Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-01-15
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 15 janvier 1876 15 janvier 1876
Description : 1876/01/15 (A6,N1499). 1876/01/15 (A6,N1499).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
Slxlêm# Année — Ne 1499
Prix du Numéro à Paris : 15 Oentlme" — Dêpartementâ : 20 Oentlm..
Samedi 15 Janvier 1S79
LE VïlTE OITPffil P
r RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
l, 63, rue de Lafayette. 53
• I
ii ( Les lettres non affranchies seront refusées
f >' 'y
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois 13 fr.
Six mois. 25
Un an 50
DÉPARTEMENTS
Trois mois 16 t're
Six mois 32
Un an. 62
ADMINISTRATION
Adresser lettres et mandats à F Administrateur
63, rue de Ladyette, 53
Les manuscrits non insérés ne seront pas rendtu
r ABONNEMENTS ,'.
PARIS
Trois mois. 13 fr.
Six mois. 25
U an. 50
DÉPARTEMENTS
Trois mois, l £ fr.
Six mois. 32
Un an. 62
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
Annonces, chez MM. LAGRANGE, CERF et C"
6, place de la Bourse, a
Rédacteur en chef-Gérant : E. ABODI .-":.,"
Annonces, chez MM. LAGRANGE, CERF et G"
6, place de la Bonne, a
lmp. A. CHAIX ET C", rue Bergère, 20, à Paris
EXTRAIT des minutes du greffe du tribu-
nal civil de première instance du départe-
ment de la Seine, séant au Palais de Justice:
à Pans.
Audieace publique de police correction-
nelle de la huitième chambre, du jeudi vingt-
trois décembre mil hoit cent soixante-quioze.
Pour : l'abbé de Girardin (Jules-Joseph).
âgé de soixante-quatre ans, directeur général
et président 'du conseil central de l'Œuvre de
la Sainte-Enfance, agissant en son nom per-
sonnel, comme membre du conseil central de
la dite Œuvre de la Sainte Enfance, demeu-
rant à Paris, rue de la Ville-FEvéque, nu-
méro dix huit :
Plaignant, partie civile,
Demandeur suivant et aux fins d'un exploit
d'assignation délivré à sa requête, par le
ministère de Charles-Ferdinand Mosnier,
huissier près le tribunal de première ins-
tance et audieacier de la police correction-
nelle de la Seine, séaat à Paris, y demeurant
au Palais de Justice, le dit exploit d'assigna-
tion, en date du vingt novembre mil huit cent
soixante-quinze, dûment enregistré. Le dit
abbé de Girardin, comparant à l'audience,
d'une part ;
Contre, premièrement, le sieur About (Ed-
mond-Franeoia-Valentin), âgé de quarante-
neuf ans, rédacteur en chef et gérant du
journal le Dix-neuvième Siècle, au siège de
l'administration dndit journal, rue Lafayette,
numéro cinquante-trois, à Paris.
Défendeur aux fins de l'exploit d'assigna-
tion sus-énoncé et daté, comparant à l'au-
dience, d'antre part ;
Deuxièmement, le sieur Sarcey (Francis-
que), âgé de quarante-huit ans, journaliste,
demeurant à Paris, rae de Douai, numéro
cinquante-neuf. Défendeurauxflnsde l'exploit
d'assignation sus-énoncé et daté, comparant
à l'audience, encore d'autre part;
Troisièmement, le sieor Chaix (Alban), âgé
de quarante-trois ans, imprimeur, demeu-
rant à Paris, rue Bergère, numéro vingt. Dé-
fendeur aux fins de l'exploit d'assignation
lIu-énoncé et daté, comparant à l'audience,
d'une dernière part.
Les susnommés, prévenus de diffamation
et complicité, délits prévus par les articles
premier, treize, dIX-Qit, de la loi du sept
mai mil huit cent dix-neuf, cinquante et
soixante du Code pénal.
Api è* l'appel de la cause à l'audience de
eejourd'hui jeudi deux décembre mil huit cent
seixante-quiaze, où elle venait en ordre utile,
par suite de l'exploit introductif d'instance
sus-date. il a été procé ié ainsi qu il suit :
Sur la demande de Maître Leblanc fils, au
nom de Maîl re Cléry, avocat des défendeurs,
le tribunal remet la cause à trois semaines.
L'affaire étant revenue en ordre à l'au-
dience de cejoori'hui jeudi vingt-trois dé-
cembre mil huit cent soixante-quinze, il a
été procédé et statué ainsi qa'il suit :
La partie civile ci-devant dénommée, qua-
lifiée fct domiciliée a été entendue dans sa
déclaration, de laquelle il résulte Dotam-
ment qu'elle a persisté dans sa plainte, a
demandé vingt-cinq mille francs de domma-
cu-iotérêts et l'iosertion du jugement à, in-
tervenir dans dix journaux.
Les défendeurs présents à l'audie nce ont
été entendu dans leurs moyens de défenqe et
de justification; Maître Cotin de Verdières,
avocat, a plaidé pour l'abbé de Girardin.
Maître Cléry, avocat, a déposé des conclu-
sions tend&nt à ce qu'il plaise an tribunal :
Attendu que monsieur l'abbé de Girardin
déclare dans ton assignation qu'il agit « tant
> en son nom personnel comme membre du
» conseil central de l'Œnvre de la Sainte-
» Enfance que cemme représentant de ladite
P Œuvre. »
Mais attendu qu'il n'est pas justifié que
rŒtlvre de la Sainte Enfance ait reçu l'auto-
risation du genvernement, nécessaire pour la
constituer en personne morale et lui donner
une existence indépendante en dehors des
personnes qui l'ont fondée et qui l'alimen-
tent; qu'elle ne peut tester en justice pas
plus qu'elle ne pourrait aeoepter de legs,
conformément à la loi du deux janvier mil
huit cent dix-sept.
Que l'abbé de Girardin sera donc le repré-
sentant d'une œuvre sans existence légale,
dont il ne peut par conséquent exercer vala-
blement les actions en justice.
Attendu qu'il n'agit pas et qu'il ne saurait
d'ailleurs agir en son nom personnel, puis-
qu'il n'est ni nommé ni désigné dans l'article.
Attendu qu'il n'agit pas au nom et comme
mandataire du pretendu conseil central de
l'ŒuTre, dont il n'indique pas la composition
et ne nomme pas les membres dans son assi-
gnation.
Qu'il agit comme membre isolé de ce con-
seil central, et qa'en cette qualité encore il
n'ellt pas fondé a se plaindre du caractère
diffamatoire de l'article ; qu'il ne peut donc
intervenir à aucun titre. Par ces motifs et
tous autres à suppléer.
Le déclarer non recevable en tous cas, mal
fondé en t'a demande, et renvoyer les préve-
nus des fins de la plainte, sans dépens.
Ledit Maître Cléry, avocat, a piaidé pour
les prévenus About et Sarcey; Maître Lenté,
avocat, a plaidé pour le prévenu Chaix.
Monsieur le substitut de monsieur le pro-
cureur de la République a été entendu en ses
conclusions ; sur quoi monsieur le président
a prononcé le jugement suivant :
Le Tribunal, après en avoir délibéré con-
formément à la loi ; :
Sur la fin de non-recevoir :
Attendu que l'article incriminé du journal
le Dix neuvième Siècle contient contre l'œuvre
connue sous le nom d'Œuvre dite de la
SainteEnfance, l'imputation de détourne-
ment des fonds remis par divers à ladite as-
sociation.
Que sans avoir à rechercher si cette œuvre
est eu non légalement reconnue, il n'est pas
contesté que l'abbé de Girardin en fait par-
tie;
Qu'il est dès lors recevable à relever en son
nom personnel comme membre de ladite œu-
vre, les imputations qui seraient de nature à
porter atteinte à l'honneur et a la considéra-
tion de tous ceux qui la composent ;
Au fond : Attendu que dans un article pu-
blié dans le numéro du neuf novembre mil
huit cent soixante-quinze du journal le Dix-
Nénvième Siècle, et signé Francisque Sarcey,
sous le titre de a Les Petits Chinois, » l'auteur
énonce « qu'il n'y a pas en France une mère
de famille qui ne connaisse l'Œuvre de la
Sainte-Enfance; qu'il n'y a pas de petite fille
qui n'ait donné son sou par semaine pour le
rachat de ces malheureux petits Chinois que
leurs mères jettent vilainement aux pour-
ceaux le jour de leur naissance, et qu'ipl our-
n'y
a pas de père à qui son bébé n'ait tendu la
main, lui demandant le sou en question, et
qui ne l'ait tiré de sa poche en haussant les
épaules; »
Qu'après avoir dépeint le peuple Chinois
comme étant celui chez qui l'esprit de fa-
mille a le plus de force, où les enfants sont
regardés comme une bénédiction du ciel, éle-
vés et choyés avec autant de soin que peu-
vent l'être nos fils uniques de France, » l'au-
teur ajoute, « que sur ce point tous les
voyageurs sont d'accord et que les Anglais
ont fait depuis longtemps j ustice des extra-
vagances de nos missionnaires catholiques ;
Qu'après avoir passé en revue les diverses
phases que, selon lui, parcourt l'aumône
ainsi faiteVendant plusieurs années, il qua-
lifieChinois t d'insatiable et de pro-
~~7M'~ e. »
.-.. - - - --
Qu il présente le total Afs wMmmes affec-
tées par la jeune fille à cette œuvre, comme
de nature à la faire reculer d'eiffai, si an bout
d'un certain nombre d'années une main invisi-
ble en plaçait la récapitulation sous nos yeux;
que plus loin, il lui prête ces paroles murmu-
rées entre ses dents : « Je ne croyais pas qu'un
Chinois coûtât si cher ! » et on'entin,il arrive à
prêter au mari de la jeune fille devenue fem
me, ce propos tout en ricanant ; tu sais, ton
cbioois, il demeure rae des Postes, ajoutant
« que le mari se consolerait ainsi par un bon
mot, de tout l'argent extorqué de sa bourse; 9
Attendu que par un correctif ironique, qui
n'est qu'une affirmation de ses prémisses,
Sarcey s'exprime ainsi: «Admettons, je ne
demande pas mieux, que ce mari soit dans
son tort, et que la plaisanterie tombe à
faux ;
Admettons que le Chinois soit un vrai Chi-
nois de chair et d'os, que toutes les sommes
que l'on a demandées en son nom aient été
intégralement versées à son compte ; qu'il
n'y ait pas, dans toute cette affaire ombre de
supercherie. C'est une hypothèse qui, je le
sais, vous paraîtra bien difficile à digérer,
j'y ai quelque peine moi même, mais c'est
pour la commodité du raisonnement;. »
Attendu qu'en s'exprimant ainsi, Sarcey
aggrave encore, au lieu de l'atténuer, la
portée du propos tendant à établir que l'ar-
gent versé par petites sommes à l'œnvre de
la Sainte-Enfance retourne finalement aux
pères jésuites de la rue des Postes, et qu'il
est ainsi détourné de sa véritable destina-
tion ;
Attendu que cette imputation est diffama-
toire; qu'elle a été faite dans l'intention de
ntlire et qu'elle est de tmture à porter at-
teinte à l'honneur et à la considération de de
Girardin ;
Attendu qu'en publiant l'article sus énoncé,
About s'est rendu coupable du délit de diffa-
mation prévu et puni par les articles pre-
mier, treize et dix-huit de la loi du dix-sept
mai mil huit cent dix neuf;
Que Francisque Sarcey et Chaix se sont
rendus complices de ce délit, le premier en
fournissant sciemment l'article dont il se re-
connaît l'auteur, tt le second en imprimant
le numéro du journal le Dix-neuvième Siècle
du neuf novembre mil huit cent soixante-
quioze:
Délit prévu et puni par les articles de la
loi précitée et les articles cinquante-neuf et
soixante du Code pénal ;
Attendu que par cette publication, About,
Sarcey et Cnaix ont occasionné à l'abbé de
Girardin un préjudice dont Ja réparation lui
est due et qu'il y a lieu de fixer a la somme
de mille francs ;
Par ces motifs ; rejette l'exeeption propo-
sée.— Et faisant application des articles dix-
huit et cinquante-neuf susvisês, dont lecture
a été donnée par le président et qui sont
ainsi coneng :
« ArticÍe dix-huit. — La diffamation envers
» les particuliers sera punie d'an emprison-
» nement de cinq jours à un an, et d'une
» amende de vingt-cinq francs à deux mille
» francs, ou de l'une de ces deux peines seu-
9 lement. >
Article cinquante-neuf. — a Les complices
» d'un crime ou d'un délit seront punis de la
» même peine que les auteurs mêmes de ce
» crime ou de ce délit, sauf les cas où la loi
» en aurait disposé autrement, v
Condamne About en trois cents francs d'a-
mende, Sarcey en trois cents francs d'amende
et Chaix en cent francs d'amende ; les déclare
solidaires desdites amendes,
Et, pour le préjudice causé, les condamne
tous trois solidairement, par toutes voies de
droit et même par corps, a payer à l'abbé de
Girardin la somme de mille francs, à titre de
dommages-intérêts ;
Ordonne l'insertion du prégent jugement,
en caractères ordinaires et en tête du premier
numéro du journal le Dix-neuvième Siècle qui
paraîtra après l'expiration des délais d'appel,
-et ce, aux frais des condamnés ;
Condamne About, Sarcey et Chaix solidai-
rement aux dépens, lesquels, avancés par la
partie civile, sont liquidés à dix-sept francs
quatre-vingt quinze centimes; condamne de
Girardin aux dépens envers le Trésor, sauf
son recours de droit;
Fixe a quatre mois la durée de la contrainte
par corps, s'il y a lien de l'exercer pour le
recouvrement des amendes, des dommages-
intérêts et des dépens ;
Fait et jugé par Messieurs Carlet, président,
Boulanger et Gauné, juges; en présence de
Monsienr Louchet, substitut de Monsieur le
procureur de la République, assistés de Jul-
lia, greffier, le jeudi vingt-trois décembre
mil huit cent soixante-quinze; ,
En marge de la minute se trouve écrite la
mention d'enregistrement du présent juge-
ment, dont suit littéralement la teneur;
Enregistré à Paris le huit janvier mil huit
cent soixante-seize, folio cent soixante-seize,
recïo, case première; reçu vingt-cinq francs
treize centimes ; signé Dublanc ;
Pour l'expédition conforme délivrée par
nous, greffier soussigné, eur la réquisition de
Monsieur le procureur de la République, le
dix janvier mil huit cent soixante-seize.
MIGNARD.
BULLETIN
Paris, 14 janvier 1876.
L'événement du jour est naturellement
la proclamation du président de la Répu-
blique au peuple français. Ce manifeste a
paru, comme il était annoncé hier au
Journal officiel, et a été affiché à Paris
dans la journée.
Ce document est donné par les organe il mi-
nistériels, comme ayant reçu l'approbation
de tous les ministres sans exception. On
croit donc généralement la crise finie.On ne
discute guère plus que sur la situation par-
ticulière de M. Léon Say, et sur la, ques-
tion de savoir si le statu quo a été obtenu
au prix de sacrifices de sa part. On croit
généralement qu'il n'en est pas ainsi, et
que M. Léon Say sort de cette affaire aussi
entier et M. Buffet aussi diminué que de
l'affaire du discours de Stors. Un avenir
très-proche nous renseignera sur cet uni-
qua point resté obscur. Mais un point qui
est clair pour tous, et sur lequel tout le
monde parait d'accord, c'est que les élec-
tions arrivent bien à point pour mettre
un dernier terme à cas conflits périodi-
ques, toujours renaissants et toujours iné-
vitables, qui jettent le pays dans un état
de malaise chronique. Jamais l'intensité
du mal n'a fait sentir l'urgence du remède,
qui, Dieu merci, n'est plus éleigné.
La question tarque, ou pour dire plus
juste, la question turco européenne subit
manifestement un temps d'arrêt. Noas
n'avons à signaler aujourd'hui que de-'
informations de source officielle, où le gou-
vernement turc se félicite de l'état des opé-
rations militaires et signale comme étant
devenu très-restreint le théâtre actuel des
hostilités. Mais il a en même temps la mo-
destie de constater que la température y
peut être pour quelque chose, le froid
ayant arrêté à peu près partout les hosti-
lités.
Une décision fort importaute, qui avait
été annoncée et qui était devenue néces-
saire, a été prise par une commission de la
Chambre des représentants des Etats-Unis,
et sera probablement votée par la Chambre
elle-même. Cette commission a adopté un
rapport concluant en faveur d'un amende-
ment à la constitution qui fixe le terme
présidentiel à six années (au lieu de quatre)
et déclare le président inéligible pour un
deuxième terme.
On sait, en effet, que la constitution n'a-
vait rien décidé touchant la réélection du
président, mais que c'était une tradition
respectée par tous les présidents, depuis
Washington, de ne pas occuper plus de
huit ans la magistrature suprême. On sait
auesi quelles sont les velléités inquiétantes
qui ont fait, pour la première fois, sentir
cette lacune de la loi et la nécessité de la
combler.
j
Proclamation du Président de la République
FRANÇAIS, ,
Pour la première fois depuis cinq ans,
vous êtes appelés à des élections générales.
Il y a cinq ans, vous avez voulu l'ordre et
la paix. Au prix des plus cruels sacrifices,
à travers les plus redoutables épreuves,
vous les avez obtenus.
Aujourd'hui, vous voulez encore l'ordre
et la paix. Les Sénateurs et les Députés,
que vous élirez, devront, avec le Président
de la République, travailler à les main-
tenir,
Nous devons appliquer ensemble, avec
sincérité, les lois constitutionnelles, dont
j'ai seul le droit, jusqu'en 1880, de provo-
quer la révision. Après tant d'agitations,
de déchirements et de malheurs, le repos
est nécessaire à notre pays, et je pense
que nos institutions ne doivent pas être
révisées avant d'avoir été loyalement pra-
tiquées.
Mais pour les pratiquer comme l'exige
le salut de la France, la politique conser-
vatrice et vraiment libérale, que je me
suis constamment proposé de faire préva-
loir, est indispensable.
Pour la soutenir, je fais appel à l'union
des hommes qui placent la déiense de l'or-
dre social, le respect des lois, le dévoue-
ment à la patrie, au-dessus des souvenirs,
des aspirations et des engagements de
parii. Je les convie à se rallier tous autour
de mon Gouvernement.
Il faut que, à l'abri d'une autorité forte
et respectée, les droits sacrés qui survi-
vent à tous les changements de gouverne-
ment et les intérêts légitimes que tout
gouvernement doit protéger se trouvent
en pleine sécurité.
11 faut non-seulement désarmer ceux qui
pourraient troubler cette sécurité dans le
présent, mais décourager ceux qui la me-
nacent dans l'avenir par la propagation de
doctrines anti-sociales et de programmes
révolutionnaires.
La France sait que je n'ai ni recherché
ni désiré le pouvoir dont je suis investi ;
mais elle peut compter que je l'exercerai
sans faiblesse, et pour remplir jusqu'au
bout la mission qui m'eit confiée, j'espère
que Dieu m'aidera et que le concours de la
Nation ne me fera pas défaut.
