Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-09-08
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 08 septembre 1879 08 septembre 1879
Description : 1879/09/08 (A9,N2816). 1879/09/08 (A9,N2816).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
Neuvième Année.— N- 2816. Prix du Numéro à Paris : 15 centimes. [Départements : 20 centimes Lundi 8 Septembre 1879
1 E
JOURNAL EÉPUBIICAIN CONSERVATEUR
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1 ;
IBULLETF N i ) i
\:::. i-
11
Paris, 7 septembre-11879.
--- On trouvera d'autre partune importante
dépêche qui nous arrive de Simla. Il pa-
raît qne plusieurs régiments afghans, aux-
quels il est dû un certain arriéré de solde,
se sont soulevés et ont attaqué l'ambas-
sade anglaise. La population de la ville
s'est jointe aux régiments et tous les ef-
forts de l'émir ont été impuissants pour
rétablir l'ordre. Il serait d'ailleurs assiégé
dans son palais parla foule qui a pillé l'ar-
senal et les magasins. L'hôtel de l'ambas-
sade anglaise a soutenu un véritable siège
pendant toute la journée de mercredi et
a été incendié dans la soirée. On ignore
ce qu'est devenu l'ambassadeur anglais,
Je major Ciivagnari; on ignore également
le sort du personnel de l'ambassade. Il
importe de remarquer que cette dépêche
a été expédiée de Simla et soumise par
conséquent à la censure du gouvernement
indien, qui est évidemment disposé à atté-
nuer la portée de ce soulèvement. Il nous
est, par exemple, difficile de croire qu'il s'a-
gisse d'une simple révolte des troupes cau-
sée par un défaut de paiement de la solde.
Il est probable, en effet, que dans ce cas la
population n'aurait pas pris part à cette in-
surrection. En outre, les insurgés auraient
dirigé tous leurs efforts contre l'émir et non
pas contre l'ambassadeur anglais. Nous se-
rions donc plutôt disposés à voir dans cette
révolte un fait bien autrement grave, c'est-
à-dire un soulèvement religieux causé par
la présence des étrangers dans la cité
sainte. Le vice-roi a ordonné au général
Robert de marcher en toute hâte sur Ca-
boul ; mais, si notre hypothèse est fondée,
il est à craindre qu'il n'ait bien des obsta-
cles. à surmonter et qu'il n'arrive pas à
temps pour sauver ses compatriotes, si
tant est qu'ils ne soient pas déjà massa-
crés. En tout cas, c'en est fait ou à peu
près des frontières scientifiques de lord
Beaconsfield ; il va falloir occuper l'Afgha-
nistan et cette charge pèsera lourdement
sur le budget de l'Angleterre. Lord Bea-
consfield doit quelque peu regretter au-
jourd'hui de n'avoir pas fait les élections
générales avant cette malheureuse affaire.
Le bruit de la démission de M. de Bis-
marck a couru hier. On attribuait cette
résolution à ce que la mission du feld-
maréchal de Manteuffel et l'entrevue d'A-
lexandrowo auraient été résolues contre
son avis. La Gazette nationale de Berlin
fait allusion à ces bruits et ajoute : « Dans
les cercles bien informés de Berlin, on n'a
pas appris que le prince de Bismarck ait
donné sa démission, bien que le bruit en
ait couru aux différentes Bourses de l'Eu-
rope. On est également étonné, ici, des
combinaisons sur lesquelles on a basé
cette nouvelle. » En tout cas, le calme est
loin d'être rétabli dans la presse des deux
pays. Ainsi, le Go/os discute en termes
violents les assertions de la Gazette de
l'Allemagne du Nord, relatives à la mis-
sion de M, de ManteutTel : « Ainsi, dit le
journal russe, d'après l'officieuse Gazette,
M. de Bismarck s'lm lave les mains ; il
prétend n'avoir jamais donné son avis sur
le voyage du feld-maréchal Manteuffel à
Varsovie ; ce voyage se serait effectué sans
son consentement. M. de Bismarck nous
a depuis longtemps habitués à ces sorties
étranges ; mais, en vérité, nous ne nous
attendions pas, de sa part, à un blâme Olt-
vert des actes de son souverain, car ce dé-
menti en est un. Tout le monde savait,
d'ailleurs, quepersonne ne pouvait envoyer
le feld-maréchal de Manteutfel à Varsovie,
sauf l'empereurGuillaume lui-même,et que
la mission dont il a dû s'acquitter a une
importance capitale. Nous ne saurions
autrement nous expliquer le démenti offi-
cieux du prince chancelier que par l'ex-
trême irritation qu'il a dû éprouver de su-
bir une démarche politique qui lui déplai-
sait. Cela dit, nous arrivons à nous deman-
der involontairement si M. de Bismarck
ne croit pas voir un heureux rival et
un successeur possible dans M. de Man-
teuffel ? ou bien si la situation politique à
Berlin n'est pas arrivée juste au même
point qu'à Vienne, lorsque son ami M. An-
drassya dû donner sa démission? Il serait
vraiment curieux de voir l'ancien premier
ministre autrichien rendre visite à Gas-
tein à un collègue démissionnaire. sans
le savoir. En tout cas on sera désormais,
grâce au démenti de l'organe officieux du
chancelier, que la politique n'est pas ex-
clusivement dirigée par lui, et que la cour
d'Allemagne s'avise aussi parfois de sui-
vre une ligne de conduite que M. de Bis-
marck désapprouve. Dont acte, pour l'a-
venir. »
Nous avons cru devoir citer ce passage
pour montrer le point où en sont arrivés
les journaux russes. La presse allemande
De reste d'ailleurs pas en arrière. « On
peut considérer comme certain, dit le
Tageblatt de Berlin, en parlant de l'en-
trevue des deux empereurs, que si le tzar
actuel n'était plus de ce monde, l'entrevue
d'Alexandrowo, avec toutes ses consé-
quences tranquillisantes,, n'aurait proba-
blement pas eu lieu. Aussi, bien que nous
croyions à la paix pour le moment, nous
voyons encore un point noir dans les rela-
tions de l'Allemagne et de la Russie. Or,
nous sommes une nation militaire, mais
non pas une nation belliqueuse, et la pers-
pective d'une coalition pouvantunir contre
nous la Russie, qui est irritée, et la
France, qui nous garde encore une secrète
rancune, n'est pas de nature à nous rendre
îoyeux. Cependant nous n'avons pas lieu
d'envisager avec crainte le point noir que
l'avenir nous réserve. Nous avons montré
que nous étions un peuple pacifique ; mais
on a vu aussi que nous savons bravement
tenir une épée. Réjouissons-nous doncde la
paix actuelle, sûrs que nous sommes qu à
l'heure du danger la confiance en Dieu et
le courage allemand suffiront encore pour
nous protéger. »
La commission européenne chargée
d'organiser la Roumélie orientale a ter-
miné ses travaux. Elle s'est ajournée jus-
qu'à ce qu'elle soit convoquée d'un com-
mun accord par la Porte et les ambassa-
deurs. Avant de se séparer ellp a pris deux
décisions importantes. L'une porte que
toutes les publications de nature juridi-
que se feront au nom du sultan ; l'autre
abÓUt les associations de gymnastes com-
me dangereuses pour l'ordre public et la
sécurité du pays. On sait que la Russie
avait organisé ces sociétés militairement.
Un journal catholique belge annonce
que les évêques se sont réunis lundi der-
nier pour arrêter les instructions relati-
ves aux écoles officielles. Il ajoute que
ces instructions paraîtront dans quelques
jours.
E. BARBIER
""-'" --.-..
Bourse de Paris
PETITS BOURSE OU SOIS
5 0/0 U7fr85.
Turc il fr. 55.
Egvpte 6 OlO. 236 Ir. 25.
Italien /9 fr. 70, 80.
Marché nul
La Marseillaise nous convie à jouer
avec elle aux propos interrompus. Va
pour une fois, bien que ce journal ait
coutume d'éluder les discussions qu'il
soulève. Chacun sa méthode : celle de
la Marseillaise est de se dérober aux ar-
guments en lançant des injures. Ce qui
ne nous empêche point, d'ailleurs, de la
lire avec un intérêt toujours croissant.
C'est à nous que la Marseillaise adres-
se son principal article d'hier, qui débute
par trois ou quatre dénégations.
M. Henry Maret nous reproche d'avoir
pensé qu'il comptait sur un retour de la
Commune. « Il n'y a, dit-il, pas un mot de
vrai là-dedans. » Alors pourquoi donc con-
sacrer à de chaudes apologies de la Com-
mune des articles si nombreux et si vio-
lents?
M. Henry Maret nous accuse en-
core d'avoir dit qu'il attendait d'un coup
de force la réalisation de son idéal. Alors
pourquoi avoir écrit que les bons citoyens,
les citoyens selon le cœur de la Jlar-
seillaise, ne doivent point d'obéissance
aux lois qui leur déplaisent? Pourquoi
s'être ingénié, dans plusieurs articles, à
bafouer la légalité ? Notre contradicteur
veut bien déclarer aujourd'hui « que,
dans un pays de suffrage universel, il n'y
a plus de place pour l'insurrection. »
C'est notre opinion, mais c'est notre opi-
nion aussi qu'il y a place pour d'étran-
ges restrictions mentales dans les ar-
ticles de M. Maret. L'autre jour, il nous
a dit déjà « que l'insurrection n'a pas de
raison d'être dans un pays où le suffrage
universel est respecté. » Mais tout de
suite il ajoutait qu'à Bordeaux le gouver-
nement ne respectait pas le suffrage uni-
versel. Voilà deux prémisses : quelle est
la conclusion de M. Maret?
