Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-12-18
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 18 décembre 1894 18 décembre 1894
Description : 1894/12/18 (A24,N8373). 1894/12/18 (A24,N8373).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
VINGT-QUATRIÈME ANNÉE.—N"8,373 LE NUMÉRO QNQ CENTIMES - 5 -' MARDI 18 DÉCEMBRE 1894
6
RÉDACTION ET ADlllfrtlSThATIOI
1 42, Rue Montmartre
PARIS
ANNONCES
Qhoz MM. LAGRANGE, CERF et CIe
6, place de la Bourse, 6
• • • AltONNBMF.IYTS
Paris Trei» ■«»,. 6 f.; Sii Bois, Hf.; & 20^
Départements — 7 f.; - 12 f.; - 241
Union Postale — 9f.; — igf.; - 32 f,
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LES DOUZIÈMES
Ainsi que les journaux l'ont annoncé,
le ministre des finances va déposer un
proj et tendant à obtenir des Chambres
e vote immédiat de deux douzièmes
provisoires. Je connais trop l'esprit
d'ordre et de précision de M. Poincaré
et j'ai trop souvent apprécié la sûreté
de ses vues pour ne pas être persuadé
qu'il lui en coûte, bien qu'il n'ait ici au-
cune responsabilité personnelle, de re-
courir à cet expédient.
Ce n'est pas à dire que tout le monde
soit d'accord sur les inconvénients des
douzièmes provisoires. On pourrait, sans
trop chercher, découvrir des gens de
bien qui considèrent l'extrémité des
douzièmes comme un simple incident
de la politique et se refusent à lui attri-
buer une influence quelconque. Mais
tet optimisme de fantaisie ne peut con-
venir qu'à ceux qui cultivent à l'abri de
tout souci personnel la fleur du para-
doxe. Le gouvernement et les grands
services de l'Etat savent par leurs pro-
pres épreuves combien il est regrettable
qu'on n'arrive pas à discuter dans les
délais ordinaires le budget de la France.
Le jugement de l'opinion sur cette
mesure des douzièmes me paraît d'ail-
leurs établi. Je suis convaincu qu'il la
condamne, n'y eût-il à cet arrêt d'autre
cause que le caractère fâcheusement
exceptionnel d'un semblable procédé. Et
il existe à la vérité des raisons plus
fortes pour faire considérer comme une
occurrence accompagnée de difficultés
sérieuses la nécessité des douzièmes
provisoires. Cela, par exemple, ôte au
percepteur le droit de recevoir sur le
nouvel exercice des versements supé-
rieurs à la quotité rendue recouvrable.
Si l'on passe outre dans la pratique, cela
ne détruit pas notre constatation; il en
résulte au contraire une preuve des in-
convénients occasionnés par le régime
des douzièmes. D'autre part, en ce qui
concerne les payements que peuvent
avoir à effectuer les caisses de l'Etat,
comment, par exemple, verser à un
créancier une somme de cent mille
francs qu'on lui doit, si deux dou-
zièmes, sur tous les crédits budgétaires,
sont seuls disponibles ?
Mais, en dehors de ces aperçus
d'ordre administratif, il est aisé de com-
prendre combien de raisons plus hautes
2t plus générales justifient notre anti-
pathie pour les douzièmes. Le mot
suffit, dès qu'on le prononce, pour
éveiller une pensée d'incertitude et l'im-
pression d'une politique où le lendemain
n'est point assuré. On sent d'ailleurs,
dès que les douzièmes entrent en scène,
qu'il y a quelque chose de dérangé
dans la machine si compliquée que
forment par leur jonction les grands
pouvoirs de l'Etat.
En des temps où la gestion des affai-
res publiques s'accomplit suivant la
règle, chsftpie année le budget, tel que
le gouvernement le propose pour l'an-
née suivante, vient en temps utile de-
vant les assemblées parlementaires.
Celles-ci s'en saisissent, le font exami-
ner par des commissions spéciales et le
discutent ensuite assez tôt pour qu'avant
la Saint-Sylvestre le Palais-Bourbon et
le Luxembourg se soient accordés sur
les recettes et les dépenses du prochain
exercice. Les départements et les com-
munes, par leurs conseils généraux et
municipaux, procèdent constamment
ainsi, sans qu'aucune exception se pro-
duise jamais. On n'en peut malheureu-
sement pas dire autant quand il s'agit
du budget national.
On pouvait pourtant espérer, en dépit
de toutes les causes de retard qui ont
pu influer sur le gouvernement et les
assemblées, que nous étions gardés, au
moins pour cette fois, contre la menace
des douzièmes.
La Chambre nouvelle avait en effet
trouvé, en venant à la vie, un budget
tout voté. On avait devant soi quelque
chose comme quatorze mois pour assu-
rer l'établissement du budget de 1895.
Mais il eût fallu que le gouvernement,
au lieu d'engager l'Assemblée dans des
débats violents et dangereux qui ne
pouvaient aboutir à rien d'utile, comme
il l'a fait avec ses lois do répression,
aiguillât lui-même inflexiblement vers
l'œuvre budgétaire. Il aurait du même
coup évité quelques-unes de ces inter-
pellations dont on se plaint aujour-
d'hui, mais qui ont rempli des séances
pour lesquelles, on doit le reconnaître,
l'ordre du jour était singulièrement étri-
qué. Quoi qu'il en soit, nous voici à la
fin de l'année, et c'est à peine si
l'on a commencé cette discussion du
budget qui est cependant la besogne
essentielle des députés.
C'est là, disons-le sans détour, une
mauvaise entrée de jeu pour la nouvelle
Chambre. Il est à redouter que cette si-
tuation ne se répercute fatalement sur
toute la législature, au grand dommage
des affaires nationales et de l'accomplis-
sement des réformes fiscales attendues
par la démocratie.
Naguère, on ne voyait dans les dou-
zièmes provisoires qu'un instrument po-
litique. Ils ne devaient pas apparaître à
tout instant comme le palliatif de la né-
gligence des gouvernements et du re-
tard des travaux parlementaires. Ils
étaient une arme aux mains des dépu-
tés pour contraindre à la capitulation
tel ministère de criminelle résistance
qui se serait mis en tête de gouverner
contre la majorité. Cette éventualité, qui
nous rappelle le Seize-Mai, n'est plus
désormais à craindre, nous dira-t-on
peut-être. Soit. Mais ce n'est pas là,
je pense, une raison pour entretenir
pieusement, comme on le fait depuis un
certain nombre d'années, l'usage des
douzièmes et le faire pénétrer dans les
coutumes politiques de ce pays.
Si, l'année prochaine, le gouverne-
ment ne s'arrange pas pour déposer son
budget avant la fin de février et si, de
son côté, la Chambre ne trouve pas le
temps de le discuter avant la fin de la
session ordinaire, la législature sera
réduite à se traîner jusqu'au bout dans
d'inextricables embarras et dans la dé-
monstration dès lors ininterrompue
d'une lamentable impuissance.
Ce n'est pas précisément ainsi que le
régime parlementaire pourra raviver la
confiance publique et retrouver un pres-
tige que les circonstances, on doit le re-
connaître, ont quelque peu endom-
magé.
Louis Terrier.
CANDIDATURE DÉCLINÉE
Depuis deuxj ours, quelques députés avaient
lancé — on ne sait dans quel but — la can-
didature à la présidence de la Chambre de
M. Félix Faure, ministre de la marine. Ce
dernier décline catégoriquement toute candi-
dature dans une lettre qu'il adresse à M. Gus-
tave Isambert, président de l'Union progres-
siste, et à M. Deluns-Montaud, président du
Groupe des républicains de gouvernement,
c'est-à-dire aux présidents des deux groupes
où sa candidature aurait pu recueillir des
adhésions. Voici cette lettre : ■
Paris, 16 décembre.
Monsieur le président et cher collègue,
Ma situation de membre du gouvernement m'in-
terdit toute candidature à la présidence de la Cham-
bre des députés.
L'heure est venue de vous en informer.
Veuillez agréer, monsieur le président et cher
collègue, l'expression de mes sentiments cordiale-
ment dévoués.
FÉLIX FAURE.
Le Groupe des républicains de gouverne-
ment est convoqué pour aujourd'hui, à une
heure de l'après-midi. Il est probable que les
bureaux des divers groupes républicains au-
ront une conférence, soit au cours, soit à
l'issue de la séance publique, sauf à rendre
compte dans la matinée de mardi à leurs
commettants respectifs des résultats de leurs
pourparlers.
NICOLAS Il A PARIS
(DE NOTRE CORRESPONDAIT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 16 décembre.
On raconte dans les cercles de la: cour une
petite anecdote quille laisse pas d'être assez
significative sur les sentiments du nouvel em-
pereur et que voici succinctement résumée :
Pendant son séjour à Saint-Pétersbourg, le
prince Henri de Prusse aurait demandé au
tsar s'il ne comptait pas venir dans quelque
temps à Berlin. A quoi Nicolas II aurait ré-
pondu : « Ce ne sera pas tout de suite, mais
j'espère cependant que ce ne sera pas dans un
avenir trop éloigné. Je ferai à cette occasion
une visite à Vienne et à Paris. »
LA QUESTION DES ALCOOLS DANS LE NORD
JDB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Lille, 16 décembre.
Aujourd'hui a eu lieu ici une grande réunion des
producteurs, des industriels et de notabilités di-
verses du département, pour entendre une confé-
renee de M. Taquet, directeur de la Revue vini-
cole.
Cette réunion, qui a été très brillante, a pris les
proportions d'une véritable manifestation contre
les fraudes commises à l'abri du privilège des
bouilleurs de cru et est de nature à avoir une
grande répercussion dans la contrée. Un ordre du
jour, voté par acclamation, demande l'égalité im-
médiate des citoyens devant l'impôt, la suppres-
sion du privilège et se prononce en même temps
contre la surélévation des droits sur l'alcool.
SUBVENTIONS AUX CRÈCHES LAIQUES
Dans sa dernière séance, le conseil muni-
cipal a alloué une subvention de 20,000 francs
pour la construction d'une crèche sur un ter-
rain appartenant à l'Assistance publique, si-
tué rue Saint-Maur, 6.Cette somme sera mise
à la disposition de la Société des asiles laï-
ques du premier âge du onzième arrondisse-
meut.
Une somme de même importance a été at-
tribuée à la construction d'une crèche sur un
terrain appartenant à la ville de Paris, situé
rue François-Millet, à l'angle de la rue Théo-
phile-Gautier.
LA GUERRE ENTRE LA CHINE ET LE JAPON
Yokohama, 16 décembre.
Les Japonais ont attaqué, le 14 décembre,
près de Foug-Wang-Tscheng, une troupe de
4,000 Chinois.
Ceux-ci ont pris la fuite, poursuivis par les
Japonais qui ont fait plusieurs prisonniers et
pris quatre canons.
Les Japonais ont eu trois officiers blessés
et 70 hommes morts ou blessés.
ARRESTATION DU CONSEILLER DELAfiUE
:
Marseille, 16 décembre. 1
La nouvelle de l'arrrestation de M. Delagae,
conseiller municipal, compromis 4au 101 tnitss
Ltôaudj; est coofitinto.
LA GUÉRISON DIT BfaïEfflT
LE TRAITEMENT DU Dr CHER VIN
Un truc de vaudevilliste. — Ce qu'on ne
peut dire on le chante. — Comment
on guérit les bègues.
En ces dernières années, un vaudevilliste
connu, dans une pièce à succès, imagina de
conduire chez un avocat un malheureux at-
teint d'un invincible bégayement.
On voit de suite la scène. Le plaideur peu
disert s'efforce d'exposer son affaire; mais,
en vain, s'essaye-t-il à parler; les mots s'ar-
rêtent dans sa gorge; il traîne péniblement
les syllabes, sue sang et eau pour assembler
des sons inintelligibles, et se trouve d'autant
moins capable de se faire entendre qu'il fait
dans ce but davantage de tentatives.
L'entrevue pourrait ainsi durer longtemps.
Heureusement, l'avocat est homme de res-
source. Il a jadis ouï raconter que ce qu'on ne
peut dire on le chante, et il s'avise de prier
son client de lui vocaliser l'exposé de son
procès.
En désespoir de cause, le visiteur suit le
conseil, et, à sa vive surprise, sans la moin-
dre difficulté, dès lors il assemble les sylla-
bes, les articule distinctement, et, sur l'air
de Au clair de la lune, de Marlborough s'en
va-t-en guerre, du Juif errant ou de la tragi-
que et célèbre complainte de Fualdès, pour la
plus grande joie des spectateurs, il roucoule
fort comiquement le récit fantasque des mé-
saventures burlesques qui l'amènent à com-
paraitre devant les juges de son pays.
L'imagination est plaisante et de bonne co-
médie. Elle ne laisse pas, cependant, de com-
porter un fond précis de vérité et de parfaite
observation.
Telle est, en effet, la réalité des choses ; il
n'y a point de bègue en musique, etBridoison
lui-même, alors qu'il « pousse » une romance,
ferait avec succès la « pige » au plus verbeux
des orateurs.
LA STATISTIQUE DES BÉGUEST
Et ceci, notez-le, n'est point le moins du
monde une affirmation en l'air, mais bel et
bien un fait d'expérience contrôlé à l'infini.
C'est que, par malheur, dans notre société,
les bègues ne sont point rares. Leur nombre,
au contraire, est extrêmement considérable.
Dans un tout récent et fort curieux travail,
Bêgayement et autres défauts de prononcia-
tion, qu'il vient de publier ces jours derniers
mêmes, M. le docteur Chervin, directeur de
l'Institut des bègues de Paris, et l'un, assuré-
ment, des spécialistes les plus autorisés en
la circonstance, évalue à un million trois cent
mille, c'est-à-dire au trentième environ de la
population globale du pays, le tolal des bè-
gues des deux sexes et de tout âge vivant en
France. Et, de même, les statistiques officielles
des conseils de revision publiées par les soins
du ministère de la guerre établissent que, de
façon à peu près constante, la moyenne des
conscrits exemptés pour bégayement est de
6,32 pour 1,000 examinés, chiffre correspon-
dant justement, comme il est facile de s'en
assurer par un simple calcul, avec l'évalua-
tion générale indiquée par le docteur Chervin.
Etant ainsi d'une extrême fréquence, on
conçoit sans peine qu'on ait pu déterminer
avec assez de précision les caractères réels du
véritable bégayement.
Cette maladie, qui est sans exception une
maladie acquise, apparaît toujours dans l'en-
fance; elle s'accompagne uniformément de
troubles respiratoires plus ou moins mar-
qués, est toujours intermittente et présente
enfin, comme je le notais tout à l'heure, cette
particularité inattendue de disparaltre totale-
ment durant le chant. Et il n'est point de
bègue réel qui ne présente réunis ces quatre
signes spécifiques dont le plus important, sans
contredit, celui-là seul enfin qui peut per-
mettre de fixer la gravité du pronostic, est
celui ayant trait aux troubles respiratoires.
Chez le bègue, le rythme de la respiration
est détruit totalement et ne se compose plus
comme chez l'être normal de trois temps suc-
cessifs : 1° repos, 20 inspiration buccale, 30
expiration buccale, qui, note M. Chervin, doi-
vent se succéder sans interversion, la parole
devant se produire uniquement et exclusive-
ment pendant l'expiration. Tantôt, en effet,
le bègue s'efforce de parler durant le temps
même de l'inspiration, à la façon des ventri-
loques, et tantôt c'est seulement quand il se
trouve à bout de souffle qu'il commence à pou-
voir articuler les premières syllabes de sa
phrase.
LES CAUSES DU BÉGA YEMENT
Mais, quel que soit le mécanisme produc-
teur du bégayement, les causes déterminantes
de son apparition sont toujours les mêmes.
Dans le plus grand nombre des cas, les trou-
bles caractéristiques se manifestent dans la
première enfance,en général entre trois et sept
ans, très rarement après dix ou douze, et sur-
viennent le plus souvent à la suite d'émo-
tions violentes, — peur vive, chute, mauvais
traitements, etc.
Dans certains cas, cependant, l'origine de
la maladie reconnaît encore d'autres facteurs
qui sont des prédispositions héréditaires et
surtout l'imitation volontaire ou inconsciente.
En somme, semble-t-il aujourd'hui à peu près
établi, les chances de voir survenir le bégaye-
ment sont d'autant plus grandes que les per-
formances du sujet se trouvent moins com-
plètes. Et c'est ainsi que l'on peut expliquer
comment cette affection se rencontre beau-
coup plus fréquemment dans le sexe mascu-
lin que dans le sexe féminin, et cela dans la
proportion de un à dix, les filles, d'une façon
générale, étant, comme l'on sait, plus pré-
coces que les garçons.
M. Chervin, au surplus, esta cet égard par-
ticulièrement net. « Cette différence, écrit-il
en effet à ce propos, tient probablement à c
que, aux âges d'apparition du bégayement, le
développement de la parole estbeaucoup plus
avance, plus complet chez la fillette que chez
le petit garçon. La concordance fonctionnelle
entre le cerveau et les organes de la parole
étant mieux établie, les troubles sont plus ra-
res et l'action réflexe a un retentissement
beaucoup moindre sur leur production. » (Dé-
gayement et autres défauts de prononciation
p. 38.)
LE TRAITEMENT DES BÈGUES
Au point de vue de la répartition de la ma-
làdie entre les sexes, les rapports, du reste,
restent partout les mêmes, que l'on se trouve
dans des régions, où, comme dans le Centre
de la France (Berry, Touraine, Orléanais), le
bégayement soit relativement rare, et en voie
légère de diminution, ou que, au contraire,
l'on considère les départements de l'Est, de
l'Ouest, et surtout du Midi, où il est abon-
dant, et avec une tendance marquée vers une
augmentation.
En dépit de cet indice fort alarmant, il n'y
a point cependant à beaucoup redouter de
voir les bègues se multiplier en France outre
mesure. Et la raison en est toute simple. Au-
jourd'hui, en effet, nous possédons enfin,
après bien des recherches, la recette assurée
pour faire parler correctement les plus déter-
minés JMedouiUeaM ou avaleurs de syllabes.
Par exemple, ce n'aura pas été sans peine
qu'un semblable résultat aura été réalisé, et,
ayant d'arriver à la découverte de la méthode
toute simple et toute rationnelle conçue dès
1846, par M. Claudius Chervin, méthode con-
sistant à traiter le bégayement uniquement au
moyen d'exercices gymnastiques appropriés
des organes phonoto-articulateurs, que de
systèmes plus ou moins invraisemblables
auront été proposés en moins de quelques
années!
De tous, le premier en date fut indiqué
en 1825 par une Américaine, Mrs Leigh, de
New-York, qui ayant cru remarquer que le
bégayement avait pour cause une contraction
retenant la langue dans le plancher de la
bouche, recommandait pour tout traitement
de s'exercer simplement à parler la langue
rapprochée du palais.
Tout d'abord, la méthode fut l'objet d'un
accueil enthousiaste; mais hélas,il fallut bien
vite renoncer aux espérances fondées sur elle
et chercher un traitement d'une moindre fan-
taisie. C'est alors que les chirurgiens firent
leur apparition. Durant plusieurs années, ils
pratiquèrent des opérations plus ou moins
graves, parfois dangereuses, sans du reste
jamais obtenir de résultats satisfaisants. Et
il en fut de la sorte jusqu'au moment ou M.
Claudius Chervin entreprit la guérison du bé.
gayement.
LA MÉTHODE CHERVIN
La méthode qu'il imagina, et qui a depuis
été perfectionnée par son fils, a pour but es-
sentiel « de chercher à rétablir la coordina-
tion nécessaire entre le cerveau qui com-
mande et les organes vocaux qui doivent
obéir ».
A cet effet, les malades sont soumis à dou-
ble traitement moral et fonctionnel.
Dans le traitement fonctionnel, l'on s'oc-
cupe tout d'abord de rétablir régulièrement
le rythme respiratoire, et, pour cela, on ap-
prend au bègue à respirer et à utiliser sa res-
piration au point de vue de la parole ; puis
bientôt on lui demande de prononcer des
sons séparés, puis des sons liés. Quand il sait
articuler nettement les voyelles, il s'attaque
aux consonnes, puis aux syllabes, aux mots
et enfin aux phrases entières et aux discours.
Quant au traitement moral, son but est de
« contraindre l'élève à subordonner la ma-
nœuvre de sa respiration et de son articula-
tion au commandement qu'il reçoit de son
professeur, à habituer sa volonté à comman-
der rapidement, à donner aux organes les
ordres précis pour l'exécution des actes les
plus variés et les plus différents qui lui sont
dictés par l'initiative raisonnée, calculée et
prévoyante du professeur ».
En trois semaines d'un tel traitement, la
guérison est toujours complète et radicale, et
le bègue qui hachait naguère encore le plus
lamentablement du monde ses moindres pa-
roles, peut, comme le premier venu, soutenir
sans difficulté et sans crainte une conversa-
tion prolongée.
AVIS AUX BÈGUES
C'est là, on en conviendra, volontiers, un
résultat d'un réel intérêt pratique et qui méri-
tait vraiment, aujourd'hui qu'il est bien défi-
nitivement acquis et que sa complète valeur
s'est vue à maintes reprises officiellement con-
sacrée, d'être signalé à l'attention de tous.
Avis soit donc à tous les bègues ! La parole
leur sera rendue.
Georges Vitoux.
Jub COLLÈGE CHAPTAL
Voulant rendre hommage a la mémoire de M.
Goubaux, fondateur du collège Chaptal, et à l'oc-
casion du cinquantenaire de la fondation de cet
établissement d'instruction, nos édiles ont décidé
qu'il serait ajouté à l'inscription « Collège Chap-
tal » les mots suivants : « Fondé par Goubaux en
1810 ».
UN EVEQUE EN COUR D'ASSISES
Monseigneur Prosper Augouard comparaî-
tra, sur citation directe, demain mardi, de-
vant la cour d'assises de la Seine, présidée
par M. Commoy, sous l'inculpation de diffa-
mation envers un fonctionnaire public.
Voici à quel propos :
Le 31 août dernier, le Matin publiait un in-
terview de Mgr Augouard dans lequel M.
Forget, ex-directeur intérimaire de l'intérieur
au Congo français, relevait à son encontre
des allégations qu'il estima diffamatoires.
M. Forget assigna donc devant la cour
d'assises de la Seine Mgr Prosper Augouard,
vicaire apostolique de l'Oubanghi, et le jour-
nal le Matin, réclamant à titre de dommages-
intérêts la somme de un franc et l'insertion
de l'arrêt à intervenir dans douze jour-
naux.
Mgr Augouard se présentera à l'audience
assisté de Me Barboux, ancien bâtonnier.
Le Matin aura pour défenseur Me Félix
Decori.
C'est Me Fernand Labori qui soutiendra la
demande de M. Forget.
Le siège du ministère public sera occupé
par M. l'avocat général Mérillon.
Parmi les témoins cités par M. Forget se
trouvent MM.Isaac, sénateur de la Guadeloupe,
Becque, chef de cabinet du ministre des co-
lonies, Gerville-Réache, le frère du député,
ancien fonctionnaire colonial, Gaston Méry,
publiciste, Ignazzi, publiciste, etc. Comme
principaux témoins à décharge : M. Deloncle,
sous-directeur aux colonies, et M. de Cha-
vannes, ex-gouverneur du Congo.
Les débats du procès, qui, sauf incidents
de procédure, occupera peut-être deux au-
diences, promettent d'être ni; ;\u)ts.
-_ _0
ARRESTATIUN .j'!)') .£HglJIER
Il y a quelques années, un Allemand, le
sieur Lanthé, fondait, 203, avenue de Bry, au
Perreux, une banque de prêts sur signatures.
Les affaires n'étant point prospères, il s'ad-
joignit un Italien nommé Dioni, qu'il char
gea de rechercher dans le pays et ses envi-
rons les fils de famille ayant besoin d'argent
et de leur faire signer, contre promesses de
versements, des billets de complaisance. Lan-
thé s'occupait de la négociation des billets de
complaisance apportés par son associé, se
faisant donner par ce dernier des reçus qui
constataient qu'il lui avait remis les fonds
alors qu'en réalité il n'avait pas touché un
centime, puis, l'échéance arrivée, ils poursui-
vaient les souscripteurs des billets qui, eux
aussi, n'avaient rien touché.
Les plaintes affluèrent alors au commissa-
riat de police de Jjinville-le-Pont et au par-
quet; un juge d'instruction, M. Josse, fut
chargé de cette affaire et délivrait à M. Ber-
nard, commissaire aux délégations judiciai-
res, deux mandats d'arrêt contre les deux es-
orocs.
Lanthé, qui avait quitté le Perreux depuis
deux mois environ, a été arrêté hier à Paris
où il s'était retiré; quant à son associé Dioni,
il avait pris la fuite. Il est activement re-
cherché.
D'autres usuriers du même genre et qui
opèrent de la même façon à Neuilly-Plai-
sance, Bry et la Varenne sont l'objet d'uae
surveillance particulière et ne contiuueront
pas longtemps leur honteux métier.
CHRONIQUE
L'ARGENT
Il est certain qu'en remettant à la scène
la Question d'argent, les directeurs du
Gymnase ont eu en vue un regain d'ac-
tualité.
Si, depuis 1873, les cheveux de Jean
Giraud ont quelque peu blanchi, si son vi-
sage de financier-type s'est accusé de
quelques rides, le monologue du premier
acte n'en reste pas moins l'expression
d'une vérité cruelle, féroce, abominable,
tout ce que l'on voudra, mais vraie, d'au-
tant plus vraie qu'elle est de tous les
temps, de toutes les civilisations.
Si la chasse à l'argent est un assez vi-
lain sport que peuvent mépriser d'hum-
bles philosophes, sans ambition, sans be-
soins, qui n'entrent pas dans la bataille de
la vie, estimant à leur juste prix les hon-
neurs et la fortune, ce n'est pas une raison
pour que l'hypocrisie triomphe bruyam-
ment et que de faux moralistes versent
sur le temps où nous vivons des larmes
de crocodiles.
Puisque crocodiles il y a, n'oublions
pas, en effet, que ces animaux amphibies
jouissent depuis la plus haute antiquité
d'une réputation détestable, les vagisse-
ments qu'ils soupirent n'ayant d'autre but
que d'attirer et de dévorer les passants.
Non, quoi qu'en disent beaucoup de
gens, et quoi que pensent quelques-uns
avec sincérité, la vénalité, la concussion,
l'agiotage ne sont ni plus ni moins déve-
loppés aujourd'hui qu'hier et que jadis.
Peut-être en parle-t-on davantage. Pas
même ! et je vous mettrai tout à l'heure
sous les yeux quelques preuves re-
cueillies par l'humble philosophe que je
suis, en tisonnant, le soir, au coin d'un
petit feu. , *
Mais revenons d'abord au monologue
de Jean Giraud, car tous les lecteurs d'un
journal n'ont pas nécessairement lu ou vu
représenter la pièce de M. Dumas, et ce
plaidoyer pour l'argent vaut d'être mé-
dité.
« L'argent est l'argent, s'écrie le finan-
cier, quelles que soient les mains où il se
trouve. C'est la seule puissance que l'on
ne discute jamais. On discute le courage,
le génie, la vertu, la beauté, on ne dis-
cute jamais l'argent. Il n'y a pas un être
civilisé qui, en se levant le matin, ne re-
connaisse la souveraineté de l'argent,
sans lequel il n'aurait ni le toit qui l'abrite,
ni le lit où il se couche, ni le pain qu'il
mange. Où va cette population qui se
presse dans les rues, depuis le commis-
sionnaire qui sue sous son fardeau trop
lourd jusqu'au millionnaire qui se rend à
la Bourse au trot de ses deux chevaux ?
L'un court après quinze sous, l'autre après
cent mille francs. Pourquoi ces boutiques,
ces vaisseaux, ces chemins de fer, ces
usines, ces théâtres, ces musées, ces pro-
cès entre frères et sœurs, entre fils et
pères, ces découvertes, ces divisions, ces
assassinats? Pour quelques pièces plus
ou moins nombreuses de ce métal blanc
ou jaune qu'on appelle l'argent ou l'or. Et
qui sera le plus considéré à la suite de
cette grande course aux écus? Celui qui
en rapportera davantage. Aujourd'hui un
homme ne doit plus avoir qu'un but, c'est
de devenir très riche. »
Comme M. Dumas est un moraliste par-
fois un peu. paradoxal, il termine sa
pièce en congédiant le financier sur cette
déclaration de principes : « — Vous avez
voulu acquérir la considération par l'ar-
gent, c'est le contraire que vous deviez
tenter. Il fallait acquérir l'argent par la
considération. »
Conseil excellent, sans doute, mais M.
Dumas nous permettra d'ajouter, difficile
à fluivre, à Paris surtout.
On peut se passer d'argent, certes, c'est-
à-dire de fortune, de luxe, de chevaux et
de femmes de prix, mais acquérir un hô-
tel, des joueurs de flûte et des thuriférai-
res par « la considération préalable », c'est
plus fort que les jeux de massacre fo-
rains où l'on gagne un lapin sans délier sa
bourse.
Mais laissons là le financier de M. Du-
mas et la Question d'argent. On a beau
avoir été nourri de la « moelle de l'anti-
quité », on ne conserve en général qu'un
souvenir assez vague de ces agapes spiri-
tuelles que nous offrirent Athènes et
Rome aux banquets universitaires de no-
tre adolescence. Quelque chose, pourtant,
subsiste. Quand nos contemporains s'in-
dignent, quand on s'émeut autour de nous,
un léger frisson nous agite.
Sont-ils d'absolue bonne foi,, nos con-
temporains? Leur surprise s'excuserait-
elle d'une ignorance de cequefut le monde
civilisé ou non, dès l'origine ?
Peut-être t Alors l'humble philosophe,
revenu à peu près de tout sans être jamais
allé ailleurs qu'aux sources où peut se
rafraîchir l'esprit humain, celui qui ne
souhaite, comme Candide, que de cultiver
en paixson jardin, allume sa lampe, fouille
dans sa bibliothèque et voici ce qu'il y re-
trouve ;
« A quelle époque le torrent des vices
fut-il plus furieux, le gouffre de l'avarice
plus béant, la rage des jeux de hasard plus
effrénée ? Il ne suffit plus de la bourse, on
emporte son coffre-fort.
» Je m'étonne que, depuis longtemps,
les gens sans fortune n'aient pas émigré
en masse. Oui, sans doute, le mérite en-
travé par l'indigence en tous lieux perce
difficilement, mais, ici, la lutte est encore
plus pénible. Adieu, patrie, je cède la
place a ceux qui savent changer le noir en
blanc, qui convoitent l'entreprise d'un édi-
fice, d'un port, d'un canal, le nettoyage
des égouts.
» Le pauvre t Il est ici le jouet de tous.
Son manteau se déchire, on le raille ; ses
vêtements sont tachés, on le raille ; ses
chaussures sont crevées, on le raille en-
core. De toutes tes misères, ô triste Pau-
vreté, la plus poignante est de rendre les
hommes ridicules.
» Le luxe de la parure dépasse les res-
sources de chacun. Le superflu est devenu
le nécessaire et ce bien-être indispensable,
on le prendra, s'il le faut, dans le coffre
fort du voisin. C'est un travers général ;
nous vivons tous dans une ambitieuse
pauvreté. Pourquoi ne pas le dire : on ne
fait plus rien qu'à coup d'argent. » Ce se-
ra, si vous le voulez bien, notre mot de la
fin, emprunté non plus à une comédie de
mœurs du déclin du dix-neuvième siècle,
mais extrait littéralement, comme tout
ce qui précède, des trois premières satires
de Juvenalis (Decimius Junius), lequel
naquit, comme chacun sait, l'an quarante-
deux de l'ère chrétienne.
Jean Raulet.
Dans un de ses contes les plus charmants,
Alph. Daudet s'écrie : * Oh ! le vin des Papes,
» le vin Doré, le vin Royal, Impérial, Ponti-
» fical, nous le buvions aux Fines-Roches en
» chantant des vers de Mistral. »
Tel est le vin qu'expédie le propriétaire des
Fines-Roches, à Châteauneuf-du-Pape (Vau-
cluse), pour 100 fr. la caisse de 25 bouteilles.
Olsèpes fle l Burflean
DERNIERS HOMMAGES
Obsèques purement civiles. — Colère dea
cléricaux.— Les hommage'* de la foule.
M. Casimir-Perier aux obsèques.
La presse cléricale, en attaquant le carac-
tère civil des obsèques de M. Burdeau, a
donné une fois de plus la mesure de son es-
prit de tolérance. Il n'est pas permis de mou-
rir comme on a vécu, sans le secours du
clergé. M. Burdeau, en repoussant les pompes
ecclesiastiques, s'est fait beaucoup de tort,
notamment dans l'esprit de M. Arthur Meyer,
conservateur jaloux du culte catholique.
Heureusement cette profession de foi su-
prême, prévue par l'ancien président de la
Chambre, n'a pas empêché les républicains
de lui faire les obsèques qu'il méritait.
AUTOUR DU PALAIS-BOURBON
Dès huit heures du matin, les troupes arri-
vent sur la place de la Concorde. Deux bat-
teries d'artillerie se rangent perpendiculaire-
ment à la place, à l'extrémité de la rue de
Rivoli ; la cavalerie, garde républicaine, cui-
rassiers et dragons, prend ses positions le
long des trottoirs.
Il tombe une petite pluie fine qui assom-
brit l'air et décourage assez vite la plupart
des curieux campés sur la terrasse des Feuil-
lants pour attendre le passage du cortège.
La rue de Bourgogne est occupée par le 29t
régiment de chasseurs à pied; M. Mirman qui
en fait partie est absent. Toutes les voies en-
vironnantes sont occupées par des bataillons
d'infanterie ; le 82e de ligne et le 1er régiment
de cuirassiers stationnent sur la place; dans la
cour d'honneur,un bataillon de la garde répu-
blicaine forme la haie jusqu'à la porte d'en-
trée.
Place de la Concorde, la statue de la ville
de Lyon est couvert* d'un grand voile noir,
semé d'étoiles d'argent.
La colonnade qui surmonte le grand esca..
lier du palais apparaît, dans le lointain,
comme une énorme masse sombre. La pierre
est complètement masquée par les tentures,
semées de motifs d'argent. Entre les colonnes.
des torchères flambent au milieu des faisceau x
de drapeaux et des plantes vertes.
Sur le fronton, masquant l'inscription en
lettres d'or : Chambre des députés, un large
cartouche central porte les armes de la Répu-
blique et, au centre, l'initiale B. Les réverbè-
res du quai d'Orsay sont voilés de crêpe.
TRANSLATION DU CORPS
A huit heures, le bureau de la Chambre,
les secrétaires généraux de la présidence et
de la questure, MM. Pierre et Fromant, la
chef du cabinet de M. Burdeau, M. Clos, la
famille et les amis du défunt, étaient réunis
dans le salon d'honneur où reposait le corps.
Six hommes de service de la Chambre enlè-
vent alors le cercueil et le portent sur le cata-
falque en traversant la salle des Fêtes et la
salle de la Paix, dans laquelle un piquet
d'honneur, composé de soldats de la garde ré-
publicaine, présente les armes, comme il est
d'usage de le faire quand le président de la
Chambre se rend de ses appartements à la
salle des séances.
Le cortège traverse la salle Casimir-Perier,
descend les marches qui conduisent à l'hémi-
cycle de la cour et le cercueil est glissé dans
le sarcophage. A ce moment, les troupes pré<
sentent les armes, clairons et tambours son.
nent et battent aux champs et le canon des
Invalides tonne.
Le capitaine et le lieutenant commandant
le piquet d'honneur se placent à droite et à
gauche du catafalque, qu'entourent MM. de
Mahy, Etienne, Lockroy et Clausel de Cous-
sergues, vice-présidents, les secrétaires géné-
raux et le commandant militaire de la Cham-
bre, le colonel Cardot.
LA COUR D'HONNEUR
Dans la cour d'honneur, le décor est très
beau. Là aussi, la pierre a disparu jusqu'à
une hauteur de neuf mètres sous .«s tentures
noires semées d'argent et ornées de lÜa..eaux
et de cartouches. Le rond-point du fond, en
forme d'hémicycle, auquel on accède pat
deux allées en pente douce, est entouré de
massifs de plantes vertes. Au sommet, le ca-
tafalque se dresse, en forme de bateau, sui
des gradins décorés de motifs argentés sut
fond noir. Il est très haut, presque entière-
ment blanc, car les lames d'argent couvrent
aux trois quarts les draperies.
Le sarcophage, supporté par des cariatidei
en argent, est recouvert d'un très large dra-
peau tricolore. La croix de la Légion d'hon-
neur et les insignes de député de M. Burdeau
sont placés sur des coussins de velours noir.
DANS LA SALLE CASIMIR-PERIER
A huit heures et demie, presque tous les dé-
putés sont dans la cour d'honneur ou^dans la
salle Casimir-Perier.
Seuls les membres du groupe socialiste se
sont abstenus. Mais les deputes radicaux sont
venus, notamment MM. Brisson, Goblet, Me-
sureur, Alfred Naquet, Léon Bourgeois, etc.
Le Sénat est également à peu prés au com-
plet; M. Charles Floquet et M. Constans arri-
vent parmi les premiers. On remarque, -au
fond d'une salle du palais, M. Clément, com-
missaire aux délégations judiciaires; il dé-
clare assister à la cérémonie à titre de doyen
des commissaires de police de la ville de
Paris.
