Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-05-29
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 29 mai 1890 29 mai 1890
Description : 1890/05/29 (A19,N6709). 1890/05/29 (A19,N6709).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7560248s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-neuvième année.— N° 6,709 CINQ CENTIMES Paris et Départements — CINQ Centimes JEUDI aHAlltsOO
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
il 1 B. Rue iMontmaxtr®
PARIS
DIRECTEUR POLITIQUE
A. - EDOUARD PORTALIS
PRIX DE l'ABONN'IENT :
tfaris. lnia Il., 6U sàmou*. 11L; San, SOI
Separtemeots - 7L; — i2.: — Ulk
Itoèen Postale — 9L; — 16t; — 32fr
abonnement» partent des 1** et 15 rie chaque MO.
Adresse télégraphique : XIX. sIÈCLE — PARIS
Téléphona : 20.289 bit.
ADMINISTRATION
148, Roue .a:wJ:ont.rnaJ-t-l'.
PARIS
RÉGISSEURS D'AN MO no ES
MM. LAGRANGE, CBRF çaib DI
8, place de la Awm, 6
PRIX OE I/MOMEI'HT :
Paris. Mi Mb, 61.; Sa MM, il la M, 20 t.
Départements — TU - 12 fo: — 241
Union Postale - 9(4 — IlL: — 321
Le* abonnement» partent du 1" et 15 de Mat.
idnm ttMgrtphiii va : XIX- SIÈCLE — PiBIS
Téléptao * : 30.380 bit.
LES
APRÈS ÎLE LA C MISSION du buduet
FIN DU VOYAGE PRÉSIDENTIEL
PROTESTATION DES ÉTUDIANTS
Le Drame de la rue de Provence
LES EMBARRAS
DE LORD SALISBURY
Le marquis de Salisbury, chef du
cabinet britanique et minis're des af-
faires étrangères, est apparemment le
plus occupé des hommes d'Etat euro-
péens. Il n'a pas seulement à diriger
de- front le gouvernement de l'empire
le plus vaste et le plus peuplé du
monde : il doit aussi résoudre une mul-
titude de questions litigieuses. L'An-
gleterre n'a pas de front ères, grâce
au «ruban d'argent » qui l'entoure.
Mais, comme elle a des possessions
dans toutes les parties du monde, Ile
a partout des intérêts à débattre, des
prétentions à soutenir et des conquê-
tes à continuer. Car, depuis peut-être
un quart de siècle, il ne se passe pas
d'année sans que les Etats de la reine
Victoria reçoivent quelque notable
augmentation.
Mais, à force de s'étendre, on finit
par coudoyer ses voisins. S'ils sont
faibles, comme le Portugal, on les
bouscule pour les obliger à faire
place. S'ils sont forts, comme l'Alle-
magne, il faut bien négocier. Compa-
rée à l'Angleterre, l'Allemagne est
une puissance maritime et coloniale
bien jeune, mais la jeunesse est en-
treprenante et les Hohenzollern n'ont
point coutume de faire des conces-
sions. Le verbe « prendre » fait le
fond du, vocabulaire po'itique des
deux nations. Après Sadowa et Se-
dan, les Anglais se sont mis à admi-
rer passionnément-les Allemands et
ont revendiqué bien haut l'honneur
de leur parenté. Cette parenté s'ac-
cuse de plus en plus et se signale
surtout par une certaine similitude de
tempérament, par une manière de
voir presque identique en ce qui con-
cerne le bien d'autrui, et notamment
les biens sans maître, c'est-à-dire les
pays habités par des peuples qui ne
possèdent ni fusils à tir rapide ni ca-
nons se chargeant par la culasse.
La question des limites à établir en-
tre le domaine germanique et le do-
maine britannique dans l'Afrique
orientale devient de plus en plus brû-
lante. Lord Salisburr, qui attache un
grand prix à l'amitie de Guillaume II,
se montrait assez conciliant, et l'opi-
nion ne lui en aurait pas fait un crime,
sans l'intervention inopinée de M. Stan-
ley. Le grand voyageur n'est pas
homme à s'endormir sur ses lauriers,
ni même sur ses myrtes; ni la gloire
acquise, ni les joies conjugales ne suf-
fisent à son activité. Il fait des dis-
cours et écrit des lettres, et le refrain
de ses harangues comme de ses épîtres,
c'est que l'Angleterre est en tra n de
se laisser duper par ses bons cousins
des bords de leibe. Lord Salisbury a
répondu, comme répondent volontiers
les ministres et les diplomates, que
les intérêts du pays sont en bonnes
mains, que rien n'est encore conclu,
qu'on l'accuse avant de savoir ce qu'il
fait; on connaît cette façon de parler.
Mais M. Stanley réplique, dans les co-
lonnes du Times, par une philippique
contre l'avidité des Allemands et la
faiblesse du cabinet anglais.
Nous ne savons comment lord Sa-
lisbury se tirera d'affaire et conciliera
les prétentions coloniales de ses amis
de Berlin avec le chauvinisme de ses
compatriotes de Londres. Il est pro-
bable qu'en ce moment il trouve im-
portun le héros auquel on a fait na-
guère un si pompeux accueil sur le sol
de la Grande-Bretagne, et qu'il par-
tage l'opinion d'Emm-pacha sur l'hu-
meur alcière et impérieuse de cet en-
vahissant personnage; car il tient à
entretenir de bonnes relations avec la
cour de Berlin, et il pense sans doute
que la reconnaissance de Guillaume II
vaut bien quelques arpents de sable.
Si les colonies qu'ou 'veut acquérir
causent quelque embarras,les colonies
qu'on possède sont aussi parfois une
source d'ennuis. L'Angleterre a donné
a ses possessions lointaines, à celles
du moins qu'habitent des colons d'ori-
guie européenne, une autonomie qui
deevre la mère-patrie du souci de les
adfflftnisti er, mais cette autonomie a
bien ses inconvénients. Les colons, ha--
bitues à faire eux-mêmes leurs affai-
res, sont souvent indociles et se mon-
tent prêts à entraîner le gouverne-
ment britannique dans des querelles
dont il se passerait bien. C'est ainsi
que la question de Terre-Neuve, que
le cabinet de Londres paraît vouloir
régler en tenant compte de nos droits
consacrés par une longue suite de
traités, est singulièrement compliquée
par la violence des Terre-Neuviens.
L'arrangement provisoire sur le-
quel s'étaient mis d'accord les gouver-
nements français et anglais n'a pas
été accepté par la population et le
Parlement de Terre-Neuve. Cette co-
lonie de deux cent mille âmes tient
en échec la diplomatie de deux grands
peuples, se moque des conventions les
plus solennelles et travaille avec une
sorte de rage à provoquer un conflit.
Les mesures de police, que les station-
naires français ont toujours prises
sans résistance pour assurer le main-
tien du privilège de nos pêcheurs, sont
présentées comme des agressions
odieuses par les habitants de Terre-
Neuve, qui déclarent que nous avons
envahi à main armée le terri-
toire britannique, et qui menacent de
refuser l'impôt et de se mettre en in-
surrection, si la mère-patrie ne fait
pas droit à leurs réclamations les plus
audacieuses. Il faut ajouter que la
presse de Londres, qui ne se distingue
pas par un respect profond pour les
droits d'autrui, prend volontiers fait
et ca ise pour les brouillons. Elle es-
time que les citoyens anglais ne peu-
vent pas plus avoir tort que les ci-
toyens romains du temps de Marius
et de Pompée.
Lord Salisbury ne partage sans
doute pas cette opinion, ou du moins
il comprend que l'Angleterre n'a pas
intérêt à la mettre tous les jours en
pratique, à rompre en visière à tout le
monde à la foi. Il se sent débordé et
entraîné par la fureur d'expansion qui
possède aujourd'hui ses concitoyens
et que son prédécesseur, lord Beacons-
field, n'a pas peu contribué à surex-
citer. Soutenir dans tout l'univers les
prétentions d'une politique de con-
quête à outrance, c'est une lourde tâ-
che, même pour le gouvernement
d'une aus i puissante nation.
Le « XIX" Siècle a publiera demain la
« Chronique » par M. Francisque - Sarcey.
UN GROUPE RADICAL
Bruits de couloirs. — Rien de fait
On recommence à parler de la constitu-
tion de groupes politiques parmi les mem-
bres de la majorité républicaine au Pa-
lais-Bourbon. Le premier fondé serait
le groupe de l'U ion radicale, recruté parmi
les anciens éléments. de l'Extrême-Gauche
et de la Gauche radicale. Il paraît, toute-
fois, que cette tentative de reconstitution
rencontre d'assez vives résistance auprès
d'un certain nombre de radicaux.
GUILLAJME Il EN RUSSIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 27 mai.
La prochaine visite de l'empereur Guil-
laume au tsar Alexandre aura iieu en août.
Le souverain allemand arrivera à Péters-
bourg le 114 ou le 15 août. Son séjour sera
d'une dizaine de jours, pendant lesquels il
assistera aux manœuvres à Tsarskoë-Selo
et à Narva. Il retournera directement eu
Allemagne pour diriger les manœuvres im-
périales, sans passer par Moscou ni par
Varsovie.
LA VIEILLISSE DE KOSSUTH
L'état de santé du patriote hongrois
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIBR)
Turin, *X1 mai.
Le grand patriote hongrois Kossuth, qui
a été très malade, est aujourd'hui complè-
tement remis. Quoique âgé do quatre-vingt-
six aus, il travaille neuf heures par jour a
une grande his.oire de Hongrie.
Pour se remettre complètement, l'illustre
vieillard ira cette semaine à Saint-Genis,
près Chiva, so. Il se rendra ensuite à Sor-
rente, où il s'établira définitivement au-
près de son fiis, directeur ue l'exploitation
des chemins de for méditerranéens.
Turin va perdre en lai un de ses meil-
eurs citadins, car il habitait notre ville de-
puis de très longues années.
DÉLOJVERT ARCHÉOLOIOUE
EN CRIMEE
• Une catacombe vieille de 3,000 ans
Kertscti (Crimée), 27 mai.
Dans la ville de Kert-ch ou a découvert,
à quatorze pieds sous la terre, une ca.a-
combe énorme consistant eu trois compar-
timents. Les 111urs sont couverts par des
peintures à f.esque représentant des dieux
grecs avec des scènes au la vie de la Grèce
antique. La chose la plus intéressante est
une inscription en grec archaïque dont
voici la traduction exacte : Ce sanctuaire
est construit par jSorak, qui jamais n'a
profané dans sa vie les ossements de ses
semblables, et qui, par cette raison, con-
jure les gens qui croient aux dieux de ne
pas toucher à aes osooinents. Dans e cas
où on ne l'écouterait pas, les dieux se
chargeront de punir ces nrofanateurs. »
D'après le journal Krym, cette catacombe
doit remonter au temps de la guerre de
Troie, vieille de plus de 3,000 ans. i
UN RÉSERVISTE CONDAMNÉ AUX
TRAVAUX FORCES.
.,, Grenoble, S7 mal.
Lo resem. ste 'lliuy, qui tua le soldat Gi-
rauit, du 56e régiment d'infanterie, d Chalon-
sur-Saône, vient d'être condamné à viugt ans
de travaux forcés par le conseil de guerre de
GrcUüblè. après cassation des arrêts rendus à
Bourges et a Lyon, qui le condamnaient aux
travaux forcés à perpétuité.
LES BEAUX-ARLS
LE BUDGET DE 1891
Rapport de M. Proust à la commission
du budget. — L'Opéra, la villa Mé-
dicis, les grandes eaux de Ver-
sailles. — Des économies 1
des économies 1
La commission du budget a tenu hier
une longue séance, consacrée tout en-
tière aux beaux-arts, un budget « parisien w
s'il en fut Tout y a passé : les bâtiments ci-
vils. l'Opéra, la villa Médicis, jusqu'aux
grandes eaux de Versailles, Saint-Oloud,
Marly, ces joies de la banlieue, le diman-
che. Et sur tous les chapitres, la couimi -
sion du budget, l'impitoyable commission,
a coupé, rogné, diminué, avec une énergie
farouche.
Il faut bien faire des économies!
C'est M. Antonin Proust, on le sait, qui
est rapporteur de cette partie du budget.
Son rapport, purement verbal, est rempli
de choses intéressantes.
Deux points principaux ont été traités
par lui : 1° les ba.iments civils; eles théâ-
tres subventionnés.
Les bâtiments civils
Sur le premier point, M. Proust émet le
vœu de voir supprimer la direction des bâ-
timents civils, dont les services seraient fu-
sionnés avec ceux des beaux-arts. Cette ré-
forme donnerait une économie de cinq cent
mille francs.
Le rapporteur rappelle que cette idée a
été déjà suggérée en 1 8Aïi par Mérimée,
alors inspecteur des beaux-arts, dans un
rapport adressé à Ledru-Rollin, et en 1875
par M. Edouard Charton, au nom d'une
commission de l'Assemblée nationale.
Toutefois M. Proust, estimant qu'aucune
réforme administrative ne peut être faite
par la loi de fillauces, en dehors de l'ini-
tiative du gouvernement, ne fait qu émettre
uu vœu et demande que le ministre soit
entendu afin d'exposer devant lui les mo-
tifs en faveur de cette mesure.
Les théâtres
Sur le second point, les théâtres, M. An-
tonin Proust se demande si l'E at, qui tous
les ans fait un sacrifice pécuniaire dans un
intérêt artistique en faveur d'entreprises
privées, trouve dans le système actuel des
garanties et des sécurités suffisantes :
« Je suis d'avis, dit-il, que les subventions
doivent être continuées, mais j'estime que
le régime des cahiers des charges est défec-
tueux. Ces cahiers des charges sont les
seules conventions passées par l'Etat qui
neoint pas soumises a la ratification par-
lementaire
» Les cahiers des ch, arges renferment
des clauses restrictives ou même prohibi-
tives qu'il dépend du ministre de faire res-
pecter ou fléchir, suivant qu'il sera rigou-
reux ou complaisant à l'égard de tel ou tel
dil'edeur..
» C'est, en un mot, l'arbitrai.re pur et
simple. » ,
M. Proust se borne a exposer les divers
côtés de la question, en se demandant s'il
faut adopter le système de la régie ou ce-
lui de la concession avec la liberté absolue,
sous réserve de révocation du concession-
naire en cas d'insuffisance.
L'Opéra
Quant à l'Opéra, M. Antonin Proust ex-
pose un système spécial d'exploitation.
D'après lui, il faudrait reprendre d'au-
ciennes traditions abandonnées et admettre
le personnel de l'Opéra à la « participation
aux bénéfices par groupes ». -
Ainsi, il y aurait le groupe ues wnun,
le groupe des barytons, le groupe de l'or-
chestre, etc., et le personnel de chaque
groupe participerait aux bénéfices d'après
le système des cachets.
Cela rappelle un peu les fameux « grou-
pe* sympathiques de M. Turquet.
M. Clemenceau préconise le système des
tournées en province. Il s'élève surtout con-
tre l'imprévoyance de l'Etat, notamment
en ce qui concerne la conservation des
décors.
« Ah! oui, l'Etat est imprévoyant, ajoute
M. Antonin Proust. Il est absolument im-
prévoyant sur ceLe question des décors, et
cette imprévoyance a été telle qu, à l'en-
trée à l'opéra des directeurs actuels, on n'a
même pas fait l'inventaire des décors.
» Le cahier des charges, incomplet autant
que mal rédigé, dit simp.ement : « Les dé-
cors devront êl'e tenus en bon é.at de ré-
paration. » Par qui ? sur quelles ressour-
ces? Mystère et discrétion.
Kien ue déterminé à cet égard.
« Le directeur sortant est tenu à la re-
mise des objets « en nombre »,mais nOll enl
valeur. Donc, pas de sanction sérieuse à
l'obligation d'entretenir etde réparer. »
L'Ecole de Rome
M. Antonin Proust coutmue:
« Quand à l'Académie de France à Rome,
nous en sommes au systèmede 1848: claus-
tration des concurrents, voyage obligatoire
en Sicile, sujets mythologiques ou sacres à
traiter ».
Et le rapporteur demande que cela fi-
nisse. « Il faut rajeunir l'institution ; les
artistes récompenses doivent être autorisés
à sejourner coin me ils le voudront à la
vina Medicis ; les élèves ne doivent pas être
condamnés à y rester trois ans internés. »
Et M. Proust insinue que le crédit actuel.
qui s'élève à 154,ouO irancs, devrait être
applique à multiplier les « stations artisti-
ques ». Dans ces stations, on recevrait,
ainsi qu'à la vida Méuicis, les élèves ayant
des bourses de voyage.
Les réductions
Puis la commission se met à réduire.
Elle opère, sur le chapitre concernant
les inspecteurs des beaux-arts, une réduc-
tion correspondant à la suppression de
quatre inspecteurs sur huit ; eue supprime
les frais de tournee des inspecteurs main-
tenus.
Elle réduit de 30,000 francs le chapitre de
l'Ecule des beaux-arts, avec indication
d'une transformation nécessaire dont le
principal objet serait de supprimer ies ate-
liers officiels, et de donner des bourses aux
élèves pour leur permettre de suivre les
ale.icJ'b de leur choix.
Elle supprime, sur la proposition de M.
Joseph Reinach, ie crédit affecté à lamanu-
lactui e de Sèvres, 6âA,A5o francs d'un coup,
et iLe invite le ministre compétent à étu-
dier la question de l'établissement d'une
école de céramique qui remplacerait notre
glorieuse et vieille manufacture. C'est-à-
dire': suppression et rétablissement.
bupprimer un art «aauonai » comme le
vase de Sèvres ? Que pourrait donc donner
en prix aux Sociétés de gymnastique le
président de la République 7 ymnastique le
Enfin, elle opère les réductions sui-
vantes :
25,000 francs affectés à l'école des mosaï-
ques;
M,000 francs correspondant à la sup-
pression du conseil des bâ iments civils ;
150,000 francs sur l'entretien des bâti-
ments civils;
50,000 francs sur le service des grandes
eaux de Versailles, Saint-Cloud et Marly.
Pleurez, Nymphes!
Après quoi la commission s'ajourne, es-
timant qu'elle n'a pas perdu son temps.
L'AMIRAL D\Î,.EnRÉ
Le nouvel état-major de l'escadre de la
Méditerranee. — La maison
Sallandrouze.
L'amiral Duperré ne donne pas sa dé-
mission. Au contraire : il est en train de se
composer son entourage de fidèles.
Il a choisi pour chef d'état-major le ca-
pitaine de vaisseau Sallandrouze de Lamor-
naix. Sadandrouze! un drô.e de nom, en
véri é, pour un officier appelé à servir de
second à un amiral aussi bonapartiste que
l'a été et que l'est sans doute encore M.
Charles Duperré.
D'autre part, i amiral Duperré a pris pour
capitaine de pavillon M. Roustan, frère du
ministre de France aux Etais-Uuis et com-
mandant du Roland, qui est actuellement
a Kotonou. --
« On s'est, dit le Figaro, montré quelque
» peu surpris, dans ia marine, de cette ué-
* siguation qui va prendre un officier
>» ayant u.i commandement actif au Daho-
» mey devant l'ennemi. »
La marine et le Figaro ont, en vérité, de
la candeur à revendre. N'est-ce pas là, tout
simplement, la continuation do 1'œuvl'e de
désorganisation que la dynastie des Du-
perré poursuit avec une ténacité systéma-
tique, — et trop de succès, hélas! — depuis
quinze ans ?
EMPRUNT DE 60 MILLIONS
Pour l'Indo-Chine. — Les exigences
des banquiers. — Les bases
ae l'entente.
Dès le mois de janvier dernier, long-
temps avant tous nos confrères, nous avons
annoncé que la Chambre serait saisie d'une
demandé d'emprunt pour FIado-Chine.
L'emprunt devait d'abord être de cent
millions. Il a été réduit à soixante.
Son butapparentest l'exécution de grands
travaux publics; mais il est aussi des iné en
réa.ité à couvrir le déficit du budget de la
Cochinchine et le déficit du budget du
Tonkin.
Avant la discussion devant la Chambre,
M. Etienne, sous-secrétaire d'Etat aux co-
.ouies, a cherché preneai pour cet emprunt.
Il a eu a cet effet une entrevue avec M.
Sautter, directeur de la Banque de Paris
et des Pays-Bas qui dans la circonstance
représentait également plusieurs autres éta-
blissements de crédit.
M. Sautter a refusé u'abord de prendre
ferme l'emprunt de 60 millions. Il deman-
dait la garantie de t'g.aL français.
Néanmoins, sur les in.,tauces de M.
ELÍcane, une entente a fini par s'établir.
Les établissements de crédit garantiront le
montant de l'emprunt, mais à la couditiun
(acceptée par M. Blienlle) que la souscrip-
tion publique prenne les apparences d'un
emprunt u'Eiat, par l'ouverture des gui-
chets du ministère des finances et des tré-
soriers généraux.
LES COMPAGNIES &JE UI.iC;.r'INE
La question à l'étude. — Une démar-
che ae M. Miilerand. — Uu décret
La Chambre est saisie en ce moment
d'un projet de loi déposé par le ministre
de la guerre sur la suppression de la com-
pagnie des pionniers de discipline au
Tonkin.
La promulgation de cette loi sera accoui-
pagnie ue la publication a uu important
uécret sur le régime des compagnies de
discipline et d'une instruction ministé-
rieiie y jointe. Lu projet en a été adresse,
il y a huit jours, aux géuéraux comman-
dant en Algerie et on Tunisie pour rece-
voir leurs observations.
C'est à la suue de la publication du li-
vre Biribiy par M. Darien, et d'une démar-
che faite t ar M. Millerand, député de la
beine, auprès du ministre de la guerre,
que M. de rreycinet insititua, sous La pre-
sidence de M. le commandant Bazin, atta-
ciié à l'état-major général, une commis-
ion chargée u'écuaier la question ues
compagnies de discipline.
Le résultat de ses travaux est le décret
en question. Il codifie les dispositions
épaises jusqu'alors dans la collection du
journal uuuta.re et modifie dans uu sens
nuinanitaire certains errements regretta-
oies, tels que l'usage des fers.
UNE IHIIAJIUH U- LULIPS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 37 mai.
On nous télégraphie de Moscou 1) que les
environs de la seconde capitale de l'empire
souL infestés par des bandes de loups.
Dans le district d'Oseretzk, toute une
bande de vingt-cinq à trente 10UPS fait le
désespoir des bergers et tue ues mou-
tous, des veaux, et même des vaches.
Avant-hier, trois 10UPS sont entrés dans le
village lvanovka et ont at Laqué la maison
d'un paysan nouiiné Machrov, qui par mal-
heur était absent.
La femme Machrov, avec sa sœur, ont
soutenu un véritable combat contre ces
loups pendant deux heures, avant que les
autres paysans, qui étaient aux champs,
pussent venir chasser les bêtes féroces. Les
deux femmes sont blessées, la femme Mach-
rov surtout, qu'un loup a mordue par der-
rière.
Au village Novo-Jérusalem, les loups ont
dévoré un paysan, doat on a retrouve seu-
lement le squelette, le chapeau et les
bottes.
VOLEURS D'EGLISE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Cadix, 27 mai.
Le curé de Gastor et sept autres individus
viennent d'être incarcérés pour &yoir volé pour
w,UOU francs d'objetâ précieux dans t'Pë~se de
Zabara,
LA VIE DE PARIS
Je ne sais rien de plus effroyable que le
simple « faits divers » que vous avez lu
comme moi dans le journal : une révolte
de fous. C'est dans l'hospice do Bicêtre
que la chose a eu lieu. On avait laissé ou-
vertes les portes d'une quinzaine de « ca-
ges », pour me servir d'un mot que j'ai
lu et qui, à lui seul, suffit pour vous
faire passer un frisson dans le dos. Uu
des fous a commencé à sortir de son ca-
banon, brisant tout, s'emparant des chai-
ses, des objets quelconques à sa portée,
pour assommer ses gardiens. Pris d'un
vertige subit, poussés par l'instinct d'i-
mitation qui survit à la raison, les qua-
torze aliénés laissés libres se sont mis à
en faire autant, tandis que les autres
fous, derrière leurs barreaux, poussaient
des cris sauvages, excitant leurs compa-
gnons d'infortune. Les gardiens, qui sont
pourtant de rudes gaiilards, ont été ros-
sés et dispersés en un clin d'oeil. Les
agents, appelés en toute hâte, n'ont p
été plus ., heureux. Deux ont été blessés
assez grièvement : l'un a le bras cassé,
l'autre est couvert de contusions. On sait
que rien n'est fort comme un fou furieux,
qui n'a pas le sentiment du danger et se
jette sur son adversaire comme une bête
fauve ! Il a fallu aller chercher uno.com-
pagnie de soldats, tandis que les gar-
diens, revenus à eux, s'emparaient des
tuyaux d'arrosage, et— comme jadis le
maréchal Lobau le fit, arrosant des émeu-
tiers — douchèrent les aliénés. Ceux-ci
se couchaient sous l'averse et on pouvait
enfin s'en rendre maîtres.
Cette horrible scène m'a remis en mé-
moire le chef-d'œuvre ironique et na-
vrant d'Edgard Poë, où il raconte une ré-
volte de fous qui enfermant, les médecins
et les gardiens de la maison de santé où
ils sont internés, les douchant, les mon-
trant à un visiteur qui ne s'aperçoit pas
tout de suite que les choses ont été ren-
versées et que ce sont les aliénés qui soi-
gnent et tiennent captifs les raisonna-
bles. Parfois, dit-on, il est difficile de dis-
tinguer le fou du bien portant. Il est cer-
tain que la conscience publique, à di-
verses reprisera été inquiétée par l'inter-
nement de certaines gens qui, pour les
uns, étaient atteints du délire de la per-
sécution ou de la folie des grandeurs, et
qui, pour d'autres, élevaient des plaintes
justifiées ou des prétentions légitimes.
La limite entre la raison et la folie, dans
bien des cas, est délicate à déterminer, et
on s'est plaint, non sans motif: parfois, que
la loi ne prit pas des précautions suffi-
santes pour garantir les citoyens contre
le plus horrible arbitraire. Il y a eu des
séquestrations injustifiées, et le fait que
les séquestrés ont commis, par la suite,
des actes de folie caractérisée ne prouve
rien ; car il suffit de placer une personne
bien portantedansun asile d'al enés pour
e11 faire en peu de temps, et quatre-vingt-
dix-neuf fois sur cent, un aliéné.
