Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1895-04-27
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 27 avril 1895 27 avril 1895
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
VÏNGT-CINQUIÈME A PÎNE&. - Pr 8,503 NTTMTvRO Cl IN* y CIîNTfMËST SAMEDI 27 AVRIL 1F95
LE E SIECLE
RÉDACTION ET ADIfîIHISTRATiOM
Mi, rue Montmaal-ti-op 181
PAUIS
ANNONCES
Ch.. MM. LAGRANGE, CERPfit O
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Paris7. Tniiioi»,af, fai«u, nf. Q", âO"
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FRAIS DE JUSTICE
Justiciables, mes frères, réjouissez-
vous : Nuntioevobis gaudium magnum,
comme dit le pape. Je vous annonce
une grande joie : désormais, l'expro-
priation d'un immeuble de 500 francs
ne coûtera plus que 557 fr. i5 de frais.
Comprenez-vous bien toute l'impor-
tance de cette réforme? Jadis le créan-
cier à qui le pauvre diable de paysan
ou de petit propriétaire devait 500
francs ne pouvait se payer le plaisir de
faire exproprier le champ ou la bi-
coque de son débiteur qu'à la condi-
tion de perdre d'abord toute sa créance
et de payer en sus, aux hommes de loi,
une somme variable qui, en 1887, par
exemple, se montait à 186 fr. 85, et en
1884 arrivait à 255 francs. C'est-à-dire
que la bicoque ou le champ valant de
500 à 1,000 francs se vendait naturel-
lement au plus bas, soit à 500 francs.
Mais, comme les frais se montaient
à 755 francs en 1884, et que le créan-
cier en était responsable, il avait à
débourser, en sus de sa créance per-
due, la différence entre le prix de la
vente et le total des frais., soit 255
francs.
Aujourd'hui, l'amélioration est con-
sidérable : Les frais ne représentent
plus que les 111 43 0^0 du prix de la
vente, de sorte que pour 57 15 sortis
de sa poche, un créancier peut se
donner le plaisir de perdre toute sa
créance en ruinant complètement son
débiteur.
Hein ! comme c'est beau, la procé-
dure civile !
A première vue, cependant, ces chif-
fres scandaleux semblent avoir quel-
que chose de rassurant pour les pau-
vres débiteurs, ou, pour être plus
exact, pour les débiteurs pauvres. Il
faut avoir pas mal de fortune et pas
beaucoup d'entrailles pour s'offrir de
temps en temps l'agrément de perdre
tout et quelque chose de plus pour le
seul plaisir d'exterminer de pauvres
diables. Il n'y a, semble-t-il, que l'Etat
et les princes d'Orléans qui soient ca-
pables de se payer le luxe de cette dis-
traction charitable.
Eh1 bien, non. C'est une erreur et ie
cas est assez fréquent. IL se rencontre
assez souvent des créanciers rageurs
pour qui la ruine du débiteur est une
satisfaction suffisante. Il faut dire
aussi que, la plupart du temps, le
créancier qui fait vendre est aussi ce-
lui qui achète. Il rattrape sur le vil
prix de son acquisition ce qu'il perd
sur les frais et sur la créance. La
grande tribu des usuriers de village
ne procède guère autrement. Les gros
intérêts et les achats sur expropria-
tion sont les principales sources où se
puise la fortune des Gobseck ruraux.
Et puis, il faut aussi compter l'huis-
sier qui, vivant de procédure, pousse
de son mieux aux mesures rigoureu-
ses et travail e activement au grossis-
sement des frais. L'huissier sait bien
que, tout le monde perdant, il est tou-
jours, lui, « celui qui gagne ». L'Etat
et l'huissier sont payés les premiers,
par privilège et, le débiteur épuisé,
reste le créancier qui paiera. C'est là
que se rencontre la cause principale
de ces abominables procédures qui
sont l'égorgement des familles pau-
vres au profit des malandrins judi-
ciaires.
D'ailleurs, la justice française — la-
quelle est gratuite, vous ne l'ignorez
pas — réserve aux riches d'aimables
compensations. L'immeuble de cent
mille francs, au lieu de payer
111 43 0[0 de frais, — ce qui ferait
111,430 francs — paie seulement 4 34 :
c'est-à-dire quelque chose comme
vingt-huit fois moins que la petite par-
celle.
Il fait bon être riche, n'est-ce pas,
même quand on est exproprié !
Le rapport du Garde des sceaux au-
quel j'emprunte ces chiffres oublie de
nous donner un renseignement qui,
cependant, aurait son prix. Il ne nous
dit pas ce que coûtent et en quel nom-
bre se produisent ces petites procé-
dures, commerciales ou civiles, qui
n'aboutissent pas — du moins le plus
souvent — devant les tribunaux, mais
n'en sont que plus abusives et rui-
neuses; ces procédures qui, pour une
créance minime, pour un billet de
vingt francs, autorisent cinquante,
soixante, cent francs de frais en moins
de quinze jours.
Car les frais courent vite dans
« l'enragée boutique à procès ». Il n'y
a même que les frais qui marchent
rondement dans cette justice, gratuite,
comme on sait. mais surtout boiteuse.
A preuve, que le « compte général de
l'administration de la justice » arrive
— quand on se presse un peu — trois
ans et demi après l'exercice. C'est
ainsi qu'on a distribué tout juste hier,
le compte général de 1891, alors que,
en prenant son temps, il serait facile
d'avoir, dès maintenant, celui de
1894. Et encore faut-il faire compli-
ment au Garde des sceaux, car il n'y
a pas plus de six mois qu'on a distri-
bué le compte de 1890.
Il est vrai, du reste, que ces comptes
rendus ne servent pas de grand' chose.
Voilà cinquante ans et plus qu'on y
fait chaque année les mêmes observa-
tions navrantes sans qu'il en soit ré-
sulté la moindre réforme appréciable.
En 1851, déjà, si je ne me trompe, M.
Dufaure avait, dans son rapport, si-
gnalé la nécessité de corriger ces ini-
quités honteuses dont souffrent les
pauvres gens. Et je crains bien qu'en
l'an de grâce 19951e Garde des sceaux
d'alors n'en puisse faire autant.
Il serait pourtant bien facile d'y
porter remède. Un tout petit article
ajouté au tarif, deux ou trois paragra-
phes additionnels à quelques articles
du code de procédure et tout serait dit.
Substituer la lettre chargée à l'exploit
d'huissier, proportionner les frais à
l'objet du litige, autoriser pour ces
procédures sommaires l'emploi du
« papier copie », supprimer les actes
inutiles, simplifier les formalités, tout
cela serait on ne peut plus facile.
Mais qui donc a le temps de songer
à de pareilles bagatelles ? Et les cor-
beaux de la basoche continuent à dé-
vorer tout vivants, les pauvres gens
dont le crime est de n'avoir pas assez
de rentes pour éviter de faire des det-
tes criardes.
Thomas Graindorge.
LA PATENTE D'AVOCAT
Démissions au Barreau parisien
Il se produit actuellement au barreau pa-
risien un courant de démissions dont la pa-
tente de la profession d'avocat est presque
l'unique cause.
Cette patente est de douze pour cent en-
viron du prix de location de l'appartement
occupé. Par suite, un avocat inscrit au ta-
bleau de l'ordre pour l'honneur et ayant, par
exemple, un appartement d'un loyer de 3,000
francs, est tenu de payer une patente de 300
à 350 francs.
Après avoir sacrifié pendant quinze ou
vingt ans le revenu d'un capital de dix
mille francs à la gloire da pouvoir faire
mettre sur ses cartes de visite « avocat a la
cour de Paris» l'avocat non plaidant ou peu
plaidant se résout à donner sa démission.
A l'heure actuelle, comme nous le disions,
les démissions se multiplient. Cependant
restent encore inscrits au tableau de l'ordre
des avocats à la cour d'appel de Paris onze
cent cinquante et douze cents membres sur
lesquels deux cents au grand maximum plai-
dent à peu près régulièrement.
A citer parmi les démissionnaires con-
nus :
M. Fallières, ancien ministre de la jus-
tice ; M. Bérenger, sénateur et M. Fabrice
Carré, auteur dramatique.
FRANÇAIS FUSILLÉ PAR LES HOVAS
Majunga, 25 avril.
Les Hovas ont fusillé un Français nommé
Grevet et ont martyrisé un créole nommé Jo-
seph.
Tous deux étaient prisonniers des Hovas de-
puis le mois de janvier.
Les transports affrétés arrivent tous les
jours.
A RAPPROCHER DU CAS MiRMAN
M. Marotel, élève à l'école vétérinaire d'Al-
fort, entré en octobre 1890, quitte cette
école, pourvu de son diplôme, en juillet
1894.
Comme il avait bénéficit é de l'ancienne loi
militaire, il avait obtenu des surfis d'appel.
Mais il devait, à sa sortie de l'école, l'année
de service qu'on impose maintenant aux
élèves pendant leur séjour à l'école.
Il fut donc incorporé, le 16 novembre
1894 — avec les jeunes soldats de la classe
1893 — au 26e de ligne, à Nancy.
Au commencement de cette année, il ob-
tient d'être détaché au 4e de ligna, casernô
au fort de Charonton. à une demi-heure de
l'école d'Alfort et dès lors on le voit assidû-
ment à l'école.
Il y rentre officiellement, à la stupéfaction
de ses camarades, nommé le 27 FÉVRIER
1890 par le ministre de l'agriculture au poste
de répétiteur de la chaire d'histoire naturelle et
matière médicale aux appointements de 2,400
francs par an. Depuis, il procède régulière-
ment aux « interrogations » bi-hebdoma-
daires et ne paraît nullement se souvenir
qu'il est soldât jusqu'en novembre 1895.
Pourquoi nous avoir dit £ la tribune de la
Chambre (discours de M. Dupuy à propos
de M. Mirman) que lorsque la loi militaire
saisissait un homme « elle le saisissait tout
entier ? »
UN FOUDRE MONSTRE
La Halle aux Vins de Paris possède en ce
moment un foudre auprès duquel celui
d'Heidelberg ne serait qu'un joujou. Il a sept
mètres de hauteur et jauge 80,000 litres. Il
est divisé en cinq compartiments, munis de
cinq planchers différents permettant d'em-
magasiner cinq sortes de vin sans qu'aucun
mélange puisse se produire.
D'immenses robinets reçoivent les tubes
destinés à remplir les compartiments.
Ce colosse ne nous dit rien qui vaille, cela
nous paraît bien compliqué pour servir de
demeure au brave Jean Raisin. Quelles étran-
ges mixtures, quelle chimie inexpliquée
vont se faire dans cette machine qui res-
semble trop aux bouteilles d'escamoteur fo-
rain?
PUPILLES DE LA SEINE
LE VILLAGE D'AOUCH-BASSOUR
Une expérience intéressante. — Les enfants
de Paris et l'agriculture. — Voyage
en Algérie.
Connaissez-vous l'école Rondil et le village
d'Aouch-Bassour ? Non sans aucun doute.
Et pourtant, bien que cela se trouve en
Algérie, rien n'est plus foncièrement pari-
sien.
Tous les élèves de l'école Rondil, tous les
chefs de famille du village d'Aouch-Bassour
sont des Parisiens, envoyés là par la Ville
de Paris et à ses frais. L'école Rondil est une
école d'agriculture dont les élèves sont tous
des « pupilles » de la Ville de Paris, des en-
fants abandonnés ou orphelins, des enfants
assistés.
C'est le conseil général do la Seine qui, en
1886, a ordonné la création de l'école. Et
c'est un ancien aum nier militaire qui, en
1888, a donné à la Ville de Paris, déjà pro-
priétaire, par achat, d'un domaine de 3,000
hectares, les 1.3J0 h ctares qui complè ent
rétablissement de Ben Chicao, l'école Rondil.
En 1888, on n'y envoya que six enfants.
En 18UO, il y en eut 14, sous la conduite d'un
directeur et d'un économe-comptable. A
cette heure il y en a plus de 70.
Ils y apprennent l'agriculture pratique et
ils y prennent, goût, étant d'ailleurs bien
traités. Ils y prolitent de toute façon, car
en 1894 les livrets de caisse d'épargne pris
par les élèves se montaient à 16,322 francs.
Mais ce n'est pas le tout d'élever des en-
fants. Il faut en faire des hommes.
UN COMPTE-RENDU OFFICIEL
Les élèves de l'école Rondil font d'abord
leur service militaire. Puis ils deviennent
des colons. Voici ce que dit un compte-rendu
officiel :
Le conseil général a pensé que les élèves de
l'Ecole pouvaient, au sorlir du régiment, être
installés comme colons et devenir des colons
modèles dans la contrée.
Un superbe terrain d'un peu plus de 140 hec-
tares s offrait pour cette expérience à 1,800 mè-
tres en amont de l'école Rondil, à 1,000 mètres
d'altitude, sur des croupes orientés au nord et
au nord-ouest, dans un climat extrêmement
favorable et sain, comme celui de l'Ecole, où
l'on ne connaît point de maladies provoquées
par la situation ou par l'état tellurien.
Le 27 décembre ia93, le conseil général vo-
tait l'exécution du projet de village dressé par
l'architecte de l'administration.
Quatre maisons doubles, affectées chacune
au logement de deux ménages et revenant à
la somme de 8,400 fr., furent aussitôt cons-
tiui es.
Un four, un lavoir et un abreuvoir complé-
taient le village.
Pour chaque ménage, une cuisine, servant
de salle à manger, une chambre à coucher,une
cave et une écurie.
Un chemin de 1,600 mètres relie le village
d'Aouch-Bassour à la route nationale n° 1,
d Alger a Laghouat, à 16 kilomètres de Médéah,
le chef-lieu de l'arrondissement.
Aux huit logements correspondent huit lots
de valeur à peu près égale, variant de 12 à 15
hectares, plus un jardin de 13 ares.
Pour l'usage commun du village, une réserve
forestière bien aménagée, de 10 hectares, et
près de 21 hectares de communaux consacrés
à la vaine pâture.
Si les lots du village de Bassour sont infé-
rieurs aux 20 hectares des concessions ordi-
naires en Algérie, c'est que le lotissement s'est
effectué sur des terres de premier ordre, préa-
lablement travaillées et ne néceessitant ni
défrichements, ni préparations d'aucune sorte.
D'autre part, les colons reçoivent en s'instai-1
lant, le cheptel, le matériel agricole et les se-
mences nécessaires ; et ils bénéficient des mille
ressources de l'école Rondil, voisine de leur
village. Pour chaque pupille entrant en mé-
nage et s'installant au village de Bassour, le
Conseil général de la Seine a prévu 8,000 fr. :
dont 4,000 francs pour la maison, 2,000 francs
pour le cheptel et le mobilier et 2,000 francs
pour l'entretien courant, en attendant le mo-
ment de la production.
Lorsque le pupille entre en possession, il se
reconnait débiteur d'une somme de 5,000 francs
remboursable en 10 annuités : mais le dépar-
tement se réserve de lui faire remise de
tout ou partie de ces annuités pour récompen-
ser sa bonne conduite et sa bonne gestion. Il
doit cultiver lui-même et il lui est interdit de
sous-louer, d'aliéner ou d'hypothéquer son lot,
sous peine de révocation.
J'ai vu en décembre 1894, les deux premiers
ménages installés. Un troisième pupille de-
vait se marier et prendre position quelques
jours après ma visite au village de Uassam,
dont les maisons sont magnifiques et excel-
lemment disposées.
Les colons de l'arrondissement recherchent
pour leurs filles les pupilles de la Seine, ainsi
dotés et offrant des garanties de bonne con-
duite et de capacité agricole indéniables. Et,
ainsi, des familles honorables arrivent à se
disputer les sans-famille, pour fonder au mieux
du monde des familles nouvelles.
BONNE CHANCE
Voilà une expérience vraiment intéres-
sante et si, comme on peut l'espérer, elle
réussit, on fera bien de la renouveler'en
grand. Ce ne sont pas les pupilles qui man-
quent au département de la feeine et même,
hélas! aux autres départements. Le service
des enfants assistés — qui est une des plus
utiles créations de la République — n'est
que trop embarrassé de trouver à ses pro-
Légés un méier, une carrière. Et, d'autre
part, c'est en établissant dans nos colonies
des agriculteurs travaillant eux-mêmes leur
terre que nous prendrons possession défini-
tive du pays, bien mieux qu'en le couvrant
de militaires ou de fonctionnaires.
Bonne chance au village d'Aouch-Bassour
et à l'école Rondil.
LES CONSEILS GËMËRAOX
Les vœux
Nice, 24 avril.
Le conseil général a adopté par acclama-
tion un vœu invitant M. Faure à venir à
Nice pour l'inauguration du monument com-
mémoratif de l'annexion de Nice à la France.
Périgueux, 25 avril.
Le conseil général a voté hier un crédik
illimité pour la réception de M. Félix Faure.
Deux commissions organiseront les fêtes.
Le cons il a voté à l'unanimité un ordre
du jour remerciant le préfet, les sénateurs
et les députés de leurs démarches auprès
du chef de l'Etat pour obtenir sa visite, e!
chargeant le préfet d'assurer le président
qu'il sera accueilli en Dordogne avec les
marques de l'affectueuse sympathie et du
profond respect dus à son caractère et aux
services qu'il a rendus au pays et à la dé-
mocratie.
Belfort, 25 avril.
Le conseil général a adopté les vœux sui-
vants :
Que les études de la percée du ballon d'Al-
sace soient reprises, afin de relier Nancy et
Epinal à Belfort par une voie ferrée dans
l'intérêt stratégique ;
v Qu'en présenc.-dc résultats remarquables
obtenus par la désinfection des habitations
et des animaux atteints de maladies conta-
gieuses par l'emploi d'une solution antisep-
tique à haute dose à l'aide du pulvérisateur
Japy, ce procédé soit soumis au ministre de
l'agriculture et à l'examen d'une commission
compétente.
Le conseil a renouvelé en outre son vœu
reladf au canal des Deux-Mers.
La session a été close ensuite.
Nimes, 25 avril.
Le conseil général émet les vœux sui-
vants :
1° Quo les octrois soient supprimés et rem -
placés, soit par un impôt de quotité, soit
par un impôt sur les valeurs locatives ;
2° Qu'un examen très sérieux soit fait aux
frontières et dans les ports sur l'état sani-
taire des moutons étrangers arrivant en
France.
Le Puy, 25 avril.
M. Peyroche dépose un vœu tendant à ce
que les ouvriers étrangers, qui sont une
cause fréquente de troubles, ne soient plus
employés dans les chantiers français.
M. Devins dépose unîvœu tendant à ce
que le Parlement dégrève les boissons hy-
giéniques, maintienne la situation actuelle
des bouilleurs de cru et n'apporte aucune
entrave à la liberté des distillateurs.
Rouen, 24 avril.
Le conseil général de la Seine-Inférieure
a voté par 2d voix contre 2, la question préa-
lable sur la proposition de M. Orange pro-
testant contre le projet qui interdit le droit
de grève aux employés des compagnies de
chemins de fer.
Troyes, 24 avril.
Le conseil général a émis les vœux sui-
vants :
Que les bestiaux de provenance étrangère
soient soumis, à la frontière, à des épreu-
ves de tuberculine ; que des chambres d'a-
griculture soient créées dans tous les arron-
dissements et un conseil supérieur à Paris ;
que le gouvernement élabore un projet sur
la repression du vagabondage et de la men-
dicité, projet qui serait soumis aux conseils
généraux.
Le conseil général a renvoyé au mois
d'août la discussion sur l'assistance médi-
cale gratuite.
Alençon, 24 avril.
Le conseil général se prononce pour le
statu quo sur les prestations.
A l'unanimité, il demande le maintien du
privilège des bouilleurs de cru et émet des
vœux tendant à la suppression des droits
frappant les boissons hygiéniques et au
maintien dans son intégrité, sans aucune
modification, augmentation ou restriction,
du texte de la loi du 14 décembre 1875.
Caen, 24 avril.
Le conseil général renouvelle son vœu en
faveur du mainden du droit légitime des
bouilleurs de cru.
Châlons-sur-Marne, 24 avril.
Le conseil général appuie les pétitions de
la Société des agriculteurs de France de-
mandant l'établissement de droits de douane
gradués sur les blés étrangers, ainsi que le
vote par le Parlement du projet de loi du
cadenas.
Nîmes. 25 avril.
Le conseil général a émis des vœux ten-
dant à la laïcisation des écoles des filles et
maternelles.
Il a également adopté un vœu relatif aux
raisins secs, avec modification portant que
ces raisins seront, au point de vue des droits
soumis d'une façon absolue, sans restriction
aucune, au régime des alcools.
Avignon, 25 avrtl.
Le conseil général, sur la proposition de
M. Saint-Mar:in, émet un vœu contre l'éta-
blissement du canal du Rhône, d'Arles, à
Marseille, comme contraire aux intérêts
vauclusiens, par suite de l'ajournement dé-
finitif des canaux d'irrigation du Rhône.
Le conseil décide qu'une réunion extraor-
dinaire aura lieu le 25 mai pour émettre un
vœu sur la suppression des prestations en
nature.
Carcassonne, 25 avril.
Le conseil général a émis le vœu qu e les
canaux du Midi et latéral à la Garonne
soient soumi3 au régime commun.
Carcassonne, 25 avril.
Le conseil général a adopté à l'unanimité
un vœu tendant à la suppression des bouil-
leurs de cru et des octrois sur les boissons
hygiéniques.
"U a émis le vœu que la question du change
et du bi-métallisme soit tranchée par le gou-
vernement dans le plus bref délai.
Bordeaux, 25 avril.
Le conseil général de la Gironde a émis
le vœu que la loi présentée en vue d'assurer
l'hospi alisation des vieillards indigents soit
votée le plus tôt possible..
LE CENTENAIRE DU TASSE
- Rome, 25 avril.
A l'occasion du troisième centenaire de la
mort du Tasse, le cardinal Vincent Vannu-
telli a célébré ce matin, à l'église Saint-
Onuphre où se trouve le tombeau de l'au-
teur de la Jérusalem délivrée, une messe de
Requiem.
Une splendide musique accompagnait les
chœurs.
Des députations et des sociétés catholi-
ques ont déposé de riches couronnes sur le
tombeau.
Une exposition des manuscrits du Tasse a
été ensuite .inaugurée dans l'ancien couvent
de Saint-Onuphre, près de la chambre où
est mort le Tasse.
Les souverains, les ministres Baccelli et
Mocenni, le préfet, le maire, les adjoints,
les fonctionnaires et les notabilités assis-
taient à la cérémonie.
Les souverains ont été vivement acclamés
par de nombreuses députations scolaires
avec leur drapeau, qui faisaient la haie aux
abords de l'exposition.
A midi, l'adjoint municipal Galluppi a
inauguré la plaque commémorative placée
sur l'ancien palais Galitzin, où le Tasse avait
reçu l'hospitalité chez le cardinal Scipion
Gonzague.
Cette après-midi, M. Baccelli, ministre de
FinsLruc ion publique, a présidé au Capitole,
en présence des autorités, la distribution des
prix du concours des compositions littérai-
res sur le Tasse parles élèves des Univer
sités.
Ce soir, au théâtre Argentina, a lieu une
représentation de la pièce Arminta, du
Tasse.
Une séance solennelle a également lieu
à l'Académie des Arcades, en l'honneur du
Tasse.
A Sorrente, patrie du Tasse, où ont lieu
des fêtes pendant plusieurs jours, le
prince de Naples a inauguré aujourd'hui
l'exposition du Tasse.
Le prince a <âté acclamé.
LA VIE P. PARIS
Je ne saurais parler de la grève des
employés de la Compagnie des omni-
bus au point de vue politique ou tech-
nique, mais j'ai entendu ce qu'on en
disait dans Paris et le discours est vrai-
ment curieux à rapporter, s'il est vrai,
comme on l'assure de toute part,que la
compagnie et que surtout les gros por-
teurs d'actions de la compagnie ont
tout intérêt à ce qu'on leur retire leur
privilège. Ces entrepreneurs indus-
Lriels qui trouvent leur avantage à se
« scorpionner », comme on dit au jeu
du mistigri, sont dans une situation
tout à fait exceptionnelle.
Cette situation est-elle bien morale et
a-t-on bien fait de la leur laisser pren-
dre? J'en doute un peu. Mais ce sont
là les arcanes de la finance dont je me Il
vante de ne rien savoir. J'ai également
entendu blâmer la conduite du gouver-
nement. surtout à nronos de l'arresta-
tion de M. Proust — pas Antonin. — 11
semble en effet qu'il y avait deux mé-
thodes à suivre. L'une,qui est la métho-
de de la politique à principe, consistait
à considérer (ce qui est tout à fait exact;
que le beau parleur qui excite à un dé-
lit est beaucoup plus coupable que le
pauvre diable d'illettré 4ui,entl'ainé par
son éloquence, le commet, auquel cas,
M. Proust aurait dû être arrêté in-
continent sitôt qu'il avait prononcé son
discours. L'autre méthode, empirique,
consiste à ne pas s'arrêter trop à la lé-
galité stricte mais à agir selon les
circonstances. Auquel cas, comme la
grève était sur le point de finir, que
les violences de parole de M. Proust
n'avaient pas eu d'efficace,qu'elles pou-
vaient même avoir eu pour effet d'alié
ner les sympathies envers les grévis-
tes, on pouvait ne pas procéder à l'ar-
restation. Entre ces méthodes diverses,
le gouvernement paraît ne pas a\ oir su
se décider d'abord. Il n'a pas arrêté M.
Proust quand celui-ci conseillait de
renverser les omnibus, mais il l'a fait
appréhender le lendemain, alors qu'on
ne voulait plus de violences.
Je crains que cet incident ne soit ca-
ractéristique et ne révèle une certaine
faiblesse morale dans un gouverne-
ment qui, lorsqu'il agit, le fait de telle
sorte, qu'on peut l'accuser d'avoir agi
non pas motu proprio, mais en obéis
sant à des inj onctions qui lui viennent
tantôt de la presse,tantôt du parlement,
tantôt peut-être du pouvoir exécutif.
Ceci dit, pourquoi diable M. Proust a-
t-il pensé que les braves gens de petite
fortune, que les travailleurs de tous
genres qui ont accoutumé de se servir
des omnibus, étaient les « complices »
des compagnies.
Cette parole a peut-être été la cause
du revirement d'opinion qui s'est fait
dans le public, très disposé à prendre
parti contre la compagnie, mais qu'il
eût fallu respecter. Et quelle bizarre
idée a eu l'orateur gréviste de traiter
les personnes qui se servent des omni-
bus de canards boiteux 1 Cette épithète
m'a hanté, j'en ai cherché, j'en ai vai-
nement demandé l'explication.
J'ajoute que l'inconvénient d'être
traité de canard boiteux ne m'a pas
empêché de me précipiter aujourd'hui
dans l'omnibus pour aller voir de près
comment se passeraient les choses. Je
dois reconnaître que j'ai trouvé ce
Paris, que les journaux pessimistes
qualifiaient de Paris en état de siège,
parfaitement tranquille. Les omnibus
parcouraient la grande ligne des bou-
levards sans être un instant inquiétés.
Seulement le conducteur était doublé
d'un garde municipal installé sur la
plate-forme, et sur certaines lignes,
deux ou trois soldats étaient placés sur
l'impériale.
Ces braves soldats, d'ailleurs, qui
auraient été fort embarrassés de mas-
sacrer le peuple, car ils étaient sans
armes, paraissaient surtout s'occuper
à débiter des gaillardises aux grisettes
et aux petites ouvrières qui adorent
grimper sur les impériales des omni-
bus et des tramways.
A voir la physionomie des quartiers
populeux, je crois que la grève a raté
définitivement et que si elle était, com-
me on le dit, la répétition générale de la
journée du premier Mai, cette répétition
doit faire augurer du succès de la piè-
ce. Même à la place de la République
où l'agitation s'était concentrée ces
jours-ci, il n'y avait pas grand monde
et dans la foule assez clair semée, j'ai
reconnu bon nombre de curieux dont
je retrouve partout les têtes lorsqu'il
y a quelque désordre en l'air.
Nous sommes trois ou quatre cents
vieux Parisiens qui ne veulent rien
perdre des aspects de la ville dans les
heures de trouble et qui ne manquent
jamais le spectacle d'une émeute. Si
nous étions au temps où étaient à la
mode les petites études qu'on appelait
des physiologies, je voudrais écrire un
jour la physiologie du curieux qu'on
rencontre partout. La difficulté pour
ces amateurs, c'est de pouvoir aller en
tout endroit sans inconvénient, sans se
heurter aux consignes, sans se faire
bousculer, où attraper des horions. Pour
arriver à ce résultat, chacun a sa mé-
thode.
Les uns vont en voiture, et quand on
les arrête, se donnent pour un méde-
cin qui a besoin d'aller voir ses mala-
des; d'autres modifiant leurs allures et
changeant leur costume habituél, pren-
nent des airs d'ouvriers et jouent les
princes Rodolphe. Mais quand ça
chauffe, la méthode est très périlleuse.
Le peuple de Paris est souvent très to-
lérant pour les bourgeois, lorsque
ceux-ci se donnent franchement pour
ce qu'ils sont.
l Mais il tient volontiers ja^ur sus¡¡e,,(.',.ts
les bourgeois qui se mêlent à lui sous
une sorte de déguisement. Je tiens
pour une grande bêtise et même pour
une imprudence, lorsque l'on se rend
en curieux dans les réunions révolu..
tionnaire ou qu'on se mêle aux échauf-
fourées de la rue, d'y aller dans un cos-
tume qui n'est point celui qu'on porte
d'ordinaire. On peut passer pour ua
mouchard, ce qui est fâcheux.
Au temps de ma belle jeunesse, pour
parcourir Paris en ses jours d'agitation,
j'avais une méthode agréable et sûre,
c'était d'emmener avec moi quelque
jolie petite curieuse. Le peuple est d'une
galanterie un peu rude parfois, mais
une femme, à condition de ne pas s'ef-
faroucher des propos un peu gaillards,
passe partout sans encombre. Au jour
terrible du 18 mars, dans de sembla-
bles conditions, je pus traverser en
tous sens Montmartre hérissé de bar-
licades et garni de canons.
Malheureusement, ces façons de pro-
menade ne sont plus de mon âge.
Mais je recommande le truc du bou-
quet : on peut aller partout avec un
gros bouquet à la main. Pour tout le
monde, on sera l'heureux homme qui
va souhaiter la fête à quelaue bonne
amie, et il est tout à fait dans le tempé-
rament bizarre de la foule parisienne
d'oublier sa brutalité gouilleuse devant
une idee sentimentale. Paris est la seule
ville peut-être capable d'écouter tout à
la lois le refrain du ça ira et la romance
de Jenny Couvrière. C'est cette observa
tion qui m'a inspiré l'idée du truc du
bouquet.
Henry Fouquier.
LE CAS DE M. CHARLES MALATO
L'anarchiste Charles Malato arrêté, hier,
pour infraction à un arrêté d'expulsion sera-
t-il poursuivi en police correctionnelle ?
La chose est douteuse, car l'airôté d'ex-,
pulsion pris contre M. Charles Malato est
nul de plein droit comme s'appliquant à un
Français.
M. Charles Malato en effet est Français,
étant né en France d'un père Italien qui
avait épousé une Française.
Par son mariage, Mme Malato était, il est
vrai, devenue Italienne ; mais l'article, 1er de
la loi du 17 février 151 ainsi conçu : « Est
Français tout individu né en France d'un
étranger qui lui-même y est né », s'appli-
que à M. Charles Malato, né en France
d'une mère qui elle-même y est née. La
cour de cassation est formelle à cet égard.
Par suite, en dépit du désir qu'il en a. le
parquet de la Seine, sous peine de s'exposer
à un échec juridique certain, ne pourra
poursuivre M. Charles Malato en police cor-
rectionnelle sous l'inculpation d'infraction a
un arrêté d'expulsion nul.
M. Charles Malato a éventuellement pow
avocat Me Georges Desplas.
CENT KILOMETRES A L'HEURE
Les rapides de Nantes et de Bordeaux
La Compagnie d'Orléans va por ter pro-
chainement la vitesse de ses rap ides de
Nantes et de Bordeaux de 75 kilomètres à
cent kilomètres à l'heure.
Jusqu'à présent, c'était la Compagnie de
l'Est qui détenait le « record de la viterw »
avec son express Paris-Reims, marcha.
78 kilomètres, sans arrêt.
La vitesse d'une machine étant en raison
directe de la rapidité des mouvements du
piston et du diamètre des roues motrices, on
ne peut, pour conserver à la machine une
stabilité suffisante, dépasser certaines li-
mites. Les derniers types de locomotives
dont le diamètre des roues atteint deux
mètres et dont le poids, en ordre de marche
— c'est-à-dire la machine pleine et en feu, le
tender pourvu de son eau et de son combus-
tible - n'est pas moindre de quatre-vingt-dix
tonnes ont permis d'obtenir sans danger des
vitesses de 110 à 130 kilomètres à l'heure.
L'article 38 du règlement sur la circula-
tion des trains, dit en effet formellement que
les mécaniciens, qui ne doivent jamais arri-
ver aux stations avant l'heure fixée par le
tableau de marche, doivent user de tous les
moyens en leur pouvoir pour ne pas arriver
après les mêmes heures, sans cependant dé-
passer de plus de moitié la vitesse réglemen-
taire du train.
Il en résultait implicitement qu'un méca-
nicien de rapide avait le droit de marcher à
75 plus 37, soit 112 kilomètres à l'heure et,
que fréquemment il se trouvait à une vi-
tesse moyenne de 100 kilomètres pendant
une partie du trajet.
Pour les prochains rapides, cette vitesse
sera la vitesse normale du tableau de mar-
che.
La vitessse commerciale, la seule inté-
ressante pour le public, celle qui s'obtient:
en divisant la distance des deux gares extrê1.
mes.par le nombre d'heures employées à ef-
fectuer le parcours, sans défalquer le temps
absorbé par les arrêts dans les gares inter-
médiaires, les ralentissements prévus, no-<
tamment aux passages des bifurcations,
sera naturellement augmentée dans les mêr
mes proportions que la vitesse effective, soit
d'un quart.
Il faudra environ six heures pour aller de
Paris à Nantes ou Bordeaux.
C'est un assez joli résultat, à la condition
d'éviter avec soin les télescopades.
Disons pour finir que la Compagnie d'Or-
léans a mis à l'étude un projet de chemin
de fer aérien pour la traversée de Nantes
où les trains — circulant sur les quais -
ne doivent marcher ac.uellement qu à la vi-
tesse de seize kilomètres à l'heure
INFAME CALOMNIE
Sous ce titre, on nous communique la
note suivante :
Un individu faisant métier de colporteur
de prétendues informations policières a fait
passer dans les journaux d'hier matin une
note calomnieuse annonçant, avec des dé-
tails fantaisistes, l'arrestation de M. Gui
bert, directeur de la Banlieue de Paris et de
la Gazette Mondaine, accusé de tentative de
chantage.
Notre confrère a été effectivement arrêté
mardi soir, au moment où il sortait d'un
bureau de poste ; mais, conduit devant M.
Dresch, commissaire de police, et après ex-
plications, M. Guibert n'a pas eu do peina
à établir qu'il était victime d'une en eur de
personne. Il a été remis en liberté après
avoir reçu des excuses de M. Dresch.
Nous sommes heureux d'insérer cette rec,
tification.
LE E SIECLE
RÉDACTION ET ADIfîIHISTRATiOM
Mi, rue Montmaal-ti-op 181
PAUIS
ANNONCES
Ch.. MM. LAGRANGE, CERPfit O
6, place de la Bourse, 6.
ABONNEMENTS
Paris7. Tniiioi»,af, fai«u, nf. Q", âO"
Départements — 7 f. - 12 f. - 4 f.
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tous les Bureaux de Poste.
Adresse tâlérraphiQUe s XIX. aiECM - PAUIa
FRAIS DE JUSTICE
Justiciables, mes frères, réjouissez-
vous : Nuntioevobis gaudium magnum,
comme dit le pape. Je vous annonce
une grande joie : désormais, l'expro-
priation d'un immeuble de 500 francs
ne coûtera plus que 557 fr. i5 de frais.
Comprenez-vous bien toute l'impor-
tance de cette réforme? Jadis le créan-
cier à qui le pauvre diable de paysan
ou de petit propriétaire devait 500
francs ne pouvait se payer le plaisir de
faire exproprier le champ ou la bi-
coque de son débiteur qu'à la condi-
tion de perdre d'abord toute sa créance
et de payer en sus, aux hommes de loi,
une somme variable qui, en 1887, par
exemple, se montait à 186 fr. 85, et en
1884 arrivait à 255 francs. C'est-à-dire
que la bicoque ou le champ valant de
500 à 1,000 francs se vendait naturel-
lement au plus bas, soit à 500 francs.
Mais, comme les frais se montaient
à 755 francs en 1884, et que le créan-
cier en était responsable, il avait à
débourser, en sus de sa créance per-
due, la différence entre le prix de la
vente et le total des frais., soit 255
francs.
Aujourd'hui, l'amélioration est con-
sidérable : Les frais ne représentent
plus que les 111 43 0^0 du prix de la
vente, de sorte que pour 57 15 sortis
de sa poche, un créancier peut se
donner le plaisir de perdre toute sa
créance en ruinant complètement son
débiteur.
Hein ! comme c'est beau, la procé-
dure civile !
A première vue, cependant, ces chif-
fres scandaleux semblent avoir quel-
que chose de rassurant pour les pau-
vres débiteurs, ou, pour être plus
exact, pour les débiteurs pauvres. Il
faut avoir pas mal de fortune et pas
beaucoup d'entrailles pour s'offrir de
temps en temps l'agrément de perdre
tout et quelque chose de plus pour le
seul plaisir d'exterminer de pauvres
diables. Il n'y a, semble-t-il, que l'Etat
et les princes d'Orléans qui soient ca-
pables de se payer le luxe de cette dis-
traction charitable.
Eh1 bien, non. C'est une erreur et ie
cas est assez fréquent. IL se rencontre
assez souvent des créanciers rageurs
pour qui la ruine du débiteur est une
satisfaction suffisante. Il faut dire
aussi que, la plupart du temps, le
créancier qui fait vendre est aussi ce-
lui qui achète. Il rattrape sur le vil
prix de son acquisition ce qu'il perd
sur les frais et sur la créance. La
grande tribu des usuriers de village
ne procède guère autrement. Les gros
intérêts et les achats sur expropria-
tion sont les principales sources où se
puise la fortune des Gobseck ruraux.
Et puis, il faut aussi compter l'huis-
sier qui, vivant de procédure, pousse
de son mieux aux mesures rigoureu-
ses et travail e activement au grossis-
sement des frais. L'huissier sait bien
que, tout le monde perdant, il est tou-
jours, lui, « celui qui gagne ». L'Etat
et l'huissier sont payés les premiers,
par privilège et, le débiteur épuisé,
reste le créancier qui paiera. C'est là
que se rencontre la cause principale
de ces abominables procédures qui
sont l'égorgement des familles pau-
vres au profit des malandrins judi-
ciaires.
D'ailleurs, la justice française — la-
quelle est gratuite, vous ne l'ignorez
pas — réserve aux riches d'aimables
compensations. L'immeuble de cent
mille francs, au lieu de payer
111 43 0[0 de frais, — ce qui ferait
111,430 francs — paie seulement 4 34 :
c'est-à-dire quelque chose comme
vingt-huit fois moins que la petite par-
celle.
Il fait bon être riche, n'est-ce pas,
même quand on est exproprié !
Le rapport du Garde des sceaux au-
quel j'emprunte ces chiffres oublie de
nous donner un renseignement qui,
cependant, aurait son prix. Il ne nous
dit pas ce que coûtent et en quel nom-
bre se produisent ces petites procé-
dures, commerciales ou civiles, qui
n'aboutissent pas — du moins le plus
souvent — devant les tribunaux, mais
n'en sont que plus abusives et rui-
neuses; ces procédures qui, pour une
créance minime, pour un billet de
vingt francs, autorisent cinquante,
soixante, cent francs de frais en moins
de quinze jours.
Car les frais courent vite dans
« l'enragée boutique à procès ». Il n'y
a même que les frais qui marchent
rondement dans cette justice, gratuite,
comme on sait. mais surtout boiteuse.
A preuve, que le « compte général de
l'administration de la justice » arrive
— quand on se presse un peu — trois
ans et demi après l'exercice. C'est
ainsi qu'on a distribué tout juste hier,
le compte général de 1891, alors que,
en prenant son temps, il serait facile
d'avoir, dès maintenant, celui de
1894. Et encore faut-il faire compli-
ment au Garde des sceaux, car il n'y
a pas plus de six mois qu'on a distri-
bué le compte de 1890.
Il est vrai, du reste, que ces comptes
rendus ne servent pas de grand' chose.
Voilà cinquante ans et plus qu'on y
fait chaque année les mêmes observa-
tions navrantes sans qu'il en soit ré-
sulté la moindre réforme appréciable.
En 1851, déjà, si je ne me trompe, M.
Dufaure avait, dans son rapport, si-
gnalé la nécessité de corriger ces ini-
quités honteuses dont souffrent les
pauvres gens. Et je crains bien qu'en
l'an de grâce 19951e Garde des sceaux
d'alors n'en puisse faire autant.
Il serait pourtant bien facile d'y
porter remède. Un tout petit article
ajouté au tarif, deux ou trois paragra-
phes additionnels à quelques articles
du code de procédure et tout serait dit.
Substituer la lettre chargée à l'exploit
d'huissier, proportionner les frais à
l'objet du litige, autoriser pour ces
procédures sommaires l'emploi du
« papier copie », supprimer les actes
inutiles, simplifier les formalités, tout
cela serait on ne peut plus facile.
Mais qui donc a le temps de songer
à de pareilles bagatelles ? Et les cor-
beaux de la basoche continuent à dé-
vorer tout vivants, les pauvres gens
dont le crime est de n'avoir pas assez
de rentes pour éviter de faire des det-
tes criardes.
Thomas Graindorge.
LA PATENTE D'AVOCAT
Démissions au Barreau parisien
Il se produit actuellement au barreau pa-
risien un courant de démissions dont la pa-
tente de la profession d'avocat est presque
l'unique cause.
Cette patente est de douze pour cent en-
viron du prix de location de l'appartement
occupé. Par suite, un avocat inscrit au ta-
bleau de l'ordre pour l'honneur et ayant, par
exemple, un appartement d'un loyer de 3,000
francs, est tenu de payer une patente de 300
à 350 francs.
Après avoir sacrifié pendant quinze ou
vingt ans le revenu d'un capital de dix
mille francs à la gloire da pouvoir faire
mettre sur ses cartes de visite « avocat a la
cour de Paris» l'avocat non plaidant ou peu
plaidant se résout à donner sa démission.
A l'heure actuelle, comme nous le disions,
les démissions se multiplient. Cependant
restent encore inscrits au tableau de l'ordre
des avocats à la cour d'appel de Paris onze
cent cinquante et douze cents membres sur
lesquels deux cents au grand maximum plai-
dent à peu près régulièrement.
A citer parmi les démissionnaires con-
nus :
M. Fallières, ancien ministre de la jus-
tice ; M. Bérenger, sénateur et M. Fabrice
Carré, auteur dramatique.
FRANÇAIS FUSILLÉ PAR LES HOVAS
Majunga, 25 avril.
Les Hovas ont fusillé un Français nommé
Grevet et ont martyrisé un créole nommé Jo-
seph.
Tous deux étaient prisonniers des Hovas de-
puis le mois de janvier.
Les transports affrétés arrivent tous les
jours.
A RAPPROCHER DU CAS MiRMAN
M. Marotel, élève à l'école vétérinaire d'Al-
fort, entré en octobre 1890, quitte cette
école, pourvu de son diplôme, en juillet
1894.
Comme il avait bénéficit é de l'ancienne loi
militaire, il avait obtenu des surfis d'appel.
Mais il devait, à sa sortie de l'école, l'année
de service qu'on impose maintenant aux
élèves pendant leur séjour à l'école.
Il fut donc incorporé, le 16 novembre
1894 — avec les jeunes soldats de la classe
1893 — au 26e de ligne, à Nancy.
Au commencement de cette année, il ob-
tient d'être détaché au 4e de ligna, casernô
au fort de Charonton. à une demi-heure de
l'école d'Alfort et dès lors on le voit assidû-
ment à l'école.
Il y rentre officiellement, à la stupéfaction
de ses camarades, nommé le 27 FÉVRIER
1890 par le ministre de l'agriculture au poste
de répétiteur de la chaire d'histoire naturelle et
matière médicale aux appointements de 2,400
francs par an. Depuis, il procède régulière-
ment aux « interrogations » bi-hebdoma-
daires et ne paraît nullement se souvenir
qu'il est soldât jusqu'en novembre 1895.
Pourquoi nous avoir dit £ la tribune de la
Chambre (discours de M. Dupuy à propos
de M. Mirman) que lorsque la loi militaire
saisissait un homme « elle le saisissait tout
entier ? »
UN FOUDRE MONSTRE
La Halle aux Vins de Paris possède en ce
moment un foudre auprès duquel celui
d'Heidelberg ne serait qu'un joujou. Il a sept
mètres de hauteur et jauge 80,000 litres. Il
est divisé en cinq compartiments, munis de
cinq planchers différents permettant d'em-
magasiner cinq sortes de vin sans qu'aucun
mélange puisse se produire.
D'immenses robinets reçoivent les tubes
destinés à remplir les compartiments.
Ce colosse ne nous dit rien qui vaille, cela
nous paraît bien compliqué pour servir de
demeure au brave Jean Raisin. Quelles étran-
ges mixtures, quelle chimie inexpliquée
vont se faire dans cette machine qui res-
semble trop aux bouteilles d'escamoteur fo-
rain?
PUPILLES DE LA SEINE
LE VILLAGE D'AOUCH-BASSOUR
Une expérience intéressante. — Les enfants
de Paris et l'agriculture. — Voyage
en Algérie.
Connaissez-vous l'école Rondil et le village
d'Aouch-Bassour ? Non sans aucun doute.
Et pourtant, bien que cela se trouve en
Algérie, rien n'est plus foncièrement pari-
sien.
Tous les élèves de l'école Rondil, tous les
chefs de famille du village d'Aouch-Bassour
sont des Parisiens, envoyés là par la Ville
de Paris et à ses frais. L'école Rondil est une
école d'agriculture dont les élèves sont tous
des « pupilles » de la Ville de Paris, des en-
fants abandonnés ou orphelins, des enfants
assistés.
C'est le conseil général do la Seine qui, en
1886, a ordonné la création de l'école. Et
c'est un ancien aum nier militaire qui, en
1888, a donné à la Ville de Paris, déjà pro-
priétaire, par achat, d'un domaine de 3,000
hectares, les 1.3J0 h ctares qui complè ent
rétablissement de Ben Chicao, l'école Rondil.
En 1888, on n'y envoya que six enfants.
En 18UO, il y en eut 14, sous la conduite d'un
directeur et d'un économe-comptable. A
cette heure il y en a plus de 70.
Ils y apprennent l'agriculture pratique et
ils y prennent, goût, étant d'ailleurs bien
traités. Ils y prolitent de toute façon, car
en 1894 les livrets de caisse d'épargne pris
par les élèves se montaient à 16,322 francs.
Mais ce n'est pas le tout d'élever des en-
fants. Il faut en faire des hommes.
UN COMPTE-RENDU OFFICIEL
Les élèves de l'école Rondil font d'abord
leur service militaire. Puis ils deviennent
des colons. Voici ce que dit un compte-rendu
officiel :
Le conseil général a pensé que les élèves de
l'Ecole pouvaient, au sorlir du régiment, être
installés comme colons et devenir des colons
modèles dans la contrée.
Un superbe terrain d'un peu plus de 140 hec-
tares s offrait pour cette expérience à 1,800 mè-
tres en amont de l'école Rondil, à 1,000 mètres
d'altitude, sur des croupes orientés au nord et
au nord-ouest, dans un climat extrêmement
favorable et sain, comme celui de l'Ecole, où
l'on ne connaît point de maladies provoquées
par la situation ou par l'état tellurien.
Le 27 décembre ia93, le conseil général vo-
tait l'exécution du projet de village dressé par
l'architecte de l'administration.
Quatre maisons doubles, affectées chacune
au logement de deux ménages et revenant à
la somme de 8,400 fr., furent aussitôt cons-
tiui es.
Un four, un lavoir et un abreuvoir complé-
taient le village.
Pour chaque ménage, une cuisine, servant
de salle à manger, une chambre à coucher,une
cave et une écurie.
Un chemin de 1,600 mètres relie le village
d'Aouch-Bassour à la route nationale n° 1,
d Alger a Laghouat, à 16 kilomètres de Médéah,
le chef-lieu de l'arrondissement.
Aux huit logements correspondent huit lots
de valeur à peu près égale, variant de 12 à 15
hectares, plus un jardin de 13 ares.
Pour l'usage commun du village, une réserve
forestière bien aménagée, de 10 hectares, et
près de 21 hectares de communaux consacrés
à la vaine pâture.
Si les lots du village de Bassour sont infé-
rieurs aux 20 hectares des concessions ordi-
naires en Algérie, c'est que le lotissement s'est
effectué sur des terres de premier ordre, préa-
lablement travaillées et ne néceessitant ni
défrichements, ni préparations d'aucune sorte.
D'autre part, les colons reçoivent en s'instai-1
lant, le cheptel, le matériel agricole et les se-
mences nécessaires ; et ils bénéficient des mille
ressources de l'école Rondil, voisine de leur
village. Pour chaque pupille entrant en mé-
nage et s'installant au village de Bassour, le
Conseil général de la Seine a prévu 8,000 fr. :
dont 4,000 francs pour la maison, 2,000 francs
pour le cheptel et le mobilier et 2,000 francs
pour l'entretien courant, en attendant le mo-
ment de la production.
Lorsque le pupille entre en possession, il se
reconnait débiteur d'une somme de 5,000 francs
remboursable en 10 annuités : mais le dépar-
tement se réserve de lui faire remise de
tout ou partie de ces annuités pour récompen-
ser sa bonne conduite et sa bonne gestion. Il
doit cultiver lui-même et il lui est interdit de
sous-louer, d'aliéner ou d'hypothéquer son lot,
sous peine de révocation.
J'ai vu en décembre 1894, les deux premiers
ménages installés. Un troisième pupille de-
vait se marier et prendre position quelques
jours après ma visite au village de Uassam,
dont les maisons sont magnifiques et excel-
lemment disposées.
Les colons de l'arrondissement recherchent
pour leurs filles les pupilles de la Seine, ainsi
dotés et offrant des garanties de bonne con-
duite et de capacité agricole indéniables. Et,
ainsi, des familles honorables arrivent à se
disputer les sans-famille, pour fonder au mieux
du monde des familles nouvelles.
BONNE CHANCE
Voilà une expérience vraiment intéres-
sante et si, comme on peut l'espérer, elle
réussit, on fera bien de la renouveler'en
grand. Ce ne sont pas les pupilles qui man-
quent au département de la feeine et même,
hélas! aux autres départements. Le service
des enfants assistés — qui est une des plus
utiles créations de la République — n'est
que trop embarrassé de trouver à ses pro-
Légés un méier, une carrière. Et, d'autre
part, c'est en établissant dans nos colonies
des agriculteurs travaillant eux-mêmes leur
terre que nous prendrons possession défini-
tive du pays, bien mieux qu'en le couvrant
de militaires ou de fonctionnaires.
Bonne chance au village d'Aouch-Bassour
et à l'école Rondil.
LES CONSEILS GËMËRAOX
Les vœux
Nice, 24 avril.
Le conseil général a adopté par acclama-
tion un vœu invitant M. Faure à venir à
Nice pour l'inauguration du monument com-
mémoratif de l'annexion de Nice à la France.
Périgueux, 25 avril.
Le conseil général a voté hier un crédik
illimité pour la réception de M. Félix Faure.
Deux commissions organiseront les fêtes.
Le cons il a voté à l'unanimité un ordre
du jour remerciant le préfet, les sénateurs
et les députés de leurs démarches auprès
du chef de l'Etat pour obtenir sa visite, e!
chargeant le préfet d'assurer le président
qu'il sera accueilli en Dordogne avec les
marques de l'affectueuse sympathie et du
profond respect dus à son caractère et aux
services qu'il a rendus au pays et à la dé-
mocratie.
Belfort, 25 avril.
Le conseil général a adopté les vœux sui-
vants :
Que les études de la percée du ballon d'Al-
sace soient reprises, afin de relier Nancy et
Epinal à Belfort par une voie ferrée dans
l'intérêt stratégique ;
v Qu'en présenc.-dc résultats remarquables
obtenus par la désinfection des habitations
et des animaux atteints de maladies conta-
gieuses par l'emploi d'une solution antisep-
tique à haute dose à l'aide du pulvérisateur
Japy, ce procédé soit soumis au ministre de
l'agriculture et à l'examen d'une commission
compétente.
Le conseil a renouvelé en outre son vœu
reladf au canal des Deux-Mers.
La session a été close ensuite.
Nimes, 25 avril.
Le conseil général émet les vœux sui-
vants :
1° Quo les octrois soient supprimés et rem -
placés, soit par un impôt de quotité, soit
par un impôt sur les valeurs locatives ;
2° Qu'un examen très sérieux soit fait aux
frontières et dans les ports sur l'état sani-
taire des moutons étrangers arrivant en
France.
Le Puy, 25 avril.
M. Peyroche dépose un vœu tendant à ce
que les ouvriers étrangers, qui sont une
cause fréquente de troubles, ne soient plus
employés dans les chantiers français.
M. Devins dépose unîvœu tendant à ce
que le Parlement dégrève les boissons hy-
giéniques, maintienne la situation actuelle
des bouilleurs de cru et n'apporte aucune
entrave à la liberté des distillateurs.
Rouen, 24 avril.
Le conseil général de la Seine-Inférieure
a voté par 2d voix contre 2, la question préa-
lable sur la proposition de M. Orange pro-
testant contre le projet qui interdit le droit
de grève aux employés des compagnies de
chemins de fer.
Troyes, 24 avril.
Le conseil général a émis les vœux sui-
vants :
Que les bestiaux de provenance étrangère
soient soumis, à la frontière, à des épreu-
ves de tuberculine ; que des chambres d'a-
griculture soient créées dans tous les arron-
dissements et un conseil supérieur à Paris ;
que le gouvernement élabore un projet sur
la repression du vagabondage et de la men-
dicité, projet qui serait soumis aux conseils
généraux.
Le conseil général a renvoyé au mois
d'août la discussion sur l'assistance médi-
cale gratuite.
Alençon, 24 avril.
Le conseil général se prononce pour le
statu quo sur les prestations.
A l'unanimité, il demande le maintien du
privilège des bouilleurs de cru et émet des
vœux tendant à la suppression des droits
frappant les boissons hygiéniques et au
maintien dans son intégrité, sans aucune
modification, augmentation ou restriction,
du texte de la loi du 14 décembre 1875.
Caen, 24 avril.
Le conseil général renouvelle son vœu en
faveur du mainden du droit légitime des
bouilleurs de cru.
Châlons-sur-Marne, 24 avril.
Le conseil général appuie les pétitions de
la Société des agriculteurs de France de-
mandant l'établissement de droits de douane
gradués sur les blés étrangers, ainsi que le
vote par le Parlement du projet de loi du
cadenas.
Nîmes. 25 avril.
Le conseil général a émis des vœux ten-
dant à la laïcisation des écoles des filles et
maternelles.
Il a également adopté un vœu relatif aux
raisins secs, avec modification portant que
ces raisins seront, au point de vue des droits
soumis d'une façon absolue, sans restriction
aucune, au régime des alcools.
Avignon, 25 avrtl.
Le conseil général, sur la proposition de
M. Saint-Mar:in, émet un vœu contre l'éta-
blissement du canal du Rhône, d'Arles, à
Marseille, comme contraire aux intérêts
vauclusiens, par suite de l'ajournement dé-
finitif des canaux d'irrigation du Rhône.
Le conseil décide qu'une réunion extraor-
dinaire aura lieu le 25 mai pour émettre un
vœu sur la suppression des prestations en
nature.
Carcassonne, 25 avril.
Le conseil général a émis le vœu qu e les
canaux du Midi et latéral à la Garonne
soient soumi3 au régime commun.
Carcassonne, 25 avril.
Le conseil général a adopté à l'unanimité
un vœu tendant à la suppression des bouil-
leurs de cru et des octrois sur les boissons
hygiéniques.
"U a émis le vœu que la question du change
et du bi-métallisme soit tranchée par le gou-
vernement dans le plus bref délai.
Bordeaux, 25 avril.
Le conseil général de la Gironde a émis
le vœu que la loi présentée en vue d'assurer
l'hospi alisation des vieillards indigents soit
votée le plus tôt possible..
LE CENTENAIRE DU TASSE
- Rome, 25 avril.
A l'occasion du troisième centenaire de la
mort du Tasse, le cardinal Vincent Vannu-
telli a célébré ce matin, à l'église Saint-
Onuphre où se trouve le tombeau de l'au-
teur de la Jérusalem délivrée, une messe de
Requiem.
Une splendide musique accompagnait les
chœurs.
Des députations et des sociétés catholi-
ques ont déposé de riches couronnes sur le
tombeau.
Une exposition des manuscrits du Tasse a
été ensuite .inaugurée dans l'ancien couvent
de Saint-Onuphre, près de la chambre où
est mort le Tasse.
Les souverains, les ministres Baccelli et
Mocenni, le préfet, le maire, les adjoints,
les fonctionnaires et les notabilités assis-
taient à la cérémonie.
Les souverains ont été vivement acclamés
par de nombreuses députations scolaires
avec leur drapeau, qui faisaient la haie aux
abords de l'exposition.
A midi, l'adjoint municipal Galluppi a
inauguré la plaque commémorative placée
sur l'ancien palais Galitzin, où le Tasse avait
reçu l'hospitalité chez le cardinal Scipion
Gonzague.
Cette après-midi, M. Baccelli, ministre de
FinsLruc ion publique, a présidé au Capitole,
en présence des autorités, la distribution des
prix du concours des compositions littérai-
res sur le Tasse parles élèves des Univer
sités.
Ce soir, au théâtre Argentina, a lieu une
représentation de la pièce Arminta, du
Tasse.
Une séance solennelle a également lieu
à l'Académie des Arcades, en l'honneur du
Tasse.
A Sorrente, patrie du Tasse, où ont lieu
des fêtes pendant plusieurs jours, le
prince de Naples a inauguré aujourd'hui
l'exposition du Tasse.
Le prince a <âté acclamé.
LA VIE P. PARIS
Je ne saurais parler de la grève des
employés de la Compagnie des omni-
bus au point de vue politique ou tech-
nique, mais j'ai entendu ce qu'on en
disait dans Paris et le discours est vrai-
ment curieux à rapporter, s'il est vrai,
comme on l'assure de toute part,que la
compagnie et que surtout les gros por-
teurs d'actions de la compagnie ont
tout intérêt à ce qu'on leur retire leur
privilège. Ces entrepreneurs indus-
Lriels qui trouvent leur avantage à se
« scorpionner », comme on dit au jeu
du mistigri, sont dans une situation
tout à fait exceptionnelle.
Cette situation est-elle bien morale et
a-t-on bien fait de la leur laisser pren-
dre? J'en doute un peu. Mais ce sont
là les arcanes de la finance dont je me Il
vante de ne rien savoir. J'ai également
entendu blâmer la conduite du gouver-
nement. surtout à nronos de l'arresta-
tion de M. Proust — pas Antonin. — 11
semble en effet qu'il y avait deux mé-
thodes à suivre. L'une,qui est la métho-
de de la politique à principe, consistait
à considérer (ce qui est tout à fait exact;
que le beau parleur qui excite à un dé-
lit est beaucoup plus coupable que le
pauvre diable d'illettré 4ui,entl'ainé par
son éloquence, le commet, auquel cas,
M. Proust aurait dû être arrêté in-
continent sitôt qu'il avait prononcé son
discours. L'autre méthode, empirique,
consiste à ne pas s'arrêter trop à la lé-
galité stricte mais à agir selon les
circonstances. Auquel cas, comme la
grève était sur le point de finir, que
les violences de parole de M. Proust
n'avaient pas eu d'efficace,qu'elles pou-
vaient même avoir eu pour effet d'alié
ner les sympathies envers les grévis-
tes, on pouvait ne pas procéder à l'ar-
restation. Entre ces méthodes diverses,
le gouvernement paraît ne pas a\ oir su
se décider d'abord. Il n'a pas arrêté M.
Proust quand celui-ci conseillait de
renverser les omnibus, mais il l'a fait
appréhender le lendemain, alors qu'on
ne voulait plus de violences.
Je crains que cet incident ne soit ca-
ractéristique et ne révèle une certaine
faiblesse morale dans un gouverne-
ment qui, lorsqu'il agit, le fait de telle
sorte, qu'on peut l'accuser d'avoir agi
non pas motu proprio, mais en obéis
sant à des inj onctions qui lui viennent
tantôt de la presse,tantôt du parlement,
tantôt peut-être du pouvoir exécutif.
Ceci dit, pourquoi diable M. Proust a-
t-il pensé que les braves gens de petite
fortune, que les travailleurs de tous
genres qui ont accoutumé de se servir
des omnibus, étaient les « complices »
des compagnies.
Cette parole a peut-être été la cause
du revirement d'opinion qui s'est fait
dans le public, très disposé à prendre
parti contre la compagnie, mais qu'il
eût fallu respecter. Et quelle bizarre
idée a eu l'orateur gréviste de traiter
les personnes qui se servent des omni-
bus de canards boiteux 1 Cette épithète
m'a hanté, j'en ai cherché, j'en ai vai-
nement demandé l'explication.
J'ajoute que l'inconvénient d'être
traité de canard boiteux ne m'a pas
empêché de me précipiter aujourd'hui
dans l'omnibus pour aller voir de près
comment se passeraient les choses. Je
dois reconnaître que j'ai trouvé ce
Paris, que les journaux pessimistes
qualifiaient de Paris en état de siège,
parfaitement tranquille. Les omnibus
parcouraient la grande ligne des bou-
levards sans être un instant inquiétés.
Seulement le conducteur était doublé
d'un garde municipal installé sur la
plate-forme, et sur certaines lignes,
deux ou trois soldats étaient placés sur
l'impériale.
Ces braves soldats, d'ailleurs, qui
auraient été fort embarrassés de mas-
sacrer le peuple, car ils étaient sans
armes, paraissaient surtout s'occuper
à débiter des gaillardises aux grisettes
et aux petites ouvrières qui adorent
grimper sur les impériales des omni-
bus et des tramways.
A voir la physionomie des quartiers
populeux, je crois que la grève a raté
définitivement et que si elle était, com-
me on le dit, la répétition générale de la
journée du premier Mai, cette répétition
doit faire augurer du succès de la piè-
ce. Même à la place de la République
où l'agitation s'était concentrée ces
jours-ci, il n'y avait pas grand monde
et dans la foule assez clair semée, j'ai
reconnu bon nombre de curieux dont
je retrouve partout les têtes lorsqu'il
y a quelque désordre en l'air.
Nous sommes trois ou quatre cents
vieux Parisiens qui ne veulent rien
perdre des aspects de la ville dans les
heures de trouble et qui ne manquent
jamais le spectacle d'une émeute. Si
nous étions au temps où étaient à la
mode les petites études qu'on appelait
des physiologies, je voudrais écrire un
jour la physiologie du curieux qu'on
rencontre partout. La difficulté pour
ces amateurs, c'est de pouvoir aller en
tout endroit sans inconvénient, sans se
heurter aux consignes, sans se faire
bousculer, où attraper des horions. Pour
arriver à ce résultat, chacun a sa mé-
thode.
Les uns vont en voiture, et quand on
les arrête, se donnent pour un méde-
cin qui a besoin d'aller voir ses mala-
des; d'autres modifiant leurs allures et
changeant leur costume habituél, pren-
nent des airs d'ouvriers et jouent les
princes Rodolphe. Mais quand ça
chauffe, la méthode est très périlleuse.
Le peuple de Paris est souvent très to-
lérant pour les bourgeois, lorsque
ceux-ci se donnent franchement pour
ce qu'ils sont.
l Mais il tient volontiers ja^ur sus¡¡e,,(.',.ts
les bourgeois qui se mêlent à lui sous
une sorte de déguisement. Je tiens
pour une grande bêtise et même pour
une imprudence, lorsque l'on se rend
en curieux dans les réunions révolu..
tionnaire ou qu'on se mêle aux échauf-
fourées de la rue, d'y aller dans un cos-
tume qui n'est point celui qu'on porte
d'ordinaire. On peut passer pour ua
mouchard, ce qui est fâcheux.
Au temps de ma belle jeunesse, pour
parcourir Paris en ses jours d'agitation,
j'avais une méthode agréable et sûre,
c'était d'emmener avec moi quelque
jolie petite curieuse. Le peuple est d'une
galanterie un peu rude parfois, mais
une femme, à condition de ne pas s'ef-
faroucher des propos un peu gaillards,
passe partout sans encombre. Au jour
terrible du 18 mars, dans de sembla-
bles conditions, je pus traverser en
tous sens Montmartre hérissé de bar-
licades et garni de canons.
Malheureusement, ces façons de pro-
menade ne sont plus de mon âge.
Mais je recommande le truc du bou-
quet : on peut aller partout avec un
gros bouquet à la main. Pour tout le
monde, on sera l'heureux homme qui
va souhaiter la fête à quelaue bonne
amie, et il est tout à fait dans le tempé-
rament bizarre de la foule parisienne
d'oublier sa brutalité gouilleuse devant
une idee sentimentale. Paris est la seule
ville peut-être capable d'écouter tout à
la lois le refrain du ça ira et la romance
de Jenny Couvrière. C'est cette observa
tion qui m'a inspiré l'idée du truc du
bouquet.
Henry Fouquier.
LE CAS DE M. CHARLES MALATO
L'anarchiste Charles Malato arrêté, hier,
pour infraction à un arrêté d'expulsion sera-
t-il poursuivi en police correctionnelle ?
La chose est douteuse, car l'airôté d'ex-,
pulsion pris contre M. Charles Malato est
nul de plein droit comme s'appliquant à un
Français.
M. Charles Malato en effet est Français,
étant né en France d'un père Italien qui
avait épousé une Française.
Par son mariage, Mme Malato était, il est
vrai, devenue Italienne ; mais l'article, 1er de
la loi du 17 février 151 ainsi conçu : « Est
Français tout individu né en France d'un
étranger qui lui-même y est né », s'appli-
que à M. Charles Malato, né en France
d'une mère qui elle-même y est née. La
cour de cassation est formelle à cet égard.
Par suite, en dépit du désir qu'il en a. le
parquet de la Seine, sous peine de s'exposer
à un échec juridique certain, ne pourra
poursuivre M. Charles Malato en police cor-
rectionnelle sous l'inculpation d'infraction a
un arrêté d'expulsion nul.
M. Charles Malato a éventuellement pow
avocat Me Georges Desplas.
CENT KILOMETRES A L'HEURE
Les rapides de Nantes et de Bordeaux
La Compagnie d'Orléans va por ter pro-
chainement la vitesse de ses rap ides de
Nantes et de Bordeaux de 75 kilomètres à
cent kilomètres à l'heure.
Jusqu'à présent, c'était la Compagnie de
l'Est qui détenait le « record de la viterw »
avec son express Paris-Reims, marcha.
78 kilomètres, sans arrêt.
La vitesse d'une machine étant en raison
directe de la rapidité des mouvements du
piston et du diamètre des roues motrices, on
ne peut, pour conserver à la machine une
stabilité suffisante, dépasser certaines li-
mites. Les derniers types de locomotives
dont le diamètre des roues atteint deux
mètres et dont le poids, en ordre de marche
— c'est-à-dire la machine pleine et en feu, le
tender pourvu de son eau et de son combus-
tible - n'est pas moindre de quatre-vingt-dix
tonnes ont permis d'obtenir sans danger des
vitesses de 110 à 130 kilomètres à l'heure.
L'article 38 du règlement sur la circula-
tion des trains, dit en effet formellement que
les mécaniciens, qui ne doivent jamais arri-
ver aux stations avant l'heure fixée par le
tableau de marche, doivent user de tous les
moyens en leur pouvoir pour ne pas arriver
après les mêmes heures, sans cependant dé-
passer de plus de moitié la vitesse réglemen-
taire du train.
Il en résultait implicitement qu'un méca-
nicien de rapide avait le droit de marcher à
75 plus 37, soit 112 kilomètres à l'heure et,
que fréquemment il se trouvait à une vi-
tesse moyenne de 100 kilomètres pendant
une partie du trajet.
Pour les prochains rapides, cette vitesse
sera la vitesse normale du tableau de mar-
che.
La vitessse commerciale, la seule inté-
ressante pour le public, celle qui s'obtient:
en divisant la distance des deux gares extrê1.
mes.par le nombre d'heures employées à ef-
fectuer le parcours, sans défalquer le temps
absorbé par les arrêts dans les gares inter-
médiaires, les ralentissements prévus, no-<
tamment aux passages des bifurcations,
sera naturellement augmentée dans les mêr
mes proportions que la vitesse effective, soit
d'un quart.
Il faudra environ six heures pour aller de
Paris à Nantes ou Bordeaux.
C'est un assez joli résultat, à la condition
d'éviter avec soin les télescopades.
Disons pour finir que la Compagnie d'Or-
léans a mis à l'étude un projet de chemin
de fer aérien pour la traversée de Nantes
où les trains — circulant sur les quais -
ne doivent marcher ac.uellement qu à la vi-
tesse de seize kilomètres à l'heure
INFAME CALOMNIE
Sous ce titre, on nous communique la
note suivante :
Un individu faisant métier de colporteur
de prétendues informations policières a fait
passer dans les journaux d'hier matin une
note calomnieuse annonçant, avec des dé-
tails fantaisistes, l'arrestation de M. Gui
bert, directeur de la Banlieue de Paris et de
la Gazette Mondaine, accusé de tentative de
chantage.
Notre confrère a été effectivement arrêté
mardi soir, au moment où il sortait d'un
bureau de poste ; mais, conduit devant M.
Dresch, commissaire de police, et après ex-
plications, M. Guibert n'a pas eu do peina
à établir qu'il était victime d'une en eur de
personne. Il a été remis en liberté après
avoir reçu des excuses de M. Dresch.
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