autre part, nous pouvons affirmer que l'ar-
chevêque de Paris avait reçu une invitation
personnelle pour l'inauguration officielle de
l'Exposition qui a eu lieu le 14 avril dernier.
Mais a cause des fètes religieuses du samedi
saint, le chef du clergé parisien a renvoyé l'in-
vitation qui lui avait été adressée.
LES GRÈVES DANS LE nORD
Grève générale à Lille
Lille, 27 avril, 2 h. soir.
M. Vincent, préfet du Nord, a convoqué ce
matin, dans son cabinet, les patrons filateurs
de coton et les délégués des ouvriers grévistes.
Les revendications générales des grévistes
sont :
l "Que le paiement ait lieu chaque semaine pour
tous les ouvriers des filatures: 2° Que les tarifs
soient affichés dans toutes les salles ; 3° Qu'on
accorde un douzième' d'augmentation à tous
les ouvriers quels qu'ils soient, de manière à
compenser la diminution des salaires provo-
quée par la réduction à onze heures de la jour-
née de travail.
Lille, 11 h. soir.
Les grévistes réunis ce soir à la maison du
Peuple,ont décidé la grève générale des fileurs,
malgré la tentative de conciliation faite ce ma-
tin par le préfet.
Les fileurs de Roubaix
Roubaix, 27 avril.
Les grèves occasionnées par l'application de
la loi fixant la journée de travail à onze heu-
res deviennent plus nombreuses. Mais quel-
ques-unes sont terminées, les ouvriers ayant
obtenu satisfaction. Hier encore le travail a
cessé dans plusieurs établissements à Roubaix
et à Tourcoing.
Les ouvriers fileurs et ratlacheurs des fila-
tures de MM. Etienne Motte, rue d'Alger, et
Mulliez frères, ont adressé à leurs patrons une
lettre collective demandant une augmentation
de 6 0/0 sur le tarif payé pendant douze heures
de travail. :
■^ ., :1; •;
LE PLACEMENT -
DES SANS-TRAVAIL
Un principe jugé. —Thèse de doctorat.
— Philanthropie et lucre. — Les
devoirs de l'Etat. — La facilité du
contrat. — Le placement gratuit.
— Comment il se pratique. —
Ses ressources, ses moyens,
ses effets, son avenir. -
Œuvres charitables. —
Syndicats ouvriers.
Si l'on reprochait au Parlement son hu-
meur changeante et sa versatilité coutn-
mière, il serait en droit de répliquer que ses
opinions, sur certains points essentiels, de-
meurent à jamais invariables. Il pourrait,
au besoin, nous citer, à titre d'exemple
frappant, cette question complexe et tou-
jours flottante des bureaux de placement,
qu'il a envisagée de manière identique
chaque fois qu'elle a été posée devant lui.
Plusieurs législateurs, en effet, l'ont très
sérieusement examinée, et si la suppression
radicale et nécessaire de ces tristes officines
n'a pas été encore votée, le principe même
du bureau de placement a ét4 condamné.
Tous les partis de la Chambre se sont trou-
vés d'accord pour juger, avec une extrême
sévérité, ce trafic incessant dont souffre
l'ouvrier et cette exploitation inavouable du
travail. Flétri par les Chambres, le bu-
reau de placement n'ose pas en appeler à
l'opinion. Les économistes, eux, ne se dé-
sintéressent pas de la question, et si la so-
lution espérée ne nous est pas donnée par
leurs systèmes, peut-être la devrons-nous à
l'ouvrage d'une grande portée que nous pré-
sentons, aujourd'hui, à nos lecteurs.
Une étude
C'est la thèse de doctorat en droit de M.
Georges Normand, qui fait œuvre éminem-
ment utile en discutant froidement la ma-
tière comme un juriste expérimenté, qui
dépouille le problème de ses considérations
gênantes et qui a l'incontestable mérite de
nous désigner, en même temps, la plaie
qu'il faut panser et le remède qu'il faut
appliquer. 11 oppose l'un à l'autre le mode
de placement gratuit, qui est un acte de
saine philanthropie et de bonne solidarité,
que la Société a le devoir d'encourager, et
le mode de placement payant, lequel est
une tare véritable pour la Société trop in-
différente qui le supporte. M. Gustave Me-
sureur fait précéder cet ouvrage, qui tient
plus de lastatistique que du discours, d'une
préface où il résume avec un art parfait
toutes les accusations justemeut portées
contre les bureaux de placement lorsqu'il
nous dit : « La liberté individuelle comme
la loyauté du contrat de travail exigent
qu'aucun intermédiaire ne se place entre
l'offre et la demande de travail entre l'ou-
vrier et le patron, qu'il convient seule-
ment de rapprocher. h
» Qu'est-ce exactement que
| Le Contrat *?
Le contrat de travail, nous renseigne l'au-
teur, intervient entre un patron, qui s'oblige A
donner un prix déterminé a un ouvrier, en
échange de services que celui-ci doit lui ren-
dre ou d'un ouvragé qu'il doit faire.
Le placement consiste à mettre en rapports
los deux parties qui veulent former un contrat
de travail et qui ont nécessairement .besoin de
se rencontrer afin de régler les conditions de
leur entente.
Une bonne institution de placement doitdonc
avpir pour but :
1* De rechercher les offres et les demandes
des parties qui cherchent à fôrrïier un contrat
de travail et qui restent inactivés parce qu'elles
s'ignorent ;
2e De grouper par professions ou industries
toutes les offres et lés demandes forniuléès dans
tout le pays où elle opère ;
3° De mettre à la disposition des intéresés,
par la publicité la plus grande, tousies rensei-
gnements désirables sur la nature et les condi-
tions des emplois demandés ou offerts ;
4° De faciliter enfin la formation du contrat
de travail entre les parties dont elle vient d'o-
pérer le rapprochement.
Quelle doit-être la mission du législateur?
il doit réglementer ou organiser. La régle-
mentation existe, depuis le décret du 26 mars
1852, mais elle est vivement critiquée. Quant
à l'organisation, il n'en a jamais été fait.
Il s'agit donc, à l'heure présente, de recher-
cher les améliorations dont la réglementation
actuelle est susceptible, ou de décider s'il ne
vaudrait pas mieux lui substituer une organi-
sation nouvelle.
Etudions l'état actuel des institutions de pla-
cement eu Fraûce. -
Toutes les institutions de placement se grou-
pent en deux catégories-principales:
lr Les unes font le placement sans rémuné-
ration spéciale pour la recherche et la mise en
rapport des offres et des demandes de travail :
quelles que soient leur nature et leurs condi-
tions d'existence et de fonctionnement, ces ins-
titutions rentrent dans la catégorie des bureaux
de placement gratuits.
2e Les autres font de la mise en contact de
l'employeur et de l'employé une source de bé-
néfices, une industrie spécialo : ils forment la
catégorie des, bureaux de placement payants.
Ne nous occupons, quant à présent, que du
Placement non payant
Il est fait :
1° Par voie de placement direct ;
2" Par œuvre charitable;
3° Par les associations dont les employeurs
ou employés font partie: syndicats profession-
niels, sociétés de secours mutuels.
4° Par les bureaux municipaux.
r Placement direct
Le placement personnel ou direct a lieu dans
tous les cas où l'employeur contracte directe-
ment et sans intormédiaire avec l'employé. A
notre époque où le contrat individuel est subs-
titué à la coutume et au règlement collectif,
cette forme de placement estpratiquee plus que
jamais, mais il est impossible d'en indiquer
l'importance numérique.
Le placement ainsi pratiqué donne des ré-
sultats considérables.
20 Placement charitable
En 1891, l'état général des opérations de
placement effectuées par 7G œuvres de bienfai-
sance accusait un total de :
132,036 demandes; 25,011 Offres ; 20,227
placements à demeure ; 107,431 placements à
la journée ou oxtraS,
L'office du Travail classe ainsi les œuvres,
destinées a procurer du travail ou des emplois.
dont la philanthropie a inspiré la fondation à
Paris : •
1. Les couvres d'assistance par le .travail ;
2' Les œuvres des diverses hospitalités de
nuit; h -- ,
3" Les offices de placement gratuits ;
4* Les couvents, refuges, homes et patrona-
ges qui s'occupeat du placement .•
-
-h
r îi' Lés écoles professionnelles publiques ou
privées ;
,-:().. ; Lés'(&u "f'tes tti'Ótqùe!r. :'
Les conditions du placement
En général, les œuvres de placement chari-
tables s'occupent de touto espèce de placement.
Le placement est gratuit pour l'employeur et
l'employé. mais dans certains refuges ou pa-
tronages, les personnes placées doivent aban-
donner, pour l'œuvre, une partie do leur denier
à Dieu, généralement 5 francs, ce qui devient
très onéreux, si la personne ne reste pas en
place longtemps ; en outre, dans plusieurs de
ces sociétés philanthropiques, il faut payer une
cotisation pour pouvoir bénéficier des avanta-
ges que procure l'œuvre.
En 1891, l'Office du Travail avait procédé à
une enquête extraordinaire et cependant 76
œuvreEl seulement avaient répondu.
En 1897, on n'a de réponse que de quelques
sociétés de bienfaisance ; aussi en addition-
nant les états mensuels dressés par le Bulletin
de l'Office du Travail, ne trouvons-nous qu'un
total de 12,743 placements à demeure et b,760
placements extra effectués par diverses sociétés
de bienfaisance : Paris compte dans ce nombre
pour 9.446 placements à demeure et 3,0915 pla-
cements extra.
Il est cerîain que ces chiffres sont inférieurs
de beaucoup à la réalité. L'infériorité de ces
chiffres provient simplement de ce que, par
discrétion, la majeure partie de ces œuvres re-
fusent do donner la statistique de lMzrs opéra-
tions..
Par les associations ouvrières
En 1891. les opérations de placement faites
par : U4 syndicats patronaux, 323 syndicats
ouvriers, 13 syndicats mixtes, 32 sociétés de
compagnons, t>9 sociétés de secours mutuels,
donnaient les résultats suivants"
Demandes Offres
d'emplois d'emplois
Synd iea (s patronaux. 22.594 20,851
ouvriers 122.666 71.639
- mixtes..,. 2.558 1.882
Sociétés de compagnons. 6.288 6.188
- secours mutuels. 35.041 33.059
189.147 133,619
C'est en vertu de l'article 6 de la loi du 21
mars 1884, que les syndicats professionnels
peuvent librement créer -et administrer des of-
fices de renseignements pour les offres et les
demandes do travail.
Dans chaque syndicats le placement est pro-
fessionnel, ce qui est excellent..
On reproche, il est vrai, aux syndicats de
désigner les ouvriers suivant l'ordre de leur
inscription sans se préoccuper des aptitudes
des ouvriers ni d-es exigences de celui qui les
cherche.
Mais c'est là un reproche qui manque tota-
lement de fondement et M. Antide Boyer en a
fait justice en constatant simplement ce qui se
passe dans les syndicats : « quand on nous de-
mando des ouvriers d'une catégorie spéciale,
a-t-il dit, nous soumettons la liste totale des
ouvriers sans emploi aux personnes qui vien-
nent en demander; nous inscrivons, à côté du
nom de ces ouvriers, toutes leurs qualités et nous
donuous l'indication des ateliers d'ou ils sor-
tent.
a Nous mettons en un mot tous les renseigne-
ments que l'ouvrier nous prie de donner à côté
de son nom ; nous montrons cette liste au pa-
tron, qui choisit, lui même, l'ouvrier qui lui
convient.* ",
• La Bourse du Travail
La Bourse du Travail répartit une subven-
tion importante entre les syndicats qui établis-
sent une permanenco pour le placement gva-
tuit
Mais elle n'accorde ces subventions qu'à la
condition que le placement soit essentiellement
gratuit.
Un certain nombre do patrons s'adressent
aux bureaux de la Bourse du travail.
Pour la boucherie, malgré les-conditions dé-
favorables do fonctionnement de la Bourse du
travail de Paris, c'est là que les patrons bou-
chers, d'accord avec le syndicat de la bouche-
rie, ont adressé leurs demandes pour recruter
leur personnel.
On peut erieore citer les coiffeurs pour les-
quels la Bourse a fait 8,!K>2 placements ei}1898,
les limonadiers-restaurateurs, les cuisiniers, les
biscùitiers, les typographes, etc.
Quel chiffre doit être atteint aujourd'hui
avec plus d6 cinquante Bourses qui se sont
créées enFrancePU suffit de rappeler les chiffres
de l'accroissement des syndicats pour s'en faire
une idée. V l' ,
Les services rendus par les Bourses du Tra-
vail ne sont plus contestables aujourd'hui, et
la progression du mouvement syndical permet
d'espérer que, dans l'avenir, cette institution
arrivera à réaliser tous les bienfaits que, dans
l'esprit de ses fondateurs, elle est appelée à
procurer. ..u-.;
M. (jieorges Normand nous apprendra à
connaître, une autre fois, -l'office des bu-
reaux municipaux, avant de nous faire, à
touches rapides, le. tableau des bureaux
payants et de mettre enfin en parallèle et'
les divers systèmes en vigueur en France
et leurs équivalents qui fonctionnent à
l'étranger.
•< , —
CHEZ LES FORAINS
Les réunions d'hier. — Le Comité des
têtes. — L'épargne foraine.
Le comité do la fête du Trône, s'est réuni hier
à 2 heures, dans log salons de son président,
M. DrnoI, 10, avenue da Trôner
Ce comité est composé,; en parties égales,
d'industriels forains et de commerçants du
quartier. M. Druel, commerçant,' présidait la
réunion assisté de MM. Lauret, forain, vice*-
présidcnt: Durand, commerçant, toésorier; De-
grusson, forain, secrétaire,
Le comité, tout entier, à été réélu par accla-
mation. L'assemblée a décidé, "sur la proposi-
tion de M. Druol, de lancer un ballon et d'or-
ganiser un feu d'artifice, pour le 14 mai, et de
rehausser encore l'éclat do cette fête par de
nouvelles attractions. si les ressources du bud-
get le permettent.
Des quêteurs seront choisis parmi les forains
et les commerçants du quartier, et iront visiter
tous les intéressés pour recueiîHr leur obole.
Chaque année, le comité réunit ainsi une
Somme de 1,200 francs. La foire au pain d'épice
est cependant une dos fêtes foraines les plus
célèbres du nfonde entier, mais - l'escarcelle de
son comité ne se grossit 'Jamais' de laxmoindre
subvention.
Au théâtre Levergeois
Dans la matinée, les participants de l'E-
pargne foraine s'étaient réunis au théâtre Le-
vergeois.
Le président,M. Bustin ,après avoir prononce
une allocution sur les résultats obtenus par
l'œuvre, a remercié le trésorier, M. Druel, et lo
secrétaire, M. ilioux, pont' le dévouement qu'ils
apportent dans l'exercice de leurs fonctions.
La lecture du compte rendu financier révèle
que l'actif s'élève à 7,680 francs.
Cette sommo a été immédiatement convertie
en actions à lots de 500 francs.
Tgus les trois ans, le capital ainsi constitué,
accru parfois des lots dont les titres ont pu
être bénéficiaires,est réparti entre tous les par-
ticiDanls do l'Eoar!!ne foraine.
L'EXPOSITION
-- ,:-.. UNIVERSELLE
La journée d'hier. - Les travaux. -
Au sujet des tickets. — Au Champ
de Mars. -Au Pavillon de la Hon-
grie. - Le Palais de la Fin-
lande. — Les Tunisiens
à Paris. — Une déléga-
tion autrichienne.
- Lesmusée8.
— Pour les
fonction-
naires.
Le nombre des entrées à l'Exposition pour
la journée du Jeudi 26 avril s'est élevé à
112,028, se décomposant ainsi :
Dans l'enceinte principale :
Lntrees payantes:
De 8 h. à 10 h. matin (2 tickets). 852
De 10 h. mat. à 6 h. soir (1 ticket).. 44.157
De 6 h. soir à la fermeture(2 tickets) 1.379
Cartes permanentes 23.296
Jetons de service,.. H , 39.6i>2
A l'Annexe do Vincennes :
bntrees payantes :
De 8 h. à 10 h. matin (2 lickets). 7
- De 10 h. matin à 6 h. soir (1 ticket). 415
Cartes permanentes. 381
Jetons de servico. , , , , 2.689
Aujourd'hui samedi, ouverture au public,
à 8 h. du matin. Fermeture des guichets à 6 h.
du soir. Prix d'entrée de 8 h. 4 10 h. én-matin,
2 tickets ; de 10 h. du m-alin à 6 h. du soir, 1
tiChùt a
La journée d'hier
La journée d'hier comprenait un programme
assez charg6 : inauguration du pavillon de la
Hongrie, ouverture du pavillon de la Finlande,
inauguration de spectacles ou de musées dé-
pendance l'Exposition, tout en étant des
entreprises privées.
Les visiteurs, pou nombreux le matin, étaient
en nombre considérable l'après-midi ; à toutes
les stations on faisait queue pour aborder lo
trottoir roulant dont l'accès était rendu plus
difficile par suite de la suppression de la plu-
part des avenues montantes où l'on consolidait
les garde-fous et où l'on passait de nouvelles
couches de peinture.