Le président de la République française,
Maréchal DE MAC-MARON,
duc de MAGENTA.
Par le président de la République,
Le vice président du conseil,
ministre de l'intérieur,
L. BUFFET.
: o-——
Les conseils de M. Buffet ont prévalu.
Le maréchal de Mae-Mahon adresse
une proclamation au peuple français,
et l'on remarquera qu'elle est contresi-
gnée par M. le vice-président du con-
seil. Nous ne reviendrons pas sur ce
que nous avons dit hier de l'inopportu-
nité d'un acte aussi solennel, non plus
que sur l'imprudence du ministre qui
l'a conseillé. Mais nous ne ferons pomt
que le public ne se demande ce qui a
pu motiver cette proclamation, à quel
besoin elle répond, et dans quelle me-
sure on peut la considérer comme le
dénouement de la crise ministérielle.
Une proclamation du chef de l'Etat
est un acte essentiellement personnel,
et c'est pour cette raison que nous eus-
sions préféré voir le maréchal garder
une réserve tout à fait conforme à l'es-
prit de la constitution. A vrai dire, la
présence du nom de M. Buffet à côté
du nom de M. le Maréchal de Mac-
Mahon enlève à ce document quelque
chose du caractère que nous venons de
signaler. Mais alors, pourquoi la signa-
ture de M. Buffet tout seul ? Doit-on en
conclure que le cabinet tout entier sous-
crit à la proclamation? Soit; dans ce
cas, pourquoi et depuis quand, sous un
gouvernement constitutionnel et parle-
mentaire, des ministres s'adressent-ils
directement « au peuple français »,
qui ne doit, en réalité, iii les connaître:
ni les juger, car ce soin appartient a
ses représentants.
Qui ne voit qu'ici nous entrons dans
jUn cercle vicieux? Que les ministres,
considérant l'Assemblée comme mora-
lement dissoute, aient éprouvé le be-
soin de s'adresser au pays pour obtenir
qu'il leur envoie des juges indulgente,
cela 8eut soutenir à la rigueur. Mais
alors ils devaient se présenter seuls
devant le pays, et non se dissimuler
derrière le président de Ja République.
Ou bien, c'est le chef de l'Etat qui,
méconnaissant le caractère imperson-
nel du rôle qui lui incombe, a voulu
prendre une part directe à la lutte des
partis, et dans ce cas, aucune autre
signature que la sienne ne devait figu-
rer sur la proclamation.
Tout cela laisse donc beaucoup à dé-
sirer au point de vue de la correction
parlementaire et constitutionnelle ; mais
à l'heure actuelle il ne convient pas de
se montrer rigoriste. Négligeons donc
la forme, et voyons le fond.
Tout d'abord, après avoir lu cette
proclamation, on est tenté de s'écrier :
Ce n'est que cela ! Non point que les
idées qu'elle exprime soient de mince
valeur ; au contraire, mais on s'atten-
dait à du nouveau, on croyait, on espé-
rait entendre une voix et l'on ne trouve
qu'un écho. C'est bien le maréchal 'de
Mac-Mahon qui ouvre la bouche, mais
c'est M. le vice-président du conseil qui
parle à la cantonnade. Et comme tou-
jours, à ne prendre les choses qu'au
pied de la lettre, on ne peut qu'ap-
prouver ce qu'il dit.
Qui ffoncen France ne veut pas l'or-
dre et la paix ?
Qui donc a jamais prétendu assi-
gner aux sénateurs et aux députés une
autre mission que de maintenir l'ordre
et la paix ?
Qui done, parmi les républicains,
ferme un autre souhait que de voir ap-
pliquer avec sincérité les lois consti-
tutionnelles ?
Qui donc ose contester que le droit de
provoquer la révision appartient uni-
quement, jusqu'en 1880, au maréchal
de Mac-Mahon?
Eh! quoi! est-ce pour enfoncer tant
de portes ouvertes que le président
de la République aurait adressé un
manifeste au peuple francais ? Un peu
de patience, vous allez voir apparaî-
tre M. Buffet, et dès lors vous com-
prendrez que les mots n'ont plus qu'une
signification très-relative. Il n'est per-
sonne, dans le parti républicain, dans
le grand parti constitutionnel qui ne
souscrive très-volontiers aux premiers
paragraphes du manifeste ; mais le der-
nier vient tout troubler, car il explique,
et le commentateur n'est autre que M.
Buffet. « Doctrines anti-sociales ; pro-
grammes révolutionnaires. »
Vous l'avez déjà reconnu; et main-
tenant, j'imagine, vous craignez d'a-
voir applaudi trop tôt. Mettez les mê-
mes choses dans la boucher de M. Du-
faure et tout de suite elles prennent un
autre caractère ; mais dans la bouche
de M. Buffet, on ne sait que trop ce
qu'il en faut penser. M. Léon Say, M.
Christophle, M. Feray, et tous les
membres du centre gauche lui sont
suspects ; il ne les accuse pas absolu-
ment de propager des doctrines anti-
sociales et des programmes révolution-
naires, mais de connaître des gens
qui eux-mêmes ont des relations avec
certaines personnes qui fréquentent des
amis intimement liés avec des socialis-
tes et des révolutionnaires. C'est l'his-
toire du fusilier Bridoux qui ne connais-
sait pas les truffes, mais qui en avait
entendu parler par son caporal qui
avait appris de son sergent. on sait
le reste.
Au total, la proclamation serait ex-
cellente si tout autre que M. Buffet était
chargé d'y puiser les inspirations de la
politique ministérielle. Mais la crise,
que devient-elle au milieu de tout cela ?
Le cabinet est-il plus homogène aujour-
d'hui qu'hier ? Et si ce miracle s'est ac-
compli, est-ce à la proclamation qu'il
faut P attribuer? Pourquoi, comment?
Ce n'est pas nous qui nous chargerons
de répondre à ces interrogations, ni le
pays non plus. Tout ce qu'il demande,
à la vérité, c'est qu'on ne le trouble
pas dans l'accomplissement de sa tâche.
Celle des ministres est terminée, la
sienne commence, et c'est à lui qu'il
appartient de trancher souverainement
toutes les difficultés. Attendons qu'il
parle, et préparons-nous tous à obéir,
car il est le maître.
E. SCHNERB.
L'agence Havas a communiqué hier aux
journaux la note suivante :
On assure que l'accord s'est établi dans la
conseil des ministres qui a été tenu ce matin
à l'Elysée. Toute modification ministérielle
paraît conjurée.
Le conseil des ministres se réunira seule-
ment lundi.
Il est probable qu'il n'y aura point de
programme électoral commun à tous les
ministres. Chaque ministre agira comme il
l'entendra.
————-———— —————————
Entre autres griefs, l'Echo universel
reproche à M. Jules Simon d'avoir, « de.
vant une société qui porte le nom de Fran-
klin, » fait l'éloge de Lincoln. Si peu de
temps après nos récents revers, il ne con-
venait pas d'adresser de pareilles louanges
à de étrangers, 0t ce oosmopolisnM* est
de mauvais goût.
Le reproche est bien singulier, et la sus-
ceptibilité bien hors de propos. Il est dif-
ficile de voir en quoi peuvent nous empê-
cher nos récents revers d'admirer et d'imi-
ter ce qu'il y a de bon chez les peuples
plus heureux.Le cosmopolitisme est dange-
-
i
reux et M. Jules Simon n'y a pas touché
le moins du monde;jnais l'envie interna-
tionale et l'iûfatllation nationale sont cho-
ses bietf^>1res encore, et l'on-peut s'éton-
ner que YEcho en veuille faire une règle
de conduite à nos hommes d'Etat.
Quels Gris pousserait-il donc si, au len-
demain de nos désastres, nous citions avec
éloge non pas des noms d'outre-mer, mais
des noms d'outre-Rhin ? Ce serait pour en-t
éclater d'indignation sans doute. Eh bien,
mais, pourtant, ce ne sont point choses si
déraisonnable. Rien ne nous paraîtrait
plus naturel, plus judicieux et plus patrio-
tique aussi, que de dire aux enfants de nos
écoles et aux ouvriers de nos fabriques :
« Voilà ce qu'ont fait en Prusse, après
Iéna, pour relever leur pays, les Stein,
les Scharnhorst, les Humboldt ; c'étaient
de braves gens, et qui aimaient bien leur
pays. Il faut aimer le nôtre comme ils ai-
maient le leur, et faire comme eux. »
Y a-t il dans un tel langage autre chose
que ce que dicte la raison même et inspire
le vrai patriotisme? Mais nous sommes
tous un peu bâtis ainsi, en France. Suivre
des yeux l'étranger, quand c'est pour lui
emprunter ses mérites et rivaliser avec lui
on prend tout de suite cela pour une ad-
miration déplacée ou pour une indifférence
€ cosmopolite ». En a-t-on dit, dans le
temps, sur ce livre ingénieux et charmant
qui s'appelle Paris en Amérique 1 « Oh!
le méchant citoyen! Oh! le mauvais pa-
triote, qui vient nous jeter au nez les qua-
lités des autres pour corriger nos défauts.
Que ne peint-il plutôt les défauts des au-
tres pour en relever l'éclat de nos mérites
et nous permettre de nous admirer en no-
tre gloire ? Ne serait-ce pas bien plus ai-
mable et bien plus utile? »
Ce n'est pas la manière de M. Jules Si-
mon. En conscience, il nous est difficile
de l'en blâmer. Il y a peu à craindre que
nous en arrivions à pécher par excèj d'hu-
milité ou par abus d'imitation servilè;
sans ncfos abaisser en rien, dans toute no-
tre fierté légitime d'honorables yaincus,
n'éprouvons aucun embarras à nous dire
que nous avoas fait assez d'écoles pour
nous résigner, sur bien des points, à être
les écoliers des autres.
F.
LE CHOIX DES DÉLÉGUÉS
Après demain dimanche ont lieu les pre-
mières opérations électorales d'où dépen-
dra la nomination du Sénat. Transfor-
més en Assemblées primaires, les conseils
manicipaux- auront un grave devoir à rem-
plir. Ebt-il nécessaire de leur indiquer la
portée de l'acte décisif qu'ils accompli-
ront ? Du choix des délégués dépendra la
composition du Sénat. Ils le savent. Qu'il
nous suffise de rappeler les dispositions
les plus importantes de la loi qui vont
être appliquées pour la première fois.
Tous les conseillers municipaux, mais
les conseillers municipaux seulement, sont
électeurs. Le maire qui ne fait pas partie
du conseil municipal présidera l'élection,
mais il ne pourra pas voter. Si le conseil
a été remplacé par une commission muni-
cipale, la commission municipale n'a rien
à voir dans l'élection des délégués ; c'est
l'ancien conseil élu qui doit se réunir et
procéder exclusivement aux opérations
électorales. En un mot, tout ce qui n'est
point conseiller municipal élu n'est point
électeur et ne compte pas.
o Le délégué du conseil municipal de cha-
que commune est nommé au scrutin se-
cret et sans débat. Gardons-nous d'oublier
ces deux prescriptions de la loi. La pre-
mière a pour but d'assurer l'entière indé-
pendance du vote. La seconde y doit con-
courir aussi. Nul ne peut prendre .la pa-
role, nul ne doit attaquer ou recomman-
der M. tel ou tel. La séance étant ouverte,
les conseillers dépose immédiatement dans
la boîte du scrutin leur bulletin de vote,
Ils votent et ne discutent pas. La discus-
sion est interdite aussi formellement que
dans les opérations électorales ordinaires.
On a choisi d'avance son candidat ; on met
son bulletin dans l'urne : rien de plus.
Il sera donc essentiel que les conseillers
municipaux aient préalablement délibéré,
qu'ils se soient concertés d'avance, et qu'ils
se rendent dans la salle de leurs séances
à l'heure du scrutin, munis de deux bulle-
tins de vote, portant chacun un nom : celui
du délégué et celui du suppléant appelé à
remplacer le délégué en cas de non-accep-
tion ou d'empêchement. S'il y a des com-
munes où ce concert n'ait pas eu lieu, il
faut que l'on y organise ce soir ou demain
matin, sans plus perdre de temps, une
réunion préparatoire. Car ce n'est pas
seulement entre eux que des conseil-
lers municipaux qui connaissent l éten-
due de leur responsabilité, doivent se con-
certer. En cette occasion, plus que jamais,
ils sont les mandataires de la commune, et
ila première obligation qui leur incombe,
c'est de se pénétrer des désirs, des inten-
tions, de l'esprit de leurs concitoyens. Il
faut les consulter ; il faut que les habi-
tants de la commune, ceux qui sont con-
seillers municipaux et ceux qui ne le sont
pas, examinent ensemble quels seront les
meilleurs délégués et sur qui le choix du
conseil municipal doit se porter, tant pour
la délégation que pour la suppléance.
Nous répaterons les avis que nous avons
donnés déjà. D'abord, si l'on n'a des rai-
sons tout à fait exceptionnelles, il con-
vient d'écarter les maires, même les mai-
res républicains, parce que les maires ne
sont pas seulement des magistats munici-
paux, mais des agents du pouvoir central,
subordonnés du préfet et du soui-préfet,
et qu'ils risqueraient de se trouver dans
une situation fausse; forcés d'opter peut-
être contre l'exécution indépendante de
leur mandat et les intérêts matériels de
leur commune, Nous avons assez insisté
sur ce point délicat, pour qu'il ne iovt- pas
nécessaire revenir. Ait reste, la plu-
part dss maires républicains compren-
dront d'eux-mêmes ce qu'une prudence po-
litique exige. Qaant aux maires non répu-
blicain, leurs opinions seraient déjà une
raison plus que suffisante pour dissuoîisr
les électeurs patriotes de voter pour eux.
En principe donc, point de maires délé-
gués. Reste à choisir un boBnête homme,
éclairé, dévoué aux institutions républi-
caines et indépendant, parmi tous les élec-
teurs de la'commune. Qu'on se le rappalte
en effet, s'il appartient aux seuls conseil-
lers municipaux de nommer le délégué,
leur choix peut porter indistinctement sur
tout électeur quelconque de la commune,
hormis, bien entendu, sur ceux qui, étant
députés, conseillers généraux ou conseil-
lers d'arrondissement, se trouvent être, de
droit, électeurs sénatoriaux. A cette ex-
ception près, le conseil municipal peut
choisir, parmi tous les électeurs de la com-
mune, tel délégué, conseiller municipal ou
non, qu'il voudra.
Nous souhaiterions que, dans les réu-
nions préparatoires qui se peuvent tetfir
encore avant l'heure de l'élection, ceux
qui pourraient être appelés à l'honneur de
devenir délégués fussent interrogés et
qu'on leur demandât : < Quelles sont vos
opinions politiques ? Etes-vous de ceux qui
désirent le renversement des institutions
républicaines, eu bien êtes-vous décidé,
dans la mesure de vos forcé" à' les
affermir ? Lorsque, dans quinze jours,
vous irez au chef-lieu du département
élire les sénateurs, une liste de républi-
cains sera proposée à vos suffrages en mê-
me temps que d'autres listes où, de façon
plus ou moins déguisée, sous les nom?
fallacieux de conservateurs, d'hommes
dévoués au gouvernement du maréchal,
etc., figureront de dangereux ennemis
de la République ; ceux-ci, vous les re-
connaîtrez surtout au soin qu'il pren-
dront de ne pas la nommer, car ils
se déelareront candidat du progrès, de
l'ordre, de la liberté, etc., mais, de la
République, ils ne souffleront mot. Qui
choisirez vous? Etes-vous bien résolus à
n'envoyer au futur Sénat que des hommes
vraiment sûrs, vraiment dévoués aux ins-
titutions nouvelles, et non point des fau-
teurs de restaurations, qui ne sauraient
être qUi des fauteurs de révolutions ? Ne
vous laisserez-vous point influencer, inti-
mider 1 Bref, expliquez-nous comment vous
comprendrez votre mandat et votre rôle. »
C'est sur les réponses qui seront faites
à ce simple questionnaire que les conseil-
lers municipaux, d'accord avec tous les
bons citoyens de la commune, devront se
guider. Qu'ils tiennentle plus grand compte
aussi de la fermeté du caractère ; car on
n'ignore point à quels assauts des partis
et de l'administration, durant quinze jours,
du 16 au 30, les délégués sénatoriaux peu-
vent être exposés.
Le moment du vote venu, du vote au
scrutm secret et sans débat, il ne restera'
aux conseillers municipaux qu'à se con-
former aux dispositions de la loi, qui est
d'ailleurs affichée partout. Nous nous bor-
nons à rappeler que, s'il n'y a pas de ma-
jorité absolue au premier tour de scrutin,
les conseillers municipaux, sans désempa.
ref, devront procéder à un second tour.
Et si le second tour ne donne pas de résul-
tat, ils passeront, tout de mite encore, à
un troisième tour; mais cette fois la
majorité relative suffira, c'est-à-dire
que le candidat qui aura obtenu le plus de
voix sera nommé lors même qu'il ne réu-
nirait pas la moitié plus un des suffrages.
Craignons les surprises du troisième tour.
On ne saurait trop désirer que les conseil-
lers se soient préalablement entendus sur
le nom d'un candidat, de telle façon que le
résultat de l'élection soit assura du pre-
mier coup. -
Aussitôt après le délégué, le suppléant
est nommé dans les mêmes formes.
Enfin, tout électeur de la commune peut,
dans ua délai de trois jours, adresser une
protestation contre la régalarité de l'élec-
tion. Les protestations sont jugées en con-
seil de préfecture, avec droit d'appel au
conseil d'Etat.
EUG. LlEBERT.
—— : —:
M. E. Schnerb vient d'adresser la
lettre suivante au rédacteur en chef
du Libéral de Seine-et-Oise :
Paris, 13 janvier 1876.
A M. le rédacteur en chef du Libéral.
Mon cher confrère,
Pour répondre à des bruits contradic-
toires ou erronés mis en circulation,
vous serai obligé de vouloir bien affirmer
que je n'ai pas renoncé un seul instant à
la candidature républicaine, qui m'a étéi
offerte dans la lre circonscription de l'ar-
rondissement de Pontoige par un certain
nombre d'électeurs.
A vous cordialement.
E. SCHNKRB.
—————
L'UTILITÉ DES MIRACLES
Je reçois une petite brochure de quin-
ze pages signée de M. Lehoult-Courval,
supérieur du petit séminaire de Plm-
maculée-Conception et imprimée à Pa-
ris, chez Victor Goupy, rue Garancière.
Elle porte pour titre, en grosse* let-
tres :
ÉGLISE
DE L'IMMACULÉE-CONCEPTION
de Séez (Orne)
Construite, décorée et entretenue
à l'aide des offrandes du
clergé et des fidèles de tous les diocèses
Or, cette église a son journal dont la
brochure que je cite est le trente-sixiè-
me bulletin.
I/évêque, monseigneur Charles-Fré-
déric de Séez et son secrétaire, M. Ma-
rais, chanoine honoraire. commeTïcsr.t
psr y raconter aux fidèles l'institution
de messes perpétuelles qui ont été ré-
cemment fondées, dans ladite église,
en l'honneur de l'immaculée concep-
tion ; après quoi, passant aux chose?
sérieuses, l'auteur de la brochure, en-
tame le chapitre des guérisons obtasues
Prix du Numéro à Paris : 15 Oentlme" — Dêpartementâ : 20 Oentlm..
Samedi 15 Janvier 1S79
LE VïlTE OITPffil P
r RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
l, 63, rue de Lafayette. 53
• I
ii ( Les lettres non affranchies seront refusées
f >' 'y
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois 13 fr.
Six mois. 25
Un an 50
DÉPARTEMENTS
Trois mois 16 t're
Six mois 32
Un an. 62
ADMINISTRATION
Adresser lettres et mandats à F Administrateur
63, rue de Ladyette, 53
Les manuscrits non insérés ne seront pas rendtu
r ABONNEMENTS ,'.
PARIS
Trois mois. 13 fr.
Six mois. 25
U an. 50
DÉPARTEMENTS
Trois mois, l £ fr.
Six mois. 32
Un an. 62
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
Annonces, chez MM. LAGRANGE, CERF et C"
6, place de la Bourse, a
Rédacteur en chef-Gérant : E. ABODI .-":.,"
Annonces, chez MM. LAGRANGE, CERF et G"
6, place de la Bonne, a
lmp. A. CHAIX ET C", rue Bergère, 20, à Paris
EXTRAIT des minutes du greffe du tribu-
nal civil de première instance du départe-
ment de la Seine, séant au Palais de Justice:
à Pans.
Audieace publique de police correction-
nelle de la huitième chambre, du jeudi vingt-
trois décembre mil hoit cent soixante-quioze.
Pour : l'abbé de Girardin (Jules-Joseph).
âgé de soixante-quatre ans, directeur général
et président 'du conseil central de l'Œuvre de
la Sainte-Enfance, agissant en son nom per-
sonnel, comme membre du conseil central de
la dite Œuvre de la Sainte Enfance, demeu-
rant à Paris, rue de la Ville-FEvéque, nu-
méro dix huit :
Plaignant, partie civile,
Demandeur suivant et aux fins d'un exploit
d'assignation délivré à sa requête, par le
ministère de Charles-Ferdinand Mosnier,
huissier près le tribunal de première ins-
tance et audieacier de la police correction-
nelle de la Seine, séaat à Paris, y demeurant
au Palais de Justice, le dit exploit d'assigna-
tion, en date du vingt novembre mil huit cent
soixante-quinze, dûment enregistré. Le dit
abbé de Girardin, comparant à l'audience,
d'une part ;
Contre, premièrement, le sieur About (Ed-
mond-Franeoia-Valentin), âgé de quarante-
neuf ans, rédacteur en chef et gérant du
journal le Dix-neuvième Siècle, au siège de
l'administration dndit journal, rue Lafayette,
numéro cinquante-trois, à Paris.
Défendeur aux fins de l'exploit d'assigna-
tion sus-énoncé et daté, comparant à l'au-
dience, d'antre part ;
Deuxièmement, le sieur Sarcey (Francis-
que), âgé de quarante-huit ans, journaliste,
demeurant à Paris, rae de Douai, numéro
cinquante-neuf. Défendeurauxflnsde l'exploit
d'assignation sus-énoncé et daté, comparant
à l'audience, encore d'autre part;
Troisièmement, le sieor Chaix (Alban), âgé
de quarante-trois ans, imprimeur, demeu-
rant à Paris, rue Bergère, numéro vingt. Dé-
fendeur aux fins de l'exploit d'assignation
lIu-énoncé et daté, comparant à l'audience,
d'une dernière part.
Les susnommés, prévenus de diffamation
et complicité, délits prévus par les articles
premier, treize, dIX-Qit, de la loi du sept
mai mil huit cent dix-neuf, cinquante et
soixante du Code pénal.
Api è* l'appel de la cause à l'audience de
eejourd'hui jeudi deux décembre mil huit cent
seixante-quiaze, où elle venait en ordre utile,
par suite de l'exploit introductif d'instance
sus-date. il a été procé ié ainsi qu il suit :
Sur la demande de Maître Leblanc fils, au
nom de Maîl re Cléry, avocat des défendeurs,
le tribunal remet la cause à trois semaines.
L'affaire étant revenue en ordre à l'au-
dience de cejoori'hui jeudi vingt-trois dé-
cembre mil huit cent soixante-quinze, il a
été procédé et statué ainsi qa'il suit :
La partie civile ci-devant dénommée, qua-
lifiée fct domiciliée a été entendue dans sa
déclaration, de laquelle il résulte Dotam-
ment qu'elle a persisté dans sa plainte, a
demandé vingt-cinq mille francs de domma-
cu-iotérêts et l'iosertion du jugement à, in-
tervenir dans dix journaux.
Les défendeurs présents à l'audie nce ont
été entendu dans leurs moyens de défenqe et
de justification; Maître Cotin de Verdières,
avocat, a plaidé pour l'abbé de Girardin.
Maître Cléry, avocat, a déposé des conclu-
sions tend&nt à ce qu'il plaise an tribunal :
Attendu que monsieur l'abbé de Girardin
déclare dans ton assignation qu'il agit « tant
> en son nom personnel comme membre du
» conseil central de l'Œnvre de la Sainte-
» Enfance que cemme représentant de ladite
P Œuvre. »
Mais attendu qu'il n'est pas justifié que
rŒtlvre de la Sainte Enfance ait reçu l'auto-
risation du genvernement, nécessaire pour la
constituer en personne morale et lui donner
une existence indépendante en dehors des
personnes qui l'ont fondée et qui l'alimen-
tent; qu'elle ne peut tester en justice pas
plus qu'elle ne pourrait aeoepter de legs,
conformément à la loi du deux janvier mil
huit cent dix-sept.
Que l'abbé de Girardin sera donc le repré-
sentant d'une œuvre sans existence légale,
dont il ne peut par conséquent exercer vala-
blement les actions en justice.
Attendu qu'il n'agit pas et qu'il ne saurait
d'ailleurs agir en son nom personnel, puis-
qu'il n'est ni nommé ni désigné dans l'article.
Attendu qu'il n'agit pas au nom et comme
mandataire du pretendu conseil central de
l'ŒuTre, dont il n'indique pas la composition
et ne nomme pas les membres dans son assi-
gnation.
Qu'il agit comme membre isolé de ce con-
seil central, et qa'en cette qualité encore il
n'ellt pas fondé a se plaindre du caractère
diffamatoire de l'article ; qu'il ne peut donc
intervenir à aucun titre. Par ces motifs et
tous autres à suppléer.
Le déclarer non recevable en tous cas, mal
fondé en t'a demande, et renvoyer les préve-
nus des fins de la plainte, sans dépens.
Ledit Maître Cléry, avocat, a piaidé pour
les prévenus About et Sarcey; Maître Lenté,
avocat, a plaidé pour le prévenu Chaix.
Monsieur le substitut de monsieur le pro-
cureur de la République a été entendu en ses
conclusions ; sur quoi monsieur le président
a prononcé le jugement suivant :
Le Tribunal, après en avoir délibéré con-
formément à la loi ; :
Sur la fin de non-recevoir :
Attendu que l'article incriminé du journal
le Dix neuvième Siècle contient contre l'œuvre
connue sous le nom d'Œuvre dite de la
SainteEnfance, l'imputation de détourne-
ment des fonds remis par divers à ladite as-
sociation.
Que sans avoir à rechercher si cette œuvre
est eu non légalement reconnue, il n'est pas
contesté que l'abbé de Girardin en fait par-
tie;
Qu'il est dès lors recevable à relever en son
nom personnel comme membre de ladite œu-
vre, les imputations qui seraient de nature à
porter atteinte à l'honneur et a la considéra-
tion de tous ceux qui la composent ;
Au fond : Attendu que dans un article pu-
blié dans le numéro du neuf novembre mil
huit cent soixante-quinze du journal le Dix-
Nénvième Siècle, et signé Francisque Sarcey,
sous le titre de a Les Petits Chinois, » l'auteur
énonce « qu'il n'y a pas en France une mère
de famille qui ne connaisse l'Œuvre de la
Sainte-Enfance; qu'il n'y a pas de petite fille
qui n'ait donné son sou par semaine pour le
rachat de ces malheureux petits Chinois que
leurs mères jettent vilainement aux pour-
ceaux le jour de leur naissance, et qu'ipl our-
n'y
a pas de père à qui son bébé n'ait tendu la
main, lui demandant le sou en question, et
qui ne l'ait tiré de sa poche en haussant les
épaules; »
Qu'après avoir dépeint le peuple Chinois
comme étant celui chez qui l'esprit de fa-
mille a le plus de force, où les enfants sont
regardés comme une bénédiction du ciel, éle-
vés et choyés avec autant de soin que peu-
vent l'être nos fils uniques de France, » l'au-
teur ajoute, « que sur ce point tous les
voyageurs sont d'accord et que les Anglais
ont fait depuis longtemps j ustice des extra-
vagances de nos missionnaires catholiques ;
Qu'après avoir passé en revue les diverses
phases que, selon lui, parcourt l'aumône
ainsi faiteVendant plusieurs années, il qua-
lifieChinois t d'insatiable et de pro-
~~7M'~ e. »
.-.. - - - --
Qu il présente le total Afs wMmmes affec-
tées par la jeune fille à cette œuvre, comme
de nature à la faire reculer d'eiffai, si an bout
d'un certain nombre d'années une main invisi-
ble en plaçait la récapitulation sous nos yeux;
que plus loin, il lui prête ces paroles murmu-
rées entre ses dents : « Je ne croyais pas qu'un
Chinois coûtât si cher ! » et on'entin,il arrive à
prêter au mari de la jeune fille devenue fem
me, ce propos tout en ricanant ; tu sais, ton
cbioois, il demeure rae des Postes, ajoutant
« que le mari se consolerait ainsi par un bon
mot, de tout l'argent extorqué de sa bourse; 9
Attendu que par un correctif ironique, qui
n'est qu'une affirmation de ses prémisses,
Sarcey s'exprime ainsi: «Admettons, je ne
demande pas mieux, que ce mari soit dans
son tort, et que la plaisanterie tombe à
faux ;
Admettons que le Chinois soit un vrai Chi-
nois de chair et d'os, que toutes les sommes
que l'on a demandées en son nom aient été
intégralement versées à son compte ; qu'il
n'y ait pas, dans toute cette affaire ombre de
supercherie. C'est une hypothèse qui, je le
sais, vous paraîtra bien difficile à digérer,
j'y ai quelque peine moi même, mais c'est
pour la commodité du raisonnement;. »
Attendu qu'en s'exprimant ainsi, Sarcey
aggrave encore, au lieu de l'atténuer, la
portée du propos tendant à établir que l'ar-
gent versé par petites sommes à l'œnvre de
la Sainte-Enfance retourne finalement aux
pères jésuites de la rue des Postes, et qu'il
est ainsi détourné de sa véritable destina-
tion ;
Attendu que cette imputation est diffama-
toire; qu'elle a été faite dans l'intention de
ntlire et qu'elle est de tmture à porter at-
teinte à l'honneur et à la considération de de
Girardin ;
Attendu qu'en publiant l'article sus énoncé,
About s'est rendu coupable du délit de diffa-
mation prévu et puni par les articles pre-
mier, treize et dix-huit de la loi du dix-sept
mai mil huit cent dix neuf;
Que Francisque Sarcey et Chaix se sont
rendus complices de ce délit, le premier en
fournissant sciemment l'article dont il se re-
connaît l'auteur, tt le second en imprimant
le numéro du journal le Dix-neuvième Siècle
du neuf novembre mil huit cent soixante-
quioze:
Délit prévu et puni par les articles de la
loi précitée et les articles cinquante-neuf et
soixante du Code pénal ;
Attendu que par cette publication, About,
Sarcey et Cnaix ont occasionné à l'abbé de
Girardin un préjudice dont Ja réparation lui
est due et qu'il y a lieu de fixer a la somme
de mille francs ;
Par ces motifs ; rejette l'exeeption propo-
sée.— Et faisant application des articles dix-
huit et cinquante-neuf susvisês, dont lecture
a été donnée par le président et qui sont
ainsi coneng :
« ArticÍe dix-huit. — La diffamation envers
» les particuliers sera punie d'an emprison-
» nement de cinq jours à un an, et d'une
» amende de vingt-cinq francs à deux mille
» francs, ou de l'une de ces deux peines seu-
9 lement. >
Article cinquante-neuf. — a Les complices
» d'un crime ou d'un délit seront punis de la
» même peine que les auteurs mêmes de ce
» crime ou de ce délit, sauf les cas où la loi
» en aurait disposé autrement, v
Condamne About en trois cents francs d'a-
mende, Sarcey en trois cents francs d'amende
et Chaix en cent francs d'amende ; les déclare
solidaires desdites amendes,
Et, pour le préjudice causé, les condamne
tous trois solidairement, par toutes voies de
droit et même par corps, a payer à l'abbé de
Girardin la somme de mille francs, à titre de
dommages-intérêts ;
Ordonne l'insertion du prégent jugement,
en caractères ordinaires et en tête du premier
numéro du journal le Dix-neuvième Siècle qui
paraîtra après l'expiration des délais d'appel,
-et ce, aux frais des condamnés ;
Condamne About, Sarcey et Chaix solidai-
rement aux dépens, lesquels, avancés par la
partie civile, sont liquidés à dix-sept francs
quatre-vingt quinze centimes; condamne de
Girardin aux dépens envers le Trésor, sauf
son recours de droit;
Fixe a quatre mois la durée de la contrainte
par corps, s'il y a lien de l'exercer pour le
recouvrement des amendes, des dommages-
intérêts et des dépens ;
Fait et jugé par Messieurs Carlet, président,
Boulanger et Gauné, juges; en présence de
Monsienr Louchet, substitut de Monsieur le
procureur de la République, assistés de Jul-
lia, greffier, le jeudi vingt-trois décembre
mil huit cent soixante-quinze; ,
En marge de la minute se trouve écrite la
mention d'enregistrement du présent juge-
ment, dont suit littéralement la teneur;
Enregistré à Paris le huit janvier mil huit
cent soixante-seize, folio cent soixante-seize,
recïo, case première; reçu vingt-cinq francs
treize centimes ; signé Dublanc ;
Pour l'expédition conforme délivrée par
nous, greffier soussigné, eur la réquisition de
Monsieur le procureur de la République, le
dix janvier mil huit cent soixante-seize.
MIGNARD.
BULLETIN
Paris, 14 janvier 1876.
L'événement du jour est naturellement
la proclamation du président de la Répu-
blique au peuple français. Ce manifeste a
paru, comme il était annoncé hier au
Journal officiel, et a été affiché à Paris
dans la journée.
Ce document est donné par les organe il mi-
nistériels, comme ayant reçu l'approbation
de tous les ministres sans exception. On
croit donc généralement la crise finie.On ne
discute guère plus que sur la situation par-
ticulière de M. Léon Say, et sur la, ques-
tion de savoir si le statu quo a été obtenu
au prix de sacrifices de sa part. On croit
généralement qu'il n'en est pas ainsi, et
que M. Léon Say sort de cette affaire aussi
entier et M. Buffet aussi diminué que de
l'affaire du discours de Stors. Un avenir
très-proche nous renseignera sur cet uni-
qua point resté obscur. Mais un point qui
est clair pour tous, et sur lequel tout le
monde parait d'accord, c'est que les élec-
tions arrivent bien à point pour mettre
un dernier terme à cas conflits périodi-
ques, toujours renaissants et toujours iné-
vitables, qui jettent le pays dans un état
de malaise chronique. Jamais l'intensité
du mal n'a fait sentir l'urgence du remède,
qui, Dieu merci, n'est plus éleigné.
La question tarque, ou pour dire plus
juste, la question turco européenne subit
manifestement un temps d'arrêt. Noas
n'avons à signaler aujourd'hui que de-'
informations de source officielle, où le gou-
vernement turc se félicite de l'état des opé-
rations militaires et signale comme étant
devenu très-restreint le théâtre actuel des
hostilités. Mais il a en même temps la mo-
destie de constater que la température y
peut être pour quelque chose, le froid
ayant arrêté à peu près partout les hosti-
lités.
Une décision fort importaute, qui avait
été annoncée et qui était devenue néces-
saire, a été prise par une commission de la
Chambre des représentants des Etats-Unis,
et sera probablement votée par la Chambre
elle-même. Cette commission a adopté un
rapport concluant en faveur d'un amende-
ment à la constitution qui fixe le terme
présidentiel à six années (au lieu de quatre)
et déclare le président inéligible pour un
deuxième terme.
On sait, en effet, que la constitution n'a-
vait rien décidé touchant la réélection du
président, mais que c'était une tradition
respectée par tous les présidents, depuis
Washington, de ne pas occuper plus de
huit ans la magistrature suprême. On sait
auesi quelles sont les velléités inquiétantes
qui ont fait, pour la première fois, sentir
cette lacune de la loi et la nécessité de la
combler.
j
Proclamation du Président de la République
FRANÇAIS, ,
Pour la première fois depuis cinq ans,
vous êtes appelés à des élections générales.
Il y a cinq ans, vous avez voulu l'ordre et
la paix. Au prix des plus cruels sacrifices,
à travers les plus redoutables épreuves,
vous les avez obtenus.
Aujourd'hui, vous voulez encore l'ordre
et la paix. Les Sénateurs et les Députés,
que vous élirez, devront, avec le Président
de la République, travailler à les main-
tenir,
Nous devons appliquer ensemble, avec
sincérité, les lois constitutionnelles, dont
j'ai seul le droit, jusqu'en 1880, de provo-
quer la révision. Après tant d'agitations,
de déchirements et de malheurs, le repos
est nécessaire à notre pays, et je pense
que nos institutions ne doivent pas être
révisées avant d'avoir été loyalement pra-
tiquées.
Mais pour les pratiquer comme l'exige
le salut de la France, la politique conser-
vatrice et vraiment libérale, que je me
suis constamment proposé de faire préva-
loir, est indispensable.
Pour la soutenir, je fais appel à l'union
des hommes qui placent la déiense de l'or-
dre social, le respect des lois, le dévoue-
ment à la patrie, au-dessus des souvenirs,
des aspirations et des engagements de
parii. Je les convie à se rallier tous autour
de mon Gouvernement.
Il faut que, à l'abri d'une autorité forte
et respectée, les droits sacrés qui survi-
vent à tous les changements de gouverne-
ment et les intérêts légitimes que tout
gouvernement doit protéger se trouvent
en pleine sécurité.
11 faut non-seulement désarmer ceux qui
pourraient troubler cette sécurité dans le
présent, mais décourager ceux qui la me-
nacent dans l'avenir par la propagation de
doctrines anti-sociales et de programmes
révolutionnaires.
La France sait que je n'ai ni recherché
ni désiré le pouvoir dont je suis investi ;
mais elle peut compter que je l'exercerai
sans faiblesse, et pour remplir jusqu'au
bout la mission qui m'eit confiée, j'espère
que Dieu m'aidera et que le concours de la
Nation ne me fera pas défaut.
Le président de la République française,
Maréchal DE MAC-MARON,
duc de MAGENTA.
Par le président de la République,
Le vice président du conseil,
ministre de l'intérieur,
L. BUFFET.
: o-——
Les conseils de M. Buffet ont prévalu.
Le maréchal de Mae-Mahon adresse
une proclamation au peuple français,
et l'on remarquera qu'elle est contresi-
gnée par M. le vice-président du con-
seil. Nous ne reviendrons pas sur ce
que nous avons dit hier de l'inopportu-
nité d'un acte aussi solennel, non plus
que sur l'imprudence du ministre qui
l'a conseillé. Mais nous ne ferons pomt
que le public ne se demande ce qui a
pu motiver cette proclamation, à quel
besoin elle répond, et dans quelle me-
sure on peut la considérer comme le
dénouement de la crise ministérielle.
Une proclamation du chef de l'Etat
est un acte essentiellement personnel,
et c'est pour cette raison que nous eus-
sions préféré voir le maréchal garder
une réserve tout à fait conforme à l'es-
prit de la constitution. A vrai dire, la
présence du nom de M. Buffet à côté
du nom de M. le Maréchal de Mac-
Mahon enlève à ce document quelque
chose du caractère que nous venons de
signaler. Mais alors, pourquoi la signa-
ture de M. Buffet tout seul ? Doit-on en
conclure que le cabinet tout entier sous-
crit à la proclamation? Soit; dans ce
cas, pourquoi et depuis quand, sous un
gouvernement constitutionnel et parle-
mentaire, des ministres s'adressent-ils
directement « au peuple français »,
qui ne doit, en réalité, iii les connaître:
ni les juger, car ce soin appartient a
ses représentants.
Qui ne voit qu'ici nous entrons dans
jUn cercle vicieux? Que les ministres,
considérant l'Assemblée comme mora-
lement dissoute, aient éprouvé le be-
soin de s'adresser au pays pour obtenir
qu'il leur envoie des juges indulgente,
cela 8eut soutenir à la rigueur. Mais
alors ils devaient se présenter seuls
devant le pays, et non se dissimuler
derrière le président de Ja République.
Ou bien, c'est le chef de l'Etat qui,
méconnaissant le caractère imperson-
nel du rôle qui lui incombe, a voulu
prendre une part directe à la lutte des
partis, et dans ce cas, aucune autre
signature que la sienne ne devait figu-
rer sur la proclamation.
Tout cela laisse donc beaucoup à dé-
sirer au point de vue de la correction
parlementaire et constitutionnelle ; mais
à l'heure actuelle il ne convient pas de
se montrer rigoriste. Négligeons donc
la forme, et voyons le fond.
Tout d'abord, après avoir lu cette
proclamation, on est tenté de s'écrier :
Ce n'est que cela ! Non point que les
idées qu'elle exprime soient de mince
valeur ; au contraire, mais on s'atten-
dait à du nouveau, on croyait, on espé-
rait entendre une voix et l'on ne trouve
qu'un écho. C'est bien le maréchal 'de
Mac-Mahon qui ouvre la bouche, mais
c'est M. le vice-président du conseil qui
parle à la cantonnade. Et comme tou-
jours, à ne prendre les choses qu'au
pied de la lettre, on ne peut qu'ap-
prouver ce qu'il dit.
Qui ffoncen France ne veut pas l'or-
dre et la paix ?
Qui donc a jamais prétendu assi-
gner aux sénateurs et aux députés une
autre mission que de maintenir l'ordre
et la paix ?
Qui done, parmi les républicains,
ferme un autre souhait que de voir ap-
pliquer avec sincérité les lois consti-
tutionnelles ?
Qui donc ose contester que le droit de
provoquer la révision appartient uni-
quement, jusqu'en 1880, au maréchal
de Mac-Mahon?
Eh! quoi! est-ce pour enfoncer tant
de portes ouvertes que le président
de la République aurait adressé un
manifeste au peuple francais ? Un peu
de patience, vous allez voir apparaî-
tre M. Buffet, et dès lors vous com-
prendrez que les mots n'ont plus qu'une
signification très-relative. Il n'est per-
sonne, dans le parti républicain, dans
le grand parti constitutionnel qui ne
souscrive très-volontiers aux premiers
paragraphes du manifeste ; mais le der-
nier vient tout troubler, car il explique,
et le commentateur n'est autre que M.
Buffet. « Doctrines anti-sociales ; pro-
grammes révolutionnaires. »
Vous l'avez déjà reconnu; et main-
tenant, j'imagine, vous craignez d'a-
voir applaudi trop tôt. Mettez les mê-
mes choses dans la boucher de M. Du-
faure et tout de suite elles prennent un
autre caractère ; mais dans la bouche
de M. Buffet, on ne sait que trop ce
qu'il en faut penser. M. Léon Say, M.
Christophle, M. Feray, et tous les
membres du centre gauche lui sont
suspects ; il ne les accuse pas absolu-
ment de propager des doctrines anti-
sociales et des programmes révolution-
naires, mais de connaître des gens
qui eux-mêmes ont des relations avec
certaines personnes qui fréquentent des
amis intimement liés avec des socialis-
tes et des révolutionnaires. C'est l'his-
toire du fusilier Bridoux qui ne connais-
sait pas les truffes, mais qui en avait
entendu parler par son caporal qui
avait appris de son sergent. on sait
le reste.
Au total, la proclamation serait ex-
cellente si tout autre que M. Buffet était
chargé d'y puiser les inspirations de la
politique ministérielle. Mais la crise,
que devient-elle au milieu de tout cela ?
Le cabinet est-il plus homogène aujour-
d'hui qu'hier ? Et si ce miracle s'est ac-
compli, est-ce à la proclamation qu'il
faut P attribuer? Pourquoi, comment?
Ce n'est pas nous qui nous chargerons
de répondre à ces interrogations, ni le
pays non plus. Tout ce qu'il demande,
à la vérité, c'est qu'on ne le trouble
pas dans l'accomplissement de sa tâche.
Celle des ministres est terminée, la
sienne commence, et c'est à lui qu'il
appartient de trancher souverainement
toutes les difficultés. Attendons qu'il
parle, et préparons-nous tous à obéir,
car il est le maître.
E. SCHNERB.
L'agence Havas a communiqué hier aux
journaux la note suivante :
On assure que l'accord s'est établi dans la
conseil des ministres qui a été tenu ce matin
à l'Elysée. Toute modification ministérielle
paraît conjurée.
Le conseil des ministres se réunira seule-
ment lundi.
Il est probable qu'il n'y aura point de
programme électoral commun à tous les
ministres. Chaque ministre agira comme il
l'entendra.
————-———— —————————
Entre autres griefs, l'Echo universel
reproche à M. Jules Simon d'avoir, « de.
vant une société qui porte le nom de Fran-
klin, » fait l'éloge de Lincoln. Si peu de
temps après nos récents revers, il ne con-
venait pas d'adresser de pareilles louanges
à de étrangers, 0t ce oosmopolisnM* est
de mauvais goût.
Le reproche est bien singulier, et la sus-
ceptibilité bien hors de propos. Il est dif-
ficile de voir en quoi peuvent nous empê-
cher nos récents revers d'admirer et d'imi-
ter ce qu'il y a de bon chez les peuples
plus heureux.Le cosmopolitisme est dange-
-
i
reux et M. Jules Simon n'y a pas touché
le moins du monde;jnais l'envie interna-
tionale et l'iûfatllation nationale sont cho-
ses bietf^>1res encore, et l'on-peut s'éton-
ner que YEcho en veuille faire une règle
de conduite à nos hommes d'Etat.
Quels Gris pousserait-il donc si, au len-
demain de nos désastres, nous citions avec
éloge non pas des noms d'outre-mer, mais
des noms d'outre-Rhin ? Ce serait pour en-t
éclater d'indignation sans doute. Eh bien,
mais, pourtant, ce ne sont point choses si
déraisonnable. Rien ne nous paraîtrait
plus naturel, plus judicieux et plus patrio-
tique aussi, que de dire aux enfants de nos
écoles et aux ouvriers de nos fabriques :
« Voilà ce qu'ont fait en Prusse, après
Iéna, pour relever leur pays, les Stein,
les Scharnhorst, les Humboldt ; c'étaient
de braves gens, et qui aimaient bien leur
pays. Il faut aimer le nôtre comme ils ai-
maient le leur, et faire comme eux. »
Y a-t il dans un tel langage autre chose
que ce que dicte la raison même et inspire
le vrai patriotisme? Mais nous sommes
tous un peu bâtis ainsi, en France. Suivre
des yeux l'étranger, quand c'est pour lui
emprunter ses mérites et rivaliser avec lui
on prend tout de suite cela pour une ad-
miration déplacée ou pour une indifférence
€ cosmopolite ». En a-t-on dit, dans le
temps, sur ce livre ingénieux et charmant
qui s'appelle Paris en Amérique 1 « Oh!
le méchant citoyen! Oh! le mauvais pa-
triote, qui vient nous jeter au nez les qua-
lités des autres pour corriger nos défauts.
Que ne peint-il plutôt les défauts des au-
tres pour en relever l'éclat de nos mérites
et nous permettre de nous admirer en no-
tre gloire ? Ne serait-ce pas bien plus ai-
mable et bien plus utile? »
Ce n'est pas la manière de M. Jules Si-
mon. En conscience, il nous est difficile
de l'en blâmer. Il y a peu à craindre que
nous en arrivions à pécher par excèj d'hu-
milité ou par abus d'imitation servilè;
sans ncfos abaisser en rien, dans toute no-
tre fierté légitime d'honorables yaincus,
n'éprouvons aucun embarras à nous dire
que nous avoas fait assez d'écoles pour
nous résigner, sur bien des points, à être
les écoliers des autres.
F.
LE CHOIX DES DÉLÉGUÉS
Après demain dimanche ont lieu les pre-
mières opérations électorales d'où dépen-
dra la nomination du Sénat. Transfor-
més en Assemblées primaires, les conseils
manicipaux- auront un grave devoir à rem-
plir. Ebt-il nécessaire de leur indiquer la
portée de l'acte décisif qu'ils accompli-
ront ? Du choix des délégués dépendra la
composition du Sénat. Ils le savent. Qu'il
nous suffise de rappeler les dispositions
les plus importantes de la loi qui vont
être appliquées pour la première fois.
Tous les conseillers municipaux, mais
les conseillers municipaux seulement, sont
électeurs. Le maire qui ne fait pas partie
du conseil municipal présidera l'élection,
mais il ne pourra pas voter. Si le conseil
a été remplacé par une commission muni-
cipale, la commission municipale n'a rien
à voir dans l'élection des délégués ; c'est
l'ancien conseil élu qui doit se réunir et
procéder exclusivement aux opérations
électorales. En un mot, tout ce qui n'est
point conseiller municipal élu n'est point
électeur et ne compte pas.
o Le délégué du conseil municipal de cha-
que commune est nommé au scrutin se-
cret et sans débat. Gardons-nous d'oublier
ces deux prescriptions de la loi. La pre-
mière a pour but d'assurer l'entière indé-
pendance du vote. La seconde y doit con-
courir aussi. Nul ne peut prendre .la pa-
role, nul ne doit attaquer ou recomman-
der M. tel ou tel. La séance étant ouverte,
les conseillers dépose immédiatement dans
la boîte du scrutin leur bulletin de vote,
Ils votent et ne discutent pas. La discus-
sion est interdite aussi formellement que
dans les opérations électorales ordinaires.
On a choisi d'avance son candidat ; on met
son bulletin dans l'urne : rien de plus.
Il sera donc essentiel que les conseillers
municipaux aient préalablement délibéré,
qu'ils se soient concertés d'avance, et qu'ils
se rendent dans la salle de leurs séances
à l'heure du scrutin, munis de deux bulle-
tins de vote, portant chacun un nom : celui
du délégué et celui du suppléant appelé à
remplacer le délégué en cas de non-accep-
tion ou d'empêchement. S'il y a des com-
munes où ce concert n'ait pas eu lieu, il
faut que l'on y organise ce soir ou demain
matin, sans plus perdre de temps, une
réunion préparatoire. Car ce n'est pas
seulement entre eux que des conseil-
lers municipaux qui connaissent l éten-
due de leur responsabilité, doivent se con-
certer. En cette occasion, plus que jamais,
ils sont les mandataires de la commune, et
ila première obligation qui leur incombe,
c'est de se pénétrer des désirs, des inten-
tions, de l'esprit de leurs concitoyens. Il
faut les consulter ; il faut que les habi-
tants de la commune, ceux qui sont con-
seillers municipaux et ceux qui ne le sont
pas, examinent ensemble quels seront les
meilleurs délégués et sur qui le choix du
conseil municipal doit se porter, tant pour
la délégation que pour la suppléance.
Nous répaterons les avis que nous avons
donnés déjà. D'abord, si l'on n'a des rai-
sons tout à fait exceptionnelles, il con-
vient d'écarter les maires, même les mai-
res républicains, parce que les maires ne
sont pas seulement des magistats munici-
paux, mais des agents du pouvoir central,
subordonnés du préfet et du soui-préfet,
et qu'ils risqueraient de se trouver dans
une situation fausse; forcés d'opter peut-
être contre l'exécution indépendante de
leur mandat et les intérêts matériels de
leur commune, Nous avons assez insisté
sur ce point délicat, pour qu'il ne iovt- pas
nécessaire revenir. Ait reste, la plu-
part dss maires républicains compren-
dront d'eux-mêmes ce qu'une prudence po-
litique exige. Qaant aux maires non répu-
blicain, leurs opinions seraient déjà une
raison plus que suffisante pour dissuoîisr
les électeurs patriotes de voter pour eux.
En principe donc, point de maires délé-
gués. Reste à choisir un boBnête homme,
éclairé, dévoué aux institutions républi-
caines et indépendant, parmi tous les élec-
teurs de la'commune. Qu'on se le rappalte
en effet, s'il appartient aux seuls conseil-
lers municipaux de nommer le délégué,
leur choix peut porter indistinctement sur
tout électeur quelconque de la commune,
hormis, bien entendu, sur ceux qui, étant
députés, conseillers généraux ou conseil-
lers d'arrondissement, se trouvent être, de
droit, électeurs sénatoriaux. A cette ex-
ception près, le conseil municipal peut
choisir, parmi tous les électeurs de la com-
mune, tel délégué, conseiller municipal ou
non, qu'il voudra.
Nous souhaiterions que, dans les réu-
nions préparatoires qui se peuvent tetfir
encore avant l'heure de l'élection, ceux
qui pourraient être appelés à l'honneur de
devenir délégués fussent interrogés et
qu'on leur demandât : < Quelles sont vos
opinions politiques ? Etes-vous de ceux qui
désirent le renversement des institutions
républicaines, eu bien êtes-vous décidé,
dans la mesure de vos forcé" à' les
affermir ? Lorsque, dans quinze jours,
vous irez au chef-lieu du département
élire les sénateurs, une liste de républi-
cains sera proposée à vos suffrages en mê-
me temps que d'autres listes où, de façon
plus ou moins déguisée, sous les nom?
fallacieux de conservateurs, d'hommes
dévoués au gouvernement du maréchal,
etc., figureront de dangereux ennemis
de la République ; ceux-ci, vous les re-
connaîtrez surtout au soin qu'il pren-
dront de ne pas la nommer, car ils
se déelareront candidat du progrès, de
l'ordre, de la liberté, etc., mais, de la
République, ils ne souffleront mot. Qui
choisirez vous? Etes-vous bien résolus à
n'envoyer au futur Sénat que des hommes
vraiment sûrs, vraiment dévoués aux ins-
titutions nouvelles, et non point des fau-
teurs de restaurations, qui ne sauraient
être qUi des fauteurs de révolutions ? Ne
vous laisserez-vous point influencer, inti-
mider 1 Bref, expliquez-nous comment vous
comprendrez votre mandat et votre rôle. »
C'est sur les réponses qui seront faites
à ce simple questionnaire que les conseil-
lers municipaux, d'accord avec tous les
bons citoyens de la commune, devront se
guider. Qu'ils tiennentle plus grand compte
aussi de la fermeté du caractère ; car on
n'ignore point à quels assauts des partis
et de l'administration, durant quinze jours,
du 16 au 30, les délégués sénatoriaux peu-
vent être exposés.
Le moment du vote venu, du vote au
scrutm secret et sans débat, il ne restera'
aux conseillers municipaux qu'à se con-
former aux dispositions de la loi, qui est
d'ailleurs affichée partout. Nous nous bor-
nons à rappeler que, s'il n'y a pas de ma-
jorité absolue au premier tour de scrutin,
les conseillers municipaux, sans désempa.
ref, devront procéder à un second tour.
Et si le second tour ne donne pas de résul-
tat, ils passeront, tout de mite encore, à
un troisième tour; mais cette fois la
majorité relative suffira, c'est-à-dire
que le candidat qui aura obtenu le plus de
voix sera nommé lors même qu'il ne réu-
nirait pas la moitié plus un des suffrages.
Craignons les surprises du troisième tour.
On ne saurait trop désirer que les conseil-
lers se soient préalablement entendus sur
le nom d'un candidat, de telle façon que le
résultat de l'élection soit assura du pre-
mier coup. -
Aussitôt après le délégué, le suppléant
est nommé dans les mêmes formes.
Enfin, tout électeur de la commune peut,
dans ua délai de trois jours, adresser une
protestation contre la régalarité de l'élec-
tion. Les protestations sont jugées en con-
seil de préfecture, avec droit d'appel au
conseil d'Etat.
EUG. LlEBERT.
—— : —:
M. E. Schnerb vient d'adresser la
lettre suivante au rédacteur en chef
du Libéral de Seine-et-Oise :
Paris, 13 janvier 1876.
A M. le rédacteur en chef du Libéral.
Mon cher confrère,
Pour répondre à des bruits contradic-
toires ou erronés mis en circulation,
vous serai obligé de vouloir bien affirmer
que je n'ai pas renoncé un seul instant à
la candidature républicaine, qui m'a étéi
offerte dans la lre circonscription de l'ar-
rondissement de Pontoige par un certain
nombre d'électeurs.
A vous cordialement.
E. SCHNKRB.
—————
L'UTILITÉ DES MIRACLES
Je reçois une petite brochure de quin-
ze pages signée de M. Lehoult-Courval,
supérieur du petit séminaire de Plm-
maculée-Conception et imprimée à Pa-
ris, chez Victor Goupy, rue Garancière.
Elle porte pour titre, en grosse* let-
tres :
ÉGLISE
DE L'IMMACULÉE-CONCEPTION
de Séez (Orne)
Construite, décorée et entretenue
à l'aide des offrandes du
clergé et des fidèles de tous les diocèses
Or, cette église a son journal dont la
brochure que je cite est le trente-sixiè-
me bulletin.
I/évêque, monseigneur Charles-Fré-
déric de Séez et son secrétaire, M. Ma-
rais, chanoine honoraire. commeTïcsr.t
psr y raconter aux fidèles l'institution
de messes perpétuelles qui ont été ré-
cemment fondées, dans ladite église,
en l'honneur de l'immaculée concep-
tion ; après quoi, passant aux chose?
sérieuses, l'auteur de la brochure, en-
tame le chapitre des guérisons obtasues
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