Ou prétend même, et non sans appa-
rence de raison, que le contact habituel
des fous finit par avoir une action fâ-
cheuse sur ceux qui les soignent et qui
contractent, dans cette fréquentation,
puur le moins une tendance fâcheuse à
voir partout des fous et à n'admettre ja-
mais la liberté et la responsabilité hu-
maines. Il y a une école de criminalistes
qui ne veulent jamais voir que des alié-
nés dans les gens qui commettent des
crimes contre les personnes, et le pro-
blème, un problème effrayant, n'a pas
reçu encore de la science une solution
qui soit sans laisser des doutes et des in-
quiétudes.
Mais le doute, hélas! n'est pas possible
dans un grand nombre, dans la majorité
des cas, où ia folie, causée par d'irrémé-
diables lésions, entraine avec elle des ac-
tes qu'on ne peut mettre sur le compte
de l'originalité du caractère ou de l'exci-
tation passagère des sentiments. Dés lors,
ie fou, dont ia guérison est impossible,
devient un être pire que la brute, hélas l
dont il n'a même plus les instincts. La
parole ne lui reste plus que pour aggra-
ver, s'il est possible, l'horreur mêlée de
pitié qu'il inspire. Quelquefois, pendant
un assez long temps, le fou conserve tou-
tes les apparences de la santé et a même,
ce qui est peut-être le pire, des lueurs de
raison, des accalmies perfides et doulou-
reuses. Le point d'interrogation que les
philosophes mettent devant toutes les
duretés abominables de la Nature est
plus grand encore, placé devant la Folie.
Ou comprend la plupart des accidents
qui arrivent à la pauvre machine hu-
maine, mieux que ce détraquement su-
bit de l'être pourtant. Car la folie ne
frappe pas toujours uniquement ceux
qui l'ont pour ainsi dire bravée par
leurs excès de tout genre, travail ou plai-
sir. Elle s'abat aveuglément sur des êtres
jeunes, d'apparence bien portants, et qui
n'ont pas fait plus que d'autres pour mé-
riter ce que les anciens regardaient à la
fois, avec une terreur religieuse, comme
un châtiment et une élection des dieux.
Ces jours-ci, j'ai vu de la sorte, dans une
asile, oubliée de tous, même de ses pro-
ches, une jeune femme, une étrangère,
qui n'avait à expier que l'orgueil de son
impeccable beauté. Un tel spectacle est
le plus navrant qui se puisse imaginer.
On se demande même à quoi bon défen-
dre ces pauvres êtres contre la mort,
quand, déesse bienfaisant, elle se rap-
proche d'eux, méritant d'être regardée
comme l'ange de la délivrance, ainsi que
la peignait A. Dlirer en ses mystiques
images.
Le nombre des fous augmente-t-il de
nos jours ? La question, certes, est im-
portante, et il semble que rien ne soit
plus facile que de la résoudre. Cependant
un spécialiste très compétent, à qui je l'ai
posée,m'a répondu très franchement qu'il
n'en savait rien. Rien de plus meateur.
en effet, de plus incertain, que les sta-
tistiques anciennes. Il n'y a relativement
qu'assez pou de temps qu'on enfor-
me les fous, qui restaient errants autre-
fois, et, dès qu'on s'est mis à les enfermer,
on a confondu avpc eux des criminels
qui étaient fort sensés. La distinction, la
division de ces prisonnniers ne date guère
de plus d'un siècle. Il est donc difficile de
savoir si le mal grandit. Il paraît ce-
pendant certain que les genres de folie
qui naissent de l'alcoolisme augmentent
avec les progrès de l'ivrognerie dans 001"-
tains pays. Il y a là un avertissement.
L'ivresse n'est pas le péché mignon que
disent tes chansonniers. C'est une mala-
die, la névrose des classes populaires, et
il faut lui faire la même guerre qu'à le
morphine. Allez voir les fous.
Henry Fouquier.
LES Fi 1 igulê i PCHNIIALSES
ET LE NOUVEL EMPRUNT
Les déclarations du ministre. — Le
déficit ordinaire. — M. Ephrussi.
Dans une des dernieres séances du Parle-
m-nt portugais, lo ministre des finances a
déposé sur la tribune ses propositions bud-
gétaires.
Après un très long exposé, dans lequel la
ministre se montre peu ménager de décla-
rations pompeuses, mais sans résultats
pratiques, il constate ce que nous a ons
toujours soutenu, c'est-à-dire que la situa-
tion financière du Portugal est loin d'être
brillante.
Ainsi, pour le budget actuel, il établit que
la dette flottante se monte à fr.. 1AA.0A6.663
Le défi it probable de l'exer-
cice 18dAS9 à.,.,. 78.k.87!
et 1e déficit ORDINAIRE pour
l'année économique l&KMM. à. A.769.9Aft
Soit, au total fr. ââ7.38J.A79
Mais cette déclaration renferme même un
certain nombre de trous.
Ainsi, l'ou indique seulement le déficit
probable de l'exercice Iffl-ffl ; ce n'est pas
te déficit réel. Il devra certainement aug-
menter, et nous savons par expénence q ie
les déficits qu'on avoue ne sont jamais que
des déficits rninima.
Ensuite, il n'est pas du tout question,
dans ce compte, du déficit, même probablet
de l'exercice JJ-OO.
Enfin, en tabLLlu seulement sur un déficit
ordinaire de A,769,0vX) francs, le minisire se
donne certainement des gants. II est pres-
que certain, en effet, que ce déficit ordi-
naire de plus de h millions deviendra, ea
ItN, un déficit probable de 78 millions, s'il
n'atteint pas 80 militons.
Elasticité de conscience '-
Dans ces conditions, on reste étonné de
ce que M. Michel Ephru si n'ait pas craint
de présenter sur no re marché un emprunt
qui, pour toute garantie sérieu-e, n'offrait
, lue le déficit en permanence et la banque-
route en perspective.
Heureusement que nos capitalistes ont été
assez sages pour lui faire comprendre,
malgré son imperturbable aplomb, que le
monde financier ne su laissait pa-. aussi fa*
cilement faire que celui du turi.
LIIUL.NL. T
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
Un entassement de richesses. — Col-
bert et le qaartier Vivienne.-
La StainviHe et la marquise
de Lambert.
Al'une des prochaines séances de laCham4
bre, le ministre de l'instruction publique
déposera une demande de crédits pour la
construction du nouveau corps de bâi-
meut do la Bibliothèque nationale, au cota
des rues Colbert et Vivienne. Quelques
jours avant sou départ pour Montpellier,
M. Bourgeois étai. a.lé,avec plusieurs arclli.
tectes ei hauts fonctionnaires de la Biblto«
thèque, visister l'emplacement où ï'éàeyaioat
les maisons expropriées et démolies par
crainte d'incendie.
L'arcade Colbert
Ce ne sera pas trop tôi. il y a onze ans
que la Chambre a voté les crédits pour
t'achat des immeubles; rien n'a -été fait en.
core, et la Bibliothèque ne sait où mettre
ses millions d'imprit..és,ses 150 mille ma-
nuscrits, ses 3 millions d'estampes, ses 200
mille médailles.
Les immeubles démolis s'élevaient sur
des terrains qui- avai ut appartenu à Col-
bert, lequel n'avait pas dédaigné de faire
de vastes s éculations dans le quartier Vi-
vienne qu'il avait créé.
Quand fut percée la rueColbert,la femme
d'un Ghuieùl, la Stainville, y fonda une
maison où la pantomine abrégeait la co-
médie des amours. On voit encore, comme
dit Ponsard, le rouge fanal que tourmen-
tout les brises éclairer le giganteatque nu-
méro qui indique le genius loci.
Eu face, Bougevin de Saint-Mauris
avait un cabinet d'es ampes estimé, au-des-
sus de Seignelay, fiis de Colbert, chez qu
souvent Boileau allait savourer de déli-
cieux dîners.
A côte ^'élevait une maison où un crime
célèbre fut commis en 18,0 : le domestique
du banquier Contentin assassina son maî-
tre, le coupa en morceaux qu'il aila jeter à
Montfaucon.
La famille des Vivien, qui compta nom-
bre de con"elL.cl's à la cour des aides et qui
donna son nom à la rue, occupait, l'immeu-
ble voisin où habitait, au commencement
du dix-huitième siècle, la marquise bol
esprit de Lambert, qui, dans les Avis d'une
mere à son fils, donnait ce co ise»l plus
charmant que moral : « Mon fils, ne tai es
jamais que les sot uses qui vous feront
beaucoup de plaisir. »
Secours contre l'incendie
Il est question d'établir dans les nouvelles
constructions tout un système de secours
pour combattre les incendies qui pour-
raient se déclarer. Un immense réservoir
serait construit sous les combles du nou-
veau pavillon ; là on pourrait tenir emma-
gasinée une quantité d'eau suffisante pour
parer aux prem.ers secours. C'est très bien;
mais o devrait commencer par faire dis-
paraître la forge qui, nous ne savons pour
quelle cause, fonctionne à grand renfort
d'étincelies et avec grandes cnances d'in-
cendie, derrière la haute clôture diaprée
d'affiches qui cache le terrain.
Espérons que bientôt tout sera terminé
et que les Chambres vont, sans retard, vo-
ter le crédit qui permettra de préserver et
d'agrandir le plus merveilleux monument
scientifique Qui soit au wODdo. ,
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
il 1 B. Rue iMontmaxtr®
PARIS
DIRECTEUR POLITIQUE
A. - EDOUARD PORTALIS
PRIX DE l'ABONN'IENT :
tfaris. lnia Il., 6U sàmou*. 11L; San, SOI
Separtemeots - 7L; — i2.: — Ulk
Itoèen Postale — 9L; — 16t; — 32fr
abonnement» partent des 1** et 15 rie chaque MO.
Adresse télégraphique : XIX. sIÈCLE — PARIS
Téléphona : 20.289 bit.
ADMINISTRATION
148, Roue .a:wJ:ont.rnaJ-t-l'.
PARIS
RÉGISSEURS D'AN MO no ES
MM. LAGRANGE, CBRF çaib DI
8, place de la Awm, 6
PRIX OE I/MOMEI'HT :
Paris. Mi Mb, 61.; Sa MM, il la M, 20 t.
Départements — TU - 12 fo: — 241
Union Postale - 9(4 — IlL: — 321
Le* abonnement» partent du 1" et 15 de Mat.
idnm ttMgrtphiii va : XIX- SIÈCLE — PiBIS
Téléptao * : 30.380 bit.
LES
APRÈS ÎLE LA C MISSION du buduet
FIN DU VOYAGE PRÉSIDENTIEL
PROTESTATION DES ÉTUDIANTS
Le Drame de la rue de Provence
LES EMBARRAS
DE LORD SALISBURY
Le marquis de Salisbury, chef du
cabinet britanique et minis're des af-
faires étrangères, est apparemment le
plus occupé des hommes d'Etat euro-
péens. Il n'a pas seulement à diriger
de- front le gouvernement de l'empire
le plus vaste et le plus peuplé du
monde : il doit aussi résoudre une mul-
titude de questions litigieuses. L'An-
gleterre n'a pas de front ères, grâce
au «ruban d'argent » qui l'entoure.
Mais, comme elle a des possessions
dans toutes les parties du monde, Ile
a partout des intérêts à débattre, des
prétentions à soutenir et des conquê-
tes à continuer. Car, depuis peut-être
un quart de siècle, il ne se passe pas
d'année sans que les Etats de la reine
Victoria reçoivent quelque notable
augmentation.
Mais, à force de s'étendre, on finit
par coudoyer ses voisins. S'ils sont
faibles, comme le Portugal, on les
bouscule pour les obliger à faire
place. S'ils sont forts, comme l'Alle-
magne, il faut bien négocier. Compa-
rée à l'Angleterre, l'Allemagne est
une puissance maritime et coloniale
bien jeune, mais la jeunesse est en-
treprenante et les Hohenzollern n'ont
point coutume de faire des conces-
sions. Le verbe « prendre » fait le
fond du, vocabulaire po'itique des
deux nations. Après Sadowa et Se-
dan, les Anglais se sont mis à admi-
rer passionnément-les Allemands et
ont revendiqué bien haut l'honneur
de leur parenté. Cette parenté s'ac-
cuse de plus en plus et se signale
surtout par une certaine similitude de
tempérament, par une manière de
voir presque identique en ce qui con-
cerne le bien d'autrui, et notamment
les biens sans maître, c'est-à-dire les
pays habités par des peuples qui ne
possèdent ni fusils à tir rapide ni ca-
nons se chargeant par la culasse.
La question des limites à établir en-
tre le domaine germanique et le do-
maine britannique dans l'Afrique
orientale devient de plus en plus brû-
lante. Lord Salisburr, qui attache un
grand prix à l'amitie de Guillaume II,
se montrait assez conciliant, et l'opi-
nion ne lui en aurait pas fait un crime,
sans l'intervention inopinée de M. Stan-
ley. Le grand voyageur n'est pas
homme à s'endormir sur ses lauriers,
ni même sur ses myrtes; ni la gloire
acquise, ni les joies conjugales ne suf-
fisent à son activité. Il fait des dis-
cours et écrit des lettres, et le refrain
de ses harangues comme de ses épîtres,
c'est que l'Angleterre est en tra n de
se laisser duper par ses bons cousins
des bords de leibe. Lord Salisbury a
répondu, comme répondent volontiers
les ministres et les diplomates, que
les intérêts du pays sont en bonnes
mains, que rien n'est encore conclu,
qu'on l'accuse avant de savoir ce qu'il
fait; on connaît cette façon de parler.
Mais M. Stanley réplique, dans les co-
lonnes du Times, par une philippique
contre l'avidité des Allemands et la
faiblesse du cabinet anglais.
Nous ne savons comment lord Sa-
lisbury se tirera d'affaire et conciliera
les prétentions coloniales de ses amis
de Berlin avec le chauvinisme de ses
compatriotes de Londres. Il est pro-
bable qu'en ce moment il trouve im-
portun le héros auquel on a fait na-
guère un si pompeux accueil sur le sol
de la Grande-Bretagne, et qu'il par-
tage l'opinion d'Emm-pacha sur l'hu-
meur alcière et impérieuse de cet en-
vahissant personnage; car il tient à
entretenir de bonnes relations avec la
cour de Berlin, et il pense sans doute
que la reconnaissance de Guillaume II
vaut bien quelques arpents de sable.
Si les colonies qu'ou 'veut acquérir
causent quelque embarras,les colonies
qu'on possède sont aussi parfois une
source d'ennuis. L'Angleterre a donné
a ses possessions lointaines, à celles
du moins qu'habitent des colons d'ori-
guie européenne, une autonomie qui
deevre la mère-patrie du souci de les
adfflftnisti er, mais cette autonomie a
bien ses inconvénients. Les colons, ha--
bitues à faire eux-mêmes leurs affai-
res, sont souvent indociles et se mon-
tent prêts à entraîner le gouverne-
ment britannique dans des querelles
dont il se passerait bien. C'est ainsi
que la question de Terre-Neuve, que
le cabinet de Londres paraît vouloir
régler en tenant compte de nos droits
consacrés par une longue suite de
traités, est singulièrement compliquée
par la violence des Terre-Neuviens.
L'arrangement provisoire sur le-
quel s'étaient mis d'accord les gouver-
nements français et anglais n'a pas
été accepté par la population et le
Parlement de Terre-Neuve. Cette co-
lonie de deux cent mille âmes tient
en échec la diplomatie de deux grands
peuples, se moque des conventions les
plus solennelles et travaille avec une
sorte de rage à provoquer un conflit.
Les mesures de police, que les station-
naires français ont toujours prises
sans résistance pour assurer le main-
tien du privilège de nos pêcheurs, sont
présentées comme des agressions
odieuses par les habitants de Terre-
Neuve, qui déclarent que nous avons
envahi à main armée le terri-
toire britannique, et qui menacent de
refuser l'impôt et de se mettre en in-
surrection, si la mère-patrie ne fait
pas droit à leurs réclamations les plus
audacieuses. Il faut ajouter que la
presse de Londres, qui ne se distingue
pas par un respect profond pour les
droits d'autrui, prend volontiers fait
et ca ise pour les brouillons. Elle es-
time que les citoyens anglais ne peu-
vent pas plus avoir tort que les ci-
toyens romains du temps de Marius
et de Pompée.
Lord Salisbury ne partage sans
doute pas cette opinion, ou du moins
il comprend que l'Angleterre n'a pas
intérêt à la mettre tous les jours en
pratique, à rompre en visière à tout le
monde à la foi. Il se sent débordé et
entraîné par la fureur d'expansion qui
possède aujourd'hui ses concitoyens
et que son prédécesseur, lord Beacons-
field, n'a pas peu contribué à surex-
citer. Soutenir dans tout l'univers les
prétentions d'une politique de con-
quête à outrance, c'est une lourde tâ-
che, même pour le gouvernement
d'une aus i puissante nation.
Le « XIX" Siècle a publiera demain la
« Chronique » par M. Francisque - Sarcey.
UN GROUPE RADICAL
Bruits de couloirs. — Rien de fait
On recommence à parler de la constitu-
tion de groupes politiques parmi les mem-
bres de la majorité républicaine au Pa-
lais-Bourbon. Le premier fondé serait
le groupe de l'U ion radicale, recruté parmi
les anciens éléments. de l'Extrême-Gauche
et de la Gauche radicale. Il paraît, toute-
fois, que cette tentative de reconstitution
rencontre d'assez vives résistance auprès
d'un certain nombre de radicaux.
GUILLAJME Il EN RUSSIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 27 mai.
La prochaine visite de l'empereur Guil-
laume au tsar Alexandre aura iieu en août.
Le souverain allemand arrivera à Péters-
bourg le 114 ou le 15 août. Son séjour sera
d'une dizaine de jours, pendant lesquels il
assistera aux manœuvres à Tsarskoë-Selo
et à Narva. Il retournera directement eu
Allemagne pour diriger les manœuvres im-
périales, sans passer par Moscou ni par
Varsovie.
LA VIEILLISSE DE KOSSUTH
L'état de santé du patriote hongrois
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIBR)
Turin, *X1 mai.
Le grand patriote hongrois Kossuth, qui
a été très malade, est aujourd'hui complè-
tement remis. Quoique âgé do quatre-vingt-
six aus, il travaille neuf heures par jour a
une grande his.oire de Hongrie.
Pour se remettre complètement, l'illustre
vieillard ira cette semaine à Saint-Genis,
près Chiva, so. Il se rendra ensuite à Sor-
rente, où il s'établira définitivement au-
près de son fiis, directeur ue l'exploitation
des chemins de for méditerranéens.
Turin va perdre en lai un de ses meil-
eurs citadins, car il habitait notre ville de-
puis de très longues années.
DÉLOJVERT ARCHÉOLOIOUE
EN CRIMEE
• Une catacombe vieille de 3,000 ans
Kertscti (Crimée), 27 mai.
Dans la ville de Kert-ch ou a découvert,
à quatorze pieds sous la terre, une ca.a-
combe énorme consistant eu trois compar-
timents. Les 111urs sont couverts par des
peintures à f.esque représentant des dieux
grecs avec des scènes au la vie de la Grèce
antique. La chose la plus intéressante est
une inscription en grec archaïque dont
voici la traduction exacte : Ce sanctuaire
est construit par jSorak, qui jamais n'a
profané dans sa vie les ossements de ses
semblables, et qui, par cette raison, con-
jure les gens qui croient aux dieux de ne
pas toucher à aes osooinents. Dans e cas
où on ne l'écouterait pas, les dieux se
chargeront de punir ces nrofanateurs. »
D'après le journal Krym, cette catacombe
doit remonter au temps de la guerre de
Troie, vieille de plus de 3,000 ans. i
UN RÉSERVISTE CONDAMNÉ AUX
TRAVAUX FORCES.
.,, Grenoble, S7 mal.
Lo resem. ste 'lliuy, qui tua le soldat Gi-
rauit, du 56e régiment d'infanterie, d Chalon-
sur-Saône, vient d'être condamné à viugt ans
de travaux forcés par le conseil de guerre de
GrcUüblè. après cassation des arrêts rendus à
Bourges et a Lyon, qui le condamnaient aux
travaux forcés à perpétuité.
LES BEAUX-ARLS
LE BUDGET DE 1891
Rapport de M. Proust à la commission
du budget. — L'Opéra, la villa Mé-
dicis, les grandes eaux de Ver-
sailles. — Des économies 1
des économies 1
La commission du budget a tenu hier
une longue séance, consacrée tout en-
tière aux beaux-arts, un budget « parisien w
s'il en fut Tout y a passé : les bâtiments ci-
vils. l'Opéra, la villa Médicis, jusqu'aux
grandes eaux de Versailles, Saint-Oloud,
Marly, ces joies de la banlieue, le diman-
che. Et sur tous les chapitres, la couimi -
sion du budget, l'impitoyable commission,
a coupé, rogné, diminué, avec une énergie
farouche.
Il faut bien faire des économies!
C'est M. Antonin Proust, on le sait, qui
est rapporteur de cette partie du budget.
Son rapport, purement verbal, est rempli
de choses intéressantes.
Deux points principaux ont été traités
par lui : 1° les ba.iments civils; eles théâ-
tres subventionnés.
Les bâtiments civils
Sur le premier point, M. Proust émet le
vœu de voir supprimer la direction des bâ-
timents civils, dont les services seraient fu-
sionnés avec ceux des beaux-arts. Cette ré-
forme donnerait une économie de cinq cent
mille francs.
Le rapporteur rappelle que cette idée a
été déjà suggérée en 1 8Aïi par Mérimée,
alors inspecteur des beaux-arts, dans un
rapport adressé à Ledru-Rollin, et en 1875
par M. Edouard Charton, au nom d'une
commission de l'Assemblée nationale.
Toutefois M. Proust, estimant qu'aucune
réforme administrative ne peut être faite
par la loi de fillauces, en dehors de l'ini-
tiative du gouvernement, ne fait qu émettre
uu vœu et demande que le ministre soit
entendu afin d'exposer devant lui les mo-
tifs en faveur de cette mesure.
Les théâtres
Sur le second point, les théâtres, M. An-
tonin Proust se demande si l'E at, qui tous
les ans fait un sacrifice pécuniaire dans un
intérêt artistique en faveur d'entreprises
privées, trouve dans le système actuel des
garanties et des sécurités suffisantes :
« Je suis d'avis, dit-il, que les subventions
doivent être continuées, mais j'estime que
le régime des cahiers des charges est défec-
tueux. Ces cahiers des charges sont les
seules conventions passées par l'Etat qui
neoint pas soumises a la ratification par-
lementaire
» Les cahiers des ch, arges renferment
des clauses restrictives ou même prohibi-
tives qu'il dépend du ministre de faire res-
pecter ou fléchir, suivant qu'il sera rigou-
reux ou complaisant à l'égard de tel ou tel
dil'edeur..
» C'est, en un mot, l'arbitrai.re pur et
simple. » ,
M. Proust se borne a exposer les divers
côtés de la question, en se demandant s'il
faut adopter le système de la régie ou ce-
lui de la concession avec la liberté absolue,
sous réserve de révocation du concession-
naire en cas d'insuffisance.
L'Opéra
Quant à l'Opéra, M. Antonin Proust ex-
pose un système spécial d'exploitation.
D'après lui, il faudrait reprendre d'au-
ciennes traditions abandonnées et admettre
le personnel de l'Opéra à la « participation
aux bénéfices par groupes ». -
Ainsi, il y aurait le groupe ues wnun,
le groupe des barytons, le groupe de l'or-
chestre, etc., et le personnel de chaque
groupe participerait aux bénéfices d'après
le système des cachets.
Cela rappelle un peu les fameux « grou-
pe* sympathiques de M. Turquet.
M. Clemenceau préconise le système des
tournées en province. Il s'élève surtout con-
tre l'imprévoyance de l'Etat, notamment
en ce qui concerne la conservation des
décors.
« Ah! oui, l'Etat est imprévoyant, ajoute
M. Antonin Proust. Il est absolument im-
prévoyant sur ceLe question des décors, et
cette imprévoyance a été telle qu, à l'en-
trée à l'opéra des directeurs actuels, on n'a
même pas fait l'inventaire des décors.
» Le cahier des charges, incomplet autant
que mal rédigé, dit simp.ement : « Les dé-
cors devront êl'e tenus en bon é.at de ré-
paration. » Par qui ? sur quelles ressour-
ces? Mystère et discrétion.
Kien ue déterminé à cet égard.
« Le directeur sortant est tenu à la re-
mise des objets « en nombre »,mais nOll enl
valeur. Donc, pas de sanction sérieuse à
l'obligation d'entretenir etde réparer. »
L'Ecole de Rome
M. Antonin Proust coutmue:
« Quand à l'Académie de France à Rome,
nous en sommes au systèmede 1848: claus-
tration des concurrents, voyage obligatoire
en Sicile, sujets mythologiques ou sacres à
traiter ».
Et le rapporteur demande que cela fi-
nisse. « Il faut rajeunir l'institution ; les
artistes récompenses doivent être autorisés
à sejourner coin me ils le voudront à la
vina Medicis ; les élèves ne doivent pas être
condamnés à y rester trois ans internés. »
Et M. Proust insinue que le crédit actuel.
qui s'élève à 154,ouO irancs, devrait être
applique à multiplier les « stations artisti-
ques ». Dans ces stations, on recevrait,
ainsi qu'à la vida Méuicis, les élèves ayant
des bourses de voyage.
Les réductions
Puis la commission se met à réduire.
Elle opère, sur le chapitre concernant
les inspecteurs des beaux-arts, une réduc-
tion correspondant à la suppression de
quatre inspecteurs sur huit ; eue supprime
les frais de tournee des inspecteurs main-
tenus.
Elle réduit de 30,000 francs le chapitre de
l'Ecule des beaux-arts, avec indication
d'une transformation nécessaire dont le
principal objet serait de supprimer ies ate-
liers officiels, et de donner des bourses aux
élèves pour leur permettre de suivre les
ale.icJ'b de leur choix.
Elle supprime, sur la proposition de M.
Joseph Reinach, ie crédit affecté à lamanu-
lactui e de Sèvres, 6âA,A5o francs d'un coup,
et iLe invite le ministre compétent à étu-
dier la question de l'établissement d'une
école de céramique qui remplacerait notre
glorieuse et vieille manufacture. C'est-à-
dire': suppression et rétablissement.
bupprimer un art «aauonai » comme le
vase de Sèvres ? Que pourrait donc donner
en prix aux Sociétés de gymnastique le
président de la République 7 ymnastique le
Enfin, elle opère les réductions sui-
vantes :
25,000 francs affectés à l'école des mosaï-
ques;
M,000 francs correspondant à la sup-
pression du conseil des bâ iments civils ;
150,000 francs sur l'entretien des bâti-
ments civils;
50,000 francs sur le service des grandes
eaux de Versailles, Saint-Cloud et Marly.
Pleurez, Nymphes!
Après quoi la commission s'ajourne, es-
timant qu'elle n'a pas perdu son temps.
L'AMIRAL D\Î,.EnRÉ
Le nouvel état-major de l'escadre de la
Méditerranee. — La maison
Sallandrouze.
L'amiral Duperré ne donne pas sa dé-
mission. Au contraire : il est en train de se
composer son entourage de fidèles.
Il a choisi pour chef d'état-major le ca-
pitaine de vaisseau Sallandrouze de Lamor-
naix. Sadandrouze! un drô.e de nom, en
véri é, pour un officier appelé à servir de
second à un amiral aussi bonapartiste que
l'a été et que l'est sans doute encore M.
Charles Duperré.
D'autre part, i amiral Duperré a pris pour
capitaine de pavillon M. Roustan, frère du
ministre de France aux Etais-Uuis et com-
mandant du Roland, qui est actuellement
a Kotonou. --
« On s'est, dit le Figaro, montré quelque
» peu surpris, dans ia marine, de cette ué-
* siguation qui va prendre un officier
>» ayant u.i commandement actif au Daho-
» mey devant l'ennemi. »
La marine et le Figaro ont, en vérité, de
la candeur à revendre. N'est-ce pas là, tout
simplement, la continuation do 1'œuvl'e de
désorganisation que la dynastie des Du-
perré poursuit avec une ténacité systéma-
tique, — et trop de succès, hélas! — depuis
quinze ans ?
EMPRUNT DE 60 MILLIONS
Pour l'Indo-Chine. — Les exigences
des banquiers. — Les bases
ae l'entente.
Dès le mois de janvier dernier, long-
temps avant tous nos confrères, nous avons
annoncé que la Chambre serait saisie d'une
demandé d'emprunt pour FIado-Chine.
L'emprunt devait d'abord être de cent
millions. Il a été réduit à soixante.
Son butapparentest l'exécution de grands
travaux publics; mais il est aussi des iné en
réa.ité à couvrir le déficit du budget de la
Cochinchine et le déficit du budget du
Tonkin.
Avant la discussion devant la Chambre,
M. Etienne, sous-secrétaire d'Etat aux co-
.ouies, a cherché preneai pour cet emprunt.
Il a eu a cet effet une entrevue avec M.
Sautter, directeur de la Banque de Paris
et des Pays-Bas qui dans la circonstance
représentait également plusieurs autres éta-
blissements de crédit.
M. Sautter a refusé u'abord de prendre
ferme l'emprunt de 60 millions. Il deman-
dait la garantie de t'g.aL français.
Néanmoins, sur les in.,tauces de M.
ELÍcane, une entente a fini par s'établir.
Les établissements de crédit garantiront le
montant de l'emprunt, mais à la couditiun
(acceptée par M. Blienlle) que la souscrip-
tion publique prenne les apparences d'un
emprunt u'Eiat, par l'ouverture des gui-
chets du ministère des finances et des tré-
soriers généraux.
LES COMPAGNIES &JE UI.iC;.r'INE
La question à l'étude. — Une démar-
che ae M. Miilerand. — Uu décret
La Chambre est saisie en ce moment
d'un projet de loi déposé par le ministre
de la guerre sur la suppression de la com-
pagnie des pionniers de discipline au
Tonkin.
La promulgation de cette loi sera accoui-
pagnie ue la publication a uu important
uécret sur le régime des compagnies de
discipline et d'une instruction ministé-
rieiie y jointe. Lu projet en a été adresse,
il y a huit jours, aux géuéraux comman-
dant en Algerie et on Tunisie pour rece-
voir leurs observations.
C'est à la suue de la publication du li-
vre Biribiy par M. Darien, et d'une démar-
che faite t ar M. Millerand, député de la
beine, auprès du ministre de la guerre,
que M. de rreycinet insititua, sous La pre-
sidence de M. le commandant Bazin, atta-
ciié à l'état-major général, une commis-
ion chargée u'écuaier la question ues
compagnies de discipline.
Le résultat de ses travaux est le décret
en question. Il codifie les dispositions
épaises jusqu'alors dans la collection du
journal uuuta.re et modifie dans uu sens
nuinanitaire certains errements regretta-
oies, tels que l'usage des fers.
UNE IHIIAJIUH U- LULIPS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 37 mai.
On nous télégraphie de Moscou 1) que les
environs de la seconde capitale de l'empire
souL infestés par des bandes de loups.
Dans le district d'Oseretzk, toute une
bande de vingt-cinq à trente 10UPS fait le
désespoir des bergers et tue ues mou-
tous, des veaux, et même des vaches.
Avant-hier, trois 10UPS sont entrés dans le
village lvanovka et ont at Laqué la maison
d'un paysan nouiiné Machrov, qui par mal-
heur était absent.
La femme Machrov, avec sa sœur, ont
soutenu un véritable combat contre ces
loups pendant deux heures, avant que les
autres paysans, qui étaient aux champs,
pussent venir chasser les bêtes féroces. Les
deux femmes sont blessées, la femme Mach-
rov surtout, qu'un loup a mordue par der-
rière.
Au village Novo-Jérusalem, les loups ont
dévoré un paysan, doat on a retrouve seu-
lement le squelette, le chapeau et les
bottes.
VOLEURS D'EGLISE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Cadix, 27 mai.
Le curé de Gastor et sept autres individus
viennent d'être incarcérés pour &yoir volé pour
w,UOU francs d'objetâ précieux dans t'Pë~se de
Zabara,
LA VIE DE PARIS
Je ne sais rien de plus effroyable que le
simple « faits divers » que vous avez lu
comme moi dans le journal : une révolte
de fous. C'est dans l'hospice do Bicêtre
que la chose a eu lieu. On avait laissé ou-
vertes les portes d'une quinzaine de « ca-
ges », pour me servir d'un mot que j'ai
lu et qui, à lui seul, suffit pour vous
faire passer un frisson dans le dos. Uu
des fous a commencé à sortir de son ca-
banon, brisant tout, s'emparant des chai-
ses, des objets quelconques à sa portée,
pour assommer ses gardiens. Pris d'un
vertige subit, poussés par l'instinct d'i-
mitation qui survit à la raison, les qua-
torze aliénés laissés libres se sont mis à
en faire autant, tandis que les autres
fous, derrière leurs barreaux, poussaient
des cris sauvages, excitant leurs compa-
gnons d'infortune. Les gardiens, qui sont
pourtant de rudes gaiilards, ont été ros-
sés et dispersés en un clin d'oeil. Les
agents, appelés en toute hâte, n'ont p
été plus ., heureux. Deux ont été blessés
assez grièvement : l'un a le bras cassé,
l'autre est couvert de contusions. On sait
que rien n'est fort comme un fou furieux,
qui n'a pas le sentiment du danger et se
jette sur son adversaire comme une bête
fauve ! Il a fallu aller chercher uno.com-
pagnie de soldats, tandis que les gar-
diens, revenus à eux, s'emparaient des
tuyaux d'arrosage, et— comme jadis le
maréchal Lobau le fit, arrosant des émeu-
tiers — douchèrent les aliénés. Ceux-ci
se couchaient sous l'averse et on pouvait
enfin s'en rendre maîtres.
Cette horrible scène m'a remis en mé-
moire le chef-d'œuvre ironique et na-
vrant d'Edgard Poë, où il raconte une ré-
volte de fous qui enfermant, les médecins
et les gardiens de la maison de santé où
ils sont internés, les douchant, les mon-
trant à un visiteur qui ne s'aperçoit pas
tout de suite que les choses ont été ren-
versées et que ce sont les aliénés qui soi-
gnent et tiennent captifs les raisonna-
bles. Parfois, dit-on, il est difficile de dis-
tinguer le fou du bien portant. Il est cer-
tain que la conscience publique, à di-
verses reprisera été inquiétée par l'inter-
nement de certaines gens qui, pour les
uns, étaient atteints du délire de la per-
sécution ou de la folie des grandeurs, et
qui, pour d'autres, élevaient des plaintes
justifiées ou des prétentions légitimes.
La limite entre la raison et la folie, dans
bien des cas, est délicate à déterminer, et
on s'est plaint, non sans motif: parfois, que
la loi ne prit pas des précautions suffi-
santes pour garantir les citoyens contre
le plus horrible arbitraire. Il y a eu des
séquestrations injustifiées, et le fait que
les séquestrés ont commis, par la suite,
des actes de folie caractérisée ne prouve
rien ; car il suffit de placer une personne
bien portantedansun asile d'al enés pour
e11 faire en peu de temps, et quatre-vingt-
dix-neuf fois sur cent, un aliéné.
Ou prétend même, et non sans appa-
rence de raison, que le contact habituel
des fous finit par avoir une action fâ-
cheuse sur ceux qui les soignent et qui
contractent, dans cette fréquentation,
puur le moins une tendance fâcheuse à
voir partout des fous et à n'admettre ja-
mais la liberté et la responsabilité hu-
maines. Il y a une école de criminalistes
qui ne veulent jamais voir que des alié-
nés dans les gens qui commettent des
crimes contre les personnes, et le pro-
blème, un problème effrayant, n'a pas
reçu encore de la science une solution
qui soit sans laisser des doutes et des in-
quiétudes.
