Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1873-09-15
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 15 septembre 1873 15 septembre 1873
Description : 1873/09/15 (A3,N669). 1873/09/15 (A3,N669).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75580274
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
3. Anae. - N" 669.
PRIX D NUMÉRO ; PARIS 45 CENTIMES — DÉPARTEMENTS 20 CENTIMES.
Lundi do Septembre 1873i
NT'
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
RÉDACTION
«adresser au Secrétaire de la Rédaction5
dé t heures à minuit
t, rae &ro«ot, # (
Les manuscrits non insérés ne seront p&rMk*.
ABMNÉM1NTS
PARIS
TJei&:mois. 13 Ir.
ftamoisk.. 25
Mad. 50
DÉPARTEMENTS
Trois mois lé fl\
Six mois. 32
Un an O*
ABKOBCM, chez MM. LAGRANGE, CERJ et C*
e, place de la Bourse, 8
On s'abonne à Londres, chas M. A. MAURICE énéral
advertisinf, agent, 13, Tavistockrow, Covent Garden.
ADMINISTRATION
Adresser lettres et mandats à radministratotu
S. rue Drouot, 8
les lettres non affranchies seront reftuttf
T
f
ABONNEMtNT8
PARIS
Trois mois. 13 fr.
Six mois. 25
Unan. 50
DÉPARTBALirMI.
Trois mois. 16 fr.
Six mois. 32
Un an 69 ,
Annonce*, chez MM. LAGRANGE, CERF et C.
6, place de la ltomte, 9
On s'abonne à Londres. chez M. A. MAURIOS général
adveritsing. agent, 13, Tavistockrow. Covent Gardes^
MM. les Souscripteurs dont l'a-
bonnement expire le 45 septembre
sont priés de le renouveler immé-
diatement, s'ils ne veulent éprouver
de rëtatd. dans la réception du
journal.
Le* &Hon»e«*«ni# .- PALSACB-
LOBBAUVE soni acceptât ait prix de
France.
On peut souscrire chez tome leu Il
braire».
; JOURNÉE POLITIQUE
Paris, U ttptwbre 487to
Les Prussiens sont sortis de Verdun hier
matin. Deux joursencore, et, JL!aj?jqpLée alle-
mande aura fiai d'évacuer le territoire ac-
tuel-dè la France. On estheureux de pen-
ser désarmais que l'oeuvre de la libération
est accomplie. Oa partage surtout le soula-
gement et la joi^ dé cette population ferme
tt vaillante qui depuis trois aas, sans/se
plaindra, attendant le jour où sa rMlÇ08
serait payée, demeurait pour nous tous pri-
sonnière des Allemands. Et pourtant on
n'asshte point à la grande explosion de
joie que l'on prévoyait, il y a quelques
tn^u» pftine-. Cestl ijue^ mm »mM& A
présent dévorés de soucis que nous ne con-
naissions' pas naguère. Cette date de la
délivrance, nous avions cru qu'elle mar-
querait aussi la fia des incertitudes po-
litiques et dès discordes de Versailles ; nous
pensions qu'elle amènerait le renouvelle-
ment: de l'Assemblée, la proclamation et
l'organisation surtout du gouvernement de
la République, la paix intérieure, le cré-
dit, la stabilité
Nous voici bien déçus, par malheur, de
tant d'espérances. La République, on la
fera sans douté, car on est forcé de la
faire ; mais avec quels retards et parmi
quel tumulte des partis 1 Dans quel désor-
dre sommes-nous 1 Quand nous pensions
toucher au port, il est dur de se remettre
en route, une route difficile et longue.
Certes la situation de Eosadversaire. po-
litiques est plus désespérée qu'on ne l'a
vue jamais; il n'en est pas moins vrai
qu'au moment même où leurs dernières
illusions se dissipent, ils redoublent d'ef-
forts pour entraver et nuire. Volontiers ils
perdraient la France, faute de la pouvoir
posséder. Pensent-ils persévérer bien long-
temps dans cette conduite? et ne crain-
dront-ils pas du moins de se rendre trop
Oiieux à leur pays et à l'histoire?
.., S'ils, pouvaient conquérir la royauté
pour laquelle ils bataillent, on compren-
drait tout, on trouverait même un certain
semblant de raisons .pour les excaser ; mais
ils- ea sont réduits pour la vingtième fois,
atir la centième, à avouer: qu'ils ne peu- -
vent rien et à confesser leur chimère.
Combien en reste-t-il de irtiïfo exaltés qui
Crblent encore au succès d'entreprises dont
1) vai»itév paraît clairement' à tous les
yeux ? combien en restera-t-il de mai n ?
eoittbien surtout à l'Assemblée, le 5 no
e, lorsqu'on va se trouver en face
de la nécessité de prends un parti et qu'il-
ne s'agira plus de se* payer de motaf
Hier encore nous lisions un assez long
discours que M. de Falloux, l'un des grands
t: pMitfltun< de', la<. fdli vwaHte
pronoucer à Segré, dans son comice agri-
coisi Non* comptions y tfouveR quelques
vues, quelques traces de plan suivi oa de
j&m à suivre, quelques avis, quelques con-
dH8 quelque chose enfin ; et nous n'y
avons vu ni rien de tout cela ni quoi que ce
sfât. H. de FaÙoux critique, vivement les
vlS e les dangers du provisoires
« Êa effet, dit41i Une plros
une sécurité provisoire sont des motaui.
le contredirent et s'excluent. » Oui, sans
gMitë ; M*, de Falloux a grandement raison.
de le dire puisqu'il le croit, et, ne le crût-
il pïï, lé moyen de dire autre chose ?
Tous ses cultivateurs auraient réclamé s'ilr
eût entrepris de vanter la prolongation
d'un état provisoire dont on ne peut plus
même entendre' parler sans bondir. Mais
après ? .Comment continue M. de Falloux ?
Qoe va-t-il proposer ? « Mais si l'on est
d'a&fe?d, ajoute t-ii mélancoliquement,
tlr demander un gouvernement dftDitif,
on ne l'est pas encore au même degré sur
lé choii dû gouvernement le plus désira-
bki » Et le discours finit fort inopinément
pas un brillant étoie de M. le maréchal de
MacrMahon, « qui rajeunit le vieux nom,
de Bayard, » et dont 1 agriculture doit sou-
tenir et encourager la vertu c analogue à
la sienne propre. » Analogie, sans douté,
aussi flatteuse; pour l'agriculture que pour
lliphibrabîk Maréchal ; est-ca là pourtant
41 la politique?
"Il est Bien clair que M. de Falloux a
divisé en trois points sa harangue. Premier
point: plus de .- provisoire ; second point :
on est pas d'accord sur le définitif; troà-
siéare point et conclusion : contions-nous au
œ&itWl. Otv M. de Fà'lloux en ve"t-iw..
MirY S JL conclusion ne tendrait elle pas à
la prorogation dés pouvoirs, que son début
senable'cômbattjer Dans tous les cas le
décousu de sou discours ne prouve que la
désarroi de^sa politique et de son parti.
NGuaimo, pour notre part à lui oppo-
aer les paroles nettes,, sincèrps et simples,
a«pè rrtm* lMiOOli. hier dans la lettre de M.
Thiers M niait e de Belfort : c Yaintênan1
aue ubus so'rrimes si^tls avec nous-mêmes-,.
il' faut nftùs cionmfé sagement, fortement,
nous soùsiMïe kû joug-dWrptor etfiïaùfc
tenir le gouvernement de tous que nous
avons appelé la République conservatrice.»
Voilà la vérité, voilà ce qui éclate et ce qui
convainc. Nous n'avons pas à chercher d'au-
tre ligne ni à combiner d'autres projets.
C'est la politique droite et franche et d'au-
tant plus supérieure en ce moment à la
politique d'intrigue que l'intrigue est une
triste chose quand ceux qui la pratiquent
^?onl récresi qu'à se duper eux-mêmes.
EUG. LIÉBERT.
L'ÉVACUATION DE VEBDUN
4
l
i Verdun est complètement évacué depuis
hier matia. Aucun incident à signaler.
1 Une dépêche nous fournit quelques détails
sur le départ des Prussiens :
Les Prussiens se sont réunis le matin Ai
Vuit heures sur la Roehe, devant l'entrée:
de la citadelle. Ils sont partis musique en:
.t.êeet ont traversé la ville. Les cloches
de la cathédrale ont sonné après leur dé-
-part, et aussitôt la ville s'est splendidement
pavill8. Les trompes françaises sont arri-
véès à midi. Une foule immense s'était
portée à leur rencontre et groupée sur
leur passage. 1
Il n'y a pas eu de réception officielle.
L'enthousiasme était indicible.
Le soir la ville était complètement illu-
minée.
A l'occasion de l'évacuation de Verdun et de
la libération définitive du territoire, le maire de
Verdun adresse la proclamation suivante,aux
habitants de cette ville ;
Mes chers concitoyens,
Dans trois jours l'armée allemande quit-
tera le territoire de Verdun, dernier gage
de la rançon de la France. Bientôt après
les troupes françaises entreront dans nos
murs, qu'elles ont avec nous si vaillam-
ment défendus.
,- Pour fêter ce jour si impatiemment at-
tendu, nous n'aurons qu'une seul,,, et uni-
que pensée, qu'un seul sentiment, la joie
d'être rendus à nous-mêmes.
Si quelque chose pouvait ajouter encore
à notre immense satisfaction,ce seraient as-
surément les témoignages de sympathie
qui nous ont été adressés des différents
points de la France et ceux que je reçois à
l'instant des Français de New-York, avec
des félicitations pour notre heureuse déli-
vrance.
Mais n'oublions pas qu'il y a près de
nous des populations restées françaises par
le cœur, et qui souffrent d'être séparée-j de
la mère-patrie ! Ce douloureux souvenir
nous dit que nous n'avons à célébrer ni un
triomphe ni une victoire !
Après le départ des Allemands, la cloche
du beffroi sonnera e. volée et le drapeau
tricolore flottera sur une des tours de la
cathédrale. A ce signal, l'hôtel-de-ville
sera pavoisé d3 drapeaux. Le soir, les édi-
ficet publics seront illuminés.
Vous inviter à suivre cet exemple serait
vous faire inj ure : votre patriotisme n.a
pas besoin d'encouragement.
Une distribution extraordinaire de vivree
serar faite aux indigents.
■ Le maire,, BENOIT.
> —
PAR. RAISON 08 MB FORCE
Les préfets ont reçu l'ordre d'arrêter
le pétitionnement en faveur de la pro-
rogation des pouvoirs du maréchal de
Mac-Mahon. Voilà ce qu'on écrit de Ver-
sailles an Courrier de Péris. Avouez que-
ce on-là est un collaborateur précieux ;
il a tout pour lui ; d'abord il ne doit pas
coûter cher, si tant est qu'il ne paie pas
l'insertion de sa prose ; et puis, quelle
originalité; quel imprévu dans ses infor-
mation! Et comme il manie l'ellipse. !
Les préfets ont reçu Tordre d'arrêter le
pétitionnement. Tiens ! on pétitionnait
donc ! Parbleu ! puisque les préfets ont
reçtl l'ordre.
Tous nos compliments à notre confrère
on. Toutefois nous prendrons la liberté
de lui donner un conseil : qu'il lise
un manuel quelconque de l'art de
se conduire en société ; il y appren-
dra que si l'on se trouve dans, une
maison aux environs de l'heure du
dîner, il faut éviter de dire à la maîtresse
de céans : Surtout, n'essayez point de
me retenir, je refuserais. Cela ne se tait
pas ; c'est ce qu'on appelle la carte ou
l'invitation forcée. Or, il était fortement
question, tous ces jours-ci, de proroger
les pouvoirs du maréchal, et voilà que le
en du Courrier de Paris écrit que lès pré-
fets ont reçu ordre d'arrêter le pétition-
nement. Cela n'a-t-il pas bien l'air d'une
invite? -
Mais n'insistons pas.
Il est avéré maintenant pour tout
le monde que si le gouvernement n'a
point délibéré sur la question da proro-
gation, - ce que personne, d'ailleurs,
n'avait dit, — quelques-uns des mem-
bres qui le composent ne seraient point
fâchés qu'on leur fît une douce violen-
ce, et que des manifestations toutes spon-
tanées de l'opinion publique les missent
dans la nécessité de se faire supplier par
la Chambre de conserver le pouvoir
pendant trois ou. cinq ans. L'idée de la
prorogation fait du chemin, nous ne
saurions le dissimuler; non dans le pays,
assurément, bien que les préfets, on
l'affirme, aient reçu l'ordre d'arrêter, le
pétitionnement, mais dans les journaux
dits conservateurs.
Oh se rappelle que, peu de jours après
jl# 24 mai, tous les-rédacteurs en chef
des feuilles monarchiques, sans dictine-
tion de nuances, allèrent se prosterner
devant le nouveau président de la Ré-
publique et l'assurer du dévoûment
absolu avec lequel ils avaient l'honneur
-d'être ses très-humbles et très-dociles
porte-plumes. Il n'y a pas tout à fait
,quatre mois de cela, et pourtant, com-
bien aujourd'hui manqueraient à l'appel
s'il prenait fantaisie au maréchal de les
sonner pour les faire comparoir en son
cabinet et leur dire : « Je veux être pro-
rogé pour cinq ans. A cheval, messieurs !
et que chacun fasse son devoir ! »
Une bonne moitié de ceux qui avaient
prêté serment d'obéissante feraient la
sourde oreille ; l'Union, l'Univers, la
Gazette de France, le Monde et quelques.
autres ne veulent entendre parler de
prorogation à aucun prix ; au contraire,
les journaux bonapartistes, et, naturel-
lement, tous les officieux, font une cam-
"pagne énergique en faveur du provi-
soire, et trouvent chaque matin quelque
argument nouveau pour appuyer leur
idée. Jusqu'à présent, c'est au • Constitu-
tionnel qu'appartient la palme. A force
d'investigations patientes, il a fini par
découvrir la vraie raison pour laquelle
la France, bien que lasse du provisoire,,
en acceptera la prolongation. Ecoutez-
le : « Dire que la France est fatiguée du
provisoire n'est pas bien neuf; il y a
troijJ ans que cela se répète. La question
n'est pas là; la question n'est pas desa-
voir si la France est fatiguée du provi-
soire; il y a tant de choses dont on est
fatigué et que l'on subit néanmoins, soit
par raison, soit par force. La France,
par exemple, est plus que fatiguée, elle;
est irritée, humiliée de la perte de l'Al-
sace et de la Lorraine; est-elle prête à
les reprendre? Donc, la question est
dans la Dossibilité. »
A
Il n'y a rien à répondre. N'est-ce pas,
en effet, une rengaine de dire que la
France est fatiguée du provisoire? Là
n'est point la question ; si fatiguée qu'elle
puisse être, si on ne lui donne rien au-
tre chose, il faudra bien qu'elle s'en con-
tente, soit par raison, SOIT PAR FORCE.
Et que le Constitutionnel ne s'avise pas
de nous dire que nous donnons à ce mot
un sens qu'il n'a point voulu lui don-
ner; n'a-t-il pas pris soin lui-même, pour
mieux faire comprendre sa pensée, de
fournir l'exemple de la Lorraine et de
l'Alsace, qu'il ne dépend pas de nous de
reconquérir? Nous en subissons la perte
parce que nous n'avons point la force ;
de même, sans doute, que le pays subira
le provisoire aussi longtemps qu'il plaira
au Constitutionnel et à ses amis de nous
l'imposer, parce que nous n'avons pas
la force. L'empire, lui aussi, était du
nombre de ces choses dont « on est fati-
gué et que l'on subit néanmoins, soit
par raison, — c'est le cas de plusieurs
millions de plébiscitaires, - soit par force,
— c'est le cas des républicains.
Mais pourquoi la France doit-elle être
condamnée au maintien du provisoire ?
Voilà ce que le Constitutionnel explique
encore très-clairement. Il a réponse à
tout, le Constitutionnel ; cela vient sans
doute de ce qu'il sait, par expérieAce,
qu'il- n'est rien d'impossible à prouver,
; soit par raison, sait par force. Donc, s'il-,
Imet tant d'insistance à réclamer la pro-
longation du statu quo, c'est qu'il ne
veut pas être iagrat envers le maréchal,
Mac-Mahon et lui donner son congé
alors qu'il commence à peine sa carrière
■de président. « Il nlæt. qu'un seul cas,
ajoute le Constitutionnel, où il serait permis
d'on agir ainsi avec lui ; ce serait le cas
où la France se trouverait manifestement
prête à dire comment elle veut vivre et
à se prononcer pour un régime définitif.
Or, la France, nous n'hésitons pas à l'af-
firmer, est enaore, fort loin d'an être
là. »
Le Constitutionnel hésite si peu à l'af-
firmer que nous serions tentés de le
croire, tant nous avons confiance en ses
appréciations. Toutefois, serait-ce se mon-
trer bien exigeants que de lui demander
une toute petite preuve de ce qu'il
avance ? A quoi voit-il que la France ne sait
pas ce qu'elle veut? Est-ce qu'une nym-
phe Egérie serait attachée à la rédaction
du Constitutionnel pour lui apporter cha-
que jour, au moment de mettre sous
presse, des nouvelles toutes fraîches de
l'opinion publique? Où, quand, com-1
ment a-t-il consulté la France? Serait-ce
dans les différentes élections qui ont eu
lieu depuis le 8 février 1871 ? Nous n'a-
vons nul souvenir d'y avoir rencontré
le Constitutionnel ni aucun des siens.
Mais si c'est des élections qu'il veut
parler quand il affirme que la France
hésite sur le régime qu'elle préfère,
nous lui ferons timidement observer
qu'il se trompe. En cherchant un peu
dans ses souvenirs, il se rappellera que
chaque fois que la France a été consul-
tée depuis deux ans et demi, toujours et
invariablement elle a répondu : Répu-
blique. Parfois même elle a crié si haut
que les sourds, j'entends ceux qui ne
voulaient pas entendre, ont été forcés
de dresser les oreilles. Est-ce que cet or-
gane manquerait aux rédacteurs du Cons-
titutionnel ? Jamais on ne s'en serait
douté !
D'ailleurs, à quelques lignes de dis-
tance, le Constitutionnel se laisse prendre
en flagrant délit de contradiction. Il se
plaint du silence obstiné que gardent les
monarchistes sur les conditions d'une
restauration. « La France, dit-il, ne peut
rester à la merci de ces incertitudes. »
Nous sommes bien de cet avis ; mais
en quoi, je vous prie, cesseront ces in-
certitudes quand le maintien du provi-
ôfcire aura permis aux deux cousins et à
leurs adhérents de nous promener encore
tout à leur aise, pendant trois ou cinq
ans, entre Frohsdorff et Chantilly? Le
Constitutionnel nous répondra qu'il est
bien libre de professer l'homœopathie
et de traiter l'incertitude par l'incerti-
tude. Nous ne nions pas son droit, mais
l'efficacité de sa thérapeutique; et, s'il faut
tout dire, nous croyons qu'il en sait plus
long qu'il ne l'avoue sur le régime pré-
féré du pays. Il n'ignore pas plus
que nous ce qui s'est passé depuis
près de trois ans ; il a constaté, comme
nous, les progrès de l'opinion républi-
caine, et c'est précisément pour cela qu'il
veut gagner du temps, dans l'espoir de
laisser à la solution qu'il nous prépare
le temps de grandir et d'avoir de la
barbe au menton.
E. SCHNERB.
.-
M. Rieard, député des Deux-Sèvres, adressé
la lettre suivante au directeur de la Gazette de
France :
j A Monsieur le directeur de, la
Gazette de France.
Niort, 10 septembre.
Monsieur,
Sur la foi d'un correspondant, qui n'ose
se nommer publiquement, vous affirmez
encore que j'aurais dit au général Allard,
président du conseil général: « La démocra-
tie est décidée à se rallier au bonapartisme..
J'oppose de nouveau à cette allégation un
démenti net et précis ; j'ai dit que le parti
républicain était prêt à s'allier au parti bo-
napartiste pour défendre le suffrage univer-
sel contre les partisans de la monarchie
absolue de droit divin, et je devais croire
que ceux qui se sont ligués pour faire le
24 mai comprendraient quelle différence
il y a entre S'ALLIER et se RALLIER au bo-
napartisme. Votre correspondant anonyme
fera donc bien désormais de mieux écouter
avant de répéter ce qui se dit dans les sa-
lons du préfet des Deux-Sèvi-es ; ses sou-
venirs sont, je le sais, en désaccord avec
ceux de l'honorable général Allard, et je
puis, en ce qui touche ma fidélité à mes
convictions, dédaigner les insinuations les
plus perfides.
Mes concitoyens savent que je suis ré-
publicain, que je n'ai jamais servi et que
je ne servirai jamais d'autre gouverne
ment que le gouvernement de la Républi-
que; que je combattais l'Empire lorsqu'il
était debout, et que si, le lendemaiu de sa
chute, j'ai défendu quelques uns de ceux
qui l'avaient servi contre les rancunes
de vos amis, je ne serai jamais pour cela
de ceux qui le restaureront; qu enfin, je
suis et serai toujours l'adversaire irrécon-
ciliable de votre monarchie et des chartes
qu'il plaira à votre roi de nous octroyer.
Je compte sur votre impartialité pour
insérer cette réponse, que la persistance de
vos attaques a rendue Eécessaire, et vous
prie d'agréer, monsieur le rédacteur, l'as-
surance de ma considération très-distin-
guée. --
A. RICARD,
Député des Deux-Sèvres.
—« —.—»
! LISTES DU JIM
8 trouvons dans le Siècle un docu-
ment dont ce journal garantit l'authenti-
'f auquel on. ne saurait, donner, trop
de publicité, pour le signaler tout à la
fois à Ja réprobation générale et à la désap-
probation officielle. Il consiste en une cir-
culaire adressée par un magistrat à des
juges de paix, à qui incombe, d'après
la loi de 1872, la tâche délicate de présider
des commissions qui préparent les listes du
jury.
Août 1873.
Monsieur le juge de paix,
Aux termes de l'article 10 de la loi du 21 no-
vembre 1872, 1a commission chargée de dresser
la liste préparatoire du jury doit se réunir,
sous votre présidence, dans la première quin-
zaine d'août. Comme il est de la dernière im-
portance de n'inscrire, même sur la liste prépa-
ratoire, que des citoyens intelligents, d'une mo-
ralité éprouvée, d'un caractère ferme, et dent
les opinions répondent à l'esprit d'ordre qui dirige
le gouvernement, je crois devoir vous adresser
des instructions dont l'rxécution assurera, autant
que possib!e, la bonne réiaction de votre liste
préparatoire et facilitera singulièrement la con-
fection de la liste définitive.
Avant de réunir la commission que vous
devez présider, je vous prie de faire appel
au concours et au zèle de vos deux suppléants.
A l'aide de renseigoements que vous obtien-
drez ainsi par le personnel de votre canton,
vous composerez une liste dont vous connaîtrez
tous les membres, et vous l'appuierez ensuite
de votre triple influence au sein de la commis-
sion cantonale. Ea m'adressant la liste prépa-
ratoire telle qu'elle aura été atrêtée par la com-
mission, vous voudrez bien me faire connaitre,
par un rapport succinct, si tous les maires ont as-
sisté à la réunion, quelle a été leur attitude, dans
quel esprit ils ont voté, et vous joindrez à ce
rapport une liste comprenant par ordre de jus-
tes préférences le nom de tous les candidats
jurés, en ayant soin de signaler par une asiéris-
que ceux d'entre eux qui, dans tous les cas,
doivent être rejetés de la liste définitive.
Je trouverai dans ce travail les moyens d'é-
tablir, de mon côté, la liste qui devra l'emporter
devant la commission d'arrondissement.
Agréez, etc.
Le pl ésident du tribunal de première
instance di/**
Lors de la discussion de la loi sur le
jury à l'Assemblée nationale, il fut soûle
vé de graves objections relativement à la
prédominance de voix qu'accordait à l'élé-
ment judiciaire sur l'élément civil (conseil-
lers d arrondissement, maires, conseillers
généraux, etc.) la loi présentée. Ces ob-
jections ne manquaient pas de justesse,
puisque nous voyons, aujouid'hui, un pré-
sident de tribunal de première instance se
vanter de pouvoir faire passer telle ou telle
liste.
Mais ce qui nous avait le plus frappé,
lors de la discussion de la loi du jury,
c'est la façon dont chaque orateur avait
souci, dans une question si délicate, de
parler avec déférence et respect de la ma-
gistrature française et de mettre hors de
débat l'impartialité d'un corps qui ne doit
pas être mêlé à nos luttes politiques. Une
telle confiance ne doit pas être affaiblie.
Or, nous savons ce qu'en août 1873, il
faat entendre par les gens dont « les opi-
nions répondent à l'esprit d'ordre qui di-
rige les gouvernements. » Ce sont tout à
la fois ceux qui désirent la restauration
d'Henri V, l'avènement du comte de Paris
et le retour de la dynastie impériale ; ce
sont ceux qui veulent ardemment, dans
toute son étendue, le rétablissement du
pouvoir temporel du pape et aussi ceux
qui ne le veulent pas; ce sont ceux
qui patronnent le suffrage universel et en
même temps ceux qui sont partisans du
suffrage le moins universel possible. Et,
comme il n'est pas aisé même en ayant
beaucoup d'esprit d'ordre, de se débrouil-
ler au milieu de cet amas d'indices, il est
d'usage de reconnaître la catégorie précé-
dente à ceux qui n'en sont pas, c'est à dire
aux républicains. Un jury sans républicains
:.paraîtrait sans doute chose toute naturelle
à nos gouvernants; aussi nous contente-
frons-nous de leur faire remarquer à qnel
point serait anormale l'institution d'un
jury monarchiste.
Nous ne doutons pas, pour l'honneur de
la magistrature, que le cas qui vient d'être
signalé ne soit isolé ; mais le moindre
désaveu officiel ferait, aux yeux de tous,
bien meilleur effet que toutes nos protes-
tations. M. Beuié, pour rester minière de
l'intérieur, a jadis répudié M. Pascal et sa
fameuse circulaire confidentielle aux pré-
fets ; M. Ernoul ne se montrerait que mi-
nistre de la justice en désavouant les ins-
tructions confidentielles d'un magistrat
trop zélé.
On le sait d'ailleurs : cela a fait quelque
bien à la morale publique et n'a pas fait
grand mal à M. Pascal, actuellement préfet
de la Gironde.
P. L.
---- ;
L'Assemblée nationale est un journal si
maladroitement rédigé qu'il eu devient
plaisant quelquefois. Hier l'Assemblée s'in-
dignait de la « déification » de M. Thiers
par les « radicaux. » Un député, M. Des-
bons, ayant porté un toast « au Washing-
ton français et au libérateur du territoire »
l'Assemblée le tance vertement et le traite
de « courtisan. » Courtisan de quoi? Du
pouvoir? M. Thiers y reviendra donc? Au
moins est il piquant que le chef du gou-
vernement déchu trouve tant de courti-
sans en France lorsque les membres tout-
puissants du gouvernement actuel en ont
si peu.
E. L.
-- —-+ ——————————
La rédaction de l'Univers date ce qui
suit des frontières de l'Allemagne.
« Je ne puis résister au désir de vous raconter
une parole qui m'a été dite ces jours derniers
par un paysan allemand. C'est un homme sim-
iple, fort peu instruit, qui n'est jamais sorti de
ison village, et bon catholique" En passant, je
l'avais interrogé sur l'impression que cause au-
tour de lui la persécution. Il me donna d'abord
quelques détails, qui lui causaient une profonde
tristesse mêlée d'irritation, puis il ajouta : « Nos
» souverains (Obrigkeit) sont contre Dieu ; que
» pouvons-nous faire , nous autres, pauvres
» gens? Il — « Heureusement, lui dis-je, les
» souverains passent, tandis que Dieu ne meurt
a pas. » — « C'est vrai, reprit-il, et quant à
» moi, qui suis vieux, je prendrais volontiers
» patience, si je ne voyais nos enfants empoi-
» sonnés (vergifitet) dans toutes les écoles. Aus-
> si cela ne peut-il pas durer longtemps, et je
» désespérerais sans les bonnes nouvelles de
» France. »
Je lui demandai ce qu'il entendait par là. —
« On raconte, dit-il, que la France va avoir un
1 roi catholique, que le peuple entier, dans ce
» pays-là, prie et va en pèlerinage. Si cela est
» vrai, nous aurons bientôt un empereur romain
» (rœmischer kayser), et il remettra le monde
1 en ordre. »
J'avoue qu'au premier abord je n'ai pas com-
pris, et que je l'ai fait répéter. — « Mais oui,
1 reprit-il, s'il y a un seul roi catholique, c'est
» assez pour en faire un empereur romain; il en
» faut bien pour délivrer le pape et nous ren-
» dre le droit d'élever nos enfants ! »
Vous le comprendrez sans peine, ces choses-
là ne s'inventent pas.
Il fallait donc nous le dire plus tôt.
Ce krave paysan, pardonnez-nous, lecteur,
Ce brave paysan, nous l'avons sur le cœur.
Ainsi le paysan de l'Univers a failli at-
tendre ! Il est vraiment dommage que les
paysans français ne soient pas des pay-
sans allemands !
,-- - -----'-'---
INFORMATIONS
M. Thiers est arrivé à Oachy ; il y sé-
journera une ou deux semaines.
Sa santé est excellente. A son passage à
Lausanne, M. Thiers a été l'objet d'une
manifestation très-touchante.
On nous assure qu'au dernier conseil des
ministres tenu à Versailles, une vive dis-
cussion s'est élevée au sujet des élections.
Le conseil s'est partagé en deux parties
égales. M. de Broglie était d'avis de ptocé-
der aux élections immédiatement, tandis
que M. Ernoul pensait qu'il était préféra-
ble d'attendre les délais légaux.
Il faudrait voir, paraît-il, dans l'attitude
prise par ces deux ministres, des indices
sur la conduite qu'ils comptent tenir à la
rentrée. M. de Broglie et ses amis sont
d'avis, ainsi que nous l'avons annoncé,
d'accpter une proposition qui aurait pour
but la prolongation des pouvoirs du maré-
chal de Mac Mahon. M. Ernoul et &es
amis, au contraire, voudraient essayer de.
faird immédiatement la monarchie.
Si la division est non-seulement ag ein
de la majorité, mais encore au sein da.
conseil des ministres, qu'allons-nous de-
venir ?
Le maréchal de Mac-Mahon reviendrâ
demain soir à Versailles. Il y passera la
matinée du mardi et ira chasser à Ram-
bouillet dans la journée; il sera de retour
le soir à l'hôtel de la présidence.
Le conseil de défense se réunira mer-
credi sous la présidence du maréchal de
Mac-Mahon.
M. Deseilligny, ministre des travaux
publics, ira faire un voyage à Bordeaux,
du 15 au 20 octobre, pour étudier sur
place les intérêts du département.
Le général Chanzy, gouverneur géné-
ral de l'Algérie, a hâté un peu son départ.
Il a quitté Paris hier soir. Il se rend à
Marseille, où il s'embarquera aujourd'hui
sur le Kléber, qui partira immédiatement
pour Alger.
Le prince Napoléon est arrivé à Paris
jeudi.
M. Fournier, ministre de France près du
roi d'Italie, ne retournera à Rome qu'à
l'expiration de son congé.
On lit dans le Salut public, de Lyon :
Le Journal officiel contient un décret révo-
quant d'urgence M. Lièvre, procureur de laHé-
publique à Saint-Etienne, et nommant à sa place
M. Brochant d'Auferville.
Nous n'avons donc plus de raison pour tenir
secrets les détails de cette triste affaire.
M. Lièvre était sans fortune; il a voulu s'em-
parer de celle de sa femme au moyen de faux
actes de cession, actes sur lesquels il avait con-
trefait la signature d'un notaire et celle de sa
femme elle-même. 1
Le procureur général, prévenu de ces faits, a
lancé un mandat d'amener contre lui, et M. Liè-
vre a été arrêté mercredi soir à Cluny, au mo-
ment où il se disposait, à ce que l'on suppose, à
passer à l'étranger.
M Lièvre était très-aima de tous ses collée
gues et de ses subordonnés. C'était, à ce qu'on
assure, un homme de relations charmantes, et
l'on ne s'explique- guère comment il a pu se
laisser égarer au point de commettre un acte
semblable.
M. Lièvre n'était pas un magistrat du 4 sep-
tembre. Depuis longtemps déjà il appartenait à
la magistrature debout, et il avait occupé un
siège à Nancy avant d'être chef du parquet à
Saint Etienne.
Nous devons constater que le Salut pu-
blic, de Lyon, bien que tenant un rang.,
distingué parmi les orgaues de l'ordre mo-
ral, n'est pas encore à la hauteur de ses
collègues parisiens : il se croit obligé de
dire la vérité. Tous les journaux monar-
chistes de Paris ont représenté M. Lièvre
comme « une créature » du 4 septembre.
Pour notre part nous ne pensons pas qi,ie.
le cas de M. Lièvre porte atteinte à l'ho,,<
norabilité des magistrats d'opinion mô"^
narchique. -'
L'Académie française a tenu séance hl,
jeudi 4 et le jeudi 11 septembre, pourl
suite de ses travaux, entre autres la rév4^r
:Sion de son Dictionnaire, dont la première
moitié sera prochainement achevée. -
M. le duc d'Aumale, directeur pour 1'1
trimestre, a présidé ces deux séances ; M.
le duc de Broglie assistait à la première.
M. le vicomte Martin du Nord, petit-
fils du ministre de la justice de Louis-
Philippe, actuellement attaché. à l'ambas-
sade de France à St-Pétersbourg, vient
d'Ll'eenvoyé" sur demgndç,,. e) mê-
me qualité, à la légation ae France à Mu-
nich.
La santé de M, de la Garde, cOllSul. dL.
France à Saint-Pétersbourg, inspire à acfl
amis les plus vives inquiétudes. ;r
: Il résulte d';un% lettre adressée -à l'Évé-
ement par le général Cremer (ex-géneral)
que le ministre de l'intérieur a refusé
d'autoriser la distribution des prospectus
d'un ouvrage intitule: a La Campagne
de l'Est et, l'armée de Bourbaki, » par
MM. Crimer et Poulet.
On nous écritde Saint-Pierre-lès-Calais:
On vient (c'est-à-dire M. le commissaire de po-
lice) d'interdire la vente et le colportage de
n'importe quel journal par les rues de la ville de
Saint-Pierre. »
Ces taquineries et ces vexations des
fonctionnaires de. l'ordre moral font les
affaires de la République. Si c'est cela
qu'ils cherchent, ils réussissent; mais il est
probable qu'ils ont uu tout autre but.
L'archevêque de Bourges a décidé qu'il
tiendrait, avec les évêques ses suffragants,
un concile provincial, le 5 octobre prochain.,.
dans la ville du Puy. :.-':
Le Rappel annonce l'arrivéeà Paris d'un
industriel américain qu'on peut dire à
son aise, M. Gibbons.
Cet étranger est à la tête d'une fortune-
de 80 millions de dollars. On ajoute que
c'est un philanthrope infatigable; et qu'il
dépense fort libéralement ses quatre cents
millions.
Le comte de Béarn, second secrétaire-
de la légation de France à WashingtoD\
vient de mourir à l'âge de trente-dauxtane.
Il était beau-frère du duc de Broglie. ;
Le duc de Rianzares, mari de la reine
Christine de. Bourbon, vient de mourir à
sa villa de Sain te-Adresse.
Le duc était le second mari de la reine,
veuve.de Ferdinand VII d'Espagne. Siofci^
pie garde du corps quand la reine, alorgu
PRIX D NUMÉRO ; PARIS 45 CENTIMES — DÉPARTEMENTS 20 CENTIMES.
Lundi do Septembre 1873i
NT'
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
RÉDACTION
«adresser au Secrétaire de la Rédaction5
dé t heures à minuit
t, rae &ro«ot, # (
Les manuscrits non insérés ne seront p&rMk*.
ABMNÉM1NTS
PARIS
TJei&:mois. 13 Ir.
ftamoisk.. 25
Mad. 50
DÉPARTEMENTS
Trois mois lé fl\
Six mois. 32
Un an O*
ABKOBCM, chez MM. LAGRANGE, CERJ et C*
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On s'abonne à Londres, chas M. A. MAURICE énéral
advertisinf, agent, 13, Tavistockrow, Covent Garden.
ADMINISTRATION
Adresser lettres et mandats à radministratotu
S. rue Drouot, 8
les lettres non affranchies seront reftuttf
T
f
ABONNEMtNT8
PARIS
Trois mois. 13 fr.
Six mois. 25
Unan. 50
DÉPARTBALirMI.
Trois mois. 16 fr.
Six mois. 32
Un an 69 ,
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On s'abonne à Londres. chez M. A. MAURIOS général
adveritsing. agent, 13, Tavistockrow. Covent Gardes^
MM. les Souscripteurs dont l'a-
bonnement expire le 45 septembre
sont priés de le renouveler immé-
diatement, s'ils ne veulent éprouver
de rëtatd. dans la réception du
journal.
Le* &Hon»e«*«ni# .- PALSACB-
LOBBAUVE soni acceptât ait prix de
France.
On peut souscrire chez tome leu Il
braire».
; JOURNÉE POLITIQUE
Paris, U ttptwbre 487to
Les Prussiens sont sortis de Verdun hier
matin. Deux joursencore, et, JL!aj?jqpLée alle-
mande aura fiai d'évacuer le territoire ac-
tuel-dè la France. On estheureux de pen-
ser désarmais que l'oeuvre de la libération
est accomplie. Oa partage surtout le soula-
gement et la joi^ dé cette population ferme
tt vaillante qui depuis trois aas, sans/se
plaindra, attendant le jour où sa rMlÇ08
serait payée, demeurait pour nous tous pri-
sonnière des Allemands. Et pourtant on
n'asshte point à la grande explosion de
joie que l'on prévoyait, il y a quelques
tn^u» pftine-. Cestl ijue^ mm »mM& A
présent dévorés de soucis que nous ne con-
naissions' pas naguère. Cette date de la
délivrance, nous avions cru qu'elle mar-
querait aussi la fia des incertitudes po-
litiques et dès discordes de Versailles ; nous
pensions qu'elle amènerait le renouvelle-
ment: de l'Assemblée, la proclamation et
l'organisation surtout du gouvernement de
la République, la paix intérieure, le cré-
dit, la stabilité
Nous voici bien déçus, par malheur, de
tant d'espérances. La République, on la
fera sans douté, car on est forcé de la
faire ; mais avec quels retards et parmi
quel tumulte des partis 1 Dans quel désor-
dre sommes-nous 1 Quand nous pensions
toucher au port, il est dur de se remettre
en route, une route difficile et longue.
Certes la situation de Eosadversaire. po-
litiques est plus désespérée qu'on ne l'a
vue jamais; il n'en est pas moins vrai
qu'au moment même où leurs dernières
illusions se dissipent, ils redoublent d'ef-
forts pour entraver et nuire. Volontiers ils
perdraient la France, faute de la pouvoir
posséder. Pensent-ils persévérer bien long-
temps dans cette conduite? et ne crain-
dront-ils pas du moins de se rendre trop
Oiieux à leur pays et à l'histoire?
.., S'ils, pouvaient conquérir la royauté
pour laquelle ils bataillent, on compren-
drait tout, on trouverait même un certain
semblant de raisons .pour les excaser ; mais
ils- ea sont réduits pour la vingtième fois,
atir la centième, à avouer: qu'ils ne peu- -
vent rien et à confesser leur chimère.
Combien en reste-t-il de irtiïfo exaltés qui
Crblent encore au succès d'entreprises dont
1) vai»itév paraît clairement' à tous les
yeux ? combien en restera-t-il de mai n ?
eoittbien surtout à l'Assemblée, le 5 no
e, lorsqu'on va se trouver en face
de la nécessité de prends un parti et qu'il-
ne s'agira plus de se* payer de motaf
Hier encore nous lisions un assez long
discours que M. de Falloux, l'un des grands
t: pMitfltun< de', la<. fdli vwaHte
pronoucer à Segré, dans son comice agri-
coisi Non* comptions y tfouveR quelques
vues, quelques traces de plan suivi oa de
j&m à suivre, quelques avis, quelques con-
dH8 quelque chose enfin ; et nous n'y
avons vu ni rien de tout cela ni quoi que ce
sfât. H. de FaÙoux critique, vivement les
vlS e les dangers du provisoires
« Êa effet, dit41i Une plros
une sécurité provisoire sont des motaui.
le contredirent et s'excluent. » Oui, sans
gMitë ; M*, de Falloux a grandement raison.
de le dire puisqu'il le croit, et, ne le crût-
il pïï, lé moyen de dire autre chose ?
Tous ses cultivateurs auraient réclamé s'ilr
eût entrepris de vanter la prolongation
d'un état provisoire dont on ne peut plus
même entendre' parler sans bondir. Mais
après ? .Comment continue M. de Falloux ?
Qoe va-t-il proposer ? « Mais si l'on est
d'a&fe?d, ajoute t-ii mélancoliquement,
tlr demander un gouvernement dftDitif,
on ne l'est pas encore au même degré sur
lé choii dû gouvernement le plus désira-
bki » Et le discours finit fort inopinément
pas un brillant étoie de M. le maréchal de
MacrMahon, « qui rajeunit le vieux nom,
de Bayard, » et dont 1 agriculture doit sou-
tenir et encourager la vertu c analogue à
la sienne propre. » Analogie, sans douté,
aussi flatteuse; pour l'agriculture que pour
lliphibrabîk Maréchal ; est-ca là pourtant
41 la politique?
"Il est Bien clair que M. de Falloux a
divisé en trois points sa harangue. Premier
point: plus de .- provisoire ; second point :
on est pas d'accord sur le définitif; troà-
siéare point et conclusion : contions-nous au
œ&itWl. Otv M. de Fà'lloux en ve"t-iw..
MirY S JL conclusion ne tendrait elle pas à
la prorogation dés pouvoirs, que son début
senable'cômbattjer Dans tous les cas le
décousu de sou discours ne prouve que la
désarroi de^sa politique et de son parti.
NGuaimo, pour notre part à lui oppo-
aer les paroles nettes,, sincèrps et simples,
a«pè rrtm* lMiOOli. hier dans la lettre de M.
Thiers M niait e de Belfort : c Yaintênan1
aue ubus so'rrimes si^tls avec nous-mêmes-,.
il' faut nftùs cionmfé sagement, fortement,
nous soùsiMïe kû joug-dWrptor etfiïaùfc
tenir le gouvernement de tous que nous
avons appelé la République conservatrice.»
Voilà la vérité, voilà ce qui éclate et ce qui
convainc. Nous n'avons pas à chercher d'au-
tre ligne ni à combiner d'autres projets.
C'est la politique droite et franche et d'au-
tant plus supérieure en ce moment à la
politique d'intrigue que l'intrigue est une
triste chose quand ceux qui la pratiquent
^?onl récresi qu'à se duper eux-mêmes.
EUG. LIÉBERT.
L'ÉVACUATION DE VEBDUN
4
l
i Verdun est complètement évacué depuis
hier matia. Aucun incident à signaler.
1 Une dépêche nous fournit quelques détails
sur le départ des Prussiens :
Les Prussiens se sont réunis le matin Ai
Vuit heures sur la Roehe, devant l'entrée:
de la citadelle. Ils sont partis musique en:
.t.êeet ont traversé la ville. Les cloches
de la cathédrale ont sonné après leur dé-
-part, et aussitôt la ville s'est splendidement
pavill8. Les trompes françaises sont arri-
véès à midi. Une foule immense s'était
portée à leur rencontre et groupée sur
leur passage. 1
Il n'y a pas eu de réception officielle.
L'enthousiasme était indicible.
Le soir la ville était complètement illu-
minée.
A l'occasion de l'évacuation de Verdun et de
la libération définitive du territoire, le maire de
Verdun adresse la proclamation suivante,aux
habitants de cette ville ;
Mes chers concitoyens,
Dans trois jours l'armée allemande quit-
tera le territoire de Verdun, dernier gage
de la rançon de la France. Bientôt après
les troupes françaises entreront dans nos
murs, qu'elles ont avec nous si vaillam-
ment défendus.
,- Pour fêter ce jour si impatiemment at-
tendu, nous n'aurons qu'une seul,,, et uni-
que pensée, qu'un seul sentiment, la joie
d'être rendus à nous-mêmes.
Si quelque chose pouvait ajouter encore
à notre immense satisfaction,ce seraient as-
surément les témoignages de sympathie
qui nous ont été adressés des différents
points de la France et ceux que je reçois à
l'instant des Français de New-York, avec
des félicitations pour notre heureuse déli-
vrance.
Mais n'oublions pas qu'il y a près de
nous des populations restées françaises par
le cœur, et qui souffrent d'être séparée-j de
la mère-patrie ! Ce douloureux souvenir
nous dit que nous n'avons à célébrer ni un
triomphe ni une victoire !
Après le départ des Allemands, la cloche
du beffroi sonnera e. volée et le drapeau
tricolore flottera sur une des tours de la
cathédrale. A ce signal, l'hôtel-de-ville
sera pavoisé d3 drapeaux. Le soir, les édi-
ficet publics seront illuminés.
Vous inviter à suivre cet exemple serait
vous faire inj ure : votre patriotisme n.a
pas besoin d'encouragement.
Une distribution extraordinaire de vivree
serar faite aux indigents.
■ Le maire,, BENOIT.
> —
PAR. RAISON 08 MB FORCE
Les préfets ont reçu l'ordre d'arrêter
le pétitionnement en faveur de la pro-
rogation des pouvoirs du maréchal de
Mac-Mahon. Voilà ce qu'on écrit de Ver-
sailles an Courrier de Péris. Avouez que-
ce on-là est un collaborateur précieux ;
il a tout pour lui ; d'abord il ne doit pas
coûter cher, si tant est qu'il ne paie pas
l'insertion de sa prose ; et puis, quelle
originalité; quel imprévu dans ses infor-
mation! Et comme il manie l'ellipse. !
Les préfets ont reçu Tordre d'arrêter le
pétitionnement. Tiens ! on pétitionnait
donc ! Parbleu ! puisque les préfets ont
reçtl l'ordre.
Tous nos compliments à notre confrère
on. Toutefois nous prendrons la liberté
de lui donner un conseil : qu'il lise
un manuel quelconque de l'art de
se conduire en société ; il y appren-
dra que si l'on se trouve dans, une
maison aux environs de l'heure du
dîner, il faut éviter de dire à la maîtresse
de céans : Surtout, n'essayez point de
me retenir, je refuserais. Cela ne se tait
pas ; c'est ce qu'on appelle la carte ou
l'invitation forcée. Or, il était fortement
question, tous ces jours-ci, de proroger
les pouvoirs du maréchal, et voilà que le
en du Courrier de Paris écrit que lès pré-
fets ont reçu ordre d'arrêter le pétition-
nement. Cela n'a-t-il pas bien l'air d'une
invite? -
Mais n'insistons pas.
Il est avéré maintenant pour tout
le monde que si le gouvernement n'a
point délibéré sur la question da proro-
gation, - ce que personne, d'ailleurs,
n'avait dit, — quelques-uns des mem-
bres qui le composent ne seraient point
fâchés qu'on leur fît une douce violen-
ce, et que des manifestations toutes spon-
tanées de l'opinion publique les missent
dans la nécessité de se faire supplier par
la Chambre de conserver le pouvoir
pendant trois ou. cinq ans. L'idée de la
prorogation fait du chemin, nous ne
saurions le dissimuler; non dans le pays,
assurément, bien que les préfets, on
l'affirme, aient reçu l'ordre d'arrêter, le
pétitionnement, mais dans les journaux
dits conservateurs.
Oh se rappelle que, peu de jours après
jl# 24 mai, tous les-rédacteurs en chef
des feuilles monarchiques, sans dictine-
tion de nuances, allèrent se prosterner
devant le nouveau président de la Ré-
publique et l'assurer du dévoûment
absolu avec lequel ils avaient l'honneur
-d'être ses très-humbles et très-dociles
porte-plumes. Il n'y a pas tout à fait
,quatre mois de cela, et pourtant, com-
bien aujourd'hui manqueraient à l'appel
s'il prenait fantaisie au maréchal de les
sonner pour les faire comparoir en son
cabinet et leur dire : « Je veux être pro-
rogé pour cinq ans. A cheval, messieurs !
et que chacun fasse son devoir ! »
Une bonne moitié de ceux qui avaient
prêté serment d'obéissante feraient la
sourde oreille ; l'Union, l'Univers, la
Gazette de France, le Monde et quelques.
autres ne veulent entendre parler de
prorogation à aucun prix ; au contraire,
les journaux bonapartistes, et, naturel-
lement, tous les officieux, font une cam-
"pagne énergique en faveur du provi-
soire, et trouvent chaque matin quelque
argument nouveau pour appuyer leur
idée. Jusqu'à présent, c'est au • Constitu-
tionnel qu'appartient la palme. A force
d'investigations patientes, il a fini par
découvrir la vraie raison pour laquelle
la France, bien que lasse du provisoire,,
en acceptera la prolongation. Ecoutez-
le : « Dire que la France est fatiguée du
provisoire n'est pas bien neuf; il y a
troijJ ans que cela se répète. La question
n'est pas là; la question n'est pas desa-
voir si la France est fatiguée du provi-
soire; il y a tant de choses dont on est
fatigué et que l'on subit néanmoins, soit
par raison, soit par force. La France,
par exemple, est plus que fatiguée, elle;
est irritée, humiliée de la perte de l'Al-
sace et de la Lorraine; est-elle prête à
les reprendre? Donc, la question est
dans la Dossibilité. »
A
Il n'y a rien à répondre. N'est-ce pas,
en effet, une rengaine de dire que la
France est fatiguée du provisoire? Là
n'est point la question ; si fatiguée qu'elle
puisse être, si on ne lui donne rien au-
tre chose, il faudra bien qu'elle s'en con-
tente, soit par raison, SOIT PAR FORCE.
Et que le Constitutionnel ne s'avise pas
de nous dire que nous donnons à ce mot
un sens qu'il n'a point voulu lui don-
ner; n'a-t-il pas pris soin lui-même, pour
mieux faire comprendre sa pensée, de
fournir l'exemple de la Lorraine et de
l'Alsace, qu'il ne dépend pas de nous de
reconquérir? Nous en subissons la perte
parce que nous n'avons point la force ;
de même, sans doute, que le pays subira
le provisoire aussi longtemps qu'il plaira
au Constitutionnel et à ses amis de nous
l'imposer, parce que nous n'avons pas
la force. L'empire, lui aussi, était du
nombre de ces choses dont « on est fati-
gué et que l'on subit néanmoins, soit
par raison, — c'est le cas de plusieurs
millions de plébiscitaires, - soit par force,
— c'est le cas des républicains.
Mais pourquoi la France doit-elle être
condamnée au maintien du provisoire ?
Voilà ce que le Constitutionnel explique
encore très-clairement. Il a réponse à
tout, le Constitutionnel ; cela vient sans
doute de ce qu'il sait, par expérieAce,
qu'il- n'est rien d'impossible à prouver,
; soit par raison, sait par force. Donc, s'il-,
Imet tant d'insistance à réclamer la pro-
longation du statu quo, c'est qu'il ne
veut pas être iagrat envers le maréchal,
Mac-Mahon et lui donner son congé
alors qu'il commence à peine sa carrière
■de président. « Il nlæt. qu'un seul cas,
ajoute le Constitutionnel, où il serait permis
d'on agir ainsi avec lui ; ce serait le cas
où la France se trouverait manifestement
prête à dire comment elle veut vivre et
à se prononcer pour un régime définitif.
Or, la France, nous n'hésitons pas à l'af-
firmer, est enaore, fort loin d'an être
là. »
Le Constitutionnel hésite si peu à l'af-
firmer que nous serions tentés de le
croire, tant nous avons confiance en ses
appréciations. Toutefois, serait-ce se mon-
trer bien exigeants que de lui demander
une toute petite preuve de ce qu'il
avance ? A quoi voit-il que la France ne sait
pas ce qu'elle veut? Est-ce qu'une nym-
phe Egérie serait attachée à la rédaction
du Constitutionnel pour lui apporter cha-
que jour, au moment de mettre sous
presse, des nouvelles toutes fraîches de
l'opinion publique? Où, quand, com-1
ment a-t-il consulté la France? Serait-ce
dans les différentes élections qui ont eu
lieu depuis le 8 février 1871 ? Nous n'a-
vons nul souvenir d'y avoir rencontré
le Constitutionnel ni aucun des siens.
Mais si c'est des élections qu'il veut
parler quand il affirme que la France
hésite sur le régime qu'elle préfère,
nous lui ferons timidement observer
qu'il se trompe. En cherchant un peu
dans ses souvenirs, il se rappellera que
chaque fois que la France a été consul-
tée depuis deux ans et demi, toujours et
invariablement elle a répondu : Répu-
blique. Parfois même elle a crié si haut
que les sourds, j'entends ceux qui ne
voulaient pas entendre, ont été forcés
de dresser les oreilles. Est-ce que cet or-
gane manquerait aux rédacteurs du Cons-
titutionnel ? Jamais on ne s'en serait
douté !
D'ailleurs, à quelques lignes de dis-
tance, le Constitutionnel se laisse prendre
en flagrant délit de contradiction. Il se
plaint du silence obstiné que gardent les
monarchistes sur les conditions d'une
restauration. « La France, dit-il, ne peut
rester à la merci de ces incertitudes. »
Nous sommes bien de cet avis ; mais
en quoi, je vous prie, cesseront ces in-
certitudes quand le maintien du provi-
ôfcire aura permis aux deux cousins et à
leurs adhérents de nous promener encore
tout à leur aise, pendant trois ou cinq
ans, entre Frohsdorff et Chantilly? Le
Constitutionnel nous répondra qu'il est
bien libre de professer l'homœopathie
et de traiter l'incertitude par l'incerti-
tude. Nous ne nions pas son droit, mais
l'efficacité de sa thérapeutique; et, s'il faut
tout dire, nous croyons qu'il en sait plus
long qu'il ne l'avoue sur le régime pré-
féré du pays. Il n'ignore pas plus
que nous ce qui s'est passé depuis
près de trois ans ; il a constaté, comme
nous, les progrès de l'opinion républi-
caine, et c'est précisément pour cela qu'il
veut gagner du temps, dans l'espoir de
laisser à la solution qu'il nous prépare
le temps de grandir et d'avoir de la
barbe au menton.
E. SCHNERB.
.-
M. Rieard, député des Deux-Sèvres, adressé
la lettre suivante au directeur de la Gazette de
France :
j A Monsieur le directeur de, la
Gazette de France.
Niort, 10 septembre.
Monsieur,
Sur la foi d'un correspondant, qui n'ose
se nommer publiquement, vous affirmez
encore que j'aurais dit au général Allard,
président du conseil général: « La démocra-
tie est décidée à se rallier au bonapartisme..
J'oppose de nouveau à cette allégation un
démenti net et précis ; j'ai dit que le parti
républicain était prêt à s'allier au parti bo-
napartiste pour défendre le suffrage univer-
sel contre les partisans de la monarchie
absolue de droit divin, et je devais croire
que ceux qui se sont ligués pour faire le
24 mai comprendraient quelle différence
il y a entre S'ALLIER et se RALLIER au bo-
napartisme. Votre correspondant anonyme
fera donc bien désormais de mieux écouter
avant de répéter ce qui se dit dans les sa-
lons du préfet des Deux-Sèvi-es ; ses sou-
venirs sont, je le sais, en désaccord avec
ceux de l'honorable général Allard, et je
puis, en ce qui touche ma fidélité à mes
convictions, dédaigner les insinuations les
plus perfides.
Mes concitoyens savent que je suis ré-
publicain, que je n'ai jamais servi et que
je ne servirai jamais d'autre gouverne
ment que le gouvernement de la Républi-
que; que je combattais l'Empire lorsqu'il
était debout, et que si, le lendemaiu de sa
chute, j'ai défendu quelques uns de ceux
qui l'avaient servi contre les rancunes
de vos amis, je ne serai jamais pour cela
de ceux qui le restaureront; qu enfin, je
suis et serai toujours l'adversaire irrécon-
ciliable de votre monarchie et des chartes
qu'il plaira à votre roi de nous octroyer.
Je compte sur votre impartialité pour
insérer cette réponse, que la persistance de
vos attaques a rendue Eécessaire, et vous
prie d'agréer, monsieur le rédacteur, l'as-
surance de ma considération très-distin-
guée. --
A. RICARD,
Député des Deux-Sèvres.
—« —.—»
! LISTES DU JIM
8 trouvons dans le Siècle un docu-
ment dont ce journal garantit l'authenti-
'f auquel on. ne saurait, donner, trop
de publicité, pour le signaler tout à la
fois à Ja réprobation générale et à la désap-
probation officielle. Il consiste en une cir-
culaire adressée par un magistrat à des
juges de paix, à qui incombe, d'après
la loi de 1872, la tâche délicate de présider
des commissions qui préparent les listes du
jury.
Août 1873.
Monsieur le juge de paix,
Aux termes de l'article 10 de la loi du 21 no-
vembre 1872, 1a commission chargée de dresser
la liste préparatoire du jury doit se réunir,
sous votre présidence, dans la première quin-
zaine d'août. Comme il est de la dernière im-
portance de n'inscrire, même sur la liste prépa-
ratoire, que des citoyens intelligents, d'une mo-
ralité éprouvée, d'un caractère ferme, et dent
les opinions répondent à l'esprit d'ordre qui dirige
le gouvernement, je crois devoir vous adresser
des instructions dont l'rxécution assurera, autant
que possib!e, la bonne réiaction de votre liste
préparatoire et facilitera singulièrement la con-
fection de la liste définitive.
Avant de réunir la commission que vous
devez présider, je vous prie de faire appel
au concours et au zèle de vos deux suppléants.
A l'aide de renseigoements que vous obtien-
drez ainsi par le personnel de votre canton,
vous composerez une liste dont vous connaîtrez
tous les membres, et vous l'appuierez ensuite
de votre triple influence au sein de la commis-
sion cantonale. Ea m'adressant la liste prépa-
ratoire telle qu'elle aura été atrêtée par la com-
mission, vous voudrez bien me faire connaitre,
par un rapport succinct, si tous les maires ont as-
sisté à la réunion, quelle a été leur attitude, dans
quel esprit ils ont voté, et vous joindrez à ce
rapport une liste comprenant par ordre de jus-
tes préférences le nom de tous les candidats
jurés, en ayant soin de signaler par une asiéris-
que ceux d'entre eux qui, dans tous les cas,
doivent être rejetés de la liste définitive.
Je trouverai dans ce travail les moyens d'é-
tablir, de mon côté, la liste qui devra l'emporter
devant la commission d'arrondissement.
Agréez, etc.
Le pl ésident du tribunal de première
instance di/**
Lors de la discussion de la loi sur le
jury à l'Assemblée nationale, il fut soûle
vé de graves objections relativement à la
prédominance de voix qu'accordait à l'élé-
ment judiciaire sur l'élément civil (conseil-
lers d arrondissement, maires, conseillers
généraux, etc.) la loi présentée. Ces ob-
jections ne manquaient pas de justesse,
puisque nous voyons, aujouid'hui, un pré-
sident de tribunal de première instance se
vanter de pouvoir faire passer telle ou telle
liste.
Mais ce qui nous avait le plus frappé,
lors de la discussion de la loi du jury,
c'est la façon dont chaque orateur avait
souci, dans une question si délicate, de
parler avec déférence et respect de la ma-
gistrature française et de mettre hors de
débat l'impartialité d'un corps qui ne doit
pas être mêlé à nos luttes politiques. Une
telle confiance ne doit pas être affaiblie.
Or, nous savons ce qu'en août 1873, il
faat entendre par les gens dont « les opi-
nions répondent à l'esprit d'ordre qui di-
rige les gouvernements. » Ce sont tout à
la fois ceux qui désirent la restauration
d'Henri V, l'avènement du comte de Paris
et le retour de la dynastie impériale ; ce
sont ceux qui veulent ardemment, dans
toute son étendue, le rétablissement du
pouvoir temporel du pape et aussi ceux
qui ne le veulent pas; ce sont ceux
qui patronnent le suffrage universel et en
même temps ceux qui sont partisans du
suffrage le moins universel possible. Et,
comme il n'est pas aisé même en ayant
beaucoup d'esprit d'ordre, de se débrouil-
ler au milieu de cet amas d'indices, il est
d'usage de reconnaître la catégorie précé-
dente à ceux qui n'en sont pas, c'est à dire
aux républicains. Un jury sans républicains
:.paraîtrait sans doute chose toute naturelle
à nos gouvernants; aussi nous contente-
frons-nous de leur faire remarquer à qnel
point serait anormale l'institution d'un
jury monarchiste.
Nous ne doutons pas, pour l'honneur de
la magistrature, que le cas qui vient d'être
signalé ne soit isolé ; mais le moindre
désaveu officiel ferait, aux yeux de tous,
bien meilleur effet que toutes nos protes-
tations. M. Beuié, pour rester minière de
l'intérieur, a jadis répudié M. Pascal et sa
fameuse circulaire confidentielle aux pré-
fets ; M. Ernoul ne se montrerait que mi-
nistre de la justice en désavouant les ins-
tructions confidentielles d'un magistrat
trop zélé.
On le sait d'ailleurs : cela a fait quelque
bien à la morale publique et n'a pas fait
grand mal à M. Pascal, actuellement préfet
de la Gironde.
P. L.
---- ;
L'Assemblée nationale est un journal si
maladroitement rédigé qu'il eu devient
plaisant quelquefois. Hier l'Assemblée s'in-
dignait de la « déification » de M. Thiers
par les « radicaux. » Un député, M. Des-
bons, ayant porté un toast « au Washing-
ton français et au libérateur du territoire »
l'Assemblée le tance vertement et le traite
de « courtisan. » Courtisan de quoi? Du
pouvoir? M. Thiers y reviendra donc? Au
moins est il piquant que le chef du gou-
vernement déchu trouve tant de courti-
sans en France lorsque les membres tout-
puissants du gouvernement actuel en ont
si peu.
E. L.
-- —-+ ——————————
La rédaction de l'Univers date ce qui
suit des frontières de l'Allemagne.
« Je ne puis résister au désir de vous raconter
une parole qui m'a été dite ces jours derniers
par un paysan allemand. C'est un homme sim-
iple, fort peu instruit, qui n'est jamais sorti de
ison village, et bon catholique" En passant, je
l'avais interrogé sur l'impression que cause au-
tour de lui la persécution. Il me donna d'abord
quelques détails, qui lui causaient une profonde
tristesse mêlée d'irritation, puis il ajouta : « Nos
» souverains (Obrigkeit) sont contre Dieu ; que
» pouvons-nous faire , nous autres, pauvres
» gens? Il — « Heureusement, lui dis-je, les
» souverains passent, tandis que Dieu ne meurt
a pas. » — « C'est vrai, reprit-il, et quant à
» moi, qui suis vieux, je prendrais volontiers
» patience, si je ne voyais nos enfants empoi-
» sonnés (vergifitet) dans toutes les écoles. Aus-
> si cela ne peut-il pas durer longtemps, et je
» désespérerais sans les bonnes nouvelles de
» France. »
Je lui demandai ce qu'il entendait par là. —
« On raconte, dit-il, que la France va avoir un
1 roi catholique, que le peuple entier, dans ce
» pays-là, prie et va en pèlerinage. Si cela est
» vrai, nous aurons bientôt un empereur romain
» (rœmischer kayser), et il remettra le monde
1 en ordre. »
J'avoue qu'au premier abord je n'ai pas com-
pris, et que je l'ai fait répéter. — « Mais oui,
1 reprit-il, s'il y a un seul roi catholique, c'est
» assez pour en faire un empereur romain; il en
» faut bien pour délivrer le pape et nous ren-
» dre le droit d'élever nos enfants ! »
Vous le comprendrez sans peine, ces choses-
là ne s'inventent pas.
Il fallait donc nous le dire plus tôt.
Ce krave paysan, pardonnez-nous, lecteur,
Ce brave paysan, nous l'avons sur le cœur.
Ainsi le paysan de l'Univers a failli at-
tendre ! Il est vraiment dommage que les
paysans français ne soient pas des pay-
sans allemands !
,-- - -----'-'---
INFORMATIONS
M. Thiers est arrivé à Oachy ; il y sé-
journera une ou deux semaines.
Sa santé est excellente. A son passage à
Lausanne, M. Thiers a été l'objet d'une
manifestation très-touchante.
On nous assure qu'au dernier conseil des
ministres tenu à Versailles, une vive dis-
cussion s'est élevée au sujet des élections.
Le conseil s'est partagé en deux parties
égales. M. de Broglie était d'avis de ptocé-
der aux élections immédiatement, tandis
que M. Ernoul pensait qu'il était préféra-
ble d'attendre les délais légaux.
Il faudrait voir, paraît-il, dans l'attitude
prise par ces deux ministres, des indices
sur la conduite qu'ils comptent tenir à la
rentrée. M. de Broglie et ses amis sont
d'avis, ainsi que nous l'avons annoncé,
d'accpter une proposition qui aurait pour
but la prolongation des pouvoirs du maré-
chal de Mac Mahon. M. Ernoul et &es
amis, au contraire, voudraient essayer de.
faird immédiatement la monarchie.
Si la division est non-seulement ag ein
de la majorité, mais encore au sein da.
conseil des ministres, qu'allons-nous de-
venir ?
Le maréchal de Mac-Mahon reviendrâ
demain soir à Versailles. Il y passera la
matinée du mardi et ira chasser à Ram-
bouillet dans la journée; il sera de retour
le soir à l'hôtel de la présidence.
Le conseil de défense se réunira mer-
credi sous la présidence du maréchal de
Mac-Mahon.
M. Deseilligny, ministre des travaux
publics, ira faire un voyage à Bordeaux,
du 15 au 20 octobre, pour étudier sur
place les intérêts du département.
Le général Chanzy, gouverneur géné-
ral de l'Algérie, a hâté un peu son départ.
Il a quitté Paris hier soir. Il se rend à
Marseille, où il s'embarquera aujourd'hui
sur le Kléber, qui partira immédiatement
pour Alger.
Le prince Napoléon est arrivé à Paris
jeudi.
M. Fournier, ministre de France près du
roi d'Italie, ne retournera à Rome qu'à
l'expiration de son congé.
On lit dans le Salut public, de Lyon :
Le Journal officiel contient un décret révo-
quant d'urgence M. Lièvre, procureur de laHé-
publique à Saint-Etienne, et nommant à sa place
M. Brochant d'Auferville.
Nous n'avons donc plus de raison pour tenir
secrets les détails de cette triste affaire.
M. Lièvre était sans fortune; il a voulu s'em-
parer de celle de sa femme au moyen de faux
actes de cession, actes sur lesquels il avait con-
trefait la signature d'un notaire et celle de sa
femme elle-même. 1
Le procureur général, prévenu de ces faits, a
lancé un mandat d'amener contre lui, et M. Liè-
vre a été arrêté mercredi soir à Cluny, au mo-
ment où il se disposait, à ce que l'on suppose, à
passer à l'étranger.
M Lièvre était très-aima de tous ses collée
gues et de ses subordonnés. C'était, à ce qu'on
assure, un homme de relations charmantes, et
l'on ne s'explique- guère comment il a pu se
laisser égarer au point de commettre un acte
semblable.
M. Lièvre n'était pas un magistrat du 4 sep-
tembre. Depuis longtemps déjà il appartenait à
la magistrature debout, et il avait occupé un
siège à Nancy avant d'être chef du parquet à
Saint Etienne.
Nous devons constater que le Salut pu-
blic, de Lyon, bien que tenant un rang.,
distingué parmi les orgaues de l'ordre mo-
ral, n'est pas encore à la hauteur de ses
collègues parisiens : il se croit obligé de
dire la vérité. Tous les journaux monar-
chistes de Paris ont représenté M. Lièvre
comme « une créature » du 4 septembre.
Pour notre part nous ne pensons pas qi,ie.
le cas de M. Lièvre porte atteinte à l'ho,,<
norabilité des magistrats d'opinion mô"^
narchique. -'
L'Académie française a tenu séance hl,
jeudi 4 et le jeudi 11 septembre, pourl
suite de ses travaux, entre autres la rév4^r
:Sion de son Dictionnaire, dont la première
moitié sera prochainement achevée. -
M. le duc d'Aumale, directeur pour 1'1
trimestre, a présidé ces deux séances ; M.
le duc de Broglie assistait à la première.
M. le vicomte Martin du Nord, petit-
fils du ministre de la justice de Louis-
Philippe, actuellement attaché. à l'ambas-
sade de France à St-Pétersbourg, vient
d'Ll'eenvoyé" sur demgndç,,. e) mê-
me qualité, à la légation ae France à Mu-
nich.
La santé de M, de la Garde, cOllSul. dL.
France à Saint-Pétersbourg, inspire à acfl
amis les plus vives inquiétudes. ;r
: Il résulte d';un% lettre adressée -à l'Évé-
ement par le général Cremer (ex-géneral)
que le ministre de l'intérieur a refusé
d'autoriser la distribution des prospectus
d'un ouvrage intitule: a La Campagne
de l'Est et, l'armée de Bourbaki, » par
MM. Crimer et Poulet.
On nous écritde Saint-Pierre-lès-Calais:
On vient (c'est-à-dire M. le commissaire de po-
lice) d'interdire la vente et le colportage de
n'importe quel journal par les rues de la ville de
Saint-Pierre. »
Ces taquineries et ces vexations des
fonctionnaires de. l'ordre moral font les
affaires de la République. Si c'est cela
qu'ils cherchent, ils réussissent; mais il est
probable qu'ils ont uu tout autre but.
L'archevêque de Bourges a décidé qu'il
tiendrait, avec les évêques ses suffragants,
un concile provincial, le 5 octobre prochain.,.
dans la ville du Puy. :.-':
Le Rappel annonce l'arrivéeà Paris d'un
industriel américain qu'on peut dire à
son aise, M. Gibbons.
Cet étranger est à la tête d'une fortune-
de 80 millions de dollars. On ajoute que
c'est un philanthrope infatigable; et qu'il
dépense fort libéralement ses quatre cents
millions.
Le comte de Béarn, second secrétaire-
de la légation de France à WashingtoD\
vient de mourir à l'âge de trente-dauxtane.
Il était beau-frère du duc de Broglie. ;
Le duc de Rianzares, mari de la reine
Christine de. Bourbon, vient de mourir à
sa villa de Sain te-Adresse.
Le duc était le second mari de la reine,
veuve.de Ferdinand VII d'Espagne. Siofci^
pie garde du corps quand la reine, alorgu
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