La fièvre que montrent les ouvriers travail-
lant aux divers pavillons, semblait encore plus
grande ; d'un jour à l'autre, les résultats ac-
quis sont sensibles. sans être encore défi-
nitifs.
On a installé à la porte monumentale do la
place de la Concorde deux pumas géants qui
tournent le dos aux arrivants. Un peintre badi-
geonne leur peau rêche.
Dans la rue de Paris, du côté des serres, une
trentaine de statues attendent d'être placées en
meilleurs endroits.
Elles attendant aussi leurs piédestaux. Toutes
les statues, c'est le cas de le dire, pèchent par la
base.
- Une légère critique em passant. On fait bien
de cacher les endroits réservés. Encorp faudrait-
il que l'on sût où ils se trouvent.
Il y a un de ces « buen-reliro ) enfoui dans des
pins sur le bord de la Seine, près de l'entrée
monumentale, et bien qu'irait dix ou douze
compartiments, il est fort probableque les jar-
diniors sont seuls à le cpinaitra.
Dans les sections, tout marche bien. Les étran-
gers font rapidement les Choses. 1
Nos rom MiriQteQ ont pu hier terminer plu-
sieurs de leurs sections dans les palais des In-
valides.
Elles sont très belles et d'un bon goût. jj.
( Le prix des tickets ,.
» Hier matin, le prix des tickeW avait légè-
rement baissé. Après avoir descendu à 50 cen-
times, il a remonté à GO centimes dans l'après-
midi et a été maintenu à ce prix.
Les camelots sont toujours aussi nombreux
pour vendre le ticket « qui empêche d'atten-
dre ».
Au Charap-de-Mars
Les palais du Champ-de-Mars ne seront pro-
bablement pas achevés avant le 15 mai ; on fait
encore des décorations avec du plâtre ; les sta-
tues sont, pour la plupart, dans les caisses où
le public les devine.., après avoir lu les ins-
criptions collées sur les emballages ; les vagons
font, daus certaines sections, un mouvement
de va et vient qui donne l'illusion d'une gare
de marchandises ; le public gêne les ouvriers et
les ouvriers gênent le public.
Do temps à autre, une planche tombe d'un
échafaudage et soulève des nuages de poussière
fine qui oblige les messieurs à aller prendre
un bock et fait faire la moue aux dames.
Malgré tout, l'activité est incessante, comme
la bonne humeur des visiteurs, du reste.
Au pavillon de la-Hongrie
, A dix heures et demie du matin a eu lieu
l'inauguration officielle du pavillon de la Hon-
gne, rue des Nations. -
A
grie, l'entrée du pavillon se tenaient MM. Béla
do Lukacz, ancien ministre du commerce,com-
missaire général ; de Miklos, ancien secrétaire
d'Etat, député, commissaire adjoint; Kovats,
conseiller royal, directeur de la seciion hon-
groise, etc., qui ont; reçu à leur arrivée le
comte de Volkenstein-Trollsburg, ambassadeur
d'Autriche-Hongrie et le personnel de l'ambas-
sade.
Heroun'.: parmi les personnes présentes : --
MM. Picard, commissaire général de l'Expo-
sition; Dervilié, directeur de l'exploitation;
Bouvard, Chardon, François Arago, Guasco,
François Carnot, Chalon, Masure, de Na yay de
Voldeak, baron de Malcombes, Bela Mahunka,
Alexandre de Bertha, J. de Kazy, Ivo Mallin,
Jules Kovats, Kovesky, Zollan, Balin, Louis
Jaintor et toutes les personnalités de la colo-
nie autrichienne et hongroise.
Des paroles de-bienvenue ont été échangées ;
'puis,unc visite a eu lieu à travers les différentes
sections : au vestibule roman, à la salle des
armes, à la salle des trésors, des portraits, des
œuvres d'art, etc.
Dans l'après-midi, à 3 heures, le commis-
saire général do Hongrie, M. Bela de Lukacz,
a ouvert le palais construit sur le bord de la
Seine et a donné à cette occasion une fêle aux
membres de l'Institut ainsi qu'aux représen-
tants de la presse.
Au pavillon de la Finlande
Le pavillon du grand-duché do Finlande qui
se trouve sur la ligne des palais du second rang
du quai d'Orsay est ouvert au public.
L'aspoct extérieur de l'éditicc est celui d'une
modeste église de village. Il se compose d'un
long vaisseau qui se termine en abside avec
un clocher élevé sur le chœur et surmonté d'un
pittoresque motif d'architecture reprodui-
sant sur ses différentes faces un soleil aux
rayons gladiolés. Sa hase inférieure repose sur
quatre ours gris, qui montrent leur mâchoire
menaçante. Sur la façado du palais, en about,
s'ouvre uno grande porte en plein cintre, qui
se répète, à droite et à gauche de l'abside sous
le clocher. L'archivolte de ces deux porches
est orné d'un cordon circulaire formé de tètes
de loups arctiques.
On voit dans ce pavillon, une curieuse col-
lection de modèles de bateaux voiliers, exposée
par la direction générale du pilotage et des
phares do Finlande ; l'exposition du musée
rchtyologique, figurée par toutes sortes d'ins-
truments et d'engins de pèche pour le saumon;
L s tapis exposés par l'Ecole des arts et métiers
de la Sociétértnl«ndo ;Jés.€Wïieases poteries-de la
des arts imlustriel^. > - ':
Lia Tunisie à l'Exposition , -» ,
La conférence consultative de Tunis a voté
l'envoi à l'Exposition universelle de quelques
ouvriers français de Tunisie;
La commission nommée à l'effet de désigner
les ouvriers s'est réunie à la résidence et a dé-
cidé que la délégation ouvrière de Tunisie se
composerait de onze membres et partirait en
juillet. v
Une délégation autrichienne
Le bourgmestre de Vienne, M. Strobach, ac-
compagné de nombreux conseillers m un ici-
paux antisémites, se rendra à Paris vers la fiu
de juin pour ^jsiter l'Exposition.
Le musée Nombur
Le musée Nombur, 47, avenue de la Motte-
Piquet, a été inauguré hier. Il comprend de
belles scènes dont les personnages sont abso-
lument vivants. A signaler surtout le conseil
de guerre de Rennes, d'une vérité absolue ; le
banquet des Pompiers ; les souliers de NoÕI.
Les fonctionnaires à l'Exposition
Un de nos lecteurs nous signale les diffi-
cultés qu'auront à surmonter les fonctionnaires
de province pour se rendre à l'Exposition.
Un congé de huit jours suffirait pour leur
permettre de venir à Paris, et nous avotis la
certitude que les ministres donneront à chacun
de, leurs départements toute latitude dans ce -
seos." j
Les accidenta
Il n'y a eu, hier, ni morts ni blessés à l'Ex
position, malgré l'activité déployée pour
achever les travaux le plus rapidement pos-
sible.
Toutefois, on a repêché un cadavre dans la.
Seine, en face du Trocadéro. C'était celui d'une
femme inconnue paraissant âgée. de trente ans.
Elle-a dû tomber à l'eau en dehors de l'enceinte
de l'Exposition. - <
Un incendie sans importance s'est déclaré
hier matin dans lo pavillon des Forêts, causé
par l'imprudence d'un ouvrier qui fumait sa
pipe au mépris des ordres affichés partout. Les
personnes présentes ont éteint le feu qui n'a
occasionné que des dégâts insignifiants.
Voir à la 3e page
LES DERNIÈRES DÉPÊCHES
de la nuit et la (r
REVUE DES JOURNAUX
du matin ,
* - CINQUANTE ANS APRÈS , #,
Pour le legs Wilhem. — Les quatre
mousquetaires. — « Confronta-
tion M. - Ne bougeons
-..r--::--','-'" ->". plus t
On hésite vraiment à employer le vilain mot *
si ravalé de « confrontation », pour désigner la
touchante réunion des quatre tambours survi-
vants de la 11*1 légion-do la garde nationale.
lis avaient éta'convoqués' hier pour trois heu-
res, et à trois heures précises ils étaient Ill,
exacts ati render-roas, comroo s'il se fût en- t,
cote, agi de battre un appel;, ', - .J'
Deux seulement d'entre eux, MM. Grand et -)
Blanvillain, sont toujonrs liés et causent ea
semble, sur le même banc, tandis que les deux
autres postulants, MM. Michel et Pépin, atten-
dent, ignorants sans doute que la même cause
les a réunis en ce même lieu.
r Ils sont bientôt appelés et l'on procède à
l'examen de leurs titras ; et c'est alors que pou
à peu les souvenirs reviennent, les noms pro-
noncés ne sont pas totalement inconnus : on
finit par se reconnaître, et une larme obscur-
cissant le regard, on s'embrasse, sans trop pou-
voir rien dire : l'émotion fait pleurer et retire
la voix.
Mais observons un peu les quatre vieillards,
pendant qu'on dépouille leurs dossiers.
Le doyen, vieil ami du Rappel, par qui d'ail-
leurs, et nous nous en félicitons, il a connu
l'existence de 'la rente, s'appelle M. Michel. Il
est né le 31 décembre 1812 et, par coquetterie,
se donne quatre-vingt-huit ans.11 battit le tam-
bour dans la garde nationaledu 18 janvier 1S3H
au 6 mai 1848.11 fut dans les voltigeurs ; puis
a la suppression de ce corps, dut chercher un
métier pour.nourrir ses cinq enfants. Aujour-
d'hui encore, il exerce son état, et horloger.
fait vivre sa fille et sa petite-fille. Une belle vie.
comme l'on voit. L'homme est petit, mais d'un
visage particulièrement énergique, avec ses -
yeux -trèS bleus -et, bien que fatigués, encore
bonsl Il boite légèrement.
Ses camarades, Grand et Blanvilain, ont il
peu près le même âge(quatre-vingts ans),-le nre
mior iq-opetit plus travailler, mais le second
est garçon do bureau à iapràfecturedela Seine,
et c'èslavee son costume bleu à boutons blancs
qu'il se présente, parfaitement agile encore.
Le dornior venu, M. Pépin, cordonnier, ep,
le plus jeune. Il n'a pas soixantc-quinr o
ans.
.— Gosse, l'a appelé en riant, l'un des :w.tt.cs
qu'il n'avait pas vu depuis la guerre.
Ils ont beaucoup de choses à dire, et ils, s'en
disent très peu.
C'est qu'aussi, dès qu'une question es t poséo
la réponse est pénible.
— Le frère Michel ?
— Mort. v .,. ,
Et le silence se rerait, préférable àiadouleur
de la réminiscence d'un chagrin o'adormi.
Mais ce sont des hommes, dos vrais, des soli-
des, — tous ont de belles chevelures d'argent
— et la gaieté qui leur faisait, en riant, battre
la chargo devant l'enuemi, n'a pas complète-
ment disparu. *
C'est en riant qu'ils se groupent en un en- *
droit ensoleillé, devant l'objectif d'un photo-
graphe ; ils ont l'espoir d'avoir chacun le quart
de la rente — soit cinquante neuf francs et cin-
quante centimes.
lA GRÈVE DES BLANCHISSEURS
Le calme des grévistes. — Une affiche
des patrons. — La conciliation.
Des renforts de gendarmes à cheval sont arri-
vés 'hier matin à Boulogne; la police n'a pas
eu plus que les jours précédents à intervenir
pour protéger la lifeertèilu travail que les gré-
vistes ne songent pas à menacer. Les usines
sont toujours gardées par des agents, et dos
groupes de gondarmes, escortent les voilures
chargées de linge envoyées à Paris.
C'est M. Lépinclui-raômoqui est venu encora
hier matin s'assurer que les dispositions do la
police étaient bien prisos on vue de toute éven-
tualité.
Les ouvriers qui se rendent au travail sont
peu nombreux.
Les grévistes se sont réunis dans la matinée
à la Bourse du travail de Boulogne et ont voté
la continuation de la grève.
Pendant la nuit, les patrons avaient fait
afficher l'avis suivant :
Les patrons blanchisseurs réunis au préau des
écoles au nombre de 500 environ ont approuve les
concessions faites paris chambre syndicale patro-
nale aux délégués dos ouvriers, ù savoir: que los
patrons consentent à faire un relèvement de salaira
- - - - 0 - is 1%1 t ïm*'
'Ls"" Numéro'," - '-CINQaENTI'ME(i;Í!,.
---
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL -
131, rue Montmartre, 131
fît Chez MM. LAGRANGE, CERF & C"
6, place de la Bourse, 6.
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De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
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7 FLORÉAL AN 108
ADMINISTRATION : tat, rue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandats à l'administrateur
NOS, LEADERS
J'ai reçu, au sujet des observations
que j'ai présentées sur les rapports de
l'armée et de la démocratie, un certain
nombre de communications qui mon-
trent combien l'opinion publique se
préoccupe de cette importante ques-
tion.
Tout en manifestant pour l'armée un
profond sentiment d'affection, tout en
apportant un désir très vif de servir ses
intérêts spéciaux, on marque cependant
que cela ne peut plus se faire de façon
aussi exclusive et que dans l'état géné-
ral dit monde et de la France, il faut
placer au premier rang la préoccupa-
tion des exigences sociales et des be-
soins économiques.
Deux problèmes bien différents sont
soulevés dans cette grosse discussion. Le
premier, d'une nature plus particulière-
ment redoutable, pose la question de sa-
voir si 1 armée, dans sa forme actuelle,
ayant été conçue pour un objet très dé-
terminé, pour une tâche extcrifcuro net-
tenaeni fixée, a toujours conservé sa
raison d'être et si l'on ne doit pas
croire que les réparations nécessaires
seront obtenues par d'autres voies. Je
ne veux pas, quant à moi, aborder un
pareil sujet, et je ne crois pas que per-
onne, dans le temps présent, prenne
la responsabilité de modifier la nature
de l'armée pour orienter différemment
notre politique européenne.
Cette solution de principe étant écar-
tée, reste le second problème : c'est îi
raison des exigences économiques et so-
ciales de trouver la forme intermédiaire
qui, en laissant à l'armée tout caractère
de force militaire offensive et perma-
nente. diminue cependant la charge so-
ciale qui ne peut pas rester aussi consi-
dérable qu'elle l'est actuellement. Par
quels moyens pourra-t-on arriver à ce
résultat ? Telle est la question qui est
actuellement posée devant l'opinion
publique.
Un des moyens,et dont j'ai eu à (n'oc-
cuper comme rapporteur de la commis-
won de l'enseignement, est certainement
! éducation physique réellement donnée
dans l'enseignement de l'Etat.
Théoriquement, les enfants dp nos
<''eoley, comme je rai. 4)1 dans mon pré-
cédent article sur le tir, sont censés re-
cevoir l'éducation physique. Les pro-
çrammes comportent,.-e»'effets pour la
gymnastique, le tir,, etc., un certain
nombre d'exercices. Mais,' en réalité,
cela ne constitue pas l'éducation physi-
que. Pour l'école primaire, les enfants
reçoivent quelques notions élémentaires
jusqu'à leur certificat d'études, après
quoi ils sont pris par le travail et se
désintéressent pour l'immense majorité
de tout effort nouveau. Pour l'enseigne-
ment secondaire, comme je l'ai expli-
qué, les élèves ne suivent les exercices
physiques que dans la limite très
étroite de l'utilité que cela peut avoir
Jour des concours spéciaux et, pour le
ï,dus grand nombre, ils se libèrent de
toute obligation de ce genre.
La réforme essentielle est dans la
création desanctions effectivesetla prin-
cipale sanction est, comme je l'ai dit
pour le tir, d'attacher à tout brevet déli-
vré au titre de l'éducation, physique le
bénéfice d'uno dispense partielle du
temps de service.
Pour l'enseignement secondaire, la
question est résolue puisque l'instruc-
tion se donne au cours des études; il
n'en est pas de mémo pour l'enseigne-
ment primaire. Mais sur ce point il est
un moyen qui peut facilement être
employé : c'est l'utilisation des sociétés
de gymnastique.
On sait combien sont nombreuses les
Rssociations d'hommes dévoués et zélés,
qui mettent leur activité et leur dévoue-
ment au service de cette cause si utile;
on sait aussi combien leurs efforts sont
le plus généralementstérilesetcomment,
malgré tant d'intelligence et de zèlo dé-
ployés, les sociétés végètent et donnent
peu de résultats. Il suffirait, pour les
vivifier et les féconder, d'en faire les
auxiliaires autorisés de l'enseignement
primaire et de leur donner, à côté des as-
sociations philomatiq-lilcsetdes polytech-
niques, à côté des cours d'adultes et des
cours complémentaires, une place offi-
cielle dans cette « plus grande école»
qu'on projette de créer pour prolonger
J'action de l'enseignement et le conti-
nuer de l'enfant à l'adulte, pour l'ame-
ner à un plus grand développement.
'Il faudrait donc dire que les Sociétés
de gymnastique auront le droit de déli-
vrer à leurs membres, qui justifieront
d'un temps déterminé de présence et
d'une instruction sérieuse, ,un brevet
d'éducation physique qui emportera le
privilège d'une réduction de temps de
service au régiment. Les conditions
d'obtention de ce diplôme seront à dé-
terminer; on pourra lesentourer de tou-
tes les garanties jugées nécessaires, ins-
tituer des jurys spéciaux, arrêter des
programmes, etc. Mais il faut créer le
diplôme.
Par là on donnera à ce mouvement
fle la gymnastique et des exercices phy-
siques une importance considérable, en
en faisant une fonction de l'enseigne-
ment national.
îlva, dès aujourd'hui,pour aççpmpïir
peltç tâche considérable, dans les so-
ciétés déjà existantes, tout un personnel
tr £ s estimé, de présidents et de profes-
seurs, qui seconderaient avec autorité
et dévouement cette transformation pro-
fonde. Ils y puiseront la récompense
de leurs efforts et s'adjoindront, par la
place nouvelle qui sera donnée à l'édu-
cation physique, des concours nouveaux
et très précieux.
De cette façon, mais de cette façon
seulement, par la sanction donnée à
cet enseignement, on aura enfin créé
l'éducation physique, indispensable à
notre puissance sociale.
A. - Gervais.
Nous publierons demain un article
de M. Lucien Victor-Meunier.
LES MANŒUVRES NATIONALISTES,
Les nationalistes, battus ré-
cemment à Poitiers — après
l'avoir été ailleurs — veulent se
faire écraser à Paris. Ils ont,
exactement à l'heure actuelle, 68
candidats aux élections munici-
pales. Naturellement ces candidats, investis
par la Ligue de la Patrie française, ont éga-
lement l'estampille de Déroulède et des clé-
ricaux, *
:A Paris, on le sait du reste, les élections
municipales ont surtout un caractéré local.
On demande bien aux candidats d'avoir des
opinions politiques très nettes,dans un sens
ou dans l'autre, mais, avant toute chose, ce
qu'on exige d'eux, c'est qu'ils connaissent
bien ces questions municipales d'intérêt
général ou de quartier qu'ils devront traiter
à l'fi ô tel-d e-Vil le. Aussi bien, dans les
quartiers où les électeurs sont représentés
par de bons conseillers municipaux, ces
derniers sont sûrs d'être toujours réélus.
Or, les candidats nationalistes sont, en
matière de questions municipales, igno-
rants comme des carpes; de plus, personne
ne les connaît dans les quartiers où ils sol-
licitent le mandat de conseiller.Voilà assu-
rément qui ne fait guère l'affaire des jour-
naux de la Patrie française. C'est pourquoi
ils essaient de transformer les élections
municipales en élections purement politi-
ques. '-
La calomnie, le mensonge,la diffamation,
l'injure, les expressions ordurières s'étalent
plus que jamais dans ces feuilles qui se di-
sent « patriotes »..Tous les honnêtes gens
do ce pays sont traînés dans la boue. Le
parti républicain est accusé de vouloir res-
susciter 4'affaire Dreyfus, ce à quoi ne songe
aucun d'entre nous. On dit encore : voter
pourles dreyfusards- et pourquoi ce qua-
lificatif ? — c'est voter pour la guerre, car
les dreyfusards sont tous des traîtres qui
préparent l'invasion étrangère ; voter pour
les nationalistes, c'est au contraire voter
pour la paix, car les nationalistes veulent
l'armée forte et respectée. Notez qu'ils par-
lent de l'armée des Mercier, des Esterhazy
et des Henry, mais pas de la vraie, celle
dont vous faites partie, vous et moi.
Eh bien ! le bon sens populaire est telle-
ment fort qu'il résiste à la prose de ces vi-
dangeurs de la presse nationaliste. Dans
aucun quartier, les candidatures nationa-
listes ne sont prises au sérieux. Les habi-
tants demandent des tramways, une Assis-
tance publique mieux organisée, l'éclai-
rage à bon marché, etc., et on leur parle
de l'affaire Dreyfus dont ils ont assez. Les
nationalistes vont donc au devant d'un
désastre. Ils ont trop oublié leur échec
lamentable aux élections des conseils géné-
raux en 1889. — Ch. B.
LEUR BONNE FOI
Un prétendu conflit. — Démenti
catégorique.
Depuis deux jours, la presse nationaliste fait
grand bruit d'un conflit qui aurait-éclaté entre
le gouvernement et l'archevêque de Paris au
sujet de l'inauguration des œuvres catholiques
à l'Exposition.
Ces journaux prétendent que le ministre des
cultes aurait refusé au cardinal de Paris, l'au-
torisation de présider à cette inauguration.
Cette nouvelle est d'autant plus inexacte que
l'archevêque n'a jamais adressé uns de-
.mande semblable au gouvernement. Mais ce
qui est mieux, c'est le récit imagine'par ia Li-
berté dans lequel il est dit que le refus du gou-
vernement fut précédé, au dernier Conseil des
ministres, d'une discussion très animée entre
MM. Waldeck-Rousseau, Millerand et Monis.
Or, M. Monis n'a pas assisté au dernier Con-
seil des ministres.
D'autre part, nous pouvons affirmer que l'ar-
chevêque de Paris avait reçu une invitation
personnelle pour l'inauguration officielle de
l'Exposition qui a eu lieu le 14 avril dernier.
Mais a cause des fètes religieuses du samedi
saint, le chef du clergé parisien a renvoyé l'in-
vitation qui lui avait été adressée.
LES GRÈVES DANS LE nORD
Grève générale à Lille
Lille, 27 avril, 2 h. soir.
M. Vincent, préfet du Nord, a convoqué ce
matin, dans son cabinet, les patrons filateurs
de coton et les délégués des ouvriers grévistes.
Les revendications générales des grévistes
sont :
l "Que le paiement ait lieu chaque semaine pour
tous les ouvriers des filatures: 2° Que les tarifs
soient affichés dans toutes les salles ; 3° Qu'on
accorde un douzième' d'augmentation à tous
les ouvriers quels qu'ils soient, de manière à
compenser la diminution des salaires provo-
quée par la réduction à onze heures de la jour-
née de travail.
Lille, 11 h. soir.
Les grévistes réunis ce soir à la maison du
Peuple,ont décidé la grève générale des fileurs,
malgré la tentative de conciliation faite ce ma-
tin par le préfet.
Les fileurs de Roubaix
Roubaix, 27 avril.
Les grèves occasionnées par l'application de
la loi fixant la journée de travail à onze heu-
res deviennent plus nombreuses. Mais quel-
ques-unes sont terminées, les ouvriers ayant
obtenu satisfaction. Hier encore le travail a
cessé dans plusieurs établissements à Roubaix
et à Tourcoing.
Les ouvriers fileurs et ratlacheurs des fila-
tures de MM. Etienne Motte, rue d'Alger, et
Mulliez frères, ont adressé à leurs patrons une
lettre collective demandant une augmentation
de 6 0/0 sur le tarif payé pendant douze heures
de travail. :
■^ ., :1; •;
LE PLACEMENT -
DES SANS-TRAVAIL
Un principe jugé. —Thèse de doctorat.
— Philanthropie et lucre. — Les
devoirs de l'Etat. — La facilité du
contrat. — Le placement gratuit.
— Comment il se pratique. —
Ses ressources, ses moyens,
ses effets, son avenir. -
Œuvres charitables. —
Syndicats ouvriers.
Si l'on reprochait au Parlement son hu-
meur changeante et sa versatilité coutn-
mière, il serait en droit de répliquer que ses
opinions, sur certains points essentiels, de-
meurent à jamais invariables. Il pourrait,
au besoin, nous citer, à titre d'exemple
frappant, cette question complexe et tou-
jours flottante des bureaux de placement,
qu'il a envisagée de manière identique
chaque fois qu'elle a été posée devant lui.
Plusieurs législateurs, en effet, l'ont très
sérieusement examinée, et si la suppression
radicale et nécessaire de ces tristes officines
n'a pas été encore votée, le principe même
du bureau de placement a ét4 condamné.
Tous les partis de la Chambre se sont trou-
vés d'accord pour juger, avec une extrême
sévérité, ce trafic incessant dont souffre
l'ouvrier et cette exploitation inavouable du
travail. Flétri par les Chambres, le bu-
reau de placement n'ose pas en appeler à
l'opinion. Les économistes, eux, ne se dé-
sintéressent pas de la question, et si la so-
lution espérée ne nous est pas donnée par
leurs systèmes, peut-être la devrons-nous à
l'ouvrage d'une grande portée que nous pré-
sentons, aujourd'hui, à nos lecteurs.
Une étude
C'est la thèse de doctorat en droit de M.