La pluie tombe de plus en plus fort. Auss
les invités se dispersent-ils, abandonnant leur
place dans la cour, qui dans la salle Casimir-
Perier et les salons qui l'avoisinent, qui soue
les galeries de la questure. Une grande confu-
sion se produit. On croit, d'ailleurs, que le
président de la République sera reçu et que
les discours seront prononcés dans la salle
Casimir-Perier, comme il avait été convena
en cas de pluie. Au dernier moment, M. de
Mahy donne l'ordre de porter la petite tri
bune dans la cour, devant le catafalque, à It
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LES DOUZIÈMES
Ainsi que les journaux l'ont annoncé,
le ministre des finances va déposer un
proj et tendant à obtenir des Chambres
e vote immédiat de deux douzièmes
provisoires. Je connais trop l'esprit
d'ordre et de précision de M. Poincaré
et j'ai trop souvent apprécié la sûreté
de ses vues pour ne pas être persuadé
qu'il lui en coûte, bien qu'il n'ait ici au-
cune responsabilité personnelle, de re-
courir à cet expédient.
Ce n'est pas à dire que tout le monde
soit d'accord sur les inconvénients des
douzièmes provisoires. On pourrait, sans
trop chercher, découvrir des gens de
bien qui considèrent l'extrémité des
douzièmes comme un simple incident
de la politique et se refusent à lui attri-
buer une influence quelconque. Mais
tet optimisme de fantaisie ne peut con-
venir qu'à ceux qui cultivent à l'abri de
tout souci personnel la fleur du para-
doxe. Le gouvernement et les grands
services de l'Etat savent par leurs pro-
pres épreuves combien il est regrettable
qu'on n'arrive pas à discuter dans les
délais ordinaires le budget de la France.
Le jugement de l'opinion sur cette
mesure des douzièmes me paraît d'ail-
leurs établi. Je suis convaincu qu'il la
condamne, n'y eût-il à cet arrêt d'autre
cause que le caractère fâcheusement
exceptionnel d'un semblable procédé. Et
il existe à la vérité des raisons plus
fortes pour faire considérer comme une
occurrence accompagnée de difficultés
sérieuses la nécessité des douzièmes
provisoires. Cela, par exemple, ôte au
percepteur le droit de recevoir sur le
nouvel exercice des versements supé-
rieurs à la quotité rendue recouvrable.
Si l'on passe outre dans la pratique, cela
ne détruit pas notre constatation; il en
résulte au contraire une preuve des in-
convénients occasionnés par le régime
des douzièmes. D'autre part, en ce qui
concerne les payements que peuvent
avoir à effectuer les caisses de l'Etat,
comment, par exemple, verser à un
créancier une somme de cent mille
francs qu'on lui doit, si deux dou-
zièmes, sur tous les crédits budgétaires,
sont seuls disponibles ?
Mais, en dehors de ces aperçus
d'ordre administratif, il est aisé de com-
prendre combien de raisons plus hautes
2t plus générales justifient notre anti-
pathie pour les douzièmes. Le mot
suffit, dès qu'on le prononce, pour
éveiller une pensée d'incertitude et l'im-
pression d'une politique où le lendemain
n'est point assuré. On sent d'ailleurs,
dès que les douzièmes entrent en scène,
qu'il y a quelque chose de dérangé
dans la machine si compliquée que
forment par leur jonction les grands
pouvoirs de l'Etat.
En des temps où la gestion des affai-
res publiques s'accomplit suivant la
règle, chsftpie année le budget, tel que
le gouvernement le propose pour l'an-
née suivante, vient en temps utile de-
vant les assemblées parlementaires.
Celles-ci s'en saisissent, le font exami-
ner par des commissions spéciales et le
discutent ensuite assez tôt pour qu'avant
la Saint-Sylvestre le Palais-Bourbon et
le Luxembourg se soient accordés sur
les recettes et les dépenses du prochain
exercice. Les départements et les com-
munes, par leurs conseils généraux et
municipaux, procèdent constamment
ainsi, sans qu'aucune exception se pro-
duise jamais. On n'en peut malheureu-
sement pas dire autant quand il s'agit
du budget national.
On pouvait pourtant espérer, en dépit
de toutes les causes de retard qui ont
pu influer sur le gouvernement et les
assemblées, que nous étions gardés, au
moins pour cette fois, contre la menace
des douzièmes.
La Chambre nouvelle avait en effet
trouvé, en venant à la vie, un budget
tout voté. On avait devant soi quelque
chose comme quatorze mois pour assu-
rer l'établissement du budget de 1895.
Mais il eût fallu que le gouvernement,
au lieu d'engager l'Assemblée dans des
débats violents et dangereux qui ne
pouvaient aboutir à rien d'utile, comme
il l'a fait avec ses lois do répression,
aiguillât lui-même inflexiblement vers
l'œuvre budgétaire. Il aurait du même
coup évité quelques-unes de ces inter-
pellations dont on se plaint aujour-
d'hui, mais qui ont rempli des séances
pour lesquelles, on doit le reconnaître,
l'ordre du jour était singulièrement étri-
qué. Quoi qu'il en soit, nous voici à la
fin de l'année, et c'est à peine si
l'on a commencé cette discussion du
budget qui est cependant la besogne
essentielle des députés.
C'est là, disons-le sans détour, une
mauvaise entrée de jeu pour la nouvelle
Chambre. Il est à redouter que cette si-
tuation ne se répercute fatalement sur
toute la législature, au grand dommage
des affaires nationales et de l'accomplis-
sement des réformes fiscales attendues
par la démocratie.
Naguère, on ne voyait dans les dou-
zièmes provisoires qu'un instrument po-
litique. Ils ne devaient pas apparaître à
tout instant comme le palliatif de la né-
gligence des gouvernements et du re-
tard des travaux parlementaires. Ils
étaient une arme aux mains des dépu-
tés pour contraindre à la capitulation
tel ministère de criminelle résistance
qui se serait mis en tête de gouverner
contre la majorité. Cette éventualité, qui
nous rappelle le Seize-Mai, n'est plus
désormais à craindre, nous dira-t-on
peut-être. Soit. Mais ce n'est pas là,
je pense, une raison pour entretenir
pieusement, comme on le fait depuis un
certain nombre d'années, l'usage des
douzièmes et le faire pénétrer dans les
coutumes politiques de ce pays.
Si, l'année prochaine, le gouverne-
ment ne s'arrange pas pour déposer son
budget avant la fin de février et si, de
son côté, la Chambre ne trouve pas le
temps de le discuter avant la fin de la
session ordinaire, la législature sera
réduite à se traîner jusqu'au bout dans
d'inextricables embarras et dans la dé-
monstration dès lors ininterrompue
d'une lamentable impuissance.
Ce n'est pas précisément ainsi que le
régime parlementaire pourra raviver la
confiance publique et retrouver un pres-
tige que les circonstances, on doit le re-
connaître, ont quelque peu endom-
magé.
Louis Terrier.
CANDIDATURE DÉCLINÉE
Depuis deuxj ours, quelques députés avaient
lancé — on ne sait dans quel but — la can-
didature à la présidence de la Chambre de
M. Félix Faure, ministre de la marine. Ce
dernier décline catégoriquement toute candi-
dature dans une lettre qu'il adresse à M. Gus-
tave Isambert, président de l'Union progres-
siste, et à M. Deluns-Montaud, président du
Groupe des républicains de gouvernement,
c'est-à-dire aux présidents des deux groupes
où sa candidature aurait pu recueillir des
adhésions. Voici cette lettre : ■
Paris, 16 décembre.
Monsieur le président et cher collègue,
Ma situation de membre du gouvernement m'in-
terdit toute candidature à la présidence de la Cham-
bre des députés.
L'heure est venue de vous en informer.
Veuillez agréer, monsieur le président et cher
collègue, l'expression de mes sentiments cordiale-
ment dévoués.
FÉLIX FAURE.
Le Groupe des républicains de gouverne-
ment est convoqué pour aujourd'hui, à une
heure de l'après-midi. Il est probable que les
bureaux des divers groupes républicains au-
ront une conférence, soit au cours, soit à
l'issue de la séance publique, sauf à rendre
compte dans la matinée de mardi à leurs
commettants respectifs des résultats de leurs
pourparlers.
NICOLAS Il A PARIS
(DE NOTRE CORRESPONDAIT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 16 décembre.
On raconte dans les cercles de la: cour une
petite anecdote quille laisse pas d'être assez
significative sur les sentiments du nouvel em-
pereur et que voici succinctement résumée :
Pendant son séjour à Saint-Pétersbourg, le
prince Henri de Prusse aurait demandé au
tsar s'il ne comptait pas venir dans quelque
temps à Berlin. A quoi Nicolas II aurait ré-
pondu : « Ce ne sera pas tout de suite, mais
j'espère cependant que ce ne sera pas dans un
avenir trop éloigné. Je ferai à cette occasion
une visite à Vienne et à Paris. »
LA QUESTION DES ALCOOLS DANS LE NORD
JDB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Lille, 16 décembre.
Aujourd'hui a eu lieu ici une grande réunion des
producteurs, des industriels et de notabilités di-
verses du département, pour entendre une confé-
renee de M. Taquet, directeur de la Revue vini-
cole.
Cette réunion, qui a été très brillante, a pris les
proportions d'une véritable manifestation contre
les fraudes commises à l'abri du privilège des
bouilleurs de cru et est de nature à avoir une
grande répercussion dans la contrée. Un ordre du
jour, voté par acclamation, demande l'égalité im-
médiate des citoyens devant l'impôt, la suppres-
sion du privilège et se prononce en même temps
contre la surélévation des droits sur l'alcool.
SUBVENTIONS AUX CRÈCHES LAIQUES
Dans sa dernière séance, le conseil muni-
cipal a alloué une subvention de 20,000 francs
pour la construction d'une crèche sur un ter-
rain appartenant à l'Assistance publique, si-
tué rue Saint-Maur, 6.Cette somme sera mise
à la disposition de la Société des asiles laï-
ques du premier âge du onzième arrondisse-
meut.
Une somme de même importance a été at-
tribuée à la construction d'une crèche sur un
terrain appartenant à la ville de Paris, situé
rue François-Millet, à l'angle de la rue Théo-
phile-Gautier.
LA GUERRE ENTRE LA CHINE ET LE JAPON
Yokohama, 16 décembre.
Les Japonais ont attaqué, le 14 décembre,
près de Foug-Wang-Tscheng, une troupe de
4,000 Chinois.
Ceux-ci ont pris la fuite, poursuivis par les
Japonais qui ont fait plusieurs prisonniers et
pris quatre canons.
Les Japonais ont eu trois officiers blessés
et 70 hommes morts ou blessés.
ARRESTATION DU CONSEILLER DELAfiUE
:
Marseille, 16 décembre. 1
La nouvelle de l'arrrestation de M. Delagae,
conseiller municipal, compromis 4au 101 tnitss
Ltôaudj; est coofitinto.
LA GUÉRISON DIT BfaïEfflT
LE TRAITEMENT DU Dr CHER VIN
Un truc de vaudevilliste. — Ce qu'on ne
peut dire on le chante. — Comment
on guérit les bègues.
En ces dernières années, un vaudevilliste
connu, dans une pièce à succès, imagina de
conduire chez un avocat un malheureux at-
teint d'un invincible bégayement.
On voit de suite la scène. Le plaideur peu
disert s'efforce d'exposer son affaire; mais,
en vain, s'essaye-t-il à parler; les mots s'ar-
rêtent dans sa gorge; il traîne péniblement
les syllabes, sue sang et eau pour assembler
des sons inintelligibles, et se trouve d'autant
moins capable de se faire entendre qu'il fait
dans ce but davantage de tentatives.
L'entrevue pourrait ainsi durer longtemps.
Heureusement, l'avocat est homme de res-
source. Il a jadis ouï raconter que ce qu'on ne
peut dire on le chante, et il s'avise de prier
son client de lui vocaliser l'exposé de son
procès.
En désespoir de cause, le visiteur suit le
conseil, et, à sa vive surprise, sans la moin-
dre difficulté, dès lors il assemble les sylla-
bes, les articule distinctement, et, sur l'air
de Au clair de la lune, de Marlborough s'en
va-t-en guerre, du Juif errant ou de la tragi-
que et célèbre complainte de Fualdès, pour la
plus grande joie des spectateurs, il roucoule
fort comiquement le récit fantasque des mé-
saventures burlesques qui l'amènent à com-
paraitre devant les juges de son pays.
L'imagination est plaisante et de bonne co-
médie. Elle ne laisse pas, cependant, de com-
porter un fond précis de vérité et de parfaite
observation.
Telle est, en effet, la réalité des choses ; il
n'y a point de bègue en musique, etBridoison
lui-même, alors qu'il « pousse » une romance,
ferait avec succès la « pige » au plus verbeux
des orateurs.
LA STATISTIQUE DES BÉGUEST
Et ceci, notez-le, n'est point le moins du
monde une affirmation en l'air, mais bel et
bien un fait d'expérience contrôlé à l'infini.
C'est que, par malheur, dans notre société,
les bègues ne sont point rares. Leur nombre,
au contraire, est extrêmement considérable.
Dans un tout récent et fort curieux travail,
Bêgayement et autres défauts de prononcia-
tion, qu'il vient de publier ces jours derniers
mêmes, M. le docteur Chervin, directeur de
l'Institut des bègues de Paris, et l'un, assuré-
ment, des spécialistes les plus autorisés en
la circonstance, évalue à un million trois cent
mille, c'est-à-dire au trentième environ de la
population globale du pays, le tolal des bè-
gues des deux sexes et de tout âge vivant en
France. Et, de même, les statistiques officielles
des conseils de revision publiées par les soins
du ministère de la guerre établissent que, de
façon à peu près constante, la moyenne des
conscrits exemptés pour bégayement est de
6,32 pour 1,000 examinés, chiffre correspon-
dant justement, comme il est facile de s'en
assurer par un simple calcul, avec l'évalua-
tion générale indiquée par le docteur Chervin.
Etant ainsi d'une extrême fréquence, on
conçoit sans peine qu'on ait pu déterminer
avec assez de précision les caractères réels du
véritable bégayement.
Cette maladie, qui est sans exception une
maladie acquise, apparaît toujours dans l'en-
fance; elle s'accompagne uniformément de
troubles respiratoires plus ou moins mar-
qués, est toujours intermittente et présente
enfin, comme je le notais tout à l'heure, cette
particularité inattendue de disparaltre totale-
ment durant le chant. Et il n'est point de
bègue réel qui ne présente réunis ces quatre
signes spécifiques dont le plus important, sans
contredit, celui-là seul enfin qui peut per-
mettre de fixer la gravité du pronostic, est
celui ayant trait aux troubles respiratoires.
Chez le bègue, le rythme de la respiration
est détruit totalement et ne se compose plus
comme chez l'être normal de trois temps suc-
cessifs : 1° repos, 20 inspiration buccale, 30
expiration buccale, qui, note M. Chervin, doi-
vent se succéder sans interversion, la parole
devant se produire uniquement et exclusive-
ment pendant l'expiration. Tantôt, en effet,
le bègue s'efforce de parler durant le temps
même de l'inspiration, à la façon des ventri-
loques, et tantôt c'est seulement quand il se
trouve à bout de souffle qu'il commence à pou-
voir articuler les premières syllabes de sa
phrase.
LES CAUSES DU BÉGA YEMENT
Mais, quel que soit le mécanisme produc-
teur du bégayement, les causes déterminantes
de son apparition sont toujours les mêmes.
Dans le plus grand nombre des cas, les trou-
bles caractéristiques se manifestent dans la
première enfance,en général entre trois et sept
ans, très rarement après dix ou douze, et sur-
viennent le plus souvent à la suite d'émo-
tions violentes, — peur vive, chute, mauvais
traitements, etc.
Dans certains cas, cependant, l'origine de
la maladie reconnaît encore d'autres facteurs
qui sont des prédispositions héréditaires et
surtout l'imitation volontaire ou inconsciente.
En somme, semble-t-il aujourd'hui à peu près
établi, les chances de voir survenir le bégaye-
ment sont d'autant plus grandes que les per-
formances du sujet se trouvent moins com-
plètes. Et c'est ainsi que l'on peut expliquer
comment cette affection se rencontre beau-
coup plus fréquemment dans le sexe mascu-
lin que dans le sexe féminin, et cela dans la
proportion de un à dix, les filles, d'une façon
générale, étant, comme l'on sait, plus pré-
coces que les garçons.
M. Chervin, au surplus, esta cet égard par-
ticulièrement net. « Cette différence, écrit-il
en effet à ce propos, tient probablement à c
que, aux âges d'apparition du bégayement, le
développement de la parole estbeaucoup plus
avance, plus complet chez la fillette que chez
le petit garçon. La concordance fonctionnelle
entre le cerveau et les organes de la parole
étant mieux établie, les troubles sont plus ra-
res et l'action réflexe a un retentissement
beaucoup moindre sur leur production. » (Dé-
gayement et autres défauts de prononciation
p. 38.)
LE TRAITEMENT DES BÈGUES
Au point de vue de la répartition de la ma-
làdie entre les sexes, les rapports, du reste,
restent partout les mêmes, que l'on se trouve
dans des régions, où, comme dans le Centre
de la France (Berry, Touraine, Orléanais), le
bégayement soit relativement rare, et en voie
légère de diminution, ou que, au contraire,
l'on considère les départements de l'Est, de
l'Ouest, et surtout du Midi, où il est abon-
dant, et avec une tendance marquée vers une
augmentation.
En dépit de cet indice fort alarmant, il n'y
a point cependant à beaucoup redouter de
voir les bègues se multiplier en France outre
mesure. Et la raison en est toute simple. Au-
jourd'hui, en effet, nous possédons enfin,
après bien des recherches, la recette assurée
pour faire parler correctement les plus déter-
minés JMedouiUeaM ou avaleurs de syllabes.
Par exemple, ce n'aura pas été sans peine
qu'un semblable résultat aura été réalisé, et,
ayant d'arriver à la découverte de la méthode
toute simple et toute rationnelle conçue dès
1846, par M. Claudius Chervin, méthode con-
sistant à traiter le bégayement uniquement au
moyen d'exercices gymnastiques appropriés
des organes phonoto-articulateurs, que de
systèmes plus ou moins invraisemblables
auront été proposés en moins de quelques
années!
De tous, le premier en date fut indiqué
en 1825 par une Américaine, Mrs Leigh, de
New-York, qui ayant cru remarquer que le
bégayement avait pour cause une contraction
retenant la langue dans le plancher de la
bouche, recommandait pour tout traitement
de s'exercer simplement à parler la langue
rapprochée du palais.
Tout d'abord, la méthode fut l'objet d'un
accueil enthousiaste; mais hélas,il fallut bien
vite renoncer aux espérances fondées sur elle
et chercher un traitement d'une moindre fan-
taisie. C'est alors que les chirurgiens firent
leur apparition. Durant plusieurs années, ils
pratiquèrent des opérations plus ou moins
graves, parfois dangereuses, sans du reste
jamais obtenir de résultats satisfaisants. Et
il en fut de la sorte jusqu'au moment ou M.
Claudius Chervin entreprit la guérison du bé.
gayement.
LA MÉTHODE CHERVIN
La méthode qu'il imagina, et qui a depuis
été perfectionnée par son fils, a pour but es-
sentiel « de chercher à rétablir la coordina-
tion nécessaire entre le cerveau qui com-
mande et les organes vocaux qui doivent
obéir ».
A cet effet, les malades sont soumis à dou-
ble traitement moral et fonctionnel.
Dans le traitement fonctionnel, l'on s'oc-
cupe tout d'abord de rétablir régulièrement
le rythme respiratoire, et, pour cela, on ap-
prend au bègue à respirer et à utiliser sa res-
piration au point de vue de la parole ; puis
bientôt on lui demande de prononcer des
sons séparés, puis des sons liés. Quand il sait
articuler nettement les voyelles, il s'attaque
aux consonnes, puis aux syllabes, aux mots
et enfin aux phrases entières et aux discours.
Quant au traitement moral, son but est de
« contraindre l'élève à subordonner la ma-
nœuvre de sa respiration et de son articula-
tion au commandement qu'il reçoit de son
professeur, à habituer sa volonté à comman-
der rapidement, à donner aux organes les
ordres précis pour l'exécution des actes les
plus variés et les plus différents qui lui sont
dictés par l'initiative raisonnée, calculée et
prévoyante du professeur ».
En trois semaines d'un tel traitement, la
guérison est toujours complète et radicale, et
le bègue qui hachait naguère encore le plus
lamentablement du monde ses moindres pa-
roles, peut, comme le premier venu, soutenir
sans difficulté et sans crainte une conversa-
tion prolongée.
AVIS AUX BÈGUES
C'est là, on en conviendra, volontiers, un
résultat d'un réel intérêt pratique et qui méri-
tait vraiment, aujourd'hui qu'il est bien défi-
nitivement acquis et que sa complète valeur
s'est vue à maintes reprises officiellement con-
sacrée, d'être signalé à l'attention de tous.
Avis soit donc à tous les bègues ! La parole
leur sera rendue.
Georges Vitoux.
Jub COLLÈGE CHAPTAL
Voulant rendre hommage a la mémoire de M.
Goubaux, fondateur du collège Chaptal, et à l'oc-
casion du cinquantenaire de la fondation de cet
établissement d'instruction, nos édiles ont décidé
qu'il serait ajouté à l'inscription « Collège Chap-
tal » les mots suivants : « Fondé par Goubaux en
1810 ».
UN EVEQUE EN COUR D'ASSISES
Monseigneur Prosper Augouard comparaî-
tra, sur citation directe, demain mardi, de-
vant la cour d'assises de la Seine, présidée
par M. Commoy, sous l'inculpation de diffa-
mation envers un fonctionnaire public.
Voici à quel propos :
Le 31 août dernier, le Matin publiait un in-
terview de Mgr Augouard dans lequel M.
Forget, ex-directeur intérimaire de l'intérieur
au Congo français, relevait à son encontre
des allégations qu'il estima diffamatoires.
M. Forget assigna donc devant la cour
d'assises de la Seine Mgr Prosper Augouard,
vicaire apostolique de l'Oubanghi, et le jour-
nal le Matin, réclamant à titre de dommages-
intérêts la somme de un franc et l'insertion
de l'arrêt à intervenir dans douze jour-
naux.
Mgr Augouard se présentera à l'audience
assisté de Me Barboux, ancien bâtonnier.
Le Matin aura pour défenseur Me Félix
Decori.
C'est Me Fernand Labori qui soutiendra la
demande de M. Forget.
Le siège du ministère public sera occupé
par M. l'avocat général Mérillon.
Parmi les témoins cités par M. Forget se
trouvent MM.Isaac, sénateur de la Guadeloupe,
Becque, chef de cabinet du ministre des co-
lonies, Gerville-Réache, le frère du député,
ancien fonctionnaire colonial, Gaston Méry,
publiciste, Ignazzi, publiciste, etc. Comme
principaux témoins à décharge : M. Deloncle,
sous-directeur aux colonies, et M. de Cha-
vannes, ex-gouverneur du Congo.
Les débats du procès, qui, sauf incidents
de procédure, occupera peut-être deux au-
diences, promettent d'être ni; ;\u)ts.
-_ _0
ARRESTATIUN .j'!)') .£HglJIER
Il y a quelques années, un Allemand, le
sieur Lanthé, fondait, 203, avenue de Bry, au
Perreux, une banque de prêts sur signatures.
Les affaires n'étant point prospères, il s'ad-
joignit un Italien nommé Dioni, qu'il char
gea de rechercher dans le pays et ses envi-
rons les fils de famille ayant besoin d'argent
et de leur faire signer, contre promesses de
versements, des billets de complaisance. Lan-
thé s'occupait de la négociation des billets de
complaisance apportés par son associé, se
faisant donner par ce dernier des reçus qui
constataient qu'il lui avait remis les fonds
alors qu'en réalité il n'avait pas touché un
centime, puis, l'échéance arrivée, ils poursui-
vaient les souscripteurs des billets qui, eux
aussi, n'avaient rien touché.
Les plaintes affluèrent alors au commissa-
riat de police de Jjinville-le-Pont et au par-
quet; un juge d'instruction, M. Josse, fut
chargé de cette affaire et délivrait à M. Ber-
nard, commissaire aux délégations judiciai-
res, deux mandats d'arrêt contre les deux es-
orocs.
Lanthé, qui avait quitté le Perreux depuis
deux mois environ, a été arrêté hier à Paris
où il s'était retiré; quant à son associé Dioni,
il avait pris la fuite. Il est activement re-
cherché.
D'autres usuriers du même genre et qui
opèrent de la même façon à Neuilly-Plai-
sance, Bry et la Varenne sont l'objet d'uae
surveillance particulière et ne contiuueront
pas longtemps leur honteux métier.
CHRONIQUE
L'ARGENT
Il est certain qu'en remettant à la scène
la Question d'argent, les directeurs du
Gymnase ont eu en vue un regain d'ac-
tualité.
Si, depuis 1873, les cheveux de Jean
Giraud ont quelque peu blanchi, si son vi-
sage de financier-type s'est accusé de
quelques rides, le monologue du premier
acte n'en reste pas moins l'expression
d'une vérité cruelle, féroce, abominable,
tout ce que l'on voudra, mais vraie, d'au-
tant plus vraie qu'elle est de tous les
temps, de toutes les civilisations.
Si la chasse à l'argent est un assez vi-
lain sport que peuvent mépriser d'hum-
bles philosophes, sans ambition, sans be-
soins, qui n'entrent pas dans la bataille de
la vie, estimant à leur juste prix les hon-
neurs et la fortune, ce n'est pas une raison
pour que l'hypocrisie triomphe bruyam-
ment et que de faux moralistes versent
sur le temps où nous vivons des larmes
de crocodiles.
Puisque crocodiles il y a, n'oublions
pas, en effet, que ces animaux amphibies
jouissent depuis la plus haute antiquité
d'une réputation détestable, les vagisse-
ments qu'ils soupirent n'ayant d'autre but
que d'attirer et de dévorer les passants.
Non, quoi qu'en disent beaucoup de
gens, et quoi que pensent quelques-uns
avec sincérité, la vénalité, la concussion,
l'agiotage ne sont ni plus ni moins déve-
loppés aujourd'hui qu'hier et que jadis.
Peut-être en parle-t-on davantage. Pas
même ! et je vous mettrai tout à l'heure
sous les yeux quelques preuves re-
cueillies par l'humble philosophe que je
suis, en tisonnant, le soir, au coin d'un
petit feu. , *
Mais revenons d'abord au monologue
de Jean Giraud, car tous les lecteurs d'un
journal n'ont pas nécessairement lu ou vu
représenter la pièce de M. Dumas, et ce
plaidoyer pour l'argent vaut d'être mé-
dité.
« L'argent est l'argent, s'écrie le finan-
cier, quelles que soient les mains où il se
trouve. C'est la seule puissance que l'on
ne discute jamais. On discute le courage,
le génie, la vertu, la beauté, on ne dis-
cute jamais l'argent. Il n'y a pas un être
civilisé qui, en se levant le matin, ne re-
connaisse la souveraineté de l'argent,
sans lequel il n'aurait ni le toit qui l'abrite,
ni le lit où il se couche, ni le pain qu'il
mange. Où va cette population qui se
presse dans les rues, depuis le commis-
sionnaire qui sue sous son fardeau trop
lourd jusqu'au millionnaire qui se rend à
la Bourse au trot de ses deux chevaux ?
L'un court après quinze sous, l'autre après
cent mille francs. Pourquoi ces boutiques,
ces vaisseaux, ces chemins de fer, ces
usines, ces théâtres, ces musées, ces pro-
cès entre frères et sœurs, entre fils et
pères, ces découvertes, ces divisions, ces
assassinats? Pour quelques pièces plus
ou moins nombreuses de ce métal blanc
ou jaune qu'on appelle l'argent ou l'or. Et
qui sera le plus considéré à la suite de
cette grande course aux écus? Celui qui
en rapportera davantage. Aujourd'hui un
homme ne doit plus avoir qu'un but, c'est
de devenir très riche. »
Comme M. Dumas est un moraliste par-
fois un peu. paradoxal, il termine sa
pièce en congédiant le financier sur cette
déclaration de principes : « — Vous avez
voulu acquérir la considération par l'ar-
gent, c'est le contraire que vous deviez
tenter. Il fallait acquérir l'argent par la
considération. »
Conseil excellent, sans doute, mais M.
Dumas nous permettra d'ajouter, difficile
à fluivre, à Paris surtout.
On peut se passer d'argent, certes, c'est-
à-dire de fortune, de luxe, de chevaux et
de femmes de prix, mais acquérir un hô-
tel, des joueurs de flûte et des thuriférai-
res par « la considération préalable », c'est
plus fort que les jeux de massacre fo-
rains où l'on gagne un lapin sans délier sa
bourse.
Mais laissons là le financier de M. Du-
mas et la Question d'argent. On a beau
avoir été nourri de la « moelle de l'anti-
quité », on ne conserve en général qu'un
souvenir assez vague de ces agapes spiri-
tuelles que nous offrirent Athènes et
Rome aux banquets universitaires de no-
tre adolescence. Quelque chose, pourtant,
subsiste. Quand nos contemporains s'in-
dignent, quand on s'émeut autour de nous,
un léger frisson nous agite.
Sont-ils d'absolue bonne foi,, nos con-
temporains? Leur surprise s'excuserait-
elle d'une ignorance de cequefut le monde
civilisé ou non, dès l'origine ?
Peut-être t Alors l'humble philosophe,
revenu à peu près de tout sans être jamais
allé ailleurs qu'aux sources où peut se
rafraîchir l'esprit humain, celui qui ne
souhaite, comme Candide, que de cultiver
en paixson jardin, allume sa lampe, fouille
dans sa bibliothèque et voici ce qu'il y re-
trouve ;
« A quelle époque le torrent des vices
fut-il plus furieux, le gouffre de l'avarice
plus béant, la rage des jeux de hasard plus
effrénée ? Il ne suffit plus de la bourse, on
emporte son coffre-fort.
» Je m'étonne que, depuis longtemps,
les gens sans fortune n'aient pas émigré
en masse. Oui, sans doute, le mérite en-
travé par l'indigence en tous lieux perce
difficilement, mais, ici, la lutte est encore
plus pénible. Adieu, patrie, je cède la
place a ceux qui savent changer le noir en
blanc, qui convoitent l'entreprise d'un édi-
fice, d'un port, d'un canal, le nettoyage
des égouts.
» Le pauvre t Il est ici le jouet de tous.
Son manteau se déchire, on le raille ; ses
vêtements sont tachés, on le raille ; ses
chaussures sont crevées, on le raille en-
core. De toutes tes misères, ô triste Pau-
vreté, la plus poignante est de rendre les
hommes ridicules.
» Le luxe de la parure dépasse les res-
sources de chacun. Le superflu est devenu
le nécessaire et ce bien-être indispensable,
on le prendra, s'il le faut, dans le coffre
fort du voisin. C'est un travers général ;
nous vivons tous dans une ambitieuse
pauvreté. Pourquoi ne pas le dire : on ne
fait plus rien qu'à coup d'argent. » Ce se-
ra, si vous le voulez bien, notre mot de la
fin, emprunté non plus à une comédie de
mœurs du déclin du dix-neuvième siècle,
mais extrait littéralement, comme tout
ce qui précède, des trois premières satires
de Juvenalis (Decimius Junius), lequel
naquit, comme chacun sait, l'an quarante-
deux de l'ère chrétienne.
Jean Raulet.
Dans un de ses contes les plus charmants,
Alph. Daudet s'écrie : * Oh ! le vin des Papes,
» le vin Doré, le vin Royal, Impérial, Ponti-
» fical, nous le buvions aux Fines-Roches en
» chantant des vers de Mistral. »
Tel est le vin qu'expédie le propriétaire des
Fines-Roches, à Châteauneuf-du-Pape (Vau-
cluse), pour 100 fr. la caisse de 25 bouteilles.
Olsèpes fle l Burflean
DERNIERS HOMMAGES
Obsèques purement civiles. — Colère dea
cléricaux.— Les hommage'* de la foule.
M. Casimir-Perier aux obsèques.
La presse cléricale, en attaquant le carac-
tère civil des obsèques de M. Burdeau, a
donné une fois de plus la mesure de son es-
prit de tolérance. Il n'est pas permis de mou-
rir comme on a vécu, sans le secours du
clergé. M. Burdeau, en repoussant les pompes
ecclesiastiques, s'est fait beaucoup de tort,
notamment dans l'esprit de M. Arthur Meyer,
conservateur jaloux du culte catholique.
Heureusement cette profession de foi su-
prême, prévue par l'ancien président de la
Chambre, n'a pas empêché les républicains
de lui faire les obsèques qu'il méritait.
AUTOUR DU PALAIS-BOURBON
Dès huit heures du matin, les troupes arri-
vent sur la place de la Concorde. Deux bat-
teries d'artillerie se rangent perpendiculaire-
ment à la place, à l'extrémité de la rue de
Rivoli ; la cavalerie, garde républicaine, cui-
rassiers et dragons, prend ses positions le
long des trottoirs.
Il tombe une petite pluie fine qui assom-
brit l'air et décourage assez vite la plupart
des curieux campés sur la terrasse des Feuil-
lants pour attendre le passage du cortège.
La rue de Bourgogne est occupée par le 29t
régiment de chasseurs à pied; M. Mirman qui
en fait partie est absent. Toutes les voies en-
vironnantes sont occupées par des bataillons
d'infanterie ; le 82e de ligne et le 1er régiment
de cuirassiers stationnent sur la place; dans la
cour d'honneur,un bataillon de la garde répu-
blicaine forme la haie jusqu'à la porte d'en-
trée.
Place de la Concorde, la statue de la ville
de Lyon est couvert* d'un grand voile noir,
semé d'étoiles d'argent.
La colonnade qui surmonte le grand esca..
lier du palais apparaît, dans le lointain,
comme une énorme masse sombre. La pierre
est complètement masquée par les tentures,
semées de motifs d'argent. Entre les colonnes.
des torchères flambent au milieu des faisceau x
de drapeaux et des plantes vertes.
Sur le fronton, masquant l'inscription en
lettres d'or : Chambre des députés, un large
cartouche central porte les armes de la Répu-
blique et, au centre, l'initiale B. Les réverbè-
res du quai d'Orsay sont voilés de crêpe.
TRANSLATION DU CORPS
A huit heures, le bureau de la Chambre,
les secrétaires généraux de la présidence et
de la questure, MM. Pierre et Fromant, la
chef du cabinet de M. Burdeau, M. Clos, la
famille et les amis du défunt, étaient réunis
dans le salon d'honneur où reposait le corps.
Six hommes de service de la Chambre enlè-
vent alors le cercueil et le portent sur le cata-
falque en traversant la salle des Fêtes et la
salle de la Paix, dans laquelle un piquet
d'honneur, composé de soldats de la garde ré-
publicaine, présente les armes, comme il est
d'usage de le faire quand le président de la
Chambre se rend de ses appartements à la
salle des séances.
Le cortège traverse la salle Casimir-Perier,
descend les marches qui conduisent à l'hémi-
cycle de la cour et le cercueil est glissé dans
le sarcophage. A ce moment, les troupes pré<
sentent les armes, clairons et tambours son.
nent et battent aux champs et le canon des
Invalides tonne.
Le capitaine et le lieutenant commandant
le piquet d'honneur se placent à droite et à
gauche du catafalque, qu'entourent MM. de
Mahy, Etienne, Lockroy et Clausel de Cous-
sergues, vice-présidents, les secrétaires géné-
raux et le commandant militaire de la Cham-
bre, le colonel Cardot.
LA COUR D'HONNEUR
Dans la cour d'honneur, le décor est très
beau. Là aussi, la pierre a disparu jusqu'à
une hauteur de neuf mètres sous .«s tentures
noires semées d'argent et ornées de lÜa..eaux
et de cartouches. Le rond-point du fond, en
forme d'hémicycle, auquel on accède pat
deux allées en pente douce, est entouré de
massifs de plantes vertes. Au sommet, le ca-
tafalque se dresse, en forme de bateau, sui
des gradins décorés de motifs argentés sut
fond noir. Il est très haut, presque entière-
ment blanc, car les lames d'argent couvrent
aux trois quarts les draperies.
Le sarcophage, supporté par des cariatidei
en argent, est recouvert d'un très large dra-
peau tricolore. La croix de la Légion d'hon-
neur et les insignes de député de M. Burdeau
sont placés sur des coussins de velours noir.
DANS LA SALLE CASIMIR-PERIER
A huit heures et demie, presque tous les dé-
putés sont dans la cour d'honneur ou^dans la
salle Casimir-Perier.
Seuls les membres du groupe socialiste se
sont abstenus. Mais les deputes radicaux sont
venus, notamment MM. Brisson, Goblet, Me-
sureur, Alfred Naquet, Léon Bourgeois, etc.
Le Sénat est également à peu prés au com-
plet; M. Charles Floquet et M. Constans arri-
vent parmi les premiers. On remarque, -au
fond d'une salle du palais, M. Clément, com-
missaire aux délégations judiciaires; il dé-
clare assister à la cérémonie à titre de doyen
des commissaires de police de la ville de
Paris.
La pluie tombe de plus en plus fort. Auss
les invités se dispersent-ils, abandonnant leur
place dans la cour, qui dans la salle Casimir-
Perier et les salons qui l'avoisinent, qui soue
les galeries de la questure. Une grande confu-
sion se produit. On croit, d'ailleurs, que le
président de la République sera reçu et que
les discours seront prononcés dans la salle
Casimir-Perier, comme il avait été convena
en cas de pluie. Au dernier moment, M. de
Mahy donne l'ordre de porter la petite tri
bune dans la cour, devant le catafalque, à It
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