Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-12-18
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 18 décembre 1898 18 décembre 1898
Description : 1898/12/18 (N10509). 1898/12/18 (N10509).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7566176m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
fflilNTO CENTIMES le Numé^î PARIS & DEPARTEMENTS
Le -or CINQ GENTI MlElS
• ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
131, rue Montmartre, 131
chez MM, LA. J-RANGE, CERF& CI*
6, place de la Bourse, 6.
4&çfaa Sétégea £ lû<ïue : XIXo SIÈCLE — PARIS
ABONNEMENTS -. 'ÑId.:J!i
Paris Trois oui» 6 f. Six mm 11 f. Oi m 20 q
Départements — 7f. — 12 f. - 24 C.
Union Postale — 9f. — 16f. — 32Q
Les Abonnements sont reçus sans frais
dans tous les bureaux de Post*
RÉDACTION : 131, rue Montmartre, 131
"De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
TsT" 10509. — Dimanche 18 Décembre 1898
27 FRIMAIRE AN 107
ADMINISTRATION : 131, rue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
AVIS A NOS ABONNES
Wous rappelons à nos abonnés qu'ils
ofivent joindre 60 centimes à touies
purs demandes de changements d'a-
dresses; ceci pour la confection de nou-
rlIes bandes.
NOS LEADERS
EN ALGÉRIE
i
J Biskra, ce il décembre 1898.
: La pluie a cessé depuis que j'ai quitté
Constantine. Nous voici à la porte du
iésert, dans l'oasis de Biskra. L'été
YIiver à cinquante-deux heures de Paris,
iisent les guides. De fait, le ciel est
J'un bleu intense, le soleil est chaud ;
4 midi on a réellement besoin d'ombre.
P'est le bon moment pour se promener
jpus les palmiers.
Je suis à trois cent cinquante kilomè-
tres de la côte. Et de Constantine ici, le
pays a bien son caractère oriental, tan-
dis que d'Alger à Constantine, il rap-
pelle des choses déjà vues. La vieille
lille, Constantine, l'ancienne Cirtha, ca-
pitale du royaume de Jugurtha, est fiè-
rement assise sur un roc d'une prodi-
euse élévation qu'un torrent, le Rou-
plel,qui coule au fond d'une gorge d'une
profondeur effrayante, taillée à pic, en-
coure de trois côtés. Que ces trains algé-
riens marchent lentement î Jusqu'à Bat-
na, nous traversons doucement en nous
élevant jusqu'à 1,050 mètres de vastes
jplateaux entourés de hautes montagnes
et où l'on ne fait que de l'élevage ou des
céréales. A partir de Batna, nous des-
cendons tout le temps. A Biskra, nous
pe sommes plus qu'à 150 mètres d'alti-
tude.
,, Tout le long de la route, le décor est
merveilleux, mais c'est surtout à El-
'Kantara qu'il devient saisissant. Là,
coule dans une fissure de roc très
étroite, l'oued El-Kantara. Une route en
corniche en suit toutes les sinuosités.
Le chemin de fer surplombe. Le défilé,
qui a à peine un kilomètre de longueur,
n'a pas plus de quinze mètres dans sa
partie la plus large. Et les rocs se dres-
sent superbement, infranchissables, jus-
qu'à cinq cents pieds dans les airs. On
mettrait là des portes de fer que per-
sonne ne pourrait passer. Pour aller
dans le désert, il faudrait y pénétrer
soit par la Tunisie, soit par la province
fl'Oran. El-Kantara est le passage obli-
gatoire.
$*.
Ici, on parle moins des Juifs qu'à
Alger. Il en est de même, d'ailleurs, à
tonstantine, bien qu'en 1896, lors des
élections municipales, les candidats an-
tisémites de cette ville se soient enten-
tes avec les marabouts arabes pour as-
sommer les Juifs et piller leurs bouti-
ques. Les marabouts avaient envoyé ce
jour-là des indigènes de sac et de corde
(qui ont su user de la matraque. Depuis
,il ne s'est rien passé. Cependant, les
élections législatives se sont faites sur
i« le péril juif». Il y a là une exagéra-
tion voulue. Le péril juif n'existe pas, si
jamais il a existé en Algérie. Ce sont les
politiciens qui, pour arriver, ont profité
I:oe ce que quelques centaines de Juifs
avaient ruiné des colons, dépossédé des
tribus et pratiqué l'usure. Or, ces Juifs
ont quitté le pays. Ceux qui restent sont
,'des plus misérables. Il sera facile de les
.empêcher de suivre l'exemple que les
plus entreprenants d'entre eux leur ont
tracé.
A cette heure, le véritable usurier est
italien ou M'zabite. L'Italien s'enrichit
vite en prêtant à la petite semaine aux
Arabes. Tel, le père de M. Max Régis,
;Milano, établi à Sétif. Quant au M'zabite,
il vient du sud, de l'oasis du M'zab.
C'est l'indigène commerçant, âpre au
gain. On en trouve dans toutes les villes
de l'Algérie. Il fait fortune surtout en
prêtant à 400 pour cent aux Arabes.
.Mais les politiciens ne disent rien de
lui : Il n'est pas électeur.
* #
N'empêche cependant qu'à Biskra
même où les passions politiques sont
moins échevelées qu'ailleurs, vous en-
tendez dans les rues à chaque instant :
A bas les Juifs ! Ce cri est proféré par
les arabes et par les européens de basse
condition. C'est une habitude qu'ils ont
contractée depuis les élections. Mais
cehs ne tire pas autrement à consé-
quence.
La politique, ici, n'est basée que sur
cela : « A bas les Juifs ! M C'est pour-
quoilaquestion cléricalecroîten Algérie.
Elle y était inconnue jusque dans ces
derniers temps. Mais pour remplacer
plus sûrement les anciens représentants
de l'Algérie coupables d'être restés trop
longtemps aux affaires, les nouveaux
politiciens ont dû contracter des allian-
ces. Ils se sont servis naturellement du
clergé.
C'est pourquoi encore, quelques-uns
d'entre eux qui se disent pourtant radi-
caux ou même radicaux-socialistes sont
presque toujours au parlement avec les
cléricaux sur les questions de principe.
31 faut bien satisfaire la clientèle élec-
torale. -
Et ce~e clientèle est plupart du
temps composée d'étrangers naturalisés
qui ne sont pas indifférents aux choses
de la religion. Il est difficile de donner,
en effet, comme des libres-penseurs, les
Espagnols, les Maltais et les Italiens,
établis en Algérie et qui ne jurent que
par la Madone.
Aussi bien, le véritable danger pour
l'avenir de l'Algérie, ce n'est pas, ainsi
que veulent le faire accroire lès antisé-
mites, la rapacité du Juif, mais bien ce
flot sans cesse croissant d'étrangers
que l'on naturalise trop facilement et
qui finissent par noyer l'élément fran-
çais. L'Algérie est maintenant en par-
tie dans leurs mains. C'est ce que
j'expliquerai dans mon prochain ar-
ticle.
CHARLES BOS.
Nous publierons demain un article
de M. Lucien Victor-Meunier.
L'ÉLECTION THOMSON
Grave incident à la commission d'en-
quête. — Honnêteté antisémite. -
Poursuites judiciaires.
On nous télégraphie d'Alger :
Il s'est produit hier un fait des plus graves à
la séance de la commission d'enquête sur l'é-
lection Thomson. M. Albertini, l'auteur de la
protestation sur les opérations électorales à
Stora, est convaincu d'avoir fait un faux té-
moignage devant la commission. -
Il affirmait sous la foi du serment, n'être
pas l'auteur d'une manœuvre qui avait con-
sisté, lors de la précédente élection à com-
mander lui-même des bulletins imprimés por-
tant le nom de son concurrent, qu'il avait en-
suite légèrement rayé pour le remplacer pat
le sien.
La commission, après enquête, a retrouvé
la commande de ces bulletins écrite par M.
Albertini lui-même.
Appelé devant la commission, M. Albertini
contestait l'auth3nticité de son écriture ; con-
vaincu ensuite par la déclaration formelle du
prote chargé du livre des commandes, il dut
reconnaître l'exactitude du fait. „
Sur la proposition de M. Charles Bos, la
commission décide à l'unanimité que le procu-
reur de la République sera immédiatement
saisi.
Le procureur de la République, aussitôt ap-
pelé devant la commission, a, après avoir pris
connaissance des faits, déclaré qu'une instruc-
tion serait immédiatement ouverte,
L'émotion est grande dans la ville; n'ou-
blions pas que M. Albertini est un des chefs de
l'antisémitisme dans le département.
La Condamnation deM.MéHne
Nous n'apprendrons sans doute rien à per-
sonne en disant que M. Méline avait conservé,
en dépit des événements qui se sont déroulés
depuis la chute de son cabinet, une foi aveu-
gle en son étoile.
Il se voyait redevenant bientôt président du
conseil, inaugurant l'Exposition, recevant les
rois et les empereurs et s'acheminant ainsi
tout doucement vers l'Elysée.
Hélas! un jour a suffi pour détruire ces il-
lusions si douces et si chères.
M. Méline est obligé d'en prendre son parti.
Il ne sera plus président du conseil, il ne sera
plus ministre, il ne sera plus rien. Son rôle est
fini.
La manifestation imprévue qui s'est produite
hier à la Chambre, n'a pas d'autre significa-
tion.
C'est contre M. Méline qu'elle a été dirigée ;
c'est la politique et la personne de M. Méline
qu'elle atteint.
On nous permettra de ne point le regretter.
M. Méline avait inauguré une politique dé-
testable. Il avait divisé les républicains, il avait
livré les destinées de la démocratie à ses pires
ennemis, il avait sacrifié le Droit et la Justice
aux plus odieuses considérations, aux plus vils
calculs.
Toute son œuvre fut une œuvre électorale.
Elle consista à protéger ceux-ci contre ceux-là
et ceux-là contre ceux-ci, pour coaliser autour
de lui tous les intérêts.
C'est dans ce but qu'il dégreva. les petites
cotes foncières, qu'il diminua les droits sur
les boissons hygiéniques, qu'il octroya de nou-
velles primes aux prodneteurs de sucre, pen-
sant plaire ainsi au Nord et au Midi et rallier
à sa cause les sympathies de toutes les popu-
lations agricoles.
Pendant deux ans, il gouverna en vue des
élections. Pendant deux ans ; il n'eut d'autre
objectif que les élections.
De là, son attitude dans l'affaire Dreyfus ;
de là, sa docilité aux ordres de M. de Mun ; de
là, ses complaisances envers les traîtres et ses
faussaires, ses rigueurs envers les braves gens,
ses abdications et ses palinodies.
Il avait peur de s'engager ; il avait peur de
se compromettre. Il ne voulait pas que le but
de tous ses efforts lui échappât.
Il préféra renier ses principes, « lâcher » ses
amis, affirmer contre toute Vérité, contre-
toute Loyauté, que Dreyfus avait été « juste-
ment et légalement condamné ».
Que lui importaient ces choses? L'essentiel
pour lui était de garder les faveurs d'une
clientèle, d'avoir de « bonnes élections ».
C'est cette politique-là que la Chambre a
condamnée hier ; c'est cette politique-là qu'elle
a flétrie.
Et ce qui le prouve bien, c'est que si M.
Barthou a pu s'expliquer, M. Méline ne l'a pas
pu. Il
On a compris que l'auteur de tout le mal
étrit M. Méline et on a tenu à faire retomber
sur M. Méline la responsabilité de tout le
mal.
Désormais, le retour aux affaires de cet
homme néfaste est impossible.
Il est fini, à tout jamais fini.
Nous souhaitons que le gouvernement com-
prenne les enseignements qui découlent de
cette exécution.
M. Dupuy ne peut plus, en effet, à partir
d'aujourd'hui, songer à remettre son fusil sur
t'épaule droite. Bon gré, mal gré, il est obligé de
le garder sur l'épaule gauche. Bon gré, mal gré,
il est obligé de gouverner avec les républicains
— et quand nous disons les républicains, on
comprend bien que nous entendops n'exclure
JM&B~.tMt~U~ veulent que le gourmes
ment de la République soit libre vis-à-vis de
la réaction pour qu'il soit libre de faire res-
pecter la Justice.
ANDRÉ lroNNORAT.
.6
LE MEETING D'HIER
Au Pré-aux-Clercs. — La séance. — A la
sortie. — Les brutalités de la police.
— Passages à tabai. — L'officier
de paix Florentin.
La nouvelle réunion tenue hier soir dans la
salle du Pré-aux-Clercs a été admirable. Dès
huit heures, plus une place n'est libre.
A huit heures et demie, M. Jean Psichari, di-
recteur de l'Ecole des hautes études, ouvre la
séance. -
Le colonel Picquart est acclamé président
d'honneur, et MM. Tarbouriech et Pierre Quil-
lard sont nommés assesseurs.
On remarque alors la présence sur l'estrade
du commissaire de police, ceint de son écharpe
qui prend des notes incessamment.
La série des discours commence par une
allocution du président. M. Psichari appelle
les assistants « compagnons », parce que,
dit-il, tel est le seul terme qui convienne à
des gens si étroitement unis pour mener cam-
pagne en faveur de la justice.
Avec une chaude conviction, Octave Mir-
beau attaque ensuite l'œuvre abjecte de l'an-
tisémitisme.
Un contradicteur appelé à la tribune ayant
déclaré que les vrais socialistes ne sont point
des dreyfusards, le citoyen de Pressensé ré-
pond que c'est au contraire l'honneur des
socialistes de s'être levés au premier appel et
d'avoir compris leur devoir.
Le citoyen Tarbouriech s'attache spéciale-
ment à l'urgence de l'abrogation des lois seé-
lérates.
Puis un jeune poète dit quelques strophes
vibrantes en l'honneur de Picquart. M. Pierre
Bertrand revient ensuite sur l'obligation de l'a-
bolition des conseils de guerre, M. Henry
Dhorr montre la corrélation de l'affaire Drey-
fus et de l'antisémitisme, qui gen est la
source.
La présence du commissaire de police fait
les frais du discours de Joindy ( Allez rappor-
ter à vos chefs lui dit-il que nous poursuivrons
le châtiment des coupables quels qu'ils
soient. »
Enfin Sébastien Faure prononce un de ces
admirables discours qui transportent la salle
tout entière dans un élan d'enthousiasme.
L'ordre du jour suivant est ensuite adopté à
l'unanimité :
« Les citoyens, réunis au Pré-aux-Clercs,
flétrissent les crimes des sauvages de l'antisé-
mitisme, protestent contre la glorification hy-
pocrite, d'Henry et demandent justice pour
pocrite
Dreyfus et Picquart. »
Des incidents révoltants se sont passés à Ja
sortie : certains agents, excités par leurs
chefs, se sont montrés d'une brutalité inouïe.
- Un citoyen. M. Pelltan, qui: sortait delà
salle du meeting, provoque pur un groupe qui
à l'abri derrière une haie d'agents hurlait : « A
bas Picquart ! » répondit par le cri de : «. Vive
Picquart! »
A ce moment un sous-brigadier, le numéro
24, se rua sur lui et d'un coup de poing l'en-
voya frapper du crâne contre la devanture de
fer d'un magasin. Deux autres agents l'aidè-
rent a assommer Pelletan dont^le sang ruisse-
lait du visage.
Heureusement, M. Touny, chef de la police
municipale, assistait à cette scène de sauvage-
rie, il s'approcha du sous-brigadier et lui dit :
— Vous êtes une brute.
L'agent stupéfait balbutia :
— Cet homme m'insultait.
- Vous mentez. Il ne vous a rien dit. Reti-
rez-vous.
Plus loin, une scène aussi scandabuse se
déroule. Un groupe de quarante personnes
ayant traversé le barrage d'agents de lu rue
Saint-Guillaume, se voit tout à coup assailli
par les agents que l'officier de paix Florentin
lance sur elle.
— Allez, taper dessus, n'en laissez pas!
crie cet étrange policier.
Et les agents se'n donnent à cœur joie. Ce sont
des cris de douleurs, des femmes sont renver-
sées et piétinées, c'est un affolement généra'.
— J'aurais eu un revolver, nous dit nn té-
moin de la scène, que j'aurais fait feu sans
remords sur les agents.
Nous pensons que cette affaire n'en restera
pas là.
LES ON-DIT
CHEZ NOUS
,..rJ\IV\N On nous communique la lettre sui-
vante adressée à M. Urbain Gohier :
Paris, le 16 décembre 1898.
Mon cher ami,
A la suite d'un article paru sous votre si-
gnature et avec ce titre : « Quatre Justices »,
dans le journal l'Aurore du 9 décembre,
M. Maillac, lieutenant, « se considérant comme
offensé en sa qualité d'officier », vous a fait
demander rétractation ou réparation.
Vous nous avez priés de vouloir bien nous
mettre en rapports avec MM. Bordeaux et
Dussaulx, lieutenants d'infanterie de marine,
que M. Maillac avait désignés pour le repré-
senter.
Ces messieurs ont spontanément reconnu
que M. Maillac n'était en aucune manière per-
sonnellement visé par l'article en question,
l mais qu'il considérait l'armée tout entière
comme outragée et qu'officier en activité de
service, « ayant déjà siégé dans les conseils
de guerre et pouvant être appelé à y siéger
encore, il se qualifiait « lui-même pour relever
cet outrage ».
Nous avons répondu :
ID Que nous protestions énergiquement con-
tre l'accusation portée contre vous d'avoir ou-
tragé l'armée tout entière ;
2° Que vous aviez usé de votre droit de jour-
naliste et rempli votre devoir de citoyen, en
dénonçant et en flétrissant dans l'armée, comme
dans tous les services publics, des abus et des
crimes qui compromettent les intérêts moraux
et matériels de ia nation ;
.3° Qu'en ce qui concerne M. Maillac, ne
l'ayant ni nommé ni désigné et n'ayant pas
l'avantage de le connaître, vous n'aviez à lui
accorder ni rétractation ni réparation.
Nous vous serrons bien affectueusement la
main.
LUCIEN VICTOR-MEUNIER,
G. LHERMITTE.
,..OJONIN Carnet artistique.
Du 15 décembre au 15 janvier s'ouvrira,
au Salon des Cent, 31, rue Bonaparte, l'ex-
position de l'œuvre du peintre James
Ensor.
- Le banquet du Club alpin.
Il a eu lieu hier soir, à l'Hôtel Conti-
nental, sous la présidence de M. Caron,
conseiller municipal de Paris, président
- Le commandant Bon représentait le
Président de la République.
M. Leygues, ministre de l'instruction
publique et des beaux arts, subitement in-
disposé, s'était fait représenter par notre
ami et collaborateur Eugène Lintilhac,
chef-adjoint de son cabinet.
,," Le quatrième banquet annuel de
la Société libre d'édition des gens de let-
tres a eu lieu hier. Une centaine de convi-
ves, littérateurs, artistes, hommes poli-
tiques, assistaient à ce dîner.
Au dessert plusieurs de nos confrères
ont porté des toasts à Emile Zola.
EN PASSANT
Le prince Henri d'Orléans affirme en
une lettre à M. Ranc, qu'il n'a point em-
brassé Esterhaiy. Il retire le baiser. Il ré-
tracte l'accolade. Par ainsi, les quelques
douçainés de témoins qui ont constaté et
raconté la touchante caresse du fils de
France ail uhlan, sont des hallucinés ou des
menteurs. Et al/ci donc ! comme c'est sim-
ple 1 Maintcnant, pourquoi cette rectifica-
tion tardive ? Serait-ce que le bon ami de
Mlle Pays ne représente plus aux yeux du
descendant de nos reysVidéal du patriotisme
et delà chevalerie ? Quoi qu'il en soit, le
jeune Henri prouve qu'il est bien de sa fa-
mille et que c'est bien le sang ménager et
parcimonieux des d' Orléans qui coule dans
ses veines. Il avait fait cette générosité d'un
baiser gratuit. Cela le gênait dans ses
comptes. Et le voilà qui reprend son ca-
deau. Il n'y a pas de petites économies.
LOUIS MARSOLLEAU.
A" Le second fils du shah de Perse
quittera Bruxelles aujourd'hui samedi, se
rendant à Paris.
A" M. Montero Rios, président, ac-
compagné par MM. Guarnica et Arba-
zuza, membres de la commission espa-
gnole pour la paix, ont quitté Paris hier
soir, retournant à Madrid.
,.--- M, Day, président de la commis-
sion américaine à la conférence hispano-
américaine de la paix, et Mme Day, les
commissaires américains et leurs familles,
ont quitté Paris hier soir à 6 h. 50, se ren-
dant au Havre pour rentrer à New-York.
Les commissaires américains ont été
reçus à leur arrivée à la gare Saint-Lazare
par le général Horace Porter, ambassa-
deur des Etats-Unis à Paris et Mlle Horace
Porter.
M. Mac Arthur, secrétaire des délégués,
ainsi que les secrétaires et attachés de
l'ambassade et plusieurs membres de la
colonie américaine de Paris se trouvaient
sur les quais de la gare.
Le chef principal de la gare Saint-Lazare
avait fait ajouter deux wagons spéciaux au
train ordinaire du Havre.
Les commissaires américains avaient
pris place dans le wagon-restaurant. Jus-
qu'au départ, les conversations ont été
très animées.
AAAA/W Nous apprenons l.i mort de M.
Léon Desgrange, ingénieur des arts et ma-
nufactures, inspecteur du matériel et de la
traction à la Compagnie des chemins de
fer de l'Ouest, décédé subitement.
M. Léon Desgrange était le beau-frère
de notre confrère Gustave Toudouze et du
peintre Edouard Toudouze.
- Tandis qu'on nous annonce une
statue de Lafayette à Paris, offerte par l'A-
mérique, New-York va recevoir pour dé-
corer un de ses squares, un buste du gé-
néral de Trobriand, un des héros français
de la guerre de Sécession, camp nordiste.
Ce buste, déjà acheté et approuvé par
Mme Stears, fille du général, figurera,
avant de partir, au Salon de 1899. Il est
l'œuvre du statuaire Pierre Feitu.
A---' L'Exposition de 1900.
On mande de Rome :
Après que M. Villa eût été nommé com-
.missaire général et M. Mantegazza, secré-
taire général, on devait procéder à la no-
mination de 12 commissaires pour l'Expo-
sition de 1900, qui devaient résider tour.à
tour à Paris. Mais il y a eu tellement de
demandes et tellement de démarches en
vue d'obtenir ce titre que le ministre ne
s'est pas encore décidé à publier la liste
des élus, tellement il lui est difficile de
publier quelque chose de définitif.
A L'ÉTRANGER
***»»» Le prince Georges de Grèce, qu'on
vient de nommer gouverneur de Crète est
un véritable colosse et l'on peut dire celui
de la famille qui ressemble le plus au tzar
Alexandre IIL
Quand le père du tzar actuel passait ses
vacances à la cour de Danemark, le prince
Georges ne manquait jamais de lui tenir
compagnie.
Parfois, au parc du château de Bern-
dorff, ces deux géants s'amusaient à se
prendre à bras le corps pour voir lequel
serait plus fort. Le prince Georges peut se
vanter d'être le seul homme qui ait réussi
à jeter par terre le tzar Alexandre III.
..-- Mme Pitti,iqui se mariera le 15 fé-
vrier pour la troisième fois fera servir le
repas de noces dans un wagon-restaurant
pendant qu'elle fera avec son nouveau
mari le trajet de Neath à Londres. Il n'y
aura que seize invités.
- Après avoir expulsé Danois, Sué-
dois, Hollandais et Autrichiens, le gou-
vernement prussien songe à appliquer la
même mesure aux nombreux Italiens qui
habitent la Prusse.
La police de Berlin a commencé par
faire une rafle parmi les marchands ambu-
lants de nationalité italienne.
- Le commandant Wissmann, ancien
gouverneur de l'Afrique orientale alle-
mande a refusé de se mettre à la tête de
l'expédition que les Allemands veulent di-
riger vers le lac du Tchad.
- Enfin.
On s'est décidé à placer en Allemagne
une plaque commejnoratiye en l'honneur
du poète Henri Heine. Elle vient d'être
installée sur la maison de l'éditeur Campe,
à Hambourg,
Un détail à noter : cette maison a été
construite avec les béi.jfices que M. Julius
Campe a retirés de la publication des
œuvres d'Henri Heine.
,.," L'ancien chef de la police politique
allemande, M. von Tausch, le même qui a
procédé en 1886 à l'arrestation de Schnae-
belé, vient d'être définitivement relevé de
ses fonctions.
On se rappelle le procès scandaleux
dans lequel il fut impliqué.
M. 'von Tausch, pouisuivi pour faux, fut
acquitté par les fameux juges de Berlin
qui obéissent parfois à des ordres. Il aurait
dû comparaître devant un conseil d'en-
quête ; mais il n'en fut rien. M. von Tausch
en sait trop long sur le compte de l'état-
major allemand.
On lui a donc laissé son titre de lieute-
nant en retraite et sa pension de commis-
saire.
Le Passant,
T-«T -
A LA CHAMBRE
L'INTERPELLATION VIVIANI
La discussion, fort tumultueuse, de l'in-
terpellation de M. Viviani sur les faits
scandaleux qui ont marqué l'élection de
la première circonscription de Narbonne,
s'est terminée par le vote, à une grosse
majorité, d'un ordre du jour flétrissant la
candidature officielle.
Mais combien, parmi ceux qui ont voté
cet ordre du jour, ont, en mai dernier,
profité ou essayé de profiter de cette can-
didature officielle, voilà ce qu'il serait
intéressant, surtout, de savoir.
Je n'ai pu, pour ma part, je le déclare,
me défendre d'une sensation de dégoût
en voyant, aux radicaux et socialistes
qui applaudissaient M. Viviani, et qui
avaient le droit de l'applaudir, n'ayant
rien demandé ni rien reçu, se joindre
certains de ceux qui ayant apporté, eux,
leur concours au gouvernement dont les
actes étaient censurés et sollicité, en
échange, son appui, auraient dû, en sou-
venir de ce qu'ils ont offert, jadis, et ac-
cepté, avoir, à défaut d'un courage im-
possible, la pudeur, au moins, de garder
le silence.
Mais à quoi bon s'indigner encore, et
toujours, et sans cesse? Ne sait-on pas
qu'il y a au Palais-Bourbon, une majorité
de lâches?
VS- * *
M. Viviani est un homme de talent.
Jeune, énergique, il apporte dans la dis-
cussion une véhémence, une fougue qui
fréquemment font éclater les bravos.
Peut-être a-t-on pu lui reprocher, hier,
un peu trop d'emphase, mais, en vérité,
quand il s'agit de la liberté, de la sincé-
rité, de la dignité des opérations électo-
rales, quand il s'agit du suffrage univer-
sel, base de nos institutions on ne saurait
faire un crime à un orateur de crier trop
haut sa colère et son indignation.
Après avoir revendiqué son droit de
demander compte à M. Méline, bien que
M. Méline ne soit plus ministre, des inci-
dents qui se sont produits sous son minis-
tère, M. Viviani a rappelé brièvement les
faits qui ont amené d'abord la révocation
de M. Rouzier-Joly, préfet de l'Aude, puis
l'invalidation de M. Bartissol. Puis, et
c'est ici que les choses sont devenues
vraiment intéressantes, il a élargi le dé-
bat, demandant:
— Croyez-vous que ces actes ne se sont pas
produits dans d'autres départements ?
Des voix nombreuses ont crié :
— Dans tous !
M. Viviani. — Je dis qu'il y a eu une orga-
nisation générale, et je voudrais élargir cette
tribune pour en faire une barre de témoins où
les députés pourraient faire entendre leurs
doléances et leur indignation.
M. Boutard. — Leurs auteurs sont tom-
bés sous le mépris public.
Ce M. Boutard est le même député qui,
l'autre jour, demandait « qu'on laissât
Zola dans son égout ». Il niériie, pour cela,
de rester dans l'histoire parlementaire,
épingle à côté du Bourbousson qui, à la
Législation de 1851, reprocha à Victor
Hugo de«nepasparler français» Rappelé à
l'ordre avec inscription au procès-verbal,
M. Boutard a continué à grogner dans son
coin, insupportablement. Puis à la fin de
la séance, il est venu très piteusement
implorer la clémence à M. Deschanel.
Passons.
M. Viviani. — Si au lieu d'aller s'installer
simplement à Narbonne une commission d'en-
quête s'était transportée partout, quel dossier
formidable n'aurait-elle pas recueilli.
Alors que les élections étaient commencées,
au moment où le pays, rompant avec son in-
différence politique, se précipitatt vers les ur-
nes alors que vous luttiez pied à pied sur le
champ de bataille, drapeau contre drapeau,
doctrine contre doctrine, où ét&it la pensée,
où était l'àme du Gouvernsment ?
Il transformait ses préfets en valets chamar-
rés du pouvoir.
Très applaudi à gauche et aux extré-
mités de la salle, le mot a soulevé au
centre de vives protestations. Le prési-
dent est intervenu, avec la plus grande
modération. Et ce court dialogue a eu
lieu.
Le président. — L'orateur, grâce à son
talent, peut se dispenser de recourir à de pa-
reilles expressions. Le président lui demande
de les retirer.
M. Viviani. — Après les faits qui ont été
déjà signalés à cette tribune, j'avoue que,
malgré l'invitation de M. le président et alors
qu'il fait appel à mon prétendu talent, il
ne m'est pas possible de retirer des paro-
les qui ne sont que l'expression de la vé-
rité.
Le président. - Le président n'est pas
juge du fond des opinions qui sont apportées
à cette tribune, mais il a la police de la Cham-
bre etil doit faire respecter les convenances.Je
vous rappelle à l'ordre.
Et comme je trouve qu'il a fallu à M.
Deschanel 1*\6 mal de courage pour tenir
tête ainsi à l'orage et faire, malgré les
clameurs, respecter le règlement, je le
dis, tout simplement.
M. Viviani a ainsi terminé, au milieu de
véritables acclamations :
Il faut à ce débat une sanction politique ; là
voici :
Bien des départements ont été livrés auar
mêmes excès, ont vu se succéder les nomina.
tions et les révocations scandaleuses ; des po-
pulalions, meurtries par les coups de force
préfectoraux, réclament la justice. Deux fois
de suit*, par deux mouvements, cette justice
a été partiellement accordée.
Mais assisterons-nous à ce spectacle ? Les
instruments servîtes d'une politique de combat
ont été anéantis ; ils sont tombés de l'aisance
dorée des préfectures au besoin et parfois à là
gêne : et les maîtres viendraient ici, tranquil-
les et souriants, attendre de la force des cho.-
ses ou de la lâcheté des hommes leur résmv
rection.
Je convie la Chambre à voter un ordre de
jour par lequel elle blâmera l'abus dés candi-
datures officielles. La Chambre aura souci dé
voter cet ordre du jour, qui ira poursuivra.,
dans le passé certains hommes et les accom-
pagner dans l'avenir avec la force souveraine
d'une condamnation morale.
M. Barthou, personnellement visé, à
plusieurs reprises par M. Viviani, a ré'
pondu avec beaucoup de calme et de
sang-froid.
M. Viviani lui avait reproché Sei
« flirts » avec le parti radical ; il a cops-
tuté que les dits flirts « ne sont jamais,
allés jusqu'à l'union régulière » :
M. Barthou. — Que peut faire, en véri,
à cette Chambre tel voyage que j'ai pu faire à
Lyon avec M. Cavaignac ou à Lille avec M.
Bourgeois? Je serais allé vanter les beautés de
l'impôt global et progressif avec ces deux chefs
du parti radical, qui n'étaient alors ni chefs ni
même membres du parti radical.
A Lyon, je l'ai déjà dit, je me suis déclaré
l'adversaire de l'impôt global et progressif sur
le revenu ; à Lille également, et M. Bourgeois
l'a reconnu avec sa loyauté habituelle.
Appelé deux fois par M. Bourgeois à faire
partie de son cabinet, j'ai deux fois refusé,
précisément parce que M. Bourgeois me de-
mandait d'être le partisan de l'impôt sur le
revenu, dont je suis l'adversaire.
Cette question personnelle ainsi élu-
cidée, M. Barthou a répondu aussitôt aux
reproches dirigées contre lui d'avoir,
étant ministre de l'intérieur, pratiqué la
candidature officielle :
M. Barthou. — J'aurais compris une inter-
pellation do cette nature si la vérification des
pouvoirs avait permis à M. Viviani de préciseï
par des faits incontestables les généralités
qu'il vient d'apporter à la tribune. De même
qu'au jour de l'interpellation sur la politiquf
générale, j'étais à côté de M. le président du
conseil, prêt à revendiquer ma part de res.
ponsabilité, si j'étais mis en cause; de même.
la Chambre le sait, j'étais à mon banc, au mo-
ment de la vérification des pouvoirs, prêt éga..
lement à répondre à toutes les attaques.
Eh bien, quel résultat a donné cette vérifi.
cation des pouvoirs autour de laquelle on a
voulu accréditer une légende?
Je constate que 556 élections ont été valif
dées sans discussion, que 19 ont donné lieu à
un débat ; que la Chambre a ordonné deux
enquêtes, dont l'une a été. le point de départ
de la discussion présente, et que a invalida-
tions ont été prononcées.
Reprenez les faits ! Aucune enquête n'a été
ordonnée et aucune invalidation n'a été pro-
noncée à la suite de ces faits de pressiou offi.
cielle auxquels M. Viviani a fait allusion.
Une voix à l'extrême gauche. — Et l'élection
de Montluçon ?
M. Barthou. — Puisqu'on parle de l'élec-
tion de Montluçon, je tiens à dire que non
seulement le ministre de l'intérieur n'a pas.
été mis en cause dans cette élection.
M. Renault-Morlière. — C'est parfaite-
ment exact,
M. Barthou. — Mais que, dans le rap-
port de M. Renautt-Morlière, la commission a
rendu hommage à la correction et à la loyauté
de son attitude.
J'ajoutt. que l'enquête judiciaire ordonnée
par la Chambre établira les responsabilités. Je
puis donner dès à présent l'assurance que les
responsabilités ne seront pas seulement du.
seul côté qu'on semble indiquer. Et nous
verrons si, parmi les amis de ceux qui m'in-
terrompent, H n'en est pas qui se soient ren-
dus coupables des faits qu'on a voulu me re-
procher.
Interrompu avec d'autant plus do vio-
lence, sans doute, que sa réponse était
plus péremptoire, M. Barthou s'est expli-
qué nettement ensuite sur l'élection deM.
Bastissol et l'élection de M. Turrel. Il
s'est efforcé de démontrer et a démontré
que si des actes profondément regretta,"
bles ont été commis, ç'a été en mécon-
naissance et au mépris des instructions
qu'il avait données. Nous citerons ce pas-
sage, relatif à l'élection de M. Turrel et
qui servira de contribution à l'histoire de
nos mœurs politiques :
M. Barthou. — Savez-vous quelles sont
les mœurs contre lesquelles nous avons à nous
défendre? Il était vrai, comme le disait M.
Decamps, que M. Turrel avait expédié à Nar-
bonne une malle contenant ses papiers per-
sonnels.
Or, il y a deux frères habitant Narbonne ; la
malle envoyée à l'un, ami de M. Turrel, est
allée à l'autre, qui est un des adversaires les
plus violents de l'ancien ministre. Celui à qui
la malle a été remise constata avec une cer-
taine satisfaction qu'elle renfermait des pa-
piers personnels de son adversaire politique
M. Turrel.
Le parquet fit restituer cette malle ; mais
voici le fait grave, parce qu'il peut avoir des
lendemains.
Celui qui, par erreur, avait reçu et ouvert la
malle, la rendit sur les réquisitions du par-
quet; mais il prit la précaution de garder
par devers lui un certain nombre de docu-
ments qu'il estimait particulièrement intéres-
sants.
Ensuite, il fait savoir qu'il livrera ces docu-
ments, mais de telle manière qu'ils puissent
être produits en public, dans un débat qui a
lieu le lendemain, en cour d'assises.
Alors on intervient auprès de lui ; les amis
de M. Turrel ont la faiblesse, en l'absence de
M. Turrel, de lui proposer le rachat des docu-
ments , il a, lui, l'infamie de vendre pour
1,500 fr. les documents qu'il avait volés.
M. Jourde. — M. Vison n'appartient pas au
parti socialiste.
M. Barthou. — Pour l'honnenr de tous
les partis, l'homme qui commet de telles infa-
mies ne doit appartenir à aucun. :
Il en restait une dernière à commettre : je
db la dernière en songeant aux dates ; car,
Le -or CINQ GENTI MlElS
• ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
131, rue Montmartre, 131
chez MM, LA. J-RANGE, CERF& CI*
6, place de la Bourse, 6.
4&çfaa Sétégea £ lû<ïue : XIXo SIÈCLE — PARIS
ABONNEMENTS -. 'ÑId.:J!i
Paris Trois oui» 6 f. Six mm 11 f. Oi m 20 q
Départements — 7f. — 12 f. - 24 C.
Union Postale — 9f. — 16f. — 32Q
Les Abonnements sont reçus sans frais
dans tous les bureaux de Post*
RÉDACTION : 131, rue Montmartre, 131
"De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
TsT" 10509. — Dimanche 18 Décembre 1898
27 FRIMAIRE AN 107
ADMINISTRATION : 131, rue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
AVIS A NOS ABONNES
Wous rappelons à nos abonnés qu'ils
ofivent joindre 60 centimes à touies
purs demandes de changements d'a-
dresses; ceci pour la confection de nou-
rlIes bandes.
NOS LEADERS
EN ALGÉRIE
i
J Biskra, ce il décembre 1898.
: La pluie a cessé depuis que j'ai quitté
Constantine. Nous voici à la porte du
iésert, dans l'oasis de Biskra. L'été
YIiver à cinquante-deux heures de Paris,
iisent les guides. De fait, le ciel est
J'un bleu intense, le soleil est chaud ;
4 midi on a réellement besoin d'ombre.
P'est le bon moment pour se promener
jpus les palmiers.
Je suis à trois cent cinquante kilomè-
tres de la côte. Et de Constantine ici, le
pays a bien son caractère oriental, tan-
dis que d'Alger à Constantine, il rap-
pelle des choses déjà vues. La vieille
lille, Constantine, l'ancienne Cirtha, ca-
pitale du royaume de Jugurtha, est fiè-
rement assise sur un roc d'une prodi-
euse élévation qu'un torrent, le Rou-
plel,qui coule au fond d'une gorge d'une
profondeur effrayante, taillée à pic, en-
coure de trois côtés. Que ces trains algé-
riens marchent lentement î Jusqu'à Bat-
na, nous traversons doucement en nous
élevant jusqu'à 1,050 mètres de vastes
jplateaux entourés de hautes montagnes
et où l'on ne fait que de l'élevage ou des
céréales. A partir de Batna, nous des-
cendons tout le temps. A Biskra, nous
pe sommes plus qu'à 150 mètres d'alti-
tude.
,, Tout le long de la route, le décor est
merveilleux, mais c'est surtout à El-
'Kantara qu'il devient saisissant. Là,
coule dans une fissure de roc très
étroite, l'oued El-Kantara. Une route en
corniche en suit toutes les sinuosités.
Le chemin de fer surplombe. Le défilé,
qui a à peine un kilomètre de longueur,
n'a pas plus de quinze mètres dans sa
partie la plus large. Et les rocs se dres-
sent superbement, infranchissables, jus-
qu'à cinq cents pieds dans les airs. On
mettrait là des portes de fer que per-
sonne ne pourrait passer. Pour aller
dans le désert, il faudrait y pénétrer
soit par la Tunisie, soit par la province
fl'Oran. El-Kantara est le passage obli-
gatoire.
$*.
Ici, on parle moins des Juifs qu'à
Alger. Il en est de même, d'ailleurs, à
tonstantine, bien qu'en 1896, lors des
élections municipales, les candidats an-
tisémites de cette ville se soient enten-
tes avec les marabouts arabes pour as-
sommer les Juifs et piller leurs bouti-
ques. Les marabouts avaient envoyé ce
jour-là des indigènes de sac et de corde
(qui ont su user de la matraque. Depuis
,il ne s'est rien passé. Cependant, les
élections législatives se sont faites sur
i« le péril juif». Il y a là une exagéra-
tion voulue. Le péril juif n'existe pas, si
jamais il a existé en Algérie. Ce sont les
politiciens qui, pour arriver, ont profité
I:oe ce que quelques centaines de Juifs
avaient ruiné des colons, dépossédé des
tribus et pratiqué l'usure. Or, ces Juifs
ont quitté le pays. Ceux qui restent sont
,'des plus misérables. Il sera facile de les
.empêcher de suivre l'exemple que les
plus entreprenants d'entre eux leur ont
tracé.
A cette heure, le véritable usurier est
italien ou M'zabite. L'Italien s'enrichit
vite en prêtant à la petite semaine aux
Arabes. Tel, le père de M. Max Régis,
;Milano, établi à Sétif. Quant au M'zabite,
il vient du sud, de l'oasis du M'zab.
C'est l'indigène commerçant, âpre au
gain. On en trouve dans toutes les villes
de l'Algérie. Il fait fortune surtout en
prêtant à 400 pour cent aux Arabes.
.Mais les politiciens ne disent rien de
lui : Il n'est pas électeur.
* #
N'empêche cependant qu'à Biskra
même où les passions politiques sont
moins échevelées qu'ailleurs, vous en-
tendez dans les rues à chaque instant :
A bas les Juifs ! Ce cri est proféré par
les arabes et par les européens de basse
condition. C'est une habitude qu'ils ont
contractée depuis les élections. Mais
cehs ne tire pas autrement à consé-
quence.
La politique, ici, n'est basée que sur
cela : « A bas les Juifs ! M C'est pour-
quoilaquestion cléricalecroîten Algérie.
Elle y était inconnue jusque dans ces
derniers temps. Mais pour remplacer
plus sûrement les anciens représentants
de l'Algérie coupables d'être restés trop
longtemps aux affaires, les nouveaux
politiciens ont dû contracter des allian-
ces. Ils se sont servis naturellement du
clergé.
C'est pourquoi encore, quelques-uns
d'entre eux qui se disent pourtant radi-
caux ou même radicaux-socialistes sont
presque toujours au parlement avec les
cléricaux sur les questions de principe.
31 faut bien satisfaire la clientèle élec-
torale. -
Et ce~e clientèle est plupart du
temps composée d'étrangers naturalisés
qui ne sont pas indifférents aux choses
de la religion. Il est difficile de donner,
en effet, comme des libres-penseurs, les
Espagnols, les Maltais et les Italiens,
établis en Algérie et qui ne jurent que
par la Madone.
Aussi bien, le véritable danger pour
l'avenir de l'Algérie, ce n'est pas, ainsi
que veulent le faire accroire lès antisé-
mites, la rapacité du Juif, mais bien ce
flot sans cesse croissant d'étrangers
que l'on naturalise trop facilement et
qui finissent par noyer l'élément fran-
çais. L'Algérie est maintenant en par-
tie dans leurs mains. C'est ce que
j'expliquerai dans mon prochain ar-
ticle.
CHARLES BOS.
Nous publierons demain un article
de M. Lucien Victor-Meunier.
L'ÉLECTION THOMSON
Grave incident à la commission d'en-
quête. — Honnêteté antisémite. -
Poursuites judiciaires.
On nous télégraphie d'Alger :
Il s'est produit hier un fait des plus graves à
la séance de la commission d'enquête sur l'é-
lection Thomson. M. Albertini, l'auteur de la
protestation sur les opérations électorales à
Stora, est convaincu d'avoir fait un faux té-
moignage devant la commission. -
Il affirmait sous la foi du serment, n'être
pas l'auteur d'une manœuvre qui avait con-
sisté, lors de la précédente élection à com-
mander lui-même des bulletins imprimés por-
tant le nom de son concurrent, qu'il avait en-
suite légèrement rayé pour le remplacer pat
le sien.
La commission, après enquête, a retrouvé
la commande de ces bulletins écrite par M.
Albertini lui-même.
Appelé devant la commission, M. Albertini
contestait l'auth3nticité de son écriture ; con-
vaincu ensuite par la déclaration formelle du
prote chargé du livre des commandes, il dut
reconnaître l'exactitude du fait. „
Sur la proposition de M. Charles Bos, la
commission décide à l'unanimité que le procu-
reur de la République sera immédiatement
saisi.
Le procureur de la République, aussitôt ap-
pelé devant la commission, a, après avoir pris
connaissance des faits, déclaré qu'une instruc-
tion serait immédiatement ouverte,
L'émotion est grande dans la ville; n'ou-
blions pas que M. Albertini est un des chefs de
l'antisémitisme dans le département.
La Condamnation deM.MéHne
Nous n'apprendrons sans doute rien à per-
sonne en disant que M. Méline avait conservé,
en dépit des événements qui se sont déroulés
depuis la chute de son cabinet, une foi aveu-
gle en son étoile.
Il se voyait redevenant bientôt président du
conseil, inaugurant l'Exposition, recevant les
rois et les empereurs et s'acheminant ainsi
tout doucement vers l'Elysée.
Hélas! un jour a suffi pour détruire ces il-
lusions si douces et si chères.
M. Méline est obligé d'en prendre son parti.
Il ne sera plus président du conseil, il ne sera
plus ministre, il ne sera plus rien. Son rôle est
fini.
La manifestation imprévue qui s'est produite
hier à la Chambre, n'a pas d'autre significa-
tion.
C'est contre M. Méline qu'elle a été dirigée ;
c'est la politique et la personne de M. Méline
qu'elle atteint.
On nous permettra de ne point le regretter.
M. Méline avait inauguré une politique dé-
testable. Il avait divisé les républicains, il avait
livré les destinées de la démocratie à ses pires
ennemis, il avait sacrifié le Droit et la Justice
aux plus odieuses considérations, aux plus vils
calculs.
Toute son œuvre fut une œuvre électorale.
Elle consista à protéger ceux-ci contre ceux-là
et ceux-là contre ceux-ci, pour coaliser autour
de lui tous les intérêts.
C'est dans ce but qu'il dégreva. les petites
cotes foncières, qu'il diminua les droits sur
les boissons hygiéniques, qu'il octroya de nou-
velles primes aux prodneteurs de sucre, pen-
sant plaire ainsi au Nord et au Midi et rallier
à sa cause les sympathies de toutes les popu-
lations agricoles.
Pendant deux ans, il gouverna en vue des
élections. Pendant deux ans ; il n'eut d'autre
objectif que les élections.
De là, son attitude dans l'affaire Dreyfus ;
de là, sa docilité aux ordres de M. de Mun ; de
là, ses complaisances envers les traîtres et ses
faussaires, ses rigueurs envers les braves gens,
ses abdications et ses palinodies.
Il avait peur de s'engager ; il avait peur de
se compromettre. Il ne voulait pas que le but
de tous ses efforts lui échappât.
Il préféra renier ses principes, « lâcher » ses
amis, affirmer contre toute Vérité, contre-
toute Loyauté, que Dreyfus avait été « juste-
ment et légalement condamné ».
Que lui importaient ces choses? L'essentiel
pour lui était de garder les faveurs d'une
clientèle, d'avoir de « bonnes élections ».
C'est cette politique-là que la Chambre a
condamnée hier ; c'est cette politique-là qu'elle
a flétrie.
Et ce qui le prouve bien, c'est que si M.
Barthou a pu s'expliquer, M. Méline ne l'a pas
pu. Il
On a compris que l'auteur de tout le mal
étrit M. Méline et on a tenu à faire retomber
sur M. Méline la responsabilité de tout le
mal.
Désormais, le retour aux affaires de cet
homme néfaste est impossible.
Il est fini, à tout jamais fini.
Nous souhaitons que le gouvernement com-
prenne les enseignements qui découlent de
cette exécution.
M. Dupuy ne peut plus, en effet, à partir
d'aujourd'hui, songer à remettre son fusil sur
t'épaule droite. Bon gré, mal gré, il est obligé de
le garder sur l'épaule gauche. Bon gré, mal gré,
il est obligé de gouverner avec les républicains
— et quand nous disons les républicains, on
comprend bien que nous entendops n'exclure
JM&B~.tMt~U~ veulent que le gourmes
ment de la République soit libre vis-à-vis de
la réaction pour qu'il soit libre de faire res-
pecter la Justice.
ANDRÉ lroNNORAT.
.6
LE MEETING D'HIER
Au Pré-aux-Clercs. — La séance. — A la
sortie. — Les brutalités de la police.
— Passages à tabai. — L'officier
de paix Florentin.
La nouvelle réunion tenue hier soir dans la
salle du Pré-aux-Clercs a été admirable. Dès
huit heures, plus une place n'est libre.
A huit heures et demie, M. Jean Psichari, di-
recteur de l'Ecole des hautes études, ouvre la
séance. -
Le colonel Picquart est acclamé président
d'honneur, et MM. Tarbouriech et Pierre Quil-
lard sont nommés assesseurs.
On remarque alors la présence sur l'estrade
du commissaire de police, ceint de son écharpe
qui prend des notes incessamment.
La série des discours commence par une
allocution du président. M. Psichari appelle
les assistants « compagnons », parce que,
dit-il, tel est le seul terme qui convienne à
des gens si étroitement unis pour mener cam-
pagne en faveur de la justice.
Avec une chaude conviction, Octave Mir-
beau attaque ensuite l'œuvre abjecte de l'an-
tisémitisme.
Un contradicteur appelé à la tribune ayant
déclaré que les vrais socialistes ne sont point
des dreyfusards, le citoyen de Pressensé ré-
pond que c'est au contraire l'honneur des
socialistes de s'être levés au premier appel et
d'avoir compris leur devoir.
Le citoyen Tarbouriech s'attache spéciale-
ment à l'urgence de l'abrogation des lois seé-
lérates.
Puis un jeune poète dit quelques strophes
vibrantes en l'honneur de Picquart. M. Pierre
Bertrand revient ensuite sur l'obligation de l'a-
bolition des conseils de guerre, M. Henry
Dhorr montre la corrélation de l'affaire Drey-
fus et de l'antisémitisme, qui gen est la
source.
La présence du commissaire de police fait
les frais du discours de Joindy ( Allez rappor-
ter à vos chefs lui dit-il que nous poursuivrons
le châtiment des coupables quels qu'ils
soient. »
Enfin Sébastien Faure prononce un de ces
admirables discours qui transportent la salle
tout entière dans un élan d'enthousiasme.
L'ordre du jour suivant est ensuite adopté à
l'unanimité :
« Les citoyens, réunis au Pré-aux-Clercs,
flétrissent les crimes des sauvages de l'antisé-
mitisme, protestent contre la glorification hy-
pocrite, d'Henry et demandent justice pour
pocrite
Dreyfus et Picquart. »
Des incidents révoltants se sont passés à Ja
sortie : certains agents, excités par leurs
chefs, se sont montrés d'une brutalité inouïe.
- Un citoyen. M. Pelltan, qui: sortait delà
salle du meeting, provoque pur un groupe qui
à l'abri derrière une haie d'agents hurlait : « A
bas Picquart ! » répondit par le cri de : «. Vive
Picquart! »
A ce moment un sous-brigadier, le numéro
24, se rua sur lui et d'un coup de poing l'en-
voya frapper du crâne contre la devanture de
fer d'un magasin. Deux autres agents l'aidè-
rent a assommer Pelletan dont^le sang ruisse-
lait du visage.
Heureusement, M. Touny, chef de la police
municipale, assistait à cette scène de sauvage-
rie, il s'approcha du sous-brigadier et lui dit :
— Vous êtes une brute.
L'agent stupéfait balbutia :
— Cet homme m'insultait.
- Vous mentez. Il ne vous a rien dit. Reti-
rez-vous.
Plus loin, une scène aussi scandabuse se
déroule. Un groupe de quarante personnes
ayant traversé le barrage d'agents de lu rue
Saint-Guillaume, se voit tout à coup assailli
par les agents que l'officier de paix Florentin
lance sur elle.
— Allez, taper dessus, n'en laissez pas!
crie cet étrange policier.
Et les agents se'n donnent à cœur joie. Ce sont
des cris de douleurs, des femmes sont renver-
sées et piétinées, c'est un affolement généra'.
— J'aurais eu un revolver, nous dit nn té-
moin de la scène, que j'aurais fait feu sans
remords sur les agents.
Nous pensons que cette affaire n'en restera
pas là.
LES ON-DIT
CHEZ NOUS
,..rJ\IV\N On nous communique la lettre sui-
vante adressée à M. Urbain Gohier :
Paris, le 16 décembre 1898.
Mon cher ami,
A la suite d'un article paru sous votre si-
gnature et avec ce titre : « Quatre Justices »,
dans le journal l'Aurore du 9 décembre,
M. Maillac, lieutenant, « se considérant comme
offensé en sa qualité d'officier », vous a fait
demander rétractation ou réparation.
Vous nous avez priés de vouloir bien nous
mettre en rapports avec MM. Bordeaux et
Dussaulx, lieutenants d'infanterie de marine,
que M. Maillac avait désignés pour le repré-
senter.
Ces messieurs ont spontanément reconnu
que M. Maillac n'était en aucune manière per-
sonnellement visé par l'article en question,
l mais qu'il considérait l'armée tout entière
comme outragée et qu'officier en activité de
service, « ayant déjà siégé dans les conseils
de guerre et pouvant être appelé à y siéger
encore, il se qualifiait « lui-même pour relever
cet outrage ».
Nous avons répondu :
ID Que nous protestions énergiquement con-
tre l'accusation portée contre vous d'avoir ou-
tragé l'armée tout entière ;
2° Que vous aviez usé de votre droit de jour-
naliste et rempli votre devoir de citoyen, en
dénonçant et en flétrissant dans l'armée, comme
dans tous les services publics, des abus et des
crimes qui compromettent les intérêts moraux
et matériels de ia nation ;
.3° Qu'en ce qui concerne M. Maillac, ne
l'ayant ni nommé ni désigné et n'ayant pas
l'avantage de le connaître, vous n'aviez à lui
accorder ni rétractation ni réparation.
Nous vous serrons bien affectueusement la
main.
LUCIEN VICTOR-MEUNIER,
G. LHERMITTE.
,..OJONIN Carnet artistique.
Du 15 décembre au 15 janvier s'ouvrira,
au Salon des Cent, 31, rue Bonaparte, l'ex-
position de l'œuvre du peintre James
Ensor.
- Le banquet du Club alpin.
Il a eu lieu hier soir, à l'Hôtel Conti-
nental, sous la présidence de M. Caron,
conseiller municipal de Paris, président
- Le commandant Bon représentait le
Président de la République.
M. Leygues, ministre de l'instruction
publique et des beaux arts, subitement in-
disposé, s'était fait représenter par notre
ami et collaborateur Eugène Lintilhac,
chef-adjoint de son cabinet.
,," Le quatrième banquet annuel de
la Société libre d'édition des gens de let-
tres a eu lieu hier. Une centaine de convi-
ves, littérateurs, artistes, hommes poli-
tiques, assistaient à ce dîner.
Au dessert plusieurs de nos confrères
ont porté des toasts à Emile Zola.
EN PASSANT
Le prince Henri d'Orléans affirme en
une lettre à M. Ranc, qu'il n'a point em-
brassé Esterhaiy. Il retire le baiser. Il ré-
tracte l'accolade. Par ainsi, les quelques
douçainés de témoins qui ont constaté et
raconté la touchante caresse du fils de
France ail uhlan, sont des hallucinés ou des
menteurs. Et al/ci donc ! comme c'est sim-
ple 1 Maintcnant, pourquoi cette rectifica-
tion tardive ? Serait-ce que le bon ami de
Mlle Pays ne représente plus aux yeux du
descendant de nos reysVidéal du patriotisme
et delà chevalerie ? Quoi qu'il en soit, le
jeune Henri prouve qu'il est bien de sa fa-
mille et que c'est bien le sang ménager et
parcimonieux des d' Orléans qui coule dans
ses veines. Il avait fait cette générosité d'un
baiser gratuit. Cela le gênait dans ses
comptes. Et le voilà qui reprend son ca-
deau. Il n'y a pas de petites économies.
LOUIS MARSOLLEAU.
A" Le second fils du shah de Perse
quittera Bruxelles aujourd'hui samedi, se
rendant à Paris.
A" M. Montero Rios, président, ac-
compagné par MM. Guarnica et Arba-
zuza, membres de la commission espa-
gnole pour la paix, ont quitté Paris hier
soir, retournant à Madrid.
,.--- M, Day, président de la commis-
sion américaine à la conférence hispano-
américaine de la paix, et Mme Day, les
commissaires américains et leurs familles,
ont quitté Paris hier soir à 6 h. 50, se ren-
dant au Havre pour rentrer à New-York.
Les commissaires américains ont été
reçus à leur arrivée à la gare Saint-Lazare
par le général Horace Porter, ambassa-
deur des Etats-Unis à Paris et Mlle Horace
Porter.
M. Mac Arthur, secrétaire des délégués,
ainsi que les secrétaires et attachés de
l'ambassade et plusieurs membres de la
colonie américaine de Paris se trouvaient
sur les quais de la gare.
Le chef principal de la gare Saint-Lazare
avait fait ajouter deux wagons spéciaux au
train ordinaire du Havre.
Les commissaires américains avaient
pris place dans le wagon-restaurant. Jus-
qu'au départ, les conversations ont été
très animées.
AAAA/W Nous apprenons l.i mort de M.
Léon Desgrange, ingénieur des arts et ma-
nufactures, inspecteur du matériel et de la
traction à la Compagnie des chemins de
fer de l'Ouest, décédé subitement.
M. Léon Desgrange était le beau-frère
de notre confrère Gustave Toudouze et du
peintre Edouard Toudouze.
- Tandis qu'on nous annonce une
statue de Lafayette à Paris, offerte par l'A-
mérique, New-York va recevoir pour dé-
corer un de ses squares, un buste du gé-
néral de Trobriand, un des héros français
de la guerre de Sécession, camp nordiste.
Ce buste, déjà acheté et approuvé par
Mme Stears, fille du général, figurera,
avant de partir, au Salon de 1899. Il est
l'œuvre du statuaire Pierre Feitu.
A---' L'Exposition de 1900.
On mande de Rome :
Après que M. Villa eût été nommé com-
.missaire général et M. Mantegazza, secré-
taire général, on devait procéder à la no-
mination de 12 commissaires pour l'Expo-
sition de 1900, qui devaient résider tour.à
tour à Paris. Mais il y a eu tellement de
demandes et tellement de démarches en
vue d'obtenir ce titre que le ministre ne
s'est pas encore décidé à publier la liste
des élus, tellement il lui est difficile de
publier quelque chose de définitif.
A L'ÉTRANGER
***»»» Le prince Georges de Grèce, qu'on
vient de nommer gouverneur de Crète est
un véritable colosse et l'on peut dire celui
de la famille qui ressemble le plus au tzar
Alexandre IIL
Quand le père du tzar actuel passait ses
vacances à la cour de Danemark, le prince
Georges ne manquait jamais de lui tenir
compagnie.
Parfois, au parc du château de Bern-
dorff, ces deux géants s'amusaient à se
prendre à bras le corps pour voir lequel
serait plus fort. Le prince Georges peut se
vanter d'être le seul homme qui ait réussi
à jeter par terre le tzar Alexandre III.
..-- Mme Pitti,iqui se mariera le 15 fé-
vrier pour la troisième fois fera servir le
repas de noces dans un wagon-restaurant
pendant qu'elle fera avec son nouveau
mari le trajet de Neath à Londres. Il n'y
aura que seize invités.
- Après avoir expulsé Danois, Sué-
dois, Hollandais et Autrichiens, le gou-
vernement prussien songe à appliquer la
même mesure aux nombreux Italiens qui
habitent la Prusse.
La police de Berlin a commencé par
faire une rafle parmi les marchands ambu-
lants de nationalité italienne.
- Le commandant Wissmann, ancien
gouverneur de l'Afrique orientale alle-
mande a refusé de se mettre à la tête de
l'expédition que les Allemands veulent di-
riger vers le lac du Tchad.
- Enfin.
On s'est décidé à placer en Allemagne
une plaque commejnoratiye en l'honneur
du poète Henri Heine. Elle vient d'être
installée sur la maison de l'éditeur Campe,
à Hambourg,
Un détail à noter : cette maison a été
construite avec les béi.jfices que M. Julius
Campe a retirés de la publication des
œuvres d'Henri Heine.
,.," L'ancien chef de la police politique
allemande, M. von Tausch, le même qui a
procédé en 1886 à l'arrestation de Schnae-
belé, vient d'être définitivement relevé de
ses fonctions.
On se rappelle le procès scandaleux
dans lequel il fut impliqué.
M. 'von Tausch, pouisuivi pour faux, fut
acquitté par les fameux juges de Berlin
qui obéissent parfois à des ordres. Il aurait
dû comparaître devant un conseil d'en-
quête ; mais il n'en fut rien. M. von Tausch
en sait trop long sur le compte de l'état-
major allemand.
On lui a donc laissé son titre de lieute-
nant en retraite et sa pension de commis-
saire.
Le Passant,
T-«T -
A LA CHAMBRE
L'INTERPELLATION VIVIANI
La discussion, fort tumultueuse, de l'in-
terpellation de M. Viviani sur les faits
scandaleux qui ont marqué l'élection de
la première circonscription de Narbonne,
s'est terminée par le vote, à une grosse
majorité, d'un ordre du jour flétrissant la
candidature officielle.
Mais combien, parmi ceux qui ont voté
cet ordre du jour, ont, en mai dernier,
profité ou essayé de profiter de cette can-
didature officielle, voilà ce qu'il serait
intéressant, surtout, de savoir.
Je n'ai pu, pour ma part, je le déclare,
me défendre d'une sensation de dégoût
en voyant, aux radicaux et socialistes
qui applaudissaient M. Viviani, et qui
avaient le droit de l'applaudir, n'ayant
rien demandé ni rien reçu, se joindre
certains de ceux qui ayant apporté, eux,
leur concours au gouvernement dont les
actes étaient censurés et sollicité, en
échange, son appui, auraient dû, en sou-
venir de ce qu'ils ont offert, jadis, et ac-
cepté, avoir, à défaut d'un courage im-
possible, la pudeur, au moins, de garder
le silence.
Mais à quoi bon s'indigner encore, et
toujours, et sans cesse? Ne sait-on pas
qu'il y a au Palais-Bourbon, une majorité
de lâches?
VS- * *
M. Viviani est un homme de talent.
Jeune, énergique, il apporte dans la dis-
cussion une véhémence, une fougue qui
fréquemment font éclater les bravos.
Peut-être a-t-on pu lui reprocher, hier,
un peu trop d'emphase, mais, en vérité,
quand il s'agit de la liberté, de la sincé-
rité, de la dignité des opérations électo-
rales, quand il s'agit du suffrage univer-
sel, base de nos institutions on ne saurait
faire un crime à un orateur de crier trop
haut sa colère et son indignation.
Après avoir revendiqué son droit de
demander compte à M. Méline, bien que
M. Méline ne soit plus ministre, des inci-
dents qui se sont produits sous son minis-
tère, M. Viviani a rappelé brièvement les
faits qui ont amené d'abord la révocation
de M. Rouzier-Joly, préfet de l'Aude, puis
l'invalidation de M. Bartissol. Puis, et
c'est ici que les choses sont devenues
vraiment intéressantes, il a élargi le dé-
bat, demandant:
— Croyez-vous que ces actes ne se sont pas
produits dans d'autres départements ?
Des voix nombreuses ont crié :
— Dans tous !
M. Viviani. — Je dis qu'il y a eu une orga-
nisation générale, et je voudrais élargir cette
tribune pour en faire une barre de témoins où
les députés pourraient faire entendre leurs
doléances et leur indignation.
M. Boutard. — Leurs auteurs sont tom-
bés sous le mépris public.
Ce M. Boutard est le même député qui,
l'autre jour, demandait « qu'on laissât
Zola dans son égout ». Il niériie, pour cela,
de rester dans l'histoire parlementaire,
épingle à côté du Bourbousson qui, à la
Législation de 1851, reprocha à Victor
Hugo de«nepasparler français» Rappelé à
l'ordre avec inscription au procès-verbal,
M. Boutard a continué à grogner dans son
coin, insupportablement. Puis à la fin de
la séance, il est venu très piteusement
implorer la clémence à M. Deschanel.
Passons.
M. Viviani. — Si au lieu d'aller s'installer
simplement à Narbonne une commission d'en-
quête s'était transportée partout, quel dossier
formidable n'aurait-elle pas recueilli.
Alors que les élections étaient commencées,
au moment où le pays, rompant avec son in-
différence politique, se précipitatt vers les ur-
nes alors que vous luttiez pied à pied sur le
champ de bataille, drapeau contre drapeau,
doctrine contre doctrine, où ét&it la pensée,
où était l'àme du Gouvernsment ?
Il transformait ses préfets en valets chamar-
rés du pouvoir.
Très applaudi à gauche et aux extré-
mités de la salle, le mot a soulevé au
centre de vives protestations. Le prési-
dent est intervenu, avec la plus grande
modération. Et ce court dialogue a eu
lieu.
Le président. — L'orateur, grâce à son
talent, peut se dispenser de recourir à de pa-
reilles expressions. Le président lui demande
de les retirer.
M. Viviani. — Après les faits qui ont été
déjà signalés à cette tribune, j'avoue que,
malgré l'invitation de M. le président et alors
qu'il fait appel à mon prétendu talent, il
ne m'est pas possible de retirer des paro-
les qui ne sont que l'expression de la vé-
rité.
Le président. - Le président n'est pas
juge du fond des opinions qui sont apportées
à cette tribune, mais il a la police de la Cham-
bre etil doit faire respecter les convenances.Je
vous rappelle à l'ordre.
Et comme je trouve qu'il a fallu à M.
Deschanel 1*\6 mal de courage pour tenir
tête ainsi à l'orage et faire, malgré les
clameurs, respecter le règlement, je le
dis, tout simplement.
M. Viviani a ainsi terminé, au milieu de
véritables acclamations :
Il faut à ce débat une sanction politique ; là
voici :
Bien des départements ont été livrés auar
mêmes excès, ont vu se succéder les nomina.
tions et les révocations scandaleuses ; des po-
pulalions, meurtries par les coups de force
préfectoraux, réclament la justice. Deux fois
de suit*, par deux mouvements, cette justice
a été partiellement accordée.
Mais assisterons-nous à ce spectacle ? Les
instruments servîtes d'une politique de combat
ont été anéantis ; ils sont tombés de l'aisance
dorée des préfectures au besoin et parfois à là
gêne : et les maîtres viendraient ici, tranquil-
les et souriants, attendre de la force des cho.-
ses ou de la lâcheté des hommes leur résmv
rection.
Je convie la Chambre à voter un ordre de
jour par lequel elle blâmera l'abus dés candi-
datures officielles. La Chambre aura souci dé
voter cet ordre du jour, qui ira poursuivra.,
dans le passé certains hommes et les accom-
pagner dans l'avenir avec la force souveraine
d'une condamnation morale.
M. Barthou, personnellement visé, à
plusieurs reprises par M. Viviani, a ré'
pondu avec beaucoup de calme et de
sang-froid.
M. Viviani lui avait reproché Sei
« flirts » avec le parti radical ; il a cops-
tuté que les dits flirts « ne sont jamais,
allés jusqu'à l'union régulière » :
M. Barthou. — Que peut faire, en véri,
à cette Chambre tel voyage que j'ai pu faire à
Lyon avec M. Cavaignac ou à Lille avec M.
Bourgeois? Je serais allé vanter les beautés de
l'impôt global et progressif avec ces deux chefs
du parti radical, qui n'étaient alors ni chefs ni
même membres du parti radical.
A Lyon, je l'ai déjà dit, je me suis déclaré
l'adversaire de l'impôt global et progressif sur
le revenu ; à Lille également, et M. Bourgeois
l'a reconnu avec sa loyauté habituelle.
Appelé deux fois par M. Bourgeois à faire
partie de son cabinet, j'ai deux fois refusé,
précisément parce que M. Bourgeois me de-
mandait d'être le partisan de l'impôt sur le
revenu, dont je suis l'adversaire.
Cette question personnelle ainsi élu-
cidée, M. Barthou a répondu aussitôt aux
reproches dirigées contre lui d'avoir,
étant ministre de l'intérieur, pratiqué la
candidature officielle :
M. Barthou. — J'aurais compris une inter-
pellation do cette nature si la vérification des
pouvoirs avait permis à M. Viviani de préciseï
par des faits incontestables les généralités
qu'il vient d'apporter à la tribune. De même
qu'au jour de l'interpellation sur la politiquf
générale, j'étais à côté de M. le président du
conseil, prêt à revendiquer ma part de res.
ponsabilité, si j'étais mis en cause; de même.
la Chambre le sait, j'étais à mon banc, au mo-
ment de la vérification des pouvoirs, prêt éga..
lement à répondre à toutes les attaques.
Eh bien, quel résultat a donné cette vérifi.
cation des pouvoirs autour de laquelle on a
voulu accréditer une légende?
Je constate que 556 élections ont été valif
dées sans discussion, que 19 ont donné lieu à
un débat ; que la Chambre a ordonné deux
enquêtes, dont l'une a été. le point de départ
de la discussion présente, et que a invalida-
tions ont été prononcées.
Reprenez les faits ! Aucune enquête n'a été
ordonnée et aucune invalidation n'a été pro-
noncée à la suite de ces faits de pressiou offi.
cielle auxquels M. Viviani a fait allusion.
Une voix à l'extrême gauche. — Et l'élection
de Montluçon ?
M. Barthou. — Puisqu'on parle de l'élec-
tion de Montluçon, je tiens à dire que non
seulement le ministre de l'intérieur n'a pas.
été mis en cause dans cette élection.
M. Renault-Morlière. — C'est parfaite-
ment exact,
M. Barthou. — Mais que, dans le rap-
port de M. Renautt-Morlière, la commission a
rendu hommage à la correction et à la loyauté
de son attitude.
J'ajoutt. que l'enquête judiciaire ordonnée
par la Chambre établira les responsabilités. Je
puis donner dès à présent l'assurance que les
responsabilités ne seront pas seulement du.
seul côté qu'on semble indiquer. Et nous
verrons si, parmi les amis de ceux qui m'in-
terrompent, H n'en est pas qui se soient ren-
dus coupables des faits qu'on a voulu me re-
procher.
Interrompu avec d'autant plus do vio-
lence, sans doute, que sa réponse était
plus péremptoire, M. Barthou s'est expli-
qué nettement ensuite sur l'élection deM.
Bastissol et l'élection de M. Turrel. Il
s'est efforcé de démontrer et a démontré
que si des actes profondément regretta,"
bles ont été commis, ç'a été en mécon-
naissance et au mépris des instructions
qu'il avait données. Nous citerons ce pas-
sage, relatif à l'élection de M. Turrel et
qui servira de contribution à l'histoire de
nos mœurs politiques :
M. Barthou. — Savez-vous quelles sont
les mœurs contre lesquelles nous avons à nous
défendre? Il était vrai, comme le disait M.
Decamps, que M. Turrel avait expédié à Nar-
bonne une malle contenant ses papiers per-
sonnels.
Or, il y a deux frères habitant Narbonne ; la
malle envoyée à l'un, ami de M. Turrel, est
allée à l'autre, qui est un des adversaires les
plus violents de l'ancien ministre. Celui à qui
la malle a été remise constata avec une cer-
taine satisfaction qu'elle renfermait des pa-
piers personnels de son adversaire politique
M. Turrel.
Le parquet fit restituer cette malle ; mais
voici le fait grave, parce qu'il peut avoir des
lendemains.
Celui qui, par erreur, avait reçu et ouvert la
malle, la rendit sur les réquisitions du par-
quet; mais il prit la précaution de garder
par devers lui un certain nombre de docu-
ments qu'il estimait particulièrement intéres-
sants.
Ensuite, il fait savoir qu'il livrera ces docu-
ments, mais de telle manière qu'ils puissent
être produits en public, dans un débat qui a
lieu le lendemain, en cour d'assises.
Alors on intervient auprès de lui ; les amis
de M. Turrel ont la faiblesse, en l'absence de
M. Turrel, de lui proposer le rachat des docu-
ments , il a, lui, l'infamie de vendre pour
1,500 fr. les documents qu'il avait volés.
M. Jourde. — M. Vison n'appartient pas au
parti socialiste.
M. Barthou. — Pour l'honnenr de tous
les partis, l'homme qui commet de telles infa-
mies ne doit appartenir à aucun. :
Il en restait une dernière à commettre : je
db la dernière en songeant aux dates ; car,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.92%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.92%.
- Auteurs similaires Chadeuil Gustave Chadeuil Gustave /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Chadeuil Gustave" or dc.contributor adj "Chadeuil Gustave")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7566176m/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7566176m/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7566176m/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7566176m/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7566176m
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7566176m
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7566176m/f1.image × Aide