Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-09-15
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 15 septembre 1876 15 septembre 1876
Description : 1876/09/15 (A6,N1740). 1876/09/15 (A6,N1740).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
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adresser au Secrétaire de ia Rédactioll
de 2 heures à minuit
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PARIS
Trois mois",.,,,o 13 fr.
Six mois. 25
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Mrosser lettres et mandats à l'Administrât®®?
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MM. les ionseriptetirs dont
l'abonnement expire le 15 sep-
tembre sont priés de le renou-
veler Immédiatement, s'Us ne
veulent point éprouver de re-
tard dans la réception du Jour-
nal.
BULLETIN
Paris, le 14 septembre 1876.
Le Journal officiel d'hier matin publie
une circulaire de M. de Marcère relative-
ment à l'application de la nouvelle loi mu-
nicipale. M. le ministre de l'intérieur pres-
crit aux préfets de convoquer pour le di-
manche, 8 octobre, les conseils municipaux
appelés à élire des maires et des adjoints.
Le président de la République a quitté
Besançon hier et doit être de retour ce ma.
tin à Paris.
Las nouvelles d'Orient font presque ab.
solument défaut aujourd'hui. Vagence
russe, dans un télégramme que nous avons
publié hier, annonce que la Turquie refuse
un armistice. Nous comprenons facilement
que la Porte en agisse ainsi, car il est évi-
dent que l'armistice sera tout à l'avantage
des Serbes, s'il ne doit pas se terminer par
la paix.
Mais nous aurions voulu' que la Porte dé-
clarât enmême temps les conditions de paix
qu'elle compte proposer aux puissances.
Or, ainsi que nous avoai déjà eu occasion
de le faire remarquer hir, on ne sait rien
de certain à ca sujet. Nous avons publié à
titre de renseignements les bruits qui cou-
raient à Belgrade et à Vienne. Cependant
ces bruits paraissent fondés dans une cer-
taine mesure, car plusieurs correspon-
dances de Constantinople mentionnent ces
mêmes conditions. On ajoute même qu'elles
auraient été communiquées verbalement
aux ambassadeurs, puis, qu'elles auraient
été modifiées sur la déclaration faite par le
chargé d'affaires russe que le cabinet de
Saint-Pétersbourg considérerait ces condi-
tions comme un casus belli.
Les négociations se poursuivent donc à
Constantinople et tout fait prévoir que dé-
sormais elles seront fort longues. La Porte
a jusqu'à présent obtenu ce qu'elle voulait,
c'est-à-dire la continuation des hostilités, et
nos télégrammes de Belgrade semblent indi-
quer une recrudescence de l'action des
troupes ottomanes. Il est évident que le
généralissime turc va essayer de poursuivre
ses avantages, de forcer le passage de De-
ligrad ou de le tourner, comme il l'a fait
pour Alexinatz, afin de venir dicter la paix
sous les murs de Belgrade. C'est là que se
trouve le danger immédiat. Il est très-pro-
bable, en effet, que l'occupation da toute
la Serbie par les hordes sauvages qui
constituent l'armée turque précipiterait
l'action de la Russie, et que cette puissance
interviendrait au risque d'une guerre euro-
péenne. D'ailleurs, les paroles qu'a pronon-
cées le consul russe à Belgrade, lors du
banquet donné, il y a quelques jours, à
l'occasion de la fête du czar, laissent clai-
rement entendre qus le cabinst de Saint-
Pétersbourg est décidé à intervenir.
Mentionnons en même temps le bruit
d'une inter-vention simultanée de l'Autriche
en Bosnie et en Herzégovine, bruit qui re-
prend une certaine consistance à Berlin.
Mentionnons aussi que de nombreuses ré-
unions sont organisées en Prusse, avec la
permission du gouvernement, pour protes-
ter contre les atrocités turques en Bulga-
rie et pour demander à l'empereur Guillaume
de se mettre à la tête d'une nouvelle croi-
sade, afin de chasser les Turcs de l'Europe.
Ces faits rapprochés de la mission du feid-
maréchal Manteuffel ne laissent pas que
d'être significatifs.
BOURSE DE PARIS
Glftture le 12 sept" le 13 sept". Ha. Balane
S OjO
domptant 71 70 71 83 10 /■•• •/•
Fin cour. 71 60 71721 2 12 1,2-.
4 i/a 0/0
Comptant 102 25 102 ., 25
S O/O
Comptant 106 15 106 15 .,.f.
fin cour. 186 25 106 22 1/2 02 li2
PETITE BOURSE DU SOIR
Emprunt 5 0/0 106 fr. 15, 121/2, 18 3/4.
5 0/0 turc 13 fr. 22 1 2, 30.
Banque Ottomane. 400 fr., 398 75.
Egyptien. , * ■ 816 fr, 25, 214 37 1/2,
217 fr. 50.
—
LA POLITIQUE AU VILLAGE
C'est dimanche prochain que les
communes qui ne sont point chefs-
lieux de département, d'arrondisse-
ment ou de canton sont appelées à
compléter les conseils municipaux où
il existe des vacances, pour qu'elles
puissent procéder, dans des conditions
d'équité parfaite, le 8 octobre, à l'élec-
tion de leurs maires et adjoints. M. le
ministre de l'intérieur vient d'adresser
à ce sujet, aux préfets, une longue
circulaire, pleine de recommandations
techniques, réglant sur tous les points
leur conduite administrative et gar-
dant le silence le plus absolu sur leur
conduite politique.
Nous ne doutons pas que MM. les
préfets et sous préfets ne se fassent un
devoir d'imiter la libérale réserve dont
fait preuve M. le ministre de l'inté-
rieur.
Ainsi donc, sans pression administra-
tive, en pleine liberté, 33,000 commu-
nes de France environ vont, par le vote
de leurs délégués municipaux, élire
leurs maires et adjoints. Le fait est
d'autant plus intéressant que les con-
seils municipaux, investis depuis peu de
la prérogative de fournir la plus nota-
ble partie du contingent des électeurs
sénatoriaux, se trouvent, par cela
même, obligés d'avoir des préoccupa-
tions politiques et de songer à l'exercice
d'un droit que les conservateurs leur
déniaient opiniatrement tout en s'em-
Dressant de le leur conférer.
4 Tout droit entraîne des devoirs. Les
petites communes, qui forment, en
somme, le fond de la France, sont re-
mises en possession de leur droit ; il
leur faut maintenant réfléchir à leurs
devoirs.
Il est maintes occasions où il nous
a semblé remarquer que la politique au
village dérivait assez aisément, suivant
deux courants bien contraires : l'un,
un peu trop bouillonnant ; l'autre, si
calme, si calme que les eaux en pa-
raissaient dormantes. Nous nous expli-
quons.
Dans certaines communes, où l'esprit
d'indépendance exerçait ses ravages,
comme pourrait dire M. Buffet, la lutte
s'établissait, au moment des élections
municipales, entre une bonne partie de
la population et l'autorité préfectorale.
Il s'agissait de savoir laquelle de ces
deux forces triompherait de l'autre. On
n'avait qu'un but en vue, la victoire de
l'opposition. Et cela se comprenait de
la part de gens qui se sentaient bri-
dés, rênés de court, et à qui l'on eût
passé double mors si la loi l'eût per-
mis.
Dans d'autres communes — et celles-
là étaient certainement les plus nom-
breuses — l'esprit de passivité domi-
nait au contraire d'une façon déplora-
ble. Nous allons en citer un exemple :
Dans une petite commune de notre con-
naissance, un industriel, le personnage
important de l'endroit, est, en 1871, élu
conseiller général en tête de la liste ; à
l'unanimité, ses collègues le choisissent
pour être maire. Survient M. le duc de
Broglie, escorté de ses libertés munici-
pales. Notre industriel n'était pas un
homme politique ; jusqu'alors il n'avait
pas eu d'opinion bien tranchée, mais s'il
avait accepté avec reconnaissance d'être
l'homme de la commune, il ne se sentait
pas de goût pour être l'homme du pré-
fet. Il envoie sa démission. Arrivent
les élections municipales : le sous pré-
fet fait circuler en sous-main, par l'en-
tremise d'un de ses agents qu'il avait
placé à la tête de la mairie, une liste
municipale. Notre industriel, toujours
aussi estimé, aussi aimé de la popula-
tion, obtient, cette fois, tout juste sept
voix ! — Il est vrai qu'il n'avait rien
fait pour en obtenir plus. Mais la pre-
mière fois, non plus! Sans broncher,
sans laisser percer la moindre velléité
de résistance, la populatioa avait subi
la pression administrative.
Eh bien, nous croyons qu'il y a là
une double éducation à faire, et qui se
fera bien rapidement pour peu que les
électeurs veuillent arrêter leur pensée
sur l'acte qu'ils vont accomplir et en
peser l'importance.
Il faut que ceux qui jadis luttaient
pour lutter et tenir tête au fonction-
naire qui prétendait leur imposer ses
volontés se rendent bien compte aujour-
d'hui qu'ils sont libres, absolument li-
bres, que leur victoire est remportée, et
que la rendre profitable à tous est ac-
tuellement le seul but qu'ils aient à
poursuivre.
Il faut que ceux qui se laissaient gui-
der avec trop de docilité apprennent à
se conduire eux-mêmes; il faut qu'ils
s'habituent à réfléchir pour leur propre
compte au lieu de penser par le cerveau
d'un autre ; il faut que, sentant la res-
ponsabilité qui leur incombe, au lieu de
la fuir comme autrefois, ils s'efforcent
par la maturité de la rendre légère,
M. le ministre de l'intérieur, dans
son dernier discours, a émis une pen-
sée que la réaction lui a fait l'honneur
de trouver anarchique : « Je voudrais,
a-t-il dit, que le gouvernement apprît
aux citoyens à se passer de lui. » Si
jamais il fut une belle occasion de ten-
ter l'application de cette parole vrai-
ment libérale, c'est au moment où les
onze douzièmes des communes de France
vont avoir le souci de leur municipa-
lité. -
Ce sont les habitants de la campagne,
el. électeurs qui sont la majorité de
la France, ces hommes de travail et
d'ordre qu'on s'est plu, malgré maint
démenti, à représenter jusqu'ici comme
hostiles à la République et contre le
bon sens desquels viennent s'émousser
journellement les insinuations perfides
et les calomnies audacieuses, ce sont
ceux-là qui sont appelés à faire preuve
que l'ordre, pour exister, n'a pas be-
soin de la compression gouvernemen-
tale, et que l'administration de la cité
par les citoyens n'est pas l'anarchie.
Qa'ils se souviennent qu'ils ont une
tâche politique à accomplir; celle de
donner au gouvernement de la Répu-
blique des serviteurs dévoués, résolus
à soutenir les institutions actuelles et,
par conséquent, à éviter au pays toute
nouvelle secousse. Pour que la com-
mune soit tranquille, il faut avant tout
que l'Etat n'ait pas à subir de heurt.
Mais qu'ils n'oublient pas que ce n'est
plus l'heure de chercher, dans les élec-
tions municipales, seulement des vain-
queurs et • des vaincus, car pour bien
gérer la chose commune, il faut l'en-
tente de tous.
PAUL LAFARGUE,
LETTRES DE SERBIE
Semlin, 8 septembre au soir.
J'use de la permission que vous me don-
nez de revenir en France, et je suis venu
ce soir coucher à Sam lin, d'où je partirai
demain matin pour Vienne.
A Belgrade, on n'a de nouvelles ni de la
guerre ni de la paix. A lire le Journal offi.
ciel depuis cinq ou six joilrl, on pourrait
croire que Tchernaïaff n'a jamais existé,
car il n'en est pas fait la moindre mention.
Quant aux négociations, l'on prétend que
les Turcs refusent d'accepter l'armistice,
mais qu'ils se disent prêts à conclure la
paix définitive, dont ils dicteraient les con-
ditions. De toute façon, la guerre actuelle
est finie; par la guerre actuelle, j'entends
la guerre turco serbe. Mais que cette
guerre de deux mois n'ait été que le pré-
lude d'événements plus graves, c'est ce
qui est possible et probable même. Un fait
frappe les yeux : c'est le désir, nullement
dissimulé, de la Russie de ne pas laisser
échapper l'occasion qui se présente et de
régler à son profit la question d'Orient.
Da manière ou d'autre, la Russie trou-
vera moyen d'intervenir dans les confé-
rences où les préliminaires de la paix turco-
serbe seront débattus ; et plus les préten-
tions de la Serbie seront extravagantes,
plus elle les soutiendra. La Russie, en ef-
fet, n'est en ce moment occupée qu'à gont
fier au cœur de ces pauvres vaincus des
ambitions de victorieux. C'est là qu'est dé-
sormais tout l'intérêt de la question serbe.
Pour la suivre durant cette nouvelle phase,
il est indifférent d'être à Bslgrade ou à
Paris. - Mais ne nous faisons pas d'illusion ;
jamais la paix européenne n'a peut-être
été plus gravement menacée.
Que vous dire maintenant de la Serbie
même, qui n'est plus qu'un point dans le
vaste et sombre horizon que j'entrevois ?
Rien que je ne vous aie répété déjà. Ce pe-
tit peuple avait de l'avenir et peut être en
a-t il encore ; mais il a risqué de tout per-
dre pour avoir été prématurément ambi-
tieux. Il fallait travailler vingt ans à pré
parer la guerrs et non pas la jouer aux dés.
On s'est mis en campagne sur des illulion.,
sur des rumeurs ; on se figurait que la dé-
claration de guerre da prince Milan servi-
rait de signal à une prise d'armes de la Bos-
nie, de la Bulgarie, de la Vieille Serbie. La
Bulgarie et la Bosnie n'ont envoyé que des
fuyards joindre les armées serbes et ne se
sont pas soulevées chez elles ; quant à la
Vieille-Serbie, sur laquelle on comptait le
plus, elle n'a pas bougé.
On s'est donc trouvé réduit à ses seules
ressources, — les ressources d'un pays de
1,300,000 habitants, qui n'avait amassé ni
armes ni argent, et qui osait en outre se
lancer dans une pareille aventure sans offl
ciers, avec des administrateurs médiocres,
qui ne doutaient de rien et qui ne se dou-
taient de rien non plut.
Il serait facile, — plus facile que géné-
reux, — de dresser ici contre la Serbie un
long réquisitoire. Il serait facile aussi de
se répandre en réflexions sur sa situation
présente, et ea bons conseils pour son ave-
nir qu'elle a témérairement compromis.
Mais ce n'est pas là qu'est l'intérêt : la
question n'est plus serbe ; voilà près d'un
mois qu'elle est devenue européenne par le
fait de la Russie. L'Angleterre et l'Autriche
entreront en scène bientôt; et puis, sans
doute, l'Allemagne. Das négociations, des
conférences peuvent trainer tout l'hiver,
car la diplomatie a des longueurs savantes,
et c'est ainsi que nous gagnerons le prin-
temps, saison favorable aux coups de ca-
non.
Si vous m'accusez de voir les choges trop
en noir, je vous répondrai que je les vois
avec les yeux dont on les voit d'ici. Cette
opinion que la paix générale sera bientôt
troublée est presque unanime, et, comme
je vous l'ai dit, le conflit turco serbe est
absorbé par la menace du conflit européen.
La Serbie aura mis le feu aux poudres.
Tenons-nous sur nos gardes pour le cas où
l'explosion viendrait jusqu'à nous.
E. LIÉBERT.
+ »
Élection des Maires
Le Journal officiel publie une circulaire
adressée par M. le ministre da l'intérieur
aux préfets, relativement à l'élection des
magistrats municipaux.
M. le ministre rappelle que désormais,
aux termes de la loi, les conseils munici-
paux éliront, parmi leurs membres, lalmai-
res et lss adjoints dans toutes les commu-
nes qui ne sont point chefs lieux de dépar-
tement, d'arrondissement ou de canton,
et que la loi du 14 avril 1871 est remise en
vigueur pour ce qui touche l'élection de
ces magistrats.
N OUI rélumoDllei principales prescrip-
tions de la circulaire :
Les maires et adjoints seront élus le 8
octobre.
L'arrêté de convosation sera notifié par
écrit à tous les membres du conseil muni-
cipal, par les soins du maire, qui indi.
quera, en même temps, l'heure, le lieu et
l'objet de la réunion ; il devra être pris as-
sez tôt pour que les conseillers en aient
connaissance au moins cinq jours avant le
8 octobre Une irrégularité commise dans
la convocation pourrait entraîner la nul-
lité de l'élection.
Il ne pourrait être procédé à l'élection
si la majorité des membres en exercice
n'était pas présente à la séance.
Les conseillers nouvellement élus pour-
ront prendre part au vote, à moins que le
conseil de préfe cture n'ait annulé leur élec-
tion.
Si la majorité des membres du conseil
ne se rendait pas le 8 octobre à la convoca.
tion, une seconde convocation serait faite
pour le 10 et au besoin une troisième pour
le 12.
La présidence de l'assemblée est dévolue
par la loi au plus âgé des membres du con-
seil.
La majorité absolue est nécessaire aux
deux premiers tours de scrutin. Si, après
doux scrutins, aucun candidat n'a obtenu
cette majorité, il est procédé au ballottage
entre les deux candidats qui ont obtenu le
plus de suffrages.
Si les voix se partagent au troisième
tour, la nomination est acquise au plus
âgé..
Aussitôt après l'élection du maire, le
conseil municipal procédera à l'élection
des adjoints.
Il y a un adjoint dans les communes de
2,500 habitants et au-dessous, deux dans
celles de 2,501 à 10,000 habitants.
La loi exige que les maires et adjoints
soient pris dans le sein du conseil munici-
pal. De là découlent les conditions de ca-
pacité suivantes : ces fonctionnaires de
vront jouir de leurs droits civils et politi-
ques, être âgés de vingt-cinq ans, inscrits
sur la liste municipale de la commune ou
y payer une des quatre contributions di-
rectes. Un conseiller municipal peut donc
être élu maire ou adjoint dans une com-
mune où il ne paye aucune des contribu-
tions directes, pourvu qu'il y soit élec
teur.
Tout électeur a qualité pour attaquer la
validité des élections municipales ; il est
statué par le conseil de préfecture, aauf
recours au conseil d'Etat.
TROP DE ZÈLE
Tous ceux qui ont visité un hôpital
savent qu'au lit de chaque malade est
attaché un papier où se trouvent ins-
crites certaines indications nécessaires
au médecin ou au chirurgien qui doit le
visiter.
Ces indications sont:
Le nom du malade;
La date de son entrée;
Son âge ;
Sa profession ;
Son adresse ;
Le lieu de sa naissance ;
S'il est marié ou célibataire ;
Par qui son admission à l'hôpital a
été prononcée ;
Le nom de sa maladie.
Une case spéciale est réservée pour
qu'on y mette, à sa sortie, le nombre de
jours qu'il est resté.
Cette fiche n'est que la répétition d'un
registre à souches, qui reste à demeure
à l'établissement.
Toutes les indications qui s'y trou-
vent ont un but d'utilité pratique.
Ainsi il est bon que le médecin con-
naisse la profession du malade, car il
y a des maladies de métier; il faut
qu'il sache encore son adresse, car il y
a des quartiers sujets à certaines épi-
démies.
Aujourd'hui même l'administration a
fait distribuer à l'hôpital Cochin un
nouveau modèle de fiches, où l'on a ré-
servé quelques blancs, encadrés de
lignes noires, où se lisent ces chiffres
cabalistiques : 1 - 2 — 3 — 4.
Avec ce nouveau modèle, on a donné
la manière de s'en servir.
C'est une feuille de papier volante,
qui porte en titre :
INSTRUCTION
Au sujet de la rédaction des billets
de salle
La case no 1 est destinée à recevoir
l'indication par une initiale de la reli-
gion du malade.
La case no 2 servira à l'aumônier
qui indiquera par une initiale que le
malade a reçu les sacrements. ;
La case n°4 est prévue pour consigner
la volonté formellement exprimée par
un malade de changer de religion, et
mentionner l'avis transmis par suite au
ministre que le malade désire appeler.
L'émotion des médecins a été extrême,
en recevant ce nouveau modèle. Elle a
été si grande qu'ils ont cru devoir rom-
pre avec leurs habitudes de discrétion
pusillanime, et que celui qui m'a fait
l'honneur de m'apporter ces renseigne-
ments, non-seulement m'a autorisé à
donner son nom, mais m'en a même
prié. C'est M. Armand Després, profes-
seur agrégé de la faculté de médecine,
chirurgien de l'hôpital Cochin.
- J'étais si outré, m'a-t-il dit, que je
suis allé trouver l'administrateur en
chef et que je l'ai prévenu de la dé-
marche que je me préparais à faire près
de vous. Je n'éprouve donc aucun em-
barras à vous livrer mon nom. Il faut
Que des faits semblables soient connus
du public.
Peut-être ne vous rendez-vous pas
bien compte de la gravité de cette me-
sure nouvelle. C'est que vous n'avez
jamais causé avec des internes, et que
vous ignorez ce qui se passe dans nos
hôpitaux.
Vous sauriez alors que nos médecins
sont en lutte perpétuelle avec l'aumô-
nier, avec les sœurs, avec l'adminis-
tration. Vous sauriez qu'ils ont sans
cesse à défendre les malades contre une
propagande qui assiége leur chevet
d'exhortations, de prières, de menace?,
qui leur trouble la cervelle et leur
échauffe le sang. Vous sauriez que tou-
tes les douceurs sont réservées pour les
dévots ou les hypocrites, et que les au-
tres doivent se tenir très-heureux si
l'on exécute strictement à leur égard
les ordres du médecin.
Vous sauriez que dans nos hôpitaux
l'aumônier entre quand et comme il
veut, tandis que les ministres des au
tres religions ne sont reçus que lors-
qu'un malade les appelle spécialement.
Vous sauriez enfin que la question
religieuse y est un élément de discorde
et un sujet d'irritation quotidienne.
Vous comprendriez alors la surprise
et le chagrin des hommes de la science,
quand ils voient la persécution revêtir
une forme officielle, s'inscrire au lit du
malade et le signaler à tous ses compa-
gnons d'infortune, à tous les visiteurs
et surtout à tous les employés de l'éta-
blissement.
Mais qui sait? cette dernière invention
de l'esprit clérical sera peut être la
goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Voilà bien longtemps que notre lan-
gue est bridée sur les fâcheuses tendan-
ces de nos hôpitaux : peut être devrons-
nous à cette circonstance de pouvoir
enfin décharger notre cœur.
FRANCISQUE SARCEY.
.4>
LA GUERRE
Bépéclies de source slave.
Belgrade, 12 septembre.
Dimanche dernier, les Turcs essayèrent de
jeter en pont sur la Morava près de Trnjan,
mais il farent repoussés par les Serbss. Ils
renouvelèrent leur tentative hier à Bobo-
vitoh. Un engagement sérieux s'ensuivit snr
toute la ligne depuis Venkonga jusqu'à Nijni
Adrowatz. Les Serbes, placés sous le com-
mandement de Maoho-Verbitza se distinguè-
rent dans cette affaire. Verbitza, fut légère-
ment blessé. On explique les mouvements
de l'armée turque par la croyance qu'il leur
est impossible de l'emparer d'Alexinatz par
une attaque da front à cause des 19 retran-
chements qui défendent la place. C'est pour-
quoi ils cherchent à tourner celîe-ci pour
prendre ces retranchements à revers et par
deniêre. Les principales forces serbes sont
à Deligrad. Le major Popoviteh oommande à
Alexinatz ; il a nous ses ordres seulement
6,400 hommes. La prise d'Alexinatz est né-
cessaird aux Turcs comme base d'opérations
de l'armée qui opère contre Deligrad et pour
leurs communications avec Ni s sa, qui peu-
vent ôtre interrompues à chaque instant, si
Alexinatz raite entre les mains des Serbes.
Le colonel Hervatowitch, avec 12,000 hom-
mes, a fait un mouvement de flanc, partant
de Deligrad et passant par Djums, Kaonik,
Siljegovatz et Gredetin. Il est parvenu à Kor-
man, Là, il a attaqué l'arrière garde de l'ar-
mée turque. La bataille a continué toute la
journée d hier jusqu'au soir, sans résultat
décisif. Elle a cessé à la nuit seulement. Ce
matin, l'engagement a recommencé.
La fêté donnée hier soir chez le consnl
russe en l'honneur de l'anniversaire de la
naissance de l'empereur Alexandra s'est ter
minée par un concert.
Partout des démonstrations très sympathi-
ques à la Russie ont eu lieu.
Dépêches de sources diverses
Londres, 13 septembre.
Les meetings de protestation contre les
cruautés commises par les Turcs continuent
à avoir lieu. Une lettre du comte de Gran-
ville approuve le mouvement, mais défend
sir Elliot. Il espère que la politique ultérieure
du gouvernement donnera s ati* faction non-
seulement aux aspirations du pays, mais
aussi à l'opinion publique du monde civilisé.
Londres, 13 septembre.
Une dépêche de Constantinople annonce que
le bruit court qu'une suspension d'armes au-
ra lieu de fait, sur les ordres donnés par la
Turquie et la Serbie, pendant les négocia-
tions ponr la paix, quoiqu'on De soit pas en-
core arrivé à un arrangement formel.
Vienne, 13 septembre.
La Correspondance politique dit que d'après
ses informations, le nouveau conseil des mi-
nistres turcs aurait essentiellement modifié
les conditions primitives de la paix, et aurait
promis de les communiquer aux représen-
tants des grandes puissances, à Constantino.
pie, pour le 12 septembre.
Raguse, 13 septembre.
Le Il septembre, Dervisoh-Pacha s'est re-
tranché avec des forces considérables entre
Veljneberde et Sputz.
Les Monténégrins étant accourus, Dervisch
s'est replié, hier, à Podgq^tza, sans com-
battre.
Londres, 13 septembre.
On mande de Belgrade, le 13 :
Le combat a recommencé oe matin à 6 heu-
res sur les deux rives de la Morava, depuis
Tenjau jusqu'à Bobovitoh Les Serbes ont jeté
avec succès un pont sar la Morava, en aval
de Katoun. Les Turos s'en étant aperçus al-
lumèrent aussitôt des fanaux pour avertir le
gros de l'armée. Les Circassiens et la cava-
lerie chargèrent les Serbes et le combat s'en-
gagea sur toute la ligue.
Le résultat a été favorable aux Serbes, qui
ont repoussé les Turcs à quelques kilomètres
de la rive gaucho de la Morava.
Le général Ranko Alimpitch a été rappelé à
Belgrade et remplacé dans son commande-
ment de l'armée de la Drina par le colonel
Ouzeun Merovich.
1,200 volontaires italiens qui ont été enga-
gés à Milan arriveront prochainement en
Serbie. Ils seront envoyés à l'armée de la
Drina. Ils ont été formés en légion par Canzio,
le gendre de Garibaldi.
Berlin, 13 septembre.
On apprend, par dépêcha privée de Ruts-
chuck, q (t'un vapenr-poste autrichien sur le
quel se trouvaient 150 Russes a essuyé le
feu des bachi bonzouks près de Tutnrka.
Personne n'a été blessé.
*
Dépêches de source turque.
Constantinople, 12 septembre.
Les individus signalés dans le rapport de
Blacque Bey comme ayant été en tête des
milices qui commirent des cruautés en Bul-
garie ont été amenés sous escorte a Conatan-
tinople pour être jugés et punis.
Une réunion extraordinaire du conseil des
ministres a été tenue aujourd'hui pour dis-
cuter les conditions de la paix.
L'amiral anglais Drummond est retourné à
Basika.
Lettre de Turquie
Constantinople, 8 septembre.
La cérémonie du glaive a eu lieu hier
dans la mosquée d'Eyoub, située à l'extré-
mité de la Corne-d'Or. Le sultan est parti
vers dix heures du matin du palais de
Dolma-Batcbé ; il est monté dans son caïque
de gala, qui, conduit par 24 rameurs, ra-
sait l'eau avec la légèreté et la rapidité
du goëland. et accostait en peu de temps
l'échelle d'Eyoub.
Le sultan, précédé et suivi de tout les
grands dignitaires, du corps des ulémas et
des officiers de sa maisoD, a parcouru à
cheval le trajet qui la séparait de la mot.
quée, où il a pris possession du sabre de
Mahomet.
Abd-ul Hamid s'est alors rendu à la mOI.
quée de Mehémed-le-Conquérant, en pas-
sant par la porte d'Andrinople, à côté de
laquelle se dressait la tente du corps diplo-
matique ; de là il a visité les tombeaux de
son père Medjid et de son grand-père Mah-
moud. A 4 heures il était de retour à Dol.
ma-Batché. Je ne vous ai point fait uned.
cription du cortège, qui n'avait, du reste,
rien de frappant par le côté pittoresque,
et qui se prêtait plus au crayon de Cham
qu'au pinceau de Regnault. Rien de plus
comique en effet que ces fonctionnaires
turcs, dont la tête et les jambes disparais-
sent dans un énorme ventre, montés sur
d'élégants petits chevaux arabes qui n'en
peuvent mais, et semblent, en bénissant,
demander grâce. Le soir, tout le quartier
de Péra était illuminé, ainsi que les palais
des deux rives du Bosphore.
Je passe rapidement sur cette cérémonie,
pour vous parler de la seule chose qui oc-
cupe l'Europe politique.
Les ambassadeurs se sont réunis ces
jours-ci à Theralîia ; à l'issue de ce con-
seil, la Sublime-Porte a reçu une note col-
lective des puissances demandant un ar-
mistice de quelques semaines pour jeter
les bases d'un traité de paix entre la Tur-
quie d'un côté, la Serbie et le Montenegro
de l'autre.
Mercredi dernier, le conseil des minis-
tres s'est réuni sous la présidence de Mi-
dhat Pacha, — le grand-vizir étant ma-
lade — et a examiné cette note, sans s'ar-
rêter pourtant à aucune résolution.
La demande des puissances place le gou-
vrnement turc dans une position très-em-
barrassante, comme qui dirait entre l'en-
clume et le marteau. S'il ne peut pas ré-
pondre aux ambassadeurs par un refus for-
mel, il ne peut pas non plus mécontenter
la population musulmane, déjà fort irritée,
qui veut la continuation des hostilités et
qui pour un peu demanderait l'anéantisse-
ment de la Serbie et du Monténégro. *
Pour être juste, je dois dire que le mo-
ment me semble mal choisi; il est étrange
en effet qu'on vienne parler de paix *1 aux
Turcs quand, tenus en échec devant Alexi-
natz par une armée moins nombreuse,
moins disciplinée et moins bien armée, ils
se sentent blessés dans leur amour-propre,
et ivres de vengeance.
Je crois donc que la Sublime-Porte n'ac-
cédera pas aux désirs des puissances, à
moins que la prise d'Alexinatz, qu'on nous
dit prochaine, ne modifie les sentiments et
les opinions du peuple musulman.
Un autre point noir, c'est le retard ap.
porté à la publication du hatt, très-libéral,
que le sultan devait faire paraître depuis
plus de cinq jours. La cause de ce retard
est attribué aux manœuvres du grand-vi-
zir Mehemet-Ruchdi, qui, pour mieux en-
traver l'œuvre réparatrice de Midhat-Pa-
cha, a présenté un projet de hatt adopté
par tout le clan de la vieille Turquie; tout
une forme vaguement libérale, ce hatt se*
rait une nouvelle mystification pour l'Eu-
rope. Le projet a été soumis au sultan, qui,
dit-on, lui refuse son approbation, et est
fermement décidé à soutenir celui de Mi-
dhat-Pacha.
La guerre est donc allumée entre les
deux camps ; Abdul Hamid est dans le camp
libéral, mais comme la ténacité n'est pas
une qualité dominante dans sa famille et
que la vieille Turquie est plus puissante et
plus redoutable que sa rivale, il est possi-
ble qu'en désespoir de cause il se jette dans
les bras de Mehemet-Ruchdi Pacha, le por-
te-étendard des musulmans de la vieille
école.
Symptôme grave, Midhat a demandé et
n'a pas obtenu la destitution du grand vi-
zir, qui, pour pour ne plus se rencontrer
avec son collègue, garde la chambre de-
puis quelques jours et fait répandre le bruit
qu'il est malade.
Si mes pressentiments ne me trompent
point, je crois que le sultan Hamid serait
l'homme des moyens dilatoires, des ater-
moiements; l'histoire l'appellerait alors le
temporisateur.
La nouvelle que M. de Bourgoing serait
probablement rappelé n'a pas causé un
grand émoi dans la colonie française, qui
reproche à son ambassadeur de s'occuper
beaucoup trop des intérêts des frères igno-
rantins et des ordres religieux, et pas suf-
fisamment des intérêts nationaux.
Parmi les Turcs, surtout ceux qui ap-
partiennent au parti libéral, M. de Bour-
going est cordialement détesté, et pour
cause, comme vous allez le voir. Zta-Bey,
un des chefs du parti libéral, fit, il y a
quelque temps, une visite à l'ambassadeur
de France ; la conversation s'étant enga-
gée feur les efforts que faisait le parti libé-
ral pour bâter l'application des réformes,
M. de Bourgoing s'écria : Vous vous donnez
Vendredi sa Septembre îwi
"qa
un amm MM 1
LE XIX" SIÈCLE
IOUEKMj lÊPOlMSM OTSIEVAT1U1
RÉDACTION
adresser au Secrétaire de ia Rédactioll
de 2 heures à minuit
t) rue de Lafayette B@
Ihm Mim non affranchies serotâ refwéw
ÂBONREMIHTi
PARIS
Trois mois",.,,,o 13 fr.
Six mois. 25
Un an. 10
BjÊPARÏBMSNfS
Trois mois.i,16 {S,
Six mois, 32.
Un an .,..¡. 62
emmm.mein, chai MM, LAGRANGE, CERF
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ADMINISTRATION
Mrosser lettres et mandats à l'Administrât®®?
S;O irme de "ratefflo M
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Trois mois..i.>*t* 13 fr.
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Trois mois.w.o", 16 fifs
Six mois;.," 12
Un an G
ABDoDea, chez MM. LAGRANGE, CERF et f10
<8, "ùes de la B.w.nœ m
MM. les ionseriptetirs dont
l'abonnement expire le 15 sep-
tembre sont priés de le renou-
veler Immédiatement, s'Us ne
veulent point éprouver de re-
tard dans la réception du Jour-
nal.
BULLETIN
Paris, le 14 septembre 1876.
Le Journal officiel d'hier matin publie
une circulaire de M. de Marcère relative-
ment à l'application de la nouvelle loi mu-
nicipale. M. le ministre de l'intérieur pres-
crit aux préfets de convoquer pour le di-
manche, 8 octobre, les conseils municipaux
appelés à élire des maires et des adjoints.
Le président de la République a quitté
Besançon hier et doit être de retour ce ma.
tin à Paris.
Las nouvelles d'Orient font presque ab.
solument défaut aujourd'hui. Vagence
russe, dans un télégramme que nous avons
publié hier, annonce que la Turquie refuse
un armistice. Nous comprenons facilement
que la Porte en agisse ainsi, car il est évi-
dent que l'armistice sera tout à l'avantage
des Serbes, s'il ne doit pas se terminer par
la paix.
Mais nous aurions voulu' que la Porte dé-
clarât enmême temps les conditions de paix
qu'elle compte proposer aux puissances.
Or, ainsi que nous avoai déjà eu occasion
de le faire remarquer hir, on ne sait rien
de certain à ca sujet. Nous avons publié à
titre de renseignements les bruits qui cou-
raient à Belgrade et à Vienne. Cependant
ces bruits paraissent fondés dans une cer-
taine mesure, car plusieurs correspon-
dances de Constantinople mentionnent ces
mêmes conditions. On ajoute même qu'elles
auraient été communiquées verbalement
aux ambassadeurs, puis, qu'elles auraient
été modifiées sur la déclaration faite par le
chargé d'affaires russe que le cabinet de
Saint-Pétersbourg considérerait ces condi-
tions comme un casus belli.
Les négociations se poursuivent donc à
Constantinople et tout fait prévoir que dé-
sormais elles seront fort longues. La Porte
a jusqu'à présent obtenu ce qu'elle voulait,
c'est-à-dire la continuation des hostilités, et
nos télégrammes de Belgrade semblent indi-
quer une recrudescence de l'action des
troupes ottomanes. Il est évident que le
généralissime turc va essayer de poursuivre
ses avantages, de forcer le passage de De-
ligrad ou de le tourner, comme il l'a fait
pour Alexinatz, afin de venir dicter la paix
sous les murs de Belgrade. C'est là que se
trouve le danger immédiat. Il est très-pro-
bable, en effet, que l'occupation da toute
la Serbie par les hordes sauvages qui
constituent l'armée turque précipiterait
l'action de la Russie, et que cette puissance
interviendrait au risque d'une guerre euro-
péenne. D'ailleurs, les paroles qu'a pronon-
cées le consul russe à Belgrade, lors du
banquet donné, il y a quelques jours, à
l'occasion de la fête du czar, laissent clai-
rement entendre qus le cabinst de Saint-
Pétersbourg est décidé à intervenir.
Mentionnons en même temps le bruit
d'une inter-vention simultanée de l'Autriche
en Bosnie et en Herzégovine, bruit qui re-
prend une certaine consistance à Berlin.
Mentionnons aussi que de nombreuses ré-
unions sont organisées en Prusse, avec la
permission du gouvernement, pour protes-
ter contre les atrocités turques en Bulga-
rie et pour demander à l'empereur Guillaume
de se mettre à la tête d'une nouvelle croi-
sade, afin de chasser les Turcs de l'Europe.
Ces faits rapprochés de la mission du feid-
maréchal Manteuffel ne laissent pas que
d'être significatifs.
BOURSE DE PARIS
Glftture le 12 sept" le 13 sept". Ha. Balane
S OjO
domptant 71 70 71 83 10 /■•• •/•
Fin cour. 71 60 71721 2 12 1,2-.
4 i/a 0/0
Comptant 102 25 102 ., 25
S O/O
Comptant 106 15 106 15 .,.f.
fin cour. 186 25 106 22 1/2 02 li2
PETITE BOURSE DU SOIR
Emprunt 5 0/0 106 fr. 15, 121/2, 18 3/4.
5 0/0 turc 13 fr. 22 1 2, 30.
Banque Ottomane. 400 fr., 398 75.
Egyptien. , * ■ 816 fr, 25, 214 37 1/2,
217 fr. 50.
—
LA POLITIQUE AU VILLAGE
C'est dimanche prochain que les
communes qui ne sont point chefs-
lieux de département, d'arrondisse-
ment ou de canton sont appelées à
compléter les conseils municipaux où
il existe des vacances, pour qu'elles
puissent procéder, dans des conditions
d'équité parfaite, le 8 octobre, à l'élec-
tion de leurs maires et adjoints. M. le
ministre de l'intérieur vient d'adresser
à ce sujet, aux préfets, une longue
circulaire, pleine de recommandations
techniques, réglant sur tous les points
leur conduite administrative et gar-
dant le silence le plus absolu sur leur
conduite politique.
Nous ne doutons pas que MM. les
préfets et sous préfets ne se fassent un
devoir d'imiter la libérale réserve dont
fait preuve M. le ministre de l'inté-
rieur.
Ainsi donc, sans pression administra-
tive, en pleine liberté, 33,000 commu-
nes de France environ vont, par le vote
de leurs délégués municipaux, élire
leurs maires et adjoints. Le fait est
d'autant plus intéressant que les con-
seils municipaux, investis depuis peu de
la prérogative de fournir la plus nota-
ble partie du contingent des électeurs
sénatoriaux, se trouvent, par cela
même, obligés d'avoir des préoccupa-
tions politiques et de songer à l'exercice
d'un droit que les conservateurs leur
déniaient opiniatrement tout en s'em-
Dressant de le leur conférer.
4 Tout droit entraîne des devoirs. Les
petites communes, qui forment, en
somme, le fond de la France, sont re-
mises en possession de leur droit ; il
leur faut maintenant réfléchir à leurs
devoirs.
Il est maintes occasions où il nous
a semblé remarquer que la politique au
village dérivait assez aisément, suivant
deux courants bien contraires : l'un,
un peu trop bouillonnant ; l'autre, si
calme, si calme que les eaux en pa-
raissaient dormantes. Nous nous expli-
quons.
Dans certaines communes, où l'esprit
d'indépendance exerçait ses ravages,
comme pourrait dire M. Buffet, la lutte
s'établissait, au moment des élections
municipales, entre une bonne partie de
la population et l'autorité préfectorale.
Il s'agissait de savoir laquelle de ces
deux forces triompherait de l'autre. On
n'avait qu'un but en vue, la victoire de
l'opposition. Et cela se comprenait de
la part de gens qui se sentaient bri-
dés, rênés de court, et à qui l'on eût
passé double mors si la loi l'eût per-
mis.
Dans d'autres communes — et celles-
là étaient certainement les plus nom-
breuses — l'esprit de passivité domi-
nait au contraire d'une façon déplora-
ble. Nous allons en citer un exemple :
Dans une petite commune de notre con-
naissance, un industriel, le personnage
important de l'endroit, est, en 1871, élu
conseiller général en tête de la liste ; à
l'unanimité, ses collègues le choisissent
pour être maire. Survient M. le duc de
Broglie, escorté de ses libertés munici-
pales. Notre industriel n'était pas un
homme politique ; jusqu'alors il n'avait
pas eu d'opinion bien tranchée, mais s'il
avait accepté avec reconnaissance d'être
l'homme de la commune, il ne se sentait
pas de goût pour être l'homme du pré-
fet. Il envoie sa démission. Arrivent
les élections municipales : le sous pré-
fet fait circuler en sous-main, par l'en-
tremise d'un de ses agents qu'il avait
placé à la tête de la mairie, une liste
municipale. Notre industriel, toujours
aussi estimé, aussi aimé de la popula-
tion, obtient, cette fois, tout juste sept
voix ! — Il est vrai qu'il n'avait rien
fait pour en obtenir plus. Mais la pre-
mière fois, non plus! Sans broncher,
sans laisser percer la moindre velléité
de résistance, la populatioa avait subi
la pression administrative.
Eh bien, nous croyons qu'il y a là
une double éducation à faire, et qui se
fera bien rapidement pour peu que les
électeurs veuillent arrêter leur pensée
sur l'acte qu'ils vont accomplir et en
peser l'importance.
Il faut que ceux qui jadis luttaient
pour lutter et tenir tête au fonction-
naire qui prétendait leur imposer ses
volontés se rendent bien compte aujour-
d'hui qu'ils sont libres, absolument li-
bres, que leur victoire est remportée, et
que la rendre profitable à tous est ac-
tuellement le seul but qu'ils aient à
poursuivre.
Il faut que ceux qui se laissaient gui-
der avec trop de docilité apprennent à
se conduire eux-mêmes; il faut qu'ils
s'habituent à réfléchir pour leur propre
compte au lieu de penser par le cerveau
d'un autre ; il faut que, sentant la res-
ponsabilité qui leur incombe, au lieu de
la fuir comme autrefois, ils s'efforcent
par la maturité de la rendre légère,
M. le ministre de l'intérieur, dans
son dernier discours, a émis une pen-
sée que la réaction lui a fait l'honneur
de trouver anarchique : « Je voudrais,
a-t-il dit, que le gouvernement apprît
aux citoyens à se passer de lui. » Si
jamais il fut une belle occasion de ten-
ter l'application de cette parole vrai-
ment libérale, c'est au moment où les
onze douzièmes des communes de France
vont avoir le souci de leur municipa-
lité. -
Ce sont les habitants de la campagne,
el. électeurs qui sont la majorité de
la France, ces hommes de travail et
d'ordre qu'on s'est plu, malgré maint
démenti, à représenter jusqu'ici comme
hostiles à la République et contre le
bon sens desquels viennent s'émousser
journellement les insinuations perfides
et les calomnies audacieuses, ce sont
ceux-là qui sont appelés à faire preuve
que l'ordre, pour exister, n'a pas be-
soin de la compression gouvernemen-
tale, et que l'administration de la cité
par les citoyens n'est pas l'anarchie.
Qa'ils se souviennent qu'ils ont une
tâche politique à accomplir; celle de
donner au gouvernement de la Répu-
blique des serviteurs dévoués, résolus
à soutenir les institutions actuelles et,
par conséquent, à éviter au pays toute
nouvelle secousse. Pour que la com-
mune soit tranquille, il faut avant tout
que l'Etat n'ait pas à subir de heurt.
Mais qu'ils n'oublient pas que ce n'est
plus l'heure de chercher, dans les élec-
tions municipales, seulement des vain-
queurs et • des vaincus, car pour bien
gérer la chose commune, il faut l'en-
tente de tous.
PAUL LAFARGUE,
LETTRES DE SERBIE
Semlin, 8 septembre au soir.
J'use de la permission que vous me don-
nez de revenir en France, et je suis venu
ce soir coucher à Sam lin, d'où je partirai
demain matin pour Vienne.
A Belgrade, on n'a de nouvelles ni de la
guerre ni de la paix. A lire le Journal offi.
ciel depuis cinq ou six joilrl, on pourrait
croire que Tchernaïaff n'a jamais existé,
car il n'en est pas fait la moindre mention.
Quant aux négociations, l'on prétend que
les Turcs refusent d'accepter l'armistice,
mais qu'ils se disent prêts à conclure la
paix définitive, dont ils dicteraient les con-
ditions. De toute façon, la guerre actuelle
est finie; par la guerre actuelle, j'entends
la guerre turco serbe. Mais que cette
guerre de deux mois n'ait été que le pré-
lude d'événements plus graves, c'est ce
qui est possible et probable même. Un fait
frappe les yeux : c'est le désir, nullement
dissimulé, de la Russie de ne pas laisser
échapper l'occasion qui se présente et de
régler à son profit la question d'Orient.
Da manière ou d'autre, la Russie trou-
vera moyen d'intervenir dans les confé-
rences où les préliminaires de la paix turco-
serbe seront débattus ; et plus les préten-
tions de la Serbie seront extravagantes,
plus elle les soutiendra. La Russie, en ef-
fet, n'est en ce moment occupée qu'à gont
fier au cœur de ces pauvres vaincus des
ambitions de victorieux. C'est là qu'est dé-
sormais tout l'intérêt de la question serbe.
Pour la suivre durant cette nouvelle phase,
il est indifférent d'être à Bslgrade ou à
Paris. - Mais ne nous faisons pas d'illusion ;
jamais la paix européenne n'a peut-être
été plus gravement menacée.
Que vous dire maintenant de la Serbie
même, qui n'est plus qu'un point dans le
vaste et sombre horizon que j'entrevois ?
Rien que je ne vous aie répété déjà. Ce pe-
tit peuple avait de l'avenir et peut être en
a-t il encore ; mais il a risqué de tout per-
dre pour avoir été prématurément ambi-
tieux. Il fallait travailler vingt ans à pré
parer la guerrs et non pas la jouer aux dés.
On s'est mis en campagne sur des illulion.,
sur des rumeurs ; on se figurait que la dé-
claration de guerre da prince Milan servi-
rait de signal à une prise d'armes de la Bos-
nie, de la Bulgarie, de la Vieille Serbie. La
Bulgarie et la Bosnie n'ont envoyé que des
fuyards joindre les armées serbes et ne se
sont pas soulevées chez elles ; quant à la
Vieille-Serbie, sur laquelle on comptait le
plus, elle n'a pas bougé.
On s'est donc trouvé réduit à ses seules
ressources, — les ressources d'un pays de
1,300,000 habitants, qui n'avait amassé ni
armes ni argent, et qui osait en outre se
lancer dans une pareille aventure sans offl
ciers, avec des administrateurs médiocres,
qui ne doutaient de rien et qui ne se dou-
taient de rien non plut.
Il serait facile, — plus facile que géné-
reux, — de dresser ici contre la Serbie un
long réquisitoire. Il serait facile aussi de
se répandre en réflexions sur sa situation
présente, et ea bons conseils pour son ave-
nir qu'elle a témérairement compromis.
Mais ce n'est pas là qu'est l'intérêt : la
question n'est plus serbe ; voilà près d'un
mois qu'elle est devenue européenne par le
fait de la Russie. L'Angleterre et l'Autriche
entreront en scène bientôt; et puis, sans
doute, l'Allemagne. Das négociations, des
conférences peuvent trainer tout l'hiver,
car la diplomatie a des longueurs savantes,
et c'est ainsi que nous gagnerons le prin-
temps, saison favorable aux coups de ca-
non.
Si vous m'accusez de voir les choges trop
en noir, je vous répondrai que je les vois
avec les yeux dont on les voit d'ici. Cette
opinion que la paix générale sera bientôt
troublée est presque unanime, et, comme
je vous l'ai dit, le conflit turco serbe est
absorbé par la menace du conflit européen.
La Serbie aura mis le feu aux poudres.
Tenons-nous sur nos gardes pour le cas où
l'explosion viendrait jusqu'à nous.
E. LIÉBERT.
+ »
Élection des Maires
Le Journal officiel publie une circulaire
adressée par M. le ministre da l'intérieur
aux préfets, relativement à l'élection des
magistrats municipaux.
M. le ministre rappelle que désormais,
aux termes de la loi, les conseils munici-
paux éliront, parmi leurs membres, lalmai-
res et lss adjoints dans toutes les commu-
nes qui ne sont point chefs lieux de dépar-
tement, d'arrondissement ou de canton,
et que la loi du 14 avril 1871 est remise en
vigueur pour ce qui touche l'élection de
ces magistrats.
N OUI rélumoDllei principales prescrip-
tions de la circulaire :
Les maires et adjoints seront élus le 8
octobre.
L'arrêté de convosation sera notifié par
écrit à tous les membres du conseil muni-
cipal, par les soins du maire, qui indi.
quera, en même temps, l'heure, le lieu et
l'objet de la réunion ; il devra être pris as-
sez tôt pour que les conseillers en aient
connaissance au moins cinq jours avant le
8 octobre Une irrégularité commise dans
la convocation pourrait entraîner la nul-
lité de l'élection.
Il ne pourrait être procédé à l'élection
si la majorité des membres en exercice
n'était pas présente à la séance.
Les conseillers nouvellement élus pour-
ront prendre part au vote, à moins que le
conseil de préfe cture n'ait annulé leur élec-
tion.
Si la majorité des membres du conseil
ne se rendait pas le 8 octobre à la convoca.
tion, une seconde convocation serait faite
pour le 10 et au besoin une troisième pour
le 12.
La présidence de l'assemblée est dévolue
par la loi au plus âgé des membres du con-
seil.
La majorité absolue est nécessaire aux
deux premiers tours de scrutin. Si, après
doux scrutins, aucun candidat n'a obtenu
cette majorité, il est procédé au ballottage
entre les deux candidats qui ont obtenu le
plus de suffrages.
Si les voix se partagent au troisième
tour, la nomination est acquise au plus
âgé..
Aussitôt après l'élection du maire, le
conseil municipal procédera à l'élection
des adjoints.
Il y a un adjoint dans les communes de
2,500 habitants et au-dessous, deux dans
celles de 2,501 à 10,000 habitants.
La loi exige que les maires et adjoints
soient pris dans le sein du conseil munici-
pal. De là découlent les conditions de ca-
pacité suivantes : ces fonctionnaires de
vront jouir de leurs droits civils et politi-
ques, être âgés de vingt-cinq ans, inscrits
sur la liste municipale de la commune ou
y payer une des quatre contributions di-
rectes. Un conseiller municipal peut donc
être élu maire ou adjoint dans une com-
mune où il ne paye aucune des contribu-
tions directes, pourvu qu'il y soit élec
teur.
Tout électeur a qualité pour attaquer la
validité des élections municipales ; il est
statué par le conseil de préfecture, aauf
recours au conseil d'Etat.
TROP DE ZÈLE
Tous ceux qui ont visité un hôpital
savent qu'au lit de chaque malade est
attaché un papier où se trouvent ins-
crites certaines indications nécessaires
au médecin ou au chirurgien qui doit le
visiter.
Ces indications sont:
Le nom du malade;
La date de son entrée;
Son âge ;
Sa profession ;
Son adresse ;
Le lieu de sa naissance ;
S'il est marié ou célibataire ;
Par qui son admission à l'hôpital a
été prononcée ;
Le nom de sa maladie.
Une case spéciale est réservée pour
qu'on y mette, à sa sortie, le nombre de
jours qu'il est resté.
Cette fiche n'est que la répétition d'un
registre à souches, qui reste à demeure
à l'établissement.
Toutes les indications qui s'y trou-
vent ont un but d'utilité pratique.
Ainsi il est bon que le médecin con-
naisse la profession du malade, car il
y a des maladies de métier; il faut
qu'il sache encore son adresse, car il y
a des quartiers sujets à certaines épi-
démies.
Aujourd'hui même l'administration a
fait distribuer à l'hôpital Cochin un
nouveau modèle de fiches, où l'on a ré-
servé quelques blancs, encadrés de
lignes noires, où se lisent ces chiffres
cabalistiques : 1 - 2 — 3 — 4.
Avec ce nouveau modèle, on a donné
la manière de s'en servir.
C'est une feuille de papier volante,
qui porte en titre :
INSTRUCTION
Au sujet de la rédaction des billets
de salle
La case no 1 est destinée à recevoir
l'indication par une initiale de la reli-
gion du malade.
La case no 2 servira à l'aumônier
qui indiquera par une initiale que le
malade a reçu les sacrements. ;
La case n°4 est prévue pour consigner
la volonté formellement exprimée par
un malade de changer de religion, et
mentionner l'avis transmis par suite au
ministre que le malade désire appeler.
L'émotion des médecins a été extrême,
en recevant ce nouveau modèle. Elle a
été si grande qu'ils ont cru devoir rom-
pre avec leurs habitudes de discrétion
pusillanime, et que celui qui m'a fait
l'honneur de m'apporter ces renseigne-
ments, non-seulement m'a autorisé à
donner son nom, mais m'en a même
prié. C'est M. Armand Després, profes-
seur agrégé de la faculté de médecine,
chirurgien de l'hôpital Cochin.
- J'étais si outré, m'a-t-il dit, que je
suis allé trouver l'administrateur en
chef et que je l'ai prévenu de la dé-
marche que je me préparais à faire près
de vous. Je n'éprouve donc aucun em-
barras à vous livrer mon nom. Il faut
Que des faits semblables soient connus
du public.
Peut-être ne vous rendez-vous pas
bien compte de la gravité de cette me-
sure nouvelle. C'est que vous n'avez
jamais causé avec des internes, et que
vous ignorez ce qui se passe dans nos
hôpitaux.
Vous sauriez alors que nos médecins
sont en lutte perpétuelle avec l'aumô-
nier, avec les sœurs, avec l'adminis-
tration. Vous sauriez qu'ils ont sans
cesse à défendre les malades contre une
propagande qui assiége leur chevet
d'exhortations, de prières, de menace?,
qui leur trouble la cervelle et leur
échauffe le sang. Vous sauriez que tou-
tes les douceurs sont réservées pour les
dévots ou les hypocrites, et que les au-
tres doivent se tenir très-heureux si
l'on exécute strictement à leur égard
les ordres du médecin.
Vous sauriez que dans nos hôpitaux
l'aumônier entre quand et comme il
veut, tandis que les ministres des au
tres religions ne sont reçus que lors-
qu'un malade les appelle spécialement.
Vous sauriez enfin que la question
religieuse y est un élément de discorde
et un sujet d'irritation quotidienne.
Vous comprendriez alors la surprise
et le chagrin des hommes de la science,
quand ils voient la persécution revêtir
une forme officielle, s'inscrire au lit du
malade et le signaler à tous ses compa-
gnons d'infortune, à tous les visiteurs
et surtout à tous les employés de l'éta-
blissement.
Mais qui sait? cette dernière invention
de l'esprit clérical sera peut être la
goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Voilà bien longtemps que notre lan-
gue est bridée sur les fâcheuses tendan-
ces de nos hôpitaux : peut être devrons-
nous à cette circonstance de pouvoir
enfin décharger notre cœur.
FRANCISQUE SARCEY.
.4>
LA GUERRE
Bépéclies de source slave.
Belgrade, 12 septembre.
Dimanche dernier, les Turcs essayèrent de
jeter en pont sur la Morava près de Trnjan,
mais il farent repoussés par les Serbss. Ils
renouvelèrent leur tentative hier à Bobo-
vitoh. Un engagement sérieux s'ensuivit snr
toute la ligne depuis Venkonga jusqu'à Nijni
Adrowatz. Les Serbes, placés sous le com-
mandement de Maoho-Verbitza se distinguè-
rent dans cette affaire. Verbitza, fut légère-
ment blessé. On explique les mouvements
de l'armée turque par la croyance qu'il leur
est impossible de l'emparer d'Alexinatz par
une attaque da front à cause des 19 retran-
chements qui défendent la place. C'est pour-
quoi ils cherchent à tourner celîe-ci pour
prendre ces retranchements à revers et par
deniêre. Les principales forces serbes sont
à Deligrad. Le major Popoviteh oommande à
Alexinatz ; il a nous ses ordres seulement
6,400 hommes. La prise d'Alexinatz est né-
cessaird aux Turcs comme base d'opérations
de l'armée qui opère contre Deligrad et pour
leurs communications avec Ni s sa, qui peu-
vent ôtre interrompues à chaque instant, si
Alexinatz raite entre les mains des Serbes.
Le colonel Hervatowitch, avec 12,000 hom-
mes, a fait un mouvement de flanc, partant
de Deligrad et passant par Djums, Kaonik,
Siljegovatz et Gredetin. Il est parvenu à Kor-
man, Là, il a attaqué l'arrière garde de l'ar-
mée turque. La bataille a continué toute la
journée d hier jusqu'au soir, sans résultat
décisif. Elle a cessé à la nuit seulement. Ce
matin, l'engagement a recommencé.
La fêté donnée hier soir chez le consnl
russe en l'honneur de l'anniversaire de la
naissance de l'empereur Alexandra s'est ter
minée par un concert.
Partout des démonstrations très sympathi-
ques à la Russie ont eu lieu.
Dépêches de sources diverses
Londres, 13 septembre.
Les meetings de protestation contre les
cruautés commises par les Turcs continuent
à avoir lieu. Une lettre du comte de Gran-
ville approuve le mouvement, mais défend
sir Elliot. Il espère que la politique ultérieure
du gouvernement donnera s ati* faction non-
seulement aux aspirations du pays, mais
aussi à l'opinion publique du monde civilisé.
Londres, 13 septembre.
Une dépêche de Constantinople annonce que
le bruit court qu'une suspension d'armes au-
ra lieu de fait, sur les ordres donnés par la
Turquie et la Serbie, pendant les négocia-
tions ponr la paix, quoiqu'on De soit pas en-
core arrivé à un arrangement formel.
Vienne, 13 septembre.
La Correspondance politique dit que d'après
ses informations, le nouveau conseil des mi-
nistres turcs aurait essentiellement modifié
les conditions primitives de la paix, et aurait
promis de les communiquer aux représen-
tants des grandes puissances, à Constantino.
pie, pour le 12 septembre.
Raguse, 13 septembre.
Le Il septembre, Dervisoh-Pacha s'est re-
tranché avec des forces considérables entre
Veljneberde et Sputz.
Les Monténégrins étant accourus, Dervisch
s'est replié, hier, à Podgq^tza, sans com-
battre.
Londres, 13 septembre.
On mande de Belgrade, le 13 :
Le combat a recommencé oe matin à 6 heu-
res sur les deux rives de la Morava, depuis
Tenjau jusqu'à Bobovitoh Les Serbes ont jeté
avec succès un pont sar la Morava, en aval
de Katoun. Les Turos s'en étant aperçus al-
lumèrent aussitôt des fanaux pour avertir le
gros de l'armée. Les Circassiens et la cava-
lerie chargèrent les Serbes et le combat s'en-
gagea sur toute la ligue.
Le résultat a été favorable aux Serbes, qui
ont repoussé les Turcs à quelques kilomètres
de la rive gaucho de la Morava.
Le général Ranko Alimpitch a été rappelé à
Belgrade et remplacé dans son commande-
ment de l'armée de la Drina par le colonel
Ouzeun Merovich.
1,200 volontaires italiens qui ont été enga-
gés à Milan arriveront prochainement en
Serbie. Ils seront envoyés à l'armée de la
Drina. Ils ont été formés en légion par Canzio,
le gendre de Garibaldi.
Berlin, 13 septembre.
On apprend, par dépêcha privée de Ruts-
chuck, q (t'un vapenr-poste autrichien sur le
quel se trouvaient 150 Russes a essuyé le
feu des bachi bonzouks près de Tutnrka.
Personne n'a été blessé.
*
Dépêches de source turque.
Constantinople, 12 septembre.
Les individus signalés dans le rapport de
Blacque Bey comme ayant été en tête des
milices qui commirent des cruautés en Bul-
garie ont été amenés sous escorte a Conatan-
tinople pour être jugés et punis.
Une réunion extraordinaire du conseil des
ministres a été tenue aujourd'hui pour dis-
cuter les conditions de la paix.
L'amiral anglais Drummond est retourné à
Basika.
Lettre de Turquie
Constantinople, 8 septembre.
La cérémonie du glaive a eu lieu hier
dans la mosquée d'Eyoub, située à l'extré-
mité de la Corne-d'Or. Le sultan est parti
vers dix heures du matin du palais de
Dolma-Batcbé ; il est monté dans son caïque
de gala, qui, conduit par 24 rameurs, ra-
sait l'eau avec la légèreté et la rapidité
du goëland. et accostait en peu de temps
l'échelle d'Eyoub.
Le sultan, précédé et suivi de tout les
grands dignitaires, du corps des ulémas et
des officiers de sa maisoD, a parcouru à
cheval le trajet qui la séparait de la mot.
quée, où il a pris possession du sabre de
Mahomet.
Abd-ul Hamid s'est alors rendu à la mOI.
quée de Mehémed-le-Conquérant, en pas-
sant par la porte d'Andrinople, à côté de
laquelle se dressait la tente du corps diplo-
matique ; de là il a visité les tombeaux de
son père Medjid et de son grand-père Mah-
moud. A 4 heures il était de retour à Dol.
ma-Batché. Je ne vous ai point fait uned.
cription du cortège, qui n'avait, du reste,
rien de frappant par le côté pittoresque,
et qui se prêtait plus au crayon de Cham
qu'au pinceau de Regnault. Rien de plus
comique en effet que ces fonctionnaires
turcs, dont la tête et les jambes disparais-
sent dans un énorme ventre, montés sur
d'élégants petits chevaux arabes qui n'en
peuvent mais, et semblent, en bénissant,
demander grâce. Le soir, tout le quartier
de Péra était illuminé, ainsi que les palais
des deux rives du Bosphore.
Je passe rapidement sur cette cérémonie,
pour vous parler de la seule chose qui oc-
cupe l'Europe politique.
Les ambassadeurs se sont réunis ces
jours-ci à Theralîia ; à l'issue de ce con-
seil, la Sublime-Porte a reçu une note col-
lective des puissances demandant un ar-
mistice de quelques semaines pour jeter
les bases d'un traité de paix entre la Tur-
quie d'un côté, la Serbie et le Montenegro
de l'autre.
Mercredi dernier, le conseil des minis-
tres s'est réuni sous la présidence de Mi-
dhat Pacha, — le grand-vizir étant ma-
lade — et a examiné cette note, sans s'ar-
rêter pourtant à aucune résolution.
La demande des puissances place le gou-
vrnement turc dans une position très-em-
barrassante, comme qui dirait entre l'en-
clume et le marteau. S'il ne peut pas ré-
pondre aux ambassadeurs par un refus for-
mel, il ne peut pas non plus mécontenter
la population musulmane, déjà fort irritée,
qui veut la continuation des hostilités et
qui pour un peu demanderait l'anéantisse-
ment de la Serbie et du Monténégro. *
Pour être juste, je dois dire que le mo-
ment me semble mal choisi; il est étrange
en effet qu'on vienne parler de paix *1 aux
Turcs quand, tenus en échec devant Alexi-
natz par une armée moins nombreuse,
moins disciplinée et moins bien armée, ils
se sentent blessés dans leur amour-propre,
et ivres de vengeance.
Je crois donc que la Sublime-Porte n'ac-
cédera pas aux désirs des puissances, à
moins que la prise d'Alexinatz, qu'on nous
dit prochaine, ne modifie les sentiments et
les opinions du peuple musulman.
Un autre point noir, c'est le retard ap.
porté à la publication du hatt, très-libéral,
que le sultan devait faire paraître depuis
plus de cinq jours. La cause de ce retard
est attribué aux manœuvres du grand-vi-
zir Mehemet-Ruchdi, qui, pour mieux en-
traver l'œuvre réparatrice de Midhat-Pa-
cha, a présenté un projet de hatt adopté
par tout le clan de la vieille Turquie; tout
une forme vaguement libérale, ce hatt se*
rait une nouvelle mystification pour l'Eu-
rope. Le projet a été soumis au sultan, qui,
dit-on, lui refuse son approbation, et est
fermement décidé à soutenir celui de Mi-
dhat-Pacha.
La guerre est donc allumée entre les
deux camps ; Abdul Hamid est dans le camp
libéral, mais comme la ténacité n'est pas
une qualité dominante dans sa famille et
que la vieille Turquie est plus puissante et
plus redoutable que sa rivale, il est possi-
ble qu'en désespoir de cause il se jette dans
les bras de Mehemet-Ruchdi Pacha, le por-
te-étendard des musulmans de la vieille
école.
Symptôme grave, Midhat a demandé et
n'a pas obtenu la destitution du grand vi-
zir, qui, pour pour ne plus se rencontrer
avec son collègue, garde la chambre de-
puis quelques jours et fait répandre le bruit
qu'il est malade.
Si mes pressentiments ne me trompent
point, je crois que le sultan Hamid serait
l'homme des moyens dilatoires, des ater-
moiements; l'histoire l'appellerait alors le
temporisateur.
La nouvelle que M. de Bourgoing serait
probablement rappelé n'a pas causé un
grand émoi dans la colonie française, qui
reproche à son ambassadeur de s'occuper
beaucoup trop des intérêts des frères igno-
rantins et des ordres religieux, et pas suf-
fisamment des intérêts nationaux.
Parmi les Turcs, surtout ceux qui ap-
partiennent au parti libéral, M. de Bour-
going est cordialement détesté, et pour
cause, comme vous allez le voir. Zta-Bey,
un des chefs du parti libéral, fit, il y a
quelque temps, une visite à l'ambassadeur
de France ; la conversation s'étant enga-
gée feur les efforts que faisait le parti libé-
ral pour bâter l'application des réformes,
M. de Bourgoing s'écria : Vous vous donnez
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