Mais le doute, hélas! n'est pas possible
dans un grand nombre, dans la majorité
des cas, où ia folie, causée par d'irrémé-
diables lésions, entraine avec elle des ac-
tes qu'on ne peut mettre sur le compte
de l'originalité du caractère ou de l'exci-
tation passagère des sentiments. Dés lors,
ie fou, dont ia guérison est impossible,
devient un être pire que la brute, hélas l
dont il n'a même plus les instincts. La
parole ne lui reste plus que pour aggra-
ver, s'il est possible, l'horreur mêlée de
pitié qu'il inspire. Quelquefois, pendant
un assez long temps, le fou conserve tou-
tes les apparences de la santé et a même,
ce qui est peut-être le pire, des lueurs de
raison, des accalmies perfides et doulou-
reuses. Le point d'interrogation que les
philosophes mettent devant toutes les
duretés abominables de la Nature est
plus grand encore, placé devant la Folie.
Ou comprend la plupart des accidents
qui arrivent à la pauvre machine hu-
maine, mieux que ce détraquement su-
bit de l'être pourtant. Car la folie ne
frappe pas toujours uniquement ceux
qui l'ont pour ainsi dire bravée par
leurs excès de tout genre, travail ou plai-
sir. Elle s'abat aveuglément sur des êtres
jeunes, d'apparence bien portants, et qui
n'ont pas fait plus que d'autres pour mé-
riter ce que les anciens regardaient à la
fois, avec une terreur religieuse, comme
un châtiment et une élection des dieux.
Ces jours-ci, j'ai vu de la sorte, dans une
asile, oubliée de tous, même de ses pro-
ches, une jeune femme, une étrangère,
qui n'avait à expier que l'orgueil de son
impeccable beauté. Un tel spectacle est
le plus navrant qui se puisse imaginer.
On se demande même à quoi bon défen-
dre ces pauvres êtres contre la mort,
quand, déesse bienfaisant, elle se rap-
proche d'eux, méritant d'être regardée
comme l'ange de la délivrance, ainsi que
la peignait A. Dlirer en ses mystiques
images.
Le nombre des fous augmente-t-il de
nos jours ? La question, certes, est im-
portante, et il semble que rien ne soit
plus facile que de la résoudre. Cependant
un spécialiste très compétent, à qui je l'ai
posée,m'a répondu très franchement qu'il
n'en savait rien. Rien de plus meateur.
en effet, de plus incertain, que les sta-
tistiques anciennes. Il n'y a relativement
qu'assez pou de temps qu'on enfor-
me les fous, qui restaient errants autre-
fois, et, dès qu'on s'est mis à les enfermer,
on a confondu avpc eux des criminels
qui étaient fort sensés. La distinction, la
division de ces prisonnniers ne date guère
de plus d'un siècle. Il est donc difficile de
savoir si le mal grandit. Il paraît ce-
pendant certain que les genres de folie
qui naissent de l'alcoolisme augmentent
avec les progrès de l'ivrognerie dans 001"-
tains pays. Il y a là un avertissement.
L'ivresse n'est pas le péché mignon que
disent tes chansonniers. C'est une mala-
die, la névrose des classes populaires, et
il faut lui faire la même guerre qu'à le
morphine. Allez voir les fous.
Henry Fouquier.
LES Fi 1 igulê i PCHNIIALSES
ET LE NOUVEL EMPRUNT
Les déclarations du ministre. — Le
déficit ordinaire. — M. Ephrussi.
Dans une des dernieres séances du Parle-
m-nt portugais, lo ministre des finances a
déposé sur la tribune ses propositions bud-
gétaires.
Après un très long exposé, dans lequel la
ministre se montre peu ménager de décla-
rations pompeuses, mais sans résultats
pratiques, il constate ce que nous a ons
toujours soutenu, c'est-à-dire que la situa-
tion financière du Portugal est loin d'être
brillante.
Ainsi, pour le budget actuel, il établit que
la dette flottante se monte à fr.. 1AA.0A6.663
Le défi it probable de l'exer-
cice 18dAS9 à.,.,. 78.k.87!
et 1e déficit ORDINAIRE pour
l'année économique l&KMM. à. A.769.9Aft
Soit, au total fr. ââ7.38J.A79
Mais cette déclaration renferme même un
certain nombre de trous.
Ainsi, l'ou indique seulement le déficit
probable de l'exercice Iffl-ffl ; ce n'est pas
te déficit réel. Il devra certainement aug-
menter, et nous savons par expénence q ie
les déficits qu'on avoue ne sont jamais que
des déficits rninima.
Ensuite, il n'est pas du tout question,
dans ce compte, du déficit, même probablet
de l'exercice JJ-OO.
Enfin, en tabLLlu seulement sur un déficit
ordinaire de A,769,0vX) francs, le minisire se
donne certainement des gants. II est pres-
que certain, en effet, que ce déficit ordi-
naire de plus de h millions deviendra, ea
ItN, un déficit probable de 78 millions, s'il
n'atteint pas 80 militons.
Elasticité de conscience '-
Dans ces conditions, on reste étonné de
ce que M. Michel Ephru si n'ait pas craint
de présenter sur no re marché un emprunt
qui, pour toute garantie sérieu-e, n'offrait
, lue le déficit en permanence et la banque-
route en perspective.
Heureusement que nos capitalistes ont été
assez sages pour lui faire comprendre,
malgré son imperturbable aplomb, que le
monde financier ne su laissait pa-. aussi fa*
cilement faire que celui du turi.
LIIUL.NL. T
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
Un entassement de richesses. — Col-
bert et le qaartier Vivienne.-
La StainviHe et la marquise
de Lambert.
Al'une des prochaines séances de laCham4
bre, le ministre de l'instruction publique
déposera une demande de crédits pour la
construction du nouveau corps de bâi-
meut do la Bibliothèque nationale, au cota
des rues Colbert et Vivienne. Quelques
jours avant sou départ pour Montpellier,
M. Bourgeois étai. a.lé,avec plusieurs arclli.
tectes ei hauts fonctionnaires de la Biblto«
thèque, visister l'emplacement où ï'éàeyaioat
les maisons expropriées et démolies par
crainte d'incendie.
L'arcade Colbert
Ce ne sera pas trop tôi. il y a onze ans
que la Chambre a voté les crédits pour
t'achat des immeubles; rien n'a -été fait en.
core, et la Bibliothèque ne sait où mettre
ses millions d'imprit..és,ses 150 mille ma-
nuscrits, ses 3 millions d'estampes, ses 200
mille médailles.
Les immeubles démolis s'élevaient sur
des terrains qui- avai ut appartenu à Col-
bert, lequel n'avait pas dédaigné de faire
de vastes s éculations dans le quartier Vi-
vienne qu'il avait créé.
Quand fut percée la rueColbert,la femme
d'un Ghuieùl, la Stainville, y fonda une
maison où la pantomine abrégeait la co-
médie des amours. On voit encore, comme
dit Ponsard, le rouge fanal que tourmen-
tout les brises éclairer le giganteatque nu-
méro qui indique le genius loci.
Eu face, Bougevin de Saint-Mauris
avait un cabinet d'es ampes estimé, au-des-
sus de Seignelay, fiis de Colbert, chez qu
souvent Boileau allait savourer de déli-
cieux dîners.
A côte ^'élevait une maison où un crime
célèbre fut commis en 18,0 : le domestique
du banquier Contentin assassina son maî-
tre, le coupa en morceaux qu'il aila jeter à
Montfaucon.
La famille des Vivien, qui compta nom-
bre de con"elL.cl's à la cour des aides et qui
donna son nom à la rue, occupait, l'immeu-
ble voisin où habitait, au commencement
du dix-huitième siècle, la marquise bol
esprit de Lambert, qui, dans les Avis d'une
mere à son fils, donnait ce co ise»l plus
charmant que moral : « Mon fils, ne tai es
jamais que les sot uses qui vous feront
beaucoup de plaisir. »
Secours contre l'incendie
Il est question d'établir dans les nouvelles
constructions tout un système de secours
pour combattre les incendies qui pour-
raient se déclarer. Un immense réservoir
serait construit sous les combles du nou-
veau pavillon ; là on pourrait tenir emma-
gasinée une quantité d'eau suffisante pour
parer aux prem.ers secours. C'est très bien;
mais o devrait commencer par faire dis-
paraître la forge qui, nous ne savons pour
quelle cause, fonctionne à grand renfort
d'étincelies et avec grandes cnances d'in-
cendie, derrière la haute clôture diaprée
d'affiches qui cache le terrain.
Espérons que bientôt tout sera terminé
et que les Chambres vont, sans retard, vo-
ter le crédit qui permettra de préserver et
d'agrandir le plus merveilleux monument
scientifique Qui soit au wODdo. ,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Auteurs similaires Chadeuil Gustave Chadeuil Gustave /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Chadeuil Gustave" or dc.contributor adj "Chadeuil Gustave")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7560248s/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7560248s/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7560248s/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7560248s/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7560248s
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7560248s
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7560248s/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest