Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-11-01
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 01 novembre 1876 01 novembre 1876
Description : 1876/11/01 (A6,N1787). 1876/11/01 (A6,N1787).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75573466
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
Sixième Anaée, - R* trlr
Pris du Sumere - farls » Il CéitlÉei. — léparieneati t 19 €eatlae»
Mercredi 1er Novembre 1171
LW lËi E QïlPPf
JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
êr«dr®8a«ï au Secrétaire de la Rêdactks
de 2 heures à minuit
®$5 rm® ai© Ë*i £ g>y©i&®p ©3
J# ïsHtrm Mlf. uffranchiu uro^ iif
méiiiiiiiT§
AJUf
TroIs meis.».-^="- il fr.
Six mois.* ■ H' |
?7a ta
SaPARtiSMK^rfê
Trois mois" 18 f*
Six mois. 32
Un an.-..-..-„-.—'. 65
ÀnntiWiMpflîaOc chez MM, LAGliNGB, CERF et G*
œ" reléacs <8® ft Bœanre®. œ
ADMINISTRATION
\(1rf';!;r lettres et mandats & l'Ad.l:l:!.inififi
) () ir®® alf1 SAfky«83®e. 58
Im nm insérés m 88'101118 zm r
mULUMUTé
iPAJRIS
Trois mois,»-,., ïS fr.
Six mois.-,25
Un sa.,-:' 50
«ÉPAMWIMtâ
Trois moia.16 fev
Six moit)..<.,.„:-.„ S2
Un an»«fle«<*4&ce6c<*dS m
AesaeaCM, chez MM. LAGRANGZ, GBJtF et R=
Z. jpl»e« IlIs la MOMR», (D
BULLETIN"
Paris, 31 octobre 1876.
Les deux Chambrelle sont réunies hier.
Le Sénat, après avoir tiré lé. bureaux au
sort, s'est ajourné à lundi prochain pour
discuter la loi relative à l'administration
de l'armée.
La Chambre des députés n'est ajournée
à vendredi pour discuter la proposition
Gâtineau, qui a été placée en tête de l'ordre
du jour.
Nous ne e avons encore rien de positif
sur lès réiolutions prises à Constantinople
aprèi l'entrevue du sultan avec l'ambassa-
deur de Russie. La dépêche la plus récente
que nous ayons reçue nous apprend seule-
ment que le général Ignatieff a eu diman-
che une longue conversation avee le grand-
vizir. Les ambassadeurs des six grandes
puissances ont ec suite conféré et le conseil
des ministres a dù se réunir hier. L'agence
Havas, qui nous communique ces maigres
renseignements, ajoute que les impressions
sont pacifiques*
La session du parlement allemand a été
ouverte hier à Berlin par un discours du
trône. Le télégraphe nous apporte le ré-
sumé du passage du discours relatif à la
politique extérieure de l'Allemagne. Com-
me il est d'ordinaire dans ces circonstances,
le gouvernement reste dans le vague ; il se
félicite que, malgré les difficultés actuelles
de la situation en Europe, les relations de
l'Allemagne avec les puissances répondent
à la politique pacifique de l'empereur. Le
gouvernement allemand continue à faire
d'ardent. effbrts pour entretenir do bonnes
relations avec toutes les puissances et, en
particulier, avec celles qui sont liées à
l'Allemagne par le voisinage et par l'his-
toire. Enfin, le discours affirme en termi-
nant que, « quel que soit l'avenir réservé
à l'Europe, l'Allemagne peut être frûreque
le sang de ses enfants ne sera engagé que
s'il s'agit de défendre son propre honneur
et tes propres intéréte. » Nous n'en avons
jamais douté.
Nous recevons de Saint Péterfsbourg
quelques détails intéressants sur les pro-
jets de la Russie. Au nombre des intentions
que l'on attribue au gouvernement russe
- il en est une qui mérite une mention spé-
eiale et qui jouit d'un assez grand crédit.
Elle expliquerait du reste, d'une manière
fort vraisemblable, le retour vers l'idée
que la Russie ne veut pas entamer régu-
lièrement les hostilités, tout en accomplis-
sant sa mission protectrice vis-à-vis des
populations chrétiennes de l'Orient. Il au-
rait été décidé, assure-t on, dans les con-
seils de Livadia, de ne pas donner suite
aux projets primitifs de faire occuper la
Bulgarie par l'armée russe. La Russie évi-
terait ainsi d'entrer directement en hosti-
lité avec la Turquie. La Roumanie, dont
l'armée est, dit-on, toute prête, se charge-
rait de cette occupation et déclarerait la
guerre à la Porte, faisant immédiatement
passer ses régiments dans les provinces
turques. Au besoin, une partie de l'armée
russe occuperait la Roumanie et serait en
mesure de la défendre contre toute inva-
sion de l'armée ottomane. On va même plus
loin. On assure que le moment où doit com-
mencer ce double mouvement est proche ;
l'entente avec le prince Charles serait con-
clue et le passage du Danube, par l'armée
roumaine, sur des pontons construits
exprès, serait déjà préparé.
C'est ainsi que les armées russes ne pas-
seraient pas sur le sol ottoman ; la Rou
manie accomplirait la besogne, tandis que
la Russie, témoignant de tout son désinté-
ressement, ne pourrait être accusée par au-
cune nation de l'Europe d'agir par ambi-
tion personnelle. Ce n'est pas seulement
sur la Roumanie que compterait la Russie,
mais auisi sur la Grèce, dont les griefs
contre la Turquie sont nombreux, qui n'a
pas achevé l'œuvre de l'indépendance et
chez laquelle se révèle en ce moment une
effervescence extraordinaire. Elle aussi,
dès que la mobilisation de ses troupes et
ses armements seraient prêts et que les
événements en indiqueraient l'opportunité,
entrerait ouvertement en campagne.
Nous ne prétendons certes pas affirmer
que telles sont réellement les intentions de
la Russie. Nous avons, toutefois, cru devoir
donner ces renseignements, qui aident à
expliquer l'attitude nouvelle qu'ont prise
tout à coup la Roumanie et la Grèce.
P. S. Au moment de mettre sous presse,
l'agence Havas nous communique la nou-
velle que les Turcs se seraient définitive-
ment emparés de Djunis. L'armée serbe,
mécontente du général Tchernaï ff, aurait
refusé de se battre ; les volontaires russes
auraient seuls résisté et auraient éprouvé
des pertes considérables.
L'agence Maclean nous communique des
dépêches que nous reproduisons sous les
plus expresses réserves. La Roumanie,
d'après ces dépêches, aurait déclaré la
guerre à la Turquie et, fait plus grave
encore, le général prussien Blumenthal
deviendrait général en chfef de l'armée rou-
maine.
Nous ferons remarquer, en outre, que
nous n'avons reçu aucune dépêche de notre
correspondant de Bucharest, admirable-
ment placé cependant et qui n'eü t pas
manqué de nous télégraphier imméàiate.
ment des nouvelles aussi graves. Nous
publions donc, nous le répétons, ces dépê-
ches à simple titre de renseignements, sans
en aisumer en rien la responsabilité.
BOURSE DE PARIS
Pris du Sumere - farls » Il CéitlÉei. — léparieneati t 19 €eatlae»
Mercredi 1er Novembre 1171
LW lËi E QïlPPf
JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
êr«dr®8a«ï au Secrétaire de la Rêdactks
de 2 heures à minuit
®$5 rm® ai© Ë*i £ g>y©i&®p ©3
J# ïsHtrm Mlf. uffranchiu uro^ iif
méiiiiiiiT§
AJUf
TroIs meis.».-^="- il fr.
Six mois.* ■ H' |
?7a ta
SaPARtiSMK^rfê
Trois mois" 18 f*
Six mois. 32
Un an.-..-..-„-.—'. 65
ÀnntiWiMpflîaOc chez MM, LAGliNGB, CERF et G*
œ" reléacs <8® ft Bœanre®. œ
ADMINISTRATION
\(1rf';!;r lettres et mandats & l'Ad.l:l:!.inififi
) () ir®® alf1 SAfky«83®e. 58
Im nm insérés m 88'101118 zm r
mULUMUTé
iPAJRIS
Trois mois,»-,., ïS fr.
Six mois.-,25
Un sa.,-:' 50
«ÉPAMWIMtâ
Trois moia.16 fev
Six moit)..<.,.„:-.„ S2
Un an»«fle«<*4&ce6c<*dS m
AesaeaCM, chez MM. LAGRANGZ, GBJtF et R=
Z. jpl»e« IlIs la MOMR», (D
BULLETIN"
Paris, 31 octobre 1876.
Les deux Chambrelle sont réunies hier.
Le Sénat, après avoir tiré lé. bureaux au
sort, s'est ajourné à lundi prochain pour
discuter la loi relative à l'administration
de l'armée.
La Chambre des députés n'est ajournée
à vendredi pour discuter la proposition
Gâtineau, qui a été placée en tête de l'ordre
du jour.
Nous ne e avons encore rien de positif
sur lès réiolutions prises à Constantinople
aprèi l'entrevue du sultan avec l'ambassa-
deur de Russie. La dépêche la plus récente
que nous ayons reçue nous apprend seule-
ment que le général Ignatieff a eu diman-
che une longue conversation avee le grand-
vizir. Les ambassadeurs des six grandes
puissances ont ec suite conféré et le conseil
des ministres a dù se réunir hier. L'agence
Havas, qui nous communique ces maigres
renseignements, ajoute que les impressions
sont pacifiques*
La session du parlement allemand a été
ouverte hier à Berlin par un discours du
trône. Le télégraphe nous apporte le ré-
sumé du passage du discours relatif à la
politique extérieure de l'Allemagne. Com-
me il est d'ordinaire dans ces circonstances,
le gouvernement reste dans le vague ; il se
félicite que, malgré les difficultés actuelles
de la situation en Europe, les relations de
l'Allemagne avec les puissances répondent
à la politique pacifique de l'empereur. Le
gouvernement allemand continue à faire
d'ardent. effbrts pour entretenir do bonnes
relations avec toutes les puissances et, en
particulier, avec celles qui sont liées à
l'Allemagne par le voisinage et par l'his-
toire. Enfin, le discours affirme en termi-
nant que, « quel que soit l'avenir réservé
à l'Europe, l'Allemagne peut être frûreque
le sang de ses enfants ne sera engagé que
s'il s'agit de défendre son propre honneur
et tes propres intéréte. » Nous n'en avons
jamais douté.
Nous recevons de Saint Péterfsbourg
quelques détails intéressants sur les pro-
jets de la Russie. Au nombre des intentions
que l'on attribue au gouvernement russe
- il en est une qui mérite une mention spé-
eiale et qui jouit d'un assez grand crédit.
Elle expliquerait du reste, d'une manière
fort vraisemblable, le retour vers l'idée
que la Russie ne veut pas entamer régu-
lièrement les hostilités, tout en accomplis-
sant sa mission protectrice vis-à-vis des
populations chrétiennes de l'Orient. Il au-
rait été décidé, assure-t on, dans les con-
seils de Livadia, de ne pas donner suite
aux projets primitifs de faire occuper la
Bulgarie par l'armée russe. La Russie évi-
terait ainsi d'entrer directement en hosti-
lité avec la Turquie. La Roumanie, dont
l'armée est, dit-on, toute prête, se charge-
rait de cette occupation et déclarerait la
guerre à la Porte, faisant immédiatement
passer ses régiments dans les provinces
turques. Au besoin, une partie de l'armée
russe occuperait la Roumanie et serait en
mesure de la défendre contre toute inva-
sion de l'armée ottomane. On va même plus
loin. On assure que le moment où doit com-
mencer ce double mouvement est proche ;
l'entente avec le prince Charles serait con-
clue et le passage du Danube, par l'armée
roumaine, sur des pontons construits
exprès, serait déjà préparé.
C'est ainsi que les armées russes ne pas-
seraient pas sur le sol ottoman ; la Rou
manie accomplirait la besogne, tandis que
la Russie, témoignant de tout son désinté-
ressement, ne pourrait être accusée par au-
cune nation de l'Europe d'agir par ambi-
tion personnelle. Ce n'est pas seulement
sur la Roumanie que compterait la Russie,
mais auisi sur la Grèce, dont les griefs
contre la Turquie sont nombreux, qui n'a
pas achevé l'œuvre de l'indépendance et
chez laquelle se révèle en ce moment une
effervescence extraordinaire. Elle aussi,
dès que la mobilisation de ses troupes et
ses armements seraient prêts et que les
événements en indiqueraient l'opportunité,
entrerait ouvertement en campagne.
Nous ne prétendons certes pas affirmer
que telles sont réellement les intentions de
la Russie. Nous avons, toutefois, cru devoir
donner ces renseignements, qui aident à
expliquer l'attitude nouvelle qu'ont prise
tout à coup la Roumanie et la Grèce.
P. S. Au moment de mettre sous presse,
l'agence Havas nous communique la nou-
velle que les Turcs se seraient définitive-
ment emparés de Djunis. L'armée serbe,
mécontente du général Tchernaï ff, aurait
refusé de se battre ; les volontaires russes
auraient seuls résisté et auraient éprouvé
des pertes considérables.
L'agence Maclean nous communique des
dépêches que nous reproduisons sous les
plus expresses réserves. La Roumanie,
d'après ces dépêches, aurait déclaré la
guerre à la Turquie et, fait plus grave
encore, le général prussien Blumenthal
deviendrait général en chfef de l'armée rou-
maine.
Nous ferons remarquer, en outre, que
nous n'avons reçu aucune dépêche de notre
correspondant de Bucharest, admirable-
ment placé cependant et qui n'eü t pas
manqué de nous télégraphier imméàiate.
ment des nouvelles aussi graves. Nous
publions donc, nous le répétons, ces dépê-
ches à simple titre de renseignements, sans
en aisumer en rien la responsabilité.
BOURSE DE PARIS
8 O/O
domptant 69 80,/. 69 75. 05.
Hecouï. 6985. 6970. 15.
4 il il 010
Oespt&Bt 98 50 98 75./- 25./
s o/o
îoKjrtani 105 40 105 27 1 2 12 1/2
riBMHf. 105 32 1 2 Î05 20 12 1 2
rJBTïTS BOURSE DU lOïS
Emprunt à 0/0.. 69 fr. 90, 70 fr. 02 1/2,
70 fraiics.
Sraprnnt 50rt , 105 fr. 22 1/2, 38 3/4,
105 fr. 32 1/2.
5 0/Gtsro • 11 fr. 40, 45.
Bas que Ottomme. 362 fr. 50.
Kgypite», 203 fr. 75, 203 12.
LA BATAILLE DE DJUNIS
Nous recevons des dépêches qui annon-
cent que les Serbes auraient éprouvé une
sérieuse défaite. Des Tares, après un com-
bat asharné, se seraient emparés de Djunis,
ce qui rendrait Deligrad intenable.
On télégraphie à l'agence FIavAs :
Belgrade, 30 octobre.
Hier, on s'est battu toute la journée. Les
résultats sont écrasants pour la Serbie.
L'artillerie serbe, irritée des façons trop
dédaigneuses de Tchernaïeff, refusa de se
battre, abandonna la position de Dj unit.et
prit la fuite. Aucune remontrance ne put la
décider à faire son devoir.
Les Turcs attaquèrent les hauteurs de
Djunis, défendues par les Russes seuls, dont
la moitié périrent. Après un combat des plus
acharnés, les Turcs prirent les Hauteit's,cou-
pant l'armée serbe en deux. Tchernaïeff se
transporta avec une partie de son armée et
son quartier général à Ragani; puis, comme
ayant perdu la tête, retourna dans les envi-
rons de Deligrad.
Le colonel IIorvatovitch, à la tête de son
corps d'armée, soutint une lutte acharnée ;
mais il fat battu complètement et rejeté sur
Kruchevatz,
La prise de Djunis est d'une grande im-
portance, attendu que Deligrad est intena-
ble.
Uce grande panique règne à B3lgrade.Tout«
la nuit, des patrouilles ont parcouru la ville,
sommant les officiers rosses résidant à Bel-
grade de se rendre au ministère de la guerre,
qni les à envoyés à l'armée.
Le prince Milan est parti aujourd'hui pour
l'armée, escorté par des Russes.
Hie -, une longue conférence a eu lieu entre
le prince et M, de Kartzoff, consul général de
Russie.
Le Daily News publie la dépêche sui-
vante :
Belgrade; 29 octobre.
Hoivatovitch avait envoyé un major tusse
avec des troupes pour rétablir les communi-
cations qui avaient été coupées entre son
corps et le gros des troupes.
C'est à ce moment que les Turcs s'emparè-
rent de Djunis même. Lé major revint en
disant qu'il ne pouvait passer. On raconte
que Hérvatovitch a brûlé la cervelle au major
sur-le-champ, se mit lui-même à la tôte des
troupes, repoussa les Turcs et rétablit les
communications,
Pendant la série d'engagements autour de
Djunis, un officier russe nommé Popoff fut
entièrement entouré avec son bataillon. Mais
préférant mourir que se rendre, il continua
une résistance désespérée jusqu'à ce que des
renforts fussent arrivés et sauva ainsi la po-
sition.
.40
Le Parlement a repris séance. Au
Sénat on a décidé que la discussion du
projet de loi sur l'administration de
l'armée serait placée en tête de l'ordre
du jour de lundi prochain ; puis on s'est
séparé. A la Chambre, on a fixé, sans
débat, à vendredi prochain, la discus-
sion de la proposition Gatineau. ,
Sur ce dernier point, on" savait qu'il
n'y aurait pas de contradiction; les dif-
férents groupes de gauche en avaient
conféré dans des réunions préparatoi-
res, et tout le monde avait reconnu la
nécessité de ne point retarder davan-
tage l'examen d'un projet dont le gou-
vernement lui même est loin de nier
l'opportunité. Nous n'en voulons, pour
preuve que les déclarations de M. le
garde des sceaux, bientôt suivies de la
lettre présidentielle sur la cessation des
poursuites.
Reste la question d'urgence, sur la
quelle la Chambre s'est réservé de ne
statuer que vendredi prochain, et quel-
ques personnes prétendent que ce sera
l'objet d'une lutte très vive. Eu vérité,
nous avons peine à le comprendre. Peut-
être eût-il mieux valu, en effet, com-
mencer cette sesion extraordinaire par
le budget, en vue duquel les Chambres
ont été spécialement, on pourrait même
dire uniquement convoquées. Mais en-
fin, elles sont maîtresses de leur ordre
du jour, et puisque la Chambre des dé-
putés a jugé convenable de débuter
par la proposition Gatineau, il nous
semble qu'il n'y a plus à hésiter sur la
question d'urgence.
Il en est de la cessation des poursui..
tes comme de l'amnistie ; ce sont là des
débats qu'on ne saurait éterniser sans
grand dommage, et ce n'est pas à
gauche seulement, c'est de tous les
côtés de la Chambre qu'on devrait
se trouver d'accord pour expédier au
plus vite une discussion nécessairement
irritante, car l'esprit de parti ne con-
sentira jamais à s'en, désintéresser.
Est-ce que la presse monarchique ne
s'est pas emparée depuis un mois
déjà de cette proposition Gatineau pour
s'en faire une arme de guerre contre le
parti républicain? Quiconque, aujour-
d'hui, a la hardiesse de faire observer
qu'il n'est point de colères si légitimes,
de haines si violentes et si méritées que
le temps ne doive apaiser, est traité de
suppôt de la démagogie. Et il en a tou-
jours été ainsi. En France, grâce aux
nombreuses révolutions qui ont fait
passér successivement le pouvoir dans
tant de mains, les proscriptions ont été
fréquentes ; et toujours il s'est trouvé
un certain nombre de Français pour
essayer de flétrir ceux qui se permet-
taient d'insinuer que peut être il était
temps de rouvrir la patrie aux proscrits
et aux fugitifs.
Sous la Restauration, en 1819, M.
Bignon, député de l'Eure, fut chargé
de faire un rapport sur les pétitions
arrivées en grand nombre à la Cham-
bre pour demander le rappel des bannis.
Nous venons de relire en entier ce rap-
port, et non sans émotion, bien qu'il
date de plus d'un demi-siècle et qu'il
ne reste sans doute plus un seul des
malhêureux que M. Bigooa recomman-
dait à la clémence royale en lui rap-
pelant ce mot de Cicéron : «Il n'est rien
de si populaire que la bonté. » Et le
lendemain M. Bignon était traité de ré-
gicide par tous les journaux bien pen-
sants.
Les monarchistes n'ont pas changé,
et l'on peut être assuré qu'ils ne lais-
seront pas perdre une si belle occasion
de représenter tous les républicàiils
comme des complices de là Commune.
Heureusement le public commence à
s'y faire. Depuis tantôt six ans il n'est
guère de jour où Jérémie, le grand-prê-
tre des conservateurs, n'ait récité le
De profundis sur la France; et la
France vit toujours, et plus que jamais
elle veut vivre. N'importe; Jérémie se
lamente : « C'en est fait de nous, s'écrie-
t-il! Ne voyez-vous pas monter, monter
sans cesse le flot de la barbarie ? Encore
un peu, et nous serons tous engloutis!»
Dans quelques jours, si, comme nous
l'espérons, la proposition Gatineau est
adoptée, s'il est décidé légalement que
nul ne pourra plus être poursuivi uni-
quement pour participation à la Com-
mune, si enfin les portes de la patrie se
rouvrent à des milliers de pauvres dia-
bles qui expient depuis cinq ans à l'é-
tranger un moment de folie, vous en-
tendrez Jérémie se lamenter plus désespé-
rément encore que de coutume : « Pleu-
rons, s'écriera t-il, pleurons et voilons-
nous la face, puisque désormais c'est
tout ce que nous pouvons contre les
meurtriers, les incendiaires .et les pil-
lards qui vont s'abattre sur là société.»
Dans les premiers temps, ces lugu-
bres prophéties produisaient quelque
impression sur les esprits ; mais on s'y
est habitué ; on sait maintenant que
lorsque Jérémie pronostique en pleurant
les plus épouvantables catastrophes c'est
simplement une manière de se plaindre
que tous les portefeuilles ne soient pas
confiés à lui et à ses amis. Car, suivant
le poète qui dépose chaque jour le long
des colonnes de la Gazette de France,
Car le maroquin, ça sent toujours bon.
E. SCHNERB.
LE PARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRE
Versailles, 30 octobre 1876.
Ouverture de là session extraordinaire.
Extraordinaire f Extraordinatré ! Eoftn,
nous le voulons bien, puisque c'est le terme
consacré. Mais non pouvons vous certifier
que rien n'est plus ordinaire que ce qui
s'est passé aujourd'hui. Et il serait même
regrettable que la session entière ne fit
pas mentir son nom.
A l'intérieur, on s'arrange : il y avait
une certaine mise à l'ordre du jour (la pro-
position Gatineau) qui, ces jours dernière,
passait pour capable de susciter des bour-
rasques ; on est tombé d'accord sur la fixa-
tion du débat, — il sera immédiat. A l'ex-
térieur, on ne veut pas que ça se dérange :
les trois gauches s'entendent pour obtenir
de M. le ministre des affaires étrangères
une déclaration officielle de paix — en ce
qui concerne la France du moins.
Sur l'estrade, on tire les petits papiers de
rigueur pour la constitution des bureaux.
Parole ! ça n'a rien d'extraordinaire.
A trois heures un quart, les petits pa-
liers étant paisés d'an carton dans l'autre,
il se fait un grand silence. On sait qu'il
n'y aura rien ; c'est pour cela qu'on ne veut
rien perdre de ce qui ne va pas se passer.
M. le président mâchonne le vieil ordre
du jour de la séparation en tête duquel se
trouve la proposition Gatineau; M. Ti-
rard dépose un rapport; M. Cochery pro-
pose à la Chambre un ordre de discussion
pour les divers budgets à terminer. Cha-
cun se tait, on se regarde le blanc des yeux,
le contact de la nature a rendu nos repré-
sentants d'une timidité excestive.
Enfin M. Liebonne se décide et, en une
phrase, — mais tout juste ce qu'il faut pour
constituer une phrase: un sujet, un verbe et
un attribut, — il demande le maintien en
tête de l'ordre du jour du projet Gatineau.
Pas d'opposition ? Pas d'opposition.
Tout le monde est du même avis. C'est
ce qu'il y aura certsinement de plus extra-
ordinaire dans la session.
Cela et un tramway L Il était là, vert-
pomme, tirant l'œil, campé fièrement sur
ses rails en face de la gare de la rive gauche
à. Versailles, et portant pour fière devise :
« Service Parlementaire. » Attelé de deux
chevaux noirs, muni de son cocher à l'a-
vant et de son conducteur à l'arrière, tout
prêt à partir, il attendait.
Ce fut qu'un cri général d'admiration au
sortir de la gare : Ciel ! le beau tramway
vert-pomme ! » Un ministre s'élance le
premier, — un ministre 1 — et grimpe sur
la plate-forme. Toujours digne, le conduc-
teur saisit le ministre par le bras et le fait
descendre, en disant gravement: « Ça ne
marche pas, c'est pour voir seulement. »
C'était une simple exhibition, une promesse
pour l'avenir.
Ce tramway empaillé serait-il un apolo-
gue placé sur le chemin de la représenta-
tion nationale ? Combien n'est-il pas de lois
ou de mesures libérale., réjouissant le
cœur, qu'on croit toutes prêtes à fonction-
ner!.. Ça ne marche pas ; c'est pour voir
seulement.
PAUL LAFARGUE.
Échos dLe la Cliambre
Beaucoup de bruit et de mouvement, beltm-
coup de poignéas delmain, mais peu d'infor-
mations. La plupart des députés sont arrivés
le matin itaéme de leurs départements, et en
fait de nouvelles ils ne peuvent guèra en don-
ner que de leur santé, ce qui est insuffisant
pour alimenter la chronique. O.i s'entretient
cependant, dans les eouloirs, de la réunion
des bureaux des trois gauches, qui a eu lieu à
une heure, avant la séance.
Il a été décidé dans cette réunion que les
gauches se prononceraient pour la mise en tête
de l'ordre da jour et l'urgence de la proposi-
tion Gâtineau relative à la cessation des
poursuites. Il a été convenu en outre que tout
en renonçant A interpeller le ministre des
affaires étrangères, les bureaux feraient une
démarche auprès de M. le duo Decazes pour
obtenir de lui une déclaration officielle à la
tribune.
Néanmoins, la réunion ayant été d'avis
qu'il importait de s'entendre sur ces deux
points avec le président du conseil, MM. Le-
père, Germain et Albert Grévy se sont ren-
dus au Sénat pour conférer avec M. Dufaure.
Celui-ci a répondu aux présidents des trois
gauches qu'il ne s'opposerait pas à la dis-
cussion et à l'urgence de la proposition Gati-
neau, et qu'il ne voyait pas d'inconvénient à
ce que M. le ministre des affaires étrangères
vînt affirmer officiellement à la tribune la
ferme intention de la France de rester neutre.
*
* «
On a distribué hier aux députés le rapport
fait par MM. Brisson et Albert Joly au nom
de la commission d'enquête sur l'éleation de
M. du Domaine. Ce rapport conclut à l'annn.
lation de l'élection, qui a été viciée par la
pression administrative, la fraude et la vio-
lence. De plus, à raison de certains faits spé-
ciaux, la commission propose d'ordonner le
renvoi du dossier à M le garde des sceaux
pour prendre les mesures qu'il jugera con-
venables, et à M. le ministre de l'intérieur
pour assurer la sincérité des élections dans
le département de Vaucluse.
MM. Brisson et Joly veulent demander la
mise à l'ordre du jour du rapport immédiate-
ment après la proposition Gatineau.
; *
* *
Hier, M. Tirard a déposé, sur le bureau de
la Chambre dès déptitép, le rapport concer-
nant la nouveUé convention à intervenir en.
tre l'Etat et la Société des allumettes chimi-
ques. Conformémant aux opinions exprimées
à l'unanimité dans le sein de la commission
du budget, ce rapport conclut au rejet de la
convention.
M. le rapporteur demande la fixation im-
médiate de ce projet à l'ordre du jour; cette
fixation ne sera arrêtée qu'aprês l'impression
et la distribution du rapport.
*
* #
Nous devons signder parmi les projets de
loi qui ont été distribués hier à la Chambre
des députés une proposition de ,M. Viette,
concernant les insertions dans las journaux
ordonnées par des jugements de condamna-
tions.
Cette proposition qui intéresse la presse a
un si haut point est ainsi conçue :
< Dans l'état actael de la législation, lors-
> qu'un tribunal ordonne l'insertion d'un ju-
» gementj dans un où plusieurs journaux,
» comme le tarif de %es sortes d'insertions
w n'est pas établi, il est impossible de pré-
» veir le quantum de la condamnation.
* Pour ces motifs, j'ai l'honneur de Vous
* soumettre la proposition de loi suivante :
Artiole unique. — Toutes les insertions
dans les journaux, ordonnées par des juge-
ments de condamnation, sont assimilées aux
annonces judiciaires et soumises aux mémel
târifs..
#
¥ «
Les députés composait le groupe de l'ex-
trême gauche se sont réunis hier à Versailles
avant la séance.
La réunion a décidé qu'elle nommerait lundi
des délégués chargés de s'entendre avec les
autres groupes répablioains relativement aux
propositions qui sont à l'ordra du jour.
Un débat s'est ensuite élevé au sujet des
ohambres syndicales ; la réunion s'est ajour-
née à dimanche à deux heures chez M. Louis
Blanc pour prendre une résolution définitive
sur cette question
*
« *
La prochaine séance de la Chambre des dé-
putés aura lieu veadredi. -
EMMANUEL ARÈNg.
COURRIER DU SENAT
- Pas mal, et vous ?
C'est ainsi que peut se résumer la pre-
mière séance tenue aujourd'hui par la
Chambré haute ; ajoutez-y quelques serre-
ments dé mains et ce sera complet.
Ah ! pardon ! M. le garde des sceaux,
président du conseil, nous honorait de sa
présence. Aux termes de la constitution,
il devait être proclamé sénateur inamovi-
ble. Il a cru convenable d'être à son banc
au moment où M. le président prononce-
rait la phrase sacramentelle. Ce qui fut fait
suivant les règles.
La séance eût été levée immédiatement
s'il n'eût fallu d'abord procéder au tirage
au sort des bureaux. Cette opération ne
présente généralement 8 u-un intérêt : une
boîte en carton est déposée devant le
président ; il y plonge la main, tire de
l'urne de petits morceaux de papier sur
lesquels sont inscrits les noms des séna-
teurs ét lés bureaux se forment ainsi. Mais
aujourd'hui, le Sénat, corps conservateur
par excellence, innove. Un de ses membres,
M. le général Tamisier, a trouvé un procé-
dé nouveau qui économise du temps (ne
riez pas! Qui sait t Peut-être un joir le
Sénat aura-t-il beaucoup d'ouvrage.) Et
pour la première fois on va tenter l'é-
preuve.
A cet effet, une boîte d'ébène qui res-
semble beaucoup à une botte à musique
remplace le carton vert traditionnel. A
côté se trouve, un récipient en cuivre qui a
l'aspect d'une marmite à pot au feu. Ce
récipient contient les boules sur lesquelles
sont inscrits les noms de MM. les itéra,
teurs. Dèi que le président annonce qu'il
va être procédé au tirage au sort des bu-
reaux, il verse le contenu de la marmite
dans la boite, partagée en neuf cases éga-
les. Ces cases représentent les neuf bu-
reaux. Elles sont percées de trous dans les-
quels les boules viennent s'ajuster. Unti
plaque en cuivre recouvre ensuite le tout
et la boite peut se transporter sans que
les boules changent de place. Cela prend
une minute ; vous agitez, vous verrez, vous
réagitez et c'est fait ! le dépouillement a
lieu hors séance. L'expérience ayant par-
faitement réussi, le Sénat a paru satisfait.
Qui donc oserait dire après cela qu'il ne
fait rien ? -
Ce n'est pas tout, l'ordre du jour n'était
pas épuisé. Il a fallu fixer l'ordre et la mar-
che des travaux ; c'est toujours là le point
difficile; car, enfin, pour siéger, il faut avoir
de quoi remplir les séances. Le rapport de
la loi d'administration de l'armée a été dis-
tribué. Qaand va t-on discuter?
— Vendredi ! crient plusieurs voix.
— Je demande la parole 1
M. l'amiral Poihuau monte à la tribune
et fait observer qtte la commission de l'ar-
mée s'était mise d'accord avec le ministre
de la guerre, M. le général de Cissey; celui-
ci ayant été remplacé, la commission dé-
sire s'entendre avec son successeur. Lundi
seulement le débat pourra s'engager.
On a renvoyé à lundi. Néanmoins, con-
sultez l'affiche ! Il pourrait bien survenir
encore quelque retard !
P. DE SIENNE.
Hier, une heure avant la séance, le groupe
de l'extrême gauche s'est réuni sous la prési-
dence de M. Louis Biaac. Diverses questions
importantes ont été agitées. Le groupe, à l'u-
nanimité, a d'abord voté qu'il s'associerait
à la proposition relative à la cessation des
poursuites présentées par M. Gatineau. Un
débat s'est ensuite engagé sur la question de
savoir comment, et de quelle manière, le
groupe se ferait représenter à la réunion des
bureaux des gauches. La solution a été re-
mise à une réunion ultérieure.
Le groupe de l'extrême gauche s'est enfin
occupé de la loi sur les Chambres syndicales.
Il a été décidé que les représentants choisis
par les Chambres syndicales, la commission
du Congrès ouvrier et les divers orateurs ou-
vriers qui ont pris la parole sur oette impor-
tante question seraient prochainement con-
voqués à une grande réunion privée, à la-
quelle assisteraient tous les signataires de la
proposition de la loi.
-o>
Le Moniteur universel publie la note
suivante :
« Nous croyons savoir qu'on s'est ému et
vivement préoccupé au ministère de l'in-
térieur des attaques que certains journaux
cléricaux et bonapartistes dirigent depuis
quelque temps contre la constitution répu-
blicaine, ainsi que des insinuations mal
veillantes qu'ils adressent au chef de
l'Etat.
» Malheureusement le ministère de l'in-
térieur ne peut prendre aucune initiative
pour faire poursuivre l. attaques dirigées
contre la forme actuelle du gouvernement,
et le parquet reete maître absolu de juger
s'il y a lieu à prúcèl.
» Mais ceux qui accusent le gouverne-
ment de négligence ou d'indifférence com-
mettent une grave erreur, car d'après nos
informations, il n'est point resté insensible
à la polémique passionnée et même vio-
lente dont on me depuis quelque temps
contre tout ce qui touche à la constitution
républicaine. »
L'information da notre confrère nous
semble avoir de grandes chances d'ê-
tre en bonne partie exacte ; l'opinion
publique s'est depuis deux mois assez
vivement émue des attaques incessam-
ment dirigées contre la constitution
par de certains journaux cléricaux,
bonapartistes, et nous pouvons ajouter
monarchistes, pour qu'il soit peu éton-
nant que le ministère en ait été, lui
aussi, préoccupé.
Les insinuations malveillantes à l'a-
dresse du président de la République n'ont
pu d'autre part laisser le cabinet indiffé-
rent. La personne du président de la Ré-
publique, précisément parce que sa si-
tuation l'élève au dessus de tous les
partis, a droit au respect de tous les ci-
toyens ; et l'on rendra cette justice au
parti républicain que, pas plus aux temps
de l'ordre moral que depuis, il ne s'est
départi envers la personne du premier
magistrat du pays de ce « loyalisme »
que les Anglais considèrent avec raison
comme le premier principe du régime
parlementaire.
Nous avons fort peu de goût pour les
poursuites en matière de presse; nous
avons foi dans le bon sens public, et
nous croyons que souvent le moyen le
plus sûr et le plus rapide de faire jus-
tice des violences et des calomnies est
de dédaigner et de laisser passer. En-
core faut il que la règle quelle qu'elle
'soit, sévérité ou indifférence, soit la
même à l'égard de tous.
C'est là malheureusement ce qui n'a
pas été fait et c'est là surtout ce qui a
surpris le pays. On a vu plus d'une
fois les rigueurs du parquet frapper les
témérités de certains journaux républi-
cains, tandis que l'impunité était assu-
rée aux journaux qui faisaient profes-
sion d'attaquer la constitution et de
vilipender les institutions nationales.
Que les uns méritassent d'être pour-
suivis, c'est ce que nous ne pouvons pas
contester puisque, la magistrature ju-
geait devoir les poursuivre. Mais, du
moment où l'on tenait les yeux si bien
ouverts sur les fautes des uns, pour-
quoi les fermer en quelque sorte sys-
tématiquement sur celles des autres,
bien plus fréquentes cependant, et
moins excusables peut-être? Le véri-
table emblême de la justice restera tou-
jours une balance inflexible, n'admet
tant pas deux poids et deux mesures.
Ce que de la note du Moniteur uni-
versel nous ne pouvons pas admettre,
c'est que, si des poursuites n'ont pas eu
lieu alors que le cabinet les jugeait mé-
ritées et nécessaires, la faute en soit
aux parquets, qui, étant maîtres abso-
lus de juger s'il y avait lieu à procès,
se sont refusés à poursuivre. Si les par-
quets sont juges de ce qu'ils estiment leur
devoir, le ministère reste juge de la façon
dont les parquets remplissent ce qu'ils
appellent leur devoir.
Le ministre de la justice a des ordres
à donner à ses parquets comme tous les
ministres en donnent à leurs subordon-
nés. Si la magistrature qui prononce les
jugements est inamovible, et s'il est bon
qu'elle le soit, les procureurs et substi-
tuts, qui portent les affaires devant les
juges, sont essentiellement amovibles ;
on s'est même fort aperçu qu'ils l'étaient
au lendemain du 24 mai. Ceux-ci sont
les représentants du gouvernement et
si la politique de ce gouvernement,
leur déplaît, rien n'est plus aisé que de
leur donner des successeurs plus doci-
les, à moins qu'eux-mêmes ne compren-
nent les premiers que leur devoir est de
se retirer.
Nous savons bien que les parquets
de la République sont en bonne partie
aujourd'hui encore composés des enne-
mis de la République. Nous en avons
plus d'une fois fait la respectueuse ob-
servation à M. le garde des sceaux, et
nous n'avons pas dissimulé qu'il nous
paraissait étrange de laisser aux postes
spécialement chargés de la défense des
lois, du maintien des institutions et de
la protection de l'ordre, des hommes
qui détestent ces institutions, sont mé-
diocrement intéressés à la conservation
de cet ordre, et .trouvent ces lois fort
mauvaises.
Si, comme l'insinue le Moniteur uni-
versel, ces messieurs se plaisent à lais-
ser insulter ce qu'ils sont chargés de
protéger, et si c'est de leuI\.part que le
gouvernement rencontre la résistance,
l'honorable M. Dafaure doit voir au-
jourd'hui que nos craintes étaient quel-
que peu fondées et nous espérons qu'it
se lassera d'un état de choses dont lui
seul porterait la responsabilité.
Nous ne # demandons pas aux procu-
reurs et aux substituts ce zèle et cette
complaisance à toute épreuve qu'un si
grand nombre d'entre eux ont prodi-
gués au gouvernement impérial ; nous
avons le droit au moins de leur deman-
der de ne pas réserver leur tolérance
pour les ennemis du gouvernement qui
les paie.
CHARLES BIGOT.
.4>
LA ROUMANIE
L'agence Maclean nous communique les
dépêches suivantes, que nous reproduisons
sous toutes réserves :
Vienne, 30 octobre.
La Bourse est très-agitâe. Un télégramme
publié par le Pester Lloyd de ce soir annonce -
que le gouvernement roumain a déclaré la
guerre à la Turquie, mais jusqu'ici oe télé*
gramma n'est pas confirmé.
Vienne, 30 octobre.
Dans les cercles militaires de Bucharest ot
considère comme très-probable que le géné-
ral allemand, comte de Blumenthal, bien
connu pendant la dernière guerre franoo-al*
lemande, prendra le oommandement de l'arii
mée roumaine.
- LA CRISE EN ORIENT
Vienne, 29 octobre, soir.
Le Tagblatt reçoit de Belgrade les nouvelles
suivantes :
Alexinatz est bombardé depuis jeudi.
Les Turcs se concentrent dans les environs
de Djunis et y préparent leurs quartiers d'hi-
ver.
Le général Tchernaïeff est malade.
Raguse, 29 octobre, soir.
Moukhtar-Pacha a dirigé une partie de ses
forces sur Gatchko en traversant Bagnani.
dans le but de ravitailler Nicksich, en passant
par les défilés de la Douga.
Da son côté, Vukovitch a envoyé un déta-
ohement considérable vers Nicksich, qui est
bloqué.
Les Monténégrins ont retiré de Medun
deux pièces de canon qu'ils ont transportées
du côté de Spaz.
Belgrade, 29 octobre, soir.
Un témoin oculaire, qui vient d'arriver de
Deligrad, communique les détails suivants
sur la position actuelle de l'armée serbe.
Le centre de l'armée du général Tcher-
naïeff, soas les ordres du colonel Desperatc-
vitch, ocaupe les hauteurs de Djunis ; l'aile
droite, commandée par le colonel Horvato-
vitch, se trouve derrière Schliegovatz, et enfin
le colonel Popovitch et raile gauche occupent
Alexinatz.
En résumé, l'armée serbe paraît se trouver
dans une situation dés pins critiques. Un
ordre du général Tohernsïeff a enjoint aux
habitants de Deligral d'évacuer cette place.
(Tout en reproduisant textuellement la
dernier paragraphe de cette dépêche, l'agence
Havas croit devoir faire observer que la lo-
calité de Deligrad se compose uniquement da
quatre maisons, dont une méana (auberge) et
une maison d'école où le prince Milan avait
installé son quartier général. Les deux au-
tres maisons sont depuis longtemps ocoupées
par des officiers appartenant aux corps ae
troupes qui défendent les fortifications Ae
Deligrad. Il se pourrait donc que l'ordre d'é-
vacuation dont parle la dépêobe ci-dessus eût
été donné aux troupes elles mêmes.)
Vienne, 30 octobre.
La Revue du lu ndi croit, d'après l'état aow
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.51%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.51%.
- Auteurs similaires Monnaie des Pays-Bas Monnaie des Pays-Bas /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MonnPb"[Monnaie : Pays-Bas, Deventer, Campen & Zwolle, Trois villes impériales de Deventer, Campen et Zwolle, Maximilien II empereur, 1/2 daldre d'Empire] /ark:/12148/btv1b113438001.highres [Monnaie : Pays-Bas, Deventer, Campen & Zwolle, Trois villes impériales de Deventer, Campen et Zwolle, Charles Quint, daldre] /ark:/12148/btv1b11343799d.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k75573466/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k75573466/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k75573466/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k75573466/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k75573466
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k75573466
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k75573466/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest