Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-09-07
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 07 septembre 1890 07 septembre 1890
Description : 1890/09/07 (A19,N6810). 1890/09/07 (A19,N6810).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7560349j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
Dix-neuvième année. — 6,810
CINQ Centimes — Paris et Départements — CINQ Centimes
DIMANCHE 7 SEPTEMBRE 18g4
W ., r -
LE XIXe DIJUULJEI
.., JOURNAL REPUBLICAIN
REDACTIOB
t2.48, Rue ^Coxitmartra
PAftl»
DIRECTEUR POLITIQUE
A. - EDOUARD PORTALIS
PRIX DE L'ABOMREMENT
FUIS IIWSN»,$L; Siiaait, il t; la u> SOL
départements - 7 L; — 12 U — 241
Voion Postale — 91.; — Il Li — 32 h
abonmmcnto parimi du 110 et 15 de chaque mtaig.
Adresse télégraphique : XIXo SIÈCLE - PARU
Téléphone : 20.289 bit.
ADMINISTRATION
148, Rue .Jxton:t.TV\g.rtr.,
PARIS
ttBMSEUM Mil NOTEES
MM. LAGRANGE, CERF «T C*
6, plaet de ta Bomne, 9
m DE ràBOINEMENT :
Rails toi m, 6L; ta Mis, lit; Il il, 20L
Départemelda - 7L; - 12 U - 24 L
Uaicm Postal* - 9(.; — 16 L; - 32 L
du .-., 15 de ohmqtewHtit
âdMM tiUgnphlqu : XXX* SIÈCLE — PAXU8
Ttt^ôdB» : 30.289 ftfc.
Le XI Xe SIÈCLE
commencera demain la publication de
.': CONSCIENCE
Par Hector MALOT,
dont tout récemment nous avons donné
MÈRE.
Nous n'avons pas à faire l'éloge d'un
écrivain aussi connu, qui a pris une
place unique dans le roman contempo-
rain.
CONSCIENCE
une œuvre aussi dramatique que mou-
vementée et émotionnante, aura au-
près de nos lecteurs et de nos lectrices
le même succès qui a fait la réputation
de l'auteur de MÈRE, de SANS FA-
MILLE et du LIEUTENANT BONNET.
LA
Marine anglaise
{ Tandis que les flottes anglaises du
Nord se livrent à des grandes manœu-
vres qui promettent d'être beaucoup
plus intéressantes que les nôtres, l'es-
cadre britannique de la Méditerranée
rend une visite à notre port de Tou-
lon.
Il semble que l'Angleterre tienne à
manifester, par ces actes simultanés,
la puissance de sa marine. Elle sem-
ble nous dire : « Ce n'est pas vous qui
pourriez mettre en ligne dans la Man-
che deux puissantes escadres, tandis
qu'une troisième non moins forte, car
elle comprend trois cuirassés de pre-
mier rang et quatre autres excellents
navires, se promène dans la Méditer-
ranée. Pour vos manœuvres du Nord,
vous avez été obligés de faire appel à
tout ce que contenaient vos ports, et
c'est à peine si toutes vos forces réu-
nies auraient pu rivaliser, par le nom-
bre des unités de combat, avec le tiers
de nos flottes ».
Les manifestations, certainement
préméditées, auxquelles se livre en ce
moment la marine anglaise seront
sans doute trouvées de mauvais goût
par quelques-uns de nos compatrio-
tes. On pensera qu'un peu plus de mo-
destie conviendrait mieux à nos voi-
sins, mais on ne saurait méconnaître
l'importance des évolutions trop
bruyantes des escadres britanniques.
A cette heure troublée, alors que la
paix et la guerre sont à la merci du
plus petit événement, l'Angleterre
tient à mettre en toute évidence les
forces maritimes dont elle dispose,
afin que chacun puisse apprécier à sa
juste valeur le concours qu'elle serait
capable de donner à ses alliés.
Un prince russe disait un jour à l'a-
miral Du Petit-Thouars, après avoir
visité l'escadre qu'il commandait avec
tant d'habileté : « Soyez forts, et vous
aurez des alliés î » L'Angleterre a tou-
jours montré la plus parfaite connais-
sance de cette vérité politique. Quoi-
qu'elle affecte d'être un peuple de
marchands et quoiqu'elle ait, d'un
bout à l'autre de son histoire, témoi-
gné d'une estime particulière pour les
intérêts matériels, elle a cependant
toujours fait des sacrifices énormes
pour être la première puissance mari-
time du monde, et son objectif cons-
tant est d'avoir une marine assez forte
pour tenir tête, au besoin à toutes
celles de l'Europe réunies.
Malgré les progrès énormes faits
dans la même voie par d'autres na-
tions, il est incontestable que la ma-
rine anglaise est auj ourd'hui encore
la première du monde, sinon par la
valeur des équipages et la science des
officiers, du moins par le nombre et
la qualité des bâtiments.
En ce moment même, la Grande-
Bretagne pourrait mettre en ligne
lh cuirassés d'escadre ayant de 9 à
13 mille tonnes de déplacement, une
ceinture en acier épaisse d'au moins
30 centimètres et une vitesse qui, pour
sept de ces navires, dépasse 16 nœuds.
Elle y joindrait 1A autres cuirassés
d'escadre ayant de 7 à 10 mille ton-
nes de déplacement, bien protégés et
bien armés, et filant presque tous plus
de U nœuds.
A ces deux divisions formidables,
elle pourrait en ajouter une troisième
formée de 13 navires, en fer ou en
acier comme les précédents, ayant de
6 à 7 mille tonnes de déplacement et
une vitesse variable entre lâ et 13
nœuds, atteignant même 15 nœuds
pour deux de ces navires.
Pour éclairer et appuyer ces Al cui-
rassés d escadre, l'Angleterre compte,
à l'heure actuelle, la croiseurs blin-
dés filant de 16 à 18 nœuds et ayant
de 5 à 8 mille tonnes de déplacement,
37 croiseurs ayant de$à 5 et 8 mille
tonnes de déplacement, protégés par
des ponts blindés et filant de 17 à 18
nœuds, et 18 éclaireurs de 1,500 à
1,800 tonneaux, également protégés,
filant de 16 à 19 nœuds; soit, au to-
tal, 67 croiseurs ou éclaireurs, en fer
ou en acier, bien protégés, Men^ir-
més et doués d'une grande vitesse.
Tous ees navires ne sont pas sans
défauts; les éclaireurs de 1,500 à
1,800 tonneaux notamment ont donné
à la marine anglaise de gros déboires:
ils sont trop faibles et font souvent
des avaries ; aussi les Anglais y ont-
ils renoncé, tandis que nous en avons
encore sur les chantiers. Malgré cela,
telle qu'elle est, la flotte des croiseurs
anglais est tellement supérieure à cel-
les de toutes les autres nations, qu'on
ne peut établir entre elles aucune
comparaison. Il en est de même de ses
escadres cuirassées.
Cependant, la marine anglaise ne
se trouve pas encore assez forte. Elle
achève quatre grands cuirassés d'es-
cadre qui seront prêts à la fin de
1890, et elle vient de mettre sur les
chantiers huit autres bâtiments de
même nature très bien protégés et
très fortement armés.
, En ce qui concerne les croiseurs,
ses efforts sont plus grands encore:
elle a décidé la construction de A3
croiseurs ayant tous plus de tou-
nes de déplacement et devant filer
âO nœuds.
Toutes ces constructions seront
achevées dans cinq ans environ. Le
Parlement anglais a voté pour elles
un crédit extraordinaire de 637 mil-
lions.
On voit que l'Angleterre tient a
conserver la prépondérance que nous
avons eu le tort de laisser prendre à
sa marine. Il ne faut pas oublier, en
effet, que cette prépondérance n'a
pas touj ours existé d'une manière
aussi manifeste. A une époque relati-
vement récente, notre marine .mar-
chait presque de pair avec celle de la
Grande-Bretagne. Sans exiger les sa-
crifices énormes qui seraient néces-
saires pour retrouver cette situation,
il est indispensable, à mon avis, que
nous fassions disparaître aussi promp-
tement que, possible la trop grande
inégalité qui existe aujourd'hui entre
nos forces maritimes et celles de la
Grande-Bretagne.
Le jour où nous serons aussi forts
sur mer que nous le sommes surterre,
ce n'est pas seulement à l'Orient que
nous aurons des amis, et ce jour-là
nous serons invincibles.
J.-L. de Lanessan.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
« Chronique », par M. Paul Ginisty.
UN COLLABORATEUR DE M. CRISPI
(D'UN CORRESPONDANT)
Rome, 5 septembre.
M. Damiani, sous-secrétaire d'Etat pour
les affaires étrangères, a prononcé hier, en
Sicile, à Trapani, dans un banquet, un dis-
cours qui a roulé principalement sur la
politique étrangère, et dont le fond et les
termes avaient été préalablement concertés
avec M. Crispi.
Il a fait l'éloge de la triple alliance, qui
n'empêche pas l'Italie d'entretenir les rela-
tions les plus intimes avec d'autres Etats,
l'Angleterre, la Russie, la France.
Il a dit, au sujet de cette dernière :
« A l'égard de la France, nous avons té-
moigné des sentiments universellement
approuvés par le peuple italien.
» Nous n'avons cessé de manifester des
tendances pacifiques et le désir d'établir
des relations de réciproque amitié entre les
deux pays. Nous avons saisi avec le plus vif
plaisir toute occasion de montrer nos bon-
nes dispositions. Dans la malencontreuse
question des rapports commerciaux, qui a
paru provoquer une tension, nous avons été
heureux d'offrirun gage de nos sentiments
amicaux en supprimant les tarifs différen-
tiels.
Aujourd'hui, après avoir écarté toute
cause de malentendu, nous avons confiance
que la France reconnaîtra notre conduite
sincèrement amicale. »
Passant à l'examen de la politique colo-
niale, l'orateur s'est attaché à démontrer
que l'action du cabinet actuel avait donné
des résultats dépassant les plus flatteuses
prévisions sur la mer Rouge, en Ethiopie
et dans l'Océan Indien.
L'IRRÉDENTISME EN ITALIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 5 septembre.
Un vif incident s'est produit à une fête
littéraire à Sinigaglia. Le sous-secrétaire
d'Etat à l'instruction publique a porté la
santé du roi; mais un conseiller communal
s'est levé en criant : « Vive Oberdank ! »
A Trapani, le discours de M. Damiani,
le sous-secrétaire d'Etat aux affaires étran-
gères, a été également accueilli par des cris
irrédentistes.
UNE FORÊT QUI MARCHE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berne, 5 septembre.
Le village d'Archgen, dans le canton des
Grisons, est en danger. En amont de ce vil-
lage une grande forêt s'est mise en mouve-
ment et menace de combler la gorge dans
laquelle coule la Rabinsa.
LE CONGRÈS DU TRAVAIL
(D'UN CORRESPONDANT)
Londres, 5 septembre. — Le congrès des
Trades Unions, réuni à Liverpool, a adopté
une résolution contre l'emploi des travailleurs
étrangers dans les ports anglais.
Il a adopté à l'unanimité une autre résolu-
tion en faveur d'une convention internationale
pour la mise en vigueur de la loi sur les mar-
ques de fabrique.
LE BOULANGISME
JUGÉ PAR BOULANGER
NOUVELLE EXÉCUTION DES DÉPU-
TES BOULANGISTES PAR LA
a VOIX DU PEUPLE »»
Réponse à M. Laguerre. - Les
députés boulangistes sommés
de démissionner.
Cette semaine encore, il était intéressant
de savoir ce que contiendrait la Voix du
Peuple, cet organe officiel du général Bou-
langer, qui serait plus exactement nommé
la Voix de Jersey.
C'est ce soir seulement que paraît la Voix
du Peuple. En nous servant de ce verbe
paraître, notre intention n'est point de
blesser ses éditeurs et rédacteurs. Nous
voulons seulement dire qu'elle sera impri-
mée et expédiée ce soir aux privilégiés qui
ont été jugés dignes de devenir ses abon-
nés.
Plus que jamais la Vo ix du Peuple tient à
ne pas être lue par les profanes. Quelques
personnes nous ont demandé où elles pou-
vaient se prrcurer ce périodique unique en
son genre. Irous ne pouvons que leur con-
seiller d'adresser aux bureaux du journal,
5, rue des Feuillantines, une demande d'a-
bonnement,dans laquelle eltesénuméreront
leurs titres, s'ils en ont. Ces demandes sont
soumises, paraît-il, par M. Cinqualbre, ad-
ministrateur, au comité occulte chargé
d'accepter ou de refuser les candidats à
l'abonnement. C'est sur les réquisitions du
directeur, M. Pierre Denis, qu'est pro-
noncé le dignus intrare ou le vade reirb.
Mais comme il est dans les habitudes du
XIXe Siècle de percer à jour les secrets les
mieux gardés, — quand leur divulgation
peut intéresser le public, — nous nous
sommes arrangés pour nous procurer les
bonnes feuilles de ce dixième numéro de
la Voix du Peuple portant la date de de-
main dimanche 7 septembre.
La Voix du Peuple reproduit l'intervi ew
avec le général Boulanger que le XIXe Siècle
a publié avant-hier. Elle fait précéder cette
reproduction d'un avis par lequel elle in-
forme ses lecteurs qu'après avoir pris con-
naissance de cet interview,elle a immédia-
tement averti le général Boulanger de cette
publication et que le général Boulanger a
répondu par ce mot : Exact.
La réunion du Lapin-Sauté
On sait que,dans une réunion privée des
membres d'un comité électoral qui a eu
lieu l'autre jour à l'estaminet du Lapin-
Sauté, M. Laguerre a déclaré qu'il avait
ignoré jusqu'au mois de septembre dernier
les pourparlers ayant existé entre le géné-
ral Boulanger et les royalistes.
La Voix du Peuple fait à M. Laguerre une
réponse qui ne laisse pas de paraître assez
topique :
- Aqui donc,dit-elle, M. Laguerre fera-t-ii croire
que, s'il ignorait les pourparlers ayant eu lieu
entre les royalistes et le général Boulanger, il
ignorait également les pourparlers et l'entente
entre les mêmes royalistes et les principaux
membres du conseil dit national, alors qu'il
dînait avec M. Naquet chez les chefs de la
Droite ; alors que lui et ses collègues, notam-
ment M. Le Hérissé, faisaient cause commune
avec les députés de cette Droite dans la cam-
pagne scandaleuse du boucan qu'ils avaient
entreprise; alors que, malgré Henri Rochefort,
il soutenait la candidature monarchique de
M. Auffrav, auquel le général Boulanger avait
refusé sa recommandation ; alors qu'il publiait
la liste si extraordinaire des candidats du parti
national, élaborée par le comité sous la haute
direction de M. Naquet et qui associait aux
fameux" républicains d'origine » les hommes
du 16 Mai et-leurs amis?
Voilà qui est autrement authentique que les
racontars des « Coulisses du boulangisme",
puisqu'on en peut trouver la preuve dans
tous les journaux, y compris le Journal offi-
ciel, et puisque ces faits ont eu le pays entier
pour témoin stupéfié.
On connaît l'histoire de la comtesse qui,
étant fortement endormie, ne savait comment
cela lui était arrivé. M. Laguerre et ses amis
ne peuvent prétexter d'un sommeil de deux
ans qui aurait été vraiment excessif. Tout ce
qu'ils peuvent faire, c'est de démontrer, com-
me M. Wirchow pour « la folie eliauvine »
dont il aurait été atteint, que, pendant deux
ans, ils ont été frappés d'un genre d'aliéna-
tion spéciale les rendant aveugles et sourds,
telle qu'ils ne savaient plus ce qu'ils faisaient,
qu'ils prenaient la Droite pour la Gauche, M.
de Breteuil pour M. Clemenceau, M. de Mackau
pour Félix Pyat, et qui, par une bizarre coïn-
cidence, n'a pris fin que lorsque des subsides
électoraux de la caisse des Droites ont été
épuisés.
Rendez le mandat
Plus loin, l'organe du général Boulanger
s'étonne du silence garde par certains jour-
naux boulangistes, et notamment par la
Presse, en présence de la publication des
« Coulisses du boulangisme n. Nous citons:
Ce sont de singuliers hommes politiques que
ceux qui, après avoir dirigé comme on l'a vu
les affaires d'un parti, après avoir mené une
campagne si outrageusement et lamentable-
ment tapageuse, et mérité les échecs infligés
à leurs combinaisons, ne peuvent trouver un
mot de réprobation pour une œuvre de mou-
chard qui peut mener leurs amis ou leurs as-
sociés de la veille devant la haute cour ou
la cour d'assises.
Ce sont d'étranges particuliers que ceux qui
se bornent à regretter un scandale au moins
encouragé par eux et dont ils finiront par être
victimes, mais qui n'éprouvent pas pour les
procédés des délateurs dénonçant leurs asso-
ciés de la veille le sentiment qui est celui de
tous les honnêtes gens, même peut-être celui
des mouchards de profession.
Dans la défaite qu'ils estiment « définitive »
de leur parti, les parlementaires de la Presse
croient devoir le silence à leurs amitiés d'hier,
mais ils ne songent pas assez qu'ils doivent
autre chose que le silence au public et à leurs
électeurs. Ils oublient trop qu'ils ont été élup
avec le patronage du général Boulanger, qu'ils
ont été nommés comme candidats boulangis-
tes, avec un programme boulangiste auquel
ils devaient être d'autant plus fidèles, qu'ils
avaient recherché ce patronage et fait ce pro-
gramme.
S'ils renient aujourd'hui ce patronage, s'ils
croient que leurs électeurs boulangistes,écœu-
rés par le spectacle des palinodies de leur
parti,se sont convertis, s'ils renoncent au pro-
gramme qu'ils promettaient d'accomplir qu'ils
rendent au moins leur mandat.
Les - électeurs ne les avaient pas nommés
pour gémir sur leurs illusions perdues et
pour exhaler le regret de coups de main non
accomplis, mais pour représenter une opinion
qui n'est plue la leur un parti qui, de leur
aveu, a cessé d'exister. S'ils se doivent le si-
ence à eux-mêmes, ils doivent leur mandat à
leurs électeurs.
LETTRE DE M. DÉROULÊDE
[MM. Pierre Richard, député, ancien secré-
taire général tic la Ligue des patriotes, et Bou-
deau, député, ancien délégué de la Ligue
des patriotes, avant eorit à Paul Dérouléd^
«•
pour lui demander son avis sur l'attitude que
devaient prendre les anciens ligueurs,ont reçu
la dépêche suivante :]
Mes chers amis,
Ce n'est pas la fin de la publication des
Coulisses du boulangisme, que la Ligue des
patriotes doit attendre pour faire une dé-
claration quelle qu'elle soitsi tant est
qu'elle ait besoin d'en faire une ; -- c'est la
réponse du général.
Jusque-là, le silence me paraît un devoir
d'honneur et de dignité. Il nous sera tou-
jours facile d'établir que les vieux ligueurs
sont de tout temps restés en dehors des
soi-disant compromissions monarchiques,
qu'ils n'ont jamais trahi la République,
qu'ils n'ont jamais voulu renverser que le
régime parlementaire, — et que leur seul
but était de réformer l'Etat, pour reformer
la patrie.
J'ajoute quant à moi que, loin de saisir
le prétexte des prétendues révélations du
Figaro pour donner avec éclat une démis-
sion à laquelle vous savez tous que j'étais
décidé depuis les dernières élections mu-
nicipales de Paris, j'en ajourne momenta-
nément l'envoi.
Il ne me convient pas de laisser donner
à un acte de conscience politique l'appa-
rence d'un nouvel acte d'accusation contre
un chef qui a eu depuis quatre ans toute
ma confiance, tout mon dévouement, toute
mon amitié.
Cordiales poignées de main,
Paul DÉROULDE.
SOMMATION A M. LAGUERRE
mns le Petit National, M. Edouard Ducret
met M. Laguerre en demeure « de donner à
l'opinion publique la satisfaction qu'elle ré
clamé », en obligeant M. Mermeix à démission-
ner de la Presse. Sinon, « M. Laguerre laisse-
rait le champ libre à toutes les suppositions,..
DUEL ROCHEFORT-THIEBAUD
La rencontre n'a pas eu lieu. —La
journée des gendarmes.
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL)
Gand, 5 septembre.
M. Henri Rochefort est arrivé à Gand, en
compagnie de sa nièce, de M. Vaughan et
de trois amis, hier soir, à onze heures.
Vous savez que le duel, qui devait avoir
lieu hier après-midi, avait été retardé de
vingt-quatre heures, sur la demande des
témoins de M. Rochefort qui manquaient
d'épées.
A midi, aujourd'hui, il est reparti avec
ses amis pour Selzaete, un petit village de
la frontière hollandaise. M. Thiébaud, venu
de Bruxelles, se trouvait en wagon dans le
compartiment voisin de celui où se trou-
vait M. Rochefort.
Mais après le bruit qu'avait fait cette
affaire, vous pensez bien que la police était
prévenue. Aussi, à Selzaete, au moment où
nous descendons du train, une trentaine
de gendarmes belges et une foule de
paysans et de paysannes, même des en-
fants, nous reçoivent. :,
Les adversaires et leurs témoins se jet-
tent dans les voitures,qui partent au grand
galop de deux chevaux. Et voilà gendarmes
et curieux qui courent derrière les lan-
daus, le long du canal de Terneuzen, sur
lequel passent de gros bateaux, dans un
pays plat, avec des dunes couvertes de
frênes.
Sous cette voûte sombre.
On arrive. A cinq cents mètres de la fron-
tière, à une heure et demie, sur le territoire
hollandais, les adversaires et les témoins
font halte. L'endroit est propice; la ren-
contre aura lieu sous une allée ombragée
de frênes qui doit rappeler à Rochefort des
souvenirs lointains, car c'est là, à cet en-
droit même, qu'il se battit en 1870 avec Er-
nest Baroche, fils de l'ancien ministre. Ro-
chefort le blessa. Ernest Baroche se fit bra-
vement tuer au Bourget.
Les combattants enlèvent leur redingote ;
M. Degeorge prépare les épées ; M. Ranson
s'apprête à prendre la direction du com-
bat; MM. Rochefort et Thiébaud vont croi-
ser la fer ; le soleil, qui se cachait derrière
les nuages, apparaît. lorsque un bon gen-
darme hollandais, qui courait à travers
champs depuis la frontière, suant, essouf-
flé, gémissant comme un soufflet d'e forge,
arrive et,dans une langue inintelligible,
clare que le combat ne peut avoir lieu. On
essaie de lui faire entendre raison. Peine
perdue.
La course
Les voitures reviennent alors dans la di-
rection de Selzaete, traversent le canal, et
les témoins vont se concerter dans un pe-
tit estaminet.
Une heure après, tout le monde remonte
en voiture, et l'on rentre dans la direction
de Gand.
Cependant, à un kilomètre de Gand, les
voitures s'arrêtent et, de nouveau, on essaie
de commencer le duel. Cette fois, c'est qua-
tre gendarmes belges, qui couraient depuis
Selzaete, qui rejoignent les combattants et
s'opposent au combat. Les enfants et les
paysannes rient beaucoup de tout cela.
Les voitures repartent, mais les gendar-
mes suivent toujours en courant, jusqu'à
Terdonek, distant de 7 kilomètres de Gand.
Là, les gendarmes s'arrêtent épuisés, mais
les combattants sont lassés; tous ces inci-
dents les ont énervés, et, d'un commun ac-
cord, témoins et adversaires rentrent di-
rectement en voiture à Gand. Il est six
heures.
Le duel est devenu impossible en Belgi-
que et en Hollande, où la police est sur le
qui-vive. Ce qui prouve qu'on ne peut se
battre en duel qu'en France et que, lors-
qu'on est proscrit, on ne peut croiser le fer
nulle part. ,'
Adversaires et témoins sont rentrés à
Ostende.
Procès-verbal
Voici le texte du procès-verbal d'engage-
ment de l'affaire, rédigé par les quatre té-
moins :
A la suite de la publication, dans l'intransi-
geant du 1er septembre 1890, d'un article de
M. Henri Rochefort, M. Georges Thiébaud a en-
voyé à M. Henri Rochefort MM. Jules Ranson
et Jules Guérin pour lui demander une répa-
ration par les armes.
M. Henri Rochefort, bien que le nom de M.
Georges Thiébaud ne fût pas prononcé dans
son article, s'est -mis à la disposition de ce-
lui-ci et a constitué pour témoins MM. Ay-
raud-Deeorge et A.-H. Montégut.
Il a été convenu qu'une rencontre à l'épée
aura lieu sur le territoire hollandais.
Le combat continuera jusqu'à ce que l'un
des deux adversaires soit dans un état d'in-
fériorité constaté par les médecins.
Paris, 3 septembre 1890.
Pour M. Ilenri Rochefort ; •
AYRAUD-DECEORGE,
A.-H. MONTÉGUT.
Pour M. Geoigtis Thiébaud:
JULES RANSON,
JULES GutRU",
CHRONIQUE
J'ai reçu, depuis mon dernier article
sur l'affaire de Toulon, un grand nombre
de lettres : qui me permettent d'éclaircir
les faits et de fixer les reponsabilités.
Il paraît que, dans cette affaire, tous
ceux qui s'y sont trouvés mêlés ont eu
tort.
Un soldat se grise, il étale dans la rue
le spectacle de son ivresse : c'est un pre-
mier tort. Il oublie ou refuse de faire le
salut réglementaire à un officier qui
passe : c'est un second tort, infini-
ment plus grave que le premier au point
de vue de la discipline militaire.
L'officier l'arrête de sa propre main.
C'est un tort, les règlements interdisant
à un officier de se commettre avec un sol-
dat ivre. On a craint, et avec raison, que
le soldat, chaud de vin, ne se portât à
quelque insulte ou, pis encore, à quelque
voie de fait, dont le conseil de guerre se-
rait obligé de connaître et qu'il devrait
punir avec la dernière rigueur. Le devoir
de l'officier, en pareil cas, est de prendre
le numéro du soldat et de le faire recon-
duire à la caserne par d'autres soldats,
avec qui il pourra échanger des horions
sans que la chose tire à conséquence.
: Le sous-lieutenant était jeune; il n'a
pù souffrir que le soldat, détalant, eût
l'air de se moquer de lui ; il s'est lancé à
sa poursuite, l'a rejoint et lui a mis la
main sur l'épaule. C'était uu oubli des
règlements, et c'est un oubli pour lequel
on lui eût infligé une punition alors
qu'il ae fût pas allé, en compagnie de
trois camarades, frapper un de nos con-
frères qu'il lui était loisible de provo-
quer en duel.
Mais la foule qui a pris parti pour le
soldat contre l'officier a eu plus tort
encore que l'officier et le soldat. Je l'avais
déjà dit avec une grande vivacité de lan-
gage ; mais je crois bon d'y revenir, car
j'ai trouvé sur ce point, dans les lettres
qui me sont arrivées, tant de récrimina-
tions, et si vivement exprimées, que j'en
ai été tout surpris. Je ne croyais pas
m'attaquer à un préj ugé si répandu et si
vivace.
Non, vous n'imaginez pas le nombre de
gens — et parmi eux, des femmes, des
mères de famille — qui m'ont dit : Vous
défendez les officiers ! Vous ne savez pas
comme ils abusent de leur autorité,
comme ils sont exigeants et durs avec les
pauvres jeunes hommes qui passent par
le régiment !
J'aurais quelque honte à reproduire ces
plaintes.
Savez-vous le mal dont nous mourons
en France? Personne n'y veut plus obéir.
L'enfant n'obéit plus dans la maison pater-
nelle ; l'élève n'obéit plus au lycée ; l'ou-
vrier n'obéit plus à l'atelier; le domesti-
que n'obéit plus dans le ménage : chacun
veut être l'égal de tous. L'armée s'était
jusqu'à ce jour préservée de ce virus éga-
litaire. La voilà qui, maintenant, com-
mence- à eu être attaquée. Le soldat ne
veut plus obéir à l'officier, et le public
trouve bon qu'il ne lui obéisse plus.
Comment! voilà un soldat qui manque
à un des devoirs les plus étroits de la
discipline militaire; un officier le rappelle
à l'ordre, et c'est à l'officier que la foule
donne tort. La foule, j'en reviens là, n'a-
vait pas à se mêler de cette affaire. Mais
à supposer qu'elle prît parti, c'est évi-
demment à l'officier qu'elle aurait dû
prêter main forte, car c'est lui qui repré-
sentait à la fois et l'autorité et la règle.
Mais voilà! personne ne veut plus de
règle ni d'autorité! Quand un gardien de
la paix met la main au collet d'un voleur,
il y a cent à parier contre un que si le
public s'émeut, c'est contre le gardien de
la paix qu'il va se tourner. Le gardien de
la paix ne représente-t-il pas l'autorité et
la règle !
Toutes ces récriminations passionnées
que j'ai lues cette semaine contre la ru-
desse de l'officier auraient pu se résu-
mer dans cette simple et courte formule :
L'officier veut qu'on obéisse à la règle,
comme il y obéit lui-même, et ça nous
ennuie d'obéir, car la règle est pénible et
dure. On en veut à l'officier de faire son
devoir, qui est de maintenir la disci-
pline, car sans discipline il n'y a pas
d'armée.
Non, nous n'avons plus en France l'es-
prit de discipline! Il est déjà fâcheux
qu'il ait disparu de toutes les conditions
sociales ; s'il vient à s'affaiblir même dans
l'armée, ce sera la fin de la fin. Il n'y a
qu'un moyen de l'y ranimer et de l'y
raffermir, c'est de ne jamais nous per-
mettre ni un mot ni un geste qui puisse
amoindrir le prestige de l'uniforme, c'est
d'élever nos enfants dans le respect de
l'épaulette, c'est de nous ranger toujours
du côté de la règle, c'est de nous astrein-
dre nous-mêmes à une inflexible discipline
morale.
Lorsqu'une affaire a été mal engagée,
— c'est une remarque que l'on a souvent
faite, — elle aboutit toujours à de nou-
velles sottises.
Tout le monde avait eu tort, en prin-
cipe, dans, celle dont nous nous oc-
cupons. Les torts se sont accumulés et
aggravés.
Quelques-uns de nos confrères se sont
élevés avec une grande violence de lan-
gage contre le sous-lieutenant en cause.
J'ai d'autant moins à les juger que je n'ai
pas sous les yeux les pièces du procès. Je
crois, en général, qu'ils auraient mieux
fait de se taire et de laisser le colonel ou
le général rappeler à l'ordre ceux qui s'é-
taient rendus coupables d'y avoir man-
qué. C'était une de ces occasions où le
silence est d'or.
L'article de l'un d'eux a mis en fureur
le sous-lieutenant visé et quelques-uns
de ses camarades. Ils sont allés en bande
bousculer le journaliste dans son bureau
de rédaction. C'était un tort, assurément,
et un tort grave, car ou ne doit jamais se I
faire justice à soi-même. Notre confrère,
M. David, a prouvé depuis que si l'on
était venu lui demander raison dans les
formes, il n'aurait pas boudé. Ces vio-
lences
lences étaient donc parfaitement inu-
tiles. :
Le colonel Inflige trente jours d'arrêts
au sous-lieutenant.
On aurait pu croire que l'affaire en
resterait là. Point du tout : un des ca-
marades de ce jeune officier prend sa
place et envoie ses témoins à notre con-
frère.
M. David aurait dû répondre : Je n'ai
jamais entendu dire que l'on se battit
par procuration. Celui qui prétend avoir
été offensé par moi est aux arrêts et ne
peut sortir, mais il sera libre dans trente
jours. Je l'attendrai. Trente jours, ce
n'est pas un siècle, nous viderons notre
querelle ensemble. ,..Je ne vous connais
pas; vous n'êtes pas son mandataire, car
je n'imagine pas qu'un officier fran-
çais déléguerait à son camarade le soin
de se battre à sa place. Je décline toute
rencontre avec vous.
Ce langage, qui était le seul à tenir en
la circonstance, eÙt été approuvé par tous
les hommes de sens. M. David, lui aussi,
a donc eu tort ; mais c'est un tort bien
véniel. On comprend qu'il ait cédé, lui
pékin, à' un faux point d'honneur, et
qu'il n'ait pas voulu avoir l'air de se dé-
rober à une provocation.
Ce sont les témoins qui auraient dû.
s'interposer.
J'ignore à quel sentiment ont obéi les
deux témoins de M. David. Je suis con-
vaincu que M. Ranc ni Scholi n'auraient
permis ce duel. Notre confrère avait une
affaire avec le sous-lieutenant incriminé :
c'est avec lui, et avec lui seul, qu'il devait
la terminer.
A supposer qu'il fût sorti vainqueur
de la rencontre qu'on lui proposait, il
aurait donc été néanmoins obligé de
se tenir à la disposition de l'officier of-
fensé par lui et d'accepter, trente jours
après, un nouveau duel pour le même
fait. ,
Il a, par malheur, été blessé, et assez
grièvement, dit-on. Il est à craindre que
ce nouvel incident n'échauffe encore les
têtes, qui sont déjà fort montées à Tou-
lon, et que de nouvelles affaires ne se
greffent sur celle-là. Une première incor-
rection en amène beaucoup d'autres.
Comment sortira-t-on de là ?
- Francisque Sarcey.
Lire à la seconde page les a Coulisses
de la réunion du café Riche ».
DUELS ENTRE BOULANGISTES
Série de duels à l'horizon, comme consé-
quences de la publication des « Coulisses du
boulangisme" et, aussi, de la réunion tapa-
geuse du comité" républicain national"
au café Riche.
M. Mermeix a envoyé ses témoins à M.
André Castelin, député de l'Aisne, pour
avoir reproduit dans la Cocarde l'article de
Jaqueline.
Les témoins de M. Mermeix sont MM. Jo-
seph Lacroix, ancien président du comité
républicain socialiste du septième arron-
dissement, et André Lecointe, un de ses
amis.
M. Castelin a, lui aussi, constitué ses té-
moins. Ce sont MM. Edouard Ducret, direc-
teur du Petit National, et Pierre Richard,
député.
ces messieurs ont eu d'abord à examiner
si M. Castelin pouvait, après les incidents
de la veille, accepter une rencontre avec
M. Mermeix.
Ils ont décidé de soumettre le cas à un
arbitrage.
Ils se sont adressés à M. Portalis, direc-
teur du XIXe Siècle, et lui ont demandé :
lOSi on pouvait, après les récentes polé-
miques, après la publication des Coulisses
du boulangisme et le procès-verbal de la
réunion du café Riche, se battre avec M.
Mermeix.
2° Si la reproduction de l'article signé
Jacqueline dans la Cocarde constituait un
outrage dont M. Mermeix fût en droit de
demander réparation au directeur de la
Cocarde, M. Castelin.3
M. Portalis a répondu, sur la première
question, qu'elle ne pouvait absolument
pas, selon lui, faire l'objet d'un arbitrage ;
et, sur la seconde, que si M. Castelin avait eu
— comme ses témoins semblaient le recon-
naître — une intention outrageante en re-
produisant l'article paru dans le Gil Blas,
il ne pouvait arguer de ce que l'article avait
paru d'abord dans un autre journal pour
refuser une réparation à M. Mermeix.
On annonce encore que M. Millevoye,
député boulangiste de la Somme, va rece-
voir les témoins de M. Mermeix.
Enfin, M. Mermeix a envoyé des té-
moins à M. d'Hubert, directeur du Gil Blas,
pour un. article des plus violents paru
avant-hier dans ce journal, sous le pseudo-
nyme « Jaqueline », qui est celui de Mme
Séverine.
Les témoins de M. Mermeix, MM. Mayer-
Lévy et Lecointe, après s'être rendus au
Gil Blas, lui ont écrit la lettre suivante :
Paris, le 5 septembre 1890.
Mon cher ami,
Il a paru dans le Gil Blas un article que
vous avez jugé, ainsi que nous, offensant pour
vous.
Cet article était signé du nom de Jacqueline,
qui, de notoriété publique, appartient à Mme
Séverine, ex-directrice du Cri du Peuple..
Nous avons donc, en votre nom, demandé à
être mis en rapport avec M. d'Hubert, direc-
teur du Gil Blas, et comme tel responsable
des articles dont les auteurs ne peuvent être
pris à partie.
En l'absence de M. d'Hubert, nous avons été
reçus par M. Raoul Bénédict, qui nous a dé-
claré :
Ie Que M. d'Hubert, en ce moment à Aix-les-
Bains, n'avait pas eu connaissance de l'article
que nous incriminons ;
2° Que le secrétaire de la rédaction du Gil
Blas, M. Jules Ouérin, était également absent
de Paris et se trouvait dans le même cas que
M. d'Hubert;
3° Que, quant à lui, M. Bénédict, remplissant
par intérim les fonctions de secrétaire de
rédaction du Gil Blas,il accepterait la respon-
sabilité de l'article dans le cas où M. de La-
bruyère, qui l'avait apporté au Gil Blas en
s'en déclarant l'auteur, déclinerait cette res-
ponsabilité.
Dans ce.s circonstances, mon cher ami, nous
sommes plus que jamais à votre disposi-
tion.
MAYrR-Lùvv,
LECOINTE. ,
CINQ Centimes — Paris et Départements — CINQ Centimes
DIMANCHE 7 SEPTEMBRE 18g4
W ., r -
LE XIXe DIJUULJEI
.., JOURNAL REPUBLICAIN
REDACTIOB
t2.48, Rue ^Coxitmartra
PAftl»
DIRECTEUR POLITIQUE
A. - EDOUARD PORTALIS
PRIX DE L'ABOMREMENT
FUIS IIWSN»,$L; Siiaait, il t; la u> SOL
départements - 7 L; — 12 U — 241
Voion Postale — 91.; — Il Li — 32 h
abonmmcnto parimi du 110 et 15 de chaque mtaig.
Adresse télégraphique : XIXo SIÈCLE - PARU
Téléphone : 20.289 bit.
ADMINISTRATION
148, Rue .Jxton:t.TV\g.rtr.,
PARIS
ttBMSEUM Mil NOTEES
MM. LAGRANGE, CERF «T C*
6, plaet de ta Bomne, 9
m DE ràBOINEMENT :
Rails toi m, 6L; ta Mis, lit; Il il, 20L
Départemelda - 7L; - 12 U - 24 L
Uaicm Postal* - 9(.; — 16 L; - 32 L
du .-., 15 de ohmqtewHtit
âdMM tiUgnphlqu : XXX* SIÈCLE — PAXU8
Ttt^ôdB» : 30.289 ftfc.
Le XI Xe SIÈCLE
commencera demain la publication de
.': CONSCIENCE
Par Hector MALOT,
dont tout récemment nous avons donné
MÈRE.
Nous n'avons pas à faire l'éloge d'un
écrivain aussi connu, qui a pris une
place unique dans le roman contempo-
rain.
CONSCIENCE
une œuvre aussi dramatique que mou-
vementée et émotionnante, aura au-
près de nos lecteurs et de nos lectrices
le même succès qui a fait la réputation
de l'auteur de MÈRE, de SANS FA-
MILLE et du LIEUTENANT BONNET.
LA
Marine anglaise
{ Tandis que les flottes anglaises du
Nord se livrent à des grandes manœu-
vres qui promettent d'être beaucoup
plus intéressantes que les nôtres, l'es-
cadre britannique de la Méditerranée
rend une visite à notre port de Tou-
lon.
Il semble que l'Angleterre tienne à
manifester, par ces actes simultanés,
la puissance de sa marine. Elle sem-
ble nous dire : « Ce n'est pas vous qui
pourriez mettre en ligne dans la Man-
che deux puissantes escadres, tandis
qu'une troisième non moins forte, car
elle comprend trois cuirassés de pre-
mier rang et quatre autres excellents
navires, se promène dans la Méditer-
ranée. Pour vos manœuvres du Nord,
vous avez été obligés de faire appel à
tout ce que contenaient vos ports, et
c'est à peine si toutes vos forces réu-
nies auraient pu rivaliser, par le nom-
bre des unités de combat, avec le tiers
de nos flottes ».
Les manifestations, certainement
préméditées, auxquelles se livre en ce
moment la marine anglaise seront
sans doute trouvées de mauvais goût
par quelques-uns de nos compatrio-
tes. On pensera qu'un peu plus de mo-
destie conviendrait mieux à nos voi-
sins, mais on ne saurait méconnaître
l'importance des évolutions trop
bruyantes des escadres britanniques.
A cette heure troublée, alors que la
paix et la guerre sont à la merci du
plus petit événement, l'Angleterre
tient à mettre en toute évidence les
forces maritimes dont elle dispose,
afin que chacun puisse apprécier à sa
juste valeur le concours qu'elle serait
capable de donner à ses alliés.
Un prince russe disait un jour à l'a-
miral Du Petit-Thouars, après avoir
visité l'escadre qu'il commandait avec
tant d'habileté : « Soyez forts, et vous
aurez des alliés î » L'Angleterre a tou-
jours montré la plus parfaite connais-
sance de cette vérité politique. Quoi-
qu'elle affecte d'être un peuple de
marchands et quoiqu'elle ait, d'un
bout à l'autre de son histoire, témoi-
gné d'une estime particulière pour les
intérêts matériels, elle a cependant
toujours fait des sacrifices énormes
pour être la première puissance mari-
time du monde, et son objectif cons-
tant est d'avoir une marine assez forte
pour tenir tête, au besoin à toutes
celles de l'Europe réunies.
Malgré les progrès énormes faits
dans la même voie par d'autres na-
tions, il est incontestable que la ma-
rine anglaise est auj ourd'hui encore
la première du monde, sinon par la
valeur des équipages et la science des
officiers, du moins par le nombre et
la qualité des bâtiments.
En ce moment même, la Grande-
Bretagne pourrait mettre en ligne
lh cuirassés d'escadre ayant de 9 à
13 mille tonnes de déplacement, une
ceinture en acier épaisse d'au moins
30 centimètres et une vitesse qui, pour
sept de ces navires, dépasse 16 nœuds.
Elle y joindrait 1A autres cuirassés
d'escadre ayant de 7 à 10 mille ton-
nes de déplacement, bien protégés et
bien armés, et filant presque tous plus
de U nœuds.
A ces deux divisions formidables,
elle pourrait en ajouter une troisième
formée de 13 navires, en fer ou en
acier comme les précédents, ayant de
6 à 7 mille tonnes de déplacement et
une vitesse variable entre lâ et 13
nœuds, atteignant même 15 nœuds
pour deux de ces navires.
Pour éclairer et appuyer ces Al cui-
rassés d escadre, l'Angleterre compte,
à l'heure actuelle, la croiseurs blin-
dés filant de 16 à 18 nœuds et ayant
de 5 à 8 mille tonnes de déplacement,
37 croiseurs ayant de$à 5 et 8 mille
tonnes de déplacement, protégés par
des ponts blindés et filant de 17 à 18
nœuds, et 18 éclaireurs de 1,500 à
1,800 tonneaux, également protégés,
filant de 16 à 19 nœuds; soit, au to-
tal, 67 croiseurs ou éclaireurs, en fer
ou en acier, bien protégés, Men^ir-
més et doués d'une grande vitesse.
Tous ees navires ne sont pas sans
défauts; les éclaireurs de 1,500 à
1,800 tonneaux notamment ont donné
à la marine anglaise de gros déboires:
ils sont trop faibles et font souvent
des avaries ; aussi les Anglais y ont-
ils renoncé, tandis que nous en avons
encore sur les chantiers. Malgré cela,
telle qu'elle est, la flotte des croiseurs
anglais est tellement supérieure à cel-
les de toutes les autres nations, qu'on
ne peut établir entre elles aucune
comparaison. Il en est de même de ses
escadres cuirassées.
Cependant, la marine anglaise ne
se trouve pas encore assez forte. Elle
achève quatre grands cuirassés d'es-
cadre qui seront prêts à la fin de
1890, et elle vient de mettre sur les
chantiers huit autres bâtiments de
même nature très bien protégés et
très fortement armés.
, En ce qui concerne les croiseurs,
ses efforts sont plus grands encore:
elle a décidé la construction de A3
croiseurs ayant tous plus de tou-
nes de déplacement et devant filer
âO nœuds.
Toutes ces constructions seront
achevées dans cinq ans environ. Le
Parlement anglais a voté pour elles
un crédit extraordinaire de 637 mil-
lions.
On voit que l'Angleterre tient a
conserver la prépondérance que nous
avons eu le tort de laisser prendre à
sa marine. Il ne faut pas oublier, en
effet, que cette prépondérance n'a
pas touj ours existé d'une manière
aussi manifeste. A une époque relati-
vement récente, notre marine .mar-
chait presque de pair avec celle de la
Grande-Bretagne. Sans exiger les sa-
crifices énormes qui seraient néces-
saires pour retrouver cette situation,
il est indispensable, à mon avis, que
nous fassions disparaître aussi promp-
tement que, possible la trop grande
inégalité qui existe aujourd'hui entre
nos forces maritimes et celles de la
Grande-Bretagne.
Le jour où nous serons aussi forts
sur mer que nous le sommes surterre,
ce n'est pas seulement à l'Orient que
nous aurons des amis, et ce jour-là
nous serons invincibles.
J.-L. de Lanessan.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
« Chronique », par M. Paul Ginisty.
UN COLLABORATEUR DE M. CRISPI
(D'UN CORRESPONDANT)
Rome, 5 septembre.
M. Damiani, sous-secrétaire d'Etat pour
les affaires étrangères, a prononcé hier, en
Sicile, à Trapani, dans un banquet, un dis-
cours qui a roulé principalement sur la
politique étrangère, et dont le fond et les
termes avaient été préalablement concertés
avec M. Crispi.
Il a fait l'éloge de la triple alliance, qui
n'empêche pas l'Italie d'entretenir les rela-
tions les plus intimes avec d'autres Etats,
l'Angleterre, la Russie, la France.
Il a dit, au sujet de cette dernière :
« A l'égard de la France, nous avons té-
moigné des sentiments universellement
approuvés par le peuple italien.
» Nous n'avons cessé de manifester des
tendances pacifiques et le désir d'établir
des relations de réciproque amitié entre les
deux pays. Nous avons saisi avec le plus vif
plaisir toute occasion de montrer nos bon-
nes dispositions. Dans la malencontreuse
question des rapports commerciaux, qui a
paru provoquer une tension, nous avons été
heureux d'offrirun gage de nos sentiments
amicaux en supprimant les tarifs différen-
tiels.
Aujourd'hui, après avoir écarté toute
cause de malentendu, nous avons confiance
que la France reconnaîtra notre conduite
sincèrement amicale. »
Passant à l'examen de la politique colo-
niale, l'orateur s'est attaché à démontrer
que l'action du cabinet actuel avait donné
des résultats dépassant les plus flatteuses
prévisions sur la mer Rouge, en Ethiopie
et dans l'Océan Indien.
L'IRRÉDENTISME EN ITALIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 5 septembre.
Un vif incident s'est produit à une fête
littéraire à Sinigaglia. Le sous-secrétaire
d'Etat à l'instruction publique a porté la
santé du roi; mais un conseiller communal
s'est levé en criant : « Vive Oberdank ! »
A Trapani, le discours de M. Damiani,
le sous-secrétaire d'Etat aux affaires étran-
gères, a été également accueilli par des cris
irrédentistes.
UNE FORÊT QUI MARCHE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berne, 5 septembre.
Le village d'Archgen, dans le canton des
Grisons, est en danger. En amont de ce vil-
lage une grande forêt s'est mise en mouve-
ment et menace de combler la gorge dans
laquelle coule la Rabinsa.
LE CONGRÈS DU TRAVAIL
(D'UN CORRESPONDANT)
Londres, 5 septembre. — Le congrès des
Trades Unions, réuni à Liverpool, a adopté
une résolution contre l'emploi des travailleurs
étrangers dans les ports anglais.
Il a adopté à l'unanimité une autre résolu-
tion en faveur d'une convention internationale
pour la mise en vigueur de la loi sur les mar-
ques de fabrique.
LE BOULANGISME
JUGÉ PAR BOULANGER
NOUVELLE EXÉCUTION DES DÉPU-
TES BOULANGISTES PAR LA
a VOIX DU PEUPLE »»
Réponse à M. Laguerre. - Les
députés boulangistes sommés
de démissionner.
Cette semaine encore, il était intéressant
de savoir ce que contiendrait la Voix du
Peuple, cet organe officiel du général Bou-
langer, qui serait plus exactement nommé
la Voix de Jersey.
C'est ce soir seulement que paraît la Voix
du Peuple. En nous servant de ce verbe
paraître, notre intention n'est point de
blesser ses éditeurs et rédacteurs. Nous
voulons seulement dire qu'elle sera impri-
mée et expédiée ce soir aux privilégiés qui
ont été jugés dignes de devenir ses abon-
nés.
Plus que jamais la Vo ix du Peuple tient à
ne pas être lue par les profanes. Quelques
personnes nous ont demandé où elles pou-
vaient se prrcurer ce périodique unique en
son genre. Irous ne pouvons que leur con-
seiller d'adresser aux bureaux du journal,
5, rue des Feuillantines, une demande d'a-
bonnement,dans laquelle eltesénuméreront
leurs titres, s'ils en ont. Ces demandes sont
soumises, paraît-il, par M. Cinqualbre, ad-
ministrateur, au comité occulte chargé
d'accepter ou de refuser les candidats à
l'abonnement. C'est sur les réquisitions du
directeur, M. Pierre Denis, qu'est pro-
noncé le dignus intrare ou le vade reirb.
Mais comme il est dans les habitudes du
XIXe Siècle de percer à jour les secrets les
mieux gardés, — quand leur divulgation
peut intéresser le public, — nous nous
sommes arrangés pour nous procurer les
bonnes feuilles de ce dixième numéro de
la Voix du Peuple portant la date de de-
main dimanche 7 septembre.
La Voix du Peuple reproduit l'intervi ew
avec le général Boulanger que le XIXe Siècle
a publié avant-hier. Elle fait précéder cette
reproduction d'un avis par lequel elle in-
forme ses lecteurs qu'après avoir pris con-
naissance de cet interview,elle a immédia-
tement averti le général Boulanger de cette
publication et que le général Boulanger a
répondu par ce mot : Exact.
La réunion du Lapin-Sauté
On sait que,dans une réunion privée des
membres d'un comité électoral qui a eu
lieu l'autre jour à l'estaminet du Lapin-
Sauté, M. Laguerre a déclaré qu'il avait
ignoré jusqu'au mois de septembre dernier
les pourparlers ayant existé entre le géné-
ral Boulanger et les royalistes.
La Voix du Peuple fait à M. Laguerre une
réponse qui ne laisse pas de paraître assez
topique :
- Aqui donc,dit-elle, M. Laguerre fera-t-ii croire
que, s'il ignorait les pourparlers ayant eu lieu
entre les royalistes et le général Boulanger, il
ignorait également les pourparlers et l'entente
entre les mêmes royalistes et les principaux
membres du conseil dit national, alors qu'il
dînait avec M. Naquet chez les chefs de la
Droite ; alors que lui et ses collègues, notam-
ment M. Le Hérissé, faisaient cause commune
avec les députés de cette Droite dans la cam-
pagne scandaleuse du boucan qu'ils avaient
entreprise; alors que, malgré Henri Rochefort,
il soutenait la candidature monarchique de
M. Auffrav, auquel le général Boulanger avait
refusé sa recommandation ; alors qu'il publiait
la liste si extraordinaire des candidats du parti
national, élaborée par le comité sous la haute
direction de M. Naquet et qui associait aux
fameux" républicains d'origine » les hommes
du 16 Mai et-leurs amis?
Voilà qui est autrement authentique que les
racontars des « Coulisses du boulangisme",
puisqu'on en peut trouver la preuve dans
tous les journaux, y compris le Journal offi-
ciel, et puisque ces faits ont eu le pays entier
pour témoin stupéfié.
On connaît l'histoire de la comtesse qui,
étant fortement endormie, ne savait comment
cela lui était arrivé. M. Laguerre et ses amis
ne peuvent prétexter d'un sommeil de deux
ans qui aurait été vraiment excessif. Tout ce
qu'ils peuvent faire, c'est de démontrer, com-
me M. Wirchow pour « la folie eliauvine »
dont il aurait été atteint, que, pendant deux
ans, ils ont été frappés d'un genre d'aliéna-
tion spéciale les rendant aveugles et sourds,
telle qu'ils ne savaient plus ce qu'ils faisaient,
qu'ils prenaient la Droite pour la Gauche, M.
de Breteuil pour M. Clemenceau, M. de Mackau
pour Félix Pyat, et qui, par une bizarre coïn-
cidence, n'a pris fin que lorsque des subsides
électoraux de la caisse des Droites ont été
épuisés.
Rendez le mandat
Plus loin, l'organe du général Boulanger
s'étonne du silence garde par certains jour-
naux boulangistes, et notamment par la
Presse, en présence de la publication des
« Coulisses du boulangisme n. Nous citons:
Ce sont de singuliers hommes politiques que
ceux qui, après avoir dirigé comme on l'a vu
les affaires d'un parti, après avoir mené une
campagne si outrageusement et lamentable-
ment tapageuse, et mérité les échecs infligés
à leurs combinaisons, ne peuvent trouver un
mot de réprobation pour une œuvre de mou-
chard qui peut mener leurs amis ou leurs as-
sociés de la veille devant la haute cour ou
la cour d'assises.
Ce sont d'étranges particuliers que ceux qui
se bornent à regretter un scandale au moins
encouragé par eux et dont ils finiront par être
victimes, mais qui n'éprouvent pas pour les
procédés des délateurs dénonçant leurs asso-
ciés de la veille le sentiment qui est celui de
tous les honnêtes gens, même peut-être celui
des mouchards de profession.
Dans la défaite qu'ils estiment « définitive »
de leur parti, les parlementaires de la Presse
croient devoir le silence à leurs amitiés d'hier,
mais ils ne songent pas assez qu'ils doivent
autre chose que le silence au public et à leurs
électeurs. Ils oublient trop qu'ils ont été élup
avec le patronage du général Boulanger, qu'ils
ont été nommés comme candidats boulangis-
tes, avec un programme boulangiste auquel
ils devaient être d'autant plus fidèles, qu'ils
avaient recherché ce patronage et fait ce pro-
gramme.
S'ils renient aujourd'hui ce patronage, s'ils
croient que leurs électeurs boulangistes,écœu-
rés par le spectacle des palinodies de leur
parti,se sont convertis, s'ils renoncent au pro-
gramme qu'ils promettaient d'accomplir qu'ils
rendent au moins leur mandat.
Les - électeurs ne les avaient pas nommés
pour gémir sur leurs illusions perdues et
pour exhaler le regret de coups de main non
accomplis, mais pour représenter une opinion
qui n'est plue la leur un parti qui, de leur
aveu, a cessé d'exister. S'ils se doivent le si-
ence à eux-mêmes, ils doivent leur mandat à
leurs électeurs.
LETTRE DE M. DÉROULÊDE
[MM. Pierre Richard, député, ancien secré-
taire général tic la Ligue des patriotes, et Bou-
deau, député, ancien délégué de la Ligue
des patriotes, avant eorit à Paul Dérouléd^
«•
pour lui demander son avis sur l'attitude que
devaient prendre les anciens ligueurs,ont reçu
la dépêche suivante :]
Mes chers amis,
Ce n'est pas la fin de la publication des
Coulisses du boulangisme, que la Ligue des
patriotes doit attendre pour faire une dé-
claration quelle qu'elle soitsi tant est
qu'elle ait besoin d'en faire une ; -- c'est la
réponse du général.
Jusque-là, le silence me paraît un devoir
d'honneur et de dignité. Il nous sera tou-
jours facile d'établir que les vieux ligueurs
sont de tout temps restés en dehors des
soi-disant compromissions monarchiques,
qu'ils n'ont jamais trahi la République,
qu'ils n'ont jamais voulu renverser que le
régime parlementaire, — et que leur seul
but était de réformer l'Etat, pour reformer
la patrie.
J'ajoute quant à moi que, loin de saisir
le prétexte des prétendues révélations du
Figaro pour donner avec éclat une démis-
sion à laquelle vous savez tous que j'étais
décidé depuis les dernières élections mu-
nicipales de Paris, j'en ajourne momenta-
nément l'envoi.
Il ne me convient pas de laisser donner
à un acte de conscience politique l'appa-
rence d'un nouvel acte d'accusation contre
un chef qui a eu depuis quatre ans toute
ma confiance, tout mon dévouement, toute
mon amitié.
Cordiales poignées de main,
Paul DÉROULDE.
SOMMATION A M. LAGUERRE
mns le Petit National, M. Edouard Ducret
met M. Laguerre en demeure « de donner à
l'opinion publique la satisfaction qu'elle ré
clamé », en obligeant M. Mermeix à démission-
ner de la Presse. Sinon, « M. Laguerre laisse-
rait le champ libre à toutes les suppositions,..
DUEL ROCHEFORT-THIEBAUD
La rencontre n'a pas eu lieu. —La
journée des gendarmes.
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL)
Gand, 5 septembre.
M. Henri Rochefort est arrivé à Gand, en
compagnie de sa nièce, de M. Vaughan et
de trois amis, hier soir, à onze heures.
Vous savez que le duel, qui devait avoir
lieu hier après-midi, avait été retardé de
vingt-quatre heures, sur la demande des
témoins de M. Rochefort qui manquaient
d'épées.
A midi, aujourd'hui, il est reparti avec
ses amis pour Selzaete, un petit village de
la frontière hollandaise. M. Thiébaud, venu
de Bruxelles, se trouvait en wagon dans le
compartiment voisin de celui où se trou-
vait M. Rochefort.
Mais après le bruit qu'avait fait cette
affaire, vous pensez bien que la police était
prévenue. Aussi, à Selzaete, au moment où
nous descendons du train, une trentaine
de gendarmes belges et une foule de
paysans et de paysannes, même des en-
fants, nous reçoivent. :,
Les adversaires et leurs témoins se jet-
tent dans les voitures,qui partent au grand
galop de deux chevaux. Et voilà gendarmes
et curieux qui courent derrière les lan-
daus, le long du canal de Terneuzen, sur
lequel passent de gros bateaux, dans un
pays plat, avec des dunes couvertes de
frênes.
Sous cette voûte sombre.
On arrive. A cinq cents mètres de la fron-
tière, à une heure et demie, sur le territoire
hollandais, les adversaires et les témoins
font halte. L'endroit est propice; la ren-
contre aura lieu sous une allée ombragée
de frênes qui doit rappeler à Rochefort des
souvenirs lointains, car c'est là, à cet en-
droit même, qu'il se battit en 1870 avec Er-
nest Baroche, fils de l'ancien ministre. Ro-
chefort le blessa. Ernest Baroche se fit bra-
vement tuer au Bourget.
Les combattants enlèvent leur redingote ;
M. Degeorge prépare les épées ; M. Ranson
s'apprête à prendre la direction du com-
bat; MM. Rochefort et Thiébaud vont croi-
ser la fer ; le soleil, qui se cachait derrière
les nuages, apparaît. lorsque un bon gen-
darme hollandais, qui courait à travers
champs depuis la frontière, suant, essouf-
flé, gémissant comme un soufflet d'e forge,
arrive et,dans une langue inintelligible,
clare que le combat ne peut avoir lieu. On
essaie de lui faire entendre raison. Peine
perdue.
La course
Les voitures reviennent alors dans la di-
rection de Selzaete, traversent le canal, et
les témoins vont se concerter dans un pe-
tit estaminet.
Une heure après, tout le monde remonte
en voiture, et l'on rentre dans la direction
de Gand.
Cependant, à un kilomètre de Gand, les
voitures s'arrêtent et, de nouveau, on essaie
de commencer le duel. Cette fois, c'est qua-
tre gendarmes belges, qui couraient depuis
Selzaete, qui rejoignent les combattants et
s'opposent au combat. Les enfants et les
paysannes rient beaucoup de tout cela.
Les voitures repartent, mais les gendar-
mes suivent toujours en courant, jusqu'à
Terdonek, distant de 7 kilomètres de Gand.
Là, les gendarmes s'arrêtent épuisés, mais
les combattants sont lassés; tous ces inci-
dents les ont énervés, et, d'un commun ac-
cord, témoins et adversaires rentrent di-
rectement en voiture à Gand. Il est six
heures.
Le duel est devenu impossible en Belgi-
que et en Hollande, où la police est sur le
qui-vive. Ce qui prouve qu'on ne peut se
battre en duel qu'en France et que, lors-
qu'on est proscrit, on ne peut croiser le fer
nulle part. ,'
Adversaires et témoins sont rentrés à
Ostende.
Procès-verbal
Voici le texte du procès-verbal d'engage-
ment de l'affaire, rédigé par les quatre té-
moins :
A la suite de la publication, dans l'intransi-
geant du 1er septembre 1890, d'un article de
M. Henri Rochefort, M. Georges Thiébaud a en-
voyé à M. Henri Rochefort MM. Jules Ranson
et Jules Guérin pour lui demander une répa-
ration par les armes.
M. Henri Rochefort, bien que le nom de M.
Georges Thiébaud ne fût pas prononcé dans
son article, s'est -mis à la disposition de ce-
lui-ci et a constitué pour témoins MM. Ay-
raud-Deeorge et A.-H. Montégut.
Il a été convenu qu'une rencontre à l'épée
aura lieu sur le territoire hollandais.
Le combat continuera jusqu'à ce que l'un
des deux adversaires soit dans un état d'in-
fériorité constaté par les médecins.
Paris, 3 septembre 1890.
Pour M. Ilenri Rochefort ; •
AYRAUD-DECEORGE,
A.-H. MONTÉGUT.
Pour M. Geoigtis Thiébaud:
JULES RANSON,
JULES GutRU",
CHRONIQUE
J'ai reçu, depuis mon dernier article
sur l'affaire de Toulon, un grand nombre
de lettres : qui me permettent d'éclaircir
les faits et de fixer les reponsabilités.
Il paraît que, dans cette affaire, tous
ceux qui s'y sont trouvés mêlés ont eu
tort.
Un soldat se grise, il étale dans la rue
le spectacle de son ivresse : c'est un pre-
mier tort. Il oublie ou refuse de faire le
salut réglementaire à un officier qui
passe : c'est un second tort, infini-
ment plus grave que le premier au point
de vue de la discipline militaire.
L'officier l'arrête de sa propre main.
C'est un tort, les règlements interdisant
à un officier de se commettre avec un sol-
dat ivre. On a craint, et avec raison, que
le soldat, chaud de vin, ne se portât à
quelque insulte ou, pis encore, à quelque
voie de fait, dont le conseil de guerre se-
rait obligé de connaître et qu'il devrait
punir avec la dernière rigueur. Le devoir
de l'officier, en pareil cas, est de prendre
le numéro du soldat et de le faire recon-
duire à la caserne par d'autres soldats,
avec qui il pourra échanger des horions
sans que la chose tire à conséquence.
: Le sous-lieutenant était jeune; il n'a
pù souffrir que le soldat, détalant, eût
l'air de se moquer de lui ; il s'est lancé à
sa poursuite, l'a rejoint et lui a mis la
main sur l'épaule. C'était uu oubli des
règlements, et c'est un oubli pour lequel
on lui eût infligé une punition alors
qu'il ae fût pas allé, en compagnie de
trois camarades, frapper un de nos con-
frères qu'il lui était loisible de provo-
quer en duel.
Mais la foule qui a pris parti pour le
soldat contre l'officier a eu plus tort
encore que l'officier et le soldat. Je l'avais
déjà dit avec une grande vivacité de lan-
gage ; mais je crois bon d'y revenir, car
j'ai trouvé sur ce point, dans les lettres
qui me sont arrivées, tant de récrimina-
tions, et si vivement exprimées, que j'en
ai été tout surpris. Je ne croyais pas
m'attaquer à un préj ugé si répandu et si
vivace.
Non, vous n'imaginez pas le nombre de
gens — et parmi eux, des femmes, des
mères de famille — qui m'ont dit : Vous
défendez les officiers ! Vous ne savez pas
comme ils abusent de leur autorité,
comme ils sont exigeants et durs avec les
pauvres jeunes hommes qui passent par
le régiment !
J'aurais quelque honte à reproduire ces
plaintes.
Savez-vous le mal dont nous mourons
en France? Personne n'y veut plus obéir.
L'enfant n'obéit plus dans la maison pater-
nelle ; l'élève n'obéit plus au lycée ; l'ou-
vrier n'obéit plus à l'atelier; le domesti-
que n'obéit plus dans le ménage : chacun
veut être l'égal de tous. L'armée s'était
jusqu'à ce jour préservée de ce virus éga-
litaire. La voilà qui, maintenant, com-
mence- à eu être attaquée. Le soldat ne
veut plus obéir à l'officier, et le public
trouve bon qu'il ne lui obéisse plus.
Comment! voilà un soldat qui manque
à un des devoirs les plus étroits de la
discipline militaire; un officier le rappelle
à l'ordre, et c'est à l'officier que la foule
donne tort. La foule, j'en reviens là, n'a-
vait pas à se mêler de cette affaire. Mais
à supposer qu'elle prît parti, c'est évi-
demment à l'officier qu'elle aurait dû
prêter main forte, car c'est lui qui repré-
sentait à la fois et l'autorité et la règle.
Mais voilà! personne ne veut plus de
règle ni d'autorité! Quand un gardien de
la paix met la main au collet d'un voleur,
il y a cent à parier contre un que si le
public s'émeut, c'est contre le gardien de
la paix qu'il va se tourner. Le gardien de
la paix ne représente-t-il pas l'autorité et
la règle !
Toutes ces récriminations passionnées
que j'ai lues cette semaine contre la ru-
desse de l'officier auraient pu se résu-
mer dans cette simple et courte formule :
L'officier veut qu'on obéisse à la règle,
comme il y obéit lui-même, et ça nous
ennuie d'obéir, car la règle est pénible et
dure. On en veut à l'officier de faire son
devoir, qui est de maintenir la disci-
pline, car sans discipline il n'y a pas
d'armée.
Non, nous n'avons plus en France l'es-
prit de discipline! Il est déjà fâcheux
qu'il ait disparu de toutes les conditions
sociales ; s'il vient à s'affaiblir même dans
l'armée, ce sera la fin de la fin. Il n'y a
qu'un moyen de l'y ranimer et de l'y
raffermir, c'est de ne jamais nous per-
mettre ni un mot ni un geste qui puisse
amoindrir le prestige de l'uniforme, c'est
d'élever nos enfants dans le respect de
l'épaulette, c'est de nous ranger toujours
du côté de la règle, c'est de nous astrein-
dre nous-mêmes à une inflexible discipline
morale.
Lorsqu'une affaire a été mal engagée,
— c'est une remarque que l'on a souvent
faite, — elle aboutit toujours à de nou-
velles sottises.
Tout le monde avait eu tort, en prin-
cipe, dans, celle dont nous nous oc-
cupons. Les torts se sont accumulés et
aggravés.
Quelques-uns de nos confrères se sont
élevés avec une grande violence de lan-
gage contre le sous-lieutenant en cause.
J'ai d'autant moins à les juger que je n'ai
pas sous les yeux les pièces du procès. Je
crois, en général, qu'ils auraient mieux
fait de se taire et de laisser le colonel ou
le général rappeler à l'ordre ceux qui s'é-
taient rendus coupables d'y avoir man-
qué. C'était une de ces occasions où le
silence est d'or.
L'article de l'un d'eux a mis en fureur
le sous-lieutenant visé et quelques-uns
de ses camarades. Ils sont allés en bande
bousculer le journaliste dans son bureau
de rédaction. C'était un tort, assurément,
et un tort grave, car ou ne doit jamais se I
faire justice à soi-même. Notre confrère,
M. David, a prouvé depuis que si l'on
était venu lui demander raison dans les
formes, il n'aurait pas boudé. Ces vio-
lences
lences étaient donc parfaitement inu-
tiles. :
Le colonel Inflige trente jours d'arrêts
au sous-lieutenant.
On aurait pu croire que l'affaire en
resterait là. Point du tout : un des ca-
marades de ce jeune officier prend sa
place et envoie ses témoins à notre con-
frère.
M. David aurait dû répondre : Je n'ai
jamais entendu dire que l'on se battit
par procuration. Celui qui prétend avoir
été offensé par moi est aux arrêts et ne
peut sortir, mais il sera libre dans trente
jours. Je l'attendrai. Trente jours, ce
n'est pas un siècle, nous viderons notre
querelle ensemble. ,..Je ne vous connais
pas; vous n'êtes pas son mandataire, car
je n'imagine pas qu'un officier fran-
çais déléguerait à son camarade le soin
de se battre à sa place. Je décline toute
rencontre avec vous.
Ce langage, qui était le seul à tenir en
la circonstance, eÙt été approuvé par tous
les hommes de sens. M. David, lui aussi,
a donc eu tort ; mais c'est un tort bien
véniel. On comprend qu'il ait cédé, lui
pékin, à' un faux point d'honneur, et
qu'il n'ait pas voulu avoir l'air de se dé-
rober à une provocation.
Ce sont les témoins qui auraient dû.
s'interposer.
J'ignore à quel sentiment ont obéi les
deux témoins de M. David. Je suis con-
vaincu que M. Ranc ni Scholi n'auraient
permis ce duel. Notre confrère avait une
affaire avec le sous-lieutenant incriminé :
c'est avec lui, et avec lui seul, qu'il devait
la terminer.
A supposer qu'il fût sorti vainqueur
de la rencontre qu'on lui proposait, il
aurait donc été néanmoins obligé de
se tenir à la disposition de l'officier of-
fensé par lui et d'accepter, trente jours
après, un nouveau duel pour le même
fait. ,
Il a, par malheur, été blessé, et assez
grièvement, dit-on. Il est à craindre que
ce nouvel incident n'échauffe encore les
têtes, qui sont déjà fort montées à Tou-
lon, et que de nouvelles affaires ne se
greffent sur celle-là. Une première incor-
rection en amène beaucoup d'autres.
Comment sortira-t-on de là ?
- Francisque Sarcey.
Lire à la seconde page les a Coulisses
de la réunion du café Riche ».
DUELS ENTRE BOULANGISTES
Série de duels à l'horizon, comme consé-
quences de la publication des « Coulisses du
boulangisme" et, aussi, de la réunion tapa-
geuse du comité" républicain national"
au café Riche.
M. Mermeix a envoyé ses témoins à M.
André Castelin, député de l'Aisne, pour
avoir reproduit dans la Cocarde l'article de
Jaqueline.
Les témoins de M. Mermeix sont MM. Jo-
seph Lacroix, ancien président du comité
républicain socialiste du septième arron-
dissement, et André Lecointe, un de ses
amis.
M. Castelin a, lui aussi, constitué ses té-
moins. Ce sont MM. Edouard Ducret, direc-
teur du Petit National, et Pierre Richard,
député.
ces messieurs ont eu d'abord à examiner
si M. Castelin pouvait, après les incidents
de la veille, accepter une rencontre avec
M. Mermeix.
Ils ont décidé de soumettre le cas à un
arbitrage.
Ils se sont adressés à M. Portalis, direc-
teur du XIXe Siècle, et lui ont demandé :
lOSi on pouvait, après les récentes polé-
miques, après la publication des Coulisses
du boulangisme et le procès-verbal de la
réunion du café Riche, se battre avec M.
Mermeix.
2° Si la reproduction de l'article signé
Jacqueline dans la Cocarde constituait un
outrage dont M. Mermeix fût en droit de
demander réparation au directeur de la
Cocarde, M. Castelin.3
M. Portalis a répondu, sur la première
question, qu'elle ne pouvait absolument
pas, selon lui, faire l'objet d'un arbitrage ;
et, sur la seconde, que si M. Castelin avait eu
— comme ses témoins semblaient le recon-
naître — une intention outrageante en re-
produisant l'article paru dans le Gil Blas,
il ne pouvait arguer de ce que l'article avait
paru d'abord dans un autre journal pour
refuser une réparation à M. Mermeix.
On annonce encore que M. Millevoye,
député boulangiste de la Somme, va rece-
voir les témoins de M. Mermeix.
Enfin, M. Mermeix a envoyé des té-
moins à M. d'Hubert, directeur du Gil Blas,
pour un. article des plus violents paru
avant-hier dans ce journal, sous le pseudo-
nyme « Jaqueline », qui est celui de Mme
Séverine.
Les témoins de M. Mermeix, MM. Mayer-
Lévy et Lecointe, après s'être rendus au
Gil Blas, lui ont écrit la lettre suivante :
Paris, le 5 septembre 1890.
Mon cher ami,
Il a paru dans le Gil Blas un article que
vous avez jugé, ainsi que nous, offensant pour
vous.
Cet article était signé du nom de Jacqueline,
qui, de notoriété publique, appartient à Mme
Séverine, ex-directrice du Cri du Peuple..
Nous avons donc, en votre nom, demandé à
être mis en rapport avec M. d'Hubert, direc-
teur du Gil Blas, et comme tel responsable
des articles dont les auteurs ne peuvent être
pris à partie.
En l'absence de M. d'Hubert, nous avons été
reçus par M. Raoul Bénédict, qui nous a dé-
claré :
Ie Que M. d'Hubert, en ce moment à Aix-les-
Bains, n'avait pas eu connaissance de l'article
que nous incriminons ;
2° Que le secrétaire de la rédaction du Gil
Blas, M. Jules Ouérin, était également absent
de Paris et se trouvait dans le même cas que
M. d'Hubert;
3° Que, quant à lui, M. Bénédict, remplissant
par intérim les fonctions de secrétaire de
rédaction du Gil Blas,il accepterait la respon-
sabilité de l'article dans le cas où M. de La-
bruyère, qui l'avait apporté au Gil Blas en
s'en déclarant l'auteur, déclinerait cette res-
ponsabilité.
Dans ce.s circonstances, mon cher ami, nous
sommes plus que jamais à votre disposi-
tion.
MAYrR-Lùvv,
LECOINTE. ,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.65%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.65%.
- Auteurs similaires Chadeuil Gustave Chadeuil Gustave /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Chadeuil Gustave" or dc.contributor adj "Chadeuil Gustave")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7560349j/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7560349j/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7560349j/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7560349j/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7560349j
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7560349j
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7560349j/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest