Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-05-24
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 24 mai 1890 24 mai 1890
Description : 1890/05/24 (A19,N6704). 1890/05/24 (A19,N6704).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7560243q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-neuvième année. — N® 6,70/» OINOCentiIIleS — Paris et Départements — CINQ Centimes .samedi ai» mai is»
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EYRAUD ARRÊTÉ A LA HAVANE
istet llela loi contre la presse
M. PAUL STRAUSS
fTHiA. ïBRÉSIDENCE DU CONSEIL MUNICIPAL
Les assassins de la rue de Provence
Quelques Chiffres
Une faut pas abuser des statisti-
ques. Ce sont, passez-moi la compa-
raison, des sacs d'où il est trop aisé
de tirer plusieurs moutures. Selon la
manière dont on use pour en établir
les bases, les résultats varient avec
une suprenante et déplorable facilité.
Suivant qu'on interprète les chiffres
dans un sens ou dans l'autre, les con-
clusions diffèrent au gré des commen-
tateurs.
Néanmoins, si délicat qu'il soit,
quelques précautions qu'il réclame
pour être manié utilement, c'est un
instrument précieux que la statisti-
que. Il fournit les renseignements les
plus intéressants, les comparaisons
les plus instructives.
Un des sujets où son emploi est le
plus naturellement indiqué est sans
doute la matière budgétaire. Dans les
questions d'impôts, la comparaison
des résultats obtenus dans les diffé-
rents pays est un élément essentiel
d'information.
M. Cerboni, le directeur général de
la comptabilité du royaume d'Italie,
en a ainsi jugé. Cet éminent statisti-
cien vient de publier l'analyse et la
comparaison des budgets d'Etat des
sept grandes puissances européennes.
Nous avons lu avec intérêt le résumé
de cette savante étude dans un re-
cueil spécial.
Les sept budgets qui sont comparés
dans l'ouvrage de M. Cerboni sont
ceux de l'Allemagne, de l'Angleterre,
de PAutriche-Hongrie, de l'Espagne,
de la France, de l'Italie et de la Rus-
sie. L'année choisie est 1887 ; 1887-88
pour les pays dont l'exercice com-
mence, soit le 1er avril, comme l'Alle-
magne et l'Angleterre, soit le 1er juil-
let, comme l'Espagne et l'Italie.
Examinons d'abord les recettes et
les dépenses totales de ces budgets.
Le pays qui a le plus gros chiffre tant
en recettes qu'en dépenses est l'Alle-
magne. Dans les deux colonnes, le to-
tal dépasse h milliards. L'Espagne a
le budget le moins considéra le : il ne
surpasse guère 850 millions. Après
l'Allemagne et la Russie, c'est la
France dont le budget se chiffre par
le plus gros total : 3 milliards â3h mil-
lions en chiffres ronds.
Le pays où le déficit est le plus con-
sidérable est l'Autriche-Hongrie : IZ
millions. A l'autre extrémité de l'é-
chelle, c'est le buget anglais qui se
solde par le plus gros excédent de re-
cettes : 58 millions. Il n'y a, du reste,
qu'un pays avec l'Angleterre dont le
budget, d'après M. Cerboni, se soit
bouclé en 1887 par un excédent de re-
cettes : c'est le nôtre. Mais nous ne
supportons pas la comparaison avec
nas voisins d'outre-Manche. Notre
excédent n'atteint pas le million ; à
peine s'il dépasse 600,000 fr.
L auteur de cette intéressante étude
ne s'est pas contenté de faire porter
ses observations sur les résultats d'un
exercice. Il rapproche les recettes et
les dépenses en 1882 et en 1887, dans
les sept pays qu'il étudie. De cette
comparaison, un fait ressort en pre-
mier lieu : de 1883 à 1887, les dépen-
ses de tous les budgets ont progressé.
Un seul Etat fait exception à la règle :
la République française. Nos dépenses
tombent, dans cette période, de 3 mil-
liards 500 millions à 3 milliards S00
millions. La différence vaut d'être
notée.
Des autres puissances, l'Allemagne
est celle dont les dépenses ont subi
l'augmentation la plus forte : 1 mil-
liard sans moins. L'Angleterre est le
pays où la progression s'est le moins
accusée; à peine si elle atteint 11 mil-
lions.
Mais M. Cerboni ne se contente pas
de comparer deux budgets aux deux
extrémités de la période qu'il observe.
Il totalise recettes et dépenses des six
exercices qui y sont renfermés. Voici
quelques-uns des résultats formidables
qu'il obtient : Le pays où les impôts
indirects et les taxes de consommation
ont atteint le total le plus élevé est la
Russie : 9 milliards, et immédiatement
après elle la France : 8 milliards 171
millions. L'Allemagne n'a demandé,
dans le même espace de temps, à cette
catégorie si critiquable d'impôts, que
8 milliards et demi.
Pour les dépenses de la guerre, la
Russie vient première : h milliards
851 millions. Nous suivons,avec h mil-
liards S05 millions. L'Allemagne oc-
cupe le troisième rang : 3 milliards
IC millions. La France tient la pre-
mière place pour l'instruction publi-
que : 958 millions. Derrière elle, l'Al-
lemagne : 89h millions.
Après 1a. synthèse, l'analyse; après
les gros bataillons, les minces unités.
Nous venons de lire les totaux, par
millions et milliards, des dépenses et
des recettes de six exercices accumu-
lés. Voulez-vous maintenant connaî-
tre la quotité moyenne par tête d'ha-
bitant des dépenses effectives en 1887?
Nous tenons, hélas! la tête, et de
loin. Le chiffre est, pour la France, de
83 fr. 33. Il n'est, pour l'Allemagne,
que de 57 fr. 06 ; pour l'Angleterre, il
est de 58 fr. 86; pour l'Italie, de
51 fr. 97.
Voilà des chiffres qu'il convient de
méditer. Ils sont plus éloquents que
tous les discours. Ils crient au législa-
teur français quel est son devoir. Pour
protéger efficacement le travail natio-
nal, nous avons mieux à faire qu'éta-
blir, à tort et à travers, des taxes
prohibitives : nous devons tendre à
égaliser les conditions de lutte entre
nos producteurs et leurs concurrents
étrangers, par l'amélioration de notre
système d'impôts. Aucune réforme
n'est plus urgente.
A. Millerand.
Le a XIXo Siècle » publiera demain la
« Chronique » par M. Francisque Sarcey.
LA PRÉSIDENCE
DU CONSEIL MUNICIPAL
M. Strauss décline la candidature. -
Une lettre. — Sages conseils.
[M. Paul Strauss, conseiller municipal, nous
adresse la lettre suivante :J
Paris, 22 mai.
Mon chèr confrère,
Plusieurs journaux ont indiqué mon nom
parmi ceux des candidats à la présidence
du conseil municipal. Il est bien vrai que
l'idée de cette candidature a pris naissance
en dehors de moi au lendemain du 27 avril
et qu'elle avait rencontré l'accueil le plus
bienveillant auprès d'un certain nombre
de mes collègues.
Ceux qui m'ont fait le grand honneur de
penser à moi pour la présidence, en outre
de leurs sympathies personnelles, s'apprê-
taient surtout à voter pour un modeste et
persévérant représentant de la politique
d'union républicaine, dévoué aux droits
de Paris, respectueux de la loi ; ils sa-
vaient, pour m'avoir vu à l'œuvre, que je
ne serais le prisonnier d'aucun groupe et
que je ne consentirais pas plus à humilier
en ma personne les franchises municipales
qu'à faire figure d'un président de com-
bat.
Du moment que ma candidature ne pa-
raît pas devoir servir de trait d'union aux
républicains du conseil et qu'elle n'a pas
surgi spontanément d'une réconciliation
plus que jamais nécessaire, je ne puis que
remercier mes collègues et amis de toutes
les nuances de l'opinion républicaine et
décliner les offres de candidature qui
m'ont été faites.
Quant à moi, mon vote et mon concours
sont acquis d'avance à celui des républi-
cains qui, sans rien abandonner des reven-
dications légitimes de Paris, saura se sou-
venir du mandat pratique dont il a été
investi par la population parisienne.
Au lendemain de ce scrutin mémorable
qui a porté, grâce à notre concorde et à no-
tre discipline, le dernier coup à l'esprit de
réaction et de dictature, la première élec-
tion présidentielle du nouveau conseil mu-
nicipal ne doit pas être un champ de ba-
taille pour les diverses fractions du parti
républicain.
Veuillez agréer, mon cher confrère, l'as-
surance de mes meilleurs sentiments.
PAUL STRAUSS
Conseiller municipal de Paris.
M. BAYOL
Entrevues avec M. Etienne. — Res-
ponsabilités à porter. — Les ré-
solutions définitives.
M. Bayol a eu hier, dans la matinée et
dans l'après-midi, deux entrevues avec M.
Etienne, sous-secrétaire d'Etat aux colo-
nies.
M. Bayol a fait au sous-secrétaire d'Etat
l'historique complet de son voyage à Abo-
mey, des tribulations de toute sorte qu'il a
dû endurer, qui ont plus d'une fois mis sa
vie en danger.
Il a conté les négociations engagées avec
le roi de Dahomey, ses prétentions et son
outrecuidance, et comment il n'avait de-
mandé les premiers renforts de tirailleurs
sénégalais que dans une intention pure-
ment défensive et pour sauver les établis-
sements européens de la côte, menacés par
les troupes dahoméennes.
Bien que la bonne harmonie entre le co-
lonel Térillon, le commandant Fournier et
lui n'ait cessé d'exister, il ne semble pas
que M. Bayol partage absolument les idées
du département de la marine au sujet des
opérations exécutées dans ces derniers
temps et du plan de campagne arrêté.
Si nous en croyons les renseignements
qui nous viennent du sous-secrétariat des
colonies, M. Etienne aurait reproché deux
choses à M. Bayol : s'être montré trop mou
quand il eût fallu de la « poigne », et trop
énergique quand il aurait fallu ne pas
l'être.
M. Etienne ne précise pas davantage, du
reste, et il voudrait bien faire retomber
sur M. Bayol une aventure dont il a seul
toute la responsabilité.
M. Bayol aura d'ailleurs une entrevue
aujourd'hui probablement; avec M. le pré-
sident du conseil.
Après cet entretien, le gouvernement ar-
rêtera des résolutions définitives en ce qui -
concerne le Dahomey et M. Bayol.
LA
LOI CONTRE LA PRESSE
LE REJET DE LA LOI
Un système intermédiaire. — L'opinion
du gouvernement. — Le discours de
M. Pelletan. — Le scrutin sur le
passage aux articles. — Une im-
posante majorité. — L'échec
d'une loi rétrograde.
La fameuse proposition Marcel Barthe a
vécu. Le Sénat l'avait mise au monde et
adoptée : la Chambre lui a fait, hier, un
enterrement de première classe.
Les députés ont, en effet, signifié à une
très grosse majorité de cent cinquante-huit
voix, — 33h voix contre 183, — qu'ils en-
tendaient ne pas même passer à la discus-
sion des articles de cette proposition rétro-
grade. C'est donc une très belle et très im-
portante manifestation en faveur de la li-
berté qui s'est produite hier au Palais-
Bourbon.
A dire le vrai, ce n'était même plus de
cette proposition Barthe qu'il s'agissait.
Comme l'a fait, en effet, remarquer M. Ca-
mille Pelletan au début d'un remarquable
discours dont nous allons parler, personne
à la Chambre, — sauf peut-être M. Joseph
Reinach, — n'osait plus s'atteler à la dé-
fense de la loi telle qu'elle était sortie
des délibérations sénatoriales.
Les adversaires de la loi de 1881 sur la
presse avaient reporté leur effort sur une
sorte de système intermédiaire qu'a exposé
M. Maxime Lecomte et qu'on savait avoir
l'approbation du gouvernement.
Il s'agissait, dans cette façon de cote mal
taillée, non plus de déférer aux tribunaux
correctionnels les délits de diffamation,
d'outrage et d'injure commis envers les
fonctionnaires, mais bien de laisser le jury
compétent en matière de diffamation et de
saisir la police correctionnelle seulement
des inj ures.
C'est donc M. Maxime Lecomte qui est
venu le premier se faire l'avocat de cette
solution mixte. Les arguments qu'il a four-
nis à l'appui de sa thèse sont connus : ils
avaient, d'ailleurs, été déjà développés, au
Luxembourg par quelques pères conscrits
qui, bien que partisans, eux aussi, de res-
trictions à apporter à la législation sur la
presse, trouvaient néanmoins que M. Mar-
cel Barthe allait un peu loin et faisait trop
bon marché des principes et des traditions
républicaines.
Donc, M. Lecomte a redit, après bien d'au-
tres, que la liberté de la presse ne doit pas
être confondue avec la liberté de l'injure,
et que le gouvernement de la République
est tenu de mettre, de façon aussi efficace
que possible, ses fonctionnaires à l'abri des
outrages et des offenses.
Sans doute il y a dans la pratique, - et
c'est là une grosse objection de fait contre
le système intermédiaire en question, —
sans doute il y a des difficultés presque
insurmontables à établir une distinction
entre la diffamation et l'injure. M. Maxime
Lecomte a essayé de démontrer que ces dif-
ficultés n'existent pas,et, un peu plus tard,
M. le garde des sceaux devait s'évertuer 4.
soutenir la même théorie. Mais les subtili-
tés dont ont usé à cet effet et le député du
Nord et le ministre de la justice n'étaient
pas de nature à modifier le sentiment de
la Chambre.
M. Camille Pelletan
C'est le rapporteur, M. Pelletan, qui
a parlé après M. Maxime Lecomte. Il a
prononcé un excellent discours, tantôt d'une
éloquence à la fois simple et démonstra-
tive, tantôt d'une ingéniosité et d'une sou-
plesse dans l'argumentation qui ont été tout
a fait remarquables. Bref ses paroles ont
emporté les dernières hésitations s'il en
restait encore, et la Chambre, après avoir
entendu le rapporteur, avait son opinion
faite, et bien faite.
M. Pelletan a d'abord commencé par
démolir le fameux système intermédiaire
de la différence entre la diffamation et l'in-
jure. Il l'a fait à l'aide de quelques argu-
ments décisifs, celui-ci, par exemple, choisi
parmi bien d'autres :
En doctrine, en théorie, la distinction se
fait très bien. Mais il n'en est pas de même
dans la pratique. Est-ce que dans les trois
quarts des cas, quand 011 lauce une injure con-
tre un homme, on ne porte pas contre lui une
diffamation, et réciproquement? (Interrup-
tions sur divers bancs. — Très bien 1 très
bien 1 sur d'autres bancs.)
Est-ce que vous ne voyez pas ce qui va se
passer? Parmi les fonctionnaires attaqués par
la presse, les uns ne relèveront que l'injure
pour aller devant la police correctionnelle,
et les autres ne relèveront que la diffamation
pour aller devant la cour d'assises; vous au-
rez ainsi une catégorie de fonctionnaires qui
sembleroat reculer devant la preuve des
faits.
— Du reste, a poursuivi l'orateur, les ma-
gistrats ont souvent une bien singulière
façon de déterminer l'injure. Pouvons-nous
oublier qu'un tribunal se rencontra pour
estimer qu'il y avait injure dans la fa-
meuse sommation de Gambetta : « Se sou-
mettre ou se démettre » ? Sans doute, cela
se passait pendant le 16 Mai. Mais enfin le
tribunal qui pronbnça ce jugement mé-
morable était un tribunal normal et non
une juridiction exceptionnelle, impro-
visée pour la lutte.
M. Pelletan a ensuite fait bonne justice du
fameux argument invoqué par M. Reinach,
du traitement de droit commun à appli-
quer à la presse. Puis il a montré que, en
dehors des raisons de doctrine, la police
correctionnelle n'a nullement cette inéluc-
table rigueur dans la répression qu'atten-
dent de cette juridiction les partisans de la
loi Barthe.
Le rapporteur s'est donné à ce propos
le malin plaisir de lire toute une série d'ar-
ticles de la République française, articles où
certains jurys de la Seine ou des départe-
ments étaient chaleureusement félicités à
cause de leurs verdicts sévères rendus,
l'an dernier, dans certains procès pour ca-
lomnie ou diffamations politiques. Puis
est venue la contre-partie, c'est-à-dire la
citation d'autres entrefilets du même jour-
nal, où se trouvaient incriminés avec la
dernière énergie certains tribunaux cor-
rectionnels, celui d'Angoulême notamment,
qui, dans leurs jugements, s'étaient mon-
trés fort cléments aux boulangistes.
En résumé, a-t-il conclu sur ce point, dans
cette série de procès que j'ai fait passer sons
vos yeux, M. lteinach ne cesse de crier bravo
au jury, et d'accuser la mansuétude des ma-
gistrats.
Voyons! vous n'êtes donc plus pour la poli-
tique expérimentale, vous êtes intransigeants
et intransigeants à rebours, contre les faits 1
(Très bien 1 très bieul à gauche.)
Reconnaissez au moins que le jury vous of-
fre autant de garanties que la police correc-
tionnelle.
La question n'a-t-elle pas été tranchée,
comme on vient de le voir, par M. "Reinach
lui-même?
La question politique
M. Pelletan s'est également expliqué, de
la façon que voici, sur ce qu'avait d'extraor-
dinaire la présentation d'une telle loi dans
les circonstances actuelles :
Il était naturel qu'il se produisît des tenta-
tives de ce genre au plus fort de la dernière
crise, lorsque l'existence même de la Répu-
blique était mise en jeu, quand on voyait les
ennemis de la démocratie retourner contre
elle les armes qu'elle leur avait fournies.
Eh bien, même alors, la Chambre a eu la sa-
gesse de ne rien vouloir changer. Et c'est
l'honneur du parti républicain d'avoir vaincu
sans réaction, sans toucher ni au dr ut de
réunion, ni au régime de la presse, sans en-
tamer son patrimoine de liberté. (Très bien !
très bien 1)
Et ce que vous n'avez pas fait en pleine
mêlée, vous le feriez après la victoire, après
que le suffrage universel vous a donné tant
de gages de confiance! Véritablement, on n'au-
rait jamais vu pareil contre-sens politique!
Puis l'orateur a conclu par quelques
considérations d'une incontestable portée
politique.
A la suite des dernières élections, a-t-il
dit, le parti républicain a senti la nécessité
d'un accord :
Les conditions de ce plan de conduite ont
été fixées par l'opinion elle-même ; je dois dire
que ce ne sont pas celles que nous aurions
choisies si nous avions été libres. Ces condi-
tions comportent, par un accord universel,
avec l'accomplissement des réformes prati-
ques, l'ajournement de certaines questions de
politique pure, que, pour notre part, nous
n'avons jamais cessé de croire nécessaires et
urgentes.
Mais il faut s'entendre. Si tel est le pro-
gramme sur lequel on devait faire l'union du
parti républicain, que signifie alors une loi
comme celle-ci? (Très bien! très bien! sur
divers bancs.)
Est-ce que ce n'est pas une loi de politique
pure? Est-ce que, quand vous avez proposé, à
titre d'essai d'entente entre toutes les frac-
tions républicaines trop longtemps divisées,
d'écarter toutes les questions de politique
pure, il ne s'agissait que de celles qui consti-
tuent la marche en avant, et que l'accord ne
tient plus quand il s'agit de reculer?
Il était convenu qu'on respecterait les lois
déjà votées par le parti républicain, et la pre-
mière chose que vous faites, c'est de nous de-
mander de revenir sur une de celles dont il
s'honore le plus ! Est-ce là tenir les promesses
faites? La Chambre n'hésitera pas, j'en suis
sûr, à repousser une telle proposition : elle la
repoussera parce qu'elle dessert les intérêts
qu'elle prétend servir et parce qu'elle est un
projet de recul et de division. (Vifs applaudis-
sements à gauche.)
La fin du débat
M. Fallières, garde des sceaux, a répondu
à M. Pelletan. Comme nous l'avons déjà
dit, il a appuyé la solution intermédiaire,
demandant à la Chambre de voter le pas-
sage à la discussion des articles afin de
pouvoir se prononcer sur cette solution
intermédiaire.
Le ministre a naturellement affirmé que
le gouvernement est entièrement respec-
tueux de la liberté de la presse, et que c'est
pour consolider cette liberté et non pour
la restr eindre, qu'il recommande une plus
prompte et plus énergique répression de
l'injure.
M. Fallières a également parlé, comme
bien on pense, de la nécessité de faire res-
pecter les fonctionnaires. Mais tout cela
était trop connu, trop peu concluant aussi,
et dès lors ne portait plus.
M. Jullien a ensuite présenté contre la
loi en discussion quelques solides raisons
juridiques. Après quoi la clôture a été dé-
cidée, malgré les efforts de M. Delmas pour
la faire différer.
On a voté alors, et nous avons dit, au
début, à quelle majorité le passage à la
discussion des articles avait été repoussé.
La proclamation de ce scrutin a été très
applaudie à gauche.
[A la fin de la séance, M. Viger, rapporteur
de la commission d'enquête sur l'élection de
Saint-Dié, a demandé à la Chambre de s'occu-
per dès samedi du cas de M. Picot. Mais le ren-
voi de ce débat après les vacances de la Pente-
côte a été réclamé par M. Douville-Maillefeu
et @ voté par 270 voix contre 2A2. On a également
décidé de ne discuter qu'après la Peatecôte, et
aussi après l'élection Picot, la loi sur le régime
des maïs. Dès lors, la Chambre, n'ayant plus
rien à mettre à son ordre du jour, s'est ajour-
née à jeudi prochain 29 mai.]
LA VIEDEP ARIS
Deux personnages ont été retrouvés
presque en même temps, qui — pour des
motifs très divers, je me hâte de le dire
— étaient restés longtemps cachés : M.
Saint-Saëns et Eyraud. L'assassin pré-
sumé de M. Gouffé s'est fait prendre a la
Havane et va être ramené à Paris juste au
moment où l'on allait clore l'instruction et
classer l'affaire, tant pour lui que pour
M. Launé. Quant à M. Saint-Saëns, spon-
tanément revenu au monde, les journaux
sont pleins de ses faits et gestes depuis
l'heure où il a dit : « C'est moi ! » Son
nom se lit presque aussi souvent que
celui d'Eyraud dans les gazettes, et, pour
une fois, je suis obligé de penser que les
gazettes feraient bien de nous parler de
l'assassin plus que de l'artiste. Le crime
d'Eyraud a été un crime retentis-
sant, la conscience publique peut trouver
un soulagement à savoir qu'il ne sera pas
impuni.
Pour l'aventure de M. Saint-Saëns, c'est
autre chose 1 M. Saint-Saëns fait recevoir
un opéra à l'Académie de musique. La
curiosité s'éveille. On compte sur lui
pour aider à la réussite, à la bon-
ne exécution de l'œuvre. Directeurs,
chanteurs, musiciens ont besoin de ses
conseils, dont doit profiter le public. Plus
de M. Saint-Saëns ! Parti, envolé ; pas un
mot, pas une lettre, pas une recomman-
dation, pas une excuse ! La chose parait
si extraordinaire que l'on pense à un
malheur, maladie, folie, assassinat. Ses
amis, les admirateurs de l'artiste, s'in-
quiètent, s'affligent. On publie sur son
compte des articles qui ressemblent à des
nécrologies. Un sentiment de sympathie
attristée plane sur la première représen-
tation d'ÁsoanÍo. Puis, comme un diable
qui sort d'une boîte avec un air de rica-
nement, M. Saint-Saëns se retrouve.
Là-dessus, on ne nous parle plus que
de lui. Il est aux Açores. Il est à Malaga.
Il est un peu malade. Il a bien déjeuné.
Il a joué du piano. Il est arrivé à huit
heures trente. Il va à l'Opéra, incognito,
ce soir. Hél laissez-nous respirer! Il
m'eût semblé juste que la fumisterie de
M.Saint-Saëns eût eu un petit châtiment.
On eût bien fait de lui montrer que sa
fugue n'a pas valu, à nos yeux, celles qu'il
écrit, et la juste contre-partie des inquié-
tudes inutiles qu'il nous a données eût
été un peu de silence sur sa réappari-
tion. Mais on sait mal se taire et on sait
mal éviter qu'on fasse autour de vous un
bruit qui n'est pas toujours bon. Voyez
ce qui arrive pour M. Georges Hugo. De-
puis huit jours on ne parle que de ce
jeune homme, dont le grand-père a
écrit :
Ami, cache ta vie et répands ton esprit.
Ce n'est peut-être pas sa faute tout à
fait. Tout jeune, la publicité l'a guetté,et
je me souviens en souriant avec quelle em-
phase un journal annonçait qu'il avait
passé son examen de bachelier. Puis est
venue une histoire de crocodiles empail-
lés, de prêts usuraires, histoire compli-
quée, dans laquelle ont été mêlés, paraît-
il, des gens d'assez bonne foi. A ces em-
prunts se joignait et se liait l'octroi d'un
royal présent, d'un manteau de trente
mille francs, en martre zibeline, à une
dame d'un certain âge à qui la peau de
lapin eût dû suffire. Ensuite, c'est une
aventure nocture et obscure sur le boule-
vard, des provocations aux passants, des
coups donnés. Peccadille peut-être, mais
funeste. Car, du coup, nous avons appris
ce que nous devions ignorer, c'est-à-dire
que M. Georges Hugo, ayant fait cinq
cent mille francs de dettes, a dû être
pourvu d'un conseil judiciaire.
Cinq cent mille francs de dettes!. A
peu près, je pense, ce qu'on rapporté les
Orientales, les Feuilles d'automne et
Hernani, que le grand-père avait presque
composés à l'âge du petit-fils.Tout ceci
ne pouvait et ne devait pas nous regar-
der; mais, en vérité, la maladresse des
amis excuse presque l'indiscrétion des
adversaires ou des indifférents. N'avons-
nous pas lu, dans un grand journal, une
apologie extraordinaire du jeune M. Geor-
ges Hugo? On nous a bien dit qu'il était
« noceur" et prodigue; mais on ajoute
qu'il écrit comme un ange, tient un petit
bleu, où il garde ses impressions et note
ses opinions sur les hommes et le choses
du jour; on ajoute qu'il peint et dessine
déjà très bien. Hé! tant mieux! On ai-
merait à savoir que le jeune homme qui
p orte un nom glorieux n'est pas un inu-
tile. Mais, de grâce, qu'on nous le fasse
savoir par ses œuvres, non par des ra-
contars qui ont je ne sais quoi d'imper-
tinent.
Il est certain que M. Georges Hugo a
reçu un double héritage. Qu'il mange la
fortune gagnée par l'aïeul, rude travail-
leur, il nous importe, en somme, assez
peu : c'est affaire à lui. Mais l'autre part
de l'héritage, l'héritage du nom, nous
touche davantage, et ce n'est pas sans un
peu d'ennui que nous le verrions com-
promis, fût-ce par des légèretés, — car il
ne faut rien pousser au tragique. Toute
l'œuvre de Victor Hugo se résume en un
'sentiment des devoirs imposés aux heu-
reux, aux riches, aux instruits, aux let-
trés. Il est certain que les jugements des
hommes varient avec raison selon la qua-
lité de celui qui en fait l'objet.
Les fils qui portent un nom glorieux
ne sont pas les égaux des premiers ve-
nus : ils ont des privilèges et comme une
noblesse qui leur vient de leur naissance
et qui leur impose des devoirs. Comment
veut-on que disparaisse l'envie, la pas-
sion basse et mauvaise, si les jeunes
hommes qui arrivent à l'existence avec
tout pour être utiles se servent de leurs
avantages pour donner de tristes exem-
ples ? On ne peut supposer à personne
une hostilité contre un jeune homme de
vingt-deux ans ; mais on ne saurait se
défendre d'un peu de tristesse quand on
voit un nom glorieux reparaître, tantôt
dans des articles trop complaisants, tan-
tôt dans des faits-divers trop vulgaires.
Henry Fouquier.
AFFAIRE D'ESPIONNAGE EN ITALIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 22 mai.
Une dépêche de Gênes annonce l'arrestation
d'un employé de la direction du génie, accusé
d'avoir vendu à l'étranger des plans de dé-
fense de Gênes et autres ports du littoral mé-
diterranéen.
L'ANNIVERSAIRE
DE LA REINE VICTORIA
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTIOULIBR)
Londres, 23 mai.
La célébration officielle du soixante et
onzième anniversaire de la naissance de la
reine d'Angleterre, dont la date réelle est
le SU* mai, a commencé hier à Londres.
La garde a été relevée solennellement au
palais de Saint-James, sous les yeux de la
famille royale et en présence de tous les
attachés militaires des ambassades étran-
gères.
Des édifices publics et beaucoup de mai-
sons ont été pavoisés, et des salves d'artil-
lerie ont été tirées à la tour de Londres et
au parc Saint-James.
Il y a eu au camp d'Aldershot une grande
revue de dix mille hommes. Deux généraux
ont été nommés feld-maréchaux : ce sont
sir John Lintorn Simmons et sir Frederick
Haines.
Ce dernier a été commandant des troupes
anglaises dans la dernière campagne en
Afghanistan.
LC NOUVEAU FUSIL AUTRICHIEN
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Vienne, 22 mai.
Les essais faits avec la carabine Mannlicher
par les experts ont été si probants,que l'intro-
duction de cette arme à feu dans tous les ré-
giments de cavalerie a été décidée.
Il est à remarquer que cette arme ne com-
porte pas l'emoloi de la pouctre sans fumée.
EYRiUDIRRÊTÉ
LI NOUVELLE EST OFFICIELLE
Une dépêche de la Havane. — Arres-
tation mouvementée. — Identité
reconnue. — Tentative de sui-
cide. — Le départ des agents.
- L'extradition et le re-
tour prochain.
Michel Eyraud, l'assassin de l'huissier
Gouffé, vient d'être arrêté à la Havane. La
première dépêche annonçant l'importante
capture de 1 audacieux criminel est arrivée
avant-hier dans l'après-midi au ministère
des affaires étrangères. Elle était adressée
au ministre par notre consul général à la
Havane, M. de Monclar. Un nouveau télé-
gramme parvenu hier matin au quai d'Or-
say a apporté la confirmation de la nou-
velle.
Immédiatement, le préfet de police a été
prévenu, ainsi que le juge d'instruction, M.
Dopaer.
Les circonstances qui ont accompagné
1 ariestation d Eyraud ne sontpas encore,on
le comprendra, entièrement connues. Ce
qui est bien établi, c'est l'identité de l'as-
sassin do Gouffé.
Eyraud, en quittant New-York quelques
heures après l'arrivée dans cette ville des
deux agents de la Sûreté parisienne en-
voyés en Amérique à sa recherche, avait
traversé l'Amérique du Sud, gagné le Mexi-
que et débarqué dans l'Ue de Cuba. A
la Havane, il était allé habiter à l'hôtel
Roma, dirigé par un Français, sous le nom
de Miquel Daski, originaire de la Pologne.
Arrestation
Mardi, un jeune homme habitant depuis
un an la Havane, qu'Eyraud avait employt
alors qu'il dirigeait la distillerie de Sèvres
rencontra son ex-patron dans une rue de
la Havane. Ils se causèrent; mais le jeune
homme, bien qu'il connût le crime dont
Eyraud était l'auteur, se garda bien de lui
en parler. Seulement, après qu'il l'eut
quitté, il alla prévenir les autorités judi-
caires; mais Eyraud, qui s'était douté que
son ancien employé avait eu connaissance
des soupçons qui planaient sur lui, avait
quitté précipitamment l'hôtel Roma et s'é-
tait enfui.
La police se lança sur ses traces, et il fut
bientôt mis en état d'arrestation.
Tout d'abord, payant d'audace, il soutint
qu'il ne se nommait pas Eyraud, mais bien
Miquel Daski, et se laissa conduire dans un
poste de police où notre consul vint l'in-
terroger. Dans la valise qu'il avait aban-
donnée à l'hôtel Roma, on trouva des jour-
naux français où le crime de la rue Tron-
çon-Ducoudray était raconté tout au long,
un pistolet, un poignard, etc., et sur lui,
dans un portefeuille, l'acte de société dressé
entre Eyraud et M. Garanger pour l'exploi-
tation, a Montréal, d'une distillerie. Il n'y
avait plus à nier. L'assassin avoua qu'il
était bien Eyraud.
Se voyant découvert, aux mains de 1%
police, le meurtrier a voulu se donner la
mort. Dans le poste de police, Eyraud, qui
portait encore le binocle volé sur Goutfé,
en a brisé les verres, s'est ouvert les veines
des bras et des jambes. Il a perdu beau-
coup de sang, mais ses blessures ne met-
tent pas sa vie en danger Il est soigné avec
beaucoup de soin; il est surveillé avec
énormément d'attention. On est persuadé
qu'il essaiera encore de se donner la mort.
Départ de Gaillarde
Le préfet de police s'est concerté hier
avec MM. Dopffer, juge d'instruction, et
Goron, chef de la Sûreté, à l'effet d'envoyer
des agents à la Havane y chercher l'assas-
sin de Gouffé. Le choix de M. Goron s'est
porté forcément sur le meilleur agent de sa
brigade, le très habile inspecteur principal
Gaillarde. Cet agent parle l'espagnol; la
connaissance de cette langue lui sera
d'une grande utilité pour conférer avec les
autorités de l'île de Cuba.
Il sera accompagné dans sa mission, qui
est plus délicate qu'il ne semblerait tout
d'abord, par le brigadier Soudais, qui a
fait le premier voyage en Amérique à la
recherche d'Eyraud.
Comme nous le disons plus haut, la plus
grande peur des agents, c'est de trouver,
lorsqu'ils arriveront au but de leur vovage.
Eyraud mort.
Ils sont certains, si l'assassin ne se tua
paa la-bas, de le ramener, eux, vivant à
Paris.
Les deux agents partiront ce soir ven-
dredi pour le Havre. Il s'embarqueront
le lendemain à bord d'un transatlantique
pour New-York, où ils arriveront le 1er ou
le 2 juin. Ils seront six jours après à la
Havane.
L'extradition
Le juge d'instruction s'est occupé avec
beaucoup de soin des formalités d'extra-
dition, qui donnent pour beaucoup de pays
prétexte à une foule de difficultés. Une con-
vention intervenue en décembre 1877 entre
les deux pays, règle les conditions de l'extra-
dition. Il suffit d'un mandat en règle, déli-
vré par le juge, pour que les nationaux
d'un pays soient livrés à leur gouverne-
ment.
Le mandat doit établir non seulement
l'identité de l'inculpé, mais contenir un ex-
posé succinct des faits qui motivent l'ex-
tradition et les articles du code qui ont
rapport à ces faits et au crime commis.
La signature du juge d'instruction est
certifiée par le garde des sceaui, Ce mandat
suit la voie diplomatique.
Le procès
L'arrestation d'Eyraud change de tout en
tout la face des choses. Le principal auteur
de l'assassinat absent au procès, c'était
une affaire manquée, sans intérêt. En effet,
Gabrielle Bompal'd,comparaissant seule de-
vant le jury, se taillait un rôle effacé, reje-
tant sur Eyraud toute la responsabilité du
crime. Quant à Remy Launé, l'homme d'af-
faires de Sèvres, c'était bien mieux encore:
il échappait complètement à la justice,
les présomptions abondant mais les preu-
ves manquant complètement.
Eyraud seul pourra expliquer le rôle
exact joué dans l'assassinat par Remy
Launé qui allait être remis en liberté.
Ce dernier, qui est écroué à Mazas, est
dans un étai de santé alarmant.
Quelle va être Ja défense échafaudée par
Michel Eyraud pouf se disculper des preu-
ves accablantes qui pèsent sur lui ? Il ten-
tera, il ne faut pas en dputer, d établir
qu'il est étranger au crime. ,
Cette nature d'aventurier ne se laissera
pas abattre sans lutter. Il rejettera s tir Ga-
brielle Bompard la plus grosse part ",!-t
crime.
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EYRAUD ARRÊTÉ A LA HAVANE
istet llela loi contre la presse
M. PAUL STRAUSS
fTHiA. ïBRÉSIDENCE DU CONSEIL MUNICIPAL
Les assassins de la rue de Provence
Quelques Chiffres
Une faut pas abuser des statisti-
ques. Ce sont, passez-moi la compa-
raison, des sacs d'où il est trop aisé
de tirer plusieurs moutures. Selon la
manière dont on use pour en établir
les bases, les résultats varient avec
une suprenante et déplorable facilité.
Suivant qu'on interprète les chiffres
dans un sens ou dans l'autre, les con-
clusions diffèrent au gré des commen-
tateurs.
Néanmoins, si délicat qu'il soit,
quelques précautions qu'il réclame
pour être manié utilement, c'est un
instrument précieux que la statisti-
que. Il fournit les renseignements les
plus intéressants, les comparaisons
les plus instructives.
Un des sujets où son emploi est le
plus naturellement indiqué est sans
doute la matière budgétaire. Dans les
questions d'impôts, la comparaison
des résultats obtenus dans les diffé-
rents pays est un élément essentiel
d'information.
M. Cerboni, le directeur général de
la comptabilité du royaume d'Italie,
en a ainsi jugé. Cet éminent statisti-
cien vient de publier l'analyse et la
comparaison des budgets d'Etat des
sept grandes puissances européennes.
Nous avons lu avec intérêt le résumé
de cette savante étude dans un re-
cueil spécial.
Les sept budgets qui sont comparés
dans l'ouvrage de M. Cerboni sont
ceux de l'Allemagne, de l'Angleterre,
de PAutriche-Hongrie, de l'Espagne,
de la France, de l'Italie et de la Rus-
sie. L'année choisie est 1887 ; 1887-88
pour les pays dont l'exercice com-
mence, soit le 1er avril, comme l'Alle-
magne et l'Angleterre, soit le 1er juil-
let, comme l'Espagne et l'Italie.
Examinons d'abord les recettes et
les dépenses totales de ces budgets.
Le pays qui a le plus gros chiffre tant
en recettes qu'en dépenses est l'Alle-
magne. Dans les deux colonnes, le to-
tal dépasse h milliards. L'Espagne a
le budget le moins considéra le : il ne
surpasse guère 850 millions. Après
l'Allemagne et la Russie, c'est la
France dont le budget se chiffre par
le plus gros total : 3 milliards â3h mil-
lions en chiffres ronds.
Le pays où le déficit est le plus con-
sidérable est l'Autriche-Hongrie : IZ
millions. A l'autre extrémité de l'é-
chelle, c'est le buget anglais qui se
solde par le plus gros excédent de re-
cettes : 58 millions. Il n'y a, du reste,
qu'un pays avec l'Angleterre dont le
budget, d'après M. Cerboni, se soit
bouclé en 1887 par un excédent de re-
cettes : c'est le nôtre. Mais nous ne
supportons pas la comparaison avec
nas voisins d'outre-Manche. Notre
excédent n'atteint pas le million ; à
peine s'il dépasse 600,000 fr.
L auteur de cette intéressante étude
ne s'est pas contenté de faire porter
ses observations sur les résultats d'un
exercice. Il rapproche les recettes et
les dépenses en 1882 et en 1887, dans
les sept pays qu'il étudie. De cette
comparaison, un fait ressort en pre-
mier lieu : de 1883 à 1887, les dépen-
ses de tous les budgets ont progressé.
Un seul Etat fait exception à la règle :
la République française. Nos dépenses
tombent, dans cette période, de 3 mil-
liards 500 millions à 3 milliards S00
millions. La différence vaut d'être
notée.
Des autres puissances, l'Allemagne
est celle dont les dépenses ont subi
l'augmentation la plus forte : 1 mil-
liard sans moins. L'Angleterre est le
pays où la progression s'est le moins
accusée; à peine si elle atteint 11 mil-
lions.
Mais M. Cerboni ne se contente pas
de comparer deux budgets aux deux
extrémités de la période qu'il observe.
Il totalise recettes et dépenses des six
exercices qui y sont renfermés. Voici
quelques-uns des résultats formidables
qu'il obtient : Le pays où les impôts
indirects et les taxes de consommation
ont atteint le total le plus élevé est la
Russie : 9 milliards, et immédiatement
après elle la France : 8 milliards 171
millions. L'Allemagne n'a demandé,
dans le même espace de temps, à cette
catégorie si critiquable d'impôts, que
8 milliards et demi.
Pour les dépenses de la guerre, la
Russie vient première : h milliards
851 millions. Nous suivons,avec h mil-
liards S05 millions. L'Allemagne oc-
cupe le troisième rang : 3 milliards
IC millions. La France tient la pre-
mière place pour l'instruction publi-
que : 958 millions. Derrière elle, l'Al-
lemagne : 89h millions.
Après 1a. synthèse, l'analyse; après
les gros bataillons, les minces unités.
Nous venons de lire les totaux, par
millions et milliards, des dépenses et
des recettes de six exercices accumu-
lés. Voulez-vous maintenant connaî-
tre la quotité moyenne par tête d'ha-
bitant des dépenses effectives en 1887?
Nous tenons, hélas! la tête, et de
loin. Le chiffre est, pour la France, de
83 fr. 33. Il n'est, pour l'Allemagne,
que de 57 fr. 06 ; pour l'Angleterre, il
est de 58 fr. 86; pour l'Italie, de
51 fr. 97.
Voilà des chiffres qu'il convient de
méditer. Ils sont plus éloquents que
tous les discours. Ils crient au législa-
teur français quel est son devoir. Pour
protéger efficacement le travail natio-
nal, nous avons mieux à faire qu'éta-
blir, à tort et à travers, des taxes
prohibitives : nous devons tendre à
égaliser les conditions de lutte entre
nos producteurs et leurs concurrents
étrangers, par l'amélioration de notre
système d'impôts. Aucune réforme
n'est plus urgente.
A. Millerand.
Le a XIXo Siècle » publiera demain la
« Chronique » par M. Francisque Sarcey.
LA PRÉSIDENCE
DU CONSEIL MUNICIPAL
M. Strauss décline la candidature. -
Une lettre. — Sages conseils.
[M. Paul Strauss, conseiller municipal, nous
adresse la lettre suivante :J
Paris, 22 mai.
Mon chèr confrère,
Plusieurs journaux ont indiqué mon nom
parmi ceux des candidats à la présidence
du conseil municipal. Il est bien vrai que
l'idée de cette candidature a pris naissance
en dehors de moi au lendemain du 27 avril
et qu'elle avait rencontré l'accueil le plus
bienveillant auprès d'un certain nombre
de mes collègues.
Ceux qui m'ont fait le grand honneur de
penser à moi pour la présidence, en outre
de leurs sympathies personnelles, s'apprê-
taient surtout à voter pour un modeste et
persévérant représentant de la politique
d'union républicaine, dévoué aux droits
de Paris, respectueux de la loi ; ils sa-
vaient, pour m'avoir vu à l'œuvre, que je
ne serais le prisonnier d'aucun groupe et
que je ne consentirais pas plus à humilier
en ma personne les franchises municipales
qu'à faire figure d'un président de com-
bat.
Du moment que ma candidature ne pa-
raît pas devoir servir de trait d'union aux
républicains du conseil et qu'elle n'a pas
surgi spontanément d'une réconciliation
plus que jamais nécessaire, je ne puis que
remercier mes collègues et amis de toutes
les nuances de l'opinion républicaine et
décliner les offres de candidature qui
m'ont été faites.
Quant à moi, mon vote et mon concours
sont acquis d'avance à celui des républi-
cains qui, sans rien abandonner des reven-
dications légitimes de Paris, saura se sou-
venir du mandat pratique dont il a été
investi par la population parisienne.
Au lendemain de ce scrutin mémorable
qui a porté, grâce à notre concorde et à no-
tre discipline, le dernier coup à l'esprit de
réaction et de dictature, la première élec-
tion présidentielle du nouveau conseil mu-
nicipal ne doit pas être un champ de ba-
taille pour les diverses fractions du parti
républicain.
Veuillez agréer, mon cher confrère, l'as-
surance de mes meilleurs sentiments.
PAUL STRAUSS
Conseiller municipal de Paris.
M. BAYOL
Entrevues avec M. Etienne. — Res-
ponsabilités à porter. — Les ré-
solutions définitives.
M. Bayol a eu hier, dans la matinée et
dans l'après-midi, deux entrevues avec M.
Etienne, sous-secrétaire d'Etat aux colo-
nies.
M. Bayol a fait au sous-secrétaire d'Etat
l'historique complet de son voyage à Abo-
mey, des tribulations de toute sorte qu'il a
dû endurer, qui ont plus d'une fois mis sa
vie en danger.
Il a conté les négociations engagées avec
le roi de Dahomey, ses prétentions et son
outrecuidance, et comment il n'avait de-
mandé les premiers renforts de tirailleurs
sénégalais que dans une intention pure-
ment défensive et pour sauver les établis-
sements européens de la côte, menacés par
les troupes dahoméennes.
Bien que la bonne harmonie entre le co-
lonel Térillon, le commandant Fournier et
lui n'ait cessé d'exister, il ne semble pas
que M. Bayol partage absolument les idées
du département de la marine au sujet des
opérations exécutées dans ces derniers
temps et du plan de campagne arrêté.
Si nous en croyons les renseignements
qui nous viennent du sous-secrétariat des
colonies, M. Etienne aurait reproché deux
choses à M. Bayol : s'être montré trop mou
quand il eût fallu de la « poigne », et trop
énergique quand il aurait fallu ne pas
l'être.
M. Etienne ne précise pas davantage, du
reste, et il voudrait bien faire retomber
sur M. Bayol une aventure dont il a seul
toute la responsabilité.
M. Bayol aura d'ailleurs une entrevue
aujourd'hui probablement; avec M. le pré-
sident du conseil.
Après cet entretien, le gouvernement ar-
rêtera des résolutions définitives en ce qui -
concerne le Dahomey et M. Bayol.
LA
LOI CONTRE LA PRESSE
LE REJET DE LA LOI
Un système intermédiaire. — L'opinion
du gouvernement. — Le discours de
M. Pelletan. — Le scrutin sur le
passage aux articles. — Une im-
posante majorité. — L'échec
d'une loi rétrograde.
La fameuse proposition Marcel Barthe a
vécu. Le Sénat l'avait mise au monde et
adoptée : la Chambre lui a fait, hier, un
enterrement de première classe.
Les députés ont, en effet, signifié à une
très grosse majorité de cent cinquante-huit
voix, — 33h voix contre 183, — qu'ils en-
tendaient ne pas même passer à la discus-
sion des articles de cette proposition rétro-
grade. C'est donc une très belle et très im-
portante manifestation en faveur de la li-
berté qui s'est produite hier au Palais-
Bourbon.
A dire le vrai, ce n'était même plus de
cette proposition Barthe qu'il s'agissait.
Comme l'a fait, en effet, remarquer M. Ca-
mille Pelletan au début d'un remarquable
discours dont nous allons parler, personne
à la Chambre, — sauf peut-être M. Joseph
Reinach, — n'osait plus s'atteler à la dé-
fense de la loi telle qu'elle était sortie
des délibérations sénatoriales.
Les adversaires de la loi de 1881 sur la
presse avaient reporté leur effort sur une
sorte de système intermédiaire qu'a exposé
M. Maxime Lecomte et qu'on savait avoir
l'approbation du gouvernement.
Il s'agissait, dans cette façon de cote mal
taillée, non plus de déférer aux tribunaux
correctionnels les délits de diffamation,
d'outrage et d'injure commis envers les
fonctionnaires, mais bien de laisser le jury
compétent en matière de diffamation et de
saisir la police correctionnelle seulement
des inj ures.
C'est donc M. Maxime Lecomte qui est
venu le premier se faire l'avocat de cette
solution mixte. Les arguments qu'il a four-
nis à l'appui de sa thèse sont connus : ils
avaient, d'ailleurs, été déjà développés, au
Luxembourg par quelques pères conscrits
qui, bien que partisans, eux aussi, de res-
trictions à apporter à la législation sur la
presse, trouvaient néanmoins que M. Mar-
cel Barthe allait un peu loin et faisait trop
bon marché des principes et des traditions
républicaines.
Donc, M. Lecomte a redit, après bien d'au-
tres, que la liberté de la presse ne doit pas
être confondue avec la liberté de l'injure,
et que le gouvernement de la République
est tenu de mettre, de façon aussi efficace
que possible, ses fonctionnaires à l'abri des
outrages et des offenses.
Sans doute il y a dans la pratique, - et
c'est là une grosse objection de fait contre
le système intermédiaire en question, —
sans doute il y a des difficultés presque
insurmontables à établir une distinction
entre la diffamation et l'injure. M. Maxime
Lecomte a essayé de démontrer que ces dif-
ficultés n'existent pas,et, un peu plus tard,
M. le garde des sceaux devait s'évertuer 4.
soutenir la même théorie. Mais les subtili-
tés dont ont usé à cet effet et le député du
Nord et le ministre de la justice n'étaient
pas de nature à modifier le sentiment de
la Chambre.
M. Camille Pelletan
C'est le rapporteur, M. Pelletan, qui
a parlé après M. Maxime Lecomte. Il a
prononcé un excellent discours, tantôt d'une
éloquence à la fois simple et démonstra-
tive, tantôt d'une ingéniosité et d'une sou-
plesse dans l'argumentation qui ont été tout
a fait remarquables. Bref ses paroles ont
emporté les dernières hésitations s'il en
restait encore, et la Chambre, après avoir
entendu le rapporteur, avait son opinion
faite, et bien faite.
M. Pelletan a d'abord commencé par
démolir le fameux système intermédiaire
de la différence entre la diffamation et l'in-
jure. Il l'a fait à l'aide de quelques argu-
ments décisifs, celui-ci, par exemple, choisi
parmi bien d'autres :
En doctrine, en théorie, la distinction se
fait très bien. Mais il n'en est pas de même
dans la pratique. Est-ce que dans les trois
quarts des cas, quand 011 lauce une injure con-
tre un homme, on ne porte pas contre lui une
diffamation, et réciproquement? (Interrup-
tions sur divers bancs. — Très bien 1 très
bien 1 sur d'autres bancs.)
Est-ce que vous ne voyez pas ce qui va se
passer? Parmi les fonctionnaires attaqués par
la presse, les uns ne relèveront que l'injure
pour aller devant la police correctionnelle,
et les autres ne relèveront que la diffamation
pour aller devant la cour d'assises; vous au-
rez ainsi une catégorie de fonctionnaires qui
sembleroat reculer devant la preuve des
faits.
— Du reste, a poursuivi l'orateur, les ma-
gistrats ont souvent une bien singulière
façon de déterminer l'injure. Pouvons-nous
oublier qu'un tribunal se rencontra pour
estimer qu'il y avait injure dans la fa-
meuse sommation de Gambetta : « Se sou-
mettre ou se démettre » ? Sans doute, cela
se passait pendant le 16 Mai. Mais enfin le
tribunal qui pronbnça ce jugement mé-
morable était un tribunal normal et non
une juridiction exceptionnelle, impro-
visée pour la lutte.
M. Pelletan a ensuite fait bonne justice du
fameux argument invoqué par M. Reinach,
du traitement de droit commun à appli-
quer à la presse. Puis il a montré que, en
dehors des raisons de doctrine, la police
correctionnelle n'a nullement cette inéluc-
table rigueur dans la répression qu'atten-
dent de cette juridiction les partisans de la
loi Barthe.
Le rapporteur s'est donné à ce propos
le malin plaisir de lire toute une série d'ar-
ticles de la République française, articles où
certains jurys de la Seine ou des départe-
ments étaient chaleureusement félicités à
cause de leurs verdicts sévères rendus,
l'an dernier, dans certains procès pour ca-
lomnie ou diffamations politiques. Puis
est venue la contre-partie, c'est-à-dire la
citation d'autres entrefilets du même jour-
nal, où se trouvaient incriminés avec la
dernière énergie certains tribunaux cor-
rectionnels, celui d'Angoulême notamment,
qui, dans leurs jugements, s'étaient mon-
trés fort cléments aux boulangistes.
En résumé, a-t-il conclu sur ce point, dans
cette série de procès que j'ai fait passer sons
vos yeux, M. lteinach ne cesse de crier bravo
au jury, et d'accuser la mansuétude des ma-
gistrats.
Voyons! vous n'êtes donc plus pour la poli-
tique expérimentale, vous êtes intransigeants
et intransigeants à rebours, contre les faits 1
(Très bien 1 très bieul à gauche.)
Reconnaissez au moins que le jury vous of-
fre autant de garanties que la police correc-
tionnelle.
La question n'a-t-elle pas été tranchée,
comme on vient de le voir, par M. "Reinach
lui-même?
La question politique
M. Pelletan s'est également expliqué, de
la façon que voici, sur ce qu'avait d'extraor-
dinaire la présentation d'une telle loi dans
les circonstances actuelles :
Il était naturel qu'il se produisît des tenta-
tives de ce genre au plus fort de la dernière
crise, lorsque l'existence même de la Répu-
blique était mise en jeu, quand on voyait les
ennemis de la démocratie retourner contre
elle les armes qu'elle leur avait fournies.
Eh bien, même alors, la Chambre a eu la sa-
gesse de ne rien vouloir changer. Et c'est
l'honneur du parti républicain d'avoir vaincu
sans réaction, sans toucher ni au dr ut de
réunion, ni au régime de la presse, sans en-
tamer son patrimoine de liberté. (Très bien !
très bien 1)
Et ce que vous n'avez pas fait en pleine
mêlée, vous le feriez après la victoire, après
que le suffrage universel vous a donné tant
de gages de confiance! Véritablement, on n'au-
rait jamais vu pareil contre-sens politique!
Puis l'orateur a conclu par quelques
considérations d'une incontestable portée
politique.
A la suite des dernières élections, a-t-il
dit, le parti républicain a senti la nécessité
d'un accord :
Les conditions de ce plan de conduite ont
été fixées par l'opinion elle-même ; je dois dire
que ce ne sont pas celles que nous aurions
choisies si nous avions été libres. Ces condi-
tions comportent, par un accord universel,
avec l'accomplissement des réformes prati-
ques, l'ajournement de certaines questions de
politique pure, que, pour notre part, nous
n'avons jamais cessé de croire nécessaires et
urgentes.
Mais il faut s'entendre. Si tel est le pro-
gramme sur lequel on devait faire l'union du
parti républicain, que signifie alors une loi
comme celle-ci? (Très bien! très bien! sur
divers bancs.)
Est-ce que ce n'est pas une loi de politique
pure? Est-ce que, quand vous avez proposé, à
titre d'essai d'entente entre toutes les frac-
tions républicaines trop longtemps divisées,
d'écarter toutes les questions de politique
pure, il ne s'agissait que de celles qui consti-
tuent la marche en avant, et que l'accord ne
tient plus quand il s'agit de reculer?
Il était convenu qu'on respecterait les lois
déjà votées par le parti républicain, et la pre-
mière chose que vous faites, c'est de nous de-
mander de revenir sur une de celles dont il
s'honore le plus ! Est-ce là tenir les promesses
faites? La Chambre n'hésitera pas, j'en suis
sûr, à repousser une telle proposition : elle la
repoussera parce qu'elle dessert les intérêts
qu'elle prétend servir et parce qu'elle est un
projet de recul et de division. (Vifs applaudis-
sements à gauche.)
La fin du débat
M. Fallières, garde des sceaux, a répondu
à M. Pelletan. Comme nous l'avons déjà
dit, il a appuyé la solution intermédiaire,
demandant à la Chambre de voter le pas-
sage à la discussion des articles afin de
pouvoir se prononcer sur cette solution
intermédiaire.
Le ministre a naturellement affirmé que
le gouvernement est entièrement respec-
tueux de la liberté de la presse, et que c'est
pour consolider cette liberté et non pour
la restr eindre, qu'il recommande une plus
prompte et plus énergique répression de
l'injure.
M. Fallières a également parlé, comme
bien on pense, de la nécessité de faire res-
pecter les fonctionnaires. Mais tout cela
était trop connu, trop peu concluant aussi,
et dès lors ne portait plus.
M. Jullien a ensuite présenté contre la
loi en discussion quelques solides raisons
juridiques. Après quoi la clôture a été dé-
cidée, malgré les efforts de M. Delmas pour
la faire différer.
On a voté alors, et nous avons dit, au
début, à quelle majorité le passage à la
discussion des articles avait été repoussé.
La proclamation de ce scrutin a été très
applaudie à gauche.
[A la fin de la séance, M. Viger, rapporteur
de la commission d'enquête sur l'élection de
Saint-Dié, a demandé à la Chambre de s'occu-
per dès samedi du cas de M. Picot. Mais le ren-
voi de ce débat après les vacances de la Pente-
côte a été réclamé par M. Douville-Maillefeu
et @ voté par 270 voix contre 2A2. On a également
décidé de ne discuter qu'après la Peatecôte, et
aussi après l'élection Picot, la loi sur le régime
des maïs. Dès lors, la Chambre, n'ayant plus
rien à mettre à son ordre du jour, s'est ajour-
née à jeudi prochain 29 mai.]
LA VIEDEP ARIS
Deux personnages ont été retrouvés
presque en même temps, qui — pour des
motifs très divers, je me hâte de le dire
— étaient restés longtemps cachés : M.
Saint-Saëns et Eyraud. L'assassin pré-
sumé de M. Gouffé s'est fait prendre a la
Havane et va être ramené à Paris juste au
moment où l'on allait clore l'instruction et
classer l'affaire, tant pour lui que pour
M. Launé. Quant à M. Saint-Saëns, spon-
tanément revenu au monde, les journaux
sont pleins de ses faits et gestes depuis
l'heure où il a dit : « C'est moi ! » Son
nom se lit presque aussi souvent que
celui d'Eyraud dans les gazettes, et, pour
une fois, je suis obligé de penser que les
gazettes feraient bien de nous parler de
l'assassin plus que de l'artiste. Le crime
d'Eyraud a été un crime retentis-
sant, la conscience publique peut trouver
un soulagement à savoir qu'il ne sera pas
impuni.
Pour l'aventure de M. Saint-Saëns, c'est
autre chose 1 M. Saint-Saëns fait recevoir
un opéra à l'Académie de musique. La
curiosité s'éveille. On compte sur lui
pour aider à la réussite, à la bon-
ne exécution de l'œuvre. Directeurs,
chanteurs, musiciens ont besoin de ses
conseils, dont doit profiter le public. Plus
de M. Saint-Saëns ! Parti, envolé ; pas un
mot, pas une lettre, pas une recomman-
dation, pas une excuse ! La chose parait
si extraordinaire que l'on pense à un
malheur, maladie, folie, assassinat. Ses
amis, les admirateurs de l'artiste, s'in-
quiètent, s'affligent. On publie sur son
compte des articles qui ressemblent à des
nécrologies. Un sentiment de sympathie
attristée plane sur la première représen-
tation d'ÁsoanÍo. Puis, comme un diable
qui sort d'une boîte avec un air de rica-
nement, M. Saint-Saëns se retrouve.
Là-dessus, on ne nous parle plus que
de lui. Il est aux Açores. Il est à Malaga.
Il est un peu malade. Il a bien déjeuné.
Il a joué du piano. Il est arrivé à huit
heures trente. Il va à l'Opéra, incognito,
ce soir. Hél laissez-nous respirer! Il
m'eût semblé juste que la fumisterie de
M.Saint-Saëns eût eu un petit châtiment.
On eût bien fait de lui montrer que sa
fugue n'a pas valu, à nos yeux, celles qu'il
écrit, et la juste contre-partie des inquié-
tudes inutiles qu'il nous a données eût
été un peu de silence sur sa réappari-
tion. Mais on sait mal se taire et on sait
mal éviter qu'on fasse autour de vous un
bruit qui n'est pas toujours bon. Voyez
ce qui arrive pour M. Georges Hugo. De-
puis huit jours on ne parle que de ce
jeune homme, dont le grand-père a
écrit :
Ami, cache ta vie et répands ton esprit.
Ce n'est peut-être pas sa faute tout à
fait. Tout jeune, la publicité l'a guetté,et
je me souviens en souriant avec quelle em-
phase un journal annonçait qu'il avait
passé son examen de bachelier. Puis est
venue une histoire de crocodiles empail-
lés, de prêts usuraires, histoire compli-
quée, dans laquelle ont été mêlés, paraît-
il, des gens d'assez bonne foi. A ces em-
prunts se joignait et se liait l'octroi d'un
royal présent, d'un manteau de trente
mille francs, en martre zibeline, à une
dame d'un certain âge à qui la peau de
lapin eût dû suffire. Ensuite, c'est une
aventure nocture et obscure sur le boule-
vard, des provocations aux passants, des
coups donnés. Peccadille peut-être, mais
funeste. Car, du coup, nous avons appris
ce que nous devions ignorer, c'est-à-dire
que M. Georges Hugo, ayant fait cinq
cent mille francs de dettes, a dû être
pourvu d'un conseil judiciaire.
Cinq cent mille francs de dettes!. A
peu près, je pense, ce qu'on rapporté les
Orientales, les Feuilles d'automne et
Hernani, que le grand-père avait presque
composés à l'âge du petit-fils.Tout ceci
ne pouvait et ne devait pas nous regar-
der; mais, en vérité, la maladresse des
amis excuse presque l'indiscrétion des
adversaires ou des indifférents. N'avons-
nous pas lu, dans un grand journal, une
apologie extraordinaire du jeune M. Geor-
ges Hugo? On nous a bien dit qu'il était
« noceur" et prodigue; mais on ajoute
qu'il écrit comme un ange, tient un petit
bleu, où il garde ses impressions et note
ses opinions sur les hommes et le choses
du jour; on ajoute qu'il peint et dessine
déjà très bien. Hé! tant mieux! On ai-
merait à savoir que le jeune homme qui
p orte un nom glorieux n'est pas un inu-
tile. Mais, de grâce, qu'on nous le fasse
savoir par ses œuvres, non par des ra-
contars qui ont je ne sais quoi d'imper-
tinent.
Il est certain que M. Georges Hugo a
reçu un double héritage. Qu'il mange la
fortune gagnée par l'aïeul, rude travail-
leur, il nous importe, en somme, assez
peu : c'est affaire à lui. Mais l'autre part
de l'héritage, l'héritage du nom, nous
touche davantage, et ce n'est pas sans un
peu d'ennui que nous le verrions com-
promis, fût-ce par des légèretés, — car il
ne faut rien pousser au tragique. Toute
l'œuvre de Victor Hugo se résume en un
'sentiment des devoirs imposés aux heu-
reux, aux riches, aux instruits, aux let-
trés. Il est certain que les jugements des
hommes varient avec raison selon la qua-
lité de celui qui en fait l'objet.
Les fils qui portent un nom glorieux
ne sont pas les égaux des premiers ve-
nus : ils ont des privilèges et comme une
noblesse qui leur vient de leur naissance
et qui leur impose des devoirs. Comment
veut-on que disparaisse l'envie, la pas-
sion basse et mauvaise, si les jeunes
hommes qui arrivent à l'existence avec
tout pour être utiles se servent de leurs
avantages pour donner de tristes exem-
ples ? On ne peut supposer à personne
une hostilité contre un jeune homme de
vingt-deux ans ; mais on ne saurait se
défendre d'un peu de tristesse quand on
voit un nom glorieux reparaître, tantôt
dans des articles trop complaisants, tan-
tôt dans des faits-divers trop vulgaires.
Henry Fouquier.
AFFAIRE D'ESPIONNAGE EN ITALIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 22 mai.
Une dépêche de Gênes annonce l'arrestation
d'un employé de la direction du génie, accusé
d'avoir vendu à l'étranger des plans de dé-
fense de Gênes et autres ports du littoral mé-
diterranéen.
L'ANNIVERSAIRE
DE LA REINE VICTORIA
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTIOULIBR)
Londres, 23 mai.
La célébration officielle du soixante et
onzième anniversaire de la naissance de la
reine d'Angleterre, dont la date réelle est
le SU* mai, a commencé hier à Londres.
La garde a été relevée solennellement au
palais de Saint-James, sous les yeux de la
famille royale et en présence de tous les
attachés militaires des ambassades étran-
gères.
Des édifices publics et beaucoup de mai-
sons ont été pavoisés, et des salves d'artil-
lerie ont été tirées à la tour de Londres et
au parc Saint-James.
Il y a eu au camp d'Aldershot une grande
revue de dix mille hommes. Deux généraux
ont été nommés feld-maréchaux : ce sont
sir John Lintorn Simmons et sir Frederick
Haines.
Ce dernier a été commandant des troupes
anglaises dans la dernière campagne en
Afghanistan.
LC NOUVEAU FUSIL AUTRICHIEN
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Vienne, 22 mai.
Les essais faits avec la carabine Mannlicher
par les experts ont été si probants,que l'intro-
duction de cette arme à feu dans tous les ré-
giments de cavalerie a été décidée.
Il est à remarquer que cette arme ne com-
porte pas l'emoloi de la pouctre sans fumée.
EYRiUDIRRÊTÉ
LI NOUVELLE EST OFFICIELLE
Une dépêche de la Havane. — Arres-
tation mouvementée. — Identité
reconnue. — Tentative de sui-
cide. — Le départ des agents.
- L'extradition et le re-
tour prochain.
Michel Eyraud, l'assassin de l'huissier
Gouffé, vient d'être arrêté à la Havane. La
première dépêche annonçant l'importante
capture de 1 audacieux criminel est arrivée
avant-hier dans l'après-midi au ministère
des affaires étrangères. Elle était adressée
au ministre par notre consul général à la
Havane, M. de Monclar. Un nouveau télé-
gramme parvenu hier matin au quai d'Or-
say a apporté la confirmation de la nou-
velle.
Immédiatement, le préfet de police a été
prévenu, ainsi que le juge d'instruction, M.
Dopaer.
Les circonstances qui ont accompagné
1 ariestation d Eyraud ne sontpas encore,on
le comprendra, entièrement connues. Ce
qui est bien établi, c'est l'identité de l'as-
sassin do Gouffé.
Eyraud, en quittant New-York quelques
heures après l'arrivée dans cette ville des
deux agents de la Sûreté parisienne en-
voyés en Amérique à sa recherche, avait
traversé l'Amérique du Sud, gagné le Mexi-
que et débarqué dans l'Ue de Cuba. A
la Havane, il était allé habiter à l'hôtel
Roma, dirigé par un Français, sous le nom
de Miquel Daski, originaire de la Pologne.
Arrestation
Mardi, un jeune homme habitant depuis
un an la Havane, qu'Eyraud avait employt
alors qu'il dirigeait la distillerie de Sèvres
rencontra son ex-patron dans une rue de
la Havane. Ils se causèrent; mais le jeune
homme, bien qu'il connût le crime dont
Eyraud était l'auteur, se garda bien de lui
en parler. Seulement, après qu'il l'eut
quitté, il alla prévenir les autorités judi-
caires; mais Eyraud, qui s'était douté que
son ancien employé avait eu connaissance
des soupçons qui planaient sur lui, avait
quitté précipitamment l'hôtel Roma et s'é-
tait enfui.
La police se lança sur ses traces, et il fut
bientôt mis en état d'arrestation.
Tout d'abord, payant d'audace, il soutint
qu'il ne se nommait pas Eyraud, mais bien
Miquel Daski, et se laissa conduire dans un
poste de police où notre consul vint l'in-
terroger. Dans la valise qu'il avait aban-
donnée à l'hôtel Roma, on trouva des jour-
naux français où le crime de la rue Tron-
çon-Ducoudray était raconté tout au long,
un pistolet, un poignard, etc., et sur lui,
dans un portefeuille, l'acte de société dressé
entre Eyraud et M. Garanger pour l'exploi-
tation, a Montréal, d'une distillerie. Il n'y
avait plus à nier. L'assassin avoua qu'il
était bien Eyraud.
Se voyant découvert, aux mains de 1%
police, le meurtrier a voulu se donner la
mort. Dans le poste de police, Eyraud, qui
portait encore le binocle volé sur Goutfé,
en a brisé les verres, s'est ouvert les veines
des bras et des jambes. Il a perdu beau-
coup de sang, mais ses blessures ne met-
tent pas sa vie en danger Il est soigné avec
beaucoup de soin; il est surveillé avec
énormément d'attention. On est persuadé
qu'il essaiera encore de se donner la mort.
Départ de Gaillarde
Le préfet de police s'est concerté hier
avec MM. Dopffer, juge d'instruction, et
Goron, chef de la Sûreté, à l'effet d'envoyer
des agents à la Havane y chercher l'assas-
sin de Gouffé. Le choix de M. Goron s'est
porté forcément sur le meilleur agent de sa
brigade, le très habile inspecteur principal
Gaillarde. Cet agent parle l'espagnol; la
connaissance de cette langue lui sera
d'une grande utilité pour conférer avec les
autorités de l'île de Cuba.
Il sera accompagné dans sa mission, qui
est plus délicate qu'il ne semblerait tout
d'abord, par le brigadier Soudais, qui a
fait le premier voyage en Amérique à la
recherche d'Eyraud.
Comme nous le disons plus haut, la plus
grande peur des agents, c'est de trouver,
lorsqu'ils arriveront au but de leur vovage.
Eyraud mort.
Ils sont certains, si l'assassin ne se tua
paa la-bas, de le ramener, eux, vivant à
Paris.
Les deux agents partiront ce soir ven-
dredi pour le Havre. Il s'embarqueront
le lendemain à bord d'un transatlantique
pour New-York, où ils arriveront le 1er ou
le 2 juin. Ils seront six jours après à la
Havane.
L'extradition
Le juge d'instruction s'est occupé avec
beaucoup de soin des formalités d'extra-
dition, qui donnent pour beaucoup de pays
prétexte à une foule de difficultés. Une con-
vention intervenue en décembre 1877 entre
les deux pays, règle les conditions de l'extra-
dition. Il suffit d'un mandat en règle, déli-
vré par le juge, pour que les nationaux
d'un pays soient livrés à leur gouverne-
ment.
Le mandat doit établir non seulement
l'identité de l'inculpé, mais contenir un ex-
posé succinct des faits qui motivent l'ex-
tradition et les articles du code qui ont
rapport à ces faits et au crime commis.
La signature du juge d'instruction est
certifiée par le garde des sceaui, Ce mandat
suit la voie diplomatique.
Le procès
L'arrestation d'Eyraud change de tout en
tout la face des choses. Le principal auteur
de l'assassinat absent au procès, c'était
une affaire manquée, sans intérêt. En effet,
Gabrielle Bompal'd,comparaissant seule de-
vant le jury, se taillait un rôle effacé, reje-
tant sur Eyraud toute la responsabilité du
crime. Quant à Remy Launé, l'homme d'af-
faires de Sèvres, c'était bien mieux encore:
il échappait complètement à la justice,
les présomptions abondant mais les preu-
ves manquant complètement.
Eyraud seul pourra expliquer le rôle
exact joué dans l'assassinat par Remy
Launé qui allait être remis en liberté.
Ce dernier, qui est écroué à Mazas, est
dans un étai de santé alarmant.
Quelle va être Ja défense échafaudée par
Michel Eyraud pouf se disculper des preu-
ves accablantes qui pèsent sur lui ? Il ten-
tera, il ne faut pas en dputer, d établir
qu'il est étranger au crime. ,
Cette nature d'aventurier ne se laissera
pas abattre sans lutter. Il rejettera s tir Ga-
brielle Bompard la plus grosse part ",!-t
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