Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-01-01
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 01 janvier 1876 01 janvier 1876
Description : 1876/01/01 (A6,N1486). 1876/01/01 (A6,N1486).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
,
Sixième A-nnée - N° 1486
Prix du Numéro à 3Pat*i £ : 15 Oesxtimeg — Départements : 20 Centimes
Samedi 1er Janvier 18^6
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RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
53, rue de Lafiiyeiie* 53
Les lettres non affranchies seront refusées
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JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR I;
Annonces, chez MM. LAGRANGE, CERF et Gie
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L'échéance du 31 décembre étant très-1
Importante, nous prions ceux de. nos sous-
cripteurs dont l'abonnement expire à la
fin de ce mois de vouloir bien nous adres-
ser dès maintenant le montant de leur re-
nOltvellement, accompagné de l'une des
dernières bandes imprimées.
- Nous rappelons à nos anciens abonnés, et
nous informons les nouveaux, que pour
leur épargner tout dérangement, nous ac-
ceptons de-disposer à vue sur eux, qrand
la demande nous en est faite, du montant
des ABONNEMENTS de six mois "OU d'un an.
Par suite du nouveau traité postal, les
prix d'abonnement pour tous les pays
d'Europe,' la France exceptée, seront, à
partir du 1er janvier, fixés comme suit :
3 mois. 17 francs.
6 mois 34
- 12 mois. 66
Le 5 Janvier prochain nous
commencerons en Feuilleton
la publication d'un roman
intitulé :
L'ORPHELINE
Par ANGE BÉNIGNE HI
Le pseudonyme d'Ange
Bénigne cache un écrivain
d'un esprit pénétrant, délicat,
et, pour tout dire en un mot,
féminin, qui a su en peu de
temps se faire adorer des
lecteurs du seul journal ou il
ait écrit, la Vie Parisienne.
BULLETIN
Paris, 31 décembre 1875.
f"-.<
L'Assemblée a eu hier, comme l'on sait,
deux séances.
La loi de dissolution — longopost tem-
pore venit — a été votée au commence-
ment de la séance de jour. L'Assemblée se
proroge à partir du 31 décembre au soir,
à moins. qu'elle ne ee proroge plus tard ;
car un amendement Jui permet de s'accor-
der un nouveau délai, si l'ordre du jour
qu'elle a fixé hier n'est pas épuisé ce soir.
La commission de permanence sera élue
au aébut de la séance d'aujourd'hui. Les
conseils municipaux se réuniront le 16
janvier à l'effet de nommer leurs délégués
électeurs sénatoriaux. Les sénateurs se-
ront élus le 30 janvier ; les députés, le 20
février. Le nouveau parlement se réunira
le 8 mars. li
La convention sur le régime des sucres
signée à Bruxelles le Il août 1875 a occu-
pé le reste de la séance de jour. L'ajourne-
ment de la question demandé par MM.
Clapier et Picard, repoussé par MM. les
ministres du commerce et des affaires
étrongères, n'a pas été adopté par l'Assem-
blée, et, après déclaration d'urgence, la
convention a été approuvée.
Un autre projet de loi sur le régime des-
sucres, déclaré d'urgence à la fin de la
séance de jour, est venu en discussion à
la séance de nuit. Il a été voté après
une courte discussion. Ensuite l'Assemblée
a abordé la loi sur les. chemins de fer,
l'a déclarée d'urgence après un assez long
débat, et en a voté l'article 1er.
On croyait généralement que le projet
4 de réformes, dit projet Andrassy, avait été
communiqué aux puissances occidentales
et à l'Italie. Il paraît, d'après des infor-
mations venues de Berlin, que cette nou-
velle était prématurée.
En revanche, une communication inter-
nationale d'un grand intérêt avait été
faite à l'insu du public. L'Union améri-
caine avait proposé, par une circulaire
envoyée à toutes les puissances, un pro-
jet de médiation relatif à la question de
Cuba, et, s'il faut en croire une dépêche
de Vienne, tous les cabinets ont approuvé
en principe cette idée.
— •»
« Eu politique, écrivait il y a quel-
ques années M. le duc d'Aumale, ce
qu'il y a de plus important à connaître,
c'est ce qui ne se.dit ni ne simprime. »
Oa nous permettra d'invoquer l'autorité
de ce grand nom pour expliquer l'em-
barras réel où nous sommes de porter
une appréciation stir les lettres des
princes d'Orléans récemment publiées
par les journaux. On y a vu que M. là
duc d'Aumale et M. le prince de Join-
vtHe étaient résolus à ne solliciter du
suffrage universel aucun mandat nou-
veau, ni pour le Sénat, ni pour la
Chambre des députés. D'autre part, on
annonce que M. le duc de Nemours et
M. le duc de Chartres refuseraient, s'il
leur était proposé, l'honneur d'entrer
dans nÕs- Assemblées délibérantes. Voi-
là ce que l'on sait, puisque cela est dit
et imprimé; mais nous sommes de l'a-
vis de M. le duo d'Aumale, ce n'est
point là ce qu'il y a -de plus important
à connaître.
Dans notre pays, où l'ambition, légi-
time ou mon, revêt plus habituellement
que partout ailleurs la forme aiguë, les
abdications provoquent toujours la sur-
prise, et quelquefois l'admiration. On
y voit volontiers l'indice d'un grand
caractère, et pour peu qu'il s'agisse
d'une personnalité en vue, on en fait
bien 1 "tÀ, iii hommeyfle Plut arque. Nous
souhaia t soit ainsi pour les
princea dwtéSCns: mais s'ils ont trop
compté sur ce revenant-bon de leur dé-
sistement, noué "craignons qu'ils saierlf
obligés d'en rabattre, et cela pour deux
raisons que nous voulons indiquer.
Le rôle que M. le duc d'Aumale et le
prince de Joinville ont joué dans l'As-
semblée nationale ôtera beaucoup aux
regrets qu'on pourrait éprouver de leur
voir abandonner la politique active.
Qu'ils l'aient voulu ou non, que cela fut
entré ou non dans leurs projets, ils
ont été les véritables chefs du centre
droit, ou, pour appeler les choses par
leur nom, de l'orléanisme. M. le duc
de Broglie, M. Bocher et quelques au-
tres, sans compter M. Buffet, n'ont été
que les porte-paroles des princes, leurs
lieutenants, leurs chargés d'affaires.
Qu'ils se soient bien ou mal acquittés
de leur tâche, là n'est point la ques-
tion. Mais ils travaillaient sous l'œil
de leurs princes, dans l'intérêt de leurs
princes, et s'il nous était permis d'em-
ployer une métaphore d'où nous excluons
toute intention blessante, nous dirions
que depuis le 24 mai, les chefs du cen-
tre droit ont agi comme ces chiens de
berger qui mordent aux jambes les
moutons retardataires, pour les obliger
à rentrer dans le rang. Combien de
Savarys se fussent révélés dans le cen-
tre droit, sans les obsessions dont ils
étaient l'objet de la part des chefs !
Leur bon sens et leur patriotisme les
inclinaient à se rapprocher du centre
gauche, mais ils n'osaient pas. On leur
montrait les princes, on leur disait:
Aurez-vous donc le courage de les lais-
ser seuls, abandonnés ? et faudra t-il
qu'ils portent en même temps le deuil
de leurs espérances et do leurs ami-
tiés ?
Les princes d'Orléans déclàrent qu'ils
avaient reçu de leurs électeurs le man-
dat de restaurer la monarchie constitu-
tionnelle. Nul, assurément, ne s'en était
douté, en dehors d'eux; dans tous les
cas, on avouera que le secret a été bien
gardé, dans les premiers temps de l'As-
semblée, alors qu'on ignorait si l'auto-
risation d'y venir siéger leur serait ac-
cordée. Mais puisqu'ils reconnaissent
eux-mêmes que leur mandat était épuisé
dès la 31 octobre 1873, pourquoi l'ont-
ils retenu jusqu'à ce jour? On ne le sait
que trop. Qaand ils virent que-la Répu-
blique s'imposait comme l'unique solu-
tion possible, ils voulurent du moins y
déposer le germe de Rouvelles espé-
rances, y placer la pierre d'attente
de leurs nouvelles ambitions. On
nous dispensera de rappeler les di-
vers articles des lois constitutionnelles
qui pôrtent l'indice de ces préoccupa-
tions. - i
Le pays n'ignore aucun de ces faits,
et la nouvelle de l'abdication imprimée
des princes n'est pas pour lui en ôter
le souvenir. En outre, il se demandera
ce qu'il faut penser au juste dal'épître
un peu déclamatoire de M. le duc d'Au-
male. Le prince déclare qu'il s'est en-
gagé, au cas où ses projets politiques
ne réussiraient pas, à continuer de ser-
vir loyalement son pays. ET JE LE
SERS 1. s'écrie-t-il; puis, sur ce mot de
théâtre, il signé : Henri d'Orléans.
Mais il est tant de moyens de servir
son pays ! Même dans l'armée, même
à la tête d'une division, le rôle d'un
soldat n'est pas toujours et en toutes
circonstances si net et si précis qu'il
soit inutile de le définir. M. le duc
d'Aumale n'est pas seulement un sol-
dat, c'est aussi un historien, et point
n'est besoin d'emprunter des exemples
anciens ou récents à la France ou à
l'Espagne, pour lui faire comprendre ce
que nous voulons dire.
Nous nous bornerons à signaler un
fait auquel il ne faudrait pas attacher
trop d'importance, mais qui coïncide
bien malheureusement avec la publica-
tion de la lettre du duc d'Aumale. Au mo-
ment même où elle paraissait dans les
journaux de France, un journal anglais,
le Times, contenait une correspondance
parisienne annonçant la candidature
éventuelle du duc d'Aumale à la prési-
dence de la République. Ce qui ne peut
se dire, on le chante ; ce qui ne peut
s'écrire en France, on le fait écrire en
Angleterre, et soyez sûrs qu'il se trou-
vera plus d'un esprit chagrin pour pré-
tendre que la correspondance anglaise
est le commentaire de la lettre fran-
çaise ; pour insinuer que le soldat reste
doublé d'un prétendant, et que lors-
qu'il écrit : Je sers, il faut comprendre,
Je me réserve !
Ces observations et d'autres aux-
quelles la malignité publique pourra
se livrer ne laisseront pas d'influer sur
le jugement de l'opinion publique;
peut-être même donnent-elles à crain-
dre que la droiture et la sincérité des
intentions des princes d'Orléans soient
méconnues ou suspectées. -
E. SCHNERB.
L'Assemblée nationale a adopté hier
les conclusions du projet de prorogation
et de dissolution, qui fixent :
Au 16 janvier les élections des délé-
gués des conseils municipaux ;
Au 30 janvier les élections sénato-
riales ; >
Au 20 février les élections législa-
tives ; , j .««* • ! J'
Au 8 mars la réunion des deux As-
semblées. - -
—— : -*■— —— ;
Le centre gauche s'est réuni hier. à midL
La réunion a décidé l'impression, à un grand
nombre d'exemplaires, du manifeste publié
par les journaux.
Tous 118 membres qui n'assistaient pas à
la dernière séance s'associent à l'approba-
tion unanime étonnée à ce document. MM.
Dauphinot et Dietz-Monnin regrettent de n'a-
voir pas vu leurs nom3 parmi les anciens
vice présidents.
Leur signature sera rétablie sur les exem-
plaires imprimés désormais.
La réunion s'occupe ensuite de la commis-
sion de permanence et dé la formation d'un
bureau électoral.
M. l'amiral Pothuau propose de voter des
remerciements au bureau delà réunion pour
le zôle et l'activité qu'il a déployés dans les
circonstances délicates que nous venons de
traverser, et à M. Ricard, qui a associé ses
efforts à ceux du bureau et qui a montré tant
de désintéressement et tant d'éloquence en
défendant la politique du centre gauche en
toute ocasion.
Cette proposition est votée à l'unanimité.
—————————— —.—..
Courrier Parlementaire
Versailles, 30 décembre 1875.
Depuis hier, nous commençons à com-
prendre tout ce que contient cette simple
phrase qu'on lit parfois dans lss lugubres
faits divers : « Le condamné a marché à
la mort avec une fermeté tranquille. »
C'est que, depuis hier, nous assistons à
d3s déchirements internes épouvantables,
à de terribles résistances extérieures, à
des étreintes qui embrasant déieSperé-
ment l'ombre de la vie.
Au début de la séance, on discute le pro-
jet de dissolution, comme qui dirait l'or-
donnance da la cérémonie funèbre. La com-
mission, à l'unanimité, déclare -que l'As-
semblée doit lever la siéga le 31 décembre,
quai que soit l'ordre du jour; la droite s'y
refilée opiniâtrement et tient à vider com-
plètement l'ordre du jour, - quitte à le
remplir le plus possible. Les droitiers ac-
cepteraient volontiers de jouer à perpétuité
le rôle de Danaïdes à rebours, et de vider
sans cesse, pourvu que ça se remplisse
constamment.
M. da Kardrel opère une tentative ; M.
Malartre implore quelques jours déplus
avec des 1 armas dans les yeux et des gon
rauques dans le gosier; M. Caillaux p^o*
fite de l'occasion et glisse ses petits che-
mins de fer. Quel malin, celui-là ! Ea voilà
un qui ne perd pas la tête et qui, si vite
qu'on enlève le couvert, trouve toujours
moyen de fourrer du dessert dans ses po-
chesl
Il y a là une heure pleine de bruit, de
mou vement et surtout de confusion ; les
questions se posent sans se résoudre et se
résolvent sans sé poser. Ce n'est plus de
l'agitation, c'est la convulsion.
Implacable, la gauche pousse, accule
les droites, qui se replient pied à pied
derrière un retranchement de scrutins ; les
républicains enlèvent Chaque vote à tour
de bras, refoulant de plus en plus leurs
adversaires, qui en sont arrivés à lutter
pour une heura, pour une demi-heure,
pour un quart d'heure, — le quart d'heure
de grâce 1 *
A trois heures enfin, la loi de dissolution
est votée, bien votée, à n'y plus revenir.On
entend comme un « ah ! » de soulagement.
tout discret,qui s'échappe destribunes et au-
quel répondent bruyamment toutes les gau-
ches. Quel dommage qu'on h'ait pu ins-
tantanément photographier l'Assemblée à
son lit de mort! A gauche, mains qui se
frottent à se détériorer l'épiderme, bras
qui s'agitent joyeusement à se rompre l'ar-
ticulation ; à droite, l'air abattu, la mine
cOIitristée, la gravité enfla qui sied à des
gess qui suivent leur propre enterre-
ment.
1 .'J
En résumé, la situation est celle-ci : on
sait bien la date où la nouvelle Chambre
commencera à siéger, mais on ignore en-
core le jour où la vieille Chambre s'arra-
chera de son velours. Il y a une foule de
projets à l'ordre du jour, soit ; mais, avant
quarante-huit heures, il n'y aura plus le
nombre de députés suffisant pour les dis-
cuter. L'Assemblée ne fera pas une sortie
imposante, an bloc ; elle se détachera par
morceaux. Il n'y a guère que la bécassine
qui supporte ce mode de dissolution.
A la tribune, on cherche à brûler le su-
cre. Cette discussion menace d'être longue;
M. Clapier en demande l'ajournement. Et,
deux heures durant, aûn de gsgaer du
temps, nous subissons des orateur qui-dis-
sertent pour savoir si l'on rH Uiscufcera
pas - j.'
A cinq heures, l'ai t eot re-
pousé, et la discussion ds la convention
est ouverte. M. Ciapier, qui s'est déjà pro-
digué en faveur de l'ajournement, s'avance
menaçant, tout prêt à combattre le projet,
à pied ou à cheval, à la lance.ou à l'épé9,
d'estoc ou de taille. A cette vue, un fris-
son de terreur coarfc dans la galle. « Con-
cluez 1 », crie-t-on à l'orateur,avant même
qu'il ait ouvert la bouche.
Parbleu ! il est bien temps de frémir l
Quant à nous, nous restons fort calme,
et nous allons vous livrer le secret de
notre surperba tranquillité.
Daux fois déjà, les sucres olit failli nous
faire -étrangler : une première fois, avec
l'aide de M. de Broglie,. alors confiseur à
l'intérieur, qui trouva trop acide une de
nos tartines kur son ami M. Buffet;
la seconde fois, grâce au concours de raffl-
neurd, fort aimables gens d'ailleurs,
qu'exaspérait notre passion pour les su-
criers. Il y a là un avertissement du ciel qui
nous indique clairement que nous aurions
tort de,nous exposer à une séance de nuit
pour persister, à la suite de ces tentatives
malheureuses, à chanter, une troisième
lois, les vertus saccharines, la perversité
des types, les avantages do l'exercice ou
les gtâces du saccharimètre.
D'ailieurs, il est des moments où toute
cea sucrerie écœure, et nous éprouvons
un malin plaisir à voir la Chambre sa dé*
pêtrer toute aaule de cette mélasse.
Comment en sortira t elle ? Nous ne sau-
;
rions rien affirmer pour l'instant. Mais
nous entrevoyons quelque chose d'extraor-
dinaire pour l'an 1876. Si l'ordre du jour
n'est pas épuisé demain, l'Assemblée re-
pp6iYdéa ges séances-; mais, comme la plu-
part des députés ont hâte de retourner dans
leurs départements, l'Assemblée sera dé-
peuplée dès lundi. Que quelqu'un s'avise
de demander l'appel nominal.
S'ils ne sont plus en nombre lufihant
pour siéger, de quel droit continueraient-
ils à légiférer? Et s'ils ne peuvent plus
continuer à légiférer, de quel droit décré-
teraient-ils qu'ils cessent de siéger?
Car, enfin, il faut tout prévoir, — même
les choses possibles.
PAUL LAFARGUE.
P. S. — A la séance de nuit, l'Assemblée,
au milieu du tumulte, a voté presque; sans
discussion la question des sucres. M.
Pouyer-Quertier. a en vain essayé d'obtenir
du gouvernement un engagement définitif
au sujet de l'exercice des raffineries. L'As-
semblée était trop impatiente pour l'écou-
ter, et l'ensemble du projet a été adopté.
On a abordé alors la question des con-
ccuions au chemin de fer du Nord. M.
Caillaux a demandé l'urgence, que M. Bra-
me a vivement combattue, sans ménager
M. le ministre des travaux publics. Après
une vive réplique de M. Montgolfier, l'ur-
gence a été votée. A onze heures et demie
la séance continuait encore.
-
Voici la liste dressée de concert entre les
différents groupes pour l'élection de la
commiln de permanence qui aura lieu
aujourd'hui.
Lepèrre j
Brelay , ;
Laserve
Noël-Parfait
Tirard :
Carré Kérisouët
Ernest Picard i
Amiral Pothuau 1
Cochery
Sebert - .1
Valentin
Ed. Charton
Rameau
ChaBgarnier :..1
Boduin *■
Combier.
Mazure i * a
Dupont l"- 7
Prétavoine
),' Vidal
D'Aurelle de Paladines.
La Rochefoucauld-Bisaocia
Lefèvre-Pontalis (Antonio)
Maurice. iii.
Hamille
Ea tout, 13 membre des gauches, Il
des droites et un de l'appel au peuple.
■ 1— 1 ■ 1. ——■ ■
La, majorité de 360 voix contre 316 qui a
repoussé, mercredi, la levée générale de
t'état de siège, telle que la commission la
demandait, se compose de toute la droite, du
centre droit, du groupe bonapartiste presque
entier et de la majorité du groupa Laver-
gne.
Les banapartistes, au nombre de 26, sont :
MM. André (Charente), Bottieau, Brame, Ca-
zeaux, Delisse-Eagrand, Dassaussoy, Ganivet;
Hamille, Johneton, La Roncière Le Noury,
Arthur Legrand, Le Provost de Launay, Le-
vert, Magne, Marchand, Martenot, le duc de
Monchy, Murat, Pouyer-Quertier, Ri vaille,
des Rotours,Roy de Loulay, Sarrette, Sens, de
Sonbeyran, Vente.
Les députés du groupe Lavergne sont MM
Allenou, Babin-Chevaye, Balsan, Beau, Bom-
pard, Delacourt, du Chaffaut, Dafournel, l'a-
miral Fourichon, Gouin,d'Haussonville, Hous-
sard, Antonin Lefèvre-Pontalis, de Lestapig,
Michel, Ferdinand Moreau, Savary, Target
et Voisin. Total, 19.
Les seuls députés du centre gauche qui se
soient séparés de leura collègues sont : MM.
Cézanne, Duréault, Rouveure et Toupet des
Vignes.
Quant aux abstentions, il y en a eu 27,
qui comprennent ; 1
6 députés de la gauche et du centre gau-
che, MM. Desbons, Victor Lefranc, le marquis
de Malleville, Max-Richard, Philippoteaux,
Teisserenc de Bort; 2 députés du groupe La-
vergne, MM. le général da Ohambron et Cla-
pier; 8 bonapartistes, MM. Bpffincfon, Eschas-
seriaux, Galloni d'Istria, Gavini, Ginoux de
Fermon, Prax-Paris, de Valon et Vast-Vi-
meux. • « • -.m*
—————-————
On nous écrit : - - *'& eils
« Il vient de paraître encore un de
ces ouvragés où, selon l'expression de
M. le garde des sceaux, le patriotisme
n'est pas moins offensé qUe la vérité.
N'y cherchez point la signature da
M. Dagué de la Fauconnerie, l'homme
aux vingt-cinq mille sous; vous_vous
tromperiez: ce nouvel écrit est l'oeuvre
d'un M. Boreau Lajanadie, publiciste
inconnu jusqu'à ce jour, mais dont le
coup d'essai est un coup d'éclat. L'Or-
dre, le Pays, la Patrie sont unanimes
à reconnaître que les plus fameux bro-
churiers de l'appel au peuple sont sur-
passés. Je ne sais pas encore où se vend
ce chef-d'œuvre, qui sera répandu sans
doute par milliers d'exemplaires, pen-
dant la période électorale, par les soins
du comité de comptabilité; .mais vous
en trouverez d'édifiants extraits dans
les journaux qué je viens de citer. »
Tout beau, notre correspondant !
Peste, si nous vous écoutions, dan$.
quelles affaires n'alliez-vous pas nous
engager ! Ce M. Borçau-Lajanadie, que
vous semblez prendre pour un des polé-
mistes de Cambden-Place, est un dépu-
té, un membre du centre droit, s'il
vous plaît, et l'une des lumières de ce
groupa aussi libéral que conservateur.
Et quand vous nous signalez sa bro-
chure, savez-vous de quoi vous parlez?
D'un rapport, d'un dernier rapport
sur les actes du gouvernement de la
Défense, distribué avant-hier mercredi
dans l'Assemblée. Ce rapport entre
dans le monde au moment où l'on ne
s'y attendait pas, quand un chacun
croyait fait et parfait le travail de la
commission d'enquête. Saisir l'occa-
sion, bien choisir le temps, n'est-ce
point un grand art? M. Boreau-Laja-
nadie, homme hablle, homme d'in-
vention, l'a su mettre en pratique. Le
rapport vient à point : à l'heure où
l'auteur le dépose, il n'est plus possi-
ble qu'il soit discuté, ni que, dans l'As-
semblée, les intéressés y répondent ;
et d'autre part, c'est à la veille des
élections que M. Boreau-Lajanadie li-
vre aux candidats de l'appel au peuple
un précieux instrument de propagande
bonapartiste, portant l'estampille d'une
des commissions instituées par l'As-
semblée. Approchez donc, monsieur
Boreau, que M. Rouher vous em-
brasse ! Au fait, vous a-t-il promis
son appui? et figurerez-vous en place
honorable sur la liste impérialiste de
la Charente? Chislehurst vous le doit
au moins, et, nous qui vous rendons
justice, nous savons que personne ne
l'a mieux que vous mérité. t
On n'avait pas encore osé écrire : ,
Montés au pouvoir en un jour de malheur,
après la plus coupable des insurrections, les
hommes du 4 septembre avaient en la pré
somption de s'appeler le Gouvernement de la
Défense Nationale.,. L'ironie de l'histoire
pourra seule leur conserver ce nom.
) Ni: r
Jamais nous ne fûmes si mal gouvernée et
si mal défendus. Jamais nous ne fûmes plus
humiliés par l'invasion et plus désolés par
l'anarchie. Jamais les ennemis de la France,
auxquels nul bonheur ne manqua pendant
cette fatale période, ne furent mieux servis
par l'incapacité, l'aveuglement et les passions
de nos chefs.
Ni:
Cette dictature de cinq mois, que nous a-t-
elle valu ? -
Elle a valu à la France des défaites, des dé-
sastres, la capitulation de Paris, le démem-
brement du pays, le traité que nous avons été
contraints de subir à Bordeaux. -
Elle a valu à la République la guerre ci-
vile. la Commune, ses crimes, l'assassinat des
otages, l'incendie de nos monuments.
Ni : 0 J,.. çyg ..,..
Qu'on ne dise pas que la continuation de
Jaguerre et les sonffraaces qui en ont été la
suite sont un legs de l'Empire, que l'Empire
en est seul responsable ! j
Ni 1
Les libertés de la France, libertés parle-
mentaires, départementales, mianicipales, on
les a foulées aux pieds. On a chassé le Corps
législatif et les cosseilsélos, pour substituer
aux conseils élus des commissions nom-
mées par les préfets; au Corps législatif
les dictateurs de l'Hôtel-de-Ville, et l'on a
maintenu ce régime de L'arbitraire et du bon
plaisir jusqu'à la chute de Paris. On aurait
voulu le conserver jusqu'à l'épuisement du
pays. • -. -
Ni : „1
Ils avaient reproché à l'empire ses candi-
datures officielles, la pression exercée par les
préfets sur les collèges électoraux ; ils ont eu
leurs candidats officieh, et ils ont exercé sur
les électeurs une pression aussi forte, sinon
plus forte, que celle des préfets impériaux.
.- i ;-i. ,-
Il doit nous suffire aujourd'hui d'a-
voir cueilli ces quelques fleurs,-de quoi
faire un joli bouquet pour la première
cérémonie bonapartiste. On nous dit
cependant que quelques impérialistes
sont alarmés de cet excès de violence
et qu'ils trouvent in petto que M. Bo-
reau-Lajanadie a été bien loin. M. P.
de Cassagnac lui-même n'aurait point
signé tout ceci sans quelques réserves,
carie parti pris et la déclamation ont cer-
taines bornes. Mais enfin, c'est un beau
succès pour le parti impérialiste d'avoir
fait dire, par un membre du centre
droit, au nom d'une Assemblée qui a
voté la déchéance de l'empire et l'a dé-
claré responsable de la ruine, de l'in-
vasion et du démembrement de la
France : que l'empire n'a péri que
par « la plus coupable des insurrec-
tions, » que « la continuation de la
guerre après le 4 septembre n'a pas
été un legs de l'empire, » et que nous
fûmes, après la chute de l'empire,
« plus humiliés par l'invasion et plus
mal défendus ! » Non, l'on ne s'était
point encore avisé de ces choses, non
plus que des reproches de despotisme
adressés au gouvernement de la Défense
nationale par ce libéral, d'état de siège
qui vient d'illustrer le beau nom de Bo-
reau-Lajanadie ! Tremblez, vous tous
qu'un souffle de patriotisme entraînait
sur les pas du gouvernement de la Dé-
fense ; tremblez vous qui avez lutté, qui
vous êtes battus,qui avez souffert; trem-
blez, soldats et chefs; tremblez, Trochu,
Dacrot, Clianz^, d'Aurelles, Billot, Fai-
dherbe; Bourbaki, généraux indignes
qui n'avez pas suivi les traces du glo-
rieux Bazaine: c'est M. Boreau-Laja-
nadie qui vous décrète d'incapacité et
de trahison ! r,.
En être venus là ! Penser que les
passions, les ambitions, les ressenti-
ments de la plus triste politique nous
ont amenés à ce point qu'il soit permis
aux feuilles bonapartistes de publier,
sous le couvert d'une commission parle-
mentaire, des extraits d'un écrit qui,
sorti de la plume du premier venu,
risquerait d'être déféré aux juges
de la sixième ehambre ! Dans quel-
que groupe de l'Assemblée qu'il soit
inscrit, l'auteur de cette manœuvre
électorale in extremis (car c'en est une)
est revendiqué par le parti de Metz et de
Sedan; il est, il ne peut être qu'un de
ces hommes qui, naguère, parlant de
l'Alsace et de la Lorraine, ont eti l'audace
de s'écrier : C'est oublié! Bien impru.
;!' t'" ■* ■■ i**' ■ »• «!«,»;
dents, car il faudrait fermer la bow-
che à ceux qui se souviennent ! Les
réfutations ne manqueront pas plus à
M. Boreau-Lajanadie qu'à MM. de
Cassagnac et Dugué, et nous avons ré-
solu, quant à nous, de recommencer
cette campagne autant de fois qu'il
plaira aux bonapartistes de nous y
convier. Mais qu'il soit entendu, dès
à présent, que l'opinion acceptera ma-
laisément l'in-quarto de M. Boreau-La-
janadie comme une œuvre parle-
mentaire. Qa'est-ce qu'un document dis-
tribué par son auteur le. 29 décembre
pour qu'il ne soit point discuté ? Et s'il
pouvait venir à la discussion, il y est
parlé du régime déchu en des termes
tels qu'à moins de mettre en pièces le
décret de Bordeaux sur la déchéance,
c'est par la question préalable que
l'Assemblée nationale devrait écar-
ter une œuvre bonapartiste entre
toutes, — une œuvre non plus de
législateur , mais de candidat, et de
quel candidat! Allons, demandez, ci-
toyens, ce qui vient de paraître ! Lisez,
dans l'Ordre et le Pays, le nouveau
mémoire pour l'abrogation du.décn«t de
déchéance, l'Empire vengé d* l'Assem-
blée nationale et du 4 Septembre, par
M. Boreau-Lajanadie, membre du cen- §
tre droit, orléaniste converti! *
EUG. LIÉBERT.
M. Raoul, notaire à Avestignan, a été
nommé membre du conseil général des
Hautes-Pyrénées pour le canton de Saint-
Laurent, par 1,617 suffrages contre 921
donnés à M. Firmin Ricaud, maHratte
pension à Saint Laurent, candidat de l'ap-
pel au peuple et qui fut l'un des agents les
plus actifs de M. Cazeaux lors de son, elec-
tion.. 1
C'est là un grand succès pour le parti
républicain, dont M. Raoul est un des plus
fermes soutiens dans le département des
Hautes-Pyrénées. -' * ****
—♦
COIiISSION DES GRÂCES
Le rapport présenté par MM. Martel et Voi-
sin sur les travaux de la commission des
grâces vient d'être distribné.
Cette comm.ission, composée de quinze mem-
bres, s'est réunie pour la première fois le 30
juin 1871, et pour la dernier.?, le 20 décembre
1875 ; fcUe a tenu 246 séances.
La cgmmisâaoa n'a en à statuer que sur
des crimes. Le droit de grâca avait é:é par-
tagé par l'a loi, entre le président de la Répu-
blique et 14 commissioa; en cas de désaccord,
le j ligament Suivait son cours. •
Le nombre total des affaires soiirafsefe à
l'examen de la commission s'élève 4 6,501.
Ces affaires, classées d'après la batura des
condamnations prononcées, se décomposent
de la manière suivante : - -
Condamnations à mort. 110
Condamnations à la déportation dans
une enceinte fortifiée. 739
Condamnations à la déportation simple 2.187
Condamnations à la détention. 1.221
Condamnations'au bannissement ", 65
Condamnations aux travaux forcés à
perpétuité 82
Condamnations aux travaux forcés à
temps -.r. ',," 134
Condamnations à la réclusion. ? .53
Condamuations à l'emprisonnement 1.891
Condamnations à l'emprisonnement ,
dans une maison de correction.. l' - 5
Condamnations à la surveillance de la
haute police. Il
'- ----
Total. 6.501
Sur les 6.501 condamnés, on comptait 6.403
hommes et 98 femmes. Relativement au tieu
d'origine, 1,709 étaient originaires du dé-
partement de la Seine, 4,598 de la province
et 194 de l'étranger.
Sur les 110 condamnations à mort, 26 seu-
lement ont été exécutées ; 83 avis ont été1 fa-
vorables à des commutations de p7jine et à
la grâce entière.
Sur les 6,501 individus ayant formé nu re-
cours en grâce, 2,502, le tiers environ, ont
obtenu, soit des commutations, soit des re-
mises partielles ou totales de leur peine.
Sur 7,965 avis émis par la commission
4,961 concluaient au rejet et 3,004 à descom-
mutatioas ou remises.
Au 1" juillet 1875, la Nouvelle-Calédonie
contenait 3,619 déportés, dont 811 à la pres-
qu'île Dneos (enceinte fortifiée), et 2.808 dans
liie des Pins. Le nombre des femmes dépor-
tées n'était que de 19.
1 3,7$1 individus avaient été embarqués pour
là Nauvelie Calédonie, mais lear nombre a
- été réduit à 3,619 par suite de 138 décès et
de 34 évasions ; la première évasion, celle de
Paul Robin, date de janvier 1874.
Aux chiffres ci-dessus il faut ajouter 256
hommes et 7 femmes condamnés aux tra-
vaux forcés pour faits insurrectionnels et
qui ont été transportés df4ns la coloiiie pé-
nitentiaire.
Au 20 novembre 1875, 1,647 condamnés de
l'insurrection de 1871 subissaient leur peiue
en Ftancé.
En résumé, 5,506 individu", condamnés
pour leur participation à la Commune, su-
bissent en ce moment leur peine en France
ou en Nouvelle-Calédonie. ,.y ^L
H, INFORMATIONS
n ":" , — •
A la tuite d'obser vations faites par plu-
sieurs députés au président de l'Assemble
nationale, le programaie des réceptlonl
officielles du 1er janvier est modifié ainsi
qu'il suit :
Le président, ayant auprès de lui les
ministres et le général gouverneur de Pa-
ris, recevra, à Versailles, de dix heures et
demie à onze heures:
L'évêque de Versailles et son clerga; le
préfet de Seine-èt-Oite, le secrétaire gné..
ral et les membres du xonseil de préfec-
ture; le président et les membres du con-
seil gé^ral de Seine-et-Oise; le maire de
Veuailles, ses adjoints et les membres du
côïps lïiunicipal ; les magistrats, le& géné-
raux et les chefs de service.
A onze heures le président de la Répu-
blique, accompagné dos minigtrei, se ren-
dra chez le président de l'Assemblée na-
tionale.
A onze heures un quart il recevra la
^n-
Sixième A-nnée - N° 1486
Prix du Numéro à 3Pat*i £ : 15 Oesxtimeg — Départements : 20 Centimes
Samedi 1er Janvier 18^6
* î c 61 Ii JI>
:a J E ¡ .J 1
t ! 1" t
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
53, rue de Lafiiyeiie* 53
Les lettres non affranchies seront refusées
ABONNEMENTS
PARIS.
Trois mois. 13 fr.
Six mois. 25
Un RR. 50
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Trois mois 1G flr.
Six mois. 32
Un an 62
- - ADMINISTRATION
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
5S, rue de liafayetle, 63
Les manuscrits non insérés ne seront pas rendus ;
,. - i
.la 1 ABONNEMEHTS 1\ :
PARIS.
Trois moi3..i.r.< 13 fr.
Six mois. 1 25
Un an 50
DÉPARTEMENTS ,
Trois mois. 16 flr.
Six mois. 32
Un an „ 62
"'- ';.. -. t
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR I;
Annonces, chez MM. LAGRANGE, CERF et Gie
-
G, place de la Bourse, 6
M
Rédacteur on chef-Gérant : E. ABOUT
t
Annonces, chez MM, LAGRANGE, CERF et Ci..
6, place de la Bonrse, 6 1
t .<" -- ';"
Imp. A. CHAIX ET Cie, rue Bergère, fO, à Paris
L'échéance du 31 décembre étant très-1
Importante, nous prions ceux de. nos sous-
cripteurs dont l'abonnement expire à la
fin de ce mois de vouloir bien nous adres-
ser dès maintenant le montant de leur re-
nOltvellement, accompagné de l'une des
dernières bandes imprimées.
- Nous rappelons à nos anciens abonnés, et
nous informons les nouveaux, que pour
leur épargner tout dérangement, nous ac-
ceptons de-disposer à vue sur eux, qrand
la demande nous en est faite, du montant
des ABONNEMENTS de six mois "OU d'un an.
Par suite du nouveau traité postal, les
prix d'abonnement pour tous les pays
d'Europe,' la France exceptée, seront, à
partir du 1er janvier, fixés comme suit :
3 mois. 17 francs.
6 mois 34
- 12 mois. 66
Le 5 Janvier prochain nous
commencerons en Feuilleton
la publication d'un roman
intitulé :
L'ORPHELINE
Par ANGE BÉNIGNE HI
Le pseudonyme d'Ange
Bénigne cache un écrivain
d'un esprit pénétrant, délicat,
et, pour tout dire en un mot,
féminin, qui a su en peu de
temps se faire adorer des
lecteurs du seul journal ou il
ait écrit, la Vie Parisienne.
BULLETIN
Paris, 31 décembre 1875.
f"-.<
L'Assemblée a eu hier, comme l'on sait,
deux séances.
La loi de dissolution — longopost tem-
pore venit — a été votée au commence-
ment de la séance de jour. L'Assemblée se
proroge à partir du 31 décembre au soir,
à moins. qu'elle ne ee proroge plus tard ;
car un amendement Jui permet de s'accor-
der un nouveau délai, si l'ordre du jour
qu'elle a fixé hier n'est pas épuisé ce soir.
La commission de permanence sera élue
au aébut de la séance d'aujourd'hui. Les
conseils municipaux se réuniront le 16
janvier à l'effet de nommer leurs délégués
électeurs sénatoriaux. Les sénateurs se-
ront élus le 30 janvier ; les députés, le 20
février. Le nouveau parlement se réunira
le 8 mars. li
La convention sur le régime des sucres
signée à Bruxelles le Il août 1875 a occu-
pé le reste de la séance de jour. L'ajourne-
ment de la question demandé par MM.
Clapier et Picard, repoussé par MM. les
ministres du commerce et des affaires
étrongères, n'a pas été adopté par l'Assem-
blée, et, après déclaration d'urgence, la
convention a été approuvée.
Un autre projet de loi sur le régime des-
sucres, déclaré d'urgence à la fin de la
séance de jour, est venu en discussion à
la séance de nuit. Il a été voté après
une courte discussion. Ensuite l'Assemblée
a abordé la loi sur les. chemins de fer,
l'a déclarée d'urgence après un assez long
débat, et en a voté l'article 1er.
On croyait généralement que le projet
4 de réformes, dit projet Andrassy, avait été
communiqué aux puissances occidentales
et à l'Italie. Il paraît, d'après des infor-
mations venues de Berlin, que cette nou-
velle était prématurée.
En revanche, une communication inter-
nationale d'un grand intérêt avait été
faite à l'insu du public. L'Union améri-
caine avait proposé, par une circulaire
envoyée à toutes les puissances, un pro-
jet de médiation relatif à la question de
Cuba, et, s'il faut en croire une dépêche
de Vienne, tous les cabinets ont approuvé
en principe cette idée.
— •»
« Eu politique, écrivait il y a quel-
ques années M. le duc d'Aumale, ce
qu'il y a de plus important à connaître,
c'est ce qui ne se.dit ni ne simprime. »
Oa nous permettra d'invoquer l'autorité
de ce grand nom pour expliquer l'em-
barras réel où nous sommes de porter
une appréciation stir les lettres des
princes d'Orléans récemment publiées
par les journaux. On y a vu que M. là
duc d'Aumale et M. le prince de Join-
vtHe étaient résolus à ne solliciter du
suffrage universel aucun mandat nou-
veau, ni pour le Sénat, ni pour la
Chambre des députés. D'autre part, on
annonce que M. le duc de Nemours et
M. le duc de Chartres refuseraient, s'il
leur était proposé, l'honneur d'entrer
dans nÕs- Assemblées délibérantes. Voi-
là ce que l'on sait, puisque cela est dit
et imprimé; mais nous sommes de l'a-
vis de M. le duo d'Aumale, ce n'est
point là ce qu'il y a -de plus important
à connaître.
Dans notre pays, où l'ambition, légi-
time ou mon, revêt plus habituellement
que partout ailleurs la forme aiguë, les
abdications provoquent toujours la sur-
prise, et quelquefois l'admiration. On
y voit volontiers l'indice d'un grand
caractère, et pour peu qu'il s'agisse
d'une personnalité en vue, on en fait
bien 1 "tÀ, iii hommeyfle Plut arque. Nous
souhaia t soit ainsi pour les
princea dwtéSCns: mais s'ils ont trop
compté sur ce revenant-bon de leur dé-
sistement, noué "craignons qu'ils saierlf
obligés d'en rabattre, et cela pour deux
raisons que nous voulons indiquer.
Le rôle que M. le duc d'Aumale et le
prince de Joinville ont joué dans l'As-
semblée nationale ôtera beaucoup aux
regrets qu'on pourrait éprouver de leur
voir abandonner la politique active.
Qu'ils l'aient voulu ou non, que cela fut
entré ou non dans leurs projets, ils
ont été les véritables chefs du centre
droit, ou, pour appeler les choses par
leur nom, de l'orléanisme. M. le duc
de Broglie, M. Bocher et quelques au-
tres, sans compter M. Buffet, n'ont été
que les porte-paroles des princes, leurs
lieutenants, leurs chargés d'affaires.
Qu'ils se soient bien ou mal acquittés
de leur tâche, là n'est point la ques-
tion. Mais ils travaillaient sous l'œil
de leurs princes, dans l'intérêt de leurs
princes, et s'il nous était permis d'em-
ployer une métaphore d'où nous excluons
toute intention blessante, nous dirions
que depuis le 24 mai, les chefs du cen-
tre droit ont agi comme ces chiens de
berger qui mordent aux jambes les
moutons retardataires, pour les obliger
à rentrer dans le rang. Combien de
Savarys se fussent révélés dans le cen-
tre droit, sans les obsessions dont ils
étaient l'objet de la part des chefs !
Leur bon sens et leur patriotisme les
inclinaient à se rapprocher du centre
gauche, mais ils n'osaient pas. On leur
montrait les princes, on leur disait:
Aurez-vous donc le courage de les lais-
ser seuls, abandonnés ? et faudra t-il
qu'ils portent en même temps le deuil
de leurs espérances et do leurs ami-
tiés ?
Les princes d'Orléans déclàrent qu'ils
avaient reçu de leurs électeurs le man-
dat de restaurer la monarchie constitu-
tionnelle. Nul, assurément, ne s'en était
douté, en dehors d'eux; dans tous les
cas, on avouera que le secret a été bien
gardé, dans les premiers temps de l'As-
semblée, alors qu'on ignorait si l'auto-
risation d'y venir siéger leur serait ac-
cordée. Mais puisqu'ils reconnaissent
eux-mêmes que leur mandat était épuisé
dès la 31 octobre 1873, pourquoi l'ont-
ils retenu jusqu'à ce jour? On ne le sait
que trop. Qaand ils virent que-la Répu-
blique s'imposait comme l'unique solu-
tion possible, ils voulurent du moins y
déposer le germe de Rouvelles espé-
rances, y placer la pierre d'attente
de leurs nouvelles ambitions. On
nous dispensera de rappeler les di-
vers articles des lois constitutionnelles
qui pôrtent l'indice de ces préoccupa-
tions. - i
Le pays n'ignore aucun de ces faits,
et la nouvelle de l'abdication imprimée
des princes n'est pas pour lui en ôter
le souvenir. En outre, il se demandera
ce qu'il faut penser au juste dal'épître
un peu déclamatoire de M. le duc d'Au-
male. Le prince déclare qu'il s'est en-
gagé, au cas où ses projets politiques
ne réussiraient pas, à continuer de ser-
vir loyalement son pays. ET JE LE
SERS 1. s'écrie-t-il; puis, sur ce mot de
théâtre, il signé : Henri d'Orléans.
Mais il est tant de moyens de servir
son pays ! Même dans l'armée, même
à la tête d'une division, le rôle d'un
soldat n'est pas toujours et en toutes
circonstances si net et si précis qu'il
soit inutile de le définir. M. le duc
d'Aumale n'est pas seulement un sol-
dat, c'est aussi un historien, et point
n'est besoin d'emprunter des exemples
anciens ou récents à la France ou à
l'Espagne, pour lui faire comprendre ce
que nous voulons dire.
Nous nous bornerons à signaler un
fait auquel il ne faudrait pas attacher
trop d'importance, mais qui coïncide
bien malheureusement avec la publica-
tion de la lettre du duc d'Aumale. Au mo-
ment même où elle paraissait dans les
journaux de France, un journal anglais,
le Times, contenait une correspondance
parisienne annonçant la candidature
éventuelle du duc d'Aumale à la prési-
dence de la République. Ce qui ne peut
se dire, on le chante ; ce qui ne peut
s'écrire en France, on le fait écrire en
Angleterre, et soyez sûrs qu'il se trou-
vera plus d'un esprit chagrin pour pré-
tendre que la correspondance anglaise
est le commentaire de la lettre fran-
çaise ; pour insinuer que le soldat reste
doublé d'un prétendant, et que lors-
qu'il écrit : Je sers, il faut comprendre,
Je me réserve !
Ces observations et d'autres aux-
quelles la malignité publique pourra
se livrer ne laisseront pas d'influer sur
le jugement de l'opinion publique;
peut-être même donnent-elles à crain-
dre que la droiture et la sincérité des
intentions des princes d'Orléans soient
méconnues ou suspectées. -
E. SCHNERB.
L'Assemblée nationale a adopté hier
les conclusions du projet de prorogation
et de dissolution, qui fixent :
Au 16 janvier les élections des délé-
gués des conseils municipaux ;
Au 30 janvier les élections sénato-
riales ; >
Au 20 février les élections législa-
tives ; , j .««* • ! J'
Au 8 mars la réunion des deux As-
semblées. - -
—— : -*■— —— ;
Le centre gauche s'est réuni hier. à midL
La réunion a décidé l'impression, à un grand
nombre d'exemplaires, du manifeste publié
par les journaux.
Tous 118 membres qui n'assistaient pas à
la dernière séance s'associent à l'approba-
tion unanime étonnée à ce document. MM.
Dauphinot et Dietz-Monnin regrettent de n'a-
voir pas vu leurs nom3 parmi les anciens
vice présidents.
Leur signature sera rétablie sur les exem-
plaires imprimés désormais.
La réunion s'occupe ensuite de la commis-
sion de permanence et dé la formation d'un
bureau électoral.
M. l'amiral Pothuau propose de voter des
remerciements au bureau delà réunion pour
le zôle et l'activité qu'il a déployés dans les
circonstances délicates que nous venons de
traverser, et à M. Ricard, qui a associé ses
efforts à ceux du bureau et qui a montré tant
de désintéressement et tant d'éloquence en
défendant la politique du centre gauche en
toute ocasion.
Cette proposition est votée à l'unanimité.
—————————— —.—..
Courrier Parlementaire
Versailles, 30 décembre 1875.
Depuis hier, nous commençons à com-
prendre tout ce que contient cette simple
phrase qu'on lit parfois dans lss lugubres
faits divers : « Le condamné a marché à
la mort avec une fermeté tranquille. »
C'est que, depuis hier, nous assistons à
d3s déchirements internes épouvantables,
à de terribles résistances extérieures, à
des étreintes qui embrasant déieSperé-
ment l'ombre de la vie.
Au début de la séance, on discute le pro-
jet de dissolution, comme qui dirait l'or-
donnance da la cérémonie funèbre. La com-
mission, à l'unanimité, déclare -que l'As-
semblée doit lever la siéga le 31 décembre,
quai que soit l'ordre du jour; la droite s'y
refilée opiniâtrement et tient à vider com-
plètement l'ordre du jour, - quitte à le
remplir le plus possible. Les droitiers ac-
cepteraient volontiers de jouer à perpétuité
le rôle de Danaïdes à rebours, et de vider
sans cesse, pourvu que ça se remplisse
constamment.
M. da Kardrel opère une tentative ; M.
Malartre implore quelques jours déplus
avec des 1 armas dans les yeux et des gon
rauques dans le gosier; M. Caillaux p^o*
fite de l'occasion et glisse ses petits che-
mins de fer. Quel malin, celui-là ! Ea voilà
un qui ne perd pas la tête et qui, si vite
qu'on enlève le couvert, trouve toujours
moyen de fourrer du dessert dans ses po-
chesl
Il y a là une heure pleine de bruit, de
mou vement et surtout de confusion ; les
questions se posent sans se résoudre et se
résolvent sans sé poser. Ce n'est plus de
l'agitation, c'est la convulsion.
Implacable, la gauche pousse, accule
les droites, qui se replient pied à pied
derrière un retranchement de scrutins ; les
républicains enlèvent Chaque vote à tour
de bras, refoulant de plus en plus leurs
adversaires, qui en sont arrivés à lutter
pour une heura, pour une demi-heure,
pour un quart d'heure, — le quart d'heure
de grâce 1 *
A trois heures enfin, la loi de dissolution
est votée, bien votée, à n'y plus revenir.On
entend comme un « ah ! » de soulagement.
tout discret,qui s'échappe destribunes et au-
quel répondent bruyamment toutes les gau-
ches. Quel dommage qu'on h'ait pu ins-
tantanément photographier l'Assemblée à
son lit de mort! A gauche, mains qui se
frottent à se détériorer l'épiderme, bras
qui s'agitent joyeusement à se rompre l'ar-
ticulation ; à droite, l'air abattu, la mine
cOIitristée, la gravité enfla qui sied à des
gess qui suivent leur propre enterre-
ment.
1 .'J
En résumé, la situation est celle-ci : on
sait bien la date où la nouvelle Chambre
commencera à siéger, mais on ignore en-
core le jour où la vieille Chambre s'arra-
chera de son velours. Il y a une foule de
projets à l'ordre du jour, soit ; mais, avant
quarante-huit heures, il n'y aura plus le
nombre de députés suffisant pour les dis-
cuter. L'Assemblée ne fera pas une sortie
imposante, an bloc ; elle se détachera par
morceaux. Il n'y a guère que la bécassine
qui supporte ce mode de dissolution.
A la tribune, on cherche à brûler le su-
cre. Cette discussion menace d'être longue;
M. Clapier en demande l'ajournement. Et,
deux heures durant, aûn de gsgaer du
temps, nous subissons des orateur qui-dis-
sertent pour savoir si l'on rH Uiscufcera
pas - j.'
A cinq heures, l'ai t eot re-
pousé, et la discussion ds la convention
est ouverte. M. Ciapier, qui s'est déjà pro-
digué en faveur de l'ajournement, s'avance
menaçant, tout prêt à combattre le projet,
à pied ou à cheval, à la lance.ou à l'épé9,
d'estoc ou de taille. A cette vue, un fris-
son de terreur coarfc dans la galle. « Con-
cluez 1 », crie-t-on à l'orateur,avant même
qu'il ait ouvert la bouche.
Parbleu ! il est bien temps de frémir l
Quant à nous, nous restons fort calme,
et nous allons vous livrer le secret de
notre surperba tranquillité.
Daux fois déjà, les sucres olit failli nous
faire -étrangler : une première fois, avec
l'aide de M. de Broglie,. alors confiseur à
l'intérieur, qui trouva trop acide une de
nos tartines kur son ami M. Buffet;
la seconde fois, grâce au concours de raffl-
neurd, fort aimables gens d'ailleurs,
qu'exaspérait notre passion pour les su-
criers. Il y a là un avertissement du ciel qui
nous indique clairement que nous aurions
tort de,nous exposer à une séance de nuit
pour persister, à la suite de ces tentatives
malheureuses, à chanter, une troisième
lois, les vertus saccharines, la perversité
des types, les avantages do l'exercice ou
les gtâces du saccharimètre.
D'ailieurs, il est des moments où toute
cea sucrerie écœure, et nous éprouvons
un malin plaisir à voir la Chambre sa dé*
pêtrer toute aaule de cette mélasse.
Comment en sortira t elle ? Nous ne sau-
;
rions rien affirmer pour l'instant. Mais
nous entrevoyons quelque chose d'extraor-
dinaire pour l'an 1876. Si l'ordre du jour
n'est pas épuisé demain, l'Assemblée re-
pp6iYdéa ges séances-; mais, comme la plu-
part des députés ont hâte de retourner dans
leurs départements, l'Assemblée sera dé-
peuplée dès lundi. Que quelqu'un s'avise
de demander l'appel nominal.
S'ils ne sont plus en nombre lufihant
pour siéger, de quel droit continueraient-
ils à légiférer? Et s'ils ne peuvent plus
continuer à légiférer, de quel droit décré-
teraient-ils qu'ils cessent de siéger?
Car, enfin, il faut tout prévoir, — même
les choses possibles.
PAUL LAFARGUE.
P. S. — A la séance de nuit, l'Assemblée,
au milieu du tumulte, a voté presque; sans
discussion la question des sucres. M.
Pouyer-Quertier. a en vain essayé d'obtenir
du gouvernement un engagement définitif
au sujet de l'exercice des raffineries. L'As-
semblée était trop impatiente pour l'écou-
ter, et l'ensemble du projet a été adopté.
On a abordé alors la question des con-
ccuions au chemin de fer du Nord. M.
Caillaux a demandé l'urgence, que M. Bra-
me a vivement combattue, sans ménager
M. le ministre des travaux publics. Après
une vive réplique de M. Montgolfier, l'ur-
gence a été votée. A onze heures et demie
la séance continuait encore.
-
Voici la liste dressée de concert entre les
différents groupes pour l'élection de la
commiln de permanence qui aura lieu
aujourd'hui.
Lepèrre j
Brelay , ;
Laserve
Noël-Parfait
Tirard :
Carré Kérisouët
Ernest Picard i
Amiral Pothuau 1
Cochery
Sebert - .1
Valentin
Ed. Charton
Rameau
ChaBgarnier :..1
Boduin *■
Combier.
Mazure i * a
Dupont l"- 7
Prétavoine
),' Vidal
D'Aurelle de Paladines.
La Rochefoucauld-Bisaocia
Lefèvre-Pontalis (Antonio)
Maurice. iii.
Hamille
Ea tout, 13 membre des gauches, Il
des droites et un de l'appel au peuple.
■ 1— 1 ■ 1. ——■ ■
La, majorité de 360 voix contre 316 qui a
repoussé, mercredi, la levée générale de
t'état de siège, telle que la commission la
demandait, se compose de toute la droite, du
centre droit, du groupe bonapartiste presque
entier et de la majorité du groupa Laver-
gne.
Les banapartistes, au nombre de 26, sont :
MM. André (Charente), Bottieau, Brame, Ca-
zeaux, Delisse-Eagrand, Dassaussoy, Ganivet;
Hamille, Johneton, La Roncière Le Noury,
Arthur Legrand, Le Provost de Launay, Le-
vert, Magne, Marchand, Martenot, le duc de
Monchy, Murat, Pouyer-Quertier, Ri vaille,
des Rotours,Roy de Loulay, Sarrette, Sens, de
Sonbeyran, Vente.
Les députés du groupe Lavergne sont MM
Allenou, Babin-Chevaye, Balsan, Beau, Bom-
pard, Delacourt, du Chaffaut, Dafournel, l'a-
miral Fourichon, Gouin,d'Haussonville, Hous-
sard, Antonin Lefèvre-Pontalis, de Lestapig,
Michel, Ferdinand Moreau, Savary, Target
et Voisin. Total, 19.
Les seuls députés du centre gauche qui se
soient séparés de leura collègues sont : MM.
Cézanne, Duréault, Rouveure et Toupet des
Vignes.
Quant aux abstentions, il y en a eu 27,
qui comprennent ; 1
6 députés de la gauche et du centre gau-
che, MM. Desbons, Victor Lefranc, le marquis
de Malleville, Max-Richard, Philippoteaux,
Teisserenc de Bort; 2 députés du groupe La-
vergne, MM. le général da Ohambron et Cla-
pier; 8 bonapartistes, MM. Bpffincfon, Eschas-
seriaux, Galloni d'Istria, Gavini, Ginoux de
Fermon, Prax-Paris, de Valon et Vast-Vi-
meux. • « • -.m*
—————-————
On nous écrit : - - *'& eils
« Il vient de paraître encore un de
ces ouvragés où, selon l'expression de
M. le garde des sceaux, le patriotisme
n'est pas moins offensé qUe la vérité.
N'y cherchez point la signature da
M. Dagué de la Fauconnerie, l'homme
aux vingt-cinq mille sous; vous_vous
tromperiez: ce nouvel écrit est l'oeuvre
d'un M. Boreau Lajanadie, publiciste
inconnu jusqu'à ce jour, mais dont le
coup d'essai est un coup d'éclat. L'Or-
dre, le Pays, la Patrie sont unanimes
à reconnaître que les plus fameux bro-
churiers de l'appel au peuple sont sur-
passés. Je ne sais pas encore où se vend
ce chef-d'œuvre, qui sera répandu sans
doute par milliers d'exemplaires, pen-
dant la période électorale, par les soins
du comité de comptabilité; .mais vous
en trouverez d'édifiants extraits dans
les journaux qué je viens de citer. »
Tout beau, notre correspondant !
Peste, si nous vous écoutions, dan$.
quelles affaires n'alliez-vous pas nous
engager ! Ce M. Borçau-Lajanadie, que
vous semblez prendre pour un des polé-
mistes de Cambden-Place, est un dépu-
té, un membre du centre droit, s'il
vous plaît, et l'une des lumières de ce
groupa aussi libéral que conservateur.
Et quand vous nous signalez sa bro-
chure, savez-vous de quoi vous parlez?
D'un rapport, d'un dernier rapport
sur les actes du gouvernement de la
Défense, distribué avant-hier mercredi
dans l'Assemblée. Ce rapport entre
dans le monde au moment où l'on ne
s'y attendait pas, quand un chacun
croyait fait et parfait le travail de la
commission d'enquête. Saisir l'occa-
sion, bien choisir le temps, n'est-ce
point un grand art? M. Boreau-Laja-
nadie, homme hablle, homme d'in-
vention, l'a su mettre en pratique. Le
rapport vient à point : à l'heure où
l'auteur le dépose, il n'est plus possi-
ble qu'il soit discuté, ni que, dans l'As-
semblée, les intéressés y répondent ;
et d'autre part, c'est à la veille des
élections que M. Boreau-Lajanadie li-
vre aux candidats de l'appel au peuple
un précieux instrument de propagande
bonapartiste, portant l'estampille d'une
des commissions instituées par l'As-
semblée. Approchez donc, monsieur
Boreau, que M. Rouher vous em-
brasse ! Au fait, vous a-t-il promis
son appui? et figurerez-vous en place
honorable sur la liste impérialiste de
la Charente? Chislehurst vous le doit
au moins, et, nous qui vous rendons
justice, nous savons que personne ne
l'a mieux que vous mérité. t
On n'avait pas encore osé écrire : ,
Montés au pouvoir en un jour de malheur,
après la plus coupable des insurrections, les
hommes du 4 septembre avaient en la pré
somption de s'appeler le Gouvernement de la
Défense Nationale.,. L'ironie de l'histoire
pourra seule leur conserver ce nom.
) Ni: r
Jamais nous ne fûmes si mal gouvernée et
si mal défendus. Jamais nous ne fûmes plus
humiliés par l'invasion et plus désolés par
l'anarchie. Jamais les ennemis de la France,
auxquels nul bonheur ne manqua pendant
cette fatale période, ne furent mieux servis
par l'incapacité, l'aveuglement et les passions
de nos chefs.
Ni:
Cette dictature de cinq mois, que nous a-t-
elle valu ? -
Elle a valu à la France des défaites, des dé-
sastres, la capitulation de Paris, le démem-
brement du pays, le traité que nous avons été
contraints de subir à Bordeaux. -
Elle a valu à la République la guerre ci-
vile. la Commune, ses crimes, l'assassinat des
otages, l'incendie de nos monuments.
Ni : 0 J,.. çyg ..,..
Qu'on ne dise pas que la continuation de
Jaguerre et les sonffraaces qui en ont été la
suite sont un legs de l'Empire, que l'Empire
en est seul responsable ! j
Ni 1
Les libertés de la France, libertés parle-
mentaires, départementales, mianicipales, on
les a foulées aux pieds. On a chassé le Corps
législatif et les cosseilsélos, pour substituer
aux conseils élus des commissions nom-
mées par les préfets; au Corps législatif
les dictateurs de l'Hôtel-de-Ville, et l'on a
maintenu ce régime de L'arbitraire et du bon
plaisir jusqu'à la chute de Paris. On aurait
voulu le conserver jusqu'à l'épuisement du
pays. • -. -
Ni : „1
Ils avaient reproché à l'empire ses candi-
datures officielles, la pression exercée par les
préfets sur les collèges électoraux ; ils ont eu
leurs candidats officieh, et ils ont exercé sur
les électeurs une pression aussi forte, sinon
plus forte, que celle des préfets impériaux.
.- i ;-i. ,-
Il doit nous suffire aujourd'hui d'a-
voir cueilli ces quelques fleurs,-de quoi
faire un joli bouquet pour la première
cérémonie bonapartiste. On nous dit
cependant que quelques impérialistes
sont alarmés de cet excès de violence
et qu'ils trouvent in petto que M. Bo-
reau-Lajanadie a été bien loin. M. P.
de Cassagnac lui-même n'aurait point
signé tout ceci sans quelques réserves,
carie parti pris et la déclamation ont cer-
taines bornes. Mais enfin, c'est un beau
succès pour le parti impérialiste d'avoir
fait dire, par un membre du centre
droit, au nom d'une Assemblée qui a
voté la déchéance de l'empire et l'a dé-
claré responsable de la ruine, de l'in-
vasion et du démembrement de la
France : que l'empire n'a péri que
par « la plus coupable des insurrec-
tions, » que « la continuation de la
guerre après le 4 septembre n'a pas
été un legs de l'empire, » et que nous
fûmes, après la chute de l'empire,
« plus humiliés par l'invasion et plus
mal défendus ! » Non, l'on ne s'était
point encore avisé de ces choses, non
plus que des reproches de despotisme
adressés au gouvernement de la Défense
nationale par ce libéral, d'état de siège
qui vient d'illustrer le beau nom de Bo-
reau-Lajanadie ! Tremblez, vous tous
qu'un souffle de patriotisme entraînait
sur les pas du gouvernement de la Dé-
fense ; tremblez vous qui avez lutté, qui
vous êtes battus,qui avez souffert; trem-
blez, soldats et chefs; tremblez, Trochu,
Dacrot, Clianz^, d'Aurelles, Billot, Fai-
dherbe; Bourbaki, généraux indignes
qui n'avez pas suivi les traces du glo-
rieux Bazaine: c'est M. Boreau-Laja-
nadie qui vous décrète d'incapacité et
de trahison ! r,.
En être venus là ! Penser que les
passions, les ambitions, les ressenti-
ments de la plus triste politique nous
ont amenés à ce point qu'il soit permis
aux feuilles bonapartistes de publier,
sous le couvert d'une commission parle-
mentaire, des extraits d'un écrit qui,
sorti de la plume du premier venu,
risquerait d'être déféré aux juges
de la sixième ehambre ! Dans quel-
que groupe de l'Assemblée qu'il soit
inscrit, l'auteur de cette manœuvre
électorale in extremis (car c'en est une)
est revendiqué par le parti de Metz et de
Sedan; il est, il ne peut être qu'un de
ces hommes qui, naguère, parlant de
l'Alsace et de la Lorraine, ont eti l'audace
de s'écrier : C'est oublié! Bien impru.
;!' t'" ■* ■■ i**' ■ »• «!«,»;
dents, car il faudrait fermer la bow-
che à ceux qui se souviennent ! Les
réfutations ne manqueront pas plus à
M. Boreau-Lajanadie qu'à MM. de
Cassagnac et Dugué, et nous avons ré-
solu, quant à nous, de recommencer
cette campagne autant de fois qu'il
plaira aux bonapartistes de nous y
convier. Mais qu'il soit entendu, dès
à présent, que l'opinion acceptera ma-
laisément l'in-quarto de M. Boreau-La-
janadie comme une œuvre parle-
mentaire. Qa'est-ce qu'un document dis-
tribué par son auteur le. 29 décembre
pour qu'il ne soit point discuté ? Et s'il
pouvait venir à la discussion, il y est
parlé du régime déchu en des termes
tels qu'à moins de mettre en pièces le
décret de Bordeaux sur la déchéance,
c'est par la question préalable que
l'Assemblée nationale devrait écar-
ter une œuvre bonapartiste entre
toutes, — une œuvre non plus de
législateur , mais de candidat, et de
quel candidat! Allons, demandez, ci-
toyens, ce qui vient de paraître ! Lisez,
dans l'Ordre et le Pays, le nouveau
mémoire pour l'abrogation du.décn«t de
déchéance, l'Empire vengé d* l'Assem-
blée nationale et du 4 Septembre, par
M. Boreau-Lajanadie, membre du cen- §
tre droit, orléaniste converti! *
EUG. LIÉBERT.
M. Raoul, notaire à Avestignan, a été
nommé membre du conseil général des
Hautes-Pyrénées pour le canton de Saint-
Laurent, par 1,617 suffrages contre 921
donnés à M. Firmin Ricaud, maHratte
pension à Saint Laurent, candidat de l'ap-
pel au peuple et qui fut l'un des agents les
plus actifs de M. Cazeaux lors de son, elec-
tion.. 1
C'est là un grand succès pour le parti
républicain, dont M. Raoul est un des plus
fermes soutiens dans le département des
Hautes-Pyrénées. -' * ****
—♦
COIiISSION DES GRÂCES
Le rapport présenté par MM. Martel et Voi-
sin sur les travaux de la commission des
grâces vient d'être distribné.
Cette comm.ission, composée de quinze mem-
bres, s'est réunie pour la première fois le 30
juin 1871, et pour la dernier.?, le 20 décembre
1875 ; fcUe a tenu 246 séances.
La cgmmisâaoa n'a en à statuer que sur
des crimes. Le droit de grâca avait é:é par-
tagé par l'a loi, entre le président de la Répu-
blique et 14 commissioa; en cas de désaccord,
le j ligament Suivait son cours. •
Le nombre total des affaires soiirafsefe à
l'examen de la commission s'élève 4 6,501.
Ces affaires, classées d'après la batura des
condamnations prononcées, se décomposent
de la manière suivante : - -
Condamnations à mort. 110
Condamnations à la déportation dans
une enceinte fortifiée. 739
Condamnations à la déportation simple 2.187
Condamnations à la détention. 1.221
Condamnations'au bannissement ", 65
Condamnations aux travaux forcés à
perpétuité 82
Condamnations aux travaux forcés à
temps -.r. ',," 134
Condamnations à la réclusion. ? .53
Condamuations à l'emprisonnement 1.891
Condamnations à l'emprisonnement ,
dans une maison de correction.. l' - 5
Condamnations à la surveillance de la
haute police. Il
'- ----
Total. 6.501
Sur les 6.501 condamnés, on comptait 6.403
hommes et 98 femmes. Relativement au tieu
d'origine, 1,709 étaient originaires du dé-
partement de la Seine, 4,598 de la province
et 194 de l'étranger.
Sur les 110 condamnations à mort, 26 seu-
lement ont été exécutées ; 83 avis ont été1 fa-
vorables à des commutations de p7jine et à
la grâce entière.
Sur les 6,501 individus ayant formé nu re-
cours en grâce, 2,502, le tiers environ, ont
obtenu, soit des commutations, soit des re-
mises partielles ou totales de leur peine.
Sur 7,965 avis émis par la commission
4,961 concluaient au rejet et 3,004 à descom-
mutatioas ou remises.
Au 1" juillet 1875, la Nouvelle-Calédonie
contenait 3,619 déportés, dont 811 à la pres-
qu'île Dneos (enceinte fortifiée), et 2.808 dans
liie des Pins. Le nombre des femmes dépor-
tées n'était que de 19.
1 3,7$1 individus avaient été embarqués pour
là Nauvelie Calédonie, mais lear nombre a
- été réduit à 3,619 par suite de 138 décès et
de 34 évasions ; la première évasion, celle de
Paul Robin, date de janvier 1874.
Aux chiffres ci-dessus il faut ajouter 256
hommes et 7 femmes condamnés aux tra-
vaux forcés pour faits insurrectionnels et
qui ont été transportés df4ns la coloiiie pé-
nitentiaire.
Au 20 novembre 1875, 1,647 condamnés de
l'insurrection de 1871 subissaient leur peiue
en Ftancé.
En résumé, 5,506 individu", condamnés
pour leur participation à la Commune, su-
bissent en ce moment leur peine en France
ou en Nouvelle-Calédonie. ,.y ^L
H, INFORMATIONS
n ":" , — •
A la tuite d'obser vations faites par plu-
sieurs députés au président de l'Assemble
nationale, le programaie des réceptlonl
officielles du 1er janvier est modifié ainsi
qu'il suit :
Le président, ayant auprès de lui les
ministres et le général gouverneur de Pa-
ris, recevra, à Versailles, de dix heures et
demie à onze heures:
L'évêque de Versailles et son clerga; le
préfet de Seine-èt-Oite, le secrétaire gné..
ral et les membres du xonseil de préfec-
ture; le président et les membres du con-
seil gé^ral de Seine-et-Oise; le maire de
Veuailles, ses adjoints et les membres du
côïps lïiunicipal ; les magistrats, le& géné-
raux et les chefs de service.
A onze heures le président de la Répu-
blique, accompagné dos minigtrei, se ren-
dra chez le président de l'Assemblée na-
tionale.
A onze heures un quart il recevra la
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