Georges Normand, qui fait œuvre éminem-
ment utile en discutant froidement la ma-
tière comme un juriste expérimenté, qui
dépouille le problème de ses considérations
gênantes et qui a l'incontestable mérite de
nous désigner, en même temps, la plaie
qu'il faut panser et le remède qu'il faut
appliquer. 11 oppose l'un à l'autre le mode
de placement gratuit, qui est un acte de
saine philanthropie et de bonne solidarité,
que la Société a le devoir d'encourager, et
le mode de placement payant, lequel est
une tare véritable pour la Société trop in-
différente qui le supporte. M. Gustave Me-
sureur fait précéder cet ouvrage, qui tient
plus de lastatistique que du discours, d'une
préface où il résume avec un art parfait
toutes les accusations justemeut portées
contre les bureaux de placement lorsqu'il
nous dit : « La liberté individuelle comme
la loyauté du contrat de travail exigent
qu'aucun intermédiaire ne se place entre
l'offre et la demande de travail entre l'ou-
vrier et le patron, qu'il convient seule-
ment de rapprocher. h
» Qu'est-ce exactement que
| Le Contrat *?
Le contrat de travail, nous renseigne l'au-
teur, intervient entre un patron, qui s'oblige A
donner un prix déterminé a un ouvrier, en
échange de services que celui-ci doit lui ren-
dre ou d'un ouvragé qu'il doit faire.
Le placement consiste à mettre en rapports
los deux parties qui veulent former un contrat
de travail et qui ont nécessairement .besoin de
se rencontrer afin de régler les conditions de
leur entente.
Une bonne institution de placement doitdonc
avpir pour but :
1* De rechercher les offres et les demandes
des parties qui cherchent à fôrrïier un contrat
de travail et qui restent inactivés parce qu'elles
s'ignorent ;
2e De grouper par professions ou industries
toutes les offres et lés demandes forniuléès dans
tout le pays où elle opère ;
3° De mettre à la disposition des intéresés,
par la publicité la plus grande, tousies rensei-
gnements désirables sur la nature et les condi-
tions des emplois demandés ou offerts ;
4° De faciliter enfin la formation du contrat
de travail entre les parties dont elle vient d'o-
pérer le rapprochement.
Quelle doit-être la mission du législateur?
il doit réglementer ou organiser. La régle-
mentation existe, depuis le décret du 26 mars
1852, mais elle est vivement critiquée. Quant
à l'organisation, il n'en a jamais été fait.
Il s'agit donc, à l'heure présente, de recher-
cher les améliorations dont la réglementation
actuelle est susceptible, ou de décider s'il ne
vaudrait pas mieux lui substituer une organi-
sation nouvelle.
Etudions l'état actuel des institutions de pla-
cement eu Fraûce. -
Toutes les institutions de placement se grou-
pent en deux catégories-principales:
lr Les unes font le placement sans rémuné-
ration spéciale pour la recherche et la mise en
rapport des offres et des demandes de travail :
quelles que soient leur nature et leurs condi-
tions d'existence et de fonctionnement, ces ins-
titutions rentrent dans la catégorie des bureaux
de placement gratuits.
2e Les autres font de la mise en contact de
l'employeur et de l'employé une source de bé-
néfices, une industrie spécialo : ils forment la
catégorie des, bureaux de placement payants.
Ne nous occupons, quant à présent, que du
Placement non payant
Il est fait :
1° Par voie de placement direct ;
2" Par œuvre charitable;
3° Par les associations dont les employeurs
ou employés font partie: syndicats profession-
niels, sociétés de secours mutuels.
4° Par les bureaux municipaux.
r Placement direct
Le placement personnel ou direct a lieu dans
tous les cas où l'employeur contracte directe-
ment et sans intormédiaire avec l'employé. A
notre époque où le contrat individuel est subs-
titué à la coutume et au règlement collectif,
cette forme de placement estpratiquee plus que
jamais, mais il est impossible d'en indiquer
l'importance numérique.
Le placement ainsi pratiqué donne des ré-
sultats considérables.
20 Placement charitable
En 1891, l'état général des opérations de
placement effectuées par 7G œuvres de bienfai-
sance accusait un total de :
132,036 demandes; 25,011 Offres ; 20,227
placements à demeure ; 107,431 placements à
la journée ou oxtraS,
L'office du Travail classe ainsi les œuvres,
destinées a procurer du travail ou des emplois.
dont la philanthropie a inspiré la fondation à
Paris : •
1. Les couvres d'assistance par le .travail ;
2' Les œuvres des diverses hospitalités de
nuit; h -- ,
3" Les offices de placement gratuits ;
4* Les couvents, refuges, homes et patrona-
ges qui s'occupeat du placement .•
-
-h
r îi' Lés écoles professionnelles publiques ou
privées ;
,-:().. ; Lés'(&u "f'tes tti'Ótqùe!r. :'
Les conditions du placement
En général, les œuvres de placement chari-
tables s'occupent de touto espèce de placement.
Le placement est gratuit pour l'employeur et
l'employé. mais dans certains refuges ou pa-
tronages, les personnes placées doivent aban-
donner, pour l'œuvre, une partie do leur denier
à Dieu, généralement 5 francs, ce qui devient
très onéreux, si la personne ne reste pas en
place longtemps ; en outre, dans plusieurs de
ces sociétés philanthropiques, il faut payer une
cotisation pour pouvoir bénéficier des avanta-
ges que procure l'œuvre.
En 1891, l'Office du Travail avait procédé à
une enquête extraordinaire et cependant 76
œuvreEl seulement avaient répondu.
En 1897, on n'a de réponse que de quelques
sociétés de bienfaisance ; aussi en addition-
nant les états mensuels dressés par le Bulletin
de l'Office du Travail, ne trouvons-nous qu'un
total de 12,743 placements à demeure et b,760
placements extra effectués par diverses sociétés
de bienfaisance : Paris compte dans ce nombre
pour 9.446 placements à demeure et 3,0915 pla-
cements extra.
Il est cerîain que ces chiffres sont inférieurs
de beaucoup à la réalité. L'infériorité de ces
chiffres provient simplement de ce que, par
discrétion, la majeure partie de ces œuvres re-
fusent do donner la statistique de lMzrs opéra-
tions..
Par les associations ouvrières
En 1891. les opérations de placement faites
par : U4 syndicats patronaux, 323 syndicats
ouvriers, 13 syndicats mixtes, 32 sociétés de
compagnons, t>9 sociétés de secours mutuels,
donnaient les résultats suivants"
Demandes Offres
d'emplois d'emplois
Synd iea (s patronaux. 22.594 20,851
ouvriers 122.666 71.639
- mixtes..,. 2.558 1.882
Sociétés de compagnons. 6.288 6.188
- secours mutuels. 35.041 33.059
189.147 133,619
C'est en vertu de l'article 6 de la loi du 21
mars 1884, que les syndicats professionnels
peuvent librement créer -et administrer des of-
fices de renseignements pour les offres et les
demandes do travail.
Dans chaque syndicats le placement est pro-
fessionnel, ce qui est excellent..
On reproche, il est vrai, aux syndicats de
désigner les ouvriers suivant l'ordre de leur
inscription sans se préoccuper des aptitudes
des ouvriers ni d-es exigences de celui qui les
cherche.
Mais c'est là un reproche qui manque tota-
lement de fondement et M. Antide Boyer en a
fait justice en constatant simplement ce qui se
passe dans les syndicats : « quand on nous de-
mando des ouvriers d'une catégorie spéciale,
a-t-il dit, nous soumettons la liste totale des
ouvriers sans emploi aux personnes qui vien-
nent en demander; nous inscrivons, à côté du
nom de ces ouvriers, toutes leurs qualités et nous
donuous l'indication des ateliers d'ou ils sor-
tent.
a Nous mettons en un mot tous les renseigne-
ments que l'ouvrier nous prie de donner à côté
de son nom ; nous montrons cette liste au pa-
tron, qui choisit, lui même, l'ouvrier qui lui
convient.* ",
• La Bourse du Travail
La Bourse du Travail répartit une subven-
tion importante entre les syndicats qui établis-
sent une permanenco pour le placement gva-
tuit
Mais elle n'accorde ces subventions qu'à la
condition que le placement soit essentiellement
gratuit.
Un certain nombre do patrons s'adressent
aux bureaux de la Bourse du travail.
Pour la boucherie, malgré les-conditions dé-
favorables do fonctionnement de la Bourse du
travail de Paris, c'est là que les patrons bou-
chers, d'accord avec le syndicat de la bouche-
rie, ont adressé leurs demandes pour recruter
leur personnel.
On peut erieore citer les coiffeurs pour les-
quels la Bourse a fait 8,!K>2 placements ei}1898,
les limonadiers-restaurateurs, les cuisiniers, les
biscùitiers, les typographes, etc.
