Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1889-10-30
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 30 octobre 1889 30 octobre 1889
Description : 1889/10/30 (A18,N6496). 1889/10/30 (A18,N6496).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7560953h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dfx-bnitiéine année" — N* 6,A06 - - CINQ Centimes Paris et Déparlementa - - OIRO Centimes MERCREDI 30 OOCTOBRE 1889
Il *
, JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
i48, Hue Montmartre
PAa18
DIRECTEUR POLITIQUE
A. - ÉDOUARD PORTALIS
PRIX DE L'ABONNEMENT :
tarif Ikwan. oL; Sitmb, 11 L; ha, 201
Départements - 7 L, — 12 f.; — 24 fr
DDiOD postaIe — 9L; — 16L; - 32 L
abonnement» partent de* lmet 15 da chaque moi*.
ADREAM WÏÊFLRRIIHLQUE : XIX. sŒCLE — PARIS
ADMINISTRATION
148, Rue Montmartr &
PARIS
"lfIISSEUIS D'ANNONCES .,
MM. LAGRANGE, CERI" et ae
@l
place de la Bomrte, 6
HUI K L'ABOIIEIEHT :
farte. flrmwâ, 6L; Six MM, fiL,- fin, 20 f#
Départements — 7L; — 121.; — 24 L
Union Postale — 9L; — 16 L; — 3SL
Los abonnements partent de* 1" et 15 de chaque moiê
.un-. télégraphique : za. etâclic — PAK9 ;
SITUATION MENAÇANTE
A LENS
LES VOYAGES
DE L'EMPEREUR D'ALLEMAGNE
Drame conjugSÎ rue, de Sèze
LES OBSÈQUES D'HIER
L'UNION DES DROITES
Est-il juste de faire de M. de Mac-
kau le bouc émissaire chargé de tous
les péchés de la Droite ? Grave ques-
tion que les réactionnaires discutent
avec acharnement et qui n'a peut-être
pas toute l'importance qu'ils lui prê-
tent. Elle n'en a évidemment aucune
pour nous, et pour les droitiers elle n'a
qu'un intérêt très rétrospectif. Que
M. de Mackau et le comité des Douze
aient donné à la politique des Droites
telle ou telle direction, le fait évident,
le seul qui subsiste, c'est que le suf-
frage universel s'est prononcé contre
les monarchistes; et plus l'on prou-
vera, comme cherche à le faire M.
Paul de Cassagnac, que «personne
n'aurait déployé plus de zèle infati-
gable, plus de courage et plus d'intel-
ligence que M. de Mackau pour pré-
parer les élections générales >>, plus,
du même coup, on augme la va-
leur de la victoire que la République
vient de remporter, plus on montrera
que le suffrage universel a eu de mé-
rite à déjouer les préparatifs de la
Droite et à lui infliger une défaite
éclatante.
M. Paul de Cassagnac, qui, ayant
été l'un des inspirateurs de la politi-
que des Douze, a des raisons particu-
lières pour la défendre, affirme que,
sans l'intervention de M. de Mackau
et de ses collaborateurs, il y a « plus
de cinquante circonscriptions où les
candidats conservateurs se seraient
dévorés entre eux w, ce qui ne l'empê-
che pas de se porter garant que la
Droite, dans la nouvelle Chambre,
marchera avec autant de discipline
que dans sa devancière. La contra-
diction paraît flagrante entre ces
deux propositions. Elle n'est cepen-
dant qu'apparente. Au moment où ces
divisions se produisaient entre les
candidats conservateurs, on croyait
qu'il n'y avait plus qu'à a étrangler
la gueuse Y.,, et on se disputait pour
« lui tordre son vilain cou », moins
sans doute pour l'honneur de prendre
part à cette opération, que pour le
profit qu'en retirerait le parti qui y
aurait le plus contribué. Les monar-
chistes, comme les bonapartistes, ne
pouvaient se dissimuler que ceux
d'entre eux qui se seraient le plus dis-
tingués en cette circonstance auraient
sur le parti rival une forte avance.
Aujourd'hui, au contraire, qu'il ne
s'agit plus de se disputer les dépouil-
les de la victime, qui s'est montrée
plus récalcitrante qu'on ne s'y atten-
dait, mais qu'il s'agit de continuer la
lutte contre la République, l'union se
reforme tout naturellement. On se re-
trouve d'accord pour chercher à dé-
molir, comme on se retrouverait divi-
sé le jour où, l'édifice étant détruit,
il faudrait reconstruire autre chose.
Du moment où les droitiers recon-
naissent eux-mêmes que leurs divi-
sions ne sont pas effacées et qu'il leur
est impossible de déployer l'étendard
d'une monarchie sans qu'aussitôt une
partie qui, dans certaines circonscrip-
tions, représente la moitié de leurs
effectifs, parte en guerre contre ses
alliés de la veille, comment peuvent-
ils soutenir que la monarchie serait
lin gouvernement réparateur qui fe-
rait l'apaisement dans les esprits et
qui effacerait jusqu'au dernier ves-
tige des vieilles divisions et des ran-
cunes les plus invétérées ?
, Est-il bien certain, du reste, que
dans la prochaine Chambre les réac-
tionnaires soient aussi unis que M.
Paul de Cassagnac le prédit? Les es-
prits un peu enclins au scepticisme
pourraient peut-être prétendre que
l'hymne à l'union entonnée par M. de
Cassagnac est moins faite pour célé-
brer un fait acquis que pour conjurer
le démon de la discorde. On parle
beaucoup d'union parmi les droitiers,
et c'est un passe-temps fort à la mode
chez eux que d'indiquer des terrains
sur lesquels il ne peut pas y avoir de
divisions. On ne parle généralement
pas tant que cela des choses quand
elles sont certaines; on ne cherche pas
Si activement ce qui est trouvé. -
Il semble que les Droites traversent
une phase critique. L'union conserva-
trice de jadis n'a produit que de bien
maigres résultats. Le solutionnisme a
manqué son effet. Le bôulangisme a
abouti 4 ua échec d'autant plus dou-
loureux qu'on avait fondé sur « l'ac-
tion parallèle" de plus grandes espé-
rances. Les réactionnaires ne peuvent
pas se dissimuler que, s'ils essaient de
nouveau de l'union conservatrice, du
solutionnisme ou du boulangisme, de
nouveaux echecs les attendent, et plus
d'un, parmi eux, est lassé de toujours
annoncer une victoire et de toujours
essuyer une défaite. Aussi cherche-
t-on autre chose. On a déjà trouvé un
mot, — le besoin d'un barbarisme de
plus dans le langage parlementaire se
faisait sentir, — l'indifférentisme, et le
parti clérical a tenu aux monarchistes
ce petit discours :
Qu'importe la forme du gouverne-
ment? Ce que nous voulons tous, avant
tout, c'est l'anéantissement de la
« loi scélérate e.,, de la « loi infâme »,
de la ci loi maudite" du divorce, de
tout ce qui affranchit la société civile
de la suprématie de l'Eglise. Faisons
campagne contre les « écoles sans
Dieu M, contre la suppression du pri-
vilège des séminaristes. En ne par-
lant que de cela, nous n'effraierons
pas ceux que la perspective d'une
nouvelle révolution éloigne de nous,
et, après tout, la question d'étiquette
ne signifié rien, du moment où nous
serons les maîtres.
Mais les politiques fulminent con-
tre cet inditférentisme. Ils veulent bien
du gouvernement des curés, mais ils
veulent aussi l'étiquette monarchique.
Il reste chez eux un vieux levain gal-
lican, et la monarchie leur semble un
contre-poids nécessaire à l'influence
du parti clérical. Les projets d'union
n'ont réussi jusqu'ici qu'à jeter des
germes de discorde, et le « zèle infa-
tigable, l'intelligence et le courage de
M. de Mackau » auront fort à faire
pour rétablir l'accord entre les dépu-
tés de la Droite.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
« Vie de Paris » par Henry Fouquier.
LE PRÉSIDENT DU TRIBUNAL DE LYON
Un ancien député
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Lyon, 28 octobre.
On annonce que le poste de président du
tribunal civil de Lyon va être accordé à
M. Fernind Faure, ancien professeur à la
Faculté de droit de Bordeaux, ancien dé-
puté non réélu de la Gironde.
A la Chambre, M. Fernand Faure s'était
distingué comme membre de la commis-
sion du budget.
Il avait épluché avec un soin jaloux les
budgets do divers départements ministé-
riels, de celui des finances en partie,-.-
lier.
M. DE KALNOKY A FRJEDRICHSRUHE
Conférence sur les agissements mili-
taires de la Russie.
(DE NOTRE CORRESPONDAIT PAHTMUUB
Vienne, 98 octobre.
M. de Kalnoky, ministre des affaires
étrangères et président du conseil, verra
vendredi prochain M. de Bismarck à Fried-
richsruhe. Il devra appeler son attention
sur les concentrations de troupes russes
aux frontières de la Galicie.
GUILLAUME Il A M. DE BISMARCK
Saluts et remerciements
(D'UN CORRESPONDANT)
Berlin, 28 octobre.
La Gazette de l'Allemagne du Nord publie
le télégramme suivant adressé par l'empe-
reur au prince de Bismarck, à Friedrichs-
ruhe :
« Après une traversée magnifique, je suis
arrivé dans la belle et antique ville d'Athè-
nes. Le roi de Grèce et son peuple m'ont
fait une réception splendide.
» Votre télégramme a été le premier sa-
lut que j'aie reçu de la patrie ; je vous en
remercie cordialement. Les premières pa-
roles que j'envoie en Allemagne de la ville
de Périclès et des colonnes du Parthénon,
dont l'aspect majestueux m'émeut profon-
dément, ont pour but de vous apporter
mon salut. »
LA POUDRE SANS FUMÉE EN ITALIE
(D'UM CORRESPONDANT!
Rome, 28 octobre.
On annonce que la fabrication de la pou-
dre blanche sans fumée est déjà très avan-
cée. Elle entrainera une dépense de 17 mil-
lions, qui sera immédiatement portée au
budget.
Le premier million de cartouches fabri-
quées à l'aide de cette poudre sera livré
dans le courant du mois d'octobre.
On pense pouvoir livrer dix millions de
ces cartouches avant la fin de novembre.
ENTRE FRANÇAIS ET BELGES
Une rixe
(D'UN CORRESPONDANT)
Dunkerque, 28 octobre.
L'antagonisme qui se reproduit périodi-
quement chaque année, à cette époque
ou les arrivages deviennent rares,-entre les
ouvriers du port, Français et Belges, prend
des proportions assez sérieuses.
Les ouvriers français demandent à être
seuls employés, à l'exclusion des Belges,
au déchargement des navires. Un incident
s'est produit aujourd'hui. Une équipe
comprenant des Belges était occupée a dé-
charger le bateau anglais John Wels, quand
environ hQO Français s'ameutèrent pour
l'empêcher de continuer. Un commis de
courtier, ayant voulu s'interposer, a été
frappé; et assez sérieusement contusionné.
LES G REvES DE LENS
-
Une augmentation fictive. — Çonver-
sation avec les ouvriers. — La pro-
chaine paie.
F (DE NOTRE CORRESPONDANT PARTIOULIER)
, l Lens, 28 octdbré.
n est à craindre que la grève des mi-
neurs ne reprenne son cours le jour de la
paie de quinzaine, car il paraît que les
10 0/0 d'augmentation sont fictifs et désa-
vantageux pour les ouvriers.
Voici ce que m'ont raconté plusieurs
mineurs :
— On nous a bien promis dix pour cent
d'augmentation sous forme de prime, mais
on nous diminuo le prix fondamental de
la journée de quinze à vingt pour cent.
Ainsi, ce qu'on nous payait cinquante cen-
times la be*liney on nous l'a mis à quarante
centimes; ce qui était à quarante-cinq, on
l'a mis à trente-cinq; d'où une diminu-
tion plus forte que la prime d'augmenta-
tion.
A la quinzaine, les ouvriers s'aperce-
vront de la différence avec les quinzaines
précédentes et la grève éclatera sûrement
de nouveau.
Le paie aura lieu le 6 novembre.
[La dépêche suivante, que nous recevons
d'un autre correspondant, montre, d'ail-
leurs, que la grève est loin d'être encore ter-
minée :J
Lille, 28 octobre.
Hier ont été tenues quatre réunions, à
Dorignies, Roost-Warendin, Sin-le-Noble et
Wazier. Toutes ont décidé la continuation
de la grève.
On ne signale aucun incident dans le
bassin d'Anzin, où tous les mineurs tra-
vaillent.
Le nombre des grévistes d: ns le Nord a
été aujourd'hui do 1.0A5 sur 2.102 occupés
par les fosses nos 1, 3, h et 5 de l'Escarpelle
et les fosses Gayant, Dermicourt, Notre-
Dame, Saint-René, Archevêque et Sainte-
Marie-des-Mines d'Aniche.
DERNIÈRE HEURE
Nouvelles graves
[Nous recevons au dernier moment la dé-
pêche qu'on va lire; l'heure tardive à laquelle
elle nous parvient ne nous permet pas d'en-
voyer aux informations au sujet des graves
indications qu'elle contient :]
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Lens, 28 octobre.
J'apprends de source certaine que le
gouvernement serait disposé à envoyer un
effectif important de troupes à Lens et dans
les autres pays miniers, pour y séjourner
environ deux mois.
Ce fait prouverait que les grèves sont
loin de cesser.
Si cette mesure est mise à exécution, ce
déploiement de force sera vu d'un très
mauvais œil par la population, Il est même
à craindrp que des troubles sérieux se
produisent et que les habitants se refusent
à cantonner les soldats,
LES NOCES D'ATÎHÈNES
Double mariage religieux, orthodoxe
et protestant. — Cortège impérial
et royal.
i- (D'UN CORRESPONDANT)
Athènes, 28 octobre.
La cérémonie du mariage a été célébrée
hier avec éclat. Le temps a été magnifique
toute la journée.
Le cortège est parti du palais à onze
heures. -
Toutes les cloches sonnaient, et l'artille-
rie faisait entendre des salves prolon-
gées.
L'église était remplie par le haut monde
officiel : les ministres, les ambassadeurs,
les dignitaires de la cour, les dames d'hon-
neur de la reine Olga portant le costume
national grec, etc.
Les évêques et le métropolite, revêtus de
leurs ornements sacerdotaux, mitre en
tête, et précédés des saintes images, sont
venus au-devant du cortège ainsi formé :
le roi de Grèce avec l'impératrice Frédéric;
l'empereur Guillaume, portant l'uniforme
de cuirassier blanc, avec la reine Olga; le
roi Christian de Danemark avec l'impé-
ratrice Guillaume; le prince de Galles avec
la reine Louise; le tsarévitch avec la jeune
princesse de Galles.
Pour la bénédiction, le tzarevitch, les
princes Georges et Nicolas de Grèce, d'un
côté, et de l'autre, le prince Henri de
-Prusse et les deux fils du prince de Gal-
les, sont venus tenir la couronne royale,
les premiers au-dessus de la tête du prince
royal, duc de Sparte, les seconds au-des-
sus de la tête de la jeune mariée.
A la fin de la cérémonie qui a duré une
keui'e, le roi embrassa son fils et la nou-
velle duchesse de Sparte, très émue.
L'empereur Guillaume, après avoir baisé
la main de la reine, a embrassé sa sœur et
le nouveau marié.
La cérémonie, présidée par le métropo-
lite, a été suivie du mariage protestant,
qui a été célébré à la chapelle du palais.
Le repas de noces. — Toasts en français
et en allemand.
Le dîner de gala a réuni 300 convives,
parmi lesquels tous les personnages de la
suite, les officiers des escadres, le corps
diplomatique, etc.
Le prince Constantin, duc de Sparte,pré-
sidait, ayant à sa gauche la reine Olga,
l'empereur d'Allemagne, la princesse de
Galles, et à sa droite la princesse Sophie,
sa femme, le roi de Danemark, l'impéra-
trice Frédéric. En face était le roi, ayant à
sa droite l'impératrice d'Allemagne, le
prince de Galles, et à sa gauche la reine
Louise et le tzarevitch.
Le roi GeorgeS a porté un toast en fran-
çais :
« Je bois, a-t-il dit, à la santé du prince
héritier et à la princesse Sophie de Grèce,
les nouveaux mariés. Je porte un toast à
notre hôte auguste, Sa Majesté l'empereur
d'Allemagne, et à Sa Majesté l'impératrice
d'Allemagne. »
L'empereur a répondu en-allemand :
« Je porte un toast aux nouveaux mariés,
au roi de Grèce, à la reine, au peuple et à
la capitale du royaume hellénique qui m'a
fait un accueil si chaleureux.
» Je suis heureux que la princesse So-
phie, ma sœur, soit appelée à habiter la
Grèce. Je suis convaincu qu'elle trouvera
près de l'auguste çouplç royal de Grèce
des seconds parents et sera adoptée avec
amour par le peuple grec. »
L'empereur a terminé par le cri trois
fois répété de : Vive le roi!
Le roi a porté un dernier toast à Sa Ma-
jesté l'impératrice Frédéric, l'auguste mère
de la princesse Sophie.
Le représentant de la France
Au grand dîner de gala, le comte de
Montholon était placé immédiatement après
les princes du sang, à la droite du roi de
Grèce.
L'ambassadeur extraordinaire de France,
qui a reçu de vifs témoignages de sympa-
thie de tous les personnages royaux, s'est
longuement entretenu, après le dîner,
avec le comte Herbert de Bismarck.
Baise-main
De dix heures et demie à une heure,
a eu lieu la cérémonie du baise-main.
Tous les fonctionnaires, officiers géné-
raux, dames de la ville, ont défilé, dans
la salle du trône, devant le prince
Constantin et la princesse Sophie, dont ils
ont baisé la main.
Echange de décorations
La grand'croix de l'ordre du Sauveur a
été décernée au prince Henri de Prusse, au
comte Herbert de Bismarck et au duc de
Mecklembourg; MM. Tricoupi et Dragoumis
ont reçu l'Aigle-Rouge.
LE VOYAGE DE GUILLAUME Il
A CONSTANTINOPLE
Les préparat'fa de réception
(D'UN CORRESPONDANTJ
Constantinople, 28 octobre.
C'est le sultan en personne qui surveille
les préparatifs faits pour la réception de
l'empereur d'Allemagne ; c'est sur sa cas-
sette que tout sera payé.
Les yachts ont été somptueusement dé-
corés et réparés.
Trois frégates cuirassées ont été égale-
ment réparées pour faire escorte à l'esca-
dre allemande.
Yldiz-Kiosk, où aura lieu l'entrevue, a
été entièrement refait. On a collectionné
des cadeaux splendides pour l'empereur,
l'impératrice et les princes.
La question du choix des dames d'hon-
neur affectées au service de l'impératrice
a été particulièrement délicate, les grandes
dames turques ne pouvant sortir à visage
découvert.
On s'est arrêté au choix de quatre femmes
de fonctionnaires chrétiens.
Tous les soldats de la garnison vont être
habillés de neuf et sur mesure.
Défense a été faite aux officiers de sortir
en tenue négligée.
Enfin, ce qui fera époque et ne s'était
jamais encore vu, on travaille à nettoyer
les rues.
LES
OBSÈQUES DE M. ARTHUR GRiFFITH
L'oncle du général Boulanger. - Crain-
tes de désordres. — Le service de
police. — Arrestations.'— Pas
de discours.
Les journaux boulangistes avaient fait
un certain bruit depuis deux jours autour
de la mort de M. Arthur Griffith, oncle
maternel de M. le général Boulanger.
Bien que M. Griffith fût personnellement
assez inconnu, ses obsèques devaient ser-
vir de prétexte à une manifestatipn bou-
langiste, et les différents comités révision-
nistes y avaient été invités.
La cérémonie a eu lieu hier, à trois heu-
res et demie, à l'église Saint-François-
Xavier et au cimetière Montparnasse.
Deux mille personnes environ se sont
rendues à la maison mortuaire, 55, avenue
de Breteuil.
Comme on craignait quelques désordres,
des mesures de police avaient été prises,
et une foule d'agents étaient massés devant
la maison du défunt et aux abords de l'é-
glise, sous les ordres de MM. Montpellier,
Frichard et Gallois, officiers de paix, -
Le cortège s'est mis en marche sans au-
cun-incident, ayant à sa tête MM. Naquet,
Laur, Pontois, le nouveau député des Deux-
Sèvres, Richard, de Ménorval, Jourde,
Planteau, Michelin et Marius Martin.
Dans une voiture de deuil avaient pris
place Mlles Griffith, filles du défunt, et
Mme Boulanger, femme du général, sa
nièce.
Les couronnes
De nombreuses couronnes avarent été
apportées; nous relevons parmi elles une
couronne en immortelles portant cette ins-
cription : « A mon oncle; souvenir de Jer-
sey ». Une autre en œillets rouges porte :
« Souvenir du proscrit". Une troisième
porte cette simple inscription : « Vos trois
amis ». D'autres couronnes ont été envoyées
par le comité dit national et par différents
groupes boulangistes.
A l'entrée dans l'église, quelques cris de
Vive Boulanger! se font entendre, mais ils
n'ont pas d'écho.
De nombreux curieux stationnent sur
tes marches et près des grilles.
Les agents déblaient la chaussée et quel-
ques arrestations ontlieu, soit pour refus de
circuler ou pour port de l'insigne de la Li-
gue des patriotes.
Au cimetière
Le bruit de manifestations possibles avait
amené beaucoup de curieux qui, depuis
l'église jusqu'au cimetière, formaient la
haie sur le bord des trottoirs.
C'est à la nuit que le cortège a pénétré
dans le cimetière. Seules, les personnes
qui suivaient le corbillard ont pu y péné-
trer,
Le corps a été déposé dans un caveau
provisoire. Aucun discours n'a été pro-
noncé.
Tout s'est, en somme, passé dans le plus
grand ordre, sans cris et sans bouscu-
lade.
Les présidents et secrétaires des comités
révisionnistes de la Seine, se sont réunis
au café des Mille Colonnes, rue de la Gaîté,
au sortir du cimetière. Là encore il n'y a
eu aucun incident.
Une adresse a été envoyée au général
Boulanger.
LE TRAITÉ
ENTRE MENELIKE HUMBERT,"
IDIUN CORRESPONDANT)
Rome, 28 octobre.
Les journaux officieux mentionnent 1,
bruit que les principales puissances au-
raient déjà pris acte, conformément aux
dispositions du traité de Berlin, de la noti-
fication, de la part du gouvernement ita-
lien, de la convention italo-abyssine.
Au nombre de ces puissances se trouve-
rait aussi la France
CHRONIQUE
Les curieux cherchent, assez vainement,
en ce moment, des pages oubliées d'Emile
Augier. En dehors de son théâtre, d'un
volume de vers et d'une brochure poli-
tique, on connaît peu de choses de lui.
Il ne s'est jamais répandu en des publi-
cations diverses, et ses lettres même sont
assez rares; j'entends celles qui auraient
une importance littéraire. Sait-on ce-
pendant que lui, qui eut si longtemps et
si souvent affaire à la critique, il rédigea
un moment un feuilleton dramatique? Il
est vrai que c'était sous la signature
d'un autre, et pour rendre service à celui-
ci. Le fait n'en est pas moins piquant.
Au Constitutionnel c'était une tradition
qu'Emile Augier y avait tenu pendant
trois mois la critique, et j'ai souvent en-
tendu M. Grenier, qui était alors rédac-
teur en chef, évoquer ce souvenir, qui
lui avait été conté par d'anciens rédac-
teurs, comme Boniface Demaret.
C'est après le 2 Décembre qu'Augier,
par amitié, se trouva amené à parler des
pièces des autres. Le critique du journal
du docteur Veron était, a cette époque,
Auguste Lireux, qui a laissé une légende
comme directeur de l'Odéon. Je ne sais
comment il se fit que Lireux fut arrêté,
par hasard ou non, en dépit de sa qua-
lité de rédacteùr d'uné feuille officieuse.
Il s'en fallut même de peu qu'on ne lui fit
un mauvais parti. Les choses s'arrangè-
rent, toutefois, et Lireux ne resta pas
longtemps en prison, mais on lui imposa
de quitter Paris quelque temps.
Lireux n'avait alors à compter que sur
sa plume. Cet exil momentané, le for-
çant à renoncer à ses occupations, allait
le jeter dans une situation difficile. C'est
alors qu'Augier lui aurait offert; de la
façon la plus désintéressée, de le rempla-
cer, en maintenant sa signature au bas
de son feuilleton, lui faisant, en galant
homme qu'il était, tenir chaque mois ses
appointements habituels. Voilà, du
moins, ce que j'ai jadis entendu dire au
Constitutionnel. Cette combinaison avait-
elle lieu à l'insu ou avec l'acquiesce-
ment du docteur Véron? Je l'ignore.
Toujours est-ij qu'il y a un abîme en-
tre les feuilletons - ordinaires de Lireux,
généralement plats et ternes, et ceux qui
suivirent son arrestation, bien que son
nom se trouve également au bas des uns
et des autres. Il n'y a qu'une lacune : le
lundi 8 décembre 1851, il n'y a pas de*
feuilleton dramatique. On ne trouve que
le feuilleton musical de Fiorentino. La
, critique recommence le lundi 15 et se
poursuit dès lors régulièrement. On sent
bien qu'il y a eu interruption violente.
L'écrivain qui succède à Lireux parle
d'œuvres que celui-ci a déjà étudiées :
Ilortense de Cerny, de Bayard et de
Beauplan, au Vaudeville, et la Dinde
truffée, un innocent vaudeville de Varin.
Le style est aussi fort différent, beau-
coup plus ferme, plus brillant et plus co-
loré.
Ce qui donne quelque vraisemblance à
la tradition qui avait cours au Constitu-
tionnely c'est que ce feuilleton du 15 dé-
cembre est consacré en grande partie à
Rachel, et rempli de détails sur la comé-
die de Diane, d'Emile Augier, précisé-
ment, qu'elle allait créer. On dirait que
l'auteur dramatique n'était pas fàché de
trouver une occasion d'être agréable à son
interprète, avant de livrer avec elle cette
bataille. C'est une apologie de la tragé-
dienne dans Camille : « C'est là que Ra-
chel se montre, pour ainsi dire, surhu-
maine comme le personnage du poète, et
qu'on la voit, pareille à une statue subi-
tement animée par quelque Prométhée,
marbre assoupli et sous lequel bat un
coeur passionné, laisser tomber de ses lè-
vres encore rigides les vers d'airain du
grand Corneille. » D'Emile Augier lui-
même, le feuilleton parle, avec quelque
abondance, mais comme si une certaine
modestie retenait l'écrivain, attestant
toutefois que par l'œuvre nouvelle, par
cette Diane, il « entrera dans la virilité
de son talent". Emile Augier, en pre-
nant la plume du critique, aurait donc
assez naturellement cédé au désir de cau-
ser avec les lecteurs de ce qui le préoccu-
pait le plus. Notons, d'ailleurs, qu'il
n'était guère d'usage, alors, de donner
en quelque sorte des indiscrétions dans
le feuilleton sur un ouvrage venant à
peine d'être reçu, comme c'était le cas
pour Diane. Personne n'eût guère pu
être aussi bien renseigné qu'Emile Au-
gier.
- Le même feuilleton n entretient le pu-
blic qu'avec résignation des nouveautés
de la semaine, les deux revues du Palais-
Royal et des Nouveautés, les Crapauds
immortels (étrange titre, n'est-ce pas ?),
de Dumanoir et Clairville, et la Course
au plaisir. Dans cette dernière pièce,
Céleste Mogador, « cette grande fille dé-
couplée, qui sortit un jour d'une man-
sarde du quartier Latin pour passer
lionne au bal Mabilleii, est assez malme-
née. Le critique constate que la scène ne
lui réussit guère, et il la traite de reine
découronnée. « Hélas! s'écrie-t-il, dire que
ce chant et cette danse lui ont fait une
célébrité, que c'est là toute la hardiesse,
toute la verve de cette pauvre belle fille,
tant admirée à la lueur douteuse de l'é-
clairage des bals publics ! »
Parmi les pièces dont Emile Augier se
serait trouvé avoir à rendre compte pen-
dant cette période, se rencontrent les
Incertitudes de Rosette, d'Ernest Serret,
VImagier de Harlemy de Gérard de Ner-
val, la Fileuse, de Jules Barbier et Michel
Carré, Bonaparte en Egypte, au Cirque
olympique, et le Vampire, de Dumas et
Maquet.
Le feuilleton consacré au Vampire est
charmant d'ironie douce. C'est, comme
dans" les autres, d'aimables broderies
r autour du sujet, plus que l'analyse d.
1 ouvrage. Avec une saine bonne humeur,
le critique raille ce goût du macabre et
de I horreur, ce luxe de péripéties à faire
frissonner. ci Il faut, dit-il, de la terreur,
pas trop n'en faut ; les peureux eux-
mêmes finissent par se rassurer, quand
on leur laisse le temps de la réflexion. »
L'aftichs, par une innovation singulière,
était, paraît-il, accompagnée d'une note,
qui donnait une sorte d'historique de la
légende des Vampires. C'était une idée
du bon Dumas, pour jeter quelque épou-
vante dans l'âme des spectateurs impres-
sionnables. Le feuilletoniste regrettait
plaisamment, dans cet historiane. l'nn-
bli des effrayantes et naïves histoires de
Lamothe-Langon. Il contait que, adoles-
cent encore, il avait un jour demandé
dans un cabinet de lecture la Vampire
hongroise de ce Lamothc-Langon. La rcs*
pectable personne qui présidait aux des.,
tinées de ce cabinet de lecture l'avait re-
gardé avec stupeur. « — Vous êtes bien
hardi pour votre âge ! » lui avait-elle dit,
et ce n'était qu'avec une sorte d'émotion
qu'elle avait pris le volume sur un
rayon.
Ah! là, en effet, il y avait de quoi fré-
mir! Songez donc! Un certain général
séduisait un jour une « vierge hongroi-
se », puis il passait à d'autres exercices, l
oublieux de sa victime. Mais celle-ci se -
vengeait, et de quelle façon ! Le général
se mariait et avait deux enfants ; bien-:
tôt, ceux-ci et sa femme elle-même dé-
périssaient d'une manière mystérieuse.
Mystérieuse seulement pour lui, car le
lecteur savait que la « vierge hongroises,
quoique enterrée dans son pays, rve.
nait cependant, sous la forme d'un vam-
pire, et suçait le sang des malheureux
pendant leur sommeil. Mais la Hongroise
ne bornait pas là ses représailles. Elle
prenait la forme d'une belle jeune fille
et inspirait à l'incorrigible général un si
violent amour qu'il la voulait épouser,
et la cérémonie avait lieu. Mais la démo-
niaque créature refusait d'enlever son.
gant pour qu'on lui passât au doigt l'an-
neau nuptial; elle avait ses raisons
pour cela : ce gant ne couvrait qu'une
main de squelette ! Avec le plus splrItuel
enjouement, où on sent la plume .d'un
styliste, l'écrivain feignait d'opposer au
Vampire de Dumas et Maquet les ex-
traordinaires histoires de Lamothe-Lan-
gon, et il laissait entendre que rien n'é-
tait plus aisé que de manier ainsi la ter-
reur. Il contait lui-même, en l'attribuant
à un ami qui en aurait été le héros, une1
aventure qui eût forme la matière d'un
joli conte fantastique. Cet ami était, une
nuit, tranquillement dans son lit, lors-
qu'un parent de son père, mort quelque
six mois auparavant, lui apparut, lui or-
donnant de se lever.
Le jeune homme, tremblant, obéit. Le
fantôme lui commanda d'allumer des
bougies, de dresser une table de jeu et
(rapporter des cartes. Puis il entama avec
lui une partie. Son partenaire, blême
d'épouvante, jouait au hasard, repris
avec impatience pour ses distractions par
le spectre qui, enfin, consentit à perdre"
et déposa tout à coup sur la table un sac
d'argent. Ce sac d'argent, le jeune hom-
me le reconnut : il avait été volé autre-
fois à son père. Ce fantôme, à tout pren-
dre, était donc un honnête fantôme, ré-
parant les petites canailleries commises
tandis qu'il vivait.
Et tout cela était narré avec un déli-
cieux scepticisme, malgré les plus hor-
rifiques détails, comme pour témoigner
d'un dédain de lettré pour ce genre du
merveilleux lugubre et toutes ces sor-
nettes d'histoires diaboliques. On arri-i
vait à la fin du feuilleton sans qu'il eût
été question de la pièce de l'Ambigu. Les
lecteurs de Lireux devaient trouver que
le critique avait tout à coup bien de la
verve!
Au reste, ce qui parait encore affirmer;
que ces feuilletons sont bien d'Augier,
c'est, outre leur valeur littéraire particu-
lière, l'espèce de détermination qu'on y.
peut constater de ne pas donner d'appré-
ciations, à proprement parler, sur les
pièces. Il semble que, par un raffinement
de tact, l'auteur dramatique, ne faisant
de la critique que passagèrement, voulait"
se garder de porter des jugements pu-
blics sur ses confrères. Ce sentiment dé-
licat était digne du grand honnête hom-
me que fut Emile Augier.
Paul Giniaty.
ÉLECTIONS PARTIELLES
Conseillers généraux et conseillers
d'arrondissement
M. Yiollet, conservateur, a été élu con-
seiller général du canton de Saint-Jean de
Bournay (Isère), par 1,905 voix contre 1,182
voix données à M. Giraut, républicain mo- ;'
déré. Il s'agissait de remplacer M. Picart,
républicain, décédé. Des influences locales
expliquent seules le succès du candidat
conservateur.
A Corbeil (Seine-et-Oisp), où il y avait à
pourvoir, pour le conseil général, au rem-
placement du général Boulanger, invalidé,
voici quels ont été les résultats définitifs
du scrutin :
MM. Berniei-, boul.. voix
Bessin, républ ^r*1.629 voix
Litzelmann, rad JU61 e
Vernes.,.. 295
il y a ballottage.
Dans l'Orne, ont été élus conseillers d'ar-
rondissement, tous deux en remplacement
du général Boulanger, M. Coulombe, répu-
blicain, dans le canton de Fiers, et M. Le-
marie, conservateur, dans le canton de
Mortagne. Ce dernier n'avait pas de con-
current.
Au Mans (2e canton) M. le docteur Persy;
républicain, a été élu conseiller d'arron-
dissement.
Enfin, M. Lefèvre-Pontalls, conservateur,
a été élu conseiller d'arrondissement pour
le canton de Montmorency (Seine-et-Oise) v
Il *
, JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
i48, Hue Montmartre
PAa18
DIRECTEUR POLITIQUE
A. - ÉDOUARD PORTALIS
PRIX DE L'ABONNEMENT :
tarif Ikwan. oL; Sitmb, 11 L; ha, 201
Départements - 7 L, — 12 f.; — 24 fr
DDiOD postaIe — 9L; — 16L; - 32 L
abonnement» partent de* lmet 15 da chaque moi*.
ADREAM WÏÊFLRRIIHLQUE : XIX. sŒCLE — PARIS
ADMINISTRATION
148, Rue Montmartr &
PARIS
"lfIISSEUIS D'ANNONCES .,
MM. LAGRANGE, CERI" et ae
@l
place de la Bomrte, 6
HUI K L'ABOIIEIEHT :
farte. flrmwâ, 6L; Six MM, fiL,- fin, 20 f#
Départements — 7L; — 121.; — 24 L
Union Postale — 9L; — 16 L; — 3SL
Los abonnements partent de* 1" et 15 de chaque moiê
.un-. télégraphique : za. etâclic — PAK9 ;
SITUATION MENAÇANTE
A LENS
LES VOYAGES
DE L'EMPEREUR D'ALLEMAGNE
Drame conjugSÎ rue, de Sèze
LES OBSÈQUES D'HIER
L'UNION DES DROITES
Est-il juste de faire de M. de Mac-
kau le bouc émissaire chargé de tous
les péchés de la Droite ? Grave ques-
tion que les réactionnaires discutent
avec acharnement et qui n'a peut-être
pas toute l'importance qu'ils lui prê-
tent. Elle n'en a évidemment aucune
pour nous, et pour les droitiers elle n'a
qu'un intérêt très rétrospectif. Que
M. de Mackau et le comité des Douze
aient donné à la politique des Droites
telle ou telle direction, le fait évident,
le seul qui subsiste, c'est que le suf-
frage universel s'est prononcé contre
les monarchistes; et plus l'on prou-
vera, comme cherche à le faire M.
Paul de Cassagnac, que «personne
n'aurait déployé plus de zèle infati-
gable, plus de courage et plus d'intel-
ligence que M. de Mackau pour pré-
parer les élections générales >>, plus,
du même coup, on augme la va-
leur de la victoire que la République
vient de remporter, plus on montrera
que le suffrage universel a eu de mé-
rite à déjouer les préparatifs de la
Droite et à lui infliger une défaite
éclatante.
M. Paul de Cassagnac, qui, ayant
été l'un des inspirateurs de la politi-
que des Douze, a des raisons particu-
lières pour la défendre, affirme que,
sans l'intervention de M. de Mackau
et de ses collaborateurs, il y a « plus
de cinquante circonscriptions où les
candidats conservateurs se seraient
dévorés entre eux w, ce qui ne l'empê-
che pas de se porter garant que la
Droite, dans la nouvelle Chambre,
marchera avec autant de discipline
que dans sa devancière. La contra-
diction paraît flagrante entre ces
deux propositions. Elle n'est cepen-
dant qu'apparente. Au moment où ces
divisions se produisaient entre les
candidats conservateurs, on croyait
qu'il n'y avait plus qu'à a étrangler
la gueuse Y.,, et on se disputait pour
« lui tordre son vilain cou », moins
sans doute pour l'honneur de prendre
part à cette opération, que pour le
profit qu'en retirerait le parti qui y
aurait le plus contribué. Les monar-
chistes, comme les bonapartistes, ne
pouvaient se dissimuler que ceux
d'entre eux qui se seraient le plus dis-
tingués en cette circonstance auraient
sur le parti rival une forte avance.
Aujourd'hui, au contraire, qu'il ne
s'agit plus de se disputer les dépouil-
les de la victime, qui s'est montrée
plus récalcitrante qu'on ne s'y atten-
dait, mais qu'il s'agit de continuer la
lutte contre la République, l'union se
reforme tout naturellement. On se re-
trouve d'accord pour chercher à dé-
molir, comme on se retrouverait divi-
sé le jour où, l'édifice étant détruit,
il faudrait reconstruire autre chose.
Du moment où les droitiers recon-
naissent eux-mêmes que leurs divi-
sions ne sont pas effacées et qu'il leur
est impossible de déployer l'étendard
d'une monarchie sans qu'aussitôt une
partie qui, dans certaines circonscrip-
tions, représente la moitié de leurs
effectifs, parte en guerre contre ses
alliés de la veille, comment peuvent-
ils soutenir que la monarchie serait
lin gouvernement réparateur qui fe-
rait l'apaisement dans les esprits et
qui effacerait jusqu'au dernier ves-
tige des vieilles divisions et des ran-
cunes les plus invétérées ?
, Est-il bien certain, du reste, que
dans la prochaine Chambre les réac-
tionnaires soient aussi unis que M.
Paul de Cassagnac le prédit? Les es-
prits un peu enclins au scepticisme
pourraient peut-être prétendre que
l'hymne à l'union entonnée par M. de
Cassagnac est moins faite pour célé-
brer un fait acquis que pour conjurer
le démon de la discorde. On parle
beaucoup d'union parmi les droitiers,
et c'est un passe-temps fort à la mode
chez eux que d'indiquer des terrains
sur lesquels il ne peut pas y avoir de
divisions. On ne parle généralement
pas tant que cela des choses quand
elles sont certaines; on ne cherche pas
Si activement ce qui est trouvé. -
Il semble que les Droites traversent
une phase critique. L'union conserva-
trice de jadis n'a produit que de bien
maigres résultats. Le solutionnisme a
manqué son effet. Le bôulangisme a
abouti 4 ua échec d'autant plus dou-
loureux qu'on avait fondé sur « l'ac-
tion parallèle" de plus grandes espé-
rances. Les réactionnaires ne peuvent
pas se dissimuler que, s'ils essaient de
nouveau de l'union conservatrice, du
solutionnisme ou du boulangisme, de
nouveaux echecs les attendent, et plus
d'un, parmi eux, est lassé de toujours
annoncer une victoire et de toujours
essuyer une défaite. Aussi cherche-
t-on autre chose. On a déjà trouvé un
mot, — le besoin d'un barbarisme de
plus dans le langage parlementaire se
faisait sentir, — l'indifférentisme, et le
parti clérical a tenu aux monarchistes
ce petit discours :
Qu'importe la forme du gouverne-
ment? Ce que nous voulons tous, avant
tout, c'est l'anéantissement de la
« loi scélérate e.,, de la « loi infâme »,
de la ci loi maudite" du divorce, de
tout ce qui affranchit la société civile
de la suprématie de l'Eglise. Faisons
campagne contre les « écoles sans
Dieu M, contre la suppression du pri-
vilège des séminaristes. En ne par-
lant que de cela, nous n'effraierons
pas ceux que la perspective d'une
nouvelle révolution éloigne de nous,
et, après tout, la question d'étiquette
ne signifié rien, du moment où nous
serons les maîtres.
Mais les politiques fulminent con-
tre cet inditférentisme. Ils veulent bien
du gouvernement des curés, mais ils
veulent aussi l'étiquette monarchique.
Il reste chez eux un vieux levain gal-
lican, et la monarchie leur semble un
contre-poids nécessaire à l'influence
du parti clérical. Les projets d'union
n'ont réussi jusqu'ici qu'à jeter des
germes de discorde, et le « zèle infa-
tigable, l'intelligence et le courage de
M. de Mackau » auront fort à faire
pour rétablir l'accord entre les dépu-
tés de la Droite.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
« Vie de Paris » par Henry Fouquier.
LE PRÉSIDENT DU TRIBUNAL DE LYON
Un ancien député
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Lyon, 28 octobre.
On annonce que le poste de président du
tribunal civil de Lyon va être accordé à
M. Fernind Faure, ancien professeur à la
Faculté de droit de Bordeaux, ancien dé-
puté non réélu de la Gironde.
A la Chambre, M. Fernand Faure s'était
distingué comme membre de la commis-
sion du budget.
Il avait épluché avec un soin jaloux les
budgets do divers départements ministé-
riels, de celui des finances en partie,-.-
lier.
M. DE KALNOKY A FRJEDRICHSRUHE
Conférence sur les agissements mili-
taires de la Russie.
(DE NOTRE CORRESPONDAIT PAHTMUUB
Vienne, 98 octobre.
M. de Kalnoky, ministre des affaires
étrangères et président du conseil, verra
vendredi prochain M. de Bismarck à Fried-
richsruhe. Il devra appeler son attention
sur les concentrations de troupes russes
aux frontières de la Galicie.
GUILLAUME Il A M. DE BISMARCK
Saluts et remerciements
(D'UN CORRESPONDANT)
Berlin, 28 octobre.
La Gazette de l'Allemagne du Nord publie
le télégramme suivant adressé par l'empe-
reur au prince de Bismarck, à Friedrichs-
ruhe :
« Après une traversée magnifique, je suis
arrivé dans la belle et antique ville d'Athè-
nes. Le roi de Grèce et son peuple m'ont
fait une réception splendide.
» Votre télégramme a été le premier sa-
lut que j'aie reçu de la patrie ; je vous en
remercie cordialement. Les premières pa-
roles que j'envoie en Allemagne de la ville
de Périclès et des colonnes du Parthénon,
dont l'aspect majestueux m'émeut profon-
dément, ont pour but de vous apporter
mon salut. »
LA POUDRE SANS FUMÉE EN ITALIE
(D'UM CORRESPONDANT!
Rome, 28 octobre.
On annonce que la fabrication de la pou-
dre blanche sans fumée est déjà très avan-
cée. Elle entrainera une dépense de 17 mil-
lions, qui sera immédiatement portée au
budget.
Le premier million de cartouches fabri-
quées à l'aide de cette poudre sera livré
dans le courant du mois d'octobre.
On pense pouvoir livrer dix millions de
ces cartouches avant la fin de novembre.
ENTRE FRANÇAIS ET BELGES
Une rixe
(D'UN CORRESPONDANT)
Dunkerque, 28 octobre.
L'antagonisme qui se reproduit périodi-
quement chaque année, à cette époque
ou les arrivages deviennent rares,-entre les
ouvriers du port, Français et Belges, prend
des proportions assez sérieuses.
Les ouvriers français demandent à être
seuls employés, à l'exclusion des Belges,
au déchargement des navires. Un incident
s'est produit aujourd'hui. Une équipe
comprenant des Belges était occupée a dé-
charger le bateau anglais John Wels, quand
environ hQO Français s'ameutèrent pour
l'empêcher de continuer. Un commis de
courtier, ayant voulu s'interposer, a été
frappé; et assez sérieusement contusionné.
LES G REvES DE LENS
-
Une augmentation fictive. — Çonver-
sation avec les ouvriers. — La pro-
chaine paie.
F (DE NOTRE CORRESPONDANT PARTIOULIER)
, l Lens, 28 octdbré.
n est à craindre que la grève des mi-
neurs ne reprenne son cours le jour de la
paie de quinzaine, car il paraît que les
10 0/0 d'augmentation sont fictifs et désa-
vantageux pour les ouvriers.
Voici ce que m'ont raconté plusieurs
mineurs :
— On nous a bien promis dix pour cent
d'augmentation sous forme de prime, mais
on nous diminuo le prix fondamental de
la journée de quinze à vingt pour cent.
Ainsi, ce qu'on nous payait cinquante cen-
times la be*liney on nous l'a mis à quarante
centimes; ce qui était à quarante-cinq, on
l'a mis à trente-cinq; d'où une diminu-
tion plus forte que la prime d'augmenta-
tion.
A la quinzaine, les ouvriers s'aperce-
vront de la différence avec les quinzaines
précédentes et la grève éclatera sûrement
de nouveau.
Le paie aura lieu le 6 novembre.
[La dépêche suivante, que nous recevons
d'un autre correspondant, montre, d'ail-
leurs, que la grève est loin d'être encore ter-
minée :J
Lille, 28 octobre.
Hier ont été tenues quatre réunions, à
Dorignies, Roost-Warendin, Sin-le-Noble et
Wazier. Toutes ont décidé la continuation
de la grève.
On ne signale aucun incident dans le
bassin d'Anzin, où tous les mineurs tra-
vaillent.
Le nombre des grévistes d: ns le Nord a
été aujourd'hui do 1.0A5 sur 2.102 occupés
par les fosses nos 1, 3, h et 5 de l'Escarpelle
et les fosses Gayant, Dermicourt, Notre-
Dame, Saint-René, Archevêque et Sainte-
Marie-des-Mines d'Aniche.
DERNIÈRE HEURE
Nouvelles graves
[Nous recevons au dernier moment la dé-
pêche qu'on va lire; l'heure tardive à laquelle
elle nous parvient ne nous permet pas d'en-
voyer aux informations au sujet des graves
indications qu'elle contient :]
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Lens, 28 octobre.
J'apprends de source certaine que le
gouvernement serait disposé à envoyer un
effectif important de troupes à Lens et dans
les autres pays miniers, pour y séjourner
environ deux mois.
Ce fait prouverait que les grèves sont
loin de cesser.
Si cette mesure est mise à exécution, ce
déploiement de force sera vu d'un très
mauvais œil par la population, Il est même
à craindrp que des troubles sérieux se
produisent et que les habitants se refusent
à cantonner les soldats,
LES NOCES D'ATÎHÈNES
Double mariage religieux, orthodoxe
et protestant. — Cortège impérial
et royal.
i- (D'UN CORRESPONDANT)
Athènes, 28 octobre.
La cérémonie du mariage a été célébrée
hier avec éclat. Le temps a été magnifique
toute la journée.
Le cortège est parti du palais à onze
heures. -
Toutes les cloches sonnaient, et l'artille-
rie faisait entendre des salves prolon-
gées.
L'église était remplie par le haut monde
officiel : les ministres, les ambassadeurs,
les dignitaires de la cour, les dames d'hon-
neur de la reine Olga portant le costume
national grec, etc.
Les évêques et le métropolite, revêtus de
leurs ornements sacerdotaux, mitre en
tête, et précédés des saintes images, sont
venus au-devant du cortège ainsi formé :
le roi de Grèce avec l'impératrice Frédéric;
l'empereur Guillaume, portant l'uniforme
de cuirassier blanc, avec la reine Olga; le
roi Christian de Danemark avec l'impé-
ratrice Guillaume; le prince de Galles avec
la reine Louise; le tsarévitch avec la jeune
princesse de Galles.
Pour la bénédiction, le tzarevitch, les
princes Georges et Nicolas de Grèce, d'un
côté, et de l'autre, le prince Henri de
-Prusse et les deux fils du prince de Gal-
les, sont venus tenir la couronne royale,
les premiers au-dessus de la tête du prince
royal, duc de Sparte, les seconds au-des-
sus de la tête de la jeune mariée.
A la fin de la cérémonie qui a duré une
keui'e, le roi embrassa son fils et la nou-
velle duchesse de Sparte, très émue.
L'empereur Guillaume, après avoir baisé
la main de la reine, a embrassé sa sœur et
le nouveau marié.
La cérémonie, présidée par le métropo-
lite, a été suivie du mariage protestant,
qui a été célébré à la chapelle du palais.
Le repas de noces. — Toasts en français
et en allemand.
Le dîner de gala a réuni 300 convives,
parmi lesquels tous les personnages de la
suite, les officiers des escadres, le corps
diplomatique, etc.
Le prince Constantin, duc de Sparte,pré-
sidait, ayant à sa gauche la reine Olga,
l'empereur d'Allemagne, la princesse de
Galles, et à sa droite la princesse Sophie,
sa femme, le roi de Danemark, l'impéra-
trice Frédéric. En face était le roi, ayant à
sa droite l'impératrice d'Allemagne, le
prince de Galles, et à sa gauche la reine
Louise et le tzarevitch.
Le roi GeorgeS a porté un toast en fran-
çais :
« Je bois, a-t-il dit, à la santé du prince
héritier et à la princesse Sophie de Grèce,
les nouveaux mariés. Je porte un toast à
notre hôte auguste, Sa Majesté l'empereur
d'Allemagne, et à Sa Majesté l'impératrice
d'Allemagne. »
L'empereur a répondu en-allemand :
« Je porte un toast aux nouveaux mariés,
au roi de Grèce, à la reine, au peuple et à
la capitale du royaume hellénique qui m'a
fait un accueil si chaleureux.
» Je suis heureux que la princesse So-
phie, ma sœur, soit appelée à habiter la
Grèce. Je suis convaincu qu'elle trouvera
près de l'auguste çouplç royal de Grèce
des seconds parents et sera adoptée avec
amour par le peuple grec. »
L'empereur a terminé par le cri trois
fois répété de : Vive le roi!
Le roi a porté un dernier toast à Sa Ma-
jesté l'impératrice Frédéric, l'auguste mère
de la princesse Sophie.
Le représentant de la France
Au grand dîner de gala, le comte de
Montholon était placé immédiatement après
les princes du sang, à la droite du roi de
Grèce.
L'ambassadeur extraordinaire de France,
qui a reçu de vifs témoignages de sympa-
thie de tous les personnages royaux, s'est
longuement entretenu, après le dîner,
avec le comte Herbert de Bismarck.
Baise-main
De dix heures et demie à une heure,
a eu lieu la cérémonie du baise-main.
Tous les fonctionnaires, officiers géné-
raux, dames de la ville, ont défilé, dans
la salle du trône, devant le prince
Constantin et la princesse Sophie, dont ils
ont baisé la main.
Echange de décorations
La grand'croix de l'ordre du Sauveur a
été décernée au prince Henri de Prusse, au
comte Herbert de Bismarck et au duc de
Mecklembourg; MM. Tricoupi et Dragoumis
ont reçu l'Aigle-Rouge.
LE VOYAGE DE GUILLAUME Il
A CONSTANTINOPLE
Les préparat'fa de réception
(D'UN CORRESPONDANTJ
Constantinople, 28 octobre.
C'est le sultan en personne qui surveille
les préparatifs faits pour la réception de
l'empereur d'Allemagne ; c'est sur sa cas-
sette que tout sera payé.
Les yachts ont été somptueusement dé-
corés et réparés.
Trois frégates cuirassées ont été égale-
ment réparées pour faire escorte à l'esca-
dre allemande.
Yldiz-Kiosk, où aura lieu l'entrevue, a
été entièrement refait. On a collectionné
des cadeaux splendides pour l'empereur,
l'impératrice et les princes.
La question du choix des dames d'hon-
neur affectées au service de l'impératrice
a été particulièrement délicate, les grandes
dames turques ne pouvant sortir à visage
découvert.
On s'est arrêté au choix de quatre femmes
de fonctionnaires chrétiens.
Tous les soldats de la garnison vont être
habillés de neuf et sur mesure.
Défense a été faite aux officiers de sortir
en tenue négligée.
Enfin, ce qui fera époque et ne s'était
jamais encore vu, on travaille à nettoyer
les rues.
LES
OBSÈQUES DE M. ARTHUR GRiFFITH
L'oncle du général Boulanger. - Crain-
tes de désordres. — Le service de
police. — Arrestations.'— Pas
de discours.
Les journaux boulangistes avaient fait
un certain bruit depuis deux jours autour
de la mort de M. Arthur Griffith, oncle
maternel de M. le général Boulanger.
Bien que M. Griffith fût personnellement
assez inconnu, ses obsèques devaient ser-
vir de prétexte à une manifestatipn bou-
langiste, et les différents comités révision-
nistes y avaient été invités.
La cérémonie a eu lieu hier, à trois heu-
res et demie, à l'église Saint-François-
Xavier et au cimetière Montparnasse.
Deux mille personnes environ se sont
rendues à la maison mortuaire, 55, avenue
de Breteuil.
Comme on craignait quelques désordres,
des mesures de police avaient été prises,
et une foule d'agents étaient massés devant
la maison du défunt et aux abords de l'é-
glise, sous les ordres de MM. Montpellier,
Frichard et Gallois, officiers de paix, -
Le cortège s'est mis en marche sans au-
cun-incident, ayant à sa tête MM. Naquet,
Laur, Pontois, le nouveau député des Deux-
Sèvres, Richard, de Ménorval, Jourde,
Planteau, Michelin et Marius Martin.
Dans une voiture de deuil avaient pris
place Mlles Griffith, filles du défunt, et
Mme Boulanger, femme du général, sa
nièce.
Les couronnes
De nombreuses couronnes avarent été
apportées; nous relevons parmi elles une
couronne en immortelles portant cette ins-
cription : « A mon oncle; souvenir de Jer-
sey ». Une autre en œillets rouges porte :
« Souvenir du proscrit". Une troisième
porte cette simple inscription : « Vos trois
amis ». D'autres couronnes ont été envoyées
par le comité dit national et par différents
groupes boulangistes.
A l'entrée dans l'église, quelques cris de
Vive Boulanger! se font entendre, mais ils
n'ont pas d'écho.
De nombreux curieux stationnent sur
tes marches et près des grilles.
Les agents déblaient la chaussée et quel-
ques arrestations ontlieu, soit pour refus de
circuler ou pour port de l'insigne de la Li-
gue des patriotes.
Au cimetière
Le bruit de manifestations possibles avait
amené beaucoup de curieux qui, depuis
l'église jusqu'au cimetière, formaient la
haie sur le bord des trottoirs.
C'est à la nuit que le cortège a pénétré
dans le cimetière. Seules, les personnes
qui suivaient le corbillard ont pu y péné-
trer,
Le corps a été déposé dans un caveau
provisoire. Aucun discours n'a été pro-
noncé.
Tout s'est, en somme, passé dans le plus
grand ordre, sans cris et sans bouscu-
lade.
Les présidents et secrétaires des comités
révisionnistes de la Seine, se sont réunis
au café des Mille Colonnes, rue de la Gaîté,
au sortir du cimetière. Là encore il n'y a
eu aucun incident.
Une adresse a été envoyée au général
Boulanger.
LE TRAITÉ
ENTRE MENELIKE HUMBERT,"
IDIUN CORRESPONDANT)
Rome, 28 octobre.
Les journaux officieux mentionnent 1,
bruit que les principales puissances au-
raient déjà pris acte, conformément aux
dispositions du traité de Berlin, de la noti-
fication, de la part du gouvernement ita-
lien, de la convention italo-abyssine.
Au nombre de ces puissances se trouve-
rait aussi la France
CHRONIQUE
Les curieux cherchent, assez vainement,
en ce moment, des pages oubliées d'Emile
Augier. En dehors de son théâtre, d'un
volume de vers et d'une brochure poli-
tique, on connaît peu de choses de lui.
Il ne s'est jamais répandu en des publi-
cations diverses, et ses lettres même sont
assez rares; j'entends celles qui auraient
une importance littéraire. Sait-on ce-
pendant que lui, qui eut si longtemps et
si souvent affaire à la critique, il rédigea
un moment un feuilleton dramatique? Il
est vrai que c'était sous la signature
d'un autre, et pour rendre service à celui-
ci. Le fait n'en est pas moins piquant.
Au Constitutionnel c'était une tradition
qu'Emile Augier y avait tenu pendant
trois mois la critique, et j'ai souvent en-
tendu M. Grenier, qui était alors rédac-
teur en chef, évoquer ce souvenir, qui
lui avait été conté par d'anciens rédac-
teurs, comme Boniface Demaret.
C'est après le 2 Décembre qu'Augier,
par amitié, se trouva amené à parler des
pièces des autres. Le critique du journal
du docteur Veron était, a cette époque,
Auguste Lireux, qui a laissé une légende
comme directeur de l'Odéon. Je ne sais
comment il se fit que Lireux fut arrêté,
par hasard ou non, en dépit de sa qua-
lité de rédacteùr d'uné feuille officieuse.
Il s'en fallut même de peu qu'on ne lui fit
un mauvais parti. Les choses s'arrangè-
rent, toutefois, et Lireux ne resta pas
longtemps en prison, mais on lui imposa
de quitter Paris quelque temps.
Lireux n'avait alors à compter que sur
sa plume. Cet exil momentané, le for-
çant à renoncer à ses occupations, allait
le jeter dans une situation difficile. C'est
alors qu'Augier lui aurait offert; de la
façon la plus désintéressée, de le rempla-
cer, en maintenant sa signature au bas
de son feuilleton, lui faisant, en galant
homme qu'il était, tenir chaque mois ses
appointements habituels. Voilà, du
moins, ce que j'ai jadis entendu dire au
Constitutionnel. Cette combinaison avait-
elle lieu à l'insu ou avec l'acquiesce-
ment du docteur Véron? Je l'ignore.
Toujours est-ij qu'il y a un abîme en-
tre les feuilletons - ordinaires de Lireux,
généralement plats et ternes, et ceux qui
suivirent son arrestation, bien que son
nom se trouve également au bas des uns
et des autres. Il n'y a qu'une lacune : le
lundi 8 décembre 1851, il n'y a pas de*
feuilleton dramatique. On ne trouve que
le feuilleton musical de Fiorentino. La
, critique recommence le lundi 15 et se
poursuit dès lors régulièrement. On sent
bien qu'il y a eu interruption violente.
L'écrivain qui succède à Lireux parle
d'œuvres que celui-ci a déjà étudiées :
Ilortense de Cerny, de Bayard et de
Beauplan, au Vaudeville, et la Dinde
truffée, un innocent vaudeville de Varin.
Le style est aussi fort différent, beau-
coup plus ferme, plus brillant et plus co-
loré.
Ce qui donne quelque vraisemblance à
la tradition qui avait cours au Constitu-
tionnely c'est que ce feuilleton du 15 dé-
cembre est consacré en grande partie à
Rachel, et rempli de détails sur la comé-
die de Diane, d'Emile Augier, précisé-
ment, qu'elle allait créer. On dirait que
l'auteur dramatique n'était pas fàché de
trouver une occasion d'être agréable à son
interprète, avant de livrer avec elle cette
bataille. C'est une apologie de la tragé-
dienne dans Camille : « C'est là que Ra-
chel se montre, pour ainsi dire, surhu-
maine comme le personnage du poète, et
qu'on la voit, pareille à une statue subi-
tement animée par quelque Prométhée,
marbre assoupli et sous lequel bat un
coeur passionné, laisser tomber de ses lè-
vres encore rigides les vers d'airain du
grand Corneille. » D'Emile Augier lui-
même, le feuilleton parle, avec quelque
abondance, mais comme si une certaine
modestie retenait l'écrivain, attestant
toutefois que par l'œuvre nouvelle, par
cette Diane, il « entrera dans la virilité
de son talent". Emile Augier, en pre-
nant la plume du critique, aurait donc
assez naturellement cédé au désir de cau-
ser avec les lecteurs de ce qui le préoccu-
pait le plus. Notons, d'ailleurs, qu'il
n'était guère d'usage, alors, de donner
en quelque sorte des indiscrétions dans
le feuilleton sur un ouvrage venant à
peine d'être reçu, comme c'était le cas
pour Diane. Personne n'eût guère pu
être aussi bien renseigné qu'Emile Au-
gier.
- Le même feuilleton n entretient le pu-
blic qu'avec résignation des nouveautés
de la semaine, les deux revues du Palais-
Royal et des Nouveautés, les Crapauds
immortels (étrange titre, n'est-ce pas ?),
de Dumanoir et Clairville, et la Course
au plaisir. Dans cette dernière pièce,
Céleste Mogador, « cette grande fille dé-
couplée, qui sortit un jour d'une man-
sarde du quartier Latin pour passer
lionne au bal Mabilleii, est assez malme-
née. Le critique constate que la scène ne
lui réussit guère, et il la traite de reine
découronnée. « Hélas! s'écrie-t-il, dire que
ce chant et cette danse lui ont fait une
célébrité, que c'est là toute la hardiesse,
toute la verve de cette pauvre belle fille,
tant admirée à la lueur douteuse de l'é-
clairage des bals publics ! »
Parmi les pièces dont Emile Augier se
serait trouvé avoir à rendre compte pen-
dant cette période, se rencontrent les
Incertitudes de Rosette, d'Ernest Serret,
VImagier de Harlemy de Gérard de Ner-
val, la Fileuse, de Jules Barbier et Michel
Carré, Bonaparte en Egypte, au Cirque
olympique, et le Vampire, de Dumas et
Maquet.
Le feuilleton consacré au Vampire est
charmant d'ironie douce. C'est, comme
dans" les autres, d'aimables broderies
r autour du sujet, plus que l'analyse d.
1 ouvrage. Avec une saine bonne humeur,
le critique raille ce goût du macabre et
de I horreur, ce luxe de péripéties à faire
frissonner. ci Il faut, dit-il, de la terreur,
pas trop n'en faut ; les peureux eux-
mêmes finissent par se rassurer, quand
on leur laisse le temps de la réflexion. »
L'aftichs, par une innovation singulière,
était, paraît-il, accompagnée d'une note,
qui donnait une sorte d'historique de la
légende des Vampires. C'était une idée
du bon Dumas, pour jeter quelque épou-
vante dans l'âme des spectateurs impres-
sionnables. Le feuilletoniste regrettait
plaisamment, dans cet historiane. l'nn-
bli des effrayantes et naïves histoires de
Lamothe-Langon. Il contait que, adoles-
cent encore, il avait un jour demandé
dans un cabinet de lecture la Vampire
hongroise de ce Lamothc-Langon. La rcs*
pectable personne qui présidait aux des.,
tinées de ce cabinet de lecture l'avait re-
gardé avec stupeur. « — Vous êtes bien
hardi pour votre âge ! » lui avait-elle dit,
et ce n'était qu'avec une sorte d'émotion
qu'elle avait pris le volume sur un
rayon.
Ah! là, en effet, il y avait de quoi fré-
mir! Songez donc! Un certain général
séduisait un jour une « vierge hongroi-
se », puis il passait à d'autres exercices, l
oublieux de sa victime. Mais celle-ci se -
vengeait, et de quelle façon ! Le général
se mariait et avait deux enfants ; bien-:
tôt, ceux-ci et sa femme elle-même dé-
périssaient d'une manière mystérieuse.
Mystérieuse seulement pour lui, car le
lecteur savait que la « vierge hongroises,
quoique enterrée dans son pays, rve.
nait cependant, sous la forme d'un vam-
pire, et suçait le sang des malheureux
pendant leur sommeil. Mais la Hongroise
ne bornait pas là ses représailles. Elle
prenait la forme d'une belle jeune fille
et inspirait à l'incorrigible général un si
violent amour qu'il la voulait épouser,
et la cérémonie avait lieu. Mais la démo-
niaque créature refusait d'enlever son.
gant pour qu'on lui passât au doigt l'an-
neau nuptial; elle avait ses raisons
pour cela : ce gant ne couvrait qu'une
main de squelette ! Avec le plus splrItuel
enjouement, où on sent la plume .d'un
styliste, l'écrivain feignait d'opposer au
Vampire de Dumas et Maquet les ex-
traordinaires histoires de Lamothe-Lan-
gon, et il laissait entendre que rien n'é-
tait plus aisé que de manier ainsi la ter-
reur. Il contait lui-même, en l'attribuant
à un ami qui en aurait été le héros, une1
aventure qui eût forme la matière d'un
joli conte fantastique. Cet ami était, une
nuit, tranquillement dans son lit, lors-
qu'un parent de son père, mort quelque
six mois auparavant, lui apparut, lui or-
donnant de se lever.
Le jeune homme, tremblant, obéit. Le
fantôme lui commanda d'allumer des
bougies, de dresser une table de jeu et
(rapporter des cartes. Puis il entama avec
lui une partie. Son partenaire, blême
d'épouvante, jouait au hasard, repris
avec impatience pour ses distractions par
le spectre qui, enfin, consentit à perdre"
et déposa tout à coup sur la table un sac
d'argent. Ce sac d'argent, le jeune hom-
me le reconnut : il avait été volé autre-
fois à son père. Ce fantôme, à tout pren-
dre, était donc un honnête fantôme, ré-
parant les petites canailleries commises
tandis qu'il vivait.
Et tout cela était narré avec un déli-
cieux scepticisme, malgré les plus hor-
rifiques détails, comme pour témoigner
d'un dédain de lettré pour ce genre du
merveilleux lugubre et toutes ces sor-
nettes d'histoires diaboliques. On arri-i
vait à la fin du feuilleton sans qu'il eût
été question de la pièce de l'Ambigu. Les
lecteurs de Lireux devaient trouver que
le critique avait tout à coup bien de la
verve!
Au reste, ce qui parait encore affirmer;
que ces feuilletons sont bien d'Augier,
c'est, outre leur valeur littéraire particu-
lière, l'espèce de détermination qu'on y.
peut constater de ne pas donner d'appré-
ciations, à proprement parler, sur les
pièces. Il semble que, par un raffinement
de tact, l'auteur dramatique, ne faisant
de la critique que passagèrement, voulait"
se garder de porter des jugements pu-
blics sur ses confrères. Ce sentiment dé-
licat était digne du grand honnête hom-
me que fut Emile Augier.
Paul Giniaty.
ÉLECTIONS PARTIELLES
Conseillers généraux et conseillers
d'arrondissement
M. Yiollet, conservateur, a été élu con-
seiller général du canton de Saint-Jean de
Bournay (Isère), par 1,905 voix contre 1,182
voix données à M. Giraut, républicain mo- ;'
déré. Il s'agissait de remplacer M. Picart,
républicain, décédé. Des influences locales
expliquent seules le succès du candidat
conservateur.
A Corbeil (Seine-et-Oisp), où il y avait à
pourvoir, pour le conseil général, au rem-
placement du général Boulanger, invalidé,
voici quels ont été les résultats définitifs
du scrutin :
MM. Berniei-, boul.. voix
Bessin, républ ^r*1.629 voix
Litzelmann, rad JU61 e
Vernes.,.. 295
il y a ballottage.
Dans l'Orne, ont été élus conseillers d'ar-
rondissement, tous deux en remplacement
du général Boulanger, M. Coulombe, répu-
blicain, dans le canton de Fiers, et M. Le-
marie, conservateur, dans le canton de
Mortagne. Ce dernier n'avait pas de con-
current.
Au Mans (2e canton) M. le docteur Persy;
républicain, a été élu conseiller d'arron-
dissement.
Enfin, M. Lefèvre-Pontalls, conservateur,
a été élu conseiller d'arrondissement pour
le canton de Montmorency (Seine-et-Oise) v
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Auteurs similaires Racine Louis Racine Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Racine Louis" or dc.contributor adj "Racine Louis")Oeuvres de Jean Racine [avec la Notice de J.-A. Naigeon]. Lettres publiées par Louis Racine /ark:/12148/bd6t541994458.highres Poésies sacrées de Malherbe, Racine, J. B. Rousseau et le Franc de Pompignan, mises en musique avec accompagnement de harpe, pouvant également s'exécuter sur le piano,... 1ère livraison. Oeuvre 36e /ark:/12148/bpt6k15085403.highresMilton John Milton John /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Milton John" or dc.contributor adj "Milton John") Addison Joseph Addison Joseph /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Addison Joseph" or dc.contributor adj "Addison Joseph") Le Beau Charles Le Beau Charles /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Le Beau Charles" or dc.contributor adj "Le Beau Charles")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7560953h/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7560953h/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7560953h/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7560953h/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7560953h
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7560953h
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7560953h/f1.image × Aide