Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-09-08
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
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Description : 08 septembre 1876 08 septembre 1876
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
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Pris 4i mwméwrn a Paris a il Ccuttanes. — atffltemena « IL CS8aClll88
Vendredi & Septembre MM
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JOURNAL EÉPUBMCAM CONSERVATEUR
HÊDAGTION
adresser au Secrétaire de la RédaoUOii
de 2 heures à minuit
ibso l'nie de I*àt&yet«®o ~S
Mes teUret non affranchi» mont refvsétB
ABOHNEMEIITS
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Trois mois..».«<> 18 fr.
Six mois.h. 25
Da an. 50
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1 Trois mois. 16 Dri
Six mois
Un an.«. 62:
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AmDMmaMM, chez MM. LAGRANGE, CERF et G*
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ADMINISTRATION;
Adresser lettres et mandats à l'Administra^©?
BZ, me de I*ffey«OT«c> 51J - 1
1. vwuucrits MM intérêt ne S#ro»t pu r
; ÂIORHEMENTI
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Trois mois. 13 fr.
Six mois.wéJ4i6c4a 25
Un aa..».»,*.,.. 50
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Trois mois 16 tri
Six mois 12
Un an..<.»<.«»$&
AUOUCM, chez MM. LAGRANGB, CERF et e
®, plaça d« la Boum» ®
BULLETIN
Paris, le 7 septembre 1876.
La Journal officiel d'hier matin publie
un décret en vertu duquel cinq col-
léges électoraux sont convoqués pour le
dimanche 1er octobre. Les collégea électo-
raux convoqués sont : ceux de l'arrondis-
sement de Senlis, vacant par suite du dé-
cès de M. Sébert ; la 2e circonscription de
Cambrai, par suite de la mort de M. Parsy ;
l'arrondissement de Toul, par suite de la
mort de M. Claude ; l'arrondissement
d'Auch et la 2° circonscription de Saint-
Gaudens, par suite de l'invalidation de
M. Peyrusse et de M. Tron.
Deux autres décrets publiés par le Jour
nal officiel organisent l'enseignement de
la faculté mixte de médecine et de phar-
macie créée à Lille par décret du 12 no-
vembre dernier et nomment les profesbeur.
de cette faculté.
S'il faut en croire une dépêche de Sem-
lim, Alexinatz a été évacuée par les Serbes
et occupée par les Turcs. C'est là une
conséquence fatale de la bataille livrée
vendredi dernier. Tchernaïeff concentre,
dit-on, son armée sous les murs de Deli-
grad. Mais le point que fortifient principa-
lement les Serbes est Tchupria, que tra-
verse la route d'Alexinatz à Belgrade, la
seule route, d'ailleurs, qui existe en Ser-
bie.
La lutte continue sur les frontières du
Monténégro sans succès bien décisif d'un
côté ou de rautre.
Le Nord craint que la dernière victoire
des Turcs ne rende l'œuvre de la pacifica-
tion bien difficile. « Ce n'est pas du côté des
Serbe., dit la feuille officieuse russe après
avoir démontré que la situation militaire
de la Serbie n'est pas aussi désespérée
qu'on le croit ordinairement, qu'il y a lieu
de craindre les plus sérieuses entraves au
rétablissement de la paix. C'est du côté de
la Turquie. Quand on voit les conditions
qu'elle formulait au lendemain de l'échec
que ses armées avaient essuyé devant Alexi-
natz, on se demande ce qu'elle réclamera
si leur succès des jours derniers se dessine
et s'accentue. C'est pour ramener la Porte
à un sentiment plus juste de la réalité,
c'est pour dissiper dans l'esprit des minis-
tres ottomans des iliusions qui peuvent
être la source d'exigences déraisonnables,
de natura à faire échouer les efforts pacifi-
cateurs des puissances, qu'il eat nécessaire
d'établir la situation militaire sous son
vrai jour, sans parti pris et en ne négli-
geant aucun des éléments multiples dont
elle se compose. »
Il n'est bruit en Angleterre que de la
brochure qutl vient de publier M. Glads-
tone. L'ancien premier ministre déclare
que le gouvernement anglais a fait preuve
d'une crédulité déplorable dans sa façon
d'accepter les informations relatives aux
massacres de Bulgarie et d'une duplicité
regrettable dans la manière dont M. Disraëli
a répondu aux questions posées à la Cham-
bre des communes.
M. Gladstone dénonce le rapport présen-
té par le gouvernement ottoman comme un
document honteux dont l'effet moral con-
firma les pires accusations. Il espère que la
flotte anglaise stationne en Orient pour
protéger la vie des innocents, et il est
d'avis que le gouvernement anglais devrait
mettre un terme aux pillages et aux
meurtres qui ont lieu en Bulgarie et ex-
clure de l'action administrative de la Tur-
quie la Bosnie, l'Herzégovine, la Bulgarie.
M. Gladstone, commentant la récente
lettre de M. Bourke, dit que l'indignation
du gouvernement anglais est une simple
remontrance de comédie.
L'auteur pense que le gouvernement de
l'Angleterre aurait dû retirer son appui à la
Turquie jusqu'à ce que les outrages eussent
été réparés et leurs auteurs punis.
—, :—
BOURSE DE PARIS
Clêture le 5 sept" le 6 sept". Uaaue BaUae
a O/O
Comptant 71 90 71 75 15
Fin cour. 71 95 71 70 .• 25
* i/s 0/0
Comptant 103 95 1C4 25 30
S O/O
Comptant 1G6 05 105 90 .„ 15.
fin cour. 106 25 106 C5 20
PETITE BOURSE DU SOIR
Emprunt 5 0/0, • 106 fr., 106 12 1/2, 071/2.
5 0/0 turc 13 fr. 35.
Banque Ottomane. 400 fr. 621/2.
Egyptien. « 240 fr.
L'opportunisme est la bête noire de
MM. les réactionnaires ; tous leurs as-
sauts sont dirigés contre l'opportu-
nisme : feintes, coups droits, traîtrises,
coups de massue, ils réservent tout pour
ce monstre. C'est que, sans doute, l'op-
portunisme leur apparaît quelque peu
sous l'aspect du dragon défendant l'en-
trée du jardin des Hespérides — du pou-
voir. Sans cela, il n'y aurait guère de
quoi frapper d'estoc et de taille l'oppor-
tunisme.
L'opDortunisme, c'est le sacrifice
momentané de certaines préféren-
ces particulières en présence des
nécessités générales du présent, c'est
l'habitude, dure à prendre peut-être,
mais nécessaire, de savoir ranger
ses désirs aux circonstances, c'est la
prudence et l'habileté bridant la fou-
gue, c'est patience et longueur de
temps faisant plus que force ni que
rage ; quoique né d'hier, l'opportunisme
a des cheveux blancs ; c'est, en somme,
la politique dans ce qu'elle a de plus sa-
vant sans doute, mais aussi de plus
pratique. Et c'est bien là ce dont enra-
gent MM. les réactionnaires.
Quand, à l'ancienne Assemblée, le cen-
tre droit libéral cédait en maugréant
aux exigences les plus cléricales de
l'extrême droite, et quand l'extrême
droite nommait triomphalement des
sénateurs républicains inamovibles ;
quand, hier, les bonapartistes en ve-
dette récoltaient des voix pour le comte
de Mun ou le prince de Lncinge, et
quand, heureusement débarrassés du
prince de Lucinge, ils s'empresseront,
demain, à la Chambre, de se séparer
ostensiblement du comte de Mun pour
ne pas se compromettre davantage vis-
à-vis du gros du parti, — extrême
droite, centre droit libéral, bonapar-
tisme, que faisaient-ils et que feront-
ils ? De l'opportunisme.
Oui. Mais si tout le monde se met à
faire de la politique, ce n'est plus de
jeu ! Il est tout à fait déloyal aux ré-
publicains de nous battre avec nos pro-
pres armes. ',' :','
- Et voilà pourquoi, connaissant de lon-
gue main la trempe de Parme, MM. les
réactionnaires cherchent tous les moyens
de la briser entre les mains du parti
républicain. :
Le procédé le plus généralement em-
ployé consiste à se mettre en quête de
quelque réunion intransigeante et à
reproduire avec amour, en caractères
d'affiche, tous les membres de phrase
qui peuvent être dirigés contre l'oppor-
tunisme. La réaction en a trouvé jus-
qu'à trois, de ces réunions, dans toute
la France, depuis un mois ; la réaction
exulte. L'opportunisme est mort! Et
elle lui fait immédiatement un enterre-
ment qui en général n'est pas civil.
Les oraisons funèbres nous semblent
manquer de profondeur.
« Que M. Gambetta cherche à se ti-
rer personnellement d'embarras en ren-
trant bruyamment, quand le moment
opportun sera venu, dans les rangs
de l'intransigeance, c'est ce dont nous
ne saurions douter, écrit un de nos ad-
versaires. Quelle figure feront alors les
modérés des centres qui se sont mis à
sa suite, sur la foi de ses promesses ?
C'est ce dont nous n'avons pas à nous
préoccuper. »
Nous n'avons pas la prétention de
connaître, aussi bien qu'un organe de
la droite, les pensées intimes de M.
Gambetta ; mais ce dont il nous est
permis de nous préoccuper, c'est de
l'attitude que pourraient prendre, en
certaines circonstances, les modérés du
parti républicain.
Une des erreurs où la réaction cher-
che à faire tomber le pays, c'est de
poser en axiôme que le centre gauche
s'est mis à la suite de M. Gambetta, qui
n'attend que le moment favorable de
rattraper M. Naquet, lequel entend dé-
passer la Commune ! Et ce qu'il y a
de vraiment curieux, c'est qu'à côté de
l'axiôme qui ne se démontre pas, on ne
développe que des démonstrations qui
prouvent absolument le contraire de ce
qu'avance superbement l'axiôme. Ainsi
toutes les démonstrations du jour ten-
dent à prouver que M. Gambetta est
coulé, complètement coulé, pour cause
de modérantisme, - momentané, ajou-
te t-on. Mais, s'il s'est si bien perdu par le
modérantisme, c'est qu'apparemment
il a été aux modérés. Et, alors, nous ne
comprenons plus comment il se fait
que les modérés se trouvent à la suite
de M. Gambetta.
Pourquoi pas à la suite de M. Na-
quet ? Ils ont bien voté la loi de l'ensei-
gnement supérieur avec lui !
M. Gambetta a eu la sagesse de com-
prendre qu'il était de première néces-
sité pour la République d'avoir à sa
disposition une majorité compacte, et
il s'est efforcé de fondre entre elles tou-
tes les nuances de l'opinion républi-
caine. C'est un mérite incontestable, et
que ses adversaires eux-mêmes ne lui
contestent pas, puisqu'ils cherchent à
l'exploiter contre lui. Le centre gauche
était posé en prophète de la Républi-
que. Mahomet refusant d'aller à la mon-
tagne, M. Gambetta a fait son possible
pour que la montagne vînt à Mahomet.
S'il plaisait à M. Gambetta, comme le
pronostique la réaction, de rentrer
dans les rangs de l'intransigeance, la
figure que feraient les modérés serait
sans doute attristée, mais non abattue.
Ils auraient le chagrin de voir qu'ils
sont moins nombreux qu'ils ne l'espé.
raient, et l'orgueil de constater qu'ils
sont encore >assez forts pour faire
triompher leurs idées.
Se portant à-droite, se portant à gau-
che, selon le projet en discussion et les
sympathies ou ^antipathies qu'il ins-
pirerait à leur tempérament, les ré-
publicains modérés ne représenteraient
ils pas toujours la réserve d'où dépen-
drait la victoire? Et c'est alors, mais
seulement alors, que nous compren-
drions que le centre gauche fît cette
manifestation à laquelle un organe
du centre droit libéral voulait, hier en-
core, l'entraîner si inconsidérément,
qu'il affirmât sa vie propre, qu'il re-
vendiquât son indépendance menacée.
Ce n'est pas seulement aux intransi-
geants qu'on conseille parfois de ne
point être opportunistes !
Et cependant, tiraillé d'ici, tiraillé
de là, attaqué de tous côtés, l'oppor-
tunisme vit et les dents de ses adver-
saires s'en vont glisser sur l'enveloppe
lisse et flexible du prétendu monstre.
C'est que l'opportunisme, au fond, est
plus qu'une tactique, plus qu'une poli-
tique ; c'est le lien qui relie entre eux
tous les hommes de bonne volonté, c'est
la ligue du vrai patriotisme.
PAUL LAFARGUE.
——————— ———————
Convocation de colléges électoraux
Le Journal officiel publie le décret sui-
vant :
Le président de la République française,
Vu la loi organique du 30 novembre 1875
sur l'élection des députés,
Vu la loi du 24 décembre 1875 ;
Vu les décrets organique et réglementaire
du 2 février 1852;
Vu le décret du 28 janvier 1876 portant
convocation de tous las colléges électoraux ;
Vu les extraits des procès-verbaux des
séances de la Chambre des députés, desquels
il résulte que, dans les séances des 7 et 22
juillet dernier, la Chambre a invalidé les
pouvoirs de M. peyrusse, élu député pour
l'arrondissement d'Auch (Gers), et de M.
Tron, élu député pour la 2* circonscription
électorale de l'arrondissement de Saint Gau-
dens (Haute-Garonne) ;
Attendu le décos de MM. Sebert, député de
l'arrondissement de Senlis (Oise), Parsy, dé-
poté de la 28 circonscription électorale de
l'arrondissement de Cambrai (Nord) et
Claude, député de l'arrondissement de Toul
(Meurthe-et-Moselle) ;
Sur la proposition du ministre de l'inté-
rieur,
Décrète :
Art. lar. Les collèges électoraux de la 2. cir-
conscription de l'arrondissement de Saint-
Gaudens (Haute-Garonne), de l'arrondisse-
ment d'Auch (Ger.), de l'arrondissement de
Toul (Meurthe-et-Moselle), de la 2* oircons
cription de l'arrondissement de Cambrai
(Nord), de l'arrondissement de Senlis (Oise),
sont convoqués pour le dimanche 1M octo-
bre prochain, à l'effet d'élire chacun un dé-
puté.
Art. 2. L'élection aura lien suivant les for-
mes déterminées par les lois et décrets ci-
dessus visés.
Art. 3. Les maires des communes où, oon
formément à l'article 8 du décret réglemen
taire du 2 février 1852, il y aurait lieu d'ap-
porter des modifications à la liste électorale
arrêtée le 31 mars dernier, publieront, cinq
jour savant la réunion des électeurs, un ta
bleau desdites modifications.
Art. 4. Le ministre de l'intérieur est chargé
de l'exécution du présent décret.
Fait à Paris, le 5 septembre 1876.
Maréchal DB MAC-MAHON,
Duo DE MAGENTA.
Par le président de la République :
Le ministre de l'intérieur,
E. DE MARCÈRE.
On lit dans Y Univers :
Pour l'impartialité et la modération dn
Temps, nous avons déjà dit ce que nous en
pensions. Ces deux vertus-là pèsent peu dan
l'esquif qui conduisit au port la fortune de
MM. Nefftzer et Schérer.
Le journal fondé par Mirès n'est pas
assez près du ciel ni assez loin de ho
terre pour ignorer que depuis quelques
jours la fortune de notre cher et res-
pecté Nefftzer est entrée dans un port'
où les tempêtes soufflées par quelques
sous-Veuillot, s'il y a quelque chose au-
dessous de Veuillot, ne sauraient trou-
bler sa quiétude.
————— +1—
COPIE A BON MARCHÉ
Nous savions bien que le Pays et le
Français étaient deux frères amis, mais
nous n'avions pas cru que cette intimité
dût aller jusqu'à les faire manger au
même plat. Nous sommes forcés de recon-
naîtra notre naïveté. Hier, le Français
publiait un long article sur les « troubles >
dont l'anniversaire du 4 Septembre a été
l'occasion. Aujourd'hui, le Pays, sous la
signature de M. Paul de Léoni, reproduit
sans indication d'origine, non pas seule-
ment le ment de l'article, mais l'article lui-
même.
Oh 1 mon Dieu ! c'est bien simple, et ce
procédé ne demande pas de grands irait.
d'imagination ; en termes de journal, nous
savons ce qu'on appelle du démarquage.
Ordinairement cela consiste à transformer
une idée. Au Pays, on se contente simple-
ment de la copier en la faitant suivre d'une
signature quelconque. Notre intention n'est
pai de blâmer le journal bonapartiste l on
fait ce qu'on peut. Mais n'est-il pas curieux
de voir cet accord touchant entre deux or-
ganes de l'opposition qui prétendent soute-
nir des politiques différentes ! Si encore la
chose en valait la peine. Mais franchement,
après avoir lu dans le Français :
A Tours, les ouvriers occupés à la eons
truction des casernes ont planté des dra-
peaux snr les bâtiments. L'emplacement était
vraiment bien choisi pour célébrer ce souve-,
nir patriotique !
Nous n'avions pas besoin de lire dans le
Pays :
A Tours, les ouvriers occupés à la cons-
truction des casernes ont planté des dra-
peaux sur les bâtiments, emplacement vrai-
ment bien choisi pour célébrer ce souvenir
patriotique!
Nous pourrions reproduira les deux arti-
cles l'un à côté de l'autre, mais cela fati-
guerait inutilement nos lecteurs. Qu'il leur
suffise d'en connaître la dernière phrase,
qui établit un parallèle entre M. Victor Le-
franc et M. de Marcère.
Le Français s'exprime ainsi
C'est que M. Victor Leffanc, quoique répu-
blicain de plus ancienne date que M. de
Marcère, osait encore lutter contre les radi
eaux, tandis que M de Marcère est leur allié
et leur protégé, nous allions dire leur pri-
sonnier.
Le Pays a fait cette fois une variante :
C'est que, il faut bien le dire, si républi-
cain qu'il était, M. Victor Lefranc osait en-
core lutter contre les radicaux, tandis que
M. de Marcère, leur allié et leur protégé, ne
S*en sent ni le courage ni la force.
Le Pays et le Français devraient s'asso-
cier comme le Soir et le Paris-Journal.
lit économiseraient les frais de compo-
sition.
RAYMOND.
♦ ————————————
LES MYSTIFICATIONS
Chacun son tour, et c'est l'Univers que
je prends cette fois la main dans le sac, ou
pour mieux dire le pied dans le traque-
nard.
Il raconte gravement l'anecdote qui
suit :
M. de Lansade, un des sous-Veuillots de
l'officine cléricale, a rencontré un bon-
homme de père de famille qui lui apprend
qu'il avait eu l'imprudence de mettre son
enfant au lycée.
Le bonhomme n'a pas indiqué le lycée ;
ou peut-être est-ce M. de Lansada qui n'a
pas jugé à propos de le nommer en toutes
lettres. C'était pourtant, ce semble, un
détail qui avait son importance ; mais pas-
sons.
Voilà donc l'enfant au lycée, et le père
ne tarde pas à revenir de ses illusions à
Tgndroit de l'éducation universitaire, et il
avoue qu'il aurait quelque velléité de re-
tirer son fil. d'un établissement dont il est
mal satisfait, pour le mettre aux jésuites.
Mais.
Permettez-moi de passer ici la parole à
M. Lansade lui-même.
« Mais ce qui le retient, dit le collabora-
teur du compère Roussel, c'est qu'il a
traité à forfait avec le lycée, qui, moyennant
500 francs une fois versés, s'est chargé de
vêtir l'enfant durant tout le cours de ses
études. Si le père reprend son fil., il perd
son argent. »
Et voici les réflexions charitables que
cette histoire inspire au pieux journal.
€ C'est là un petit marché de marchand
de soupe qui n'a l'air de rien et qui vaut
de l'or en barre?. Cette façon ingénieuse
de retenir un élève par le pan de son habit
et par le fond de ses culottes ne laisse pas
que d'avoir du caractère. Sollicitude tou-
chante et pleine d'intérêt. !. »
Et plus loin :
« Un esprit chagrin pourrait reprocher à
ce calcul des probabilités, le plus honnête
du monde, un certain air de spéculation
aléatoire, qui manquerait de gravité, qui
semblerait compromettre la régularité
budgétivore, la dignité comptable et la res-
pectabilité gourmée du corps des fonction-
naires enseignants.
> Ce ne sont là que de fâcheuses appa
rences, qui tiennent uniquement à la bou-
tique. Ca n'est pas d'hier que l'Université,
toute matrone qu'elle est, et toute alma
mater qu'elle se pique d'être, a jeté son
bonnet par-dessus les moulins. »
Voilà de bien odieuses calomnies expri-
mées en un plat s tyle.
Nous mettons M. de Lansade au défi de
citer les lycées où les choses se passent
comme il le dit, où le père da famille qui
reprend son fils laisse en gage et comme
arrhes d'un marché rompu les cinq cents
francs du trousseau.
Voulez-vous permettre à un vieil uni-
versitaire de vous expliquer le mécanisme
- fort simple dé cette comptabilité?
Toutes les mères de famille savent que
lorsqu'elles ont à mettre un enfant dans
un établissement d'instruction publique,
quel qu'il soit, elles ne peuvent l'amener
tout nu ; on leur demande donc soit un
trousseau, soit une somme j âgée équiva-
lente au prix du trousseau.
C'est en effet dans les lycées un billet de
cinq cents francs.
Personne n'a jamais songé à se révolter
contre cet usage : il est fondé en raison.
Car encore faut-il que l'enfant soit ha-
billé, et qu'il le soit comme ses camarades.
Il y a partout un uniforme, que l'on choi-
sit en général accessible à toutes les
bourses.
Il est de règle, dans les lycées, que
lorsqu'un élève n'y doit faire qu'un court
séjour, on n'exige pas de lui le trousseau
complet. On ne l'astreint à fournir que les
vêtements qui lui seront nécessaires pendant
son année ou ses six mois d'études. Sou-
vent même, on le dispense de l'uniforme.
Quand le trousseau à été fourni complet
par la famille, soit en nature, soit en ar-
gent, l'entretien et le renouvellement de ce
trousseau tombent à la charge du lycée, qui
remplace aux époques réglementaires les
objets hors de service.
A quelque époque de ses études que l'é-
lève quitte le lycée, son trous seau lui est
rendu au complet; on n'en retient rien,
absolument rien, rien de rien, ce qui s'ap-
pelle rien, s'il y a fait un séjour de moins
de deux ans ; passé ce terme, on retient, à
son départ, pour le service de l'infirmerie,
les draps et les serviettes, qui sont la plu-
part du temps fort usés et fournissent les
malades de vieux linge.
Ce sont là les règles que suit l'Univer-
sité et qui sont appliquées dans tous les
lycées sans exception possible. Il est
absurde de croire qu'un seul économe
puisse s'y soustraire, et le bonhomme dont
parle M. de Lansade n'est qu'un mystifica-
teur de mauvais goût.
Les lycées ne coûteraient pas si cher à
l'Etat s'il leur était permis de se livrer à
ces petits tours de bâton, qui sont familiers
à d'autres établissements libres.
M. de Lansade et ses amis de l'Univers
sauront que les lycées, loin de gratter ainsi
sur de menus frais, et de s'enrichir de
rognures, ont supprimé toutes les dépenses
accessoires, qui enflent les notes de beau-
coup de pensionnats, sans parler des jé-
suitières, et qui en sont pour ainsi dire
l'anse du panier.
Ainsi dans le prix général établi par
les lycées se trouvent compris et l'entre-
tien et le renouvellement du trousseau, et
la literie, et les fournitures scolaires, et
les soins du médecin et les médicaments,
et les frais du culte, etc.
Toutes ces menues dépenses et bien
d'autres sont payées à part chez messieurs
les cