Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-10-21
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 octobre 1876 21 octobre 1876
Description : 1876/10/21 (A6,N1776). 1876/10/21 (A6,N1776).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7557335d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
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JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
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ASONHEIEITS
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Trois mois-. -.,. ii fr.
Six mois.25
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Trois mois.*».*,, ia fev
Six mois. 16.
Un an. Il
Assénées, chez MM. LAGRANGE, CBIlF et
3. fpl®c® < £ « la ÎS©ffiH*g»^ (6
BULLETIN
i^am, 20 octobre 1816.
- L'agence Havas communique aux jour-
naux une note évidemment de source offi-
cielle, dans le but, dit-elle, « de ramener
l'opinion publique à une appréciation plus
calme et plus saine d'une situation dont
nous ne contesterons pas, d'ailleurs, les
difficultél. »
On lira avec intérêt la partie de la note
relative à la ligne politique adoptée par le
gouvernement français. Nous ne nous en
occuperons pas ici, nous l'apprécions plus
loin. Mais nous craignons que l'agence offi.
cieuse ne se fasse illusion alors qu'elle fait
encore entrevoir la possibilité d'un arran-
gement et une solution pacifique.
Elle annonce, il est vrai, que de nouvel-
les négociations sont entamées entre Lon-
dres et Livadia. Nous ne nous permettrions
certes pas d'opposer un démenti à l'asser
tion de la note oClicieulê. Cependant nous
croyons savoir que le cabinet de Saint-
James renonce à continuer des démarches
inutiles. C'est d'ailleurs le conseil que don-
nait le Times en constatant qu'il n'y avait
plus rien à faire. Le conseil des ministres
s'est réuni hier à Londres. Nous savons
qu'on y a discuté l'opportunité d'une con-
vocation immédiate du parlement ; mats à
l'heure où nous écrivons, nous ne savons
pas encore qu'elle a été la décision prise.
L'Angleterre prendra-t-elle la défense de
la Turquie ? Le Times prétend certaine-
ment que non. Mais il ajoute cette phra-
se significative : « Nous devons nous con-
tenter du rôle de spectateurs jusqu'à ce
qu'arrive le moment où la conflagration
qui commence s'étendra de façon à mena-
cer directement nos intérêts. »
Ce moment se fera-til attendre long-
temps? Il sembla que non si l'on en jug9
par les dispositions que prennent le gou-
vernement et les grandes compagnies en
position d'être bien renseignée?.
On nous manie, en effiat, de Londres
que les transports en route pour l'Inde avec
troupe de rechange ont reçu l'ordre de
faire escale à Gibraltar et à Malte, poar le
cas où le gouvernement aurait besoin de
leur télégraphier 180rdre de changer la
destination de ces troupes. L'escadre an-
glaise de l'Atlantique, qui devait aller pas-
ser l'hiver aux Antilles, a reçu l'ordre de
rester à Halifax. Enfin, le Lloyd et les au-
tres compagnies maritimes d'assurances,
considérant les probabilités d'extension de
la guerre, demandent une prime addition-
nelle pour les navires anglais voyageant
entre l'Angleterre, l'Orient et l'Australie.
La Grèce se prépare ouvertement à la
guerre. D'après une dépêche d'Athènes, le
gouvernement grec a dû déposer hier à la
Chambre diverses propositions pendant à
appeler 60,000 hommes sous les drapeaux,
à autoriser l'ouverture d'un crédit de cin-
quante millions de drachmes. Le cabinet
d'Athènes demanderait en outre à con-
tracter un emprunt de dix millions de
drachmes pour des achats d'armes.
Le général Ignatieff est de retour à
Consiantinople. Il faut donc s'attendre à
une prompte solution de la crise. Enfin,
l'Union « croit savoir, d'une source très-
sûre, que l'entrée des troupes russes en
Bulgarie est imminente. >
:
BOURSE DE PARIS
caetera le 18 octob" lel9octob". B.
* o/o
Roaptaat 68 55 68 30 25
Vlaerar. 68 68 30 30
* a/a o/o
domptant 99. 98 1 f..,
5 O/O
Comptant 103 80 10375 .1. 05
Irim oeur. 10320 J0310 50
PETITB BOURM DU IOU.
Emprunt 3 0/0.. 68 fr. 55, 90,80.
Emprunt 6 0/8.. 103 fr. 85, 104 fr. 171/2,
104 fr. 15..
6 0/0 turc 10 fr. 92 1/2. 90, Il fr o5.
Banque Ottomane, 857 fr. 50, 358 75.
EtYPtieR. - - - 200 fr. 62 1/2, 199 37,
202 fr. 50.
———————— ,—
Eh ! naî, la France est isolée ; mais où
est le mal ? Ceux qui font de cet isole-
ment un reproche à la République ne
peu: vent avoir qu'une idée, c'est d'en
fejre bénéficier la monarchie. Leur but
est de donner à penser au public : « C'est
pourtant vrai, l'Europe continentale est
debout, la main au pommeau de son
^pée; d'un moment à l'autre, une lutte
gigantesque peut éclater entre les puis-
sances, et cependant que devient la
France ! Elle continue à travailler, à
économiser, à s'instruirè, ce qui est
fort bien ; mais sa grande voix qui, ja-
dis, avait tant d'éclat et jouissait de
tant d'autorité dans le monde, est de-
venu si faible qu'à peine elle se fait
entendre; et son épée qu'elle mettait
toujours si généreusement au service
des bonnes causes, son épée reste au
fourreau. Ah ! si nous n'étions pas en
République ! Les choses se passeraient
d'autre façon. >
Rien de plus juste ; si nous étions en
monarchie, il y a cent à parier contre
un qu'à l'heure actuelle la France se-
rait en train de fourbir ce qui lui reste
d'armes. Si la conspiration de 1873
avait réussi, nul doute que M. le comte
de Chambord, Henri V, veux-je dire,
eût tenu à honneur de faire sa partie
dans le terrible concert qui se prépare.
N'eût-il pas fallu qu'il consolidât son
trône ? Et l'on sait que rien ne vaut pour
cela quelques milliers de cadavres se-
més sur un champ de bataille. Quel-
quefois, à la vérité, c'est le contraire
qui arrive ; mais quand on réussit, c'est
pour longtemps. Et si le fils de Bona-
parte était là ! C'est lui qui eût donné
du fil à retordre à la diplomatie ! Et l'on
pense bien que le jeune héritier de Se-
dan n'eût pas laissé échapper une si
belle occasion de compléter son éduca-
tion militaire.
Tout cela est vrai. Mais nous sommes
en République et nous nous tenons à
l'écart; et pour la première fois depuis
longtemps, il se tirera des coups de
fusil en Europe sans notre permission.
Le pays ne s'y trompe pas ; il sait fort
bien que la responsabilité de cet isole-
ment et de cette inaction appartient à
la République. Mais les monarchistes
sont-ils bien sûrs que l'immense majo-
rité de la nation ne sache pas un gré
infini au régime républicain de lui assu-
rer ce repos, cette tranquillité dont elle
a tant besoin, dont elle aura encore be-
soin pendant si longtempa pour réparer
des fautes qu'elle n'a point commises ?
Nous sommes bien convaincus, en ce
qui nous concerne, que les monarchis-
tes font fausse route quand ils débla-
tèrent contre la République sous pré-
texte qu'elle est un motif d'isolement
pour la France au milieu de l'Europe.
Nous souffrons peut être un peu dans
notre amour-propre de nous voir obligés
de renoncer à ce rôle de Don Quichotte,
que nous avons tant de fois rempli, et
quelquefois si inconsidérément. Mais
nous sommes devenus sages, quoi qu'on
dise, et le malheur nous a mis du plomb
dans la cervelle. La France, il y a
quelques années, eût suivi aveuglément
les inspirations de ses gouvernants. Il
eût suffi de quelques phrases bien ron-
flantes, exprimant quelques mensonges
bien conditionnés, pour lui mettre la
tête à l'envers et lui faire crier : A Cons-
tantinople ou à Belgrade! A Péters-
bourg ou ailleurs! Aujourd'hui, elle
garde le silence, écoute et laisse faire.
Ce n'est pas que la France se désin-
téresse du bien et du mal, du juste et
de l'injuste; ce n'est pas non plus, com-
me on l'a dit, que la République soit
incapable d'avoir une politique à elle.
Rien de ce qui s'est passé en Europe
depuis six mois ne nous a trouvés in-
différents, mais notre politique a changé,
voilà tout. Au lieu de crier par-dessus
les toits nos sympathies et nos antipa-
thies, nous en avons gardé et garderons
le secret pour nous ; au lieu de nous
jeter aveuglément dans une aventure
où nos intérêts immédiats ne sont pas
en jeu, nous gardons une neutralité
absolue. Nous disons à l'Europe : « En
1870 vous avez poussé le principe de
non-intervention jusqu'à ses plus ex-
trêmes limites. C'était votre droit.
Souffrez qu'en 1876 nous fassions de
même, à notre tour., C'est notre de-
voir. >
Et cela, nous ne le dirons jamais assez
haut. Aussi regrettons-nous vivement
que le conseil des ministres ait décidé
qu'il n'y aurait pas de message à la
rentrée des Chambres. Le Moniteur a
eu raison de constater que c'eût été une
dérogation aux usages parlementaires,
attendu qu'il s'agit d'une session extra-
ordinaire. Mais dane les circonstances
actuelles nous croyons qu'on aurait pu
sans inconvénient, et même avec avan-
tage, se départir un peu de la tradi-
tion.
On a fait courir le bruit qu'une note
aurait été adressée au gouvernement
français par le chancelier de l'empire
d'Allemagne pour le mettre en demeure
de formuler son avis sur la question
d'Orient. Ce n'est évidemment là,
qu'une invention de reporter à court de
nouvelles à sensation; mais c'est déjà
trop qu'une telle pensée ait paru admis-
sible. Il faut qu'il soit bien entendu que
la France n'a point d'avis sur la ques-
tion d'Orient, ou du moins que si elle en
a un, elle le garde pour elle. Il faut
qu'on sache que la France, quoi qu'il
arrive, a la ferme volonté de rester en
dehors de toutes les complications eu-
ropéennes : et nous pensons qu'un mes-
sage du président de la République au-
rait eu le. double avantage de faire con-
naitre à tous en Europe cette détermi-
nation sans s'adresser expressément à
personne. ,
E. SCHNERB.
L'agence Havas a communiqué hier aux
journaux la note suivante :
Nous voudrions ramener l'opinion publique
à une appréciation plus calme et plus saine
d'une situation dont nous ne contesterons pas
d'ailleurs les diffiéultés.
Des négociations sont aujourd'hui entamées
entre Londres et Livadia
Leur succès, auquel l'Europe entière s'as-
socierait avec* reconnaissance, ferait dispa-
raître les inquiétudes actuelles ; car l'armis-
tice serait substitué ipso facto à l'état de
guerre dont la continuation est la cause du
trouble actuel des esprits.
Il ne serait pas juste de tenir d'avance pour
infructueux des efforts de conciliation pour-
suivis avec ardeur et sincérité. L'attitude
prise par la Porte depuis quelques jours ne
semblerait pas, d'autre part, justifier la
crainte d'une résistance aveugle qui serait
opposée par elle aux vœux des puissances.
Il y a donc lieu de fonder sur les pourparlers
qui s'échangent de sérieuses espérances d'en-
tente.
Ce que l'on a pu dire, depuis quelques jours,
d'alliances contractées, d'engagements pris en
vue d'une guerre possible, est absolument
faux, et les erreurs commises à ce sujet par
certains nouvellistes, qu'elles aient été de
leur part volontaires ou involontaires, n'en
sont pas moins regrettables. Nous engageons
le public à se prémunir contre elles.
Quant à notre pays, nous savons que notre
gouvernement a pris une attitude qui nous
préserverait au besoin contre les entraîne-
ments de la situation générale; et nous avons
la conviction qu'il la maintiendra inflexible.
ment.
Notre diplomatie s'est associée successive-
ment et devra continuer à s'associer à toutes
les propositions ayant en vue le maintien de
l'entente et de l'action pacifique des puissan-
ces. Nous avons pu constater qu'elle n'a ja-
mais laissé planer sur ses intentions ultérieu-
rell la possibilité d'un doute.
Exclusivement et résolûment consacrée à
l'œuvre de sa réorganisation intérieure, la
France ne se laisserait pas arra3her à son re-
cueillement.
Sûre d'elle-même, de son désintéressement,
de son ardent désir de la paix, il lui siérait
mal de douter de la sincérité des sentiments
également pacifiques que toutes les puissan-
ces ne cessent d'exprimer, et elle a le droit
de compter sur l'efficacité d'efforts auxquels
son concours est acquis d'avance.
LA NEUTRALITÉ DE Ll FRANCE
De deux choses l'une : ou la guerre
européenne que nous voyons venir de-
puis tantôt un an, sans l'avoir souhai-
tée un seul jour, éclatera à courte
échéance; ou le péril imminent sera
conjuré, et le canon se taira quelque
temps pour laisser chuchoter les diplo-
mates.
Dans la première hypothèse, le rôle
de la France est tout tracé. Elle n'a
qu'une chose à faire : ne rien faire.
Pourquoi donc se lancerait-elle, tête
basse, dans une grande mêlée de na-
tions ? Elle ne doit rien à la Porte, rien
à la Russie, rien à l'Autriche, à l'Angle-
terre, à l'Italie, rien à toute cette Eu-
rope qui, pouvant nous sauver en 1870,
nous a laissé écraser, et qui, l'année
suivante, au moment du traité de Franc-
fort, n'ayant qu'un mot à dire pour nous
garder l'Alsaca et la Lorraine, ne l'a
pas dit. Dans la condition où la Prusse
et l'Europe, son alliée, nous ont réduits,
nous ne devons rien qu'à nous-mêmes.
Le sentiment est plus large que le de-
voir strict, et de tout temps la pauvre
France, nation chevaleresque, a prodi-
gué ses forces au service des opprimés.
Or, il y a des opprimés en Bulgarie,
en Herzégovine, en Bosnie, en Serbie,
auMontenegro, enThessalie, en Epire et
dans toute la presqu'île des Balkans.
Soit ; mais si nous étions en état de tirer
l'épée, nous devrions d'abord notre assis-
tance à d'autres opprimés bien plus in-
téressants parce qu'ils souffrent plus
près de nous et que c'est notre sang qui
coule dans leurs veines. Nous ne pou-
vons rien pour les nôtres, nous sommes
tout juste assez forts pour repousser une
nouvelle invasion et sauver le restant
de notre territoire. Voilà pourquoi le
sentiment national se replie énergique-
ment sur lui-même. Si les blessés, par
un bienfait de la nature, ne devenaient
pas égoïstes, il n'en échapperait pas un
seul.
Cela dit, faut-il ajouter que nous
n'avons aucun intérêt direct ou prochain
dans le conflit qui menace l'Europe. ?
On se battra, si l'on doit se battre, au-
tour d'un malade qui n'est ni notre pa-
rent ni notre allié. Si, par quelque mi-
racle invraisemblable, on le rétablis-
sait dans sa santé et dans sa force, il
ne nous en saurait aucun gré. Nous l'a-
vons sauvé une fois, en 1854, au prix
de 100,000 vies françaises et d'un mil-
liard d'argent françai. il nous a ré-
compensés par une banqueroute qui en-
lève deux autres milliards à la France.
Supposons, ce qui est probable, qu'il
meure dans six mois et que son hérita-
ge soit partagé. Il y en aura pour tout
le monde, excepté nous, car personne
ne s'avisera de nous offrir un lopin
dans les Balkans, et d'ailleurs la rai-
son, la conscience et le malheur nous
ont fait prendre en dégoût toutes les
annexions violentes.
La France n'est donc entraînée ni
par le devoir, ni par le sentiment, ni
par l'intérêt dans cette abominable ba-
garre. Bien au contraire, le devoir, le
sentiment et l'intérêt lui disent tous
d'une voix : Reste à l'écart, panse tes
blessures, répare tes forces ! Nos dépu-
tés, élus il n'y a pas plus de huit mois
par le suffrage universel, sont les vrais
représentants du pays : c'est l'esprit
de la nation qui vit en eux et les inspire :
ils ne nous mèneront pas, soyez-en
sûrs, où nous ne voulons pas aller. La
guerre ne peut être déclarée sans leur
assentiment : on ne trouvera jamais
parmi eux une majorité assez folle et
assez criminelle pour renouveler l'aven-
ture de 1870.
Mais si la période d'action était quel-
que temps ajournée, comme nous le
souhaitons sans l'espérer beaucoup; si
les affaires de l'Europe étaient livrées
durant deux ou trois mois à cette pro-
vidence occulte qui se nomme la diplo-
matie, nos intérêts seraient-ils aussi
sûrement garantis ? Pouvons-nous comp-
ter que la France ne s'éveillerait pas
un beau matin dans quelque réseau
d'alliances compromettantes ?
Les hommes qui nous représentent
auprès des cours et des chancelleries
étrangères sont à coup sûr les plus
honnêtes gens du monde, et je me fe-
rais scrupule de discuter M. Target lui-
mêmé, puisqu'il a l'honneur de person-
nifier la France au yeux du peuple
hollandais. Quoique nos diplomates ap-
partiennent presque tous aux partis que
le suffrage universel a définitivement
! condamnés, nous devons croire qu'ils
sont Français avant d'être légistimistes,
orléaniste ou bonapartistes, et qu'ils vi-
vent en parfaite conformité d'idées avec
le Parlement républicain. Le clérica-
lisme avéré de M. de Corcelle ou de M.
de Vogué,-ou de M. Le Flô, nous in-
quiéterait peut-être si l'Europe de 1876
était celle de 1618, et si la guerre des
Balkans avait le caractère religieux de
la guerre de Trente-Ans. Nous n'en
sommes plus là, Dieu merci, ou nous
n'en sommes pas encore là. Ce que je
crains surtout, et ce que la France doit
craindre, c'est que ses ambassadeurs et
ses ministres plénipotentiaires, par ex-
cès de conscience et pour gagner leur
argent, se décroisent les bras et tra-
vaillent plus qu'il ne convient dans les
circonstances présentes.
L'honorable général Le Flô, ambas-
sadeur de France en Russie, ne nous
inspire aucune inquiétude. Depuis tan-
tôt deux mois, il se promène en Bre-
tagne, inaugurant des cercles catho-
liques: exercice innocent s'il en fat.
Voilà qui va fort bien, pourvu que le
chargé d'affaires, homme d'esprit et
d'esprit très-actif, ne se fasse pas un
devoir da travailler la politique euro-
péenne au lieu et place du général ab-
sent. Fasse le ciel que tous nos diplo-
mates, pris d'une noble émulation, ren-
trent dans leurs départements respec-
tifs et imitent l'innocente activité du
général Le Flô !
Mais peut-être leur maître à tous,
M. le duc Decazes, dirige-t-il dans un
autre sens le zèle de ses honorables
subordonnés. M. le duc Decazes est un
ministre républicain, nous aurions mau-
vaise grâce à le nier, puisque toute la
presse républicaine l'a opposé comme
tel, dans le VIIIe arrondissement de
Paris, à un candidat bonapartiste. Mais
son programme de potitique extérieure
est une inconnue que nos faibles lumiè-
res ne nous permettent pas de dégager.
L'agence Havas nous dit et nous ré-
pète qu'il veut la paix ; nous aimons à
le croire. Mais d'un autre côté les jour-
naux d'outre-Manche l'inféodent à qui
mieux mieux à certaine alliance anglai-
se qui pourrait quelque jour le mener
loin, et nous avec lui. Que le ministre
des affaires étrangères se souvienne avec
reconnaissance des attentions dont nos
voisins l'ont comblé lorsqu'il était, à
Londres, ambassadeur de l'ordre mo-
ral, rien de plus naturel ni de plus
juste. Mais il ne faudrait pas que les
bons sentiments d'un seul homme enga-
geassent tout un pays qui ne veut ni ne
doit, ni ne peut s'engager. Quoi ! c'est la
chancellerie de Berlin qui se réserve et
le ministère français qui se livre !
Nous n'avons pas même le droit de
faire notre partie dans un sextuor de
puissances protectrices ; nons ne de-
vrions pas donner même un conseil à la
Porte, car un Etat qui se respecte ne
conseille que ce qu'il peut imposer et
ne demande que ce qu'il est en mesure
d'exiger.
Heureusement, les Chambres sont
convoquées pour le 30, et nous comp-
tons sur les députés de la nation pour
inspirer leur sagesse à M. le duc Decazes
ou pour le remplacer par un homme
véritablement pénétré des nécessités
du moment.
Il n'y a pas d'hommes indispensables,
pas plus aux affaires étrangères qu'à la
guerre. Pendant six mois, on s'est fait
scrupule de déranger M. le général de
Cissey qui passait pour réorganiser no-
tre armée, et le jour où il a cédé la
place au général Berthaut, il n'y a eu
qu'une voix pour dire : Il était temps !
ABOUT.
— -♦
L'AGENCE HAVAS ET LE "TIMES"
L'Angleterre, quoi qu'on en dise, est
une des puissances les plus directement
intéressées'dans les événements qui se
déroulent actuellement en Orient. Aussi
est-il tout naturel que le public prête la
plus grande attention aux remarques que
peut faire le Times, qui est sans contredit
le plus autorisé des journaux anglais.
Jusque tout récemment, nous le recon-
naissons, l'agence Havas a fidèlement ana-
lysé les articles du Times. Comment se
fait-il donc que depuis deux jours ses ana-
lyses soient parfaitement infidèles' L'a-
gence a-t-elle changé son personnel à Lon-
dres on ce personnel se trompe-t-il par
ordre ?
Nous devons à nos lecteurs la preuve de
ce que nous avançons. Avant-hier, l'agence
Havas envoyait aux journaux une dépêche
ainsi conçue :
Le Times, commentant la situation, en tire
cette conclusion, que l'Angleterre est moins
immédiatement intéressée dans la question
que l'Allemagne, l'Autriche et la France.
Le Times ne disait rien de semblable,
relativement à la France tout au moins.
Voici les seules remarques qu'il faisait sur
notre pays :
On ne peut pas s'attendre à voir la France
jouer en ce moment un rôle important dans
les affaires extérieures, et elle n'a, en Orient,
aucun intérêt qu'elle ne croie subordonné à
d'autres considérations.
Hier, l'agence Havas nous communique
la dépêche suivante:
Le Times, dans un article de fond rassu-
rant, dit que « le danger où se trouve la Tur-
quie n'est pas une raison suffisante pour
faire hâter des préparatifs en vue d'une guer-
re. Ni le Parlement, ni la nation ne vou-
draient jamais faire la guerre pour la Tur-
quie. Celle-ci a eu plusieurs occasions de se
relever, elle les a négligées. Ce serait une
folie criminelle de verser la moindre goutte
du sang anglais ou de dépenser quoi que ce
soit pour l'appuyer. »
Nous avons le Times sous les yeux et
nous n'y trouvons aucun article rassurant.
Bien au contraire. Le journal de la Cité
consacre deux articles de fond à la question
d'Orient. Dans le premier, il commence
par annoncer que les négociations sont
désormais terminées, que la guerre est
presque certaine. Pais il fait allusion aux
bruits qui ont circulé à Londres, dans la
journée du 18, relativement aux prépara-
tifs formidables que fait le gouvernement
anglais. Il dément ces bruits tout en ad-
mettant que le gouvernement se prépare à
la guerre et qu'il y aurait folie à ne pas le
faire. Il ajoute ensuite, et c'est là le seul
passage que l'agence Havas nous ait si-
gnalé, que le gouvernement anglais ne fera
pas la guerre dans le seul bat de défendre
la Turquie, mais il insiste sur ce point
que l'Angleterre n'hésitera pas à prendre
part à la lutte si les intérêts anglais se
trouvaient menacés en Egypte ou ailleurs.
Le second article de fond que le Times
consacre à la question d'Orient est plus
pessimiste encore. Dans ce second article
il est dit que la guerre entre la Russie et
la Turquie est certaine, inévitable ; que la
Turquie viendrait-elle à céder,.. à accepter
l'armistice d'un mois, à donner même son
adhésion écrite aux propositions de l'An-
gleterre, il est peu probable que la guerre
puisse être évitée et que l'échéance fatale
serait tout au plus reculée de quelques se-
maines ou de quelques mois.
Et voilà ce que l'agence Havas appelle
des articles rassurants!
♦
LA CRISE EN ORIENT
Constantinople, 19 octobre.
Le général Ignatieff est arrivé ici cette
nuit avec sa famille.
Le Baïram commence aujourd'hui : il dure
trois jours. Le premier jour est une des plus
grandes fêtes des mahométans.
Londres, 19 octobre.
Le Lloyd et les autres compagnies d'assu-
rances maritimes, considérant les probabili-
tés d'extension de la guerre si elle vient à
éclater, demandent une prime additionnelle
de cinq shellings pour cent pour les navires
anglais voyageant entre l'Angleterre, l'Orient
et l'Australie.
Athènes, 19 octobre.
Le gouvernement déposera aujourd'hui, à
la Chambre, les propositions suivaùtes :
Appel sous les drapeaux de 60,000 hommes.
Autorisation pour l'ouverture d'un crédit
de cinquante millions de draohmes.
Emprunt de 10 millions pour achats d'armes.
Londres, 19 octobre.
Les transports en route pour l'Inde avec
des troupes de rechange ont reçu l'ordre de
faire escale à Gibraltar et à Malte, pour le
cas où le gouvernement aurait besoin de
leur télégraphier l'ordre de ohanger la desti-
nation de ces troupes.
New-York, 19 octobre.
Les nouvelles d'Europe causent ici une
grande agitation. Hier, sur le marché de Chi-
cago, il y a eu hausse sur les blés par la
même raison.
La presse associée, a reçu un télégramme
d'Halifax, en date d'hier, disant que la flotte
anglaise, qui devait aller passer l'hiver aux
Antilles, a reçu l'ordre de rester à Halifax.
Vienne, 18 octobre.
On mande d'Athènes à la Correspondance
politique que la Porte a pris par écrit l'enga-
gement de suspendre la colonisation de ses
provinces grecques et notamment de la Thes-
salie par des Circassiens.
Londres, 19 octobre.
Le Morning-Post publie la dépêche suivante
de Berlin :
« L'Allemagne appuie la proposition d'un
armistice de courte durée, qui sarait conclu
sans auoune condition préalable et pourrait
être prolongé si cela devenait néeestaire. Le
gouvernement impérial prend cette détermi-
nation pour montrer le désir qu'il a de main-
tenir la paix, »
Rome, 18 octobre, soir.
Le Diritto, organe officieux, parlant de la
polémique des journaux au sujet des inten-
tions de l'Italie à l'égard de l'Autriche, ne
croit pas que cette discussion puisse troubler
la cordialité des rapports qui existent entre
ces deux pays.
Toutefois, afin que l'opinion publique ne
soit pas égaréQ, le Diritto fait appel au pa-
triotisme des journaux, les invitant à cesser
une polémique qui, dans la situation de la
politique actuelle de l'Europe, pourraient
nuire aux vrais intérêts du pays.
Le Times publie la dépêche suivante de
Berlin :
La Turquie paraît disposée à accepter un
armistice de six semaines, à la condition que
la Russie n'insiste pas sur des clauses de paix
équivalant à un démembrement de l'empire
ottoman. Dans ce dernier cas, la Turquie
laisserait la Russie pousser les choses au
pire.
La décision de la Russie dépendra de la ré-
ponse de l'empereur d'Autriche à la seconde
lettre du czar. Si l'Autriche refuse de nouveau
la proposition du czar, la Russie acceptera
probablement un armistice de six semaines,
ou s'abstiendra de rien décider, afin de ga-
gner le temps nécessaire pour poursuivre
des négociations d'un autre côté. Si. au con-
traire, l'empereur d'Autriche se montre plus
accessible, la guerre est imminente.
Le gouvernement russe a interdit l'ex-
portation des avoines ; un décret prohi-
bant l'exportation du bétail va vaussi être
publié.
Nombre de gros canons ont été envoyés de
St-Pétersbourg à la mer Noire.
L'emprunt de la guerre sera probablement
fixé à 300 millions de roubles : on prévoit que
la plus grande partie des fonds demandés ne
pourra être obtenue qu'au moyen d'un em-
prunt foroé.
Londres, 19 octobre.
Plusieurs journaux du matin démentent le
bruit de la convocation du Parlement pour
une session d'automne.
Saint-Pétersbanrg, 19 octobre.
Lord Loftus, embasudeur d'Angleterre en
Russie, partira prochainement pour Livadia.
Ce voyage est considéré ici comme le symp-
tôme d'une entente possible entre l'Angle-
terre et la Russie.
Berlin, 19 octobre.
La Gazette de l'Allemagne du Nord prétend
avoir appris de Saint-Pétersbourg, d'une
source digne de foi, que le grand duo héritier
quittera ineessamment Livadia et se rendra
successivement a Vienne, a Berlin et à Lon-
dres, pour agir personnellement sur les cours
et les cabinets de ces différents pays, afin de
déterminer une action commune des grandes
puissances pour nne solution satisfaisante de
la question d'Orient. D'après les assurances
unanimes qui parviennent des sphères supé-
rieures de Saint-Pétersbourg, l'empereur
Alexandre maintient fermement sa résolution
de ne pas agir isolément dans cette question
et de ne pas renoncer à ses alliances. -
Berlin, 19 octobre.
Dans une correspondance de Saint-Péters-
bourg adressée à la Gazette de VAllemagne du
Nord, on fait observer que le nombre des
Russes présents dans l'armée serbe a été sin-
gulièrement exagéré. Suivant cette corres-
pondance, le chiffre vrai ne dépasserait pas
oinq mille hommes. On déclare, en outre, qu'il
est faux qu'il y ait dans l'armée serbe des of-
ficiers russes encore attachés au service mili-
taire de la Russie.
Bruxelles, 19 octobre.
Le Nord dit que, par suite du refus de la
Turquie de souscrire aux conditions de l'Eu-
rope, il devient de plus en plus possible que
de nouvelles complications se produisent et
que l'Europe puisse être amenée à user de
contrainte pour imposer son programme.
Cependant, ajoute l'organe russe, tout espoir
n'est pas pas perdu. Nous sommes convain-
cus que les complications peuvent être écar-
tées. si la Turquie accepte un armistice d'une
durée restreinte ou même un armistice plas
long en adhérant à l'autonomie administra-
tive des trois provinces sous le contrôle des
puissances européennes.
Saint-Pétersbourg, 19 octobre.
Le Golos a attaqué hier lord Beaconsôeld
avfc vivacité. Le Journal de Saint-Pétersboprg,
qui a des attaches avec le gouvernement, ex-
prime aujourd'hui ses regrets au sujet de cet
article, qu'il considère comme inconvenant.
Belgrade. 19 octobre.
Un combat a eu lieu hier à Zaitchar; les
Serbes ont occupé les positions de Kopits et
de Loubnitza.
Les consuls de France, d'Autriche et de
l'Italie sont partis pour Orsova.
—————— ——————
LES CLOCHES
Il y a des superstitions qui ne sont
que ridicules ; d'autres sont encore dan-
gereuses.
Quand ce pauvre M. de Lansade m'ac-
cuse d'avoir déchaîné le phylloxéra sur
sa vigne, il n'est évidemment que ridi-
cule. Il l'est beaucoup ; mais il n'est
que cela. C'est une folie douce, qui ne
fait de mal à personne, et que l'on peut,
sans inconvénient, traiter par les émol-
lients de la raillerie et du rire.
Mais quand on persuade à un vieux
bonhomme, perclus de deux ou trois de
ses membres, qu'en se fourrant dans un
bassin d'eau froide, il recouvrera la
santé, par l'intermédiaire de la Sainte-
Vierge, on se rend coupable d'un assas-
sinat véritable, s'il en meurt, et vous
vous rappelez sans doute l'histoire à
laquelle je fais allusion. Elle s'est passée
à Lourdes, et les feuilles dévotes ont
célébré la foi merveilleuse de ce - mal-
heureux podagre, qui s'en était allé
chercher dans la piscine une bonne
fluxion de poitrine.
Le pauvre diable est mort victime de
ses convictions religieuses. Il a donc
passé du coup au rang des martyrs.
Mais c'est bien le cas de dire qu'il a
été le martyr malgré lui. Il s'attendait
à guérir, et le fait est qu'il a été ce
jour-là même définitivement guéri de
tous ses maux, mais pas de la façon
qu'il avait entendu.
Parmi ces superstitions plus dange-
reuses encore que ridicules, il faut
ranger celle qui veut que ce soit un bon
préservatif contre la foudre que de
sonner les cloches pendant l'orage.
A ce mot, vous souriez de pitié : De
quoi va-t-il nous parler là ! vous écriez-
vous. Il y a beau temps qu'aucun hom-
me sensé, même parmi les prêtres, ne
soutient plus cette absurde niaiserie.
Absurde niaiserie, tant qu'il vous
plaira. Le clergé, n'y a pas renoncé.
Jamais le clergé catholique n'abandon-
ne une opinion qui a pour elle la con-
sécration des siècles. Il évite peut-être
d'en parler, quand il craint la moque-
rie et le scandale du monde. Il sait au
fond ce qu'il en faut penser, et si on le
presse, il confesse sa foi.
Je vous citais, il y a quelques mois,
le mandement d'un évêque qui s'éten-
dait avec complaisance sur cette vertu
attribuée aux cloches d'éloigner le ton-
nerre.Vous avez pu croire que c'était là
une boutade d'un prélat tout échauffé
d'une foi vive au surnaturel.
C'est la doctrine du clergé français.
Ouvrez, s'il vous plaît, le dernier nu-
méro de l'Echo religieux des Pyrénées
et des Landes, semaine catholique des
diocèses de Bayonne, Tarbes, et Aire-
Dax, nourriture spirituelle d'une bonne
part du midi. C'est le numéro du 1er,
octobre 1876, et notez, s'il vous plaît,
que cette revae est honorée d'un bref
de Sa Sainteté Pie IX.
Vous y trouverez sons ce titre : la
Foudr& et la Sonnerie des Cloches,
Samedi SI Octobre lin
f S" YIY1 Gf ÙPY W
ii Mi À1A Dûiiliiiifl
JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
ffiÉBACTKM
8r*dr*ss«r au Secrétaire de la Rédacfekas
de 2 heures à minwt,
ffio ffœ© si© Latel';ÿetg:1 l!Sa
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Au Mm non affranchies mmt nfmêm
Agomiiiiiirs
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Trois mois.»,».»" 13 fr.
Six mois,2§
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Trois mois >ir'
Six mois.,,.,;,., M
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Ammemeso, ehM MM. LAGRANGO, GEBJFVfï ôi
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ADMINISTRATION
âdresssr lettres et mandats h l'AdssjinisIffftteQrî
©So ç-œ«
ASONHEIEITS
ïàiiiï
Trois mois-. -.,. ii fr.
Six mois.25
Un an.,.»..».». 50 -
aÉPAMSMSKflTi
Trois mois.*».*,, ia fev
Six mois. 16.
Un an. Il
Assénées, chez MM. LAGRANGE, CBIlF et
3. fpl®c® < £ « la ÎS©ffiH*g»^ (6
BULLETIN
i^am, 20 octobre 1816.
- L'agence Havas communique aux jour-
naux une note évidemment de source offi-
cielle, dans le but, dit-elle, « de ramener
l'opinion publique à une appréciation plus
calme et plus saine d'une situation dont
nous ne contesterons pas, d'ailleurs, les
difficultél. »
On lira avec intérêt la partie de la note
relative à la ligne politique adoptée par le
gouvernement français. Nous ne nous en
occuperons pas ici, nous l'apprécions plus
loin. Mais nous craignons que l'agence offi.
cieuse ne se fasse illusion alors qu'elle fait
encore entrevoir la possibilité d'un arran-
gement et une solution pacifique.
Elle annonce, il est vrai, que de nouvel-
les négociations sont entamées entre Lon-
dres et Livadia. Nous ne nous permettrions
certes pas d'opposer un démenti à l'asser
tion de la note oClicieulê. Cependant nous
croyons savoir que le cabinet de Saint-
James renonce à continuer des démarches
inutiles. C'est d'ailleurs le conseil que don-
nait le Times en constatant qu'il n'y avait
plus rien à faire. Le conseil des ministres
s'est réuni hier à Londres. Nous savons
qu'on y a discuté l'opportunité d'une con-
vocation immédiate du parlement ; mats à
l'heure où nous écrivons, nous ne savons
pas encore qu'elle a été la décision prise.
L'Angleterre prendra-t-elle la défense de
la Turquie ? Le Times prétend certaine-
ment que non. Mais il ajoute cette phra-
se significative : « Nous devons nous con-
tenter du rôle de spectateurs jusqu'à ce
qu'arrive le moment où la conflagration
qui commence s'étendra de façon à mena-
cer directement nos intérêts. »
Ce moment se fera-til attendre long-
temps? Il sembla que non si l'on en jug9
par les dispositions que prennent le gou-
vernement et les grandes compagnies en
position d'être bien renseignée?.
On nous manie, en effiat, de Londres
que les transports en route pour l'Inde avec
troupe de rechange ont reçu l'ordre de
faire escale à Gibraltar et à Malte, poar le
cas où le gouvernement aurait besoin de
leur télégraphier 180rdre de changer la
destination de ces troupes. L'escadre an-
glaise de l'Atlantique, qui devait aller pas-
ser l'hiver aux Antilles, a reçu l'ordre de
rester à Halifax. Enfin, le Lloyd et les au-
tres compagnies maritimes d'assurances,
considérant les probabilités d'extension de
la guerre, demandent une prime addition-
nelle pour les navires anglais voyageant
entre l'Angleterre, l'Orient et l'Australie.
La Grèce se prépare ouvertement à la
guerre. D'après une dépêche d'Athènes, le
gouvernement grec a dû déposer hier à la
Chambre diverses propositions pendant à
appeler 60,000 hommes sous les drapeaux,
à autoriser l'ouverture d'un crédit de cin-
quante millions de drachmes. Le cabinet
d'Athènes demanderait en outre à con-
tracter un emprunt de dix millions de
drachmes pour des achats d'armes.
Le général Ignatieff est de retour à
Consiantinople. Il faut donc s'attendre à
une prompte solution de la crise. Enfin,
l'Union « croit savoir, d'une source très-
sûre, que l'entrée des troupes russes en
Bulgarie est imminente. >
:
BOURSE DE PARIS
caetera le 18 octob" lel9octob". B.
* o/o
Roaptaat 68 55 68 30 25
Vlaerar. 68 68 30 30
* a/a o/o
domptant 99. 98 1 f..,
5 O/O
Comptant 103 80 10375 .1. 05
Irim oeur. 10320 J0310 50
PETITB BOURM DU IOU.
Emprunt 3 0/0.. 68 fr. 55, 90,80.
Emprunt 6 0/8.. 103 fr. 85, 104 fr. 171/2,
104 fr. 15..
6 0/0 turc 10 fr. 92 1/2. 90, Il fr o5.
Banque Ottomane, 857 fr. 50, 358 75.
EtYPtieR. - - - 200 fr. 62 1/2, 199 37,
202 fr. 50.
———————— ,—
Eh ! naî, la France est isolée ; mais où
est le mal ? Ceux qui font de cet isole-
ment un reproche à la République ne
peu: vent avoir qu'une idée, c'est d'en
fejre bénéficier la monarchie. Leur but
est de donner à penser au public : « C'est
pourtant vrai, l'Europe continentale est
debout, la main au pommeau de son
^pée; d'un moment à l'autre, une lutte
gigantesque peut éclater entre les puis-
sances, et cependant que devient la
France ! Elle continue à travailler, à
économiser, à s'instruirè, ce qui est
fort bien ; mais sa grande voix qui, ja-
dis, avait tant d'éclat et jouissait de
tant d'autorité dans le monde, est de-
venu si faible qu'à peine elle se fait
entendre; et son épée qu'elle mettait
toujours si généreusement au service
des bonnes causes, son épée reste au
fourreau. Ah ! si nous n'étions pas en
République ! Les choses se passeraient
d'autre façon. >
Rien de plus juste ; si nous étions en
monarchie, il y a cent à parier contre
un qu'à l'heure actuelle la France se-
rait en train de fourbir ce qui lui reste
d'armes. Si la conspiration de 1873
avait réussi, nul doute que M. le comte
de Chambord, Henri V, veux-je dire,
eût tenu à honneur de faire sa partie
dans le terrible concert qui se prépare.
N'eût-il pas fallu qu'il consolidât son
trône ? Et l'on sait que rien ne vaut pour
cela quelques milliers de cadavres se-
més sur un champ de bataille. Quel-
quefois, à la vérité, c'est le contraire
qui arrive ; mais quand on réussit, c'est
pour longtemps. Et si le fils de Bona-
parte était là ! C'est lui qui eût donné
du fil à retordre à la diplomatie ! Et l'on
pense bien que le jeune héritier de Se-
dan n'eût pas laissé échapper une si
belle occasion de compléter son éduca-
tion militaire.
Tout cela est vrai. Mais nous sommes
en République et nous nous tenons à
l'écart; et pour la première fois depuis
longtemps, il se tirera des coups de
fusil en Europe sans notre permission.
Le pays ne s'y trompe pas ; il sait fort
bien que la responsabilité de cet isole-
ment et de cette inaction appartient à
la République. Mais les monarchistes
sont-ils bien sûrs que l'immense majo-
rité de la nation ne sache pas un gré
infini au régime républicain de lui assu-
rer ce repos, cette tranquillité dont elle
a tant besoin, dont elle aura encore be-
soin pendant si longtempa pour réparer
des fautes qu'elle n'a point commises ?
Nous sommes bien convaincus, en ce
qui nous concerne, que les monarchis-
tes font fausse route quand ils débla-
tèrent contre la République sous pré-
texte qu'elle est un motif d'isolement
pour la France au milieu de l'Europe.
Nous souffrons peut être un peu dans
notre amour-propre de nous voir obligés
de renoncer à ce rôle de Don Quichotte,
que nous avons tant de fois rempli, et
quelquefois si inconsidérément. Mais
nous sommes devenus sages, quoi qu'on
dise, et le malheur nous a mis du plomb
dans la cervelle. La France, il y a
quelques années, eût suivi aveuglément
les inspirations de ses gouvernants. Il
eût suffi de quelques phrases bien ron-
flantes, exprimant quelques mensonges
bien conditionnés, pour lui mettre la
tête à l'envers et lui faire crier : A Cons-
tantinople ou à Belgrade! A Péters-
bourg ou ailleurs! Aujourd'hui, elle
garde le silence, écoute et laisse faire.
Ce n'est pas que la France se désin-
téresse du bien et du mal, du juste et
de l'injuste; ce n'est pas non plus, com-
me on l'a dit, que la République soit
incapable d'avoir une politique à elle.
Rien de ce qui s'est passé en Europe
depuis six mois ne nous a trouvés in-
différents, mais notre politique a changé,
voilà tout. Au lieu de crier par-dessus
les toits nos sympathies et nos antipa-
thies, nous en avons gardé et garderons
le secret pour nous ; au lieu de nous
jeter aveuglément dans une aventure
où nos intérêts immédiats ne sont pas
en jeu, nous gardons une neutralité
absolue. Nous disons à l'Europe : « En
1870 vous avez poussé le principe de
non-intervention jusqu'à ses plus ex-
trêmes limites. C'était votre droit.
Souffrez qu'en 1876 nous fassions de
même, à notre tour., C'est notre de-
voir. >
Et cela, nous ne le dirons jamais assez
haut. Aussi regrettons-nous vivement
que le conseil des ministres ait décidé
qu'il n'y aurait pas de message à la
rentrée des Chambres. Le Moniteur a
eu raison de constater que c'eût été une
dérogation aux usages parlementaires,
attendu qu'il s'agit d'une session extra-
ordinaire. Mais dane les circonstances
actuelles nous croyons qu'on aurait pu
sans inconvénient, et même avec avan-
tage, se départir un peu de la tradi-
tion.
On a fait courir le bruit qu'une note
aurait été adressée au gouvernement
français par le chancelier de l'empire
d'Allemagne pour le mettre en demeure
de formuler son avis sur la question
d'Orient. Ce n'est évidemment là,
qu'une invention de reporter à court de
nouvelles à sensation; mais c'est déjà
trop qu'une telle pensée ait paru admis-
sible. Il faut qu'il soit bien entendu que
la France n'a point d'avis sur la ques-
tion d'Orient, ou du moins que si elle en
a un, elle le garde pour elle. Il faut
qu'on sache que la France, quoi qu'il
arrive, a la ferme volonté de rester en
dehors de toutes les complications eu-
ropéennes : et nous pensons qu'un mes-
sage du président de la République au-
rait eu le. double avantage de faire con-
naitre à tous en Europe cette détermi-
nation sans s'adresser expressément à
personne. ,
E. SCHNERB.
L'agence Havas a communiqué hier aux
journaux la note suivante :
Nous voudrions ramener l'opinion publique
à une appréciation plus calme et plus saine
d'une situation dont nous ne contesterons pas
d'ailleurs les diffiéultés.
Des négociations sont aujourd'hui entamées
entre Londres et Livadia
Leur succès, auquel l'Europe entière s'as-
socierait avec* reconnaissance, ferait dispa-
raître les inquiétudes actuelles ; car l'armis-
tice serait substitué ipso facto à l'état de
guerre dont la continuation est la cause du
trouble actuel des esprits.
Il ne serait pas juste de tenir d'avance pour
infructueux des efforts de conciliation pour-
suivis avec ardeur et sincérité. L'attitude
prise par la Porte depuis quelques jours ne
semblerait pas, d'autre part, justifier la
crainte d'une résistance aveugle qui serait
opposée par elle aux vœux des puissances.
Il y a donc lieu de fonder sur les pourparlers
qui s'échangent de sérieuses espérances d'en-
tente.
Ce que l'on a pu dire, depuis quelques jours,
d'alliances contractées, d'engagements pris en
vue d'une guerre possible, est absolument
faux, et les erreurs commises à ce sujet par
certains nouvellistes, qu'elles aient été de
leur part volontaires ou involontaires, n'en
sont pas moins regrettables. Nous engageons
le public à se prémunir contre elles.
Quant à notre pays, nous savons que notre
gouvernement a pris une attitude qui nous
préserverait au besoin contre les entraîne-
ments de la situation générale; et nous avons
la conviction qu'il la maintiendra inflexible.
ment.
Notre diplomatie s'est associée successive-
ment et devra continuer à s'associer à toutes
les propositions ayant en vue le maintien de
l'entente et de l'action pacifique des puissan-
ces. Nous avons pu constater qu'elle n'a ja-
mais laissé planer sur ses intentions ultérieu-
rell la possibilité d'un doute.
Exclusivement et résolûment consacrée à
l'œuvre de sa réorganisation intérieure, la
France ne se laisserait pas arra3her à son re-
cueillement.
Sûre d'elle-même, de son désintéressement,
de son ardent désir de la paix, il lui siérait
mal de douter de la sincérité des sentiments
également pacifiques que toutes les puissan-
ces ne cessent d'exprimer, et elle a le droit
de compter sur l'efficacité d'efforts auxquels
son concours est acquis d'avance.
LA NEUTRALITÉ DE Ll FRANCE
De deux choses l'une : ou la guerre
européenne que nous voyons venir de-
puis tantôt un an, sans l'avoir souhai-
tée un seul jour, éclatera à courte
échéance; ou le péril imminent sera
conjuré, et le canon se taira quelque
temps pour laisser chuchoter les diplo-
mates.
Dans la première hypothèse, le rôle
de la France est tout tracé. Elle n'a
qu'une chose à faire : ne rien faire.
Pourquoi donc se lancerait-elle, tête
basse, dans une grande mêlée de na-
tions ? Elle ne doit rien à la Porte, rien
à la Russie, rien à l'Autriche, à l'Angle-
terre, à l'Italie, rien à toute cette Eu-
rope qui, pouvant nous sauver en 1870,
nous a laissé écraser, et qui, l'année
suivante, au moment du traité de Franc-
fort, n'ayant qu'un mot à dire pour nous
garder l'Alsaca et la Lorraine, ne l'a
pas dit. Dans la condition où la Prusse
et l'Europe, son alliée, nous ont réduits,
nous ne devons rien qu'à nous-mêmes.
Le sentiment est plus large que le de-
voir strict, et de tout temps la pauvre
France, nation chevaleresque, a prodi-
gué ses forces au service des opprimés.
Or, il y a des opprimés en Bulgarie,
en Herzégovine, en Bosnie, en Serbie,
auMontenegro, enThessalie, en Epire et
dans toute la presqu'île des Balkans.
Soit ; mais si nous étions en état de tirer
l'épée, nous devrions d'abord notre assis-
tance à d'autres opprimés bien plus in-
téressants parce qu'ils souffrent plus
près de nous et que c'est notre sang qui
coule dans leurs veines. Nous ne pou-
vons rien pour les nôtres, nous sommes
tout juste assez forts pour repousser une
nouvelle invasion et sauver le restant
de notre territoire. Voilà pourquoi le
sentiment national se replie énergique-
ment sur lui-même. Si les blessés, par
un bienfait de la nature, ne devenaient
pas égoïstes, il n'en échapperait pas un
seul.
Cela dit, faut-il ajouter que nous
n'avons aucun intérêt direct ou prochain
dans le conflit qui menace l'Europe. ?
On se battra, si l'on doit se battre, au-
tour d'un malade qui n'est ni notre pa-
rent ni notre allié. Si, par quelque mi-
racle invraisemblable, on le rétablis-
sait dans sa santé et dans sa force, il
ne nous en saurait aucun gré. Nous l'a-
vons sauvé une fois, en 1854, au prix
de 100,000 vies françaises et d'un mil-
liard d'argent françai. il nous a ré-
compensés par une banqueroute qui en-
lève deux autres milliards à la France.
Supposons, ce qui est probable, qu'il
meure dans six mois et que son hérita-
ge soit partagé. Il y en aura pour tout
le monde, excepté nous, car personne
ne s'avisera de nous offrir un lopin
dans les Balkans, et d'ailleurs la rai-
son, la conscience et le malheur nous
ont fait prendre en dégoût toutes les
annexions violentes.
La France n'est donc entraînée ni
par le devoir, ni par le sentiment, ni
par l'intérêt dans cette abominable ba-
garre. Bien au contraire, le devoir, le
sentiment et l'intérêt lui disent tous
d'une voix : Reste à l'écart, panse tes
blessures, répare tes forces ! Nos dépu-
tés, élus il n'y a pas plus de huit mois
par le suffrage universel, sont les vrais
représentants du pays : c'est l'esprit
de la nation qui vit en eux et les inspire :
ils ne nous mèneront pas, soyez-en
sûrs, où nous ne voulons pas aller. La
guerre ne peut être déclarée sans leur
assentiment : on ne trouvera jamais
parmi eux une majorité assez folle et
assez criminelle pour renouveler l'aven-
ture de 1870.
Mais si la période d'action était quel-
que temps ajournée, comme nous le
souhaitons sans l'espérer beaucoup; si
les affaires de l'Europe étaient livrées
durant deux ou trois mois à cette pro-
vidence occulte qui se nomme la diplo-
matie, nos intérêts seraient-ils aussi
sûrement garantis ? Pouvons-nous comp-
ter que la France ne s'éveillerait pas
un beau matin dans quelque réseau
d'alliances compromettantes ?
Les hommes qui nous représentent
auprès des cours et des chancelleries
étrangères sont à coup sûr les plus
honnêtes gens du monde, et je me fe-
rais scrupule de discuter M. Target lui-
mêmé, puisqu'il a l'honneur de person-
nifier la France au yeux du peuple
hollandais. Quoique nos diplomates ap-
partiennent presque tous aux partis que
le suffrage universel a définitivement
! condamnés, nous devons croire qu'ils
sont Français avant d'être légistimistes,
orléaniste ou bonapartistes, et qu'ils vi-
vent en parfaite conformité d'idées avec
le Parlement républicain. Le clérica-
lisme avéré de M. de Corcelle ou de M.
de Vogué,-ou de M. Le Flô, nous in-
quiéterait peut-être si l'Europe de 1876
était celle de 1618, et si la guerre des
Balkans avait le caractère religieux de
la guerre de Trente-Ans. Nous n'en
sommes plus là, Dieu merci, ou nous
n'en sommes pas encore là. Ce que je
crains surtout, et ce que la France doit
craindre, c'est que ses ambassadeurs et
ses ministres plénipotentiaires, par ex-
cès de conscience et pour gagner leur
argent, se décroisent les bras et tra-
vaillent plus qu'il ne convient dans les
circonstances présentes.
L'honorable général Le Flô, ambas-
sadeur de France en Russie, ne nous
inspire aucune inquiétude. Depuis tan-
tôt deux mois, il se promène en Bre-
tagne, inaugurant des cercles catho-
liques: exercice innocent s'il en fat.
Voilà qui va fort bien, pourvu que le
chargé d'affaires, homme d'esprit et
d'esprit très-actif, ne se fasse pas un
devoir da travailler la politique euro-
péenne au lieu et place du général ab-
sent. Fasse le ciel que tous nos diplo-
mates, pris d'une noble émulation, ren-
trent dans leurs départements respec-
tifs et imitent l'innocente activité du
général Le Flô !
Mais peut-être leur maître à tous,
M. le duc Decazes, dirige-t-il dans un
autre sens le zèle de ses honorables
subordonnés. M. le duc Decazes est un
ministre républicain, nous aurions mau-
vaise grâce à le nier, puisque toute la
presse républicaine l'a opposé comme
tel, dans le VIIIe arrondissement de
Paris, à un candidat bonapartiste. Mais
son programme de potitique extérieure
est une inconnue que nos faibles lumiè-
res ne nous permettent pas de dégager.
L'agence Havas nous dit et nous ré-
pète qu'il veut la paix ; nous aimons à
le croire. Mais d'un autre côté les jour-
naux d'outre-Manche l'inféodent à qui
mieux mieux à certaine alliance anglai-
se qui pourrait quelque jour le mener
loin, et nous avec lui. Que le ministre
des affaires étrangères se souvienne avec
reconnaissance des attentions dont nos
voisins l'ont comblé lorsqu'il était, à
Londres, ambassadeur de l'ordre mo-
ral, rien de plus naturel ni de plus
juste. Mais il ne faudrait pas que les
bons sentiments d'un seul homme enga-
geassent tout un pays qui ne veut ni ne
doit, ni ne peut s'engager. Quoi ! c'est la
chancellerie de Berlin qui se réserve et
le ministère français qui se livre !
Nous n'avons pas même le droit de
faire notre partie dans un sextuor de
puissances protectrices ; nons ne de-
vrions pas donner même un conseil à la
Porte, car un Etat qui se respecte ne
conseille que ce qu'il peut imposer et
ne demande que ce qu'il est en mesure
d'exiger.
Heureusement, les Chambres sont
convoquées pour le 30, et nous comp-
tons sur les députés de la nation pour
inspirer leur sagesse à M. le duc Decazes
ou pour le remplacer par un homme
véritablement pénétré des nécessités
du moment.
Il n'y a pas d'hommes indispensables,
pas plus aux affaires étrangères qu'à la
guerre. Pendant six mois, on s'est fait
scrupule de déranger M. le général de
Cissey qui passait pour réorganiser no-
tre armée, et le jour où il a cédé la
place au général Berthaut, il n'y a eu
qu'une voix pour dire : Il était temps !
ABOUT.
— -♦
L'AGENCE HAVAS ET LE "TIMES"
L'Angleterre, quoi qu'on en dise, est
une des puissances les plus directement
intéressées'dans les événements qui se
déroulent actuellement en Orient. Aussi
est-il tout naturel que le public prête la
plus grande attention aux remarques que
peut faire le Times, qui est sans contredit
le plus autorisé des journaux anglais.
Jusque tout récemment, nous le recon-
naissons, l'agence Havas a fidèlement ana-
lysé les articles du Times. Comment se
fait-il donc que depuis deux jours ses ana-
lyses soient parfaitement infidèles' L'a-
gence a-t-elle changé son personnel à Lon-
dres on ce personnel se trompe-t-il par
ordre ?
Nous devons à nos lecteurs la preuve de
ce que nous avançons. Avant-hier, l'agence
Havas envoyait aux journaux une dépêche
ainsi conçue :
Le Times, commentant la situation, en tire
cette conclusion, que l'Angleterre est moins
immédiatement intéressée dans la question
que l'Allemagne, l'Autriche et la France.
Le Times ne disait rien de semblable,
relativement à la France tout au moins.
Voici les seules remarques qu'il faisait sur
notre pays :
On ne peut pas s'attendre à voir la France
jouer en ce moment un rôle important dans
les affaires extérieures, et elle n'a, en Orient,
aucun intérêt qu'elle ne croie subordonné à
d'autres considérations.
Hier, l'agence Havas nous communique
la dépêche suivante:
Le Times, dans un article de fond rassu-
rant, dit que « le danger où se trouve la Tur-
quie n'est pas une raison suffisante pour
faire hâter des préparatifs en vue d'une guer-
re. Ni le Parlement, ni la nation ne vou-
draient jamais faire la guerre pour la Tur-
quie. Celle-ci a eu plusieurs occasions de se
relever, elle les a négligées. Ce serait une
folie criminelle de verser la moindre goutte
du sang anglais ou de dépenser quoi que ce
soit pour l'appuyer. »
Nous avons le Times sous les yeux et
nous n'y trouvons aucun article rassurant.
Bien au contraire. Le journal de la Cité
consacre deux articles de fond à la question
d'Orient. Dans le premier, il commence
par annoncer que les négociations sont
désormais terminées, que la guerre est
presque certaine. Pais il fait allusion aux
bruits qui ont circulé à Londres, dans la
journée du 18, relativement aux prépara-
tifs formidables que fait le gouvernement
anglais. Il dément ces bruits tout en ad-
mettant que le gouvernement se prépare à
la guerre et qu'il y aurait folie à ne pas le
faire. Il ajoute ensuite, et c'est là le seul
passage que l'agence Havas nous ait si-
gnalé, que le gouvernement anglais ne fera
pas la guerre dans le seul bat de défendre
la Turquie, mais il insiste sur ce point
que l'Angleterre n'hésitera pas à prendre
part à la lutte si les intérêts anglais se
trouvaient menacés en Egypte ou ailleurs.
Le second article de fond que le Times
consacre à la question d'Orient est plus
pessimiste encore. Dans ce second article
il est dit que la guerre entre la Russie et
la Turquie est certaine, inévitable ; que la
Turquie viendrait-elle à céder,.. à accepter
l'armistice d'un mois, à donner même son
adhésion écrite aux propositions de l'An-
gleterre, il est peu probable que la guerre
puisse être évitée et que l'échéance fatale
serait tout au plus reculée de quelques se-
maines ou de quelques mois.
Et voilà ce que l'agence Havas appelle
des articles rassurants!
♦
LA CRISE EN ORIENT
Constantinople, 19 octobre.
Le général Ignatieff est arrivé ici cette
nuit avec sa famille.
Le Baïram commence aujourd'hui : il dure
trois jours. Le premier jour est une des plus
grandes fêtes des mahométans.
Londres, 19 octobre.
Le Lloyd et les autres compagnies d'assu-
rances maritimes, considérant les probabili-
tés d'extension de la guerre si elle vient à
éclater, demandent une prime additionnelle
de cinq shellings pour cent pour les navires
anglais voyageant entre l'Angleterre, l'Orient
et l'Australie.
Athènes, 19 octobre.
Le gouvernement déposera aujourd'hui, à
la Chambre, les propositions suivaùtes :
Appel sous les drapeaux de 60,000 hommes.
Autorisation pour l'ouverture d'un crédit
de cinquante millions de draohmes.
Emprunt de 10 millions pour achats d'armes.
Londres, 19 octobre.
Les transports en route pour l'Inde avec
des troupes de rechange ont reçu l'ordre de
faire escale à Gibraltar et à Malte, pour le
cas où le gouvernement aurait besoin de
leur télégraphier l'ordre de ohanger la desti-
nation de ces troupes.
New-York, 19 octobre.
Les nouvelles d'Europe causent ici une
grande agitation. Hier, sur le marché de Chi-
cago, il y a eu hausse sur les blés par la
même raison.
La presse associée, a reçu un télégramme
d'Halifax, en date d'hier, disant que la flotte
anglaise, qui devait aller passer l'hiver aux
Antilles, a reçu l'ordre de rester à Halifax.
Vienne, 18 octobre.
On mande d'Athènes à la Correspondance
politique que la Porte a pris par écrit l'enga-
gement de suspendre la colonisation de ses
provinces grecques et notamment de la Thes-
salie par des Circassiens.
Londres, 19 octobre.
Le Morning-Post publie la dépêche suivante
de Berlin :
« L'Allemagne appuie la proposition d'un
armistice de courte durée, qui sarait conclu
sans auoune condition préalable et pourrait
être prolongé si cela devenait néeestaire. Le
gouvernement impérial prend cette détermi-
nation pour montrer le désir qu'il a de main-
tenir la paix, »
Rome, 18 octobre, soir.
Le Diritto, organe officieux, parlant de la
polémique des journaux au sujet des inten-
tions de l'Italie à l'égard de l'Autriche, ne
croit pas que cette discussion puisse troubler
la cordialité des rapports qui existent entre
ces deux pays.
Toutefois, afin que l'opinion publique ne
soit pas égaréQ, le Diritto fait appel au pa-
triotisme des journaux, les invitant à cesser
une polémique qui, dans la situation de la
politique actuelle de l'Europe, pourraient
nuire aux vrais intérêts du pays.
Le Times publie la dépêche suivante de
Berlin :
La Turquie paraît disposée à accepter un
armistice de six semaines, à la condition que
la Russie n'insiste pas sur des clauses de paix
équivalant à un démembrement de l'empire
ottoman. Dans ce dernier cas, la Turquie
laisserait la Russie pousser les choses au
pire.
La décision de la Russie dépendra de la ré-
ponse de l'empereur d'Autriche à la seconde
lettre du czar. Si l'Autriche refuse de nouveau
la proposition du czar, la Russie acceptera
probablement un armistice de six semaines,
ou s'abstiendra de rien décider, afin de ga-
gner le temps nécessaire pour poursuivre
des négociations d'un autre côté. Si. au con-
traire, l'empereur d'Autriche se montre plus
accessible, la guerre est imminente.
Le gouvernement russe a interdit l'ex-
portation des avoines ; un décret prohi-
bant l'exportation du bétail va vaussi être
publié.
Nombre de gros canons ont été envoyés de
St-Pétersbourg à la mer Noire.
L'emprunt de la guerre sera probablement
fixé à 300 millions de roubles : on prévoit que
la plus grande partie des fonds demandés ne
pourra être obtenue qu'au moyen d'un em-
prunt foroé.
Londres, 19 octobre.
Plusieurs journaux du matin démentent le
bruit de la convocation du Parlement pour
une session d'automne.
Saint-Pétersbanrg, 19 octobre.
Lord Loftus, embasudeur d'Angleterre en
Russie, partira prochainement pour Livadia.
Ce voyage est considéré ici comme le symp-
tôme d'une entente possible entre l'Angle-
terre et la Russie.
Berlin, 19 octobre.
La Gazette de l'Allemagne du Nord prétend
avoir appris de Saint-Pétersbourg, d'une
source digne de foi, que le grand duo héritier
quittera ineessamment Livadia et se rendra
successivement a Vienne, a Berlin et à Lon-
dres, pour agir personnellement sur les cours
et les cabinets de ces différents pays, afin de
déterminer une action commune des grandes
puissances pour nne solution satisfaisante de
la question d'Orient. D'après les assurances
unanimes qui parviennent des sphères supé-
rieures de Saint-Pétersbourg, l'empereur
Alexandre maintient fermement sa résolution
de ne pas agir isolément dans cette question
et de ne pas renoncer à ses alliances. -
Berlin, 19 octobre.
Dans une correspondance de Saint-Péters-
bourg adressée à la Gazette de VAllemagne du
Nord, on fait observer que le nombre des
Russes présents dans l'armée serbe a été sin-
gulièrement exagéré. Suivant cette corres-
pondance, le chiffre vrai ne dépasserait pas
oinq mille hommes. On déclare, en outre, qu'il
est faux qu'il y ait dans l'armée serbe des of-
ficiers russes encore attachés au service mili-
taire de la Russie.
Bruxelles, 19 octobre.
Le Nord dit que, par suite du refus de la
Turquie de souscrire aux conditions de l'Eu-
rope, il devient de plus en plus possible que
de nouvelles complications se produisent et
que l'Europe puisse être amenée à user de
contrainte pour imposer son programme.
Cependant, ajoute l'organe russe, tout espoir
n'est pas pas perdu. Nous sommes convain-
cus que les complications peuvent être écar-
tées. si la Turquie accepte un armistice d'une
durée restreinte ou même un armistice plas
long en adhérant à l'autonomie administra-
tive des trois provinces sous le contrôle des
puissances européennes.
Saint-Pétersbourg, 19 octobre.
Le Golos a attaqué hier lord Beaconsôeld
avfc vivacité. Le Journal de Saint-Pétersboprg,
qui a des attaches avec le gouvernement, ex-
prime aujourd'hui ses regrets au sujet de cet
article, qu'il considère comme inconvenant.
Belgrade. 19 octobre.
Un combat a eu lieu hier à Zaitchar; les
Serbes ont occupé les positions de Kopits et
de Loubnitza.
Les consuls de France, d'Autriche et de
l'Italie sont partis pour Orsova.
—————— ——————
LES CLOCHES
Il y a des superstitions qui ne sont
que ridicules ; d'autres sont encore dan-
gereuses.
Quand ce pauvre M. de Lansade m'ac-
cuse d'avoir déchaîné le phylloxéra sur
sa vigne, il n'est évidemment que ridi-
cule. Il l'est beaucoup ; mais il n'est
que cela. C'est une folie douce, qui ne
fait de mal à personne, et que l'on peut,
sans inconvénient, traiter par les émol-
lients de la raillerie et du rire.
Mais quand on persuade à un vieux
bonhomme, perclus de deux ou trois de
ses membres, qu'en se fourrant dans un
bassin d'eau froide, il recouvrera la
santé, par l'intermédiaire de la Sainte-
Vierge, on se rend coupable d'un assas-
sinat véritable, s'il en meurt, et vous
vous rappelez sans doute l'histoire à
laquelle je fais allusion. Elle s'est passée
à Lourdes, et les feuilles dévotes ont
célébré la foi merveilleuse de ce - mal-
heureux podagre, qui s'en était allé
chercher dans la piscine une bonne
fluxion de poitrine.
Le pauvre diable est mort victime de
ses convictions religieuses. Il a donc
passé du coup au rang des martyrs.
Mais c'est bien le cas de dire qu'il a
été le martyr malgré lui. Il s'attendait
à guérir, et le fait est qu'il a été ce
jour-là même définitivement guéri de
tous ses maux, mais pas de la façon
qu'il avait entendu.
Parmi ces superstitions plus dange-
reuses encore que ridicules, il faut
ranger celle qui veut que ce soit un bon
préservatif contre la foudre que de
sonner les cloches pendant l'orage.
A ce mot, vous souriez de pitié : De
quoi va-t-il nous parler là ! vous écriez-
vous. Il y a beau temps qu'aucun hom-
me sensé, même parmi les prêtres, ne
soutient plus cette absurde niaiserie.
Absurde niaiserie, tant qu'il vous
plaira. Le clergé, n'y a pas renoncé.
Jamais le clergé catholique n'abandon-
ne une opinion qui a pour elle la con-
sécration des siècles. Il évite peut-être
d'en parler, quand il craint la moque-
rie et le scandale du monde. Il sait au
fond ce qu'il en faut penser, et si on le
presse, il confesse sa foi.
Je vous citais, il y a quelques mois,
le mandement d'un évêque qui s'éten-
dait avec complaisance sur cette vertu
attribuée aux cloches d'éloigner le ton-
nerre.Vous avez pu croire que c'était là
une boutade d'un prélat tout échauffé
d'une foi vive au surnaturel.
C'est la doctrine du clergé français.
Ouvrez, s'il vous plaît, le dernier nu-
méro de l'Echo religieux des Pyrénées
et des Landes, semaine catholique des
diocèses de Bayonne, Tarbes, et Aire-
Dax, nourriture spirituelle d'une bonne
part du midi. C'est le numéro du 1er,
octobre 1876, et notez, s'il vous plaît,
que cette revae est honorée d'un bref
de Sa Sainteté Pie IX.
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Foudr& et la Sonnerie des Cloches,
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