Quel chiffre doit être atteint aujourd'hui
avec plus d6 cinquante Bourses qui se sont
créées enFrancePU suffit de rappeler les chiffres
de l'accroissement des syndicats pour s'en faire
une idée. V l' ,
Les services rendus par les Bourses du Tra-
vail ne sont plus contestables aujourd'hui, et
la progression du mouvement syndical permet
d'espérer que, dans l'avenir, cette institution
arrivera à réaliser tous les bienfaits que, dans
l'esprit de ses fondateurs, elle est appelée à
procurer. ..u-.;
M. (jieorges Normand nous apprendra à
connaître, une autre fois, -l'office des bu-
reaux municipaux, avant de nous faire, à
touches rapides, le. tableau des bureaux
payants et de mettre enfin en parallèle et'
les divers systèmes en vigueur en France
et leurs équivalents qui fonctionnent à
l'étranger.
•< , —
CHEZ LES FORAINS
Les réunions d'hier. — Le Comité des
têtes. — L'épargne foraine.
Le comité do la fête du Trône, s'est réuni hier
à 2 heures, dans log salons de son président,
M. DrnoI, 10, avenue da Trôner
Ce comité est composé,; en parties égales,
d'industriels forains et de commerçants du
quartier. M. Druel, commerçant,' présidait la
réunion assisté de MM. Lauret, forain, vice*-
présidcnt: Durand, commerçant, toésorier; De-
grusson, forain, secrétaire,
Le comité, tout entier, à été réélu par accla-
mation. L'assemblée a décidé, "sur la proposi-
tion de M. Druol, de lancer un ballon et d'or-
ganiser un feu d'artifice, pour le 14 mai, et de
rehausser encore l'éclat do cette fête par de
nouvelles attractions. si les ressources du bud-
get le permettent.
Des quêteurs seront choisis parmi les forains
et les commerçants du quartier, et iront visiter
tous les intéressés pour recueiîHr leur obole.
Chaque année, le comité réunit ainsi une
Somme de 1,200 francs. La foire au pain d'épice
est cependant une dos fêtes foraines les plus
célèbres du nfonde entier, mais - l'escarcelle de
son comité ne se grossit 'Jamais' de laxmoindre
subvention.
Au théâtre Levergeois
Dans la matinée, les participants de l'E-
pargne foraine s'étaient réunis au théâtre Le-
vergeois.
Le président,M. Bustin ,après avoir prononce
une allocution sur les résultats obtenus par
l'œuvre, a remercié le trésorier, M. Druel, et lo
secrétaire, M. ilioux, pont' le dévouement qu'ils
apportent dans l'exercice de leurs fonctions.
La lecture du compte rendu financier révèle
que l'actif s'élève à 7,680 francs.
Cette sommo a été immédiatement convertie
en actions à lots de 500 francs.
Tgus les trois ans, le capital ainsi constitué,
accru parfois des lots dont les titres ont pu
être bénéficiaires,est réparti entre tous les par-
ticiDanls do l'Eoar!!ne foraine.
L'EXPOSITION
-- ,:-.. UNIVERSELLE
La journée d'hier. - Les travaux. -
Au sujet des tickets. — Au Champ
de Mars. -Au Pavillon de la Hon-
grie. - Le Palais de la Fin-
lande. — Les Tunisiens
à Paris. — Une déléga-
tion autrichienne.
- Lesmusée8.
— Pour les
fonction-
naires.
Le nombre des entrées à l'Exposition pour
la journée du Jeudi 26 avril s'est élevé à
112,028, se décomposant ainsi :
Dans l'enceinte principale :
Lntrees payantes:
De 8 h. à 10 h. matin (2 tickets). 852
De 10 h. mat. à 6 h. soir (1 ticket).. 44.157
De 6 h. soir à la fermeture(2 tickets) 1.379
Cartes permanentes 23.296
Jetons de service,.. H , 39.6i>2
A l'Annexe do Vincennes :
bntrees payantes :
De 8 h. à 10 h. matin (2 lickets). 7
- De 10 h. matin à 6 h. soir (1 ticket). 415
Cartes permanentes. 381
Jetons de servico. , , , , 2.689
Aujourd'hui samedi, ouverture au public,
à 8 h. du matin. Fermeture des guichets à 6 h.
du soir. Prix d'entrée de 8 h. 4 10 h. én-matin,
2 tickets ; de 10 h. du m-alin à 6 h. du soir, 1
tiChùt a
La journée d'hier
La journée d'hier comprenait un programme
assez charg6 : inauguration du pavillon de la
Hongrie, ouverture du pavillon de la Finlande,
inauguration de spectacles ou de musées dé-
pendance l'Exposition, tout en étant des
entreprises privées.
Les visiteurs, pou nombreux le matin, étaient
en nombre considérable l'après-midi ; à toutes
les stations on faisait queue pour aborder lo
trottoir roulant dont l'accès était rendu plus
difficile par suite de la suppression de la plu-
part des avenues montantes où l'on consolidait
les garde-fous et où l'on passait de nouvelles
couches de peinture.
La fièvre que montrent les ouvriers travail-
lant aux divers pavillons, semblait encore plus
grande ; d'un jour à l'autre, les résultats ac-
quis sont sensibles. sans être encore défi-
nitifs.
On a installé à la porte monumentale do la
place de la Concorde deux pumas géants qui
tournent le dos aux arrivants. Un peintre badi-
geonne leur peau rêche.
Dans la rue de Paris, du côté des serres, une
trentaine de statues attendent d'être placées en
meilleurs endroits.
Elles attendant aussi leurs piédestaux. Toutes
les statues, c'est le cas de le dire, pèchent par la
base.
- Une légère critique em passant. On fait bien
de cacher les endroits réservés. Encorp faudrait-
il que l'on sût où ils se trouvent.
Il y a un de ces « buen-reliro ) enfoui dans des
pins sur le bord de la Seine, près de l'entrée
monumentale, et bien qu'irait dix ou douze
compartiments, il est fort probableque les jar-
diniors sont seuls à le cpinaitra.
Dans les sections, tout marche bien. Les étran-
gers font rapidement les Choses. 1
Nos rom MiriQteQ ont pu hier terminer plu-
sieurs de leurs sections dans les palais des In-
valides.
Elles sont très belles et d'un bon goût. jj.
( Le prix des tickets ,.
» Hier matin, le prix des tickeW avait légè-
rement baissé. Après avoir descendu à 50 cen-
times, il a remonté à GO centimes dans l'après-
midi et a été maintenu à ce prix.
Les camelots sont toujours aussi nombreux
pour vendre le ticket « qui empêche d'atten-
dre ».
Au Charap-de-Mars
Les palais du Champ-de-Mars ne seront pro-
bablement pas achevés avant le 15 mai ; on fait
encore des décorations avec du plâtre ; les sta-
tues sont, pour la plupart, dans les caisses où
le public les devine.., après avoir lu les ins-
criptions collées sur les emballages ; les vagons
font, daus certaines sections, un mouvement
de va et vient qui donne l'illusion d'une gare
de marchandises ; le public gêne les ouvriers et
les ouvriers gênent le public.
Do temps à autre, une planche tombe d'un
échafaudage et soulève des nuages de poussière
fine qui oblige les messieurs à aller prendre
un bock et fait faire la moue aux dames.
Malgré tout, l'activité est incessante, comme
la bonne humeur des visiteurs, du reste.
Au pavillon de la-Hongrie
, A dix heures et demie du matin a eu lieu
l'inauguration officielle du pavillon de la Hon-
gne, rue des Nations. -
A
grie, l'entrée du pavillon se tenaient MM. Béla
do Lukacz, ancien ministre du commerce,com-
missaire général ; de Miklos, ancien secrétaire
d'Etat, député, commissaire adjoint; Kovats,
conseiller royal, directeur de la seciion hon-
groise, etc., qui ont; reçu à leur arrivée le
comte de Volkenstein-Trollsburg, ambassadeur
d'Autriche-Hongrie et le personnel de l'ambas-
sade.
Heroun'.: parmi les personnes présentes : --
MM. Picard, commissaire général de l'Expo-
sition; Dervilié, directeur de l'exploitation;
Bouvard, Chardon, François Arago, Guasco,
François Carnot, Chalon, Masure, de Na yay de
Voldeak, baron de Malcombes, Bela Mahunka,
Alexandre de Bertha, J. de Kazy, Ivo Mallin,
Jules Kovats, Kovesky, Zollan, Balin, Louis
Jaintor et toutes les personnalités de la colo-
nie autrichienne et hongroise.
Des paroles de-bienvenue ont été échangées ;
'puis,unc visite a eu lieu à travers les différentes
sections : au vestibule roman, à la salle des
armes, à la salle des trésors, des portraits, des
œuvres d'art, etc.
Dans l'après-midi, à 3 heures, le commis-
saire général do Hongrie, M. Bela de Lukacz,
a ouvert le palais construit sur le bord de la
Seine et a donné à cette occasion une fêle aux
membres de l'Institut ainsi qu'aux représen-
tants de la presse.
Au pavillon de la Finlande
Le pavillon du grand-duché do Finlande qui
se trouve sur la ligne des palais du second rang
du quai d'Orsay est ouvert au public.
L'aspoct extérieur de l'éditicc est celui d'une
modeste église de village. Il se compose d'un
long vaisseau qui se termine en abside avec
un clocher élevé sur le chœur et surmonté d'un
pittoresque motif d'architecture reprodui-
sant sur ses différentes faces un soleil aux
rayons gladiolés. Sa hase inférieure repose sur
quatre ours gris, qui montrent leur mâchoire
menaçante. Sur la façado du palais, en about,
s'ouvre uno grande porte en plein cintre, qui
se répète, à droite et à gauche de l'abside sous
le clocher. L'archivolte de ces deux porches
est orné d'un cordon circulaire formé de tètes
de loups arctiques.
On voit dans ce pavillon, une curieuse col-
lection de modèles de bateaux voiliers, exposée
par la direction générale du pilotage et des
phares do Finlande ; l'exposition du musée
rchtyologique, figurée par toutes sortes d'ins-
truments et d'engins de pèche pour le saumon;
L s tapis exposés par l'Ecole des arts et métiers
de la Société
des arts imlustriel^. > - ':
Lia Tunisie à l'Exposition , -» ,
La conférence consultative de Tunis a voté
l'envoi à l'Exposition universelle de quelques
ouvriers français de Tunisie;
La commission nommée à l'effet de désigner
les ouvriers s'est réunie à la résidence et a dé-
cidé que la délégation ouvrière de Tunisie se
composerait de onze membres et partirait en
juillet. v
Une délégation autrichienne
Le bourgmestre de Vienne, M. Strobach, ac-
compagné de nombreux conseillers m un ici-
paux antisémites, se rendra à Paris vers la fiu
de juin pour ^jsiter l'Exposition.
Le musée Nombur
Le musée Nombur, 47, avenue de la Motte-
Piquet, a été inauguré hier. Il comprend de
belles scènes dont les personnages sont abso-
lument vivants. A signaler surtout le conseil
de guerre de Rennes, d'une vérité absolue ; le
banquet des Pompiers ; les souliers de NoÕI.
Les fonctionnaires à l'Exposition
Un de nos lecteurs nous signale les diffi-
cultés qu'auront à surmonter les fonctionnaires
de province pour se rendre à l'Exposition.
Un congé de huit jours suffirait pour leur
permettre de venir à Paris, et nous avotis la
certitude que les ministres donneront à chacun
de, leurs départements toute latitude dans ce -
seos." j
Les accidenta
Il n'y a eu, hier, ni morts ni blessés à l'Ex
position, malgré l'activité déployée pour
achever les travaux le plus rapidement pos-
sible.
Toutefois, on a repêché un cadavre dans la.
Seine, en face du Trocadéro. C'était celui d'une
femme inconnue paraissant âgée. de trente ans.
Elle-a dû tomber à l'eau en dehors de l'enceinte
de l'Exposition. - <
Un incendie sans importance s'est déclaré
hier matin dans lo pavillon des Forêts, causé
par l'imprudence d'un ouvrier qui fumait sa
pipe au mépris des ordres affichés partout. Les
personnes présentes ont éteint le feu qui n'a
occasionné que des dégâts insignifiants.
Voir à la 3e page
LES DERNIÈRES DÉPÊCHES
de la nuit et la (r
REVUE DES JOURNAUX
du matin ,
* - CINQUANTE ANS APRÈS , #,
Pour le legs Wilhem. — Les quatre
mousquetaires. — « Confronta-
tion M. - Ne bougeons
-..r--::--','-'" ->". plus t
On hésite vraiment à employer le vilain mot *
si ravalé de « confrontation », pour désigner la
touchante réunion des quatre tambours survi-
vants de la 11*1 légion-do la garde nationale.
lis avaient éta'convoqués' hier pour trois heu-
res, et à trois heures précises ils étaient Ill,
exacts ati render-roas, comroo s'il se fût en- t,
cote, agi de battre un appel;, ', - .J'
Deux seulement d'entre eux, MM. Grand et -)
Blanvillain, sont toujonrs liés et causent ea
semble, sur le même banc, tandis que les deux
autres postulants, MM. Michel et Pépin, atten-
dent, ignorants sans doute que la même cause
les a réunis en ce même lieu.
r Ils sont bientôt appelés et l'on procède à
l'examen de leurs titras ; et c'est alors que pou
à peu les souvenirs reviennent, les noms pro-
noncés ne sont pas totalement inconnus : on
finit par se reconnaître, et une larme obscur-
cissant le regard, on s'embrasse, sans trop pou-
voir rien dire : l'émotion fait pleurer et retire
la voix.
Mais observons un peu les quatre vieillards,
pendant qu'on dépouille leurs dossiers.
Le doyen, vieil ami du Rappel, par qui d'ail-
leurs, et nous nous en félicitons, il a connu
l'existence de 'la rente, s'appelle M. Michel. Il
est né le 31 décembre 1812 et, par coquetterie,
se donne quatre-vingt-huit ans.11 battit le tam-
bour dans la garde nationaledu 18 janvier 1S3H
au 6 mai 1848.11 fut dans les voltigeurs ; puis
a la suppression de ce corps, dut chercher un
métier pour.nourrir ses cinq enfants. Aujour-
d'hui encore, il exerce son état, et horloger.
fait vivre sa fille et sa petite-fille. Une belle vie.
comme l'on voit. L'homme est petit, mais d'un
visage particulièrement énergique, avec ses -
yeux -trèS bleus -et, bien que fatigués, encore
bonsl Il boite légèrement.
Ses camarades, Grand et Blanvilain, ont il
peu près le même âge(quatre-vingts ans),-le nre
mior iq-opetit plus travailler, mais le second
est garçon do bureau à iapràfecturedela Seine,
et c'èslavee son costume bleu à boutons blancs
qu'il se présente, parfaitement agile encore.
Le dornior venu, M. Pépin, cordonnier, ep,
le plus jeune. Il n'a pas soixantc-quinr o
ans.
.— Gosse, l'a appelé en riant, l'un des :w.tt.cs
qu'il n'avait pas vu depuis la guerre.
Ils ont beaucoup de choses à dire, et ils, s'en
disent très peu.
C'est qu'aussi, dès qu'une question es t poséo
la réponse est pénible.
— Le frère Michel ?
— Mort. v .,. ,
Et le silence se rerait, préférable àiadouleur
de la réminiscence d'un chagrin o'adormi.
Mais ce sont des hommes, dos vrais, des soli-
des, — tous ont de belles chevelures d'argent
— et la gaieté qui leur faisait, en riant, battre
la chargo devant l'enuemi, n'a pas complète-
ment disparu. *
C'est en riant qu'ils se groupent en un en- *
droit ensoleillé, devant l'objectif d'un photo-
graphe ; ils ont l'espoir d'avoir chacun le quart
de la rente — soit cinquante neuf francs et cin-
quante centimes.
lA GRÈVE DES BLANCHISSEURS
Le calme des grévistes. — Une affiche
des patrons. — La conciliation.
Des renforts de gendarmes à cheval sont arri-
vés 'hier matin à Boulogne; la police n'a pas
eu plus que les jours précédents à intervenir
pour protéger la lifeertèilu travail que les gré-
vistes ne songent pas à menacer. Les usines
sont toujours gardées par des agents, et dos
groupes de gondarmes, escortent les voilures
chargées de linge envoyées à Paris.
C'est M. Lépinclui-raômoqui est venu encora
hier matin s'assurer que les dispositions do la
police étaient bien prisos on vue de toute éven-
tualité.
Les ouvriers qui se rendent au travail sont
peu nombreux.
Les grévistes se sont réunis dans la matinée
à la Bourse du travail de Boulogne et ont voté
la continuation de la grève.
Pendant la nuit, les patrons avaient fait
afficher l'avis suivant :
Les patrons blanchisseurs réunis au préau des
écoles au nombre de 500 environ ont approuve les
concessions faites paris chambre syndicale patro-
nale aux délégués dos ouvriers, ù savoir: que los
patrons consentent à faire un relèvement de salaira
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