M. Henry Maret s'indigne enfin que
nous ayons pu croire qu'un fossé pro-
fond a été creusé entre son parti et
le grand parti républicain national. Si
M. Maret ne veut pas que nous le croyions,
alors pourquoi tous les efforts de la
Marseillaise tendent-ils à le faire croire?
Qu'est-ce donc que cette guerre décla-
rée par M. Maret et par ses amis à tout
le parti républicain, même radical? Et si
la Marseillaise s'est donné tant de peine
pour bien marquer la distance qui la sé-
pare non-seulement de la gauche modé-
rée, mais de l'extrême gauche de la re-
présentation nationale, pourquoi, dian-
tre ! M. Maret réclame-t-il lorsque nous
constatons le fait?
Mais enfin, si M. Maret vient à rési-
piscence, et s'il désavoue toute la politi-
que que la Marseillaise a suivie jusqu'ici,
nous supposons qu'il voudra bien expo-
ser un nouveau programme et nous dire
surtout ce qu'il veut, après nous avoir
dit ce qu'il ne veut pas. L'opinion publi-
que a le défaut de chercher avant tout
les choses claires. Elle n'aime pas que
les mêmes gens par qui elle entend van-
ter les beautés de la Commune, s'écrient
ensuite: « La Commune? jamais ! nous
n'en voulons pas ! » Elle n'aime pas que
les mêmes gens à qui elle entend répéter
que la loi est grotesque et n'oblige
personne, se donnent l'air, deux ou trois
jours après, de répudier leurs théories
révolutionnaires. Elle n'aime pas que
les mêmes gens qui ont tout fait pour
traîner dans la boue le parti de la Répu-
blique légale, viennent protester après
cela qu'aucun fossé ne les sépare du
grand parti républicain. L'opinion pu-
blique veut aussi qu'on soit d'accord
avec soi-même, et loyal dans ses discus-
sions avec ses adversaires. Mais arrê-
tons-nous, car M. Maret trouverait peut-
être que c'est lui en demander beaucoup
trop.
Il nous reste à relever une phrase de
M. Maret où nous lisons que le XIX"
Siècle a souvent applaudi ceux qui dé-
portaient et fusillaient les vaincus de
mai 1871. La Marseillaise a, paraît-il, à
son service un certain nombre d'affirma-
tions hardies. Il y a été question de la
triomphante réponse que M. Blanqui
nous a faite, — et qui n'a paru nulle
part. Il y a été question des professions
de foi des 363 qui auraient promis à leurs
électeurs l'amnistie plénière, — ces fa-
meuses professions de foi que, malgré
notre invitation pressante, la Marseil-
laise n'a pas encore retrouvées. De
même, il y est question aujourd'hui
des encouragements que le XIXe Siècle
aurait prodigués en 1871 aux exécutions
sommaires, — alors que le premier nu-
mérodu journal où nous écrivons a paru
au mois de novembre 1871.
Depuis que ce journal a été fondé, il a
exprimé une opinion toujours identique,
soit au sujet des événements de la Com-
mune, soit au sujet de l'amnistie. Il a
déploré et abhorré les événements de la
Commune et n'a fait en cela que suivre
la ligne tracée, dès le lendemain du
18 Mars , — avant les crimes qui
rendirent la Commune encore plus abo-
minable, — par la protestation collec-,
tive de toute la presse républicaine de
Paris. Mais en même temps il a compris
quel malentendu avait égaré le patrio-
tisme d'une partie de la population pari-
sienne, qui voulut et qui crut se battre
contre les monarchistes de l'Assemblée
pour la République, tandis que, pour les
chefs de la Commune, il s'agissait de
profiter du mouvement pour bouleverser
la France et procéder à la révolution so-
ciale en dictateurs. C'est pourquoi nous
avons toujours distingué, quand on a
posé la question de l'amnistie, entre l'é-
tat-major de la Commune et ses soldats.
EUG. LIÉBERT
Election de Bordeaux
Nous recevons la dépêche suivante :
Bordeaux, 5 septembre, soir.
Le congrès des délégués républicains s'est
réuni ce soir à l'Alhambra; environ 1,200 élec-
teurs étaient présents.
Deux candidats lors du scrutin d'avril,
MM. Lavertujon et Bernard, ont fait déclarer
qu'ils déclinaient toute candidature. Le con-
grès a pris acte de ces déclarations.
L'assemblée a examiné ensuite les candi-
datures de MM. Saugeon, conseiller général;
Achard, candidat au premier tour de scrutin
du 31 août; Steeg, ancien pasteur à Libourne;
Jouure, conseiller municipal ; Lalande, pré-
sident de la chambre de commerce.
Après avoir discuté longuement, ces diver-
ses candidatures, l'assemblée a procédé au
scrutin et, à une grande majorité, a désigné
M. Acliard comme candidat républicain.
M. Achard, l'ancien proscrit du 2 Dé-
cembre, est donc à Bordeaux le seul can-
didat du parti républicain.
Nous nous félicitons de cet accord, et
nous avons une entière confiance dans le
patriotisme des électeurs bordelais.
—————
Y a-t-il eu publication?
Flairez, je vous prie, cette prose, et
dites si elle ne serait pas reconnaissable
à son seul parfum, quand ce ne serait pas
dans les colonnes du Monde que nous la
trouverions. C'est une correspondance
que le pieux journal reçoit de Grenoble
au sujet de l'incident de la Salette :
Monsieur le rédacteur en chef,
Nous sortons à l'instant d'une conférenct
que Mgr Fava, évêque de Grenoble, a faite à
quatre cents prêtres de son diocèse, réunis au
grand séminaire de Grenoble, pour les exer-
cices do la première retraite. Sa Grandeur a
cru devoir nous informer que certain journal,
qui aies confidences du gouvernement, la Ré-
publique française, publie l'information sui-
vante : « Mgr Pava, évêgue de Grenoble, est
traduit comme d'abus devant le conseil d'Etrll,
pour avoir érigé en basilique l'église de la Sa
lette, en vertu d'une bulle pontificale que Sa
Grandeur n'aurait pas fait enregistrer. »
Sa Grandeur a fait remarquer d'abord que
l'évêque n'a pas le pouvoir d'ériger en basili-
que une église quelconque ; l'érection d'une
église en basili lue ne peut être faite que par
un acte du Saint-Père.
L'évêque reçoit avis de cette faveur, soit
par un décret, soit par une communication
particulière.
Dans le cas qui concerne l'église de la Sa-
lette, Mgr l'évêque de Grenoble, ne voulant
pas, vu sa récente arrivée en France et son
âge, entrer dans une voie nouvelle, que ni le
gouvernement, ni l'Eglise de France n'ont
suivie depuis longtemps, a prié le souverain-
pontife de regarder le décret d'érection de l'é-
glise de la Salette en basilique comme non
avenu. Sa Sainteté a consenti à cette propo-
sition, dans son extrême bonté, et a fait par-
venir à Mgr l'évêque de Grenoble un simple
avis, par le cardinal Nina, pour dire qu'il n'y
avait pas lieu de publier quoi que ce soit et
qu'il adoptait sa proposition.
Il paraît toutefois que le Sajnt-Pèrn n'a pas
retiré la faveur qu'il avait accordée à l'église
de la Salette.
Aussi Sa Grandeur s'est-elle autorisée de ce
silence pour croire et dire que l'église de la
Salette est désormais élevée au titre de basi-
lique mineure.
« De quoi suis-je donc coupable ? ajoute
alors monseigneur. Il n'y a point de décret,
il n'y a point de publication de décret, il n'y
a point d'exécution de décret.
» En effet, de quelle manière s'exécute un
pareil décret ? C'est par la publication, car il
n'y a aucune cérémonie particulière pour l'é-
rection d'une église en basilique. La consé-
cration de l'église de la Salette, quia été faite
le 20 août, n'est d'aucune façon l'exécution
d'un décret, vu que l'on peut consacrer toutes
les églises d'un diocèse, même le plus sim-
ples. En toute occurrence, l'église de la Salette
devait être consacrée, parce qu'elle était as-
sez importante pour l'être, n'eût-elle pas été
érigée en basilique, comme nous l'avons dit.
» Concluons, a dit monseigneur, que, même
en admettant que les deux parties contrac-
tantes, — c'est-à-dire le Saint-Siège et le gou-
vernement français, — reconnaissent l'une et
l'autre les articles organiques comme obliga-
toires, je n'ai pas contrevenu aux prescrip-
tions de l'article 1er : 1° Il n'y a pas eu de dé-
cret ; 20 il n'y a point eu de publication de
décret ; 3° il n'y a point eu d'exécution de
décret.
» 11 en résulte une chose : c'est un acte
bienveitlant du Souverain-Pontife déclarant
que l'église de la Salette est basilique mi-
neure. Je ne sache pas que cet acte, que j'ai
sollicité, il est vrai, mais dont je ne suis pas
l'auteur, puisse me rendre coupable, ni de-
vant Dieu ni devant la loi.
» Ce n'est pas là, je l'avoue, a dit monsei-
gneur ce que j'attendais. Ayant dû remplacer
Mgr Mermillod et improviser un discours où
j ai signalé la franc maçonnerie comme n'é-
tant pas étrangère aux attaques dirigées de
nos jours contre Jésus-Christ, je pensais que
quelque chef de ladite franc-maçonnerie al-
lait me répondre et contredire mon assertion.
Au lieu de cette réponse, la franc-maçonne-
rie fait silence ; c'est la République française
qui parle et offre à ses le leurs, comme pri-
meur et comme satisfaction, l'annonce que je
suis traduit comme d'abus devant le conseil
d'Etat; »
Sa Grandeur a terminé en disant : « Mes-
sieurs, votre conduite à mon égard me dira
si, en agissant comme je l'ai fait, j'ai perdu
dans votre estime et votre affection. »
UN DE vos ABONNÉS.
Et maintenant que vous avez lu, êtes-
vous plusavancé? avez-vous compris quel-
que chose à ces explications? L'église
de la Salette a-t-elle été érigée en basili-
que par décret du pape? - Oui. - Alors
M. Fava a manqué à son devoir en ne sou-
mettant pas ce décret, ainsi que le veut la
loi, à l'autorisation du gouvernement —
Non ; car M. Fava, ne voulant pas se sou-
mettre à cette autorisation humiliante, a
prié le pape de considérer son décret
comme non avenu, et le pape, « dans
son extrême bonté », y a consenti. —
Alors l'église de la Salette n'est plus ba-
silique ? — Tout au contraire : le pape
n'a pas retiré la faveur qu'il avait accor-
dée, et M. Fava s'est plu lui-même à
déclarer tout haut et se plaît à répéter
que l'église de la Salette est désormais
basilique mineure. Seulement, entendez
bien ceci, car c'est là, comme dit le rudi-
ment, que gît le lièvre, c'est là qu'a pour
but d'en venir tout ce galimatias pieux
— du moment où il n'y a pas eu publi-
cation officielle, décret publié, la loi fran-
çaise est sans prise sur la cour de Rome
et sur M. l'évêque de Grenoble.
Oh ! la doctrine ingénieuse et com-
mode ! Et que c'est une belle chose que
l'art de prouver son respect pour les lois
en les tournant !
On rend à Rome un décret ; puis, au
moment de le publier, l'évêque qui l'a
sollicité se souvient que la loi fran-
çaise a, sur la publication des décrets
romains, certaines formalités gênantes.
Eh bien ! l'affaire est simple, on ne pu-
bliera pas le décret. Seulement l'évêque
ne se fera pas faute de dire à ses fidèles
qu'il a été rendu et qu'il emporte de droit
tous ses effets. Et comme les fidèles ont
confiance dans leur évêque, comme ils
savent qu'il ne parlerait pas au nom de
Rome sans y être autorisé, il s'ensuit
que le décret est pour eux aussi public
et authentique que s'il avait été réelle-
ment publié.
Et voilà le tour joué! Aux dévots on dit:
« Il y a eu un décret rendu à Rome : l'é-
glise de la Salette est basilique mineure» ;
au gouvernement, quand il a la curio-
sité indiscrète de réclamer des explica-
tions, on répond : « De quoi vous mêlez-
vous? Il n'y a eu aucun décret publié.
Vous n'avez ici rien à voir et l'article 1er
des lois organiques rien à faire. Nous ne
savons même de quoi vous nous parlez. »
Le système estingénieux ; nousdoutons
cependant qu'il soit goûlé parle conseil
d'Etat. On pourrait bien répondre là à M.
Fava que certaines subtilités, loin d'alté-
nuer en justice la situation des accusés,
ne font que l'aggraver. La publication
d'un décret se peut faire de plusieurs fa-
çons, et M. Fava a fait cette p blication
lorsque, comme il en convient, il a lui-
même annoneé à tous que désormais No-
tre-Dame-de-la-Salette était élevée au
rang de basilique : il la fait une fois de
plus dans cette conversation même par
laquelle il essaie de se justifier. Ce que
prouve seulement sa lettre, c'est à la fois
qu'il a pris une façon détournée pour
commettre un délit, et que ce délit, il a
eu la volonté ferme de le commettre. C'est
lui qui, sachant que si le décret du Vatican
était rendu public, il ne pourrait, lui, évê-
oue français, le nubliersans l'autorisation
du gouvernement, s'est adressé à Rome
pour obtenir que ce décret ne fût pas pu-
blié 5 c'est lui qui n'a pas voulu avoir
une autorisation à demander au gouver-
nement, de son pays : M. Fava le déclare
hautement, nous pourrions dire qu'il s'en
vante. C'est lui qui a conseillé ce biais à
la chancellerie romaine: «Ne publiez rien.
Le but n'en sera pas moins atteint. Vos
ouailles n'en sauront pas moins que No-
tre-Dame de la Salette est basilique, et le
gouvernement ne pourra rien dire. »
C'est là que M. Fava s'est trompé. Le
gouvernement n'a pas pris l'escamotage
aussi gaîment qu'il l'avait cru, et M. l'é-
vêque de Grenonle aura à s'expliquer de-
vant le conseil d'Etat non-seulement
d'avoir violé la loi, mais encore d'avoir
essayé de se moquer d'elle. Il lui restera
la consolation de dire que ce sont les
francs-maçons qui se vengent puisqu'il
les avait, c'est lui qui nous l'apprend,
fort maltraités dans son discours. Ce
sera un adoucissement à ses peines, et
la franc-maçonnerie aurait tort de s'é-
mouvoir d'une calomnie épiscopale de
plus.
CHARLES BIGOT.
—— ———————.
LA MÉDECINE MILITAIRE
Au lendemain de la guerre de Crimée,
au lendemain de celle d'Italie, au lende-
main de la funeste campagne de 1870-1871,
tous les gens compétents ont dit : « Il faut
apporter une réforme radicale dans le ser
vice sanitaire de l'armée. » Cette réforme,
on l'attend toujours. De ce côté-là encore,
rien n'a été fait.
Pourquoi cette réforme? Parce que les
soldats malades et blessés ne reçoivent pas
tous les soins auxquels leur donne droit
l'humanité, d'abord, et le contrat tacite que
l'Etata passé avec eux: parce qu'ilen meurt
un nombre très considérable, victimes des
dispositions inintelligentes prises par
ceux qui ont la charge de leur santé,
charge qui a été laissée, non pas au corps
médical, mais à l'administration.
D'où viennent les principaux obstacles
apportés à la réforme demandée? Ils vien-
nent de la nonchalance des parlements et
de l'influence hostile du corps de l'inten-
dance.
On peut se demander pour quelles rai-
sons les intendants tiennent tant à con-
server la direction et le commandement
du corps de santé militaire. Ils y tiennent
pour trois raisons principales, dont cha-
cune a sa grande importance relative. C'est
d'abord pour avoir un plus grand nombre
de subordonnés, et de subordonnés, si je
puis me servir de ce mot, d'une qualité
supérieure. Certes, les commis de l'admi-
nistration ont leur mérite, mais ils ne
font pas figure dans le monde comme
des savants, des professeurs de faculté, des
académiciens, des membres de l'Institut ;
l'amour-propre des intendant.. est forcé-
ment flatté quand ils se savent comman-
dants d'un corps dans lequel on trouve un
grand nombre d'hommes occupant les po-
sitions que je viens de dire.
Ils y tiennent aussi parce que la méde-
cine militaire forme le seul lien qui les
rattache à l'armée combattante. Otez les
ambulances aux intendants, et vous les
voyez à la suite des troupes, traînant leurs
sacs de pain, leurs conserves de viandes,
le lard et le café, choses fort utiles, mais
peu nobles; tandis qu'en s'attachant à
l'ambulance, ils se rapprochent des champs
de bataille, ils sont censés aller au feu, ils
sont presque militaires.
Enfin, au point de vue des récompen-
ses, la haute direction sur les services de
santé est une admirable ressource pour les
intendants, beaucoup de décorations leur
étant toujours distribuées, à eux d'abord,
en cas d'épidémie ou à la guerre, pour
services rendus dans les hôpitaux ou dans
les ambulances.
Ajoutons enfin, et c'est triste à dire,
que les intendants, habitués à commander
aux médecins militaires, ne peuvent pas
se faire à l'idée que ceux-ci ne dépen-
draient plus d'eux et deviendraient leurs
égaux hiérarchiques. Je n'ai jamais oublié
l'expression avec laquelle me fut dite un
jour, au cours d'une discussion sur l'assi-
milation et les droits afférents aux grades,
cette parole : «Alors, un médecin pourrait
punir un intendant ! » Pour celui qui me
parlait, intendant, comme on le devine,
c'était vraiment un comble, auquel n'est
comparable aucun de ceux qu'on recher-
che aujourd'hui.
Ces raisons, toutes très humaines, ap-
puyées sur ces puissantes bases : l'amour-
propre et l'intérêt, expliquent parfaite-
ment l'hostilité des intendants àla réforme
demandée.
Mais si puissants et habiles que soient
les intendants, ils sont pourtant moins
forts que le Parlement. Pourquoi celui-ci
ne fait-il rien ?
Eh ! mon Dieu, parce qu'il ne connaît
pas la profondeur du mal qu'il s'agit de
combattre.
Si chaque député avait un fils simple
soldat sousJes drapeaux, je n'hésite pas à
dire que la question qui nous occupe se-
rait bien vite tranchée. En voyant leurs
enfants partir pour la guerre, ils diraient
tous : Ne les laissez pas mourir inutile-
ment! Nous ne pouvons nous plaindre des
blessures qui les atteindront peut- être,
mais que votre prévoyance leur épargne
au moins la maladie ! Ne les entassez pas
dans vos hôpitaux, car l'encombrement
fait naître des affections mortelles ! ne les
accumulez pas dans des espaces trop
étroits, car c'est dans l'air vicié qu'éclo-
sent les redoutables épidémies !
Voilà ce que diraient nos députés, et
avec grande raison. Et si, malgré les avis,
les observations, les incessantes prières
de quelques hommes éclairés et compé-
tents, rien n'avait été fait de ce qu'ils de-
mandaient ainsi, si leurs enfants ne leur
avaient pas été rendus, les uns morts à la
suite d'une légère blessure compliquée par
les funestes maladies nées de l'encombre-
ment, les autres morts du typhus, provo-
qué et propagé par le manque de toutes
les précautions hygiéniques, s'il en était
ainsi, que diraient-ils, nos députés, et sur-
tout que feraient-ils? Ce qu'ils diraient,
bien des mères l'ont dit; mais ce que les
mères n'ont pas pu faire, eux ils le peu-
vent, car ils ont la puissance. -
Qui n'a entendu dire à quelque cavalier
de mauvaise humeur: «Vraiment dans l'ar-
mée on prend plus de soin des chevaux
que des hommes!» Je ne dis pas cela.Certes,
dans le train de vie ordinaire, en temps
de paix, les soldats sont très bien soignés
dans nos hôpitaux militaires. Mais il est
une réflexion que je ne puis m'empê-
cher de faire : Supposons que, pendant
la guerre de Crimée, quelqu'un d'avisé,
connu pour sa haute science hippique,
très-habile et célèbre vétérinaire, fùt venu
dire aux colonels de cavalerie que, s'ils
mettaient leurs chevaux dans telles condi-
tions, les maladies épidémiques se déve-
lopperaient certainement au milieu d'eux,
et que cependant les colonels eussent
persisté dans leurs errements, et que l'é-
pidémie prévue n'eût pas tardé à éclater;
supposons encore que la morve ayant fait
son apparition et atteignant chaque jour
un grand nombre de chevaux, les colonels
se fussent obstinés, malgré les plus sup-
pliants conseils, à ne rien changer à leur
manière de faire, à ne pas isoler les che-
vaux malades, à ne pas chercher par des
mesures intelligentes à étouffer les ger-
mes de la maladie, à arrêter sa marche
envahissante, qu'aurait-on pensé de ces
hommes ? qu'aurait-on fait ? En présence
des milliers de victimes de leur ignorance
entetée, on les eut déclarés incapables, et,
peut-être, les laissant chargés d'une res-
ponsabilité qu'ils avaient tenu à assumer,
leur eût-on fait payer cher l'orgueilleuse
imprévoyance de leur conduite.
Cette supposition parait tout à fait for-
cée, et cependant, appliquée aux hommes,
elle devient une réalité. Les médecins les
plus autorisés, et surtout le regretté Mi-
chel Lévy, ont prévenu, conseillé, supplié.
Rien n'y a fait. L'intendance a donné ses
ordres entêtés, et l'on peut dire que c'est à
son appel que sont accourus le typhus et
la pourriture d'hôpital, qui valent bien la
morve et le farcin.
La conclusion de tout cela, c'est que les
maladies épidémiques, qui ont fait tant de
victimes, auraient pu être prévenues, au
moins limitées, si on eût laissé aux hy-
giénistes le soin et le pouvoir d'appliquer
les mesures de l'hygiène ; c'est que des
lois et des règlements, dont l'application a
fait mourir inutilement des milliers
d'hommes, sans que leur mort, qui était
une perte sèche pour l'Etat, une injure à
l'humanité, une douleur pour les familles,
eût servi à la victoire, c'est, dis-je, que ces
lois et règlements sont coupables; c'est
qu'il faut laisser aux médecins la direc-
tion des choses médicales et la retirer à
l'intendance, tout à fait incompétente.
Le simple bon sens le veut ainsi ; quand
l'écoutera-t-on?
X.
— :— ————————
INSURRECTION A CABOUL
Simla, 6 septembre.
L'ambassade anglaise à Caboul a été atta-
quée le 3 septembre par des régiments af-
ghans insurgés, réclamant l'arriéré de leur
solde. La populace de la ville s'est jointe aux
régiments insurgés.
L'émir a essayé d'apaiser le soulèvement
et a envoyé vers les révoltés son fils accom-
pagné de plusieurs officiers. Mais la foule n'a
rien voulu écouter.
L'émir écrit, à la date du 4, qu'il est assiégé
lui-même par la foule, qui a pillé l'arsenal et
les magasms.
L'attaque contre l'hôtel de l'ambassade an-
glaise a continué toute la journée du mer-
credi. Un incendie s'est déclaré dans la soi-
rée.
Le sort de l'ambassadeur anglais, major
Cavagaari, et du personnel de l'ambassade, est
inconnu jusqu'à présent.
Le vice-roi a ordonné au général Robert de
marcher en toute hâte sur Caboul. Des trou-
pes vont rester à C indahar. La concentration
des troupes anglaises sur les frontières de
l'Afghanistan est ordonnée.
o
LETTRES DE LAUSANNE
n •
Oui, certainement, les jésuites ont si
bien coupé les broussailles, les herbes
folles, les végétations ambitieuses, qu'ils
peuvent cultiver leur champ en toute
placidité sous le soleil du bon Dieu et éle
ver les granges propres à recevoir leurs
récoltes bénies et toujours abondantes.
Seulement (car il y a un seulement même
dans les affaires des jésuites) ces récoltes
ne donnent que des grains insipides, et il
faut être élevé dans les heureuses mai-
sons modèles, établies par les bons pères,
pour faire de leur farine sa nourriture ha-
bituelle.
Parlons sans métaphores, et, pour en
revenir à ma lettre du 21 août, disons que
s'il est possible aux jésuites, qui ne dou-
tent de rien, d'élever un de ces établis-
sements modèles,« foyers d'études les plus
considérables de France et peut-être même
du monde », en dix-huit mois, comme le
dit le doyen de la Faculté de médecine de
Lille, cela ne nous est guère donné à nous
autres, qui doutons.
J'expliquais dans cette première lettre
comment une réunion de savants des
plus distingués ne parvenait pas à met-
tre un programme de doctrine et d'en-
seignement sur ses pieds et que, s'il s'a-
gissait, par exemple, de bâtir une faculté
et une école pratique de médecine pour la
ville de Paris, les choses ne pouvaient
marcher avec cette unité de vues qui fait
la force de la compagnie de Jésus, s'il est
question de dominer, mais sa faiblesse en
ce qui touche l'enseignement scienti-
fique.
Ces fameux établissements modèles ca-
tholiques, où, pour me servir des termes
employés par M. le doyen de la faculté de
Lille, « sont réunies les cinq facultés de
théologie, de droit, de médecine et de
pharmacie, de philosophie et lettres, des
sciences mathématiques, physiques et na-
turelles, » lesquelles comptent un rec-
teur, un vice-recteur, cinquante-quatre
professeurs, et plus de trente auxi..
liaires, sans compter les préparateurs
bibliothécaires, etc. , où sont dispo-
sés laboratoires bien garnis, biblio-
tneques nien bourrées de volumes, aux-
quelles sont réunis dispensaires et clini-
ques.., tout cela est un peu pour la mon-
tre et ne prouve pas grand chose, si au-
dessus de ces étiquettes, de ces laboratoi-
toires admirablement installés, de ces
cliniques et dispensaires, ne domine pas
le véritable esprit scientifique, lequel e3t
diamétralement opposé aux méthodes ad.
mises par la Compagnie de Jésus et par
le catholicisme moderne fondu en icelle
ainsi que nul ne le peut nier aujourd'hui;
et ce dont je me réjouis.
En effet, par suite de quelle prodigieuse
gymnastique intellectuelle serait-il pos-
sible d'associer Darwin et saint Ignace
de Loyola, l'investigation sans trêve, l'ex-
périmentation incessante, le doute à l'état
de régulateur, l'abandon de toute tradition,
1 indifférence pour tout ce qui n'est pas
démontré par l'observation mille fois ré-
pétée, la négation de toute intervention
surnaturelle dans l'ordre logique de ta
nature, avec la révélation, avec le dogrnp
catholique éreinté — il faut bien Wre
connaitre - parles jésuites?
Ou il faut obéir au pape et r e pas tenter
de dépasser la Somme de saint Thomas, ou
se moquer de saint Thomas et s'en aller
suivre la voie scientifique tracée par les
Bacon, les Galilée, les Newton, les Laplace
les Lavoisier, les LÍnark) les Geoffroy!
Saint-Hilaire, lez barwin, etc. Il n'y a pas
Et c'est parce que la voie de la science
moderne est ouverte à l'infini qu'il ei si
difficile et si périlleux d'essayer d'élever
de ces établissements modèles, définitifs,
pour contenir et enseigner cette science
que nos plus illustres savants hésitent'
discutent et ne peuvent formuler un de
ces beaux programmes suivant la manière
de saint Thomas qui permettent en dix-
huit mois d exhiber aux bons catholiques
émerveillés toutes ces facultés réunies y
compris la théologie, mais non compris
1 esprit d examen, dans de vastes édifices
garnis de professeurs qui n'enseignent
que dans la limite tracée par la congréga-
tion, et de beaux instruments de physi-
que. Car messieurs les, jésuites cultivent
1 E
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1 ;
IBULLETF N i ) i
\:::. i-
11
Paris, 7 septembre-11879.
--- On trouvera d'autre partune importante
dépêche qui nous arrive de Simla. Il pa-
raît qne plusieurs régiments afghans, aux-
quels il est dû un certain arriéré de solde,
se sont soulevés et ont attaqué l'ambas-
sade anglaise. La population de la ville
s'est jointe aux régiments et tous les ef-
forts de l'émir ont été impuissants pour
rétablir l'ordre. Il serait d'ailleurs assiégé
dans son palais parla foule qui a pillé l'ar-
senal et les magasins. L'hôtel de l'ambas-
sade anglaise a soutenu un véritable siège
pendant toute la journée de mercredi et
a été incendié dans la soirée. On ignore
ce qu'est devenu l'ambassadeur anglais,
Je major Ciivagnari; on ignore également
le sort du personnel de l'ambassade. Il
importe de remarquer que cette dépêche
a été expédiée de Simla et soumise par
conséquent à la censure du gouvernement
indien, qui est évidemment disposé à atté-
nuer la portée de ce soulèvement. Il nous
est, par exemple, difficile de croire qu'il s'a-
gisse d'une simple révolte des troupes cau-
sée par un défaut de paiement de la solde.
Il est probable, en effet, que dans ce cas la
population n'aurait pas pris part à cette in-
surrection. En outre, les insurgés auraient
dirigé tous leurs efforts contre l'émir et non
pas contre l'ambassadeur anglais. Nous se-
rions donc plutôt disposés à voir dans cette
révolte un fait bien autrement grave, c'est-
à-dire un soulèvement religieux causé par
la présence des étrangers dans la cité
sainte. Le vice-roi a ordonné au général
Robert de marcher en toute hâte sur Ca-
boul ; mais, si notre hypothèse est fondée,
il est à craindre qu'il n'ait bien des obsta-
cles. à surmonter et qu'il n'arrive pas à
temps pour sauver ses compatriotes, si
tant est qu'ils ne soient pas déjà massa-
crés. En tout cas, c'en est fait ou à peu
près des frontières scientifiques de lord
Beaconsfield ; il va falloir occuper l'Afgha-
nistan et cette charge pèsera lourdement
sur le budget de l'Angleterre. Lord Bea-
consfield doit quelque peu regretter au-
jourd'hui de n'avoir pas fait les élections
générales avant cette malheureuse affaire.
Le bruit de la démission de M. de Bis-
marck a couru hier. On attribuait cette
résolution à ce que la mission du feld-
maréchal de Manteuffel et l'entrevue d'A-
lexandrowo auraient été résolues contre
son avis. La Gazette nationale de Berlin
fait allusion à ces bruits et ajoute : « Dans
les cercles bien informés de Berlin, on n'a
pas appris que le prince de Bismarck ait
donné sa démission, bien que le bruit en
ait couru aux différentes Bourses de l'Eu-
rope. On est également étonné, ici, des
combinaisons sur lesquelles on a basé
cette nouvelle. » En tout cas, le calme est
loin d'être rétabli dans la presse des deux
pays. Ainsi, le Go/os discute en termes
violents les assertions de la Gazette de
l'Allemagne du Nord, relatives à la mis-
sion de M, de ManteutTel : « Ainsi, dit le
journal russe, d'après l'officieuse Gazette,
M. de Bismarck s'lm lave les mains ; il
prétend n'avoir jamais donné son avis sur
le voyage du feld-maréchal Manteuffel à
Varsovie ; ce voyage se serait effectué sans
son consentement. M. de Bismarck nous
a depuis longtemps habitués à ces sorties
étranges ; mais, en vérité, nous ne nous
attendions pas, de sa part, à un blâme Olt-
vert des actes de son souverain, car ce dé-
menti en est un. Tout le monde savait,
d'ailleurs, quepersonne ne pouvait envoyer
le feld-maréchal de Manteutfel à Varsovie,
sauf l'empereurGuillaume lui-même,et que
la mission dont il a dû s'acquitter a une
importance capitale. Nous ne saurions
autrement nous expliquer le démenti offi-
cieux du prince chancelier que par l'ex-
trême irritation qu'il a dû éprouver de su-
bir une démarche politique qui lui déplai-
sait. Cela dit, nous arrivons à nous deman-
der involontairement si M. de Bismarck
ne croit pas voir un heureux rival et
un successeur possible dans M. de Man-
teuffel ? ou bien si la situation politique à
Berlin n'est pas arrivée juste au même
point qu'à Vienne, lorsque son ami M. An-
drassya dû donner sa démission? Il serait
vraiment curieux de voir l'ancien premier
ministre autrichien rendre visite à Gas-
tein à un collègue démissionnaire. sans
le savoir. En tout cas on sera désormais,
grâce au démenti de l'organe officieux du
chancelier, que la politique n'est pas ex-
clusivement dirigée par lui, et que la cour
d'Allemagne s'avise aussi parfois de sui-
vre une ligne de conduite que M. de Bis-
marck désapprouve. Dont acte, pour l'a-
venir. »
Nous avons cru devoir citer ce passage
pour montrer le point où en sont arrivés
les journaux russes. La presse allemande
De reste d'ailleurs pas en arrière. « On
peut considérer comme certain, dit le
Tageblatt de Berlin, en parlant de l'en-
trevue des deux empereurs, que si le tzar
actuel n'était plus de ce monde, l'entrevue
d'Alexandrowo, avec toutes ses consé-
quences tranquillisantes,, n'aurait proba-
blement pas eu lieu. Aussi, bien que nous
croyions à la paix pour le moment, nous
voyons encore un point noir dans les rela-
tions de l'Allemagne et de la Russie. Or,
nous sommes une nation militaire, mais
non pas une nation belliqueuse, et la pers-
pective d'une coalition pouvantunir contre
nous la Russie, qui est irritée, et la
France, qui nous garde encore une secrète
rancune, n'est pas de nature à nous rendre
îoyeux. Cependant nous n'avons pas lieu
d'envisager avec crainte le point noir que
l'avenir nous réserve. Nous avons montré
que nous étions un peuple pacifique ; mais
on a vu aussi que nous savons bravement
tenir une épée. Réjouissons-nous doncde la
paix actuelle, sûrs que nous sommes qu à
l'heure du danger la confiance en Dieu et
le courage allemand suffiront encore pour
nous protéger. »
La commission européenne chargée
d'organiser la Roumélie orientale a ter-
miné ses travaux. Elle s'est ajournée jus-
qu'à ce qu'elle soit convoquée d'un com-
mun accord par la Porte et les ambassa-
deurs. Avant de se séparer ellp a pris deux
décisions importantes. L'une porte que
toutes les publications de nature juridi-
que se feront au nom du sultan ; l'autre
abÓUt les associations de gymnastes com-
me dangereuses pour l'ordre public et la
sécurité du pays. On sait que la Russie
avait organisé ces sociétés militairement.
Un journal catholique belge annonce
que les évêques se sont réunis lundi der-
nier pour arrêter les instructions relati-
ves aux écoles officielles. Il ajoute que
ces instructions paraîtront dans quelques
jours.
E. BARBIER
""-'" --.-..
Bourse de Paris
PETITS BOURSE OU SOIS
5 0/0 U7fr85.
Turc il fr. 55.
Egvpte 6 OlO. 236 Ir. 25.
Italien /9 fr. 70, 80.
Marché nul
La Marseillaise nous convie à jouer
avec elle aux propos interrompus. Va
pour une fois, bien que ce journal ait
coutume d'éluder les discussions qu'il
soulève. Chacun sa méthode : celle de
la Marseillaise est de se dérober aux ar-
guments en lançant des injures. Ce qui
ne nous empêche point, d'ailleurs, de la
lire avec un intérêt toujours croissant.
C'est à nous que la Marseillaise adres-
se son principal article d'hier, qui débute
par trois ou quatre dénégations.
M. Henry Maret nous reproche d'avoir
pensé qu'il comptait sur un retour de la
Commune. « Il n'y a, dit-il, pas un mot de
vrai là-dedans. » Alors pourquoi donc con-
sacrer à de chaudes apologies de la Com-
mune des articles si nombreux et si vio-
lents?
M. Henry Maret nous accuse en-
core d'avoir dit qu'il attendait d'un coup
de force la réalisation de son idéal. Alors
pourquoi avoir écrit que les bons citoyens,
les citoyens selon le cœur de la Jlar-
seillaise, ne doivent point d'obéissance
aux lois qui leur déplaisent? Pourquoi
s'être ingénié, dans plusieurs articles, à
bafouer la légalité ? Notre contradicteur
veut bien déclarer aujourd'hui « que,
dans un pays de suffrage universel, il n'y
a plus de place pour l'insurrection. »
C'est notre opinion, mais c'est notre opi-
nion aussi qu'il y a place pour d'étran-
ges restrictions mentales dans les ar-
ticles de M. Maret. L'autre jour, il nous
a dit déjà « que l'insurrection n'a pas de
raison d'être dans un pays où le suffrage
universel est respecté. » Mais tout de
suite il ajoutait qu'à Bordeaux le gouver-
nement ne respectait pas le suffrage uni-
versel. Voilà deux prémisses : quelle est
la conclusion de M. Maret?
M. Henry Maret s'indigne enfin que
nous ayons pu croire qu'un fossé pro-
fond a été creusé entre son parti et
le grand parti républicain national. Si
M. Maret ne veut pas que nous le croyions,
alors pourquoi tous les efforts de la
Marseillaise tendent-ils à le faire croire?
Qu'est-ce donc que cette guerre décla-
rée par M. Maret et par ses amis à tout
le parti républicain, même radical? Et si
la Marseillaise s'est donné tant de peine
pour bien marquer la distance qui la sé-
pare non-seulement de la gauche modé-
rée, mais de l'extrême gauche de la re-
présentation nationale, pourquoi, dian-
tre ! M. Maret réclame-t-il lorsque nous
constatons le fait?
Mais enfin, si M. Maret vient à rési-
piscence, et s'il désavoue toute la politi-
que que la Marseillaise a suivie jusqu'ici,
nous supposons qu'il voudra bien expo-
ser un nouveau programme et nous dire
surtout ce qu'il veut, après nous avoir
dit ce qu'il ne veut pas. L'opinion publi-
que a le défaut de chercher avant tout
les choses claires. Elle n'aime pas que
les mêmes gens par qui elle entend van-
ter les beautés de la Commune, s'écrient
ensuite: « La Commune? jamais ! nous
n'en voulons pas ! » Elle n'aime pas que
les mêmes gens à qui elle entend répéter
que la loi est grotesque et n'oblige
personne, se donnent l'air, deux ou trois
jours après, de répudier leurs théories
révolutionnaires. Elle n'aime pas que
les mêmes gens qui ont tout fait pour
traîner dans la boue le parti de la Répu-
blique légale, viennent protester après
cela qu'aucun fossé ne les sépare du
grand parti républicain. L'opinion pu-
blique veut aussi qu'on soit d'accord
avec soi-même, et loyal dans ses discus-
sions avec ses adversaires. Mais arrê-
tons-nous, car M. Maret trouverait peut-
être que c'est lui en demander beaucoup
trop.
Il nous reste à relever une phrase de
M. Maret où nous lisons que le XIX"
Siècle a souvent applaudi ceux qui dé-
portaient et fusillaient les vaincus de
mai 1871. La Marseillaise a, paraît-il, à
son service un certain nombre d'affirma-
tions hardies. Il y a été question de la
triomphante réponse que M. Blanqui
nous a faite, — et qui n'a paru nulle
part. Il y a été question des professions
de foi des 363 qui auraient promis à leurs
électeurs l'amnistie plénière, — ces fa-
meuses professions de foi que, malgré
notre invitation pressante, la Marseil-
laise n'a pas encore retrouvées. De
même, il y est question aujourd'hui
des encouragements que le XIXe Siècle
aurait prodigués en 1871 aux exécutions
sommaires, — alors que le premier nu-
mérodu journal où nous écrivons a paru
au mois de novembre 1871.
Depuis que ce journal a été fondé, il a
exprimé une opinion toujours identique,
soit au sujet des événements de la Com-
mune, soit au sujet de l'amnistie. Il a
déploré et abhorré les événements de la
Commune et n'a fait en cela que suivre
la ligne tracée, dès le lendemain du
18 Mars , — avant les crimes qui
rendirent la Commune encore plus abo-
minable, — par la protestation collec-,
tive de toute la presse républicaine de
Paris. Mais en même temps il a compris
quel malentendu avait égaré le patrio-
tisme d'une partie de la population pari-
sienne, qui voulut et qui crut se battre
contre les monarchistes de l'Assemblée
pour la République, tandis que, pour les
chefs de la Commune, il s'agissait de
profiter du mouvement pour bouleverser
la France et procéder à la révolution so-
ciale en dictateurs. C'est pourquoi nous
avons toujours distingué, quand on a
posé la question de l'amnistie, entre l'é-
tat-major de la Commune et ses soldats.
EUG. LIÉBERT
Election de Bordeaux
Nous recevons la dépêche suivante :
Bordeaux, 5 septembre, soir.
Le congrès des délégués républicains s'est
réuni ce soir à l'Alhambra; environ 1,200 élec-
teurs étaient présents.
Deux candidats lors du scrutin d'avril,
MM. Lavertujon et Bernard, ont fait déclarer
qu'ils déclinaient toute candidature. Le con-
grès a pris acte de ces déclarations.
L'assemblée a examiné ensuite les candi-
datures de MM. Saugeon, conseiller général;
Achard, candidat au premier tour de scrutin
du 31 août; Steeg, ancien pasteur à Libourne;
Jouure, conseiller municipal ; Lalande, pré-
sident de la chambre de commerce.
Après avoir discuté longuement, ces diver-
ses candidatures, l'assemblée a procédé au
scrutin et, à une grande majorité, a désigné
M. Acliard comme candidat républicain.
M. Achard, l'ancien proscrit du 2 Dé-
cembre, est donc à Bordeaux le seul can-
didat du parti républicain.
Nous nous félicitons de cet accord, et
nous avons une entière confiance dans le
patriotisme des électeurs bordelais.
—————
Y a-t-il eu publication?
Flairez, je vous prie, cette prose, et
dites si elle ne serait pas reconnaissable
à son seul parfum, quand ce ne serait pas
dans les colonnes du Monde que nous la
trouverions. C'est une correspondance
que le pieux journal reçoit de Grenoble
au sujet de l'incident de la Salette :
Monsieur le rédacteur en chef,
Nous sortons à l'instant d'une conférenct
que Mgr Fava, évêque de Grenoble, a faite à
quatre cents prêtres de son diocèse, réunis au
grand séminaire de Grenoble, pour les exer-
cices do la première retraite. Sa Grandeur a
cru devoir nous informer que certain journal,
qui aies confidences du gouvernement, la Ré-
publique française, publie l'information sui-
vante : « Mgr Pava, évêgue de Grenoble, est
traduit comme d'abus devant le conseil d'Etrll,
pour avoir érigé en basilique l'église de la Sa
lette, en vertu d'une bulle pontificale que Sa
Grandeur n'aurait pas fait enregistrer. »
Sa Grandeur a fait remarquer d'abord que
l'évêque n'a pas le pouvoir d'ériger en basili-
que une église quelconque ; l'érection d'une
église en basili lue ne peut être faite que par
un acte du Saint-Père.
L'évêque reçoit avis de cette faveur, soit
par un décret, soit par une communication
particulière.
Dans le cas qui concerne l'église de la Sa-
lette, Mgr l'évêque de Grenoble, ne voulant
pas, vu sa récente arrivée en France et son
âge, entrer dans une voie nouvelle, que ni le
gouvernement, ni l'Eglise de France n'ont
suivie depuis longtemps, a prié le souverain-
pontife de regarder le décret d'érection de l'é-
glise de la Salette en basilique comme non
avenu. Sa Sainteté a consenti à cette propo-
sition, dans son extrême bonté, et a fait par-
venir à Mgr l'évêque de Grenoble un simple
avis, par le cardinal Nina, pour dire qu'il n'y
avait pas lieu de publier quoi que ce soit et
qu'il adoptait sa proposition.
Il paraît toutefois que le Sajnt-Pèrn n'a pas
retiré la faveur qu'il avait accordée à l'église
de la Salette.
Aussi Sa Grandeur s'est-elle autorisée de ce
silence pour croire et dire que l'église de la
Salette est désormais élevée au titre de basi-
lique mineure.
« De quoi suis-je donc coupable ? ajoute
alors monseigneur. Il n'y a point de décret,
il n'y a point de publication de décret, il n'y
a point d'exécution de décret.
» En effet, de quelle manière s'exécute un
pareil décret ? C'est par la publication, car il
n'y a aucune cérémonie particulière pour l'é-
rection d'une église en basilique. La consé-
cration de l'église de la Salette, quia été faite
le 20 août, n'est d'aucune façon l'exécution
d'un décret, vu que l'on peut consacrer toutes
les églises d'un diocèse, même le plus sim-
ples. En toute occurrence, l'église de la Salette
devait être consacrée, parce qu'elle était as-
sez importante pour l'être, n'eût-elle pas été
érigée en basilique, comme nous l'avons dit.
» Concluons, a dit monseigneur, que, même
en admettant que les deux parties contrac-
tantes, — c'est-à-dire le Saint-Siège et le gou-
vernement français, — reconnaissent l'une et
l'autre les articles organiques comme obliga-
toires, je n'ai pas contrevenu aux prescrip-
tions de l'article 1er : 1° Il n'y a pas eu de dé-
cret ; 20 il n'y a point eu de publication de
décret ; 3° il n'y a point eu d'exécution de
décret.
» 11 en résulte une chose : c'est un acte
bienveitlant du Souverain-Pontife déclarant
que l'église de la Salette est basilique mi-
neure. Je ne sache pas que cet acte, que j'ai
sollicité, il est vrai, mais dont je ne suis pas
l'auteur, puisse me rendre coupable, ni de-
vant Dieu ni devant la loi.
» Ce n'est pas là, je l'avoue, a dit monsei-
gneur ce que j'attendais. Ayant dû remplacer
Mgr Mermillod et improviser un discours où
j ai signalé la franc maçonnerie comme n'é-
tant pas étrangère aux attaques dirigées de
nos jours contre Jésus-Christ, je pensais que
quelque chef de ladite franc-maçonnerie al-
lait me répondre et contredire mon assertion.
Au lieu de cette réponse, la franc-maçonne-
rie fait silence ; c'est la République française
qui parle et offre à ses le leurs, comme pri-
meur et comme satisfaction, l'annonce que je
suis traduit comme d'abus devant le conseil
d'Etat; »
Sa Grandeur a terminé en disant : « Mes-
sieurs, votre conduite à mon égard me dira
si, en agissant comme je l'ai fait, j'ai perdu
dans votre estime et votre affection. »
UN DE vos ABONNÉS.
Et maintenant que vous avez lu, êtes-
vous plusavancé? avez-vous compris quel-
que chose à ces explications? L'église
de la Salette a-t-elle été érigée en basili-
que par décret du pape? - Oui. - Alors
M. Fava a manqué à son devoir en ne sou-
mettant pas ce décret, ainsi que le veut la
loi, à l'autorisation du gouvernement —
Non ; car M. Fava, ne voulant pas se sou-
mettre à cette autorisation humiliante, a
prié le pape de considérer son décret
comme non avenu, et le pape, « dans
son extrême bonté », y a consenti. —
Alors l'église de la Salette n'est plus ba-
silique ? — Tout au contraire : le pape
n'a pas retiré la faveur qu'il avait accor-
dée, et M. Fava s'est plu lui-même à
déclarer tout haut et se plaît à répéter
que l'église de la Salette est désormais
basilique mineure. Seulement, entendez
bien ceci, car c'est là, comme dit le rudi-
ment, que gît le lièvre, c'est là qu'a pour
but d'en venir tout ce galimatias pieux
— du moment où il n'y a pas eu publi-
cation officielle, décret publié, la loi fran-
çaise est sans prise sur la cour de Rome
et sur M. l'évêque de Grenoble.
Oh ! la doctrine ingénieuse et com-
mode ! Et que c'est une belle chose que
l'art de prouver son respect pour les lois
en les tournant !
On rend à Rome un décret ; puis, au
moment de le publier, l'évêque qui l'a
sollicité se souvient que la loi fran-
çaise a, sur la publication des décrets
romains, certaines formalités gênantes.
Eh bien ! l'affaire est simple, on ne pu-
bliera pas le décret. Seulement l'évêque
ne se fera pas faute de dire à ses fidèles
qu'il a été rendu et qu'il emporte de droit
tous ses effets. Et comme les fidèles ont
confiance dans leur évêque, comme ils
savent qu'il ne parlerait pas au nom de
Rome sans y être autorisé, il s'ensuit
que le décret est pour eux aussi public
et authentique que s'il avait été réelle-
ment publié.
Et voilà le tour joué! Aux dévots on dit:
« Il y a eu un décret rendu à Rome : l'é-
glise de la Salette est basilique mineure» ;
au gouvernement, quand il a la curio-
sité indiscrète de réclamer des explica-
tions, on répond : « De quoi vous mêlez-
vous? Il n'y a eu aucun décret publié.
Vous n'avez ici rien à voir et l'article 1er
des lois organiques rien à faire. Nous ne
savons même de quoi vous nous parlez. »
Le système estingénieux ; nousdoutons
cependant qu'il soit goûlé parle conseil
d'Etat. On pourrait bien répondre là à M.
Fava que certaines subtilités, loin d'alté-
nuer en justice la situation des accusés,
ne font que l'aggraver. La publication
d'un décret se peut faire de plusieurs fa-
çons, et M. Fava a fait cette p blication
lorsque, comme il en convient, il a lui-
même annoneé à tous que désormais No-
tre-Dame-de-la-Salette était élevée au
rang de basilique : il la fait une fois de
plus dans cette conversation même par
laquelle il essaie de se justifier. Ce que
prouve seulement sa lettre, c'est à la fois
qu'il a pris une façon détournée pour
commettre un délit, et que ce délit, il a
eu la volonté ferme de le commettre. C'est
lui qui, sachant que si le décret du Vatican
était rendu public, il ne pourrait, lui, évê-
oue français, le nubliersans l'autorisation
du gouvernement, s'est adressé à Rome
pour obtenir que ce décret ne fût pas pu-
blié 5 c'est lui qui n'a pas voulu avoir
une autorisation à demander au gouver-
nement, de son pays : M. Fava le déclare
hautement, nous pourrions dire qu'il s'en
vante. C'est lui qui a conseillé ce biais à
la chancellerie romaine: «Ne publiez rien.
Le but n'en sera pas moins atteint. Vos
ouailles n'en sauront pas moins que No-
tre-Dame de la Salette est basilique, et le
gouvernement ne pourra rien dire. »
C'est là que M. Fava s'est trompé. Le
gouvernement n'a pas pris l'escamotage
aussi gaîment qu'il l'avait cru, et M. l'é-
vêque de Grenonle aura à s'expliquer de-
vant le conseil d'Etat non-seulement
d'avoir violé la loi, mais encore d'avoir
essayé de se moquer d'elle. Il lui restera
la consolation de dire que ce sont les
francs-maçons qui se vengent puisqu'il
les avait, c'est lui qui nous l'apprend,
fort maltraités dans son discours. Ce
sera un adoucissement à ses peines, et
la franc-maçonnerie aurait tort de s'é-
mouvoir d'une calomnie épiscopale de
plus.
CHARLES BIGOT.
—— ———————.
LA MÉDECINE MILITAIRE
Au lendemain de la guerre de Crimée,
au lendemain de celle d'Italie, au lende-
main de la funeste campagne de 1870-1871,
tous les gens compétents ont dit : « Il faut
apporter une réforme radicale dans le ser
vice sanitaire de l'armée. » Cette réforme,
on l'attend toujours. De ce côté-là encore,
rien n'a été fait.
Pourquoi cette réforme? Parce que les
soldats malades et blessés ne reçoivent pas
tous les soins auxquels leur donne droit
l'humanité, d'abord, et le contrat tacite que
l'Etata passé avec eux: parce qu'ilen meurt
un nombre très considérable, victimes des
dispositions inintelligentes prises par
ceux qui ont la charge de leur santé,
charge qui a été laissée, non pas au corps
médical, mais à l'administration.
D'où viennent les principaux obstacles
apportés à la réforme demandée? Ils vien-
nent de la nonchalance des parlements et
de l'influence hostile du corps de l'inten-
dance.
On peut se demander pour quelles rai-
sons les intendants tiennent tant à con-
server la direction et le commandement
du corps de santé militaire. Ils y tiennent
pour trois raisons principales, dont cha-
cune a sa grande importance relative. C'est
d'abord pour avoir un plus grand nombre
de subordonnés, et de subordonnés, si je
puis me servir de ce mot, d'une qualité
supérieure. Certes, les commis de l'admi-
nistration ont leur mérite, mais ils ne
font pas figure dans le monde comme
des savants, des professeurs de faculté, des
académiciens, des membres de l'Institut ;
l'amour-propre des intendant.. est forcé-
ment flatté quand ils se savent comman-
dants d'un corps dans lequel on trouve un
grand nombre d'hommes occupant les po-
sitions que je viens de dire.
Ils y tiennent aussi parce que la méde-
cine militaire forme le seul lien qui les
rattache à l'armée combattante. Otez les
ambulances aux intendants, et vous les
voyez à la suite des troupes, traînant leurs
sacs de pain, leurs conserves de viandes,
le lard et le café, choses fort utiles, mais
peu nobles; tandis qu'en s'attachant à
l'ambulance, ils se rapprochent des champs
de bataille, ils sont censés aller au feu, ils
sont presque militaires.
Enfin, au point de vue des récompen-
ses, la haute direction sur les services de
santé est une admirable ressource pour les
intendants, beaucoup de décorations leur
étant toujours distribuées, à eux d'abord,
en cas d'épidémie ou à la guerre, pour
services rendus dans les hôpitaux ou dans
les ambulances.
Ajoutons enfin, et c'est triste à dire,
que les intendants, habitués à commander
aux médecins militaires, ne peuvent pas
se faire à l'idée que ceux-ci ne dépen-
draient plus d'eux et deviendraient leurs
égaux hiérarchiques. Je n'ai jamais oublié
l'expression avec laquelle me fut dite un
jour, au cours d'une discussion sur l'assi-
milation et les droits afférents aux grades,
cette parole : «Alors, un médecin pourrait
punir un intendant ! » Pour celui qui me
parlait, intendant, comme on le devine,
c'était vraiment un comble, auquel n'est
comparable aucun de ceux qu'on recher-
che aujourd'hui.
Ces raisons, toutes très humaines, ap-
puyées sur ces puissantes bases : l'amour-
propre et l'intérêt, expliquent parfaite-
ment l'hostilité des intendants àla réforme
demandée.
Mais si puissants et habiles que soient
les intendants, ils sont pourtant moins
forts que le Parlement. Pourquoi celui-ci
ne fait-il rien ?
Eh ! mon Dieu, parce qu'il ne connaît
pas la profondeur du mal qu'il s'agit de
combattre.
Si chaque député avait un fils simple
soldat sousJes drapeaux, je n'hésite pas à
dire que la question qui nous occupe se-
rait bien vite tranchée. En voyant leurs
enfants partir pour la guerre, ils diraient
tous : Ne les laissez pas mourir inutile-
ment! Nous ne pouvons nous plaindre des
blessures qui les atteindront peut- être,
mais que votre prévoyance leur épargne
au moins la maladie ! Ne les entassez pas
dans vos hôpitaux, car l'encombrement
fait naître des affections mortelles ! ne les
accumulez pas dans des espaces trop
étroits, car c'est dans l'air vicié qu'éclo-
sent les redoutables épidémies !
Voilà ce que diraient nos députés, et
avec grande raison. Et si, malgré les avis,
les observations, les incessantes prières
de quelques hommes éclairés et compé-
tents, rien n'avait été fait de ce qu'ils de-
mandaient ainsi, si leurs enfants ne leur
avaient pas été rendus, les uns morts à la
suite d'une légère blessure compliquée par
les funestes maladies nées de l'encombre-
ment, les autres morts du typhus, provo-
qué et propagé par le manque de toutes
les précautions hygiéniques, s'il en était
ainsi, que diraient-ils, nos députés, et sur-
tout que feraient-ils? Ce qu'ils diraient,
bien des mères l'ont dit; mais ce que les
mères n'ont pas pu faire, eux ils le peu-
vent, car ils ont la puissance. -
Qui n'a entendu dire à quelque cavalier
de mauvaise humeur: «Vraiment dans l'ar-
mée on prend plus de soin des chevaux
que des hommes!» Je ne dis pas cela.Certes,
dans le train de vie ordinaire, en temps
de paix, les soldats sont très bien soignés
dans nos hôpitaux militaires. Mais il est
une réflexion que je ne puis m'empê-
cher de faire : Supposons que, pendant
la guerre de Crimée, quelqu'un d'avisé,
connu pour sa haute science hippique,
très-habile et célèbre vétérinaire, fùt venu
dire aux colonels de cavalerie que, s'ils
mettaient leurs chevaux dans telles condi-
tions, les maladies épidémiques se déve-
lopperaient certainement au milieu d'eux,
et que cependant les colonels eussent
persisté dans leurs errements, et que l'é-
pidémie prévue n'eût pas tardé à éclater;
supposons encore que la morve ayant fait
son apparition et atteignant chaque jour
un grand nombre de chevaux, les colonels
se fussent obstinés, malgré les plus sup-
pliants conseils, à ne rien changer à leur
manière de faire, à ne pas isoler les che-
vaux malades, à ne pas chercher par des
mesures intelligentes à étouffer les ger-
mes de la maladie, à arrêter sa marche
envahissante, qu'aurait-on pensé de ces
hommes ? qu'aurait-on fait ? En présence
des milliers de victimes de leur ignorance
entetée, on les eut déclarés incapables, et,
peut-être, les laissant chargés d'une res-
ponsabilité qu'ils avaient tenu à assumer,
leur eût-on fait payer cher l'orgueilleuse
imprévoyance de leur conduite.
Cette supposition parait tout à fait for-
cée, et cependant, appliquée aux hommes,
elle devient une réalité. Les médecins les
plus autorisés, et surtout le regretté Mi-
chel Lévy, ont prévenu, conseillé, supplié.
Rien n'y a fait. L'intendance a donné ses
ordres entêtés, et l'on peut dire que c'est à
son appel que sont accourus le typhus et
la pourriture d'hôpital, qui valent bien la
morve et le farcin.
La conclusion de tout cela, c'est que les
maladies épidémiques, qui ont fait tant de
victimes, auraient pu être prévenues, au
moins limitées, si on eût laissé aux hy-
giénistes le soin et le pouvoir d'appliquer
les mesures de l'hygiène ; c'est que des
lois et des règlements, dont l'application a
fait mourir inutilement des milliers
d'hommes, sans que leur mort, qui était
une perte sèche pour l'Etat, une injure à
l'humanité, une douleur pour les familles,
eût servi à la victoire, c'est, dis-je, que ces
lois et règlements sont coupables; c'est
qu'il faut laisser aux médecins la direc-
tion des choses médicales et la retirer à
l'intendance, tout à fait incompétente.
Le simple bon sens le veut ainsi ; quand
l'écoutera-t-on?
X.
— :— ————————
INSURRECTION A CABOUL
Simla, 6 septembre.
L'ambassade anglaise à Caboul a été atta-
quée le 3 septembre par des régiments af-
ghans insurgés, réclamant l'arriéré de leur
solde. La populace de la ville s'est jointe aux
régiments insurgés.
L'émir a essayé d'apaiser le soulèvement
et a envoyé vers les révoltés son fils accom-
pagné de plusieurs officiers. Mais la foule n'a
rien voulu écouter.
L'émir écrit, à la date du 4, qu'il est assiégé
lui-même par la foule, qui a pillé l'arsenal et
les magasms.
L'attaque contre l'hôtel de l'ambassade an-
glaise a continué toute la journée du mer-
credi. Un incendie s'est déclaré dans la soi-
rée.
Le sort de l'ambassadeur anglais, major
Cavagaari, et du personnel de l'ambassade, est
inconnu jusqu'à présent.
Le vice-roi a ordonné au général Robert de
marcher en toute hâte sur Caboul. Des trou-
pes vont rester à C indahar. La concentration
des troupes anglaises sur les frontières de
l'Afghanistan est ordonnée.
o
LETTRES DE LAUSANNE
n •
Oui, certainement, les jésuites ont si
bien coupé les broussailles, les herbes
folles, les végétations ambitieuses, qu'ils
peuvent cultiver leur champ en toute
placidité sous le soleil du bon Dieu et éle
ver les granges propres à recevoir leurs
récoltes bénies et toujours abondantes.
Seulement (car il y a un seulement même
dans les affaires des jésuites) ces récoltes
ne donnent que des grains insipides, et il
faut être élevé dans les heureuses mai-
sons modèles, établies par les bons pères,
pour faire de leur farine sa nourriture ha-
bituelle.
Parlons sans métaphores, et, pour en
revenir à ma lettre du 21 août, disons que
s'il est possible aux jésuites, qui ne dou-
tent de rien, d'élever un de ces établis-
sements modèles,« foyers d'études les plus
considérables de France et peut-être même
du monde », en dix-huit mois, comme le
dit le doyen de la Faculté de médecine de
Lille, cela ne nous est guère donné à nous
autres, qui doutons.
J'expliquais dans cette première lettre
comment une réunion de savants des
plus distingués ne parvenait pas à met-
tre un programme de doctrine et d'en-
seignement sur ses pieds et que, s'il s'a-
gissait, par exemple, de bâtir une faculté
et une école pratique de médecine pour la
ville de Paris, les choses ne pouvaient
marcher avec cette unité de vues qui fait
la force de la compagnie de Jésus, s'il est
question de dominer, mais sa faiblesse en
ce qui touche l'enseignement scienti-
fique.
Ces fameux établissements modèles ca-
tholiques, où, pour me servir des termes
employés par M. le doyen de la faculté de
Lille, « sont réunies les cinq facultés de
théologie, de droit, de médecine et de
pharmacie, de philosophie et lettres, des
sciences mathématiques, physiques et na-
turelles, » lesquelles comptent un rec-
teur, un vice-recteur, cinquante-quatre
professeurs, et plus de trente auxi..
liaires, sans compter les préparateurs
bibliothécaires, etc. , où sont dispo-
sés laboratoires bien garnis, biblio-
tneques nien bourrées de volumes, aux-
quelles sont réunis dispensaires et clini-
ques.., tout cela est un peu pour la mon-
tre et ne prouve pas grand chose, si au-
dessus de ces étiquettes, de ces laboratoi-
toires admirablement installés, de ces
cliniques et dispensaires, ne domine pas
le véritable esprit scientifique, lequel e3t
diamétralement opposé aux méthodes ad.
mises par la Compagnie de Jésus et par
le catholicisme moderne fondu en icelle
ainsi que nul ne le peut nier aujourd'hui;
et ce dont je me réjouis.
En effet, par suite de quelle prodigieuse
gymnastique intellectuelle serait-il pos-
sible d'associer Darwin et saint Ignace
de Loyola, l'investigation sans trêve, l'ex-
périmentation incessante, le doute à l'état
de régulateur, l'abandon de toute tradition,
1 indifférence pour tout ce qui n'est pas
démontré par l'observation mille fois ré-
pétée, la négation de toute intervention
surnaturelle dans l'ordre logique de ta
nature, avec la révélation, avec le dogrnp
catholique éreinté — il faut bien Wre
connaitre - parles jésuites?
Ou il faut obéir au pape et r e pas tenter
de dépasser la Somme de saint Thomas, ou
se moquer de saint Thomas et s'en aller
suivre la voie scientifique tracée par les
Bacon, les Galilée, les Newton, les Laplace
les Lavoisier, les LÍnark) les Geoffroy!
Saint-Hilaire, lez barwin, etc. Il n'y a pas
Et c'est parce que la voie de la science
moderne est ouverte à l'infini qu'il ei si
difficile et si périlleux d'essayer d'élever
de ces établissements modèles, définitifs,
pour contenir et enseigner cette science
que nos plus illustres savants hésitent'
discutent et ne peuvent formuler un de
ces beaux programmes suivant la manière
de saint Thomas qui permettent en dix-
huit mois d exhiber aux bons catholiques
émerveillés toutes ces facultés réunies y
compris la théologie, mais non compris
1 esprit d examen, dans de vastes édifices
garnis de professeurs qui n'enseignent
que dans la limite tracée par la congréga-
tion, et de beaux instruments de physi-
que. Car messieurs les, jésuites cultivent
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