Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1873-12-17
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 17 décembre 1873 17 décembre 1873
Description : 1873/12/17 (A3,N762). 1873/12/17 (A3,N762).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
3- Année. — N° 762.
PRIX DD NUMÉRO : PARIS 15 CENTIMES — DÉPARTEMENTS 20 CENTIMES.
Mercredi 17 Décembre' 1873.
LE E SIÈCLE
JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
RÉDACTION
"adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
S, rue Brouet, 2
ti
Les "Mler,U non insérés ne seront pas rendu,
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ADMINISTRATION
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DÉPARTBMSN73 A
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Six mois t..*. 32
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Annonce», chez MM. LAGRANGE, nRF- et 0*
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On s'abonne à Londres, chez M. A. JlAUlUCA général
advertising, agent, 13, Tavistockrow, CovantGarden.
ÉLECTIONS
du 14 décembre 1873
SEINE-ET-OISE
Calmon, républic.(élu) 57.000 voix
Lévesque, réactionnaire. 38.000 —
1 AUDE
Bonnel, républic (élu) 35.007 voix.
Marcou, républic. (élu) 34.864 —
Castel, bonapartiste. 18.943 —
Peyrusse, bonapartiste. 16.643
Perrière, monarchiste 7.766 - -.
Vié-Anduze, moaarch.. 7.703 —
-' - ,,.,, ''l' 09.
T FINISTÈRE
Nous avons reçu hier soir, à 9 heures, de no-
tre correspondant de Quiraper, une dépêche qui
nous donne le résultat complet des élections du
Finistère, à l'exception des votes peu importants
des iles.
Swiney, républic., (élu) 61.410 voix.
Le Guen, monarchiste. 43.504 —
tu
1 JOURNÉE POLITIQUE
- * - - —.ti;
--, ,,- hru;"
- - - ;"'f!
Paris, 16 décembre 4873.
On ne peut nommer un candidat répu-
blicain dans les élections païti'eitefc sans
faire pousser les hauts çris à tout le parti
mORarchiste. Parti monarchiste est désor-
mais un terme impropre, nous le savons
bien; mais comment désigner une coali-
tion qui, d'après M. Laurentie, « n'a de
nom dans aucune langue? » Toujours est-
il que ce parti ne manque jamais de s'é.
tonner d'être battu et de jurer que la France
8t perdue, quand il n'y a de perdu que
lut. Quatre députés républicains ont été
«avoyés hier à l'Assemblée, avec des ma-
jorités considérables. Et le moyen qu'il
1m fût autrement ? C'est ea prendre aveq
le pays trop à son aire que de lui vouloir
imposer pêle-mêle des candidats clMcaux,
bonapartistes, légitimistes et ministériels,
sous le nom générique de « libéraux con-
servateurs. » Voilà bien, en effet, l'ordre
moral selon la formule; mais la France a
conçu des doutes asses naturels sur l'effi-
cacité de ce mélange ; et, toutes les fois
qu'on l'y convie, elle répond, non sans
quelque dégoût, qu'elle n'y mit plus re-
cou ri r
Les journaux de réaction nous disent
-lle l'on est inquiet, mécontent, à Ver-
sailles. On était donc assez naïf pour y
compter sur d'autres résultats ? Et si le
département de Seine-et-Oise avait élu un
ministériel centre droit, le Finistère un lé-
gitimiste, l'Aude un bonapartiste et un
fusionniste, les politiques de l'ordre moral
en seraient-ils beaucoup plus avancés?
Mais cela même ne leur apporterait aucun
secours, et leur liquidation, comme disait
si bien naguère une feuille impérialiste,
n'en serait pas moins épineuse. Depuis
deux ans, il s'est formé en France un parti
nombreux et puissant, qui veut la Répu-
blique et qui l'aura. Nous plaignons ceux
qui s'y opposent avec des sentiments de
gardiens du sérail; mais ce n'est pourtant
pas notre faute s'ils n'ont point ce qu'il
leur faudrait. Au surplus, on trouvera
dans un autre article les diverses réflexions
que le scrutin du 14 décembre nous sug-
gère.
*».
Dans une de ses prochaines séances
l'Assemblée discutera le rapport qui lui a
été fait sur la proposition Philippoteaux.
Le rapporteur conclut à déclarer inéligi-
bles non-seulement tous les officiers des
armées de terre et de mer ea service actif,
mais ceux mêmes qui sont en non-activité
ou en disponibilité; une seule exception,
serait faite en faveur des officiers gnê.
raux placés dans l'armée de réseri,
Sur ce grave sujet, on connue l'opinion
du journal, et l'on sait com lea nous avons
toujours pris à cœur d"'J préserver l'armée
de nos discordes Politiques. Ea ce temps-
ci surtout, d'al",r es études et d'autres de-
voirs la rétame ut Tout ce que nous avons
blamé. dans la proposition Philippoteaux,
c'était son inopportunité singulière; rap-
pellerons-nous l'usage que nos adversaires
en ont fait contre deux honorables candi-
dats? Mais ce projet, pris en lui-mame,
était conforme aux idées que nous avons
toujours défendues.
Ce n'est pas que nous ne rencontrions
sur ce terrain de très-honorables et très-
auterisé* contradicteurs. Citons au pre-
mier rang M. le colonel Denfert-Roche -
reau, qui vient de publier dans la Revue
- politique une belle et sérieuse étude sur la
proposition Philippoteaux. Le défenseur de
Belfort réclame pour les militaires, en
matière d'électorat et d'éligibilité, le droit
commun, et il se fonde sur les considéra-
tions que voici : a Que jamais l'armée n'a
été entraînée à intervenir dans les luttes
politiques intérieures que par des chefs
étrangers à la vie publique, dédaignant
les « combinaisons du parlementarisme, »
ayant toujours vécu lttiâ des Assemblées
législatives, en un mot tout à fait domi-
nés par une éducation militaire exclusive;
que les militaires mêlés à la vie publique
par une participation plus ou moins pro-
longée aux travaux des Assemblées légis-
latives se sont toujours montrés unani-
nies, quelles que fussent leurs divisions
politiques, pour défendre l'indépendance
et l'autorité légale du parlement contre
toute tentative de coup d'Ëtat ; èt enfin,
que les deux époques de ce siècle mar-
quées par la prépondérance de l'exclusi-
visme militaire ou militarisme, durant les-
quelles le gouvernement a poursuivi avtc
le plus de ténacité l'isolement de l'armée
et de la nation en dépouillant les militai-
res en activité de service de leurs droits
d'électeurs et d'éligibles, se sont terminées
par les plus grands désastres que la
France ait éprouvés depuis quatre siè-
cles. !
Voilà des raisons qu'il nous a paru in-
téressant de signaler. Si elles ne nous ont
pas converti à la thèse du doldnel benfert,
elles n'eü sont pas moins dignes d'un con-
sciencieux examen. Pour revenir à la pro-
position Philippeteanît, ne Vaudrait-il pas
mieux, au lieu de la voter isolément, la
discuter, avec la prochaine loi électorale,
dont cette question des incônSpatiBîlités
doit être un chapitre ? Rien ne presse,
nous semble-t-il, d'autant que l'on .an-
nonce de toutes parts le prochain dépôt
du projet électoral des Trente : ils seraient
décidés à mener rondement cette partie
de leurs travaux. A tous égards, il vau-
drait mieux faire une loi. d'ensemble, et
l'Assemblée connaît les inconvénients des
lois de circonstance et d'exception.
nuq. LIÉBBRT.
-r ; f 1
— » --
If¿, '.;' iSi
111" ■ -' .,v
Quatre élections ont eu lieu diman-
che ; quatre candidats républicâihâ otit
été nommés. Qtiè dire à ce propos qui
n'ait été répété cent fois? Les républi
cains n'en sont plus à apprendre que la
France est avec eux* et ils perdraient leur
temps à vouloir démontrer aux monar-
chistes une vérité qu'ils sentent le be-
soin de nier avec d'autant plus d'éner-
gie qu'elle leur apparaît de jour en jour
plus évidente.
C'est justice, d'ailleurs, de reconnaître
que depuis les dernières élections par-
tielles qui ont envoyé au Parlement les
généraux Leteliier-Valazé et Saussier, le
langage de nos adversaires a complète-
ment changé. Aupaavant; ils se met-
taient l'esprit à la torture pour expliquer
leurs défaites successives ; ils s'en pre-
naient à l'inifre des conservateurs,
à la mauvaise organisation de leurs co-
mités électoraux, aux divisions du
« grand parti de l'ordre » et par-dessus
tout au gouvernement de M Thiers; aux
préfets de M. Thiers, aux gardes-cham-
pêtres de M. Thiers. Ils ont changé tout
cela ; à M. Thiers, ce démagogue, a suc-
cédé le maréchal de Mac-Mahou, un hom-
me d'ordre ; les préfets ont été rempla-
cés, on a révoqué le plus de maires
qu'on a pu ; les gardes-champêtres ont
reçu des instructions sévères ; tout le
personnel administratif a été mis en
campagne, sans compter les petits
moyens, renouvelés de l'empire, dont
on n'a point dédaigné de se servir ; bref,
on a fait flèche de tout bois, et le gou-
vernement de l'ordre moral est revenu
Gros-Jean comme devant de ses tournées
électorales. '■* •
On est bien obligé de convenir qu'il
fait jour en plein midi;, aussi voyons-
nous avec plaisir que la réaction ne
cherche même plus à dorer les pilules
que le suffrage universel s'obstine* avec
un entrain vraiment admirable, à lui
faire avaler. Mais voici le revers de la
médaille : on ne tsnonce à la per-
suasion que pour recourir à des
moyens dont on se croit plus sûr*
parce, qu'ils sont moins avouablès. De
gré ou de furoo disait l'autre jour le,
clair de lune de M. le ministre dé rin-
tériut-tr. Or, la France ne paraissant
point du tout disposée à obéir àux con-
seils de M. Banôfi, nous devons nous
attendre à ce que M. Baragnon imagine
un moyen de lui imposer sa volonté.
Il sera puissamment aidé dans fiés re-
cherches par les deux grandes commis-
sions déjà nommées, dont l'une prépare
une loi municipale, et dont l'autre tra-
vaille à - une loi électorale. Il y a gros à
parier que les deux ou trois membres de
la commission des maires qui hésitaient
encore à mettre aux mains de M. le duc
de Broglie les droits exorbitants qu'il ré-
clame trouveront dans les élections de
dimanche un dérivatif à leurs scru-
pules. Ils comprendront enfin la néces-
sité de ne point marchander au pouvoir
les moyens dont il pourra faire usage,
un jour ou l'autre, pour assurer leur
réélection. Quant à la commission des
Trente, si quelque chose était fait pour
stimuler son zèle, c'est à coup sûr le ré-
sultat du dernier scrutin ; et nous ne
doutons pas que MM. Combier et Ches-
nelong soient en passe de faire accepter
comme pain bénit par leurs collègues \es
extravagances dont nous avons dtrnné
tout recemment un avant-goût à nos
lecteurs.
Car ce qui constitue le caractère dis-
tinctif de la majorité de nos représen-
tants, c'est de prendre lnvarlar 1ement
le contre-pied des désirs, des spirations
et des volontés du pays. Leurs inten-
tions sont exellentf.'c- 'f inten-
ils sont convainc ,0#, "1 faut être fou
pour ne poir' .aS quil faut être fou
AL penser comme eux, et,
partant de-eet axiôme, surabondammèfît
démontré à leurs yeux, que la France est
atteinte d'aliénation mentale; ils la trai-
tent en conséquence. Leur raisonne®
ment, dépouillé des, artifices du langage
parlementaire) se résume cètrime suit :
« Oui, la France veut la liépublique ;
nous savons qu'elle ne veut point en-
tendre parler d'une autre forme de gou-
vernement; mais ce que nous savons
bien aussi, c'est que la France se trompe ;
c'est qu'elle est en proie à une aberra-
tion d'esprit qui l'empêche momentané-
ment de reconnaître que la monarchie
n'a point cessé un instant d'avoir toute
sa tendresse et d'être l'idéal après le-
quel elle sbupire depuis Quatre-vingts
ans. »
Et'voilà expliquée toute la politique
de l'Assemblée nationale depuis plus de
deiixails; *
On avait pensé qu'il suffirait d'un
changement de personnes dans le gou-
vernement pour rendre sa raison à la
pauvre folle ; M. le duc de Ëroglie s'é-
tait flatté que sa seule présence, aux af-
faireà rétabliraifc aussitôt en France de
qu'il appelait, par politesse, l'ordre mo-
ral. Mais le remède n'a point agi; il est
temps d'en trouver un plus énergique.
♦ Sans compter là loi sur les maires, la
loi électorale, là loi sur la presse, qui
font partie de l'ordonnance qui sera pro-
chainement présentée à la signature des
médecins du pays, plusieurs, projets de
médication sont offerts à la docte fâculté
par les simples carabins de la presse of-
ficieuse. Nous ne pouvons les passer
tous en revue, mais il en est deux qui
ont attiré pliis spécialement notre atten-
tion. Il n'est pas besoin, de dire que
leurs auteurs prétendent, chacun de son
coté, avoir trouvé la pànacée électorale.
Le vrai, le seul motif des défaites
successives des conservateurs, dit M.
Janicot dans la Gazette de France, c'est
le titre de République qu'on s'obstine
maladroitement à conserver :
« C'est vainement que l'administration recru-
tera un pedonnel plus dévoué aux intérêts de
l'Etat et plus homogène; c'est vainement qu'on
édictera une nouvelle loi électorale, et que les
maires seront nommés par les préfets, — tant
qu'on laissera subsister le mot de République en
tête de tous les actes du maréchal, de tous les
décrets de la Chambre, de tous les arrêtés des
préfets et des maires, les populations croiront
qu'on est en République; et qu'elles font preuve
d'esprit conservateur; en votant pour des répu-
blicains; elles penseront que plus un candidat
est républicain, plus il est gouvernemental.
Supprimons le titre de Republique : l'on verra
les électeurs porter leurs suffrages sur les can-
didats conservateurs et repdusser les candidats
républicains, obligés, dès lors, pour se faire
connaître, de dire ce qu'ils veulent, au lieu
de se dissimuler, comme ils le font, derrière les
fàodérëSi
M. Janicot commet ici une erreur évi-
demment involontaire; il n'y a qu'?n
lapsus catam qui ait pu lui faire écrire
que les candidats républicains se dissi-
mulent derrière les modérés. C'est tout
le contraire qu'il voulait dire, car il sait
mieux que personne que c'est le con-
traire qui a lieu. Depuis deux ans, il
n'est pas un monarchiste qui ait osé se
présenter aux électeurs soit comme lé-
gitimiste, soit comme orléaniste, soit
comme bonapartiste. Les plus francs,
nous devrions dire les plus honnêtes,
ne pouvant se résoudre à faire un men-
songe, ont gardé le silence, ou bien ils
se sont enveloppés dans.l'épithète cache-
tout de conservateurs; les autres, — M.
Janicot en connaît, — monarchistes ayc_
rés, n'ont pas rougi de s'affirmer répu"
blicins, et pourtant il existe une loi qui
envoie en police correctionnelle quicon-
que est convaincu d/avoir trompé sur
la qualité de là marchandise.
Quant à ce qui est de supprimer le
titre de République, sdit. Qu'on eàsaie !
Nous croyons fermement que ce jour-là
les élections ne seront plus républicai-
nes, mais radicales, radicales à outrance.
Cela fait; il faudra que l'Assemblée na-
tionale prenne, ce sera son devoir, une
des tIeu" déterminations suivantes :
ou de faire ,1a monarchies ou de s'en
aller. En effet, sous peine d'être de
simples révolutionnaires, il ne suffit
point de détruire ce qui es;, or, si l'on
ne peut pas faire là monarchie, il faudra
bien restituer un mandat dont on n'aura
su rien faire que des ruines.
Un journal bonapartiste pi-opose un
moyen plus pratique de persuader les
électeurs, c'est de revenir aux candida-
tures, officielles* Elles ont sauvé rnipi-
fe, dit-il, elles peuvent sauver le gou-
vernement actuel. A la bonne heure !
Voilà qui est franc. Mais il est un tout
petit inconvénient dont il faut tenir
compte, c'est que le remède indiqué a
été déjà administré au pays à forte dose
par les ministres et préfets de l'ordre
moral. La candidature officielle fonc-
tionne en France depuis le 24 mai ; ceux
qui ont suivi avec un peu- d'attention
les trois campagnes électorales qui ont
eu lieu sous le ministère de M. le duc
de Broglie savent à quoi s'en tenir à
cet égard.
Nous aussi, nous devons lavouer,
nous croyions à l'efficacité de la candi-
dature officielle. Après vingt ans d'em-
pire, c'était bien pardonnable ! Mais
l'épreuve est faite; la candidature offi-
cielle dans l'Aude, dans le Finistère,
dans Seine-et-Oise, vient de donner la
mesure de ce que les gouvernements
peuvent désormais en attendre. Il faut
trouver autre chose.
A l'oeuvre, les chercheurs 1
E. SCHNERB.
COURRIER PARLEMENTAIRE
Versailles, io décembre 1875.
« Plus d'élections 1 Plus jamais d'élec-
tions ! » C'est le cri qui court par les cou-
loirs (côté des monarchistes). Si prévu que
soit un échec, le moment même où on
l'essuie est toujours dur à passer ; vous
auriez beau voir un bâton suspendu sur
votre tête, le coup qui tomberait sur vos
épâulês n'en serait pas moins doulou-
reux. < -
Et la colère est grande. Songez donc :
le grâûÉL |ÎS?ti eçaservatçur réduit à une
minorité qui commencé & Ne plus être
respectable. numériquement parlant ; M.
Oalmofl, l'ami de M. Thierg, j~ant M.
LéTesguë, qui s'était placé sous rinvooatioii
de M. le maréchal dg Mac-Mahon ; les
candidats républicains réussissant dans le
Finistère comme dans Seine-et-Oisg mal-
gré les bons soins de l'administration, qui
exhume les candidatures officielles. C'est
à désespérer de l'efficacité de tous les
moyens à employer dans l'avenir ! Décidé-
ment il n'en reste qu'un, un seul : Plus
d'élections!—Là^ là, messieurs de la
droite, viJflà flue, vous aussi, vous tournez
au radicalisme.
Il est des étourdis qu'un pâteil état
de choses ferait réfléchir; il affole sim-
plement les sages : les grandes pas-
sions affectent cette allure, les obstacles
et les insuccès ne font que les enflammer.
Si messieurs les monarehitee étaient les
seuls à en souffrir, nous n'y verrions que
demi-mal.
Dans le budget de l'instruction publique
qui a été terminé aujourd'hui, nous n'a-
vons à nous occuper que du chapitre 34,
relatif à l'instruction primaire.
Le traitement des instituteurs primaires
était particulièrement en jeu. Nous espé-
rons né pas nou* faire traiter de pétroleur
en émettant timidement celte idée que
l'instituteur primaire, cet homme appelé à
former plusieurs générations successives
de citoyens, n'est point suffisamment ré-
tribué. Tout le monde d'ailleurs en con-
vient ; nous sommes rassuré : Tidée ba-
nale est toujours là moins attaquée. Il
s'est produit dans l'Assemblée bon nombre
de projets ou d'amendements, sortes, de
combinaisons de chiffres qui ont toutes
pour but l'augmentation du traitement des
instituteurs et pour base le centime com-
munal ou départemental. -
Donc, il y a une unanimité touchante,
aussi bien de la part du ministère que de
la part de l'Assemblée ; seulement — car
il y a un seulement — la droite n'envisage
pas la question tout à fait de la même fa-
çon que la gauche.
Vous est-il arrivé de tomber sur des em-
prunteurs de l'espèce qui n'est pas hon-
teuse? Ceux-là ne vous évitent pas quand
ils vous aperçoivent; au contraire, ils cou-
rent au devant de vous, vous serrent la
main avec effusion, et s'écrient : « Ah 1
mon cher, comme je suis content de vous
rencontrer ! Justement, je vous dois cinq
louis. Tiens, je ne les ai pas sur moi,
quel contre-temps ! Je suis désolé, mais ça
sera pour la prochaine occasion. » S'il
vous est arrivé de tomber sur cette espèce-
là, vous devez savoir que vous n'avez ja-
mais revu vos cinq louis. Mais c'est égal,
il est toujours flatteur de savoir que l'on
n'est pas oublié.
Eh bien ! la droite en use un peu de la
sorte avec les instituteurs : ce ne sont que
protestations -à la tribune, chaudes effu-
sions, serrements de main, c'est à qui
reconnaîtra envers les modestes maîtres
les dettes contractées par la nation ; mais,
Francisque Rive (du centre
lorsque ». - - -ination ïmmé,.diate
gauche) réGlla IwtlOn lm^'a®
d'une c&mmissieït Spéciale pour l..udre
la question des instituteurs, M. de Meâtîî
( de la droite ) demande là renvoi de la
question à là coriïtnissitid déjà nommée de
Pinstruction primaire, et M. Maurice (du
centre-deoit), le promoteur de ces belles
réferrted, s'empresse de se ranger à l'opi-
nion de M. de Meaux."
Au premier abord, on pourrait croire
qu'avec une commission déjà en fonctions,
il est perdu nîoifls de Jsmps qu'avec une
commission à élire- Cette Óoiïiioii serait
une érréur toute parlementaire. La nou-
velle commission serait décrétée d'urgence
et éluciderait ttn point spécial ; la vieille
commission de l'instruction primaire a
tant dè points à embrasser et met une si
sage lenteur à étudier chacun d'eux qu'un
renvoi à cette commission équivaudrait à
un enterrement, beau, splendide, officiel,
mais à un enterrement.
Et c'est pourqtioi nous toyous batailler
M. Rive avec tant de chaleur pour obtenir
la commission spéciale.
Il faut croire que la question est poli -
tl- quei u -r le vote à mains levées scinde
l'Assemblée en droite et en gauche bien
découpées. Mais, alors, que penser de ces
belles protestations de la droite à la tri-
bune?. Il faut penser qu'an député, quel-
aue peu de bien qu'il veuille au fond à
l'instruction primaire, ne doit jamais se
mettre mal avec les instituteurs de son
département. a
.-- L_ n.nh..nC!aC! on
Apres aeux éprouve» »
recours au scrutin. Le dépouillement est
tellement incertain qu'on en attend, une
heure, la révision. Oyez le résultat : sur
658 votants, la majorité absolue est de 330
suffrages. Trois cent trente suffrages con-
tre trois cent viu. gt huit ordonnent la no-
mination d'une commission spéciale. C'est
-la première fois que nous voyons pareil
équilibre. — Il est bien instable.
Et tout à coup M. le président déclare
qu'il va récréer l'Assemblée par la lecture
d'une demande d'interpellation.
« Je demande à interpeller le ministère
sur les mesures qu'il importe de proposer
à l'Assemblée pour remédier à une situa-
tion dont les élections législatives mon-
trent les périls, périls que M. le vice pré-
sident du conseil a maintes fois signalés
à la tribune. Le fou-rire prend à gauche,
mais on se tait peur entendre la fin. Et
* **- :
la chose se termine ainsi : « J'ai l'hon-
neur de demander si le gouvernement con-
tinuera à se désintéresser dans les luttes
électorales. »
Les applaudissements partent, prolongés,
à gauche ; à droite, il y a un de ces si-
lences embarrassés comme lorsqu'au milieu
d'une bande d'enfants une voix sévère s'é-
crie : » Qui a mis ses doigts dans le pot
de confitures 7 D 1
Nous, nous regardons avec stupéfaction :
ce n'est pas la gauche, à coup sûr, qui
présente cette interpellation ? Ce n'est pas
la droite non plus, fort probablement.
Qui alors ? M. Buffet nomme M. Haent-
jens.
Est-ce sérieux ou ironique ?
M. Haentjens ne dit qu'une phrase pour
déclarer qu'il accepte la fixation de l'inter-
pellation après la discussion des lois de fi-
nances ; mais il a un tel sourire en des-
cendant de la tribune que le doute n'est
plus permis : c'est le javelot du Parthe
bonapartiste qui vient de se ficher dans le
tac Cabinet.
Puisse 11 en sommes aux folies,
nous allons vous parler de M. de Gavar-
die. Il a fait un discours auT la. SItuatlon
générale des beaux-aî-Ss en Fran.;' f. M,
de Gavardie !
L'ancien magistrat des Landes a trouve
la cause de la décadence des beaux-arts en
France ; c est l'affaiblissement de l'ensei-
gnement religièux dans les écoles publi-
que : au XVIe siècle, on était théologien
avant d'être artiste. Les applaudissements
étaient si drus à gauche que la droite n'a
pu s'empêcher d'y mêler ses rires.
La gaîté n'a plus connu de bornes lors-
que M. de Gavardie, poursuivant ses
hautps considérations philosophiques et
artistiques, a continué : a Nous ne rencon-
tfons sur nos promenades que des types de
beauté bien vulgaires; on trouve à chaque
pas, des filles de marbre (c'est un mot!) et
ces statues ont des allures. comment di-
rais-je ?. un peu trop républicaines — parce
qu'elles sont sans culottes » (c'est un
mot!!). Finalement, il demande un con-
seil supérieur des beaux-arts - pour veil-
ler sans doute au développement de la
feuille de vigne!
Le ministre s'est bien gardé de répon-
dre. Décidément, M. deFourtouest un mi-
nistre sérietix,
PAUL LAFARGUB.
— » :
La commission des Trente a pris une
résolution qui cause une douce surprise,
et M. Batbie est en voie de devenir popu-
laire.
Nous avons attendu pour adresser nos
remerciements à la majorité de la commis-
sion et à l'ancien ministre de l'instruction
publique que la résolution prise fût con-
nue de tous; si nous sommes en retard, ce
n'est pas par mauvaise grâce : en devan-
çant l'élan de la reconnaissance publique,
nous nous exposions à être traités de
courtisans.
Il s'agissait de fixer l'ordre des travaux
de la commission; M. Batbie a pris la pa-
role et a proposé de mettre immédiatement
en discussion la loi électorale, comme le
projet le plus urgent. Voilà qui. est bien
pensé et bien dit l On s'est mis à l'œuvre sans
retard, et, à l'heure où nous écrivons, une
grande commission parlementaire se pré-
pare à jeter les fondements d'une nouvelle
loi électorale. C'est là un fait considérable
en lui même et qui autorise bien des espé-
rances.
Il s'est trouvé des gens (nous les con-
naissons pour en avoir été) qui ont parlé
de dissolution à l'heure où, selon ceux qui
ont brevet de sagesse, c'était folie que de
songer à des élections nouvelles ; mais cette
idée-là a fait quelques progrès, et ce n'est
plus le pays qui redoute le moment où le
projet sera mis à exécution. Il a fallu, pen-
dant un temps, se taire sur ces matière, et
ce mot terrible de dissolution nous ne le
Tfurmurions qu'à voix basse, en petit co-
!~.f v q_d les fenêtres étaient fermées.
NdUS ITri c., nous semble, autorisés tout
fSyè'tîvÙ. Ba^e. à dire qu'il n'est
à coup, de par M. B a -.,- ,
pas impossible qu'il faille un Jour ou l'au-
tre, sans se hâter toutefois, prononcer, ea
parlant de l'Assemblée nationale, tôUv en
lui rendant justice, le mot de. sépara-
tion. M. Batbie est ûssGZ haut placé pour
y voir de loin et il aperçoit * l'horizon
quelque chose qui lui fait dire : * es-
sieurs, croyez-moi, hâtons-nous de faire la
loi électorale. »
La résolution que nous devons à l'ex-
ministre va, nous n'en doutons pas, dis-
siperlei craintes des conservateurs timi-
des qui redoutaient encore des élections
nouvelles ; le projet de réforme électorale
est confié à des législateurs qui ont fait
leurs preuves comme réactionnaire-, et Je3
conservateurs qui ne trouveront pas pour
l'ordre moral de garanties suffisantes dans
le produit des études de la commis-
sion n'auront sans doute d'autre ressource
que de demander l'hérédité en faveur des
députés que désignera le général du Tem-
ple. La commission, embarrassée dans les
projets constitutionnels, espère peut être
échapper à la tâche de constituer, et
il se peut qu'elle ne vive que le temps
nécessaire à l'élaboration de l'œuvre
électorale. Ce serait le chant du cygne.
Les réformateurs dont la droite a fait choix,
s'ils concentrent toute leur intelligence sur
ce seul objet, ne peuvent manquer de pro-
duire des merveilles.
Ils échapperont tout au moins à cette
accusation vulgaire qui prête aux législa-
teurs des vues intéressées en matière élec
torale. Cette accusation est déjouée tout à
la fois par le caractère des personnes et
par des circonstaEces particulières. La
grande majorité des membres de la com-
mission est trop clairvoyante pour se faire
des illusions et pour attendre du sunrage
universel le renouvellement de son man-
dat : le public est trop honnête aussi,
pour démentir cette saine appréciation
des choses; il y voit un gage sérieux
n'lnHnAnd::iflce - et -- de -- liberté d esprit.
- - -
Détachés des intérêts et des misères de
ce monde, nos législateurs ne céderont ni
aux suggestions de l'ambition ni à l'appât
de la popularité : ce n'est plus de leurs
concitoyens qu'ils attendent justice.
r Pour son Dieu !
M. du Temple vient de le dire.
Quand il s'agit de combattre pour son
Dieu, on est toujours prêt.
C'est ainsi que M. du Temple a
répondu aux gens de peu de foi qui lui
représentaient doucement qu'avant de
déclarer la guerre à l'Italie et de réta-
blir le pape sur son trône, peut-être
faudrait-il examiner d'abord si la France
était prête.
— On est toujours prêt, s'est écrié le
bouillant défenseur du Saint-Siège, quand
c'est pour son Dieu que l'on combat..
Ce mot sublime m'a, je ne sais pour-
quoi, rappelé la maxime de ce pauvre
père Touret, un brave colonel qc'About
a connu à Athènes, garde du corpsr de
Sa Majesté le roi de Grèce. Il cultivait
la dive bouteille dans les intervalles de
son service; et comme on lui faisait
parfois des observations à' cet égard, il
répondait avec une noble confiance :
— Jamais on ne se grise quand on
boit du bon vin avec de vrais amis.
Le jamaisàe cet aphorisme équivaut
au toujours de la phrase de M. Pu Tem- *
pie.
-. M. du Temple a appris la polii;e
dans les romans de la vieille chevaleriev
Tout pour son Dieu et pour sa dame !
c'était la devise des chevaliers français.
Aù service de l'un et de l'autre, * ils de-
vaient être toujours prêts.
Le monde, hélas ! a dégénéré. Les
hommes d'aujourd'hui ne sont plus tou-
jours prêts. Ou plutôt ils le sont, comme
dit l'autre, sans l'être. Ils sont prêts, et
ils ne le sont pas. Ils sont prêts d'inten-
tion. Le cœur y est ; mais il y est tout
seul.
.Ni Dieu, ni les femmes ne s'en fà-
chent, encore que ces défaillances leur
puissent coûter. Il faut un peu d'indul-
gence pour l'humaine faiblesse, et M. du
Temple lui-même avouera, en baissant
les yeux, qu'il y a des moments dans
la vie où l'homme le plus énergique en
a besoin.
La France est dans un de ces mo-
ments-là.
Elle n'est pas assurément sans com-
prendre l'intérêt et la gloire qu'il, y a
pour elle à restituer au peuple romain
le plus mauvais gouvernement dont ja-
mais nation au monde se soit débarrassée.
Mais que voulez-vous ? elle n'est pas
prête, quoi qu'en dise M. du Temple.
La perspective de combattre pour son
Dieu ne lui donnera ni de l'argent, ni
des canons, ni des fusils, ni des soldats,
ni même des généraux ; non plus que
l'idée d'être agréable à sa dame n'éveil-
lerait chez les faibles mortels de notre
génération les audaces calmées.
M. du Temple se croit toujours en
1473. C'est son tort ; mais au moins
est-il conséquent avec lui-même.
Ce qui m'étonne, c'est que des. gens
d'esprit, qui savent fort bien à quoi s'en.
tenir sur les choses de ce monde, qui
n'ignorent point que ce serait la plus
insigne des folies de déclarer la guerre
à l'Italie, derrière laquelle on retrouve-
rait aussitôt l'Allemagne, qui professent
que nous avons besoin avant tout de
pair à l'extérieur comme au dedans ;
c'est que ce soient précisément ces gens-
là qui, sans parler comme M. du Tem-
ple, agissent comme s'ils avaient les mê-
mes préjugés, comme s'ils étaient ani-
més du même fanatisme que lui.
Ceux-là sont impardonnables ; car au
tort déjà grave de faire des sottises, ils
ajoutent celui de 'les faire par hypocri-
sie. ^,1
FRANCISQUE SÀRGEY.
* :—
COMMISSION DES MAIRES
Séance du io décembre.
--
1\1: de Brogtie est introduit au début de la
séance.
M. le président lui explique les résolutions
prises par la commission et le prie de fa?*«
connaître quelles sont ses idées au sujet des at-
tributions de police.
M. le vice-président du conseil pepse que la
commission ayant pris l'initiative de donner au
gouvernement la faculté de prendre les maires
même en dehors du conseil municipal, la se-
conde partie du projet relative aux attributions
lui paraît moins indispensable ; mais il croit
néanmoins que les préfets ne doivent pas rester
étrangers à la nomination des agents de police
Depuis quelque temps les préfets se sont vus
privés de toute action directe sur ces agents.
L'amendement de M. Bigot est il suffisant
pour guérir le mal? Les maires peuvent foreer
la main aux préfets et leur faire faire de mau-
vais choix. Les préfets ont bien le droit de
révocation, il faut faire davantage, il faut leur
donner le droit de nomination. Il faut dans
tous les cas donner au gouvernement les
moyens de vaincre les résistances des conseils
municipaux qui se refuseraient à voter les fond&
destinés à assurer le service de la police.
M. Delsol demande si les frais des nouveaux
agents seront à la charge de l'Etat eu a celle
des communes, ou partagés entre les communes
et l'Etat.
M. le ministre donne des explications à cet
égard et propose le renvoi à une commission
spéciale.
M. Eymard-Duvernay fait observer qu'il ré-
sulte des explications de M. le ministre qu'il
n'y aura plus de police municipale.
M..de Broglie se retire. -- -
La discussion est ouverte sur l'amendement
de M. Bilgot, qui n'avait été adopté que provisoi-
rement. ,
M. Pascal Duprat demande si la commission
persiste dans son vote de la dernière séance.
Le débat sur les déclarations du ministre serait
dès lors supprimé. Mais dans le cas où la ma-
jorité de la commission n'adopterait pas les idées
PRIX DD NUMÉRO : PARIS 15 CENTIMES — DÉPARTEMENTS 20 CENTIMES.
Mercredi 17 Décembre' 1873.
LE E SIÈCLE
JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
RÉDACTION
"adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
S, rue Brouet, 2
ti
Les "Mler,U non insérés ne seront pas rendu,
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Un an 50
DÉFARTEMÇNPSB
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ÉLECTIONS
du 14 décembre 1873
SEINE-ET-OISE
Calmon, républic.(élu) 57.000 voix
Lévesque, réactionnaire. 38.000 —
1 AUDE
Bonnel, républic (élu) 35.007 voix.
Marcou, républic. (élu) 34.864 —
Castel, bonapartiste. 18.943 —
Peyrusse, bonapartiste. 16.643
Perrière, monarchiste 7.766 - -.
Vié-Anduze, moaarch.. 7.703 —
-' - ,,.,, ''l' 09.
T FINISTÈRE
Nous avons reçu hier soir, à 9 heures, de no-
tre correspondant de Quiraper, une dépêche qui
nous donne le résultat complet des élections du
Finistère, à l'exception des votes peu importants
des iles.
Swiney, républic., (élu) 61.410 voix.
Le Guen, monarchiste. 43.504 —
tu
1 JOURNÉE POLITIQUE
- * - - —.ti;
--, ,,- hru;"
- - - ;"'f!
Paris, 16 décembre 4873.
On ne peut nommer un candidat répu-
blicain dans les élections païti'eitefc sans
faire pousser les hauts çris à tout le parti
mORarchiste. Parti monarchiste est désor-
mais un terme impropre, nous le savons
bien; mais comment désigner une coali-
tion qui, d'après M. Laurentie, « n'a de
nom dans aucune langue? » Toujours est-
il que ce parti ne manque jamais de s'é.
tonner d'être battu et de jurer que la France
8t perdue, quand il n'y a de perdu que
lut. Quatre députés républicains ont été
«avoyés hier à l'Assemblée, avec des ma-
jorités considérables. Et le moyen qu'il
1m fût autrement ? C'est ea prendre aveq
le pays trop à son aire que de lui vouloir
imposer pêle-mêle des candidats clMcaux,
bonapartistes, légitimistes et ministériels,
sous le nom générique de « libéraux con-
servateurs. » Voilà bien, en effet, l'ordre
moral selon la formule; mais la France a
conçu des doutes asses naturels sur l'effi-
cacité de ce mélange ; et, toutes les fois
qu'on l'y convie, elle répond, non sans
quelque dégoût, qu'elle n'y mit plus re-
cou ri r
Les journaux de réaction nous disent
-lle l'on est inquiet, mécontent, à Ver-
sailles. On était donc assez naïf pour y
compter sur d'autres résultats ? Et si le
département de Seine-et-Oise avait élu un
ministériel centre droit, le Finistère un lé-
gitimiste, l'Aude un bonapartiste et un
fusionniste, les politiques de l'ordre moral
en seraient-ils beaucoup plus avancés?
Mais cela même ne leur apporterait aucun
secours, et leur liquidation, comme disait
si bien naguère une feuille impérialiste,
n'en serait pas moins épineuse. Depuis
deux ans, il s'est formé en France un parti
nombreux et puissant, qui veut la Répu-
blique et qui l'aura. Nous plaignons ceux
qui s'y opposent avec des sentiments de
gardiens du sérail; mais ce n'est pourtant
pas notre faute s'ils n'ont point ce qu'il
leur faudrait. Au surplus, on trouvera
dans un autre article les diverses réflexions
que le scrutin du 14 décembre nous sug-
gère.
*».
Dans une de ses prochaines séances
l'Assemblée discutera le rapport qui lui a
été fait sur la proposition Philippoteaux.
Le rapporteur conclut à déclarer inéligi-
bles non-seulement tous les officiers des
armées de terre et de mer ea service actif,
mais ceux mêmes qui sont en non-activité
ou en disponibilité; une seule exception,
serait faite en faveur des officiers gnê.
raux placés dans l'armée de réseri,
Sur ce grave sujet, on connue l'opinion
du journal, et l'on sait com lea nous avons
toujours pris à cœur d"'J préserver l'armée
de nos discordes Politiques. Ea ce temps-
ci surtout, d'al",r es études et d'autres de-
voirs la rétame ut Tout ce que nous avons
blamé. dans la proposition Philippoteaux,
c'était son inopportunité singulière; rap-
pellerons-nous l'usage que nos adversaires
en ont fait contre deux honorables candi-
dats? Mais ce projet, pris en lui-mame,
était conforme aux idées que nous avons
toujours défendues.
Ce n'est pas que nous ne rencontrions
sur ce terrain de très-honorables et très-
auterisé* contradicteurs. Citons au pre-
mier rang M. le colonel Denfert-Roche -
reau, qui vient de publier dans la Revue
- politique une belle et sérieuse étude sur la
proposition Philippoteaux. Le défenseur de
Belfort réclame pour les militaires, en
matière d'électorat et d'éligibilité, le droit
commun, et il se fonde sur les considéra-
tions que voici : a Que jamais l'armée n'a
été entraînée à intervenir dans les luttes
politiques intérieures que par des chefs
étrangers à la vie publique, dédaignant
les « combinaisons du parlementarisme, »
ayant toujours vécu lttiâ des Assemblées
législatives, en un mot tout à fait domi-
nés par une éducation militaire exclusive;
que les militaires mêlés à la vie publique
par une participation plus ou moins pro-
longée aux travaux des Assemblées légis-
latives se sont toujours montrés unani-
nies, quelles que fussent leurs divisions
politiques, pour défendre l'indépendance
et l'autorité légale du parlement contre
toute tentative de coup d'Ëtat ; èt enfin,
que les deux époques de ce siècle mar-
quées par la prépondérance de l'exclusi-
visme militaire ou militarisme, durant les-
quelles le gouvernement a poursuivi avtc
le plus de ténacité l'isolement de l'armée
et de la nation en dépouillant les militai-
res en activité de service de leurs droits
d'électeurs et d'éligibles, se sont terminées
par les plus grands désastres que la
France ait éprouvés depuis quatre siè-
cles. !
Voilà des raisons qu'il nous a paru in-
téressant de signaler. Si elles ne nous ont
pas converti à la thèse du doldnel benfert,
elles n'eü sont pas moins dignes d'un con-
sciencieux examen. Pour revenir à la pro-
position Philippeteanît, ne Vaudrait-il pas
mieux, au lieu de la voter isolément, la
discuter, avec la prochaine loi électorale,
dont cette question des incônSpatiBîlités
doit être un chapitre ? Rien ne presse,
nous semble-t-il, d'autant que l'on .an-
nonce de toutes parts le prochain dépôt
du projet électoral des Trente : ils seraient
décidés à mener rondement cette partie
de leurs travaux. A tous égards, il vau-
drait mieux faire une loi. d'ensemble, et
l'Assemblée connaît les inconvénients des
lois de circonstance et d'exception.
nuq. LIÉBBRT.
-r ; f 1
— » --
If¿, '.;' iSi
111" ■ -' .,v
Quatre élections ont eu lieu diman-
che ; quatre candidats républicâihâ otit
été nommés. Qtiè dire à ce propos qui
n'ait été répété cent fois? Les républi
cains n'en sont plus à apprendre que la
France est avec eux* et ils perdraient leur
temps à vouloir démontrer aux monar-
chistes une vérité qu'ils sentent le be-
soin de nier avec d'autant plus d'éner-
gie qu'elle leur apparaît de jour en jour
plus évidente.
C'est justice, d'ailleurs, de reconnaître
que depuis les dernières élections par-
tielles qui ont envoyé au Parlement les
généraux Leteliier-Valazé et Saussier, le
langage de nos adversaires a complète-
ment changé. Aupaavant; ils se met-
taient l'esprit à la torture pour expliquer
leurs défaites successives ; ils s'en pre-
naient à l'inifre des conservateurs,
à la mauvaise organisation de leurs co-
mités électoraux, aux divisions du
« grand parti de l'ordre » et par-dessus
tout au gouvernement de M Thiers; aux
préfets de M. Thiers, aux gardes-cham-
pêtres de M. Thiers. Ils ont changé tout
cela ; à M. Thiers, ce démagogue, a suc-
cédé le maréchal de Mac-Mahou, un hom-
me d'ordre ; les préfets ont été rempla-
cés, on a révoqué le plus de maires
qu'on a pu ; les gardes-champêtres ont
reçu des instructions sévères ; tout le
personnel administratif a été mis en
campagne, sans compter les petits
moyens, renouvelés de l'empire, dont
on n'a point dédaigné de se servir ; bref,
on a fait flèche de tout bois, et le gou-
vernement de l'ordre moral est revenu
Gros-Jean comme devant de ses tournées
électorales. '■* •
On est bien obligé de convenir qu'il
fait jour en plein midi;, aussi voyons-
nous avec plaisir que la réaction ne
cherche même plus à dorer les pilules
que le suffrage universel s'obstine* avec
un entrain vraiment admirable, à lui
faire avaler. Mais voici le revers de la
médaille : on ne tsnonce à la per-
suasion que pour recourir à des
moyens dont on se croit plus sûr*
parce, qu'ils sont moins avouablès. De
gré ou de furoo disait l'autre jour le,
clair de lune de M. le ministre dé rin-
tériut-tr. Or, la France ne paraissant
point du tout disposée à obéir àux con-
seils de M. Banôfi, nous devons nous
attendre à ce que M. Baragnon imagine
un moyen de lui imposer sa volonté.
Il sera puissamment aidé dans fiés re-
cherches par les deux grandes commis-
sions déjà nommées, dont l'une prépare
une loi municipale, et dont l'autre tra-
vaille à - une loi électorale. Il y a gros à
parier que les deux ou trois membres de
la commission des maires qui hésitaient
encore à mettre aux mains de M. le duc
de Broglie les droits exorbitants qu'il ré-
clame trouveront dans les élections de
dimanche un dérivatif à leurs scru-
pules. Ils comprendront enfin la néces-
sité de ne point marchander au pouvoir
les moyens dont il pourra faire usage,
un jour ou l'autre, pour assurer leur
réélection. Quant à la commission des
Trente, si quelque chose était fait pour
stimuler son zèle, c'est à coup sûr le ré-
sultat du dernier scrutin ; et nous ne
doutons pas que MM. Combier et Ches-
nelong soient en passe de faire accepter
comme pain bénit par leurs collègues \es
extravagances dont nous avons dtrnné
tout recemment un avant-goût à nos
lecteurs.
Car ce qui constitue le caractère dis-
tinctif de la majorité de nos représen-
tants, c'est de prendre lnvarlar 1ement
le contre-pied des désirs, des spirations
et des volontés du pays. Leurs inten-
tions sont exellentf.'c- 'f inten-
ils sont convainc ,0#, "1 faut être fou
pour ne poir' .aS quil faut être fou
AL penser comme eux, et,
partant de-eet axiôme, surabondammèfît
démontré à leurs yeux, que la France est
atteinte d'aliénation mentale; ils la trai-
tent en conséquence. Leur raisonne®
ment, dépouillé des, artifices du langage
parlementaire) se résume cètrime suit :
« Oui, la France veut la liépublique ;
nous savons qu'elle ne veut point en-
tendre parler d'une autre forme de gou-
vernement; mais ce que nous savons
bien aussi, c'est que la France se trompe ;
c'est qu'elle est en proie à une aberra-
tion d'esprit qui l'empêche momentané-
ment de reconnaître que la monarchie
n'a point cessé un instant d'avoir toute
sa tendresse et d'être l'idéal après le-
quel elle sbupire depuis Quatre-vingts
ans. »
Et'voilà expliquée toute la politique
de l'Assemblée nationale depuis plus de
deiixails; *
On avait pensé qu'il suffirait d'un
changement de personnes dans le gou-
vernement pour rendre sa raison à la
pauvre folle ; M. le duc de Ëroglie s'é-
tait flatté que sa seule présence, aux af-
faireà rétabliraifc aussitôt en France de
qu'il appelait, par politesse, l'ordre mo-
ral. Mais le remède n'a point agi; il est
temps d'en trouver un plus énergique.
♦ Sans compter là loi sur les maires, la
loi électorale, là loi sur la presse, qui
font partie de l'ordonnance qui sera pro-
chainement présentée à la signature des
médecins du pays, plusieurs, projets de
médication sont offerts à la docte fâculté
par les simples carabins de la presse of-
ficieuse. Nous ne pouvons les passer
tous en revue, mais il en est deux qui
ont attiré pliis spécialement notre atten-
tion. Il n'est pas besoin, de dire que
leurs auteurs prétendent, chacun de son
coté, avoir trouvé la pànacée électorale.
Le vrai, le seul motif des défaites
successives des conservateurs, dit M.
Janicot dans la Gazette de France, c'est
le titre de République qu'on s'obstine
maladroitement à conserver :
« C'est vainement que l'administration recru-
tera un pedonnel plus dévoué aux intérêts de
l'Etat et plus homogène; c'est vainement qu'on
édictera une nouvelle loi électorale, et que les
maires seront nommés par les préfets, — tant
qu'on laissera subsister le mot de République en
tête de tous les actes du maréchal, de tous les
décrets de la Chambre, de tous les arrêtés des
préfets et des maires, les populations croiront
qu'on est en République; et qu'elles font preuve
d'esprit conservateur; en votant pour des répu-
blicains; elles penseront que plus un candidat
est républicain, plus il est gouvernemental.
Supprimons le titre de Republique : l'on verra
les électeurs porter leurs suffrages sur les can-
didats conservateurs et repdusser les candidats
républicains, obligés, dès lors, pour se faire
connaître, de dire ce qu'ils veulent, au lieu
de se dissimuler, comme ils le font, derrière les
fàodérëSi
M. Janicot commet ici une erreur évi-
demment involontaire; il n'y a qu'?n
lapsus catam qui ait pu lui faire écrire
que les candidats républicains se dissi-
mulent derrière les modérés. C'est tout
le contraire qu'il voulait dire, car il sait
mieux que personne que c'est le con-
traire qui a lieu. Depuis deux ans, il
n'est pas un monarchiste qui ait osé se
présenter aux électeurs soit comme lé-
gitimiste, soit comme orléaniste, soit
comme bonapartiste. Les plus francs,
nous devrions dire les plus honnêtes,
ne pouvant se résoudre à faire un men-
songe, ont gardé le silence, ou bien ils
se sont enveloppés dans.l'épithète cache-
tout de conservateurs; les autres, — M.
Janicot en connaît, — monarchistes ayc_
rés, n'ont pas rougi de s'affirmer répu"
blicins, et pourtant il existe une loi qui
envoie en police correctionnelle quicon-
que est convaincu d/avoir trompé sur
la qualité de là marchandise.
Quant à ce qui est de supprimer le
titre de République, sdit. Qu'on eàsaie !
Nous croyons fermement que ce jour-là
les élections ne seront plus républicai-
nes, mais radicales, radicales à outrance.
Cela fait; il faudra que l'Assemblée na-
tionale prenne, ce sera son devoir, une
des tIeu" déterminations suivantes :
ou de faire ,1a monarchies ou de s'en
aller. En effet, sous peine d'être de
simples révolutionnaires, il ne suffit
point de détruire ce qui es;, or, si l'on
ne peut pas faire là monarchie, il faudra
bien restituer un mandat dont on n'aura
su rien faire que des ruines.
Un journal bonapartiste pi-opose un
moyen plus pratique de persuader les
électeurs, c'est de revenir aux candida-
tures, officielles* Elles ont sauvé rnipi-
fe, dit-il, elles peuvent sauver le gou-
vernement actuel. A la bonne heure !
Voilà qui est franc. Mais il est un tout
petit inconvénient dont il faut tenir
compte, c'est que le remède indiqué a
été déjà administré au pays à forte dose
par les ministres et préfets de l'ordre
moral. La candidature officielle fonc-
tionne en France depuis le 24 mai ; ceux
qui ont suivi avec un peu- d'attention
les trois campagnes électorales qui ont
eu lieu sous le ministère de M. le duc
de Broglie savent à quoi s'en tenir à
cet égard.
Nous aussi, nous devons lavouer,
nous croyions à l'efficacité de la candi-
dature officielle. Après vingt ans d'em-
pire, c'était bien pardonnable ! Mais
l'épreuve est faite; la candidature offi-
cielle dans l'Aude, dans le Finistère,
dans Seine-et-Oise, vient de donner la
mesure de ce que les gouvernements
peuvent désormais en attendre. Il faut
trouver autre chose.
A l'oeuvre, les chercheurs 1
E. SCHNERB.
COURRIER PARLEMENTAIRE
Versailles, io décembre 1875.
« Plus d'élections 1 Plus jamais d'élec-
tions ! » C'est le cri qui court par les cou-
loirs (côté des monarchistes). Si prévu que
soit un échec, le moment même où on
l'essuie est toujours dur à passer ; vous
auriez beau voir un bâton suspendu sur
votre tête, le coup qui tomberait sur vos
épâulês n'en serait pas moins doulou-
reux. < -
Et la colère est grande. Songez donc :
le grâûÉL |ÎS?ti eçaservatçur réduit à une
minorité qui commencé & Ne plus être
respectable. numériquement parlant ; M.
Oalmofl, l'ami de M. Thierg, j~ant M.
LéTesguë, qui s'était placé sous rinvooatioii
de M. le maréchal dg Mac-Mahon ; les
candidats républicains réussissant dans le
Finistère comme dans Seine-et-Oisg mal-
gré les bons soins de l'administration, qui
exhume les candidatures officielles. C'est
à désespérer de l'efficacité de tous les
moyens à employer dans l'avenir ! Décidé-
ment il n'en reste qu'un, un seul : Plus
d'élections!—Là^ là, messieurs de la
droite, viJflà flue, vous aussi, vous tournez
au radicalisme.
Il est des étourdis qu'un pâteil état
de choses ferait réfléchir; il affole sim-
plement les sages : les grandes pas-
sions affectent cette allure, les obstacles
et les insuccès ne font que les enflammer.
Si messieurs les monarehitee étaient les
seuls à en souffrir, nous n'y verrions que
demi-mal.
Dans le budget de l'instruction publique
qui a été terminé aujourd'hui, nous n'a-
vons à nous occuper que du chapitre 34,
relatif à l'instruction primaire.
Le traitement des instituteurs primaires
était particulièrement en jeu. Nous espé-
rons né pas nou* faire traiter de pétroleur
en émettant timidement celte idée que
l'instituteur primaire, cet homme appelé à
former plusieurs générations successives
de citoyens, n'est point suffisamment ré-
tribué. Tout le monde d'ailleurs en con-
vient ; nous sommes rassuré : Tidée ba-
nale est toujours là moins attaquée. Il
s'est produit dans l'Assemblée bon nombre
de projets ou d'amendements, sortes, de
combinaisons de chiffres qui ont toutes
pour but l'augmentation du traitement des
instituteurs et pour base le centime com-
munal ou départemental. -
Donc, il y a une unanimité touchante,
aussi bien de la part du ministère que de
la part de l'Assemblée ; seulement — car
il y a un seulement — la droite n'envisage
pas la question tout à fait de la même fa-
çon que la gauche.
Vous est-il arrivé de tomber sur des em-
prunteurs de l'espèce qui n'est pas hon-
teuse? Ceux-là ne vous évitent pas quand
ils vous aperçoivent; au contraire, ils cou-
rent au devant de vous, vous serrent la
main avec effusion, et s'écrient : « Ah 1
mon cher, comme je suis content de vous
rencontrer ! Justement, je vous dois cinq
louis. Tiens, je ne les ai pas sur moi,
quel contre-temps ! Je suis désolé, mais ça
sera pour la prochaine occasion. » S'il
vous est arrivé de tomber sur cette espèce-
là, vous devez savoir que vous n'avez ja-
mais revu vos cinq louis. Mais c'est égal,
il est toujours flatteur de savoir que l'on
n'est pas oublié.
Eh bien ! la droite en use un peu de la
sorte avec les instituteurs : ce ne sont que
protestations -à la tribune, chaudes effu-
sions, serrements de main, c'est à qui
reconnaîtra envers les modestes maîtres
les dettes contractées par la nation ; mais,
Francisque Rive (du centre
lorsque ». - - -ination ïmmé,.diate
gauche) réGlla IwtlOn lm^'a®
d'une c&mmissieït Spéciale pour l..udre
la question des instituteurs, M. de Meâtîî
( de la droite ) demande là renvoi de la
question à là coriïtnissitid déjà nommée de
Pinstruction primaire, et M. Maurice (du
centre-deoit), le promoteur de ces belles
réferrted, s'empresse de se ranger à l'opi-
nion de M. de Meaux."
Au premier abord, on pourrait croire
qu'avec une commission déjà en fonctions,
il est perdu nîoifls de Jsmps qu'avec une
commission à élire- Cette Óoiïiioii serait
une érréur toute parlementaire. La nou-
velle commission serait décrétée d'urgence
et éluciderait ttn point spécial ; la vieille
commission de l'instruction primaire a
tant dè points à embrasser et met une si
sage lenteur à étudier chacun d'eux qu'un
renvoi à cette commission équivaudrait à
un enterrement, beau, splendide, officiel,
mais à un enterrement.
Et c'est pourqtioi nous toyous batailler
M. Rive avec tant de chaleur pour obtenir
la commission spéciale.
Il faut croire que la question est poli -
tl- quei u -r le vote à mains levées scinde
l'Assemblée en droite et en gauche bien
découpées. Mais, alors, que penser de ces
belles protestations de la droite à la tri-
bune?. Il faut penser qu'an député, quel-
aue peu de bien qu'il veuille au fond à
l'instruction primaire, ne doit jamais se
mettre mal avec les instituteurs de son
département. a
.-- L_ n.nh..nC!aC! on
Apres aeux éprouve» »
recours au scrutin. Le dépouillement est
tellement incertain qu'on en attend, une
heure, la révision. Oyez le résultat : sur
658 votants, la majorité absolue est de 330
suffrages. Trois cent trente suffrages con-
tre trois cent viu. gt huit ordonnent la no-
mination d'une commission spéciale. C'est
-la première fois que nous voyons pareil
équilibre. — Il est bien instable.
Et tout à coup M. le président déclare
qu'il va récréer l'Assemblée par la lecture
d'une demande d'interpellation.
« Je demande à interpeller le ministère
sur les mesures qu'il importe de proposer
à l'Assemblée pour remédier à une situa-
tion dont les élections législatives mon-
trent les périls, périls que M. le vice pré-
sident du conseil a maintes fois signalés
à la tribune. Le fou-rire prend à gauche,
mais on se tait peur entendre la fin. Et
* **- :
la chose se termine ainsi : « J'ai l'hon-
neur de demander si le gouvernement con-
tinuera à se désintéresser dans les luttes
électorales. »
Les applaudissements partent, prolongés,
à gauche ; à droite, il y a un de ces si-
lences embarrassés comme lorsqu'au milieu
d'une bande d'enfants une voix sévère s'é-
crie : » Qui a mis ses doigts dans le pot
de confitures 7 D 1
Nous, nous regardons avec stupéfaction :
ce n'est pas la gauche, à coup sûr, qui
présente cette interpellation ? Ce n'est pas
la droite non plus, fort probablement.
Qui alors ? M. Buffet nomme M. Haent-
jens.
Est-ce sérieux ou ironique ?
M. Haentjens ne dit qu'une phrase pour
déclarer qu'il accepte la fixation de l'inter-
pellation après la discussion des lois de fi-
nances ; mais il a un tel sourire en des-
cendant de la tribune que le doute n'est
plus permis : c'est le javelot du Parthe
bonapartiste qui vient de se ficher dans le
tac Cabinet.
Puisse 11 en sommes aux folies,
nous allons vous parler de M. de Gavar-
die. Il a fait un discours auT la. SItuatlon
générale des beaux-aî-Ss en Fran.;' f. M,
de Gavardie !
L'ancien magistrat des Landes a trouve
la cause de la décadence des beaux-arts en
France ; c est l'affaiblissement de l'ensei-
gnement religièux dans les écoles publi-
que : au XVIe siècle, on était théologien
avant d'être artiste. Les applaudissements
étaient si drus à gauche que la droite n'a
pu s'empêcher d'y mêler ses rires.
La gaîté n'a plus connu de bornes lors-
que M. de Gavardie, poursuivant ses
hautps considérations philosophiques et
artistiques, a continué : a Nous ne rencon-
tfons sur nos promenades que des types de
beauté bien vulgaires; on trouve à chaque
pas, des filles de marbre (c'est un mot!) et
ces statues ont des allures. comment di-
rais-je ?. un peu trop républicaines — parce
qu'elles sont sans culottes » (c'est un
mot!!). Finalement, il demande un con-
seil supérieur des beaux-arts - pour veil-
ler sans doute au développement de la
feuille de vigne!
Le ministre s'est bien gardé de répon-
dre. Décidément, M. deFourtouest un mi-
nistre sérietix,
PAUL LAFARGUB.
— » :
La commission des Trente a pris une
résolution qui cause une douce surprise,
et M. Batbie est en voie de devenir popu-
laire.
Nous avons attendu pour adresser nos
remerciements à la majorité de la commis-
sion et à l'ancien ministre de l'instruction
publique que la résolution prise fût con-
nue de tous; si nous sommes en retard, ce
n'est pas par mauvaise grâce : en devan-
çant l'élan de la reconnaissance publique,
nous nous exposions à être traités de
courtisans.
Il s'agissait de fixer l'ordre des travaux
de la commission; M. Batbie a pris la pa-
role et a proposé de mettre immédiatement
en discussion la loi électorale, comme le
projet le plus urgent. Voilà qui. est bien
pensé et bien dit l On s'est mis à l'œuvre sans
retard, et, à l'heure où nous écrivons, une
grande commission parlementaire se pré-
pare à jeter les fondements d'une nouvelle
loi électorale. C'est là un fait considérable
en lui même et qui autorise bien des espé-
rances.
Il s'est trouvé des gens (nous les con-
naissons pour en avoir été) qui ont parlé
de dissolution à l'heure où, selon ceux qui
ont brevet de sagesse, c'était folie que de
songer à des élections nouvelles ; mais cette
idée-là a fait quelques progrès, et ce n'est
plus le pays qui redoute le moment où le
projet sera mis à exécution. Il a fallu, pen-
dant un temps, se taire sur ces matière, et
ce mot terrible de dissolution nous ne le
Tfurmurions qu'à voix basse, en petit co-
!~.f v q_d les fenêtres étaient fermées.
NdUS ITri c., nous semble, autorisés tout
fSyè'tîvÙ. Ba^e. à dire qu'il n'est
à coup, de par M. B a -.,- ,
pas impossible qu'il faille un Jour ou l'au-
tre, sans se hâter toutefois, prononcer, ea
parlant de l'Assemblée nationale, tôUv en
lui rendant justice, le mot de. sépara-
tion. M. Batbie est ûssGZ haut placé pour
y voir de loin et il aperçoit * l'horizon
quelque chose qui lui fait dire : * es-
sieurs, croyez-moi, hâtons-nous de faire la
loi électorale. »
La résolution que nous devons à l'ex-
ministre va, nous n'en doutons pas, dis-
siperlei craintes des conservateurs timi-
des qui redoutaient encore des élections
nouvelles ; le projet de réforme électorale
est confié à des législateurs qui ont fait
leurs preuves comme réactionnaire-, et Je3
conservateurs qui ne trouveront pas pour
l'ordre moral de garanties suffisantes dans
le produit des études de la commis-
sion n'auront sans doute d'autre ressource
que de demander l'hérédité en faveur des
députés que désignera le général du Tem-
ple. La commission, embarrassée dans les
projets constitutionnels, espère peut être
échapper à la tâche de constituer, et
il se peut qu'elle ne vive que le temps
nécessaire à l'élaboration de l'œuvre
électorale. Ce serait le chant du cygne.
Les réformateurs dont la droite a fait choix,
s'ils concentrent toute leur intelligence sur
ce seul objet, ne peuvent manquer de pro-
duire des merveilles.
Ils échapperont tout au moins à cette
accusation vulgaire qui prête aux législa-
teurs des vues intéressées en matière élec
torale. Cette accusation est déjouée tout à
la fois par le caractère des personnes et
par des circonstaEces particulières. La
grande majorité des membres de la com-
mission est trop clairvoyante pour se faire
des illusions et pour attendre du sunrage
universel le renouvellement de son man-
dat : le public est trop honnête aussi,
pour démentir cette saine appréciation
des choses; il y voit un gage sérieux
n'lnHnAnd::iflce - et -- de -- liberté d esprit.
- - -
Détachés des intérêts et des misères de
ce monde, nos législateurs ne céderont ni
aux suggestions de l'ambition ni à l'appât
de la popularité : ce n'est plus de leurs
concitoyens qu'ils attendent justice.
r Pour son Dieu !
M. du Temple vient de le dire.
Quand il s'agit de combattre pour son
Dieu, on est toujours prêt.
C'est ainsi que M. du Temple a
répondu aux gens de peu de foi qui lui
représentaient doucement qu'avant de
déclarer la guerre à l'Italie et de réta-
blir le pape sur son trône, peut-être
faudrait-il examiner d'abord si la France
était prête.
— On est toujours prêt, s'est écrié le
bouillant défenseur du Saint-Siège, quand
c'est pour son Dieu que l'on combat..
Ce mot sublime m'a, je ne sais pour-
quoi, rappelé la maxime de ce pauvre
père Touret, un brave colonel qc'About
a connu à Athènes, garde du corpsr de
Sa Majesté le roi de Grèce. Il cultivait
la dive bouteille dans les intervalles de
son service; et comme on lui faisait
parfois des observations à' cet égard, il
répondait avec une noble confiance :
— Jamais on ne se grise quand on
boit du bon vin avec de vrais amis.
Le jamaisàe cet aphorisme équivaut
au toujours de la phrase de M. Pu Tem- *
pie.
-. M. du Temple a appris la polii;e
dans les romans de la vieille chevaleriev
Tout pour son Dieu et pour sa dame !
c'était la devise des chevaliers français.
Aù service de l'un et de l'autre, * ils de-
vaient être toujours prêts.
Le monde, hélas ! a dégénéré. Les
hommes d'aujourd'hui ne sont plus tou-
jours prêts. Ou plutôt ils le sont, comme
dit l'autre, sans l'être. Ils sont prêts, et
ils ne le sont pas. Ils sont prêts d'inten-
tion. Le cœur y est ; mais il y est tout
seul.
.Ni Dieu, ni les femmes ne s'en fà-
chent, encore que ces défaillances leur
puissent coûter. Il faut un peu d'indul-
gence pour l'humaine faiblesse, et M. du
Temple lui-même avouera, en baissant
les yeux, qu'il y a des moments dans
la vie où l'homme le plus énergique en
a besoin.
La France est dans un de ces mo-
ments-là.
Elle n'est pas assurément sans com-
prendre l'intérêt et la gloire qu'il, y a
pour elle à restituer au peuple romain
le plus mauvais gouvernement dont ja-
mais nation au monde se soit débarrassée.
Mais que voulez-vous ? elle n'est pas
prête, quoi qu'en dise M. du Temple.
La perspective de combattre pour son
Dieu ne lui donnera ni de l'argent, ni
des canons, ni des fusils, ni des soldats,
ni même des généraux ; non plus que
l'idée d'être agréable à sa dame n'éveil-
lerait chez les faibles mortels de notre
génération les audaces calmées.
M. du Temple se croit toujours en
1473. C'est son tort ; mais au moins
est-il conséquent avec lui-même.
Ce qui m'étonne, c'est que des. gens
d'esprit, qui savent fort bien à quoi s'en.
tenir sur les choses de ce monde, qui
n'ignorent point que ce serait la plus
insigne des folies de déclarer la guerre
à l'Italie, derrière laquelle on retrouve-
rait aussitôt l'Allemagne, qui professent
que nous avons besoin avant tout de
pair à l'extérieur comme au dedans ;
c'est que ce soient précisément ces gens-
là qui, sans parler comme M. du Tem-
ple, agissent comme s'ils avaient les mê-
mes préjugés, comme s'ils étaient ani-
més du même fanatisme que lui.
Ceux-là sont impardonnables ; car au
tort déjà grave de faire des sottises, ils
ajoutent celui de 'les faire par hypocri-
sie. ^,1
FRANCISQUE SÀRGEY.
* :—
COMMISSION DES MAIRES
Séance du io décembre.
--
1\1: de Brogtie est introduit au début de la
séance.
M. le président lui explique les résolutions
prises par la commission et le prie de fa?*«
connaître quelles sont ses idées au sujet des at-
tributions de police.
M. le vice-président du conseil pepse que la
commission ayant pris l'initiative de donner au
gouvernement la faculté de prendre les maires
même en dehors du conseil municipal, la se-
conde partie du projet relative aux attributions
lui paraît moins indispensable ; mais il croit
néanmoins que les préfets ne doivent pas rester
étrangers à la nomination des agents de police
Depuis quelque temps les préfets se sont vus
privés de toute action directe sur ces agents.
L'amendement de M. Bigot est il suffisant
pour guérir le mal? Les maires peuvent foreer
la main aux préfets et leur faire faire de mau-
vais choix. Les préfets ont bien le droit de
révocation, il faut faire davantage, il faut leur
donner le droit de nomination. Il faut dans
tous les cas donner au gouvernement les
moyens de vaincre les résistances des conseils
municipaux qui se refuseraient à voter les fond&
destinés à assurer le service de la police.
M. Delsol demande si les frais des nouveaux
agents seront à la charge de l'Etat eu a celle
des communes, ou partagés entre les communes
et l'Etat.
M. le ministre donne des explications à cet
égard et propose le renvoi à une commission
spéciale.
M. Eymard-Duvernay fait observer qu'il ré-
sulte des explications de M. le ministre qu'il
n'y aura plus de police municipale.
M..de Broglie se retire. -- -
La discussion est ouverte sur l'amendement
de M. Bilgot, qui n'avait été adopté que provisoi-
rement. ,
M. Pascal Duprat demande si la commission
persiste dans son vote de la dernière séance.
Le débat sur les déclarations du ministre serait
dès lors supprimé. Mais dans le cas où la ma-
jorité de la commission n'adopterait pas les idées
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