Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-11-25
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 25 novembre 1876 25 novembre 1876
Description : 1876/11/25 (A6,N1810). 1876/11/25 (A6,N1810).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
dixième Année — Ko 1810
Prix du Numéro A Paria : 15 Centimes — Départements : 20 Centimes
Samedi 25 Novembre 1876
ADMINISTRATION
Adresser les Lettres et Mandats à l'Administrateur
XTXI.O ..e JL^Si, £ s^,-yGrtrt&9 £ 3
TfUscrits non insérés ne seront pas rendus.
- : ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois 13 fr.
Six mois. :.'::s »
'Un an 50 »
DEPARTEMENTS
Trois mois 3*ï fr.
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Un an <>2
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S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
E» £ 5, irue de Lafayette
Les Lettres non affranchies seront refusées.
ABONNEMENTS
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Un an. 50 »
DEPARTEMENTS
Trois mois 26 fr.
Six mois. 32 »
Un an. 62 »
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
ÀJWORÇES : Chez MM. LAGRANGE,'
, ,,"
9, place de ta Bourse, •/•$,
AMORCES: Chez MM. LAGRANGE, CERF et Cie
Bf place de In Bourse, 8
EtXJL.I_.ETIlNr V
'.:;' - Parisy 24 novembre ±876.
La Chambre dos député??, dans «a séance
cuites. La d¡'cU';'3¡;1! '(k" l'interpellation re-
latiVe à'ia présence des troupes à l'enter-
rement civil des membres de la Légion
d'honneur n'a pas jeu lieu, le gouvernement
-ayant déposé à' ce Sujet ùn projet de loi que
l'on trouvera pfus loin et sur lequel l'ur-
gence a été-votée.
On ne sait pas encore bien exactement
quel est le véritable objet de la mission du
marquis de Salisbury. Est-il, comme on le
prétend, simplement chargé d'informer les
divers cabinets européens des résolutions
prises par le gouvernement anglais ? Ce
point doit, sans douté, faire partie des ins-j
tractions qui lui onfété données, mais nous
inclinons â penser qu'il s'occupe plutôt;
d'assurer à l'Angleterre une majorité pour
s'opposer aux propositions d'occupation mi-!
litaire des provinces insurgées, que ne
manquera pas de faire la Russie dans le
tut d'assurer l'exécution des réformes im-
posées à la Turquie par la conférence.
Le Nord revient sur le programme de la
Russie teï qu'il a été publié par divers jour-
naux; il lui semble conforme, à quelques
nuances près, à la réalité des choses. Toute-
fois, 11 pense que ce programme n'est pas ab-
solument inflexible et n'a nullement le carac-
tère d'un ultirnatura. « Cela, ajoute le Nord,
est vrai de là clause de l\>ecupation, qui«em-
ble effrayer particulièrement l'opinion,com-
me du reste. Pour notre part, nous la croyons
indispensable. Mais si l'on trouvait le
moyen d'y suppléer d'une manière efficace,
nous estimons que le gouvernement russe
n'apportèrait dans cette question aucun par-
ti pris, par cette simple raison qu'à ses
yeux, l'occupation est le moyen et non le
but. » :'
Le marquis de Salisbury a dû avoir hier
une entrevue avec l'empereur Guillaume
et le prince de Bismarck.
On annonce l'arrivée en Serbie d'une
avant-garde russe précédant un corps de
30,000 hommes. En cas de guerre avec la
Turquiece corps, formerait l'extrême droite
de l'armée russe.
---.- qo
Bourse de :P'&.r:i.s
s. *- c ; -.- Ui*-»* fi..: .:t-:'-:- "-.
CSftt»?i.1'- :'2 r;O7, Tev.RÎNFV^ YÏ».O.SHKÎ FÎTM*#©
:.t, ,'$1-
Ccaipranî.. 70 T> Vf) î;r;. 1..i.J5 .,.
Fiji, cour 70.7. v<, 70 .6t 1/2 (7 Ï/S
4 1/2 O/O
Comptant.. 100 50 100 25 ., 25
soto
Comptant. „ 104 80 104 65 15
fin cour » 104 70 ,/. 1C4 6) Ht.
PETITE BOURSE DU SOIR
Emprunt 3 0/0. 70 fr. 771/2, 871/2, 85.
Emprunt 5>0/0. 104 fi\ 67 1/2, 80 78 3/4.
Egypte .261 fr. 25, 265 6i 1/2..
Dans quelques heures le scrutin sera
ouvert pour la nomination de deux sé-
nateurs inamovibles en remplacement
de MM. AYoiowski et Letèlliêr-Valazé.
C'est bien heureux, vraiment, car il
était temps que cela finît. Pour l'hon-
neur dû Sénat, il est à souhaiter que le
public n'ait pas trop longtemps sous les
yeux le spectacle peu édifiant des que-
relles, intrigues, chicanes et marchan-
dages de toute sortè qui précèdent une
élection. Il est des moments où le cœur
vous manque à la lecture do certains
détails; Sait-on, par exemple, ce qui a
failli faire avorter décidément la coali-
tion des droites? Voici la chose : Le vé-
nérable. M. Gaulthier de Rumilly était
fort dangereusement maladé lundi der-
nier. Il est plus qu'octogénaire, et ses
amis montraient assez d'inquiétude
pour que les trafiquants de droite se
crussent déjà en droit de disposer du
siège de l'aimable et digne vieillard. Ils
s'étaient dit: D'ici à vendredi nous avons
cinq jours, c'est bien le diable si d'ici là
la mort n'a point fait son œuvre ; donc
nous pouvons tabler sur la vacance de
trois sièges au lieu de deux. Et cela, en
effet, levait toutes les difficultés ; car
ils sont trois partis à satisfaire, et du
moment que chacun avait sa part, il
n'y avait plus de contestation possible.
Oui, mais M. Gaulthier de Rumilly
est républicain, et homme d'esprit par-
dessus le marché; il n'a donc point
laissé échapper une si belle occasion de
jouer un tour aux monarchistes, et il
faisait savoir, hier, à ses nombreux
amis que non-seulement il ne donnerait
pas aux monarchistes la satisfaction de
l'enterrer si vite, mais qu'il comptait
venir m\i;:;urd'hui mèrre ou S0U[lL dépo-
ser lU'in.-T l'urne :k' fiotn 'de deux républi-
cains.
Voilà donc, de nouveau, les coalisés
dans l'embarras! Comptant sur un troi-
sième siège, ils s'étaient empressés d'al-
ler retrouver le général de Chabaud-La-
tour, qui, d'ailleurs, n'avait point cessé
de rôder dans les environs, et les sièges
avaient été ainsi distribués : le premier
à M. Chesnelong, pour les légitimistes;
le second à M. le général Vinoy, pour
les bonapartistes ; le troisième à M. de
Chabaud-Latour, pour les orléanistes.
Mais M. Gaulthier de Rumilly est vi-
vant. Il .faut donc que M. de Chabaud-
Latour retourne s'asseoir sous l'orme
en attendant une vacance. Rien de plus
simple, puisque les choses étaient ainsi
convenues avant qû'ori eût emrevul'es-
'poir.qu^un sénateur de gauche rendrait,
t nomnlé, son âme à - Dieu. - C'est
égal ; les orléanistes enragent, et ils ont
failli rompre en visière à leurs amis de
droite. Au fait, pourquoi fait-on passer
avant eux les légitimistes et les bonapar-
tistes? On a beau leur représenter qu'on
leur a donné M. Buffet; ils répondent
que M. Buffet est de ces hommes qui ne
sont d'aucun parti, les ayant servis tous
à tour dé rôle. Il est certain que les lé-
gitimistes seraient bien ingrats s'ils ou-
bliaient l'attitude de M. Buffet pendant
les négociations de 1873 ; quant aux bo-
napartistes, ils ne peuvent renier un an-
cien ministre de l'empire ; les orléanistes
enfin savent bien que M. Buffet est un
« libéral », oui, un libéral, un parlemen-
taire à la dernière mode, style Guizot
rajeuni par M. de Broglie. Donc M. Buf-
fet est à tout le monde et n'est à per-
sonne.
Comment faire ? On ne peut pourtant
pas tuer M. Gaulthier de Rumilly pour
faire place à M. de Chabaud-Latour et
contenter les orléanistes. Voici donc ce
qui a été convenu : Dorénavant, à cha-
que nouvelle élection, on choisira trois
candidats, un blanc, un bleu, un vert ;
et tant qu'ils n'auront point passé tous
les trois, aucune nouvelle candidature
ne sera admise. Puis, on recommence-
ra, et toujours ainsi, par petits tas de
trois. C'est trés-ingénieux. Ainsi l'on
sait déjà que dans la seconde série de
trois, le candidat des bonapartistes sera
M. Grandperret, et naturellement celui
des orléanistes, M. de Chabaud-La-
tour. N'est-ce pas que c'est ingénieux?
C'est pourtant ainsi qu'on sauve la fa-
mille, la propriété, la religion et le
reste. Excepté la morale pourtant.
En vérité nous croirions faire injure
aux républicains, aux constitutionnels
du Sénat, à tous ceux qui ont quelque
souci de l'honneur des Assemblées et
de leur propre dignité en ajoutant un
mot à ce que nous venons de dire. 11
est des heures, a dit Tacite, où diffi-
cile n'est point de faire son devoir, mais
tl 2vo i r, mais
de le connaître. Grâ,:;; au spectacle
qu'on a eu sous es yeux depuis quel-
ques jours,, cette difficulté disparaît,
même Pour ceux qui auraient pu éprou-
vai* tertaine hésitation. Il suffit d'être
un homme de cœur pour comprendre
que le -devoir est de ne point s'associer
aux combinaisons plus ou moins ingé-
nieuses des Mercadels de la politique.
E. SCHNERB.
LE PARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRE
Versailles, 23 novembre 1876.
On se croirait revenu aux mauvais jours
de l'Assemblée nationale; c'est animé à faire
frémir. Dans les couloirs, le monde politi-
que grouille, frétille, s'enquiert; chacun in-
terroge, nul n'est en état de répondre : les
bureaux des trois groupes de gauche sont
réunis ; le conseil des ministres délibère.
La salle est bondée de curieux ; la tribune
des sénateurs craque de gens aux aguets ;
la tribune diplomatique elle-même est con-
stellée de notabilités étrangères.
Serait-ce la crise? Le fait est qu'on re-
marque dans les couloirs de ces figures à
portefeuilles qu'on ne voit que les jours de
révolution parlementaire : M. Grivart, par
exemple.
D'après les renseignements qui arrivent,
déjà vieux du matin, on pressent le conflit,
car on ne doute pas que M. Dufaure ne
donne vaillamment, — derrière M. le gé-
néral Berthaut. Et généralement on trouve
déplorable que le ministre de la guerre
fasse son début, devant une Chambre qui
était en somme sympathique à son carac-
tère et qui espérait en son talent militaire,
dans une question où il s'agit fort peu de la
guerre et beaucoup du ministère de M. Du-
faure.
A deux heures et demie, le banc des mi-
nistres est au complet. Le bruit se répand,
comme une traînée de poudre, que la Cham-
bre va ouïr une sorte de déclaration gou-
vernementale.
— La parole est à M. le ministre de l'in-
térieur, dit M. Grévy.
A M. le ministre de l'intérieur ! Et pour-
quoi? M. le président du conseil est là à sa
place; M. le garde des sceaux, dont relève
le budget de la Légion d'honneur, se con-
fond avec M. le président du conseil en la
personne de M. Dufaure ; M. le général Ber-
thaut trône, pour la première fois, au banc
dès ministres. Que vient faire à la tribune
M. de Marcère?
Un acte de dévouement, selon nous, car
le long exposé des motifs dont il donne lec-
ture n'est pas de nature à plaire au parti
républicain. Vous le lirez, cet exposé des
motifs, et vous jugerez si la Restauration
elle-même a jamais osé produire certaines
phrases qu'il contient. Il aboutit à la loi que
voici :
Article 1er. - Les honneurs funèbres,
réglés par la loi de Messidor an XII et le
décret de 1863, continueront à être rendus
aux militaires en activité.
Article 2. — Les décrets susvisés ne se-
ront pas appliqués aux fonctionnaires de
l'Etat et dignitaires de l'ordre civil.
La loi est déjà mauvaise. Néanmoins, vu
la dureté des temps, elle aurait peut-être
trouvé des partisans si elle n'eût pas été
précédée d'aussi audacieux considérants.
Les mouvements les plus divers se pro-
duisent sur tous les bancs de la Chambre,
à droite comme à gauche; le sentiment
qui domine est la stupéfaction, la stupéfac-
tion de voir le gouvernement recourir à une
aussi misérable échappatoire. Nous cher-
chohs en vain les gens que ce subterfuge
contente.
Le président du centre gauche, M. Ger-
main, réclame l'urgence : « Au nom de la
paix publique, je vous demande de résoudre
immédiatement cette question, et j'ai la con-
viction que cette Chambre la résoudra dans
le sens de la liberté de conscience et de l'es-*
prit moderne. » L'objurgation est lancée
d'une voix forte, un peu cassante, et pro-
duit beaucoup d'effet, plus d'effet peut-être
que n'en attendait M. Germain lui-même ;
le parti républicain entier fait une ovation
au président du centre gauche.
L'urgence est votée, sauf par dix.bras de
droite. — Qu'on renvoie aux bureaux, tout
de suite, à la minute ! crient des voix à
gauche.
M. Deschanel se fait l'écho de ce désir.
La démonstration prend une tournure me-
naçante, l'hostilité est évidente, il n'y a pas
à s'y tromper ; M. Dufaure, crispé, tape sur
son pupitre ; M. de Marcère, comme étant
le ministre le plus sympathique à la ma-
jorité, se dévoue derechef.
Si les bureaux se réunissent à Pinstant,
sous le coup de la surexcitation qui agite la
salle et trouble les jugements, ce n'est cer-
tainement pas la sagesse qui va avoir le
dessus. M. de Marcère, pour cause d'étude
approfondie, obtient que les bureaux ne se
réuniront que demain.
La Chambre entière est encore à se de-
mander pourquoi c'est M. de Marcère qui a
été appelé à déposer ce projet. Et, à ce
propos, nous avons à reparer une inexacti-
tude que nous avons commise avant-hier :
nous avons eu tort de comparer - aussi
respectueusement que possib^— M.du-
faure à un bouquin; le lièvre se laisse
forcer, mais ne se terre jamais.
Budget des Cultes ; discussion générale.
M. Granier de Cassagnac, le père, a pro-
fité de cette occasion pour faire sa rentrée à
la tribune. Le physique est bien ce qu'on
peut voir de plus désagréable ; coiffez cette
tête u une casqueue ae loutre et vous élU-
rez l'image peu attrayante du geôlier de
Louis XVII, - ce qui vaut aÍeuox, ensom-
mes, que de l'affuble a/un bonnet vert.-
Louis XVII, l'affubler d'un bonnet vert. —
Le moraL.. Pa^sons; il faudrait une étude
aPJ?rofon:'le. Ce sont les qualités oratoires
91U1. relèvent, pour le moment, de notre
plume.
M. Granier de Cassagnac dédaigne le ton
provocateur qu'a son fils, mais, en re-
vanche, il a le talent qui manque à l'autre;
le père est un peu solennel, le fils est sou-
verainement emphatique; l'un habille ses
idées d'un costume correct et même élé-
gant; l'autre ne pense qu'à travestir en
Chicards des pensées en baudruche ; le vieux
a une réputation à soutenir, le jeune à la
sienne à faire,
Très-préparé, ce discours pèche principa-
lement par l'étude. Visant à porter un coup
terrible à la commission du budget, M. Gra-
nier de Cassagnac prêche contre la sépara-
tion de l'Eglise et de l'Etat, — qui est récla-
mée par douze membres de la Chambre ;
ayant la prétention de faire étalage de con-
naissances approfondies en matière bud-
gétaire, il se lance dans les détails — et ne
fournit que deschiffres erronés.
C'est calme d'ailleurs, et la claque est
maigre; les légitimistes ne semblent pas se
soucier d'appuyer de leurs bravos un bona-
partiste si compromis, même quand il seré-
sout à s'encléricaliser. Ce qui, sans contre-
dit, donne le plus d'intérêt à ce discours,
c'est la réponse qu'on attend : on dit que le
prince Napoléon va parler.
Ce régal nous a manqué.
Nous avons eu M. Baudry d'Asson, mais
ce n'est pas la même chose. Vous connais-
sez bien M. Baudry d'Asson ? Le plus grand
chasseur de France devant l'Eternel, un
Vendéen qui a une meute superbe et qui se
croit obligé de faire, à la Chambre, autant
de tapage à lui tout seul que sa meute en-
tière. M. Baudry d'Asson est loin d'être un
orateur, il est simplement un interrupteur.
Il ne devrait pas sortir de son genre, où il
excelle d'ailleurs. Le manuscrit qu'il étale
sur la tribune fait frémir l'assistance. Et
encore, lire un manuscrit, ce n'est rien, si
mauvais qu'il soit ; mais vouloir le décla-
mer, voilà qui est épouvantable!
« Taisez-vous ! Mais taisez-vous donc ! se
crient les uns aux autres les membres de la
gauche, et chacun exhorte, dans un éclat
de rire, son voisin à garder le sérieux.
Le fait est que la scène est du dernier co-
mique : M. Baudry d'Asson déclame des
choses terribles de la façon la plus burles-
que du monde ; le geste tragique s'accorde
mal avec la lecture. La tape violente sur le
thorax retentit bien avant la phrase qu'elle
doit accompagner : « Voulez-vous savoir le
sentiment. (Ici un temps; impossible de
trouver sur le feuillet le sentiment en ques-
tion ; va te promener, la tape sur le cœur
est partie trente secondes trop tôt, et M.
Baudry d'Asson, la main sur le pectoral,
est obligé de se baisser pour découvrir sur
le papier le sentiment qui lui secoue tout
l'être) d'indignation qui vibre dans le
fond de mon cœur? .Vivent Pie IX et la
France catholique ! »
Ce que les légitimistes souffrent, ce
n'est rien de le dire; ils sont à faire pitié :
M. le marquis de la Rochejacquelein se tient
la tête dans les mains et finit par s'aplatir
le nez sur sa tablette; M. le duc de Bi-
saccia fixe, immobile, regarde le bout de
son nez avec un sérieux qui est navrant;
seul, M. le comte de Mun fait assez bonne
contenance. On voit bien que celui-là a servi,
c'est un brave; quand M. Baudry d'Asson
termine, M. de Mun a le courage de le féli-
citer. Peut-être pour ne pas avoir l'air
d'être jaloux!
Pour combler la mesure, M. de Gasté
s'empare de la tribune. C'est vraiment trop
de deux Baudry d'Asson dans la même
journée ! Et chacun de s'esquiver en silence,
manœuvre intelligente qui permet à bien
des gens de ne pas ouïr M. de Kerjégu.
Une simple observation qu'il est bon de
placer en tête de ce budget des cultes : cette
commission du budget, anti-religieuse, qui
est quotidiennement accusée de persécution
à l'égard du clergé, se trouve accorder aux
prêtres plus que l'Assemblée nationale clé-
ricale ne leur a jamais octroyé.Les persécu-
tions se traduisent par des augmentations
de crédits. Si les doléances des cléricaux
ne produisaient un sentiment d'écœurement,
eMes seraient vraiment risibles.
PAUL LAFARGUE.
Échos de la Chambre
L'affluence était telle, hier, au départ du
train parlementaire, que plusieurs députés et
journalistes n'ont pu y trouver place et se sont
vus forcés d'attendre l'express de une heure
et quart.
A Versailles, l'animation était très-grande
dans les couloirs. La plupart des sénateurs se
trouvaient dans la salle des Pas-Perdus. La
question des enterrements civils, dont la dis-
cussion allait venir en séance publique, y fai-
sait l'objet de tous les commentaires. Ainsi
qu'il était aisé de le prévoir d'après les diffé-
rentes réunions tenues depuis deux jours par
les trois gauches, les députés républicains se
montraient énergiquement résolus à donner à
cette importante question une solution défini-
tive qui satisfit l'opinion publique en procla-
mant la liberté de conscience.
D'un autre côté, le gouvernement paraissant
vouloir s'en tenir aux décisions arrêtées dans
le dernier conseil des ministres, (décisions qui
consistent, on le sait, à faire rendre les hon-
neurs funèbres à la maison des légionnaires, à
moins que la famille ne demande la conduite
jusqu'à l'église et au cimetière), le conflit en-
tre la majorité et le ministère était inévitable,
et la discussion menaçait d'avoir des suites fâ-
cheuses pour le cabinet.
En présence de la gravité de la situation, les
bureaux des trois gauches s'étaient réunis avant
la séance pour examiner les diverses éventua-
lités qui pourraient se produire. Mais ayant ap-
pris que le gouvernement se proposait de pré-
senter à la Chambre un projet de loi qui serait
lu au début de la séance, les bureaux se sépa-
rèrent, ajournant toute délibération après la
lecture du projet ministériel.
On sait quel est ce projet.
A peine le ministre de l'intérieur avait-il
fini d'en donner connaissance à la Chambre
que la séance s'est trouvée interrompue de
fait. La plupart des députés s'étaient répandus
dans les couloirs et commentaient très-vive-
ment la proposition de loi et principalement
l'exposé des motifs qui la précède. Plusieurs
phrases de cet exposé ont mal sonné à l'oreille
de la majorité républicaine, dont elles blessent
les sentiments, en faisant ressortir l'esprit
étroit et peu libéral du projet de loi.
On s'accordait également à regretter que
M. de Marcère, le membre le plus sympathique
du cabinet, ait cru devoir se charger de cette
communication pénible pour la Chambre.
En résumé, le projet gouvernemental a ren-
contré auprès de la majorité l'accueil le plus
froid. Nous n'avons pas à nous étendre ici sur'
les raisons qui ont motivé cet accueil : un de
nos collaborateurs les a exposées plus haut.
Mais dés à présent, nous ne croyons pas
nous avancer beaucoup en affirmant que la
commission qui va être nommée aujourd'hui
sera presque unanimement hostile à ce malen-
contreux projet de loi.
Le gouvernement lui-même se rend compte.
parait-il, qu'il ne pourra passer, — s'il doit
passer, — que revu, corrigé et considérable-
amendé dans un sens libéral.
Quoi qu'il en soit, la journée d'aujourd ^lmi
promet d'être chaude, et la discussion qui va
s'engager nous réserve des surprises et peut-
être des émotions.
*
* *
La commission relative à la déclaration
d'utilité publique de diverses lignes de chemins
de fer s'est réunie aujourd'hui avant la séance
et a constitué son bureau.
M. Cochery a été élu président ; M. Bardoux,
vice-président, et MM. Louis Legrand et Tas-
sin, secrétaires.
EMMANUEL ARÈNE.
——————— * -.————
LES HONNEURS MILITAIRES
En voici bien d'une autre ! Il était dit
que cette question des honneurs mili-
taires et des enterrements civils serait
jusqu'au bout pleine de surprises et
de doubles fonds. Mardi dernier, une
question est posée par l'honorable M.
Floquet, interprète du sentiment una-
nime de la France libérale. M. le minis-
tre de la justice est présent, mais la
question regarde spécialement M. le mi-
nistre de la guerre. M. Dufaure « ne re-
cule devant aucune responsabilité » ;
mais il demande que M. le général Ber-
thaut soit entendu d'abord. Celui-ci est
retenu au Sénat, il ne pourra s'expli-
quer que jeudi. La Chambre s'ajourne
à jeudi.
Mercredi, c'est mne combinaison nou-
velle qui surgit. Les honneurs militai-
res seront rendus au domicile du légion-
naire, et non plus au cimetière. Toute-
fois, quand la famille en fera la demande,
le piquet escortera le convoi à l'église.
Jeudi arrive enfin. Tous les députés
sont à leur poste ; les tribunes sont plei-
nes. M. le ministre de la guerre est à
son banc, M. Dufaure également. Au-
cun d'eux cependant ne prend la parole
pour donner les explications promises
et attendues. C'est M. le ministre de
l'intérieur, l'honorable M. de Marcère,
qui monte à la tribune, et pourquoi ?
Pour déposer un projet de loi sur cette
question des honneurs militaires aux
membres de la Légion d'honneur. Qui
donc trompe-t-on ici ? Où en a-t-on voulu
venir avec ces atermoiements et con-
tradictions? En chargeant M. de Mar-
cère du dépôt de ce projet, a-t-on cher-
ché à le compromettre, ou bien a-t-on
espéré peser sur la Chambre en dépla-
çant les responsabilités, et obliger le
Parlement ou à voter un projet qui doit
lui déplaire ou à mettre personnelle-
ment en échec un des ministres qui lui
sont le plus sympathiques? Et par quelle
bonté d'âme ou quelle faiblesse singu-
lière ce ministre lui-même s'est-il prêté
au rôle que l'on voulait lui faire jouer et
qui n'était pas le sien ?
Quoi qu'il en soit de ces mystères que
l'heure n'est pas venue d'approfondir,
il est permis de dire que si l'on a compté
apporter à la Chambre un projet de loi
qui calmât l'émotion publique si légiti-
mement excitée et pût rallier la majo-
rité républicaine, on s'est gravement
trompé. Nous ne parlons pas des consi-
dérations développées dans l'exposé
des motifs; la Chambre n'a pu les écou-
ter sans protestations et nul ne les lira
sans étonnement. On ne s'attendait pas
à entendre un cabinet républicain dé-
clarer qu'à son avis l'absence des for-
mes du culte à un enterrement en de-
vait faire exclure les « manifestations
de là puissance publique, » c'est-à-dire
l'escorte d'honneur accordée au convoi.
Faire intervenir les questions religieu-
ses dans les actes de la vie civile, c'est
méconnaître l'esprit même de toutes les
constitutions qui depuis prés d'un siècle
régissent la France.
Le projet du gouvernement n'a pas
eu même le courage d'aborder de front
le problème de la liberté religieuse
que soulève son exposé des motifs. Il a
essayé de s'y dérober par un misérable
faux-fuyant ; il a entrepris de tourner
la question au lieu de la résoudre : et
c'est pour cette raison d'abord que
pour notre part nous la repoussons. Un
des grands principes de notre société,
la liberté de conscience, a été méconnu
depuis trois années. Il s'agit de savoir
si, oui ou non, cette liberté religieuse
existe encore, si tous les Français ont
devant la loi des droits égaux, quelles
que soient les doctrines religieuses dans
lesquelles ils vivent et meurent. Ce n'est
pas nous qui avons soulevé cette ques-
tion : mais puisqu'elle est posée, il est
de la dignité de la France, il est néces-
saire pour la société qu'elle soit résolue.
Il nous suffit pour condamner le projet
actuel qu'il se refuse à le faire et se dé-
robe devant le principe précisément
qu'il est plus que jamais urgent d'affir-
mer.
Et maintenant que vaut le projet en
lui-même? En voici les deux articles et
le lecteur les jugera :
Art. 1er. Les honneurs funèbres tels qu'ils
sont établis par le décret du 24 messidor an XII
et parle décret du 13 novembre 1863 continue-
ront à être rendus aux militaires de tous gra-
des en activité de service au moment de leurs
décès. ,
Art. 2. Les décrets sus-visés ne seront pas
appliqués aux membres de la Légion d'hon-
neur ni aux fonctionnaires de l'Etat de l'ordre
civii.
Autrement dit : pour éviter que les
honneurs militaires soient rendus aux
libres-penseurs; les honneurs militaires
ne seront plus rendus à personne. On
compte bien, sans doute, que parmi
ceux auxquels on les maintient, les mi-
litaires en activité de service, il ne se
trouvera aucun officier pour offrir le
scandale d'un enterrement civil. On
pourrait se tromper, cependant; il y a
des libres-penseurs parmi les militaires
aussi bien que parmi les autres hommes.
Que fera-t-oil pour ceux-là? Comment
interprétera-t-on à leur égard le décret
de 1863, dont l'interprétation précisé-
ment est le point sur lequel la Chambre
a demandé des explications à M. le mi-
nistre de la guerre? A l'égard des mili-
taires en activité de service, auxquels
on veut bien laisser les honneurs fu-
nèbres, la difficulté demeure entière.
Mais que signifie cette distinction
entre les militailles membres de la Lé-
gion d'honneur et les civils? Est-ce
qu'il y a chez nous deux Légions d'hon-
neur, deux rubans, deux croix, l'une
militaire et l'autre civile? De quel droit
priver les uns des honneurs funèbres
qui demeurent accordés aux autres?
Aux uns le témoignage public de l'es-
time de la patrie, aux autres l'indif-
férence et le dédain. Et ce n'est pas
seulement les légionnaires civils qui
n'ont jamais été que des civils que cette
humiliante distinction atteint ; c'est
un bon nombre des militaires eux-
mêmes! Voici un lieutenant, un capi-
taine, un colonel, un général; ils ont
acquis la croix par leurs loyaux ser-
vices au pays, souvent ils l'ont conquise
par une action d'éclat sur un champ
de bataille. Ils ont teint leur ruban
dans leur sang versé, et parce qu'ils
ont vécu jusqu'après l'âge de la
retraite, parce qu'ils sont rentrés dans
la vie civile, vous refuserez à leur con-
voi ces honneurs militaires si bien mé-
rités ! Leurs camarades, morts en acti-
vité de service, les ont reçus : eux, pour
avoir commis le crime de vivre quel-
ques années de trop, ils en seront privés.
Une telle iniquité de traitement est inad-
missible. Il n'est guère de famille fran-
çaise où ne se trouve quelque vétéran
qui est son honneur, il n'en est guère
qui ne se sente froissée dans son res-
pect, dans sa piété, atteinte dans sa con-
sidération par de semblables disposi-
tions.
Et pourquoi ces misérables distinc-
tions, ces subtilités sans noblesse ?
Parce que l'on craint que parmi les ci-
vils, parmi les militaires redevenus ci-
vils, il ne s'en rencontre quelques-uns
encore, comme il s'en est rencontré,
qui, étant libres-penseurs et ayant l'hor-
reur de l'hypocrisie, veuillent mourir en
libres-penseurs; parce que l'on n'ose
pas, en face du parti clérical qui gran-
dit et menace, répondre par une fran-
che affirmation de la liberté de cons-
cience et déclarer tout haut que la loi
n'a pas à connaître des opinions reli-
gieuses de chacun! En vérité, on se
sent presque humilié d'une telle abdica-
tion des principes sur lesquels repose
la société civile par ceux-là mêmes qui
en devraient être leè plus fermes repré-
sentants. La Chambre du moins, nous
en sommes sûrs, ne faillira pas à son
devoir : les acclamations qui ont ac-
cueilli la demande d'urgence présentée
par M. Germain nous en sont un sûr
garant. La France ne serait plus la
France si au moment où il s'agit de la
liberté qui lui est chère entre toutes, la
liberté de conscience, elle aussi con-
sentait à se dérober et à répondre aux
provocations par la fuite.
CHARLES BIGOT.
♦
Le Journal des Débats a reçu du prince
Czartoryski la lettre suivante :
« Monsieur le Directeur,
» Depuis quelques jours, des bruits répan-
dus avec une certaine persistance de Berlin
annoncent une agitation et même une insur-
rection imminente en Pologne. On suggère
en même temps que l'émigration polonaise ne
serait point étrangère à cette agitation.
» Je puis affirmer, d'après les renseigne-
ments les plus positifs, que tous ces bruits sont
entièrement controuvés. Il n'y a, sur toute
l'étendue de la Pologne, aucune trace d'agita-
tion, et « l'ordre règne à Varsovie. » Quant à
l'émigration polonaise, elle ne songe en au-
cune façon à pousser le pays à un mouvement
inconsidéré.
» Je vous serais obligé, monsieur le direc-
teur, de vouloir bien insérer ces quelques
lignes dans votre estimable journal, et vous
prie d'agréer l'expression de ma considération
a plus distinguée. » L. CZARTORYSKI. »
» L. CZARTORYSKI. »
——————— "I
UNE FORTE LEÇON
Un jeune ouvrier veut se pourvpir d'un
livret.
Il se présente au commissariat de son
quartier, muni de tous ses papiers ; on
lui demande des signatures, il les donne;
il croit être en règle avec toutes les for-
malités administratives, et se rend à la
préfecture de police, bureau des livrets,
pour s'y faire délivrer le sien.
Là, on lui apprend qu'il aurait dû se
pourvoir, au commissariat de @ police,
d'un papier indispensable, qui s'appelle
en style de bureau : la feuillejaune.
Le voilà donc qui retourne au com-
missariat de police et demande ingénù.
ment la feuille jaune.
— Fort bien, lui répond, remployé,
mais la feuille jaune ne se délivre à l'im-
pétrant qu'en présence de deux témoins
patentés.
— Ah ! c'est ainsi ! s'écrie l'ouvrier
furieux. Eh bien ! vous allez voir !
Il sort du bureau, court embrasser
sa mère et de là s'en va se jeter dans la
Seine la tête la première.
Dame! c'est un peu.,, raide, comme
disent les héros de Dumas fils.
Cette façon de se venger me rappelle
le fameux drame d'Eugène Delacroix,
le seul qu'il ait jamais fait, et qui n'avait
qu'une scène. Mais quelle scène !
Le théâtre représente une clairière de
forêt.
Une pauvre femme en haillons est as-
sise sur un tronc d'arbre et pleure à
fendre l'âme.
Un gendarme vient à passer :
— Qu'avez-vous, ma brave femme, lui
dit-il à sangloter de la sorte ?
- J'ai sept enfants à nourrir, et pas
de pain à leur donner. ,.
Le eendarme, ému, tire son sabre et se
le passe au travers çlu corps.
La toile tombe.
Voilà le drame d'Eugène Delacroix,
quand il le fit. Son professeur, qui lui en
avait confisqué le manuscrit, lui con-
seilla de ne plus en composer d'autre.
La logique de cet ouvrier ressemble
quelque peu à celle du gendarme d'Eu-
gène Delacroix.
Et cependant il y a des cas, lorsque
l'on a par hasard affaire à une admi-
nistration française, où l'on éprouverait
l'envie, non de se jeter soi-même à la ri-
vière, ce qui est toujours une sottise,
mais d'y jeter le plumitif, quitte à le re-
pêcher ensuite. Car il serait très-fàcheux
qu'un plumitif se noyât : l'impartiale
justice vous demanderait tout aussi bien
compte de sa suppression que s'il s'a-
gissait d'un autre homme.
Je causais ce matin avec un archi-
tecte de mes amis, qui est en train de
rafistoler une vieille maison.
Il était exaspéré.
— « Savez-vous ce qui m'arrive ? me
dit-il. J'ai besoin de changer quelque
chose aux dispositions du gaz. Je vais
à la Compagnie. On commence par me
faire signer douze feuilles de papier tim -
bré, après quoi on me renvoie à la pré-
fecture, me munir d'une permission.
C'est à se casser la tête contre le mur. »
Il parlait ainsi par métaphore.
Mais les plumitifs sont de terribles
gens !
Un des grands entrepreneurs de Pa-
ris, avec qui j'ai fhonneur d'être inti-
mement hé, me prépare les éléments
d'un mémoire où sont énumérés tou-
tes les démarches, tous les pas, tous les
mois d'attente, toutes les écritures, tou-
tes les bonnes mains, auxquelles est
condamné, à Paris, un homme qui veut
contruire une maison.
Je me propose de refaire ce travail
curieux en forme d'article. Vous ver-
rez ! Il y a de quoi rire ! - • :
FRANCISQUE SARCEY.
————————— --._-
Nouvelles d'Orient
Berlin, 22 novembre, soir.
Le marquis de Salibury est arrivé ce soir à
8 heures. L'ambassadeur d'Angleterre, à Ber-
lin, lord Odo llussel, étant malade, c'est le
premiersecrétaire d'ambassade, M. Mac-Don-
nel qui l'a reçu à la gare.
Lord Salisbury est descendu à l'hôtel Kaf.
serhof.
Il s'est rendu à 9 h. 3/4 au ministère des af-
faires étrangères auprès du prince Bismarck.
1 Berlin, 23 novembre.
L'empereur a conféré hier à quatre heures
Prix du Numéro A Paria : 15 Centimes — Départements : 20 Centimes
Samedi 25 Novembre 1876
ADMINISTRATION
Adresser les Lettres et Mandats à l'Administrateur
XTXI.O ..e JL^Si, £ s^,-yGrtrt&9 £ 3
TfUscrits non insérés ne seront pas rendus.
- : ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois 13 fr.
Six mois. :.'::s »
'Un an 50 »
DEPARTEMENTS
Trois mois 3*ï fr.
Six moi.;; »
Un an <>2
f --
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
E» £ 5, irue de Lafayette
Les Lettres non affranchies seront refusées.
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois 13 fr.
Six mois 25 »
Un an. 50 »
DEPARTEMENTS
Trois mois 26 fr.
Six mois. 32 »
Un an. 62 »
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
ÀJWORÇES : Chez MM. LAGRANGE,'
, ,,"
9, place de ta Bourse, •/•$,
AMORCES: Chez MM. LAGRANGE, CERF et Cie
Bf place de In Bourse, 8
EtXJL.I_.ETIlNr V
'.:;' - Parisy 24 novembre ±876.
La Chambre dos député??, dans «a séance
latiVe à'ia présence des troupes à l'enter-
rement civil des membres de la Légion
d'honneur n'a pas jeu lieu, le gouvernement
-ayant déposé à' ce Sujet ùn projet de loi que
l'on trouvera pfus loin et sur lequel l'ur-
gence a été-votée.
On ne sait pas encore bien exactement
quel est le véritable objet de la mission du
marquis de Salisbury. Est-il, comme on le
prétend, simplement chargé d'informer les
divers cabinets européens des résolutions
prises par le gouvernement anglais ? Ce
point doit, sans douté, faire partie des ins-j
tractions qui lui onfété données, mais nous
inclinons â penser qu'il s'occupe plutôt;
d'assurer à l'Angleterre une majorité pour
s'opposer aux propositions d'occupation mi-!
litaire des provinces insurgées, que ne
manquera pas de faire la Russie dans le
tut d'assurer l'exécution des réformes im-
posées à la Turquie par la conférence.
Le Nord revient sur le programme de la
Russie teï qu'il a été publié par divers jour-
naux; il lui semble conforme, à quelques
nuances près, à la réalité des choses. Toute-
fois, 11 pense que ce programme n'est pas ab-
solument inflexible et n'a nullement le carac-
tère d'un ultirnatura. « Cela, ajoute le Nord,
est vrai de là clause de l\>ecupation, qui«em-
ble effrayer particulièrement l'opinion,com-
me du reste. Pour notre part, nous la croyons
indispensable. Mais si l'on trouvait le
moyen d'y suppléer d'une manière efficace,
nous estimons que le gouvernement russe
n'apportèrait dans cette question aucun par-
ti pris, par cette simple raison qu'à ses
yeux, l'occupation est le moyen et non le
but. » :'
Le marquis de Salisbury a dû avoir hier
une entrevue avec l'empereur Guillaume
et le prince de Bismarck.
On annonce l'arrivée en Serbie d'une
avant-garde russe précédant un corps de
30,000 hommes. En cas de guerre avec la
Turquiece corps, formerait l'extrême droite
de l'armée russe.
---.- qo
Bourse de :P'&.r:i.s
s. *- c ; -.- Ui*-»* fi..: .:t-:'-:- "-.
CSftt»?i.1'- :'2 r;O7, Tev.RÎNFV^ YÏ».O.SHKÎ FÎTM*#©
:.t, ,'$1-
Ccaipranî.. 70 T> Vf) î;r;. 1..i.J5 .,.
Fiji, cour 70.7. v<, 70 .6t 1/2 (7 Ï/S
4 1/2 O/O
Comptant.. 100 50 100 25 ., 25
soto
Comptant. „ 104 80 104 65 15
fin cour » 104 70 ,/. 1C4 6) Ht.
PETITE BOURSE DU SOIR
Emprunt 3 0/0. 70 fr. 771/2, 871/2, 85.
Emprunt 5>0/0. 104 fi\ 67 1/2, 80 78 3/4.
Egypte .261 fr. 25, 265 6i 1/2..
Dans quelques heures le scrutin sera
ouvert pour la nomination de deux sé-
nateurs inamovibles en remplacement
de MM. AYoiowski et Letèlliêr-Valazé.
C'est bien heureux, vraiment, car il
était temps que cela finît. Pour l'hon-
neur dû Sénat, il est à souhaiter que le
public n'ait pas trop longtemps sous les
yeux le spectacle peu édifiant des que-
relles, intrigues, chicanes et marchan-
dages de toute sortè qui précèdent une
élection. Il est des moments où le cœur
vous manque à la lecture do certains
détails; Sait-on, par exemple, ce qui a
failli faire avorter décidément la coali-
tion des droites? Voici la chose : Le vé-
nérable. M. Gaulthier de Rumilly était
fort dangereusement maladé lundi der-
nier. Il est plus qu'octogénaire, et ses
amis montraient assez d'inquiétude
pour que les trafiquants de droite se
crussent déjà en droit de disposer du
siège de l'aimable et digne vieillard. Ils
s'étaient dit: D'ici à vendredi nous avons
cinq jours, c'est bien le diable si d'ici là
la mort n'a point fait son œuvre ; donc
nous pouvons tabler sur la vacance de
trois sièges au lieu de deux. Et cela, en
effet, levait toutes les difficultés ; car
ils sont trois partis à satisfaire, et du
moment que chacun avait sa part, il
n'y avait plus de contestation possible.
Oui, mais M. Gaulthier de Rumilly
est républicain, et homme d'esprit par-
dessus le marché; il n'a donc point
laissé échapper une si belle occasion de
jouer un tour aux monarchistes, et il
faisait savoir, hier, à ses nombreux
amis que non-seulement il ne donnerait
pas aux monarchistes la satisfaction de
l'enterrer si vite, mais qu'il comptait
venir m\i;:;urd'hui mèrre ou S0U[lL dépo-
ser lU'in.-T l'urne :k' fiotn 'de deux républi-
cains.
Voilà donc, de nouveau, les coalisés
dans l'embarras! Comptant sur un troi-
sième siège, ils s'étaient empressés d'al-
ler retrouver le général de Chabaud-La-
tour, qui, d'ailleurs, n'avait point cessé
de rôder dans les environs, et les sièges
avaient été ainsi distribués : le premier
à M. Chesnelong, pour les légitimistes;
le second à M. le général Vinoy, pour
les bonapartistes ; le troisième à M. de
Chabaud-Latour, pour les orléanistes.
Mais M. Gaulthier de Rumilly est vi-
vant. Il .faut donc que M. de Chabaud-
Latour retourne s'asseoir sous l'orme
en attendant une vacance. Rien de plus
simple, puisque les choses étaient ainsi
convenues avant qû'ori eût emrevul'es-
'poir.qu^un sénateur de gauche rendrait,
t nomnlé, son âme à - Dieu. - C'est
égal ; les orléanistes enragent, et ils ont
failli rompre en visière à leurs amis de
droite. Au fait, pourquoi fait-on passer
avant eux les légitimistes et les bonapar-
tistes? On a beau leur représenter qu'on
leur a donné M. Buffet; ils répondent
que M. Buffet est de ces hommes qui ne
sont d'aucun parti, les ayant servis tous
à tour dé rôle. Il est certain que les lé-
gitimistes seraient bien ingrats s'ils ou-
bliaient l'attitude de M. Buffet pendant
les négociations de 1873 ; quant aux bo-
napartistes, ils ne peuvent renier un an-
cien ministre de l'empire ; les orléanistes
enfin savent bien que M. Buffet est un
« libéral », oui, un libéral, un parlemen-
taire à la dernière mode, style Guizot
rajeuni par M. de Broglie. Donc M. Buf-
fet est à tout le monde et n'est à per-
sonne.
Comment faire ? On ne peut pourtant
pas tuer M. Gaulthier de Rumilly pour
faire place à M. de Chabaud-Latour et
contenter les orléanistes. Voici donc ce
qui a été convenu : Dorénavant, à cha-
que nouvelle élection, on choisira trois
candidats, un blanc, un bleu, un vert ;
et tant qu'ils n'auront point passé tous
les trois, aucune nouvelle candidature
ne sera admise. Puis, on recommence-
ra, et toujours ainsi, par petits tas de
trois. C'est trés-ingénieux. Ainsi l'on
sait déjà que dans la seconde série de
trois, le candidat des bonapartistes sera
M. Grandperret, et naturellement celui
des orléanistes, M. de Chabaud-La-
tour. N'est-ce pas que c'est ingénieux?
C'est pourtant ainsi qu'on sauve la fa-
mille, la propriété, la religion et le
reste. Excepté la morale pourtant.
En vérité nous croirions faire injure
aux républicains, aux constitutionnels
du Sénat, à tous ceux qui ont quelque
souci de l'honneur des Assemblées et
de leur propre dignité en ajoutant un
mot à ce que nous venons de dire. 11
est des heures, a dit Tacite, où diffi-
cile n'est point de faire son devoir, mais
tl 2vo i r, mais
de le connaître. Grâ,:;; au spectacle
qu'on a eu sous es yeux depuis quel-
ques jours,, cette difficulté disparaît,
même Pour ceux qui auraient pu éprou-
vai* tertaine hésitation. Il suffit d'être
un homme de cœur pour comprendre
que le -devoir est de ne point s'associer
aux combinaisons plus ou moins ingé-
nieuses des Mercadels de la politique.
E. SCHNERB.
LE PARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRE
Versailles, 23 novembre 1876.
On se croirait revenu aux mauvais jours
de l'Assemblée nationale; c'est animé à faire
frémir. Dans les couloirs, le monde politi-
que grouille, frétille, s'enquiert; chacun in-
terroge, nul n'est en état de répondre : les
bureaux des trois groupes de gauche sont
réunis ; le conseil des ministres délibère.
La salle est bondée de curieux ; la tribune
des sénateurs craque de gens aux aguets ;
la tribune diplomatique elle-même est con-
stellée de notabilités étrangères.
Serait-ce la crise? Le fait est qu'on re-
marque dans les couloirs de ces figures à
portefeuilles qu'on ne voit que les jours de
révolution parlementaire : M. Grivart, par
exemple.
D'après les renseignements qui arrivent,
déjà vieux du matin, on pressent le conflit,
car on ne doute pas que M. Dufaure ne
donne vaillamment, — derrière M. le gé-
néral Berthaut. Et généralement on trouve
déplorable que le ministre de la guerre
fasse son début, devant une Chambre qui
était en somme sympathique à son carac-
tère et qui espérait en son talent militaire,
dans une question où il s'agit fort peu de la
guerre et beaucoup du ministère de M. Du-
faure.
A deux heures et demie, le banc des mi-
nistres est au complet. Le bruit se répand,
comme une traînée de poudre, que la Cham-
bre va ouïr une sorte de déclaration gou-
vernementale.
— La parole est à M. le ministre de l'in-
térieur, dit M. Grévy.
A M. le ministre de l'intérieur ! Et pour-
quoi? M. le président du conseil est là à sa
place; M. le garde des sceaux, dont relève
le budget de la Légion d'honneur, se con-
fond avec M. le président du conseil en la
personne de M. Dufaure ; M. le général Ber-
thaut trône, pour la première fois, au banc
dès ministres. Que vient faire à la tribune
M. de Marcère?
Un acte de dévouement, selon nous, car
le long exposé des motifs dont il donne lec-
ture n'est pas de nature à plaire au parti
républicain. Vous le lirez, cet exposé des
motifs, et vous jugerez si la Restauration
elle-même a jamais osé produire certaines
phrases qu'il contient. Il aboutit à la loi que
voici :
Article 1er. - Les honneurs funèbres,
réglés par la loi de Messidor an XII et le
décret de 1863, continueront à être rendus
aux militaires en activité.
Article 2. — Les décrets susvisés ne se-
ront pas appliqués aux fonctionnaires de
l'Etat et dignitaires de l'ordre civil.
La loi est déjà mauvaise. Néanmoins, vu
la dureté des temps, elle aurait peut-être
trouvé des partisans si elle n'eût pas été
précédée d'aussi audacieux considérants.
Les mouvements les plus divers se pro-
duisent sur tous les bancs de la Chambre,
à droite comme à gauche; le sentiment
qui domine est la stupéfaction, la stupéfac-
tion de voir le gouvernement recourir à une
aussi misérable échappatoire. Nous cher-
chohs en vain les gens que ce subterfuge
contente.
Le président du centre gauche, M. Ger-
main, réclame l'urgence : « Au nom de la
paix publique, je vous demande de résoudre
immédiatement cette question, et j'ai la con-
viction que cette Chambre la résoudra dans
le sens de la liberté de conscience et de l'es-*
prit moderne. » L'objurgation est lancée
d'une voix forte, un peu cassante, et pro-
duit beaucoup d'effet, plus d'effet peut-être
que n'en attendait M. Germain lui-même ;
le parti républicain entier fait une ovation
au président du centre gauche.
L'urgence est votée, sauf par dix.bras de
droite. — Qu'on renvoie aux bureaux, tout
de suite, à la minute ! crient des voix à
gauche.
M. Deschanel se fait l'écho de ce désir.
La démonstration prend une tournure me-
naçante, l'hostilité est évidente, il n'y a pas
à s'y tromper ; M. Dufaure, crispé, tape sur
son pupitre ; M. de Marcère, comme étant
le ministre le plus sympathique à la ma-
jorité, se dévoue derechef.
Si les bureaux se réunissent à Pinstant,
sous le coup de la surexcitation qui agite la
salle et trouble les jugements, ce n'est cer-
tainement pas la sagesse qui va avoir le
dessus. M. de Marcère, pour cause d'étude
approfondie, obtient que les bureaux ne se
réuniront que demain.
La Chambre entière est encore à se de-
mander pourquoi c'est M. de Marcère qui a
été appelé à déposer ce projet. Et, à ce
propos, nous avons à reparer une inexacti-
tude que nous avons commise avant-hier :
nous avons eu tort de comparer - aussi
respectueusement que possib^— M.du-
faure à un bouquin; le lièvre se laisse
forcer, mais ne se terre jamais.
Budget des Cultes ; discussion générale.
M. Granier de Cassagnac, le père, a pro-
fité de cette occasion pour faire sa rentrée à
la tribune. Le physique est bien ce qu'on
peut voir de plus désagréable ; coiffez cette
tête u une casqueue ae loutre et vous élU-
rez l'image peu attrayante du geôlier de
Louis XVII, - ce qui vaut aÍeuox, ensom-
mes, que de l'affuble a/un bonnet vert.-
Louis XVII, l'affubler d'un bonnet vert. —
Le moraL.. Pa^sons; il faudrait une étude
aPJ?rofon:'le. Ce sont les qualités oratoires
91U1. relèvent, pour le moment, de notre
plume.
M. Granier de Cassagnac dédaigne le ton
provocateur qu'a son fils, mais, en re-
vanche, il a le talent qui manque à l'autre;
le père est un peu solennel, le fils est sou-
verainement emphatique; l'un habille ses
idées d'un costume correct et même élé-
gant; l'autre ne pense qu'à travestir en
Chicards des pensées en baudruche ; le vieux
a une réputation à soutenir, le jeune à la
sienne à faire,
Très-préparé, ce discours pèche principa-
lement par l'étude. Visant à porter un coup
terrible à la commission du budget, M. Gra-
nier de Cassagnac prêche contre la sépara-
tion de l'Eglise et de l'Etat, — qui est récla-
mée par douze membres de la Chambre ;
ayant la prétention de faire étalage de con-
naissances approfondies en matière bud-
gétaire, il se lance dans les détails — et ne
fournit que deschiffres erronés.
C'est calme d'ailleurs, et la claque est
maigre; les légitimistes ne semblent pas se
soucier d'appuyer de leurs bravos un bona-
partiste si compromis, même quand il seré-
sout à s'encléricaliser. Ce qui, sans contre-
dit, donne le plus d'intérêt à ce discours,
c'est la réponse qu'on attend : on dit que le
prince Napoléon va parler.
Ce régal nous a manqué.
Nous avons eu M. Baudry d'Asson, mais
ce n'est pas la même chose. Vous connais-
sez bien M. Baudry d'Asson ? Le plus grand
chasseur de France devant l'Eternel, un
Vendéen qui a une meute superbe et qui se
croit obligé de faire, à la Chambre, autant
de tapage à lui tout seul que sa meute en-
tière. M. Baudry d'Asson est loin d'être un
orateur, il est simplement un interrupteur.
Il ne devrait pas sortir de son genre, où il
excelle d'ailleurs. Le manuscrit qu'il étale
sur la tribune fait frémir l'assistance. Et
encore, lire un manuscrit, ce n'est rien, si
mauvais qu'il soit ; mais vouloir le décla-
mer, voilà qui est épouvantable!
« Taisez-vous ! Mais taisez-vous donc ! se
crient les uns aux autres les membres de la
gauche, et chacun exhorte, dans un éclat
de rire, son voisin à garder le sérieux.
Le fait est que la scène est du dernier co-
mique : M. Baudry d'Asson déclame des
choses terribles de la façon la plus burles-
que du monde ; le geste tragique s'accorde
mal avec la lecture. La tape violente sur le
thorax retentit bien avant la phrase qu'elle
doit accompagner : « Voulez-vous savoir le
sentiment. (Ici un temps; impossible de
trouver sur le feuillet le sentiment en ques-
tion ; va te promener, la tape sur le cœur
est partie trente secondes trop tôt, et M.
Baudry d'Asson, la main sur le pectoral,
est obligé de se baisser pour découvrir sur
le papier le sentiment qui lui secoue tout
l'être) d'indignation qui vibre dans le
fond de mon cœur? .Vivent Pie IX et la
France catholique ! »
Ce que les légitimistes souffrent, ce
n'est rien de le dire; ils sont à faire pitié :
M. le marquis de la Rochejacquelein se tient
la tête dans les mains et finit par s'aplatir
le nez sur sa tablette; M. le duc de Bi-
saccia fixe, immobile, regarde le bout de
son nez avec un sérieux qui est navrant;
seul, M. le comte de Mun fait assez bonne
contenance. On voit bien que celui-là a servi,
c'est un brave; quand M. Baudry d'Asson
termine, M. de Mun a le courage de le féli-
citer. Peut-être pour ne pas avoir l'air
d'être jaloux!
Pour combler la mesure, M. de Gasté
s'empare de la tribune. C'est vraiment trop
de deux Baudry d'Asson dans la même
journée ! Et chacun de s'esquiver en silence,
manœuvre intelligente qui permet à bien
des gens de ne pas ouïr M. de Kerjégu.
Une simple observation qu'il est bon de
placer en tête de ce budget des cultes : cette
commission du budget, anti-religieuse, qui
est quotidiennement accusée de persécution
à l'égard du clergé, se trouve accorder aux
prêtres plus que l'Assemblée nationale clé-
ricale ne leur a jamais octroyé.Les persécu-
tions se traduisent par des augmentations
de crédits. Si les doléances des cléricaux
ne produisaient un sentiment d'écœurement,
eMes seraient vraiment risibles.
PAUL LAFARGUE.
Échos de la Chambre
L'affluence était telle, hier, au départ du
train parlementaire, que plusieurs députés et
journalistes n'ont pu y trouver place et se sont
vus forcés d'attendre l'express de une heure
et quart.
A Versailles, l'animation était très-grande
dans les couloirs. La plupart des sénateurs se
trouvaient dans la salle des Pas-Perdus. La
question des enterrements civils, dont la dis-
cussion allait venir en séance publique, y fai-
sait l'objet de tous les commentaires. Ainsi
qu'il était aisé de le prévoir d'après les diffé-
rentes réunions tenues depuis deux jours par
les trois gauches, les députés républicains se
montraient énergiquement résolus à donner à
cette importante question une solution défini-
tive qui satisfit l'opinion publique en procla-
mant la liberté de conscience.
D'un autre côté, le gouvernement paraissant
vouloir s'en tenir aux décisions arrêtées dans
le dernier conseil des ministres, (décisions qui
consistent, on le sait, à faire rendre les hon-
neurs funèbres à la maison des légionnaires, à
moins que la famille ne demande la conduite
jusqu'à l'église et au cimetière), le conflit en-
tre la majorité et le ministère était inévitable,
et la discussion menaçait d'avoir des suites fâ-
cheuses pour le cabinet.
En présence de la gravité de la situation, les
bureaux des trois gauches s'étaient réunis avant
la séance pour examiner les diverses éventua-
lités qui pourraient se produire. Mais ayant ap-
pris que le gouvernement se proposait de pré-
senter à la Chambre un projet de loi qui serait
lu au début de la séance, les bureaux se sépa-
rèrent, ajournant toute délibération après la
lecture du projet ministériel.
On sait quel est ce projet.
A peine le ministre de l'intérieur avait-il
fini d'en donner connaissance à la Chambre
que la séance s'est trouvée interrompue de
fait. La plupart des députés s'étaient répandus
dans les couloirs et commentaient très-vive-
ment la proposition de loi et principalement
l'exposé des motifs qui la précède. Plusieurs
phrases de cet exposé ont mal sonné à l'oreille
de la majorité républicaine, dont elles blessent
les sentiments, en faisant ressortir l'esprit
étroit et peu libéral du projet de loi.
On s'accordait également à regretter que
M. de Marcère, le membre le plus sympathique
du cabinet, ait cru devoir se charger de cette
communication pénible pour la Chambre.
En résumé, le projet gouvernemental a ren-
contré auprès de la majorité l'accueil le plus
froid. Nous n'avons pas à nous étendre ici sur'
les raisons qui ont motivé cet accueil : un de
nos collaborateurs les a exposées plus haut.
Mais dés à présent, nous ne croyons pas
nous avancer beaucoup en affirmant que la
commission qui va être nommée aujourd'hui
sera presque unanimement hostile à ce malen-
contreux projet de loi.
Le gouvernement lui-même se rend compte.
parait-il, qu'il ne pourra passer, — s'il doit
passer, — que revu, corrigé et considérable-
amendé dans un sens libéral.
Quoi qu'il en soit, la journée d'aujourd ^lmi
promet d'être chaude, et la discussion qui va
s'engager nous réserve des surprises et peut-
être des émotions.
*
* *
La commission relative à la déclaration
d'utilité publique de diverses lignes de chemins
de fer s'est réunie aujourd'hui avant la séance
et a constitué son bureau.
M. Cochery a été élu président ; M. Bardoux,
vice-président, et MM. Louis Legrand et Tas-
sin, secrétaires.
EMMANUEL ARÈNE.
——————— * -.————
LES HONNEURS MILITAIRES
En voici bien d'une autre ! Il était dit
que cette question des honneurs mili-
taires et des enterrements civils serait
jusqu'au bout pleine de surprises et
de doubles fonds. Mardi dernier, une
question est posée par l'honorable M.
Floquet, interprète du sentiment una-
nime de la France libérale. M. le minis-
tre de la justice est présent, mais la
question regarde spécialement M. le mi-
nistre de la guerre. M. Dufaure « ne re-
cule devant aucune responsabilité » ;
mais il demande que M. le général Ber-
thaut soit entendu d'abord. Celui-ci est
retenu au Sénat, il ne pourra s'expli-
quer que jeudi. La Chambre s'ajourne
à jeudi.
Mercredi, c'est mne combinaison nou-
velle qui surgit. Les honneurs militai-
res seront rendus au domicile du légion-
naire, et non plus au cimetière. Toute-
fois, quand la famille en fera la demande,
le piquet escortera le convoi à l'église.
Jeudi arrive enfin. Tous les députés
sont à leur poste ; les tribunes sont plei-
nes. M. le ministre de la guerre est à
son banc, M. Dufaure également. Au-
cun d'eux cependant ne prend la parole
pour donner les explications promises
et attendues. C'est M. le ministre de
l'intérieur, l'honorable M. de Marcère,
qui monte à la tribune, et pourquoi ?
Pour déposer un projet de loi sur cette
question des honneurs militaires aux
membres de la Légion d'honneur. Qui
donc trompe-t-on ici ? Où en a-t-on voulu
venir avec ces atermoiements et con-
tradictions? En chargeant M. de Mar-
cère du dépôt de ce projet, a-t-on cher-
ché à le compromettre, ou bien a-t-on
espéré peser sur la Chambre en dépla-
çant les responsabilités, et obliger le
Parlement ou à voter un projet qui doit
lui déplaire ou à mettre personnelle-
ment en échec un des ministres qui lui
sont le plus sympathiques? Et par quelle
bonté d'âme ou quelle faiblesse singu-
lière ce ministre lui-même s'est-il prêté
au rôle que l'on voulait lui faire jouer et
qui n'était pas le sien ?
Quoi qu'il en soit de ces mystères que
l'heure n'est pas venue d'approfondir,
il est permis de dire que si l'on a compté
apporter à la Chambre un projet de loi
qui calmât l'émotion publique si légiti-
mement excitée et pût rallier la majo-
rité républicaine, on s'est gravement
trompé. Nous ne parlons pas des consi-
dérations développées dans l'exposé
des motifs; la Chambre n'a pu les écou-
ter sans protestations et nul ne les lira
sans étonnement. On ne s'attendait pas
à entendre un cabinet républicain dé-
clarer qu'à son avis l'absence des for-
mes du culte à un enterrement en de-
vait faire exclure les « manifestations
de là puissance publique, » c'est-à-dire
l'escorte d'honneur accordée au convoi.
Faire intervenir les questions religieu-
ses dans les actes de la vie civile, c'est
méconnaître l'esprit même de toutes les
constitutions qui depuis prés d'un siècle
régissent la France.
Le projet du gouvernement n'a pas
eu même le courage d'aborder de front
le problème de la liberté religieuse
que soulève son exposé des motifs. Il a
essayé de s'y dérober par un misérable
faux-fuyant ; il a entrepris de tourner
la question au lieu de la résoudre : et
c'est pour cette raison d'abord que
pour notre part nous la repoussons. Un
des grands principes de notre société,
la liberté de conscience, a été méconnu
depuis trois années. Il s'agit de savoir
si, oui ou non, cette liberté religieuse
existe encore, si tous les Français ont
devant la loi des droits égaux, quelles
que soient les doctrines religieuses dans
lesquelles ils vivent et meurent. Ce n'est
pas nous qui avons soulevé cette ques-
tion : mais puisqu'elle est posée, il est
de la dignité de la France, il est néces-
saire pour la société qu'elle soit résolue.
Il nous suffit pour condamner le projet
actuel qu'il se refuse à le faire et se dé-
robe devant le principe précisément
qu'il est plus que jamais urgent d'affir-
mer.
Et maintenant que vaut le projet en
lui-même? En voici les deux articles et
le lecteur les jugera :
Art. 1er. Les honneurs funèbres tels qu'ils
sont établis par le décret du 24 messidor an XII
et parle décret du 13 novembre 1863 continue-
ront à être rendus aux militaires de tous gra-
des en activité de service au moment de leurs
décès. ,
Art. 2. Les décrets sus-visés ne seront pas
appliqués aux membres de la Légion d'hon-
neur ni aux fonctionnaires de l'Etat de l'ordre
civii.
Autrement dit : pour éviter que les
honneurs militaires soient rendus aux
libres-penseurs; les honneurs militaires
ne seront plus rendus à personne. On
compte bien, sans doute, que parmi
ceux auxquels on les maintient, les mi-
litaires en activité de service, il ne se
trouvera aucun officier pour offrir le
scandale d'un enterrement civil. On
pourrait se tromper, cependant; il y a
des libres-penseurs parmi les militaires
aussi bien que parmi les autres hommes.
Que fera-t-oil pour ceux-là? Comment
interprétera-t-on à leur égard le décret
de 1863, dont l'interprétation précisé-
ment est le point sur lequel la Chambre
a demandé des explications à M. le mi-
nistre de la guerre? A l'égard des mili-
taires en activité de service, auxquels
on veut bien laisser les honneurs fu-
nèbres, la difficulté demeure entière.
Mais que signifie cette distinction
entre les militailles membres de la Lé-
gion d'honneur et les civils? Est-ce
qu'il y a chez nous deux Légions d'hon-
neur, deux rubans, deux croix, l'une
militaire et l'autre civile? De quel droit
priver les uns des honneurs funèbres
qui demeurent accordés aux autres?
Aux uns le témoignage public de l'es-
time de la patrie, aux autres l'indif-
férence et le dédain. Et ce n'est pas
seulement les légionnaires civils qui
n'ont jamais été que des civils que cette
humiliante distinction atteint ; c'est
un bon nombre des militaires eux-
mêmes! Voici un lieutenant, un capi-
taine, un colonel, un général; ils ont
acquis la croix par leurs loyaux ser-
vices au pays, souvent ils l'ont conquise
par une action d'éclat sur un champ
de bataille. Ils ont teint leur ruban
dans leur sang versé, et parce qu'ils
ont vécu jusqu'après l'âge de la
retraite, parce qu'ils sont rentrés dans
la vie civile, vous refuserez à leur con-
voi ces honneurs militaires si bien mé-
rités ! Leurs camarades, morts en acti-
vité de service, les ont reçus : eux, pour
avoir commis le crime de vivre quel-
ques années de trop, ils en seront privés.
Une telle iniquité de traitement est inad-
missible. Il n'est guère de famille fran-
çaise où ne se trouve quelque vétéran
qui est son honneur, il n'en est guère
qui ne se sente froissée dans son res-
pect, dans sa piété, atteinte dans sa con-
sidération par de semblables disposi-
tions.
Et pourquoi ces misérables distinc-
tions, ces subtilités sans noblesse ?
Parce que l'on craint que parmi les ci-
vils, parmi les militaires redevenus ci-
vils, il ne s'en rencontre quelques-uns
encore, comme il s'en est rencontré,
qui, étant libres-penseurs et ayant l'hor-
reur de l'hypocrisie, veuillent mourir en
libres-penseurs; parce que l'on n'ose
pas, en face du parti clérical qui gran-
dit et menace, répondre par une fran-
che affirmation de la liberté de cons-
cience et déclarer tout haut que la loi
n'a pas à connaître des opinions reli-
gieuses de chacun! En vérité, on se
sent presque humilié d'une telle abdica-
tion des principes sur lesquels repose
la société civile par ceux-là mêmes qui
en devraient être leè plus fermes repré-
sentants. La Chambre du moins, nous
en sommes sûrs, ne faillira pas à son
devoir : les acclamations qui ont ac-
cueilli la demande d'urgence présentée
par M. Germain nous en sont un sûr
garant. La France ne serait plus la
France si au moment où il s'agit de la
liberté qui lui est chère entre toutes, la
liberté de conscience, elle aussi con-
sentait à se dérober et à répondre aux
provocations par la fuite.
CHARLES BIGOT.
♦
Le Journal des Débats a reçu du prince
Czartoryski la lettre suivante :
« Monsieur le Directeur,
» Depuis quelques jours, des bruits répan-
dus avec une certaine persistance de Berlin
annoncent une agitation et même une insur-
rection imminente en Pologne. On suggère
en même temps que l'émigration polonaise ne
serait point étrangère à cette agitation.
» Je puis affirmer, d'après les renseigne-
ments les plus positifs, que tous ces bruits sont
entièrement controuvés. Il n'y a, sur toute
l'étendue de la Pologne, aucune trace d'agita-
tion, et « l'ordre règne à Varsovie. » Quant à
l'émigration polonaise, elle ne songe en au-
cune façon à pousser le pays à un mouvement
inconsidéré.
» Je vous serais obligé, monsieur le direc-
teur, de vouloir bien insérer ces quelques
lignes dans votre estimable journal, et vous
prie d'agréer l'expression de ma considération
a plus distinguée. » L. CZARTORYSKI. »
» L. CZARTORYSKI. »
——————— "I
UNE FORTE LEÇON
Un jeune ouvrier veut se pourvpir d'un
livret.
Il se présente au commissariat de son
quartier, muni de tous ses papiers ; on
lui demande des signatures, il les donne;
il croit être en règle avec toutes les for-
malités administratives, et se rend à la
préfecture de police, bureau des livrets,
pour s'y faire délivrer le sien.
Là, on lui apprend qu'il aurait dû se
pourvoir, au commissariat de @ police,
d'un papier indispensable, qui s'appelle
en style de bureau : la feuillejaune.
Le voilà donc qui retourne au com-
missariat de police et demande ingénù.
ment la feuille jaune.
— Fort bien, lui répond, remployé,
mais la feuille jaune ne se délivre à l'im-
pétrant qu'en présence de deux témoins
patentés.
— Ah ! c'est ainsi ! s'écrie l'ouvrier
furieux. Eh bien ! vous allez voir !
Il sort du bureau, court embrasser
sa mère et de là s'en va se jeter dans la
Seine la tête la première.
Dame! c'est un peu.,, raide, comme
disent les héros de Dumas fils.
Cette façon de se venger me rappelle
le fameux drame d'Eugène Delacroix,
le seul qu'il ait jamais fait, et qui n'avait
qu'une scène. Mais quelle scène !
Le théâtre représente une clairière de
forêt.
Une pauvre femme en haillons est as-
sise sur un tronc d'arbre et pleure à
fendre l'âme.
Un gendarme vient à passer :
— Qu'avez-vous, ma brave femme, lui
dit-il à sangloter de la sorte ?
- J'ai sept enfants à nourrir, et pas
de pain à leur donner. ,.
Le eendarme, ému, tire son sabre et se
le passe au travers çlu corps.
La toile tombe.
Voilà le drame d'Eugène Delacroix,
quand il le fit. Son professeur, qui lui en
avait confisqué le manuscrit, lui con-
seilla de ne plus en composer d'autre.
La logique de cet ouvrier ressemble
quelque peu à celle du gendarme d'Eu-
gène Delacroix.
Et cependant il y a des cas, lorsque
l'on a par hasard affaire à une admi-
nistration française, où l'on éprouverait
l'envie, non de se jeter soi-même à la ri-
vière, ce qui est toujours une sottise,
mais d'y jeter le plumitif, quitte à le re-
pêcher ensuite. Car il serait très-fàcheux
qu'un plumitif se noyât : l'impartiale
justice vous demanderait tout aussi bien
compte de sa suppression que s'il s'a-
gissait d'un autre homme.
Je causais ce matin avec un archi-
tecte de mes amis, qui est en train de
rafistoler une vieille maison.
Il était exaspéré.
— « Savez-vous ce qui m'arrive ? me
dit-il. J'ai besoin de changer quelque
chose aux dispositions du gaz. Je vais
à la Compagnie. On commence par me
faire signer douze feuilles de papier tim -
bré, après quoi on me renvoie à la pré-
fecture, me munir d'une permission.
C'est à se casser la tête contre le mur. »
Il parlait ainsi par métaphore.
Mais les plumitifs sont de terribles
gens !
Un des grands entrepreneurs de Pa-
ris, avec qui j'ai fhonneur d'être inti-
mement hé, me prépare les éléments
d'un mémoire où sont énumérés tou-
tes les démarches, tous les pas, tous les
mois d'attente, toutes les écritures, tou-
tes les bonnes mains, auxquelles est
condamné, à Paris, un homme qui veut
contruire une maison.
Je me propose de refaire ce travail
curieux en forme d'article. Vous ver-
rez ! Il y a de quoi rire ! - • :
FRANCISQUE SARCEY.
————————— --._-
Nouvelles d'Orient
Berlin, 22 novembre, soir.
Le marquis de Salibury est arrivé ce soir à
8 heures. L'ambassadeur d'Angleterre, à Ber-
lin, lord Odo llussel, étant malade, c'est le
premiersecrétaire d'ambassade, M. Mac-Don-
nel qui l'a reçu à la gare.
Lord Salisbury est descendu à l'hôtel Kaf.
serhof.
Il s'est rendu à 9 h. 3/4 au ministère des af-
faires étrangères auprès du prince Bismarck.
1 Berlin, 23 novembre.
L'empereur a conféré hier à quatre heures
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