Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-10-04
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 04 octobre 1876 04 octobre 1876
Description : 1876/10/04 (A6,N1759). 1876/10/04 (A6,N1759).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
Slilèou* Année. — II0 &?50 Pïl* du Hisfiléfo h Paris : 15 Ceutlmes. — Départemesift s JO Centimes
Mercredi 4 Octobre lire
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JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
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^idîKMï au Secrétaire de la RâdacUfi
de 2 heures à siimiit
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Toute demande de changement d'a-
dresse doit être accompagnée de l'une
des dernières bandes imprimées, et de
60 centimes pour frais de nouvelles
bandes.
Toute demande de changement d'a-
dresse de Paris pour les départements
doit être accompagnée, en outre des
40 centimes ci-dessus, du montant des
frais de poste, calculés à raison de
4 centimes par jour, soit 1 fr. gfi par
mois.
3BU3L,IL-HITI3Nr
Paris, 3 octobre 1876.
Nous apprécions plus loin la résultat des
élections qui ont eu lieu dimanche.
Quatre républicains et deux bonapartis-
tes ont été élus. Lfeg deux bonapartistes
sont M. Peyrusse (Auch) et M. Tron (Saint-
Gaudens). Lee quatre républicain* sont M.
Chauveau (Senlis), M. Ferrari (Embrun),
M. Petitbien (Toui) et M. Bertrand-Milcent
(Cambrai).
Une foule de nouvelles contradictoires
ont circulé hier à Paris ; nous allons es-
sayer de démêler la vérité sur la situation
actuelle dan» la masse de dépêches et de
renseignements qui nous parviennent de
toutes parts. Constatons tout d'abord qu'il
résulte de l'ensemble de ce4 renseigne-
ments que la gravité de ia situation aug-
mente à chaque instant et que, pour em-
ployer les expressions du Moniteur uni-
versel, organe officieux de M. le duc D8-
caze, « les amis de la paix européenne
ont des motifs sérieux d'être inquiets, car
depuis quinze mois que la question d'Orient
est mzverte, nous n'avons pas encore été
aussi près de complications redoutables. >
En effet, la Porte n'a pas encore signi-
fié son acceptation ou son refus des propo-
sions do paix présentées par l'Angleterre.
1.9 cofiseil des ministres s'est réuni diman-
che, mais n'a pu arriver à prendre une
décision. Une nouvelle réunion a dû a?oir
lieu hier, et toutes les dépêches particuliè-
res jusqu'ici s'accordent à dire que la Por-
te repousse ces propositions ou ne les ac.
cepte qu'avec des réserves qui équivalent
à un refus. La Porte ne consentirait pas
plus que par le passé à accorder un armis-
tice. Ajoutons que les hommes d'Etat qui
dirigent les affaires de l'empire ottoman se
trouvent dans l'impossibilité presque ab-
solue de faire des conceillion, plus grandes
que celles qu ilo ont CaUca. jusqu'ici ; ils
l'expr)lerain;;, ausratnent à une révolution
immédiate, tantle fanatisme dei musulmans
est surexcité!
Le général Igsatieff est en route pour
retourner à son poste, qu'il aura probable-
ment rejoint à l'heure où paraitront ces
lignes. Il est chargé, dit-on, de présenter
un ultimatum à la Porte. La situation ne
saurait donc se prolonger et nous sommes
à la veille d'une solution définitive. Ajou-
tons toutefois que, jusqu'à présent, la Rus-
sie, s'il faut en croire le Nord, est restée
sur le terrain des négociations engagées.
Toutefois, l'organe officieux de la chancel-
lerie repousse absolument la prétention
qu'émet la Turquie d'appliquer elle-même
les réformei.
« Les généralité,', dit à ce sujet le Nord,
dans le gtnre de celles du hatu-houmayoun
de 1856 oat fait leur temps. Il est indis-
pensable qu'on spécifie dans un acte parti-
culier les trois provinces auxquelles s'ap-
pliquent les réclamations des puissances.
La gouvernement turc s'est toujours ef-
forcé da noyer dans de prétendues réformes
devant t'étendre à tout l'empire celles
qu'on lui demandait pour des provinces
déterminéel. Peu de temps avant la pré-
sentation de la note Andr,usy t on avait,
conformément à et iy!tèmf! traditionnel,
et afin de prévenir une démarche dipioma-
tique, rendu un firman de réformes géné-
râtes ; on sait ce que celles-oi sont deve-
nues. Ii faut que le contrôle de l'Europe
puisse s'exercer epéeialement et en détail
sur l'exécution des masures que comporte
la situation des trois provinces que vise
particulièrement l'action des gouverne-
ments européens. La Porte sera libre d'é-
twndre ensuite cette transformation au
m te de l'empire, si elle le veut. »
Les journaux anglais et autrichiens nous
apportent quelques renseignements sur la
œisiion de M. de Soumarakoff. D'après le
Times, l'aide de-camp de l'empereur de
Russie serait venu proposer à l'empereur
d'Autriche une intervention militaire en
Turquie, L'Autriche occuperait l'Herzégo-
vine et !a Bosnie pendant que la Russie oc-
cuperait la Bulgarie, L'Autriche aurait re.
fusé. D'a¡Jrèi certains journaux de Vienne,
l'envoyé aurait été tout simplement chargé
de mettre Illutriehe-HoûgriO en demeure
de ie prononce sur la situation qu'elle en-
tend prendre dana la question d'Orient. La
Nouvelle Presse libre résume ainsi ses ap-
préciations : « Non-seulement pour l'Au-
triche, mais pour l'Allemagne aussi, l'heure
décisive est arrivée. La première puissance
du continent tient peut-être encore la paix
dans ses mains. Nous ne voulons pas au-
jourd'hui en dire davantage sur la situa-
tion, telle que nous la voyons. Notre mo-
narchie est peut ê«re à la veille d'une des
critel lei., plus dangereuses qu'ella ait ja-
mais traversées. »
BOURSE DE PARIS
i.S.f. ie30aept"'ie2octob". B~urneBats~
Il 75 zl. 70 70 lfr.CS
ffiiJosr 71 57 1.2 70 35 1 fr. 22
4, s»a o/o
âeKptast 101 60 ,/ , KO 50 ,/, ,/» lfr,
so/o
Soajptimt 106 15 105 80 35 J
ttseour. liô 15 105 65 50
PBTITS BOURSE De SOIS -
Emprunt 3 0/0.. 70 fr. 60, 65. 57 1/2.
Emprunt 6 U/Q. K'5 fi?. 65. 0, 55, 57 1/2.
5 0/0 tara II fr.45, 35.
Banque Ottomane. 367 fr. 50. Otierte.
Sgyptiea. - t05 fr., 206 fr. 25.
:— » —: —-
Quoi! monsieur de Marcère, on ne
vous calomniait donc pas quand on
vous accusait de pactiser avec la dé-
magogie ! Et vous, monsieur Dufaure,
le contact d'un Marcère, d'un Léon
Say, d'un Christophle et d'un Wad-
dington aurait-il à ce point flétri
votre belle âme que vous professiez dé-
sormais, à l'instar du premier répu-
blicain venuK la loi égale pour tous?
Se peut-il que vous qu'on a vu si
souvent, plein d'une ardeur si noble,
obéir à la voix des conservateurs, vous
restiez sourd aux excitations de l'hon-
nête M. d Herbelot quand il vous dénonce
le congrès ouvrier, tandis que vous ou-
vrez complaisamment l'oreille aux récri-
minations des démagogues à propos de
quelques prêtres dont tout le crime est
de tondre indûment du budget la lar-
geur de leur langue !
Car il n'y a plus à en douter, ni M.
le ministre de l'intérieur, ni M. le garde
des sceaux n'entendent faire obstacle à
la réunion du congrès ouvrier, dont la
première séance a dû avoir lieu aujour-
d'hui même. Au fait, on ne voit pas
trop de quelle façon on aurait pu s'y
prendre, les organisateurs du congrès
ayant eu la précaution de s'en" tenir à
une réunion privée telle que la loi l'au-
torise. Mais c'est bien de cela que se
fussent embarrassés des ministres de
l'ordre moral !
« Considérant que la réunion privée
de la rue d'Arras est, en réalité, une
réunion publique.
Arrête : -
La réunion publique de la rue d'Ar-
ras est interdite. »
Ce n'est pas plus difficile que cela 1
Où êtes-vous, Broglie, Fourtou, Cha-
baud-Latour, laffet ? où êtes-vous ? Qui
musèlera l'hydre de l'anarchie? Qui l'em-
pêchera de nous dévorer ?
Et je me disais, en lisant depuis quel-
ques jours dans les principaux organes
de la bourgeoisie rétrograde ces la
mentations et ces dénonciations au su-
jet du congrès ouvrier : Faut-il donc
désespérer de voir jamais la liberté
pousser en France de vraies et solides
racines ? Car il ne faut pas s'y tromper,
la première condition pour un peuple
qui veut être libre, c'est d'être brave.
Et nous sommes poltrons.
La poltronnerie, voilà ce qui distingue
une partie de la bourgeoi&ie française.
Cherchez au fond de ce qu'elle appelle
ambitieusement ses opinions politiques,
et vous trouverez cela, rien que cela,
la peur. Pour une mouche qui vole de
travers, la voilà aux champs ; elle pleu-
re, elle crie, elle appelle au secours,
et finalement va se blottir derrière les
bottes d'un gendarme ou le tricorne
d'un sergent de ville. Mais quant à &e
défendre elle-même, serviteur! On a
- un gouvernement, des ministres, des
préfets, une armée, des juges d'ins-
truction; on a des prisons, on a la
Nouvelle-Calédonie, on a enfin tout ce
qu'il faut pour sauver, en cas de be-
soin, la société, la famille et la re-
ligion. Tout cela coftte fort cher, et il
faudrait encore payer de sa personne ?
Non, non; dans una société bien orga-
nisé, il doit suffire au premier citoyen
venu de crier : au loup, au voleur, ou
au républicain ! pour que tout danger
disparaisse à l'instant.
C'est ainsi que, depuis deux ou trois
jours, on entend de tous côtés des ap-
pels désespérés au gouvernement, et
en particulier à MM. Dafaure et de
Marcère. « A quoi pensez-vous ? leur
dit-on ; un congrès ouvrier va se réu-
nir et vous ne l'interdisez pas ! Vous
ne voyez donc pas qu'il s'agit en réalité
des grandes assises du radicalisme!
Vous n'avez donc pas entendu M. l'a-
vocat général d'Herbelot déclarer que
le congrès était bel et bien internatio-
nale Vous ne sentez donc pas que déjà
le sol tremble, et que la société va être
ébranlée jusqu'en ses fondements ? »
Quand je vous dis que tous ces brail-
lards, au fond, ne sont que des pol-
trons! Oa des farceurs; c'est à choisir.
Car, de deux choses l'une: ou ils ne
croient pas au danger et se mo-
quent de nous; ou ils y croient, et
ils n'ont pas le courage de le regarder
une bonne fois en face. En est-il un seul
de ces journaux qui dénoncent le con-
grès ouvrier, en est-il un qui se pré-
pare à étudier les diverses questions
qui doivent s'y traiter ? Que des travail-
leurs se réunissenfepour chercher ensem-
ble les meilleurs moyens d'améliorer leur
condition, c'est là un immense danger,
nous le voulons. Mais, de bonne foi,
croit-on qu'il ne serait pas bien plus
dangereux encore d'obliger les ouvriers
à tenir leurs aspirations secrètes ? Ce
sont d'horribles révolutionnaires, dites-
vous ; soit; mais si vous voulez en avoir
raison, vous, les conservateurs, ne per.
dez donc pas ua mot de ce qu'ils disent.
Vous prétendez qu'ils conspirent contre
la société ; soit ; mais le moyen de dé-
jouer leur complot, c'est de leur laisser
toute liberté de le révéler dans ses plus
petits détails.
Ah ! que l'aristocratie anglaise est plus
avisée ! Pensez-vous que l'aristocratie
anglaise ignore ce qui l'attend ? Point
du tout. Elle sait l'histoire et n'ignore
pas que toutes les sociétés, les unes
d'un pas plus rapide, les autres d'un pas
plus mesuré, se dirigent vers le même
but, qui est l'état démocratique. EUe le
sait, et en a pris son parti ; au lieu de
se révolter contre cette nécessité, elle
l'admet, et se prépare chaque jour à la
subir ; tous ses effort.s se bornent à em-
pêcher l'évolution de s'accomplir trop
vite, trop brutalement. C'est une bonne
fortune pour les * conservateurs » an-
glais que les meetings, les congrès où le
peuple indique lui-même à ses gouver-
nants le moyen de contenir ses aspira-
tions dans des limites raisonnables, en
lui donnant satisfaction immédiate sur
tel ou tel point spécial qui lui tient le
plus au cœur.
Certes, nous serions bien étonnés
qu'il ne se prononçât, rue d'Arras, que
des paroles sensées, et que les 150 ou
200 orateurs inscrits ne fissent que des
propositions raisonnables appuyées sur
des arguments sans reproches. Mais
nous ne serions pas moins surpris du
contraire, et nous trouvons les journaux
conservateurs bien osés d'affirmer à
priori que le congrès ouvrier ne peut
rien produire que de mauvais et de cou-
pable. A ne considérer que le program-
me des questions mises à l'étude par les
organisateurs du congrès, il ne nous
semble pas que les alarmes de la « bonne
société » soient en rien justifiables.
Quoi ! vous prétendez refuser à des cor-
porations. à des sociétés ouvrières, le
droit d'étudier des questions qui sont à
l'ordre du jour de l'économie politique
et sociale depuis un demi-siècle ? Quoi !
des travailleurs, des représentants des
divers corps de métiers, ne pourront pas
examiner librement ensemble ces diffici-
les problèmes que soulèvent le travail des
femmes, l'organisation des chambres
syndicales, les conseils des prud'hom-
mes, l'apprentissage et l'enseignement
professionnel, la représentation directe
du prolétariat au parlement, les asso-
ciations coopératives de production, de
consommation et de crédit, les caisses
de retraite, d'assurances et des invali-
des du travail, les associations agrico-
les, etc., etc.? De quoi donc voulez-vous
qu'ils parlent ?
Si les orateurs du congrès se livrent,
comme vous dites le craindre, à des
attaques injustes contre le capital, eh
bien ! que le capital se défende ; il est
assez fort, j'imagine, pour se défendre
tout seul sans le secours des commis-
saires de police. On discutera dans le
congrès, on discutera dans la presse,
à ]a tribune, et finalement, c'est l'opi-
nion publique qui terminera le débat.
Que craignez vous, vaillants champions
de la conservation sociale ? Vous n'êtes
donc pas sûrs d'avoir raison, que vous
sommiez la gendarmerie de donner tort
à vos adversaires ?
Le grand, l'unique argument, d'ap-
parence un peu sérieuse, qu'on oppose
au droit égal pour tous de se réunir et
de parler, c'est le danger de voir se
répandre en toute liberté le poison des
« mauvaises doctrines » et des «théories
subversives. » Ou irons-nous, s'écrient
les bien pensants, si nous permettons
aux premiers venus de raisonner, de
discuter, de remettre en question des
problèmes que nous avons résolus une
fois pour toutes, avec la compétence
dont seuls nous avons le privilége ? Ce
sera le désordre, l'anarchie, la fin du
monde.
A cela nous répondons: Prenez garde;
vous croyez avoir le privilége de rai-
sonner justa, tant mieux pour vous ;
mais souvenez vous que si vous préten-
dez interdire à autrui le droit de rai-
sonner faux, le temps n'est pas loin où
vous serez privés vous-mêmes du droit
de raisonner juste. Si vous fermez la
bouche à vos adversaires, étonnez-vous
donc qu'un jour, à bout de patiencé et
privés d'autre argument, ils vous mon-
trent le poing !
E. SCHNERB.
———— ————.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
DU 1er OCTOBRE
Hautes-Alpes
Arrondissement d'Embrun
Inscrits, 7.297; votants, 5.633; suffrages
exprimés, 5.626.
MM. Ferrari, républicain (élu). 2.825 voix.
De Prunières. légitimiste.. 2.795
Voix perdues. 17
Au scrutin du 17 septembre, M. de Pr uni ères
a obtenu 2.636 voix et M. Ferrari 2.332. Un
seconi candidat républicain, M. Ollier, en a
eu 468. Sur 7.308 électeurs, 8.460 avaient
pris part au vote.
Nord ,
Arrond. de Cambrai (2e circonscription)
Illscrit, 24.096; votants, 13.560; suffrages
exprImés, 12.658.
MM. Bfcrtrand-Mîloent, r.(élu) 11.597 voix.
Lestoquoy 1.433
Bulletins nuls on blancs., 910
Aux élections du 20 février, M. Parsy,
qui n'avait pas de concurrent, fut élu par
13 919 voiï. -
Gers
Arrondissement d'Auch
lascrits, 18.200; votants, 15.703.
MM. Peyrusse, bonap. (élu).. 8.119 voix.
Jean. David, républicain.. 7.521
Aux élections de ballottage du 5 mars 1876,
M. Peyrosse avait été élu par 7.558 voix
contre 6.874 doanéss à M. David. Le 21 mai,
il avait été élu une seconde fois par 7.851
voix contre 7.762 données à M, David.
Oise
Arrondissement de Senlis
Iascrits, 23.985; votants, 19.908.
MM. Franok-Chauveau, r. (élu) 9.991 voix.
Picard, bonapartiste. 9.725
Divers. 30
Bulletins blancs ou nuls. 162
Aux élections du 20 février, M. Sebert avait
été élu par 9.882 voix, contre 9.587 données
à M. Picard.
Baute-Garonne
Arrondi de St-Gaudens (2° circonscrip.).
lUrI. Tron, bODap. (élu) 6.807 voix.
Victor Camparan, rêp. 5.937
M. Trou avait été élu par 7 447 voix contre
5,792 obtenues par M. Camparan.
Meurthe>et
Arrondissement de Toul
MM. Petitbien, rép. (élu) 8.411 voix.
Alphonse Claude, cléric.. 4.670
Aux élections du 20 février, M. Camille
Claude était seul candidat; il fat élu par
12.352 voix
—————————
Nous ne songerons pas à nous plain-
dre des résultats du scrutin de diman-
che. Dans quatre circonscriptions sur
six, le candidat républicain triomphe,
et dans deux de ces circonscriptions, à
Cambrai et à Toul, on peut dire que la
lutte n'a pas même existé. Les deux
autres vainqueurs sont deux bonapar-
tistes.
Certes, nous mentirions si nous di-
sions que nous faisions des vœux à
Auch pour M. Peyrusse, à Saint-Gau-
dens pour M. Tron; la façon dont ces
deux honorables députés officiels ont
fait au Corps législatif impérial les
affaires de la France n'était pas faite
pour nous inspirer le désir de les voir les
faire encore à la Chambre des députés.
Puisque cependant deux ennemis de la
République devaient l'emporter cette
fois, il ne nous déplaît pas que ce
soient deux bonapartistes. Orléanistes
et légitimistes finiront peut-être par
comprendre que l'extrême succès de
leur antipathie contre nos institutions
peut être tout au plus la victoire d'un
bonapartiste, mais jamais celles de l'un
des leurs.
Ils viennent d'en avoir une fois de
plus la preuve dans l'élection d'Em-
brun; M. dePrunières, qui avait l'avan-
tage au premier tour de scrutin, n'a pu
le conserver au second. Républicaine
ou bonapartiste, il n'y a plus d'autre
alternative possible pour la France.
Les dévots de la monarchie aînée ou
cadette n'ont que le choix entre deux
régimes politiques : celui qui a précipité
la France dans les désastres de 1870,
ou celui qui depuis six années travaillle
avec honneur et succès à la relever.
Avec quelque fracas que triomphent
les bonapartistes — qui ont le triomphe
bruyant — du succès de M. Peyrusse et
de celui de M.Tron, ils ne couvriront pas
ce qu'a d'humiliant pour eux l'échec de
leur candidat M. Picard, à Senlis. Cette
élection de l'Oise était entre les six
élections l'élection particulièrement im-
portante : c'est elle qui donne tout son
sens au scrutin d'avant-hier. Le succès
de M. Picard ne faisait point doute
pour ses amis, on annonçait par avance
sa victoire, et rien d'ailleurs n'avait été
négligé pour l'assurer. M. Picard est,
tout le monde le sait, un homme in-
telligent, entendu aux affaires, avoué
considéré à Paris et propriétaire consi-
dérable en son département.
Il est bonapartiste, mais point bona-
partiste compromis ; il s'était capitonné
contre les accidents de la douce et moel-
leuse épithète de « candidat constitution-
nel. » Le Pays se fâchait rouge quand
on le traitait trop brutalement d'impé-
rialiste. Il avait pour lui et l'Ordre et
le Pays, et la Défense, et la Gazette de
France : le Français le trouvait à son
goût; la Patrie et l'Univers le regar-
daient d'un œil protecteur : les dévots
de la terre le prônaient et du haut du
ciel, sa demeure dernière, Ratapoil le
bénissait. Hélas ! tant d'appuis n'ont
pas empêché -M. Picard de succomber.
C'est un républicain, M. FraDk Chau-
veau qui triomphe de lui cette fois,
comme, le 20 février, ç'avait été un au-
républicain, le regretté M. Sebert. M.
Picard a perdu sa cause en appel de-
vant le suffrage universel.
Le bonapartisme l'a perdue avec lui,
et vraiment il ne suffit pas pour pré-
tendre donner des lois à la France
d'avoir quelques milliers de partisans
dans l'île de Corse et dans deux ou
trois petites Corses continentales.
CHARLES BIOT.
Nouvelles d'Orient
Constantinople, 2 octobre.
Un nouveau conseil des ministres aura lieu
aujourd'hui pour délibérer sur la réponse A
faire aux propositions des puissances.
Le patriotisme ottoman à Constantinople
est très surexcité.
Belgrade, 2 octobre.
Les Turci sont partis samedi de leurs re-
tranchements et ont attaqué l'armée serbe à
Qredetia avec 20,000 hommes et 40 canons.
Le combat a duré douze heures. Les Turcs
ont été repoussés avec de grandes pertes.
L'armée serbe maintient ses positions sur
les hauteurs.
Vienne, 2 octobre.
Le contenu présumé de la lettre du ozar
continue de produire une très-vive impres-
sion.
Il paraît certain, malgré les dénégations
venant de Saint-Pétersbourg, que cetta lettre
propose une occupation austro russe des pro-
vinces chrétiennes de la Turquie. Le gouver-
nement austro hongrois répugne vivement A
cette occupation, qui est aussi conseillée par
le cabinet de Berlin. Oa assure que, dans tous
les cas, il ns consentira à cette occupation,
qu'après avoir soumis la question à une con-
férence, et après avoir placé cette occupation
sous la garantie de l'Europe.
Londres, 2 octobre.
Le Timet publie la dépêche suivante de
Berlin :
L'occupation en commun des provinces in-
surgées sera la garantie que l'interprétation
russe de l'expression « autonomie » (self go -
vernment) sera adoptée dans les réformes
exécutées par la Porte.
Dans sa lettre à l'empereur d'Autriche, le
czar approuve le programme de l'Angleterre
pour la paix ; mais il demande une autonomie
plus étendue pour la Bosnie et l'Herzégovine,
et à cet effet, propose l'occupation conjointe
des provinces insurgées, savoir la Bulgarie
par les Russes, la Bosnie et l'Herzégovine
par les Autrichiens. La Serbie conserverait
son indépendance actuelle, sous des généraux
russes (?)
La Russie propose encore de faire surveil-
ler le Bosphore par une flotte austro-russe.
Il est admis maintenant par toutes les puis-
sances qu'une conférence seule peut décider
les questions pendantes entre la Turquie et
ses vassaux. Seulement la Russie stipule que
la conférence ait lieu dans une ville neutre,
et soit composée des ministres des affaires
étrangères des puissances.
Athènes, 1er octobre.
Un meeting, auquel assistaient 8,000 per-
sonnes environ, a eu lieu sur le Pnyx, sous la
présidence du recteur de l'Université.
MM. Paparrigopoulo, Kokinos et Damalas,
professeurs de 1 Université, ont pris la pa-
role. Ils ont exposé la situation intolérable
des provinces grecques de la Turquie, et
exprimé le regret que les puissances, dans
leur projet pour la pacification en Orient,
aient mis de côté les intérêts et les justes
prétentions de ces provinces, créant ainsi
une inégalité entre elles et les provinces
slaves.
Les orateurs ont fait ressortir que les Grecs
étaient récompensés par l'oubli des services
qu'ils ont rendus à la CAUle de la paix, lors-
qu'ils se sont conformés au désir des puis-
sances. Maintenant les Grecs doivent complé-
ter leurs préparatifs et sa tenir prêts A tout
événement (Acclamation générale).
Le meeting a voté des résolutions dans ce
sens et une députation, composée du recteur
de l'Université, du métropolitain et d'antres
personnes notables, a été chargée de les pré-
senter au gouvernement.
On parle de négociations confidentielles
relatives à une alliance serbo-grecque.
Athènes, 1er octobre, 10 h. soir.
Dans le grand meeting tenu aujourd'hui, le
recteur de l'Université a commencé, en qualité
de président, par définir le but de la réunion.
A la suite des discours prononcés par les pro-
fesseurs de l'Université Paparrigopoulo, Kiki -
nos et Damalas, les motions suivantes formu-
lées par ce dernier ont été adoptées :
1° Que le gouvernement fasse aux grandes
puissances les représentations nécessaires
au sujet de l'injustice projetée à l'égard des
chrétiebs grecs on Turquie.
28 Que le gouvernement avise aux mesures
les plus actives pour organiser les forces
militaires de terre et de mer du pay". Cette
motion sera présentée au gouvernement par
une commission composée du métropolitain,
du recteur, des maires d'Athènes et du Pi-
rée et de M. Damalas, en qualité de Secré-
taire.
La Post de Berlin, du 30 septembre, publie
la dépêche suivante :
Pesth, 29 septembre.
Le gouvernement hellénique prépare une
note aux grandes puissances demandant que,
lors de la conclusion de Ja paix, les réformes
imposées à la Turquie soient applicables, non-
seulement aux provinces slaves, mais aussi à
la Thessalie et à l'Epire.
Ragale, Ier octobre.
Osman-Pacha, malade, est arrivé ici pour
sa faire soigner.
Le priaee Nicolas et les sénateurs sont très-
irrités de la proclamation du prince Milan
comme roi, parce qu'elle a été lancée sans
qu'ils en aient été préalablement avisés.
Ils sont disposés A accepter la paix moyen-
nant une extension da territoire, quoique la
nation soit animée de sentiments belliqueux.
Le consul anglais s'est rendu aujourd'hui à
Cetticje pour conseiller au prince Nicolas de
signer la paix aux conditions qui lai seront
offertes par les puissances.
Constantinople, 2 octobre, 2 h. soir.
Le grand-vizir a fait savoir aux ambassa-
deurs que la réponse de la Porte ne pour-
rait être communiquée que ce soir.
Londres, 2 octobre.
Une lettre de M. Bright a été lue dans une
réunion tenue à Birminghamaujourd'hui pour
demander la réunion immédiate du Parlement.
M. Bright dit que la convocation lui parait cons-
titutioanelle et sage, mais que le gouverne-
ment la refusera, craignant la dissolution de
sa majorité et l'adoption d'une politique inac-
ceptable.
Il y a deux moyens, ajoute M. Bright, de
sortir des difficultés actuelles : le premier,
c'est un changement complet dans la politi-
que. Pour cela, il faut que le chef du cabinet
loit changé. Le second est la démission du ca-
binet. La lettre conclut qu'il serait inconsti-
tutionnel et dangereux pour le ministère de
rester au pouvoir lorsque la nation ne vent
pas de lui et de négocier dans un esprit op-
posé à celui du pays et de continuer une
politique condamnée par la nation.
La réunion a adopté des résolutions décla-
rant lei conditions de paix proposées par lord
Derby contraires aux vœux du peuple et dé-
cidant d'adresser une pétition à la reine pour
une réunion immédiate du parlement.
M. Chamberlin regrette que ces résolution#
ne demandent pas la dissolution du Parle-
ment. Il dit : « Il nous faut un chef, et ce chef
est M. Gladstone.
L'agaça russe nous communique la déjpf*
che suivante :
Saint-Pétersbourg, 2 octobre.
3 h. soir.
Les conditions de la paix sont bien celles
que le Times a indiquées, elles seront consi-
gnées au protocole.
La Russie se montre facile et très conci-
liante sur les questions de formes et de mots;
mais elle insiste sur les détails d'exécution
pratique, afin d'éviter que la paix ne soit
qu'un replâtrage provisoire.
Le but sera atteint par la ferme attitude
des cabinets, tous également intéressés A oa
que la repos de l'Europe ne soit pas conti-
nuellement menacé par des troubles périodi-
ques en Orient.
Les télégrammes adressés aux journaux
russes établissent que jeudi, après la bataille,
les Serbes occupaient les positions avancées
suivantes : Horvatovitch est à Kroutche;
un détachement d'Alexinatz A Teehitza; un
autrs A Drévet, interceptant les communica-
tions des Tores. — Tchernaïeff est à Diou-
nitoh.
On compte huit morts et dix-sept blessés
parmi les officiers russes.
Le consul anglais à Belgrade a reçu de
lord Derby l'ordre de déclarer que l'Angle-
terre retire sa protection à la Serbie.
Le 29 Septembre
Vous doutiez-vous que le 29 septembre
fàt une des plus importantes éphéméridei
de notre histoire ? C'est l'Union qui nous
le rappelle aujourd'hui; et cela était bien
nécessaire, car nous l'avions oublié. Nous
avons, comme on dit familièrement, d'au-
tres chiens à fouetter à cette heure.
C'est donc le 29 septembre qu'est né
l'enfant du miracle.
L'enfant du miracle t Qui mme aujour-
d'hui comprendrait ce que ce mot lignifie;
si deux grands poètes, Victor Hugo et La-
martine, n'en avaient consacré le souve.
nir sans deux odes, qui sont balles encore,
malgré l'apparat de leur magnificence om.
cielle ?
Les légitimistes ont voulu célébrer cet
anniversaire auguste ; et l'Union nous ra-
conte € qu'un imposant pèlerinage réunis-
sait le 29 septembre à Sainte Anne-d'Au-
ray une foule aseourue de toutes parts
pour prier pour ion roi. »
Cette foule n'avait, je vous prie de le
croire, rien de commun avec la vile plèbe :
c'était une fine fleur de foule, une foule
ariltocratique; on y distinguait. qu'ai-
lais-je dire là ? c'étaient tous gens distin-
gués ; et des sénateurs, et des députés, et
des gentilshommes ; M. le comte de Kéri-
dec, M. Alexandre de Nionti, M. le prince
de Léon, M. de Polignac, M. de GORvello.
M. de Cadoudal, M. Espivent de la Ville.
boisnet, frère du commandant du 11e corps
d'armée, que l'on vient d'envoyer en rési.
dence à Nantes.
Tout ce beau moade commença naturel-
lement par écouter la messe,, laquelle fut
dite par l'abbé Guillouzo, chapelain de Ste-
Anne. Mgr l'évêque de Vannes y assistait
comme il est juste, et il ne manqua pas de
donner à l'assemblée sa bénédiction épisco-
pale. Il fallut s'en contaater : on ne peut
pss déranger le pape tous les jours : le
général Dacrot avait pris l'avance.
Après la messe on banqueta, et aprè, le
banquet on pprta des santés, selon l'usage.
Ajoutons tout de suite que l'on ne porta
point celle que l'usage commande. C'est
l'usage, chez toutes les nations qui se pi-
quent de civilité puérile et honnête, qu'à
la suite de tout diner où se trouvent des
hommes politiques, on boive d'abord au
chef de l'Etat, à celui qui aux yeux des
nations étrangères représente et person-
nifle la patrie.
C'est un devoir de bonne éducation au-
quel les Anglais ne manquent jamais, et
qu'en France observent toujours les gens
bien élevés.
Les gentilshommes bretons se mettent
au dessus de cas sortes do bienséances. M.
de Gouyon a levé son verre :
Messieurs, a-t-il dit, à la santé du roy !
Vive le roy !
Et il parait qu'un grand cri de Vive te
roy ! a répondu à cette invitation.
Avouez que la République est de bonne
composition. Si l'enfant du miracle était
sur le trône, nous verrions bien s'il nous
serait permis de crier à l'issue d'un banquet :
Vive la République 1
Je ne voudrais rien dire de désobligeant
aux légitimistes : mais je crains fort qu'il
n'y ait un peu de dédain dans cette indiffé-
rence. Le gouvernement ne peut guère re-
garder qu'avec compassion ces manifesta-
tions séniles, qui ne vont plus aujour-
d'hui sans quelque ombre de ridicule.
Il y a tel passage du discours de M. de
Gouyon qu'il eût été difficile à un simple
bourgeois d'écouter sans sourire :
« Voilà, s'est écrié l'orateur, voilà que
le canon tonne au bord du Danube, portant
par-tout les appréhensions d'une conflagra-
tion générale. Mais, hélasl la France n'a
plus son roi pour mettre son appréciation
dans la balance. »
Autrefois les rois mettaient leur épée
dans la balance; le comte de Chambord
n'y pourrait mettre en effet que son ap-
préciation. Le tout est de savoir ce que
Mercredi 4 Octobre lire
Umm
JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
RtnAcTIoN
^idîKMï au Secrétaire de la RâdacUfi
de 2 heures à siimiit
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Mmscr lettres et mandats à l'AdïninistrateSS
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Toute demande de changement d'a-
dresse doit être accompagnée de l'une
des dernières bandes imprimées, et de
60 centimes pour frais de nouvelles
bandes.
Toute demande de changement d'a-
dresse de Paris pour les départements
doit être accompagnée, en outre des
40 centimes ci-dessus, du montant des
frais de poste, calculés à raison de
4 centimes par jour, soit 1 fr. gfi par
mois.
3BU3L,IL-HITI3Nr
Paris, 3 octobre 1876.
Nous apprécions plus loin la résultat des
élections qui ont eu lieu dimanche.
Quatre républicains et deux bonapartis-
tes ont été élus. Lfeg deux bonapartistes
sont M. Peyrusse (Auch) et M. Tron (Saint-
Gaudens). Lee quatre républicain* sont M.
Chauveau (Senlis), M. Ferrari (Embrun),
M. Petitbien (Toui) et M. Bertrand-Milcent
(Cambrai).
Une foule de nouvelles contradictoires
ont circulé hier à Paris ; nous allons es-
sayer de démêler la vérité sur la situation
actuelle dan» la masse de dépêches et de
renseignements qui nous parviennent de
toutes parts. Constatons tout d'abord qu'il
résulte de l'ensemble de ce4 renseigne-
ments que la gravité de ia situation aug-
mente à chaque instant et que, pour em-
ployer les expressions du Moniteur uni-
versel, organe officieux de M. le duc D8-
caze, « les amis de la paix européenne
ont des motifs sérieux d'être inquiets, car
depuis quinze mois que la question d'Orient
est mzverte, nous n'avons pas encore été
aussi près de complications redoutables. >
En effet, la Porte n'a pas encore signi-
fié son acceptation ou son refus des propo-
sions do paix présentées par l'Angleterre.
1.9 cofiseil des ministres s'est réuni diman-
che, mais n'a pu arriver à prendre une
décision. Une nouvelle réunion a dû a?oir
lieu hier, et toutes les dépêches particuliè-
res jusqu'ici s'accordent à dire que la Por-
te repousse ces propositions ou ne les ac.
cepte qu'avec des réserves qui équivalent
à un refus. La Porte ne consentirait pas
plus que par le passé à accorder un armis-
tice. Ajoutons que les hommes d'Etat qui
dirigent les affaires de l'empire ottoman se
trouvent dans l'impossibilité presque ab-
solue de faire des conceillion, plus grandes
que celles qu ilo ont CaUca. jusqu'ici ; ils
l'expr)lerain;;, ausratnent à une révolution
immédiate, tantle fanatisme dei musulmans
est surexcité!
Le général Igsatieff est en route pour
retourner à son poste, qu'il aura probable-
ment rejoint à l'heure où paraitront ces
lignes. Il est chargé, dit-on, de présenter
un ultimatum à la Porte. La situation ne
saurait donc se prolonger et nous sommes
à la veille d'une solution définitive. Ajou-
tons toutefois que, jusqu'à présent, la Rus-
sie, s'il faut en croire le Nord, est restée
sur le terrain des négociations engagées.
Toutefois, l'organe officieux de la chancel-
lerie repousse absolument la prétention
qu'émet la Turquie d'appliquer elle-même
les réformei.
« Les généralité,', dit à ce sujet le Nord,
dans le gtnre de celles du hatu-houmayoun
de 1856 oat fait leur temps. Il est indis-
pensable qu'on spécifie dans un acte parti-
culier les trois provinces auxquelles s'ap-
pliquent les réclamations des puissances.
La gouvernement turc s'est toujours ef-
forcé da noyer dans de prétendues réformes
devant t'étendre à tout l'empire celles
qu'on lui demandait pour des provinces
déterminéel. Peu de temps avant la pré-
sentation de la note Andr,usy t on avait,
conformément à et iy!tèmf! traditionnel,
et afin de prévenir une démarche dipioma-
tique, rendu un firman de réformes géné-
râtes ; on sait ce que celles-oi sont deve-
nues. Ii faut que le contrôle de l'Europe
puisse s'exercer epéeialement et en détail
sur l'exécution des masures que comporte
la situation des trois provinces que vise
particulièrement l'action des gouverne-
ments européens. La Porte sera libre d'é-
twndre ensuite cette transformation au
m te de l'empire, si elle le veut. »
Les journaux anglais et autrichiens nous
apportent quelques renseignements sur la
œisiion de M. de Soumarakoff. D'après le
Times, l'aide de-camp de l'empereur de
Russie serait venu proposer à l'empereur
d'Autriche une intervention militaire en
Turquie, L'Autriche occuperait l'Herzégo-
vine et !a Bosnie pendant que la Russie oc-
cuperait la Bulgarie, L'Autriche aurait re.
fusé. D'a¡Jrèi certains journaux de Vienne,
l'envoyé aurait été tout simplement chargé
de mettre Illutriehe-HoûgriO en demeure
de ie prononce sur la situation qu'elle en-
tend prendre dana la question d'Orient. La
Nouvelle Presse libre résume ainsi ses ap-
préciations : « Non-seulement pour l'Au-
triche, mais pour l'Allemagne aussi, l'heure
décisive est arrivée. La première puissance
du continent tient peut-être encore la paix
dans ses mains. Nous ne voulons pas au-
jourd'hui en dire davantage sur la situa-
tion, telle que nous la voyons. Notre mo-
narchie est peut ê«re à la veille d'une des
critel lei., plus dangereuses qu'ella ait ja-
mais traversées. »
BOURSE DE PARIS
i.S.f. ie30aept"'ie2octob". B~urneBats~
Il 75 zl. 70 70 lfr.CS
ffiiJosr 71 57 1.2 70 35 1 fr. 22
4, s»a o/o
âeKptast 101 60 ,/ , KO 50 ,/, ,/» lfr,
so/o
Soajptimt 106 15 105 80 35 J
ttseour. liô 15 105 65 50
PBTITS BOURSE De SOIS -
Emprunt 3 0/0.. 70 fr. 60, 65. 57 1/2.
Emprunt 6 U/Q. K'5 fi?. 65. 0, 55, 57 1/2.
5 0/0 tara II fr.45, 35.
Banque Ottomane. 367 fr. 50. Otierte.
Sgyptiea. - t05 fr., 206 fr. 25.
:— » —: —-
Quoi! monsieur de Marcère, on ne
vous calomniait donc pas quand on
vous accusait de pactiser avec la dé-
magogie ! Et vous, monsieur Dufaure,
le contact d'un Marcère, d'un Léon
Say, d'un Christophle et d'un Wad-
dington aurait-il à ce point flétri
votre belle âme que vous professiez dé-
sormais, à l'instar du premier répu-
blicain venuK la loi égale pour tous?
Se peut-il que vous qu'on a vu si
souvent, plein d'une ardeur si noble,
obéir à la voix des conservateurs, vous
restiez sourd aux excitations de l'hon-
nête M. d Herbelot quand il vous dénonce
le congrès ouvrier, tandis que vous ou-
vrez complaisamment l'oreille aux récri-
minations des démagogues à propos de
quelques prêtres dont tout le crime est
de tondre indûment du budget la lar-
geur de leur langue !
Car il n'y a plus à en douter, ni M.
le ministre de l'intérieur, ni M. le garde
des sceaux n'entendent faire obstacle à
la réunion du congrès ouvrier, dont la
première séance a dû avoir lieu aujour-
d'hui même. Au fait, on ne voit pas
trop de quelle façon on aurait pu s'y
prendre, les organisateurs du congrès
ayant eu la précaution de s'en" tenir à
une réunion privée telle que la loi l'au-
torise. Mais c'est bien de cela que se
fussent embarrassés des ministres de
l'ordre moral !
« Considérant que la réunion privée
de la rue d'Arras est, en réalité, une
réunion publique.
Arrête : -
La réunion publique de la rue d'Ar-
ras est interdite. »
Ce n'est pas plus difficile que cela 1
Où êtes-vous, Broglie, Fourtou, Cha-
baud-Latour, laffet ? où êtes-vous ? Qui
musèlera l'hydre de l'anarchie? Qui l'em-
pêchera de nous dévorer ?
Et je me disais, en lisant depuis quel-
ques jours dans les principaux organes
de la bourgeoisie rétrograde ces la
mentations et ces dénonciations au su-
jet du congrès ouvrier : Faut-il donc
désespérer de voir jamais la liberté
pousser en France de vraies et solides
racines ? Car il ne faut pas s'y tromper,
la première condition pour un peuple
qui veut être libre, c'est d'être brave.
Et nous sommes poltrons.
La poltronnerie, voilà ce qui distingue
une partie de la bourgeoi&ie française.
Cherchez au fond de ce qu'elle appelle
ambitieusement ses opinions politiques,
et vous trouverez cela, rien que cela,
la peur. Pour une mouche qui vole de
travers, la voilà aux champs ; elle pleu-
re, elle crie, elle appelle au secours,
et finalement va se blottir derrière les
bottes d'un gendarme ou le tricorne
d'un sergent de ville. Mais quant à &e
défendre elle-même, serviteur! On a
- un gouvernement, des ministres, des
préfets, une armée, des juges d'ins-
truction; on a des prisons, on a la
Nouvelle-Calédonie, on a enfin tout ce
qu'il faut pour sauver, en cas de be-
soin, la société, la famille et la re-
ligion. Tout cela coftte fort cher, et il
faudrait encore payer de sa personne ?
Non, non; dans una société bien orga-
nisé, il doit suffire au premier citoyen
venu de crier : au loup, au voleur, ou
au républicain ! pour que tout danger
disparaisse à l'instant.
C'est ainsi que, depuis deux ou trois
jours, on entend de tous côtés des ap-
pels désespérés au gouvernement, et
en particulier à MM. Dafaure et de
Marcère. « A quoi pensez-vous ? leur
dit-on ; un congrès ouvrier va se réu-
nir et vous ne l'interdisez pas ! Vous
ne voyez donc pas qu'il s'agit en réalité
des grandes assises du radicalisme!
Vous n'avez donc pas entendu M. l'a-
vocat général d'Herbelot déclarer que
le congrès était bel et bien internatio-
nale Vous ne sentez donc pas que déjà
le sol tremble, et que la société va être
ébranlée jusqu'en ses fondements ? »
Quand je vous dis que tous ces brail-
lards, au fond, ne sont que des pol-
trons! Oa des farceurs; c'est à choisir.
Car, de deux choses l'une: ou ils ne
croient pas au danger et se mo-
quent de nous; ou ils y croient, et
ils n'ont pas le courage de le regarder
une bonne fois en face. En est-il un seul
de ces journaux qui dénoncent le con-
grès ouvrier, en est-il un qui se pré-
pare à étudier les diverses questions
qui doivent s'y traiter ? Que des travail-
leurs se réunissenfepour chercher ensem-
ble les meilleurs moyens d'améliorer leur
condition, c'est là un immense danger,
nous le voulons. Mais, de bonne foi,
croit-on qu'il ne serait pas bien plus
dangereux encore d'obliger les ouvriers
à tenir leurs aspirations secrètes ? Ce
sont d'horribles révolutionnaires, dites-
vous ; soit; mais si vous voulez en avoir
raison, vous, les conservateurs, ne per.
dez donc pas ua mot de ce qu'ils disent.
Vous prétendez qu'ils conspirent contre
la société ; soit ; mais le moyen de dé-
jouer leur complot, c'est de leur laisser
toute liberté de le révéler dans ses plus
petits détails.
Ah ! que l'aristocratie anglaise est plus
avisée ! Pensez-vous que l'aristocratie
anglaise ignore ce qui l'attend ? Point
du tout. Elle sait l'histoire et n'ignore
pas que toutes les sociétés, les unes
d'un pas plus rapide, les autres d'un pas
plus mesuré, se dirigent vers le même
but, qui est l'état démocratique. EUe le
sait, et en a pris son parti ; au lieu de
se révolter contre cette nécessité, elle
l'admet, et se prépare chaque jour à la
subir ; tous ses effort.s se bornent à em-
pêcher l'évolution de s'accomplir trop
vite, trop brutalement. C'est une bonne
fortune pour les * conservateurs » an-
glais que les meetings, les congrès où le
peuple indique lui-même à ses gouver-
nants le moyen de contenir ses aspira-
tions dans des limites raisonnables, en
lui donnant satisfaction immédiate sur
tel ou tel point spécial qui lui tient le
plus au cœur.
Certes, nous serions bien étonnés
qu'il ne se prononçât, rue d'Arras, que
des paroles sensées, et que les 150 ou
200 orateurs inscrits ne fissent que des
propositions raisonnables appuyées sur
des arguments sans reproches. Mais
nous ne serions pas moins surpris du
contraire, et nous trouvons les journaux
conservateurs bien osés d'affirmer à
priori que le congrès ouvrier ne peut
rien produire que de mauvais et de cou-
pable. A ne considérer que le program-
me des questions mises à l'étude par les
organisateurs du congrès, il ne nous
semble pas que les alarmes de la « bonne
société » soient en rien justifiables.
Quoi ! vous prétendez refuser à des cor-
porations. à des sociétés ouvrières, le
droit d'étudier des questions qui sont à
l'ordre du jour de l'économie politique
et sociale depuis un demi-siècle ? Quoi !
des travailleurs, des représentants des
divers corps de métiers, ne pourront pas
examiner librement ensemble ces diffici-
les problèmes que soulèvent le travail des
femmes, l'organisation des chambres
syndicales, les conseils des prud'hom-
mes, l'apprentissage et l'enseignement
professionnel, la représentation directe
du prolétariat au parlement, les asso-
ciations coopératives de production, de
consommation et de crédit, les caisses
de retraite, d'assurances et des invali-
des du travail, les associations agrico-
les, etc., etc.? De quoi donc voulez-vous
qu'ils parlent ?
Si les orateurs du congrès se livrent,
comme vous dites le craindre, à des
attaques injustes contre le capital, eh
bien ! que le capital se défende ; il est
assez fort, j'imagine, pour se défendre
tout seul sans le secours des commis-
saires de police. On discutera dans le
congrès, on discutera dans la presse,
à ]a tribune, et finalement, c'est l'opi-
nion publique qui terminera le débat.
Que craignez vous, vaillants champions
de la conservation sociale ? Vous n'êtes
donc pas sûrs d'avoir raison, que vous
sommiez la gendarmerie de donner tort
à vos adversaires ?
Le grand, l'unique argument, d'ap-
parence un peu sérieuse, qu'on oppose
au droit égal pour tous de se réunir et
de parler, c'est le danger de voir se
répandre en toute liberté le poison des
« mauvaises doctrines » et des «théories
subversives. » Ou irons-nous, s'écrient
les bien pensants, si nous permettons
aux premiers venus de raisonner, de
discuter, de remettre en question des
problèmes que nous avons résolus une
fois pour toutes, avec la compétence
dont seuls nous avons le privilége ? Ce
sera le désordre, l'anarchie, la fin du
monde.
A cela nous répondons: Prenez garde;
vous croyez avoir le privilége de rai-
sonner justa, tant mieux pour vous ;
mais souvenez vous que si vous préten-
dez interdire à autrui le droit de rai-
sonner faux, le temps n'est pas loin où
vous serez privés vous-mêmes du droit
de raisonner juste. Si vous fermez la
bouche à vos adversaires, étonnez-vous
donc qu'un jour, à bout de patiencé et
privés d'autre argument, ils vous mon-
trent le poing !
E. SCHNERB.
———— ————.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
DU 1er OCTOBRE
Hautes-Alpes
Arrondissement d'Embrun
Inscrits, 7.297; votants, 5.633; suffrages
exprimés, 5.626.
MM. Ferrari, républicain (élu). 2.825 voix.
De Prunières. légitimiste.. 2.795
Voix perdues. 17
Au scrutin du 17 septembre, M. de Pr uni ères
a obtenu 2.636 voix et M. Ferrari 2.332. Un
seconi candidat républicain, M. Ollier, en a
eu 468. Sur 7.308 électeurs, 8.460 avaient
pris part au vote.
Nord ,
Arrond. de Cambrai (2e circonscription)
Illscrit, 24.096; votants, 13.560; suffrages
exprImés, 12.658.
MM. Bfcrtrand-Mîloent, r.(élu) 11.597 voix.
Lestoquoy 1.433
Bulletins nuls on blancs., 910
Aux élections du 20 février, M. Parsy,
qui n'avait pas de concurrent, fut élu par
13 919 voiï. -
Gers
Arrondissement d'Auch
lascrits, 18.200; votants, 15.703.
MM. Peyrusse, bonap. (élu).. 8.119 voix.
Jean. David, républicain.. 7.521
Aux élections de ballottage du 5 mars 1876,
M. Peyrosse avait été élu par 7.558 voix
contre 6.874 doanéss à M. David. Le 21 mai,
il avait été élu une seconde fois par 7.851
voix contre 7.762 données à M, David.
Oise
Arrondissement de Senlis
Iascrits, 23.985; votants, 19.908.
MM. Franok-Chauveau, r. (élu) 9.991 voix.
Picard, bonapartiste. 9.725
Divers. 30
Bulletins blancs ou nuls. 162
Aux élections du 20 février, M. Sebert avait
été élu par 9.882 voix, contre 9.587 données
à M. Picard.
Baute-Garonne
Arrondi de St-Gaudens (2° circonscrip.).
lUrI. Tron, bODap. (élu) 6.807 voix.
Victor Camparan, rêp. 5.937
M. Trou avait été élu par 7 447 voix contre
5,792 obtenues par M. Camparan.
Meurthe>et
Arrondissement de Toul
MM. Petitbien, rép. (élu) 8.411 voix.
Alphonse Claude, cléric.. 4.670
Aux élections du 20 février, M. Camille
Claude était seul candidat; il fat élu par
12.352 voix
—————————
Nous ne songerons pas à nous plain-
dre des résultats du scrutin de diman-
che. Dans quatre circonscriptions sur
six, le candidat républicain triomphe,
et dans deux de ces circonscriptions, à
Cambrai et à Toul, on peut dire que la
lutte n'a pas même existé. Les deux
autres vainqueurs sont deux bonapar-
tistes.
Certes, nous mentirions si nous di-
sions que nous faisions des vœux à
Auch pour M. Peyrusse, à Saint-Gau-
dens pour M. Tron; la façon dont ces
deux honorables députés officiels ont
fait au Corps législatif impérial les
affaires de la France n'était pas faite
pour nous inspirer le désir de les voir les
faire encore à la Chambre des députés.
Puisque cependant deux ennemis de la
République devaient l'emporter cette
fois, il ne nous déplaît pas que ce
soient deux bonapartistes. Orléanistes
et légitimistes finiront peut-être par
comprendre que l'extrême succès de
leur antipathie contre nos institutions
peut être tout au plus la victoire d'un
bonapartiste, mais jamais celles de l'un
des leurs.
Ils viennent d'en avoir une fois de
plus la preuve dans l'élection d'Em-
brun; M. dePrunières, qui avait l'avan-
tage au premier tour de scrutin, n'a pu
le conserver au second. Républicaine
ou bonapartiste, il n'y a plus d'autre
alternative possible pour la France.
Les dévots de la monarchie aînée ou
cadette n'ont que le choix entre deux
régimes politiques : celui qui a précipité
la France dans les désastres de 1870,
ou celui qui depuis six années travaillle
avec honneur et succès à la relever.
Avec quelque fracas que triomphent
les bonapartistes — qui ont le triomphe
bruyant — du succès de M. Peyrusse et
de celui de M.Tron, ils ne couvriront pas
ce qu'a d'humiliant pour eux l'échec de
leur candidat M. Picard, à Senlis. Cette
élection de l'Oise était entre les six
élections l'élection particulièrement im-
portante : c'est elle qui donne tout son
sens au scrutin d'avant-hier. Le succès
de M. Picard ne faisait point doute
pour ses amis, on annonçait par avance
sa victoire, et rien d'ailleurs n'avait été
négligé pour l'assurer. M. Picard est,
tout le monde le sait, un homme in-
telligent, entendu aux affaires, avoué
considéré à Paris et propriétaire consi-
dérable en son département.
Il est bonapartiste, mais point bona-
partiste compromis ; il s'était capitonné
contre les accidents de la douce et moel-
leuse épithète de « candidat constitution-
nel. » Le Pays se fâchait rouge quand
on le traitait trop brutalement d'impé-
rialiste. Il avait pour lui et l'Ordre et
le Pays, et la Défense, et la Gazette de
France : le Français le trouvait à son
goût; la Patrie et l'Univers le regar-
daient d'un œil protecteur : les dévots
de la terre le prônaient et du haut du
ciel, sa demeure dernière, Ratapoil le
bénissait. Hélas ! tant d'appuis n'ont
pas empêché -M. Picard de succomber.
C'est un républicain, M. FraDk Chau-
veau qui triomphe de lui cette fois,
comme, le 20 février, ç'avait été un au-
républicain, le regretté M. Sebert. M.
Picard a perdu sa cause en appel de-
vant le suffrage universel.
Le bonapartisme l'a perdue avec lui,
et vraiment il ne suffit pas pour pré-
tendre donner des lois à la France
d'avoir quelques milliers de partisans
dans l'île de Corse et dans deux ou
trois petites Corses continentales.
CHARLES BIOT.
Nouvelles d'Orient
Constantinople, 2 octobre.
Un nouveau conseil des ministres aura lieu
aujourd'hui pour délibérer sur la réponse A
faire aux propositions des puissances.
Le patriotisme ottoman à Constantinople
est très surexcité.
Belgrade, 2 octobre.
Les Turci sont partis samedi de leurs re-
tranchements et ont attaqué l'armée serbe à
Qredetia avec 20,000 hommes et 40 canons.
Le combat a duré douze heures. Les Turcs
ont été repoussés avec de grandes pertes.
L'armée serbe maintient ses positions sur
les hauteurs.
Vienne, 2 octobre.
Le contenu présumé de la lettre du ozar
continue de produire une très-vive impres-
sion.
Il paraît certain, malgré les dénégations
venant de Saint-Pétersbourg, que cetta lettre
propose une occupation austro russe des pro-
vinces chrétiennes de la Turquie. Le gouver-
nement austro hongrois répugne vivement A
cette occupation, qui est aussi conseillée par
le cabinet de Berlin. Oa assure que, dans tous
les cas, il ns consentira à cette occupation,
qu'après avoir soumis la question à une con-
férence, et après avoir placé cette occupation
sous la garantie de l'Europe.
Londres, 2 octobre.
Le Timet publie la dépêche suivante de
Berlin :
L'occupation en commun des provinces in-
surgées sera la garantie que l'interprétation
russe de l'expression « autonomie » (self go -
vernment) sera adoptée dans les réformes
exécutées par la Porte.
Dans sa lettre à l'empereur d'Autriche, le
czar approuve le programme de l'Angleterre
pour la paix ; mais il demande une autonomie
plus étendue pour la Bosnie et l'Herzégovine,
et à cet effet, propose l'occupation conjointe
des provinces insurgées, savoir la Bulgarie
par les Russes, la Bosnie et l'Herzégovine
par les Autrichiens. La Serbie conserverait
son indépendance actuelle, sous des généraux
russes (?)
La Russie propose encore de faire surveil-
ler le Bosphore par une flotte austro-russe.
Il est admis maintenant par toutes les puis-
sances qu'une conférence seule peut décider
les questions pendantes entre la Turquie et
ses vassaux. Seulement la Russie stipule que
la conférence ait lieu dans une ville neutre,
et soit composée des ministres des affaires
étrangères des puissances.
Athènes, 1er octobre.
Un meeting, auquel assistaient 8,000 per-
sonnes environ, a eu lieu sur le Pnyx, sous la
présidence du recteur de l'Université.
MM. Paparrigopoulo, Kokinos et Damalas,
professeurs de 1 Université, ont pris la pa-
role. Ils ont exposé la situation intolérable
des provinces grecques de la Turquie, et
exprimé le regret que les puissances, dans
leur projet pour la pacification en Orient,
aient mis de côté les intérêts et les justes
prétentions de ces provinces, créant ainsi
une inégalité entre elles et les provinces
slaves.
Les orateurs ont fait ressortir que les Grecs
étaient récompensés par l'oubli des services
qu'ils ont rendus à la CAUle de la paix, lors-
qu'ils se sont conformés au désir des puis-
sances. Maintenant les Grecs doivent complé-
ter leurs préparatifs et sa tenir prêts A tout
événement (Acclamation générale).
Le meeting a voté des résolutions dans ce
sens et une députation, composée du recteur
de l'Université, du métropolitain et d'antres
personnes notables, a été chargée de les pré-
senter au gouvernement.
On parle de négociations confidentielles
relatives à une alliance serbo-grecque.
Athènes, 1er octobre, 10 h. soir.
Dans le grand meeting tenu aujourd'hui, le
recteur de l'Université a commencé, en qualité
de président, par définir le but de la réunion.
A la suite des discours prononcés par les pro-
fesseurs de l'Université Paparrigopoulo, Kiki -
nos et Damalas, les motions suivantes formu-
lées par ce dernier ont été adoptées :
1° Que le gouvernement fasse aux grandes
puissances les représentations nécessaires
au sujet de l'injustice projetée à l'égard des
chrétiebs grecs on Turquie.
28 Que le gouvernement avise aux mesures
les plus actives pour organiser les forces
militaires de terre et de mer du pay". Cette
motion sera présentée au gouvernement par
une commission composée du métropolitain,
du recteur, des maires d'Athènes et du Pi-
rée et de M. Damalas, en qualité de Secré-
taire.
La Post de Berlin, du 30 septembre, publie
la dépêche suivante :
Pesth, 29 septembre.
Le gouvernement hellénique prépare une
note aux grandes puissances demandant que,
lors de la conclusion de Ja paix, les réformes
imposées à la Turquie soient applicables, non-
seulement aux provinces slaves, mais aussi à
la Thessalie et à l'Epire.
Ragale, Ier octobre.
Osman-Pacha, malade, est arrivé ici pour
sa faire soigner.
Le priaee Nicolas et les sénateurs sont très-
irrités de la proclamation du prince Milan
comme roi, parce qu'elle a été lancée sans
qu'ils en aient été préalablement avisés.
Ils sont disposés A accepter la paix moyen-
nant une extension da territoire, quoique la
nation soit animée de sentiments belliqueux.
Le consul anglais s'est rendu aujourd'hui à
Cetticje pour conseiller au prince Nicolas de
signer la paix aux conditions qui lai seront
offertes par les puissances.
Constantinople, 2 octobre, 2 h. soir.
Le grand-vizir a fait savoir aux ambassa-
deurs que la réponse de la Porte ne pour-
rait être communiquée que ce soir.
Londres, 2 octobre.
Une lettre de M. Bright a été lue dans une
réunion tenue à Birminghamaujourd'hui pour
demander la réunion immédiate du Parlement.
M. Bright dit que la convocation lui parait cons-
titutioanelle et sage, mais que le gouverne-
ment la refusera, craignant la dissolution de
sa majorité et l'adoption d'une politique inac-
ceptable.
Il y a deux moyens, ajoute M. Bright, de
sortir des difficultés actuelles : le premier,
c'est un changement complet dans la politi-
que. Pour cela, il faut que le chef du cabinet
loit changé. Le second est la démission du ca-
binet. La lettre conclut qu'il serait inconsti-
tutionnel et dangereux pour le ministère de
rester au pouvoir lorsque la nation ne vent
pas de lui et de négocier dans un esprit op-
posé à celui du pays et de continuer une
politique condamnée par la nation.
La réunion a adopté des résolutions décla-
rant lei conditions de paix proposées par lord
Derby contraires aux vœux du peuple et dé-
cidant d'adresser une pétition à la reine pour
une réunion immédiate du parlement.
M. Chamberlin regrette que ces résolution#
ne demandent pas la dissolution du Parle-
ment. Il dit : « Il nous faut un chef, et ce chef
est M. Gladstone.
L'agaça russe nous communique la déjpf*
che suivante :
Saint-Pétersbourg, 2 octobre.
3 h. soir.
Les conditions de la paix sont bien celles
que le Times a indiquées, elles seront consi-
gnées au protocole.
La Russie se montre facile et très conci-
liante sur les questions de formes et de mots;
mais elle insiste sur les détails d'exécution
pratique, afin d'éviter que la paix ne soit
qu'un replâtrage provisoire.
Le but sera atteint par la ferme attitude
des cabinets, tous également intéressés A oa
que la repos de l'Europe ne soit pas conti-
nuellement menacé par des troubles périodi-
ques en Orient.
Les télégrammes adressés aux journaux
russes établissent que jeudi, après la bataille,
les Serbes occupaient les positions avancées
suivantes : Horvatovitch est à Kroutche;
un détachement d'Alexinatz A Teehitza; un
autrs A Drévet, interceptant les communica-
tions des Tores. — Tchernaïeff est à Diou-
nitoh.
On compte huit morts et dix-sept blessés
parmi les officiers russes.
Le consul anglais à Belgrade a reçu de
lord Derby l'ordre de déclarer que l'Angle-
terre retire sa protection à la Serbie.
Le 29 Septembre
Vous doutiez-vous que le 29 septembre
fàt une des plus importantes éphéméridei
de notre histoire ? C'est l'Union qui nous
le rappelle aujourd'hui; et cela était bien
nécessaire, car nous l'avions oublié. Nous
avons, comme on dit familièrement, d'au-
tres chiens à fouetter à cette heure.
C'est donc le 29 septembre qu'est né
l'enfant du miracle.
L'enfant du miracle t Qui mme aujour-
d'hui comprendrait ce que ce mot lignifie;
si deux grands poètes, Victor Hugo et La-
martine, n'en avaient consacré le souve.
nir sans deux odes, qui sont balles encore,
malgré l'apparat de leur magnificence om.
cielle ?
Les légitimistes ont voulu célébrer cet
anniversaire auguste ; et l'Union nous ra-
conte € qu'un imposant pèlerinage réunis-
sait le 29 septembre à Sainte Anne-d'Au-
ray une foule aseourue de toutes parts
pour prier pour ion roi. »
Cette foule n'avait, je vous prie de le
croire, rien de commun avec la vile plèbe :
c'était une fine fleur de foule, une foule
ariltocratique; on y distinguait. qu'ai-
lais-je dire là ? c'étaient tous gens distin-
gués ; et des sénateurs, et des députés, et
des gentilshommes ; M. le comte de Kéri-
dec, M. Alexandre de Nionti, M. le prince
de Léon, M. de Polignac, M. de GORvello.
M. de Cadoudal, M. Espivent de la Ville.
boisnet, frère du commandant du 11e corps
d'armée, que l'on vient d'envoyer en rési.
dence à Nantes.
Tout ce beau moade commença naturel-
lement par écouter la messe,, laquelle fut
dite par l'abbé Guillouzo, chapelain de Ste-
Anne. Mgr l'évêque de Vannes y assistait
comme il est juste, et il ne manqua pas de
donner à l'assemblée sa bénédiction épisco-
pale. Il fallut s'en contaater : on ne peut
pss déranger le pape tous les jours : le
général Dacrot avait pris l'avance.
Après la messe on banqueta, et aprè, le
banquet on pprta des santés, selon l'usage.
Ajoutons tout de suite que l'on ne porta
point celle que l'usage commande. C'est
l'usage, chez toutes les nations qui se pi-
quent de civilité puérile et honnête, qu'à
la suite de tout diner où se trouvent des
hommes politiques, on boive d'abord au
chef de l'Etat, à celui qui aux yeux des
nations étrangères représente et person-
nifle la patrie.
C'est un devoir de bonne éducation au-
quel les Anglais ne manquent jamais, et
qu'en France observent toujours les gens
bien élevés.
Les gentilshommes bretons se mettent
au dessus de cas sortes do bienséances. M.
de Gouyon a levé son verre :
Messieurs, a-t-il dit, à la santé du roy !
Vive le roy !
Et il parait qu'un grand cri de Vive te
roy ! a répondu à cette invitation.
Avouez que la République est de bonne
composition. Si l'enfant du miracle était
sur le trône, nous verrions bien s'il nous
serait permis de crier à l'issue d'un banquet :
Vive la République 1
Je ne voudrais rien dire de désobligeant
aux légitimistes : mais je crains fort qu'il
n'y ait un peu de dédain dans cette indiffé-
rence. Le gouvernement ne peut guère re-
garder qu'avec compassion ces manifesta-
tions séniles, qui ne vont plus aujour-
d'hui sans quelque ombre de ridicule.
Il y a tel passage du discours de M. de
Gouyon qu'il eût été difficile à un simple
bourgeois d'écouter sans sourire :
« Voilà, s'est écrié l'orateur, voilà que
le canon tonne au bord du Danube, portant
par-tout les appréhensions d'une conflagra-
tion générale. Mais, hélasl la France n'a
plus son roi pour mettre son appréciation
dans la balance. »
Autrefois les rois mettaient leur épée
dans la balance; le comte de Chambord
n'y pourrait mettre en effet que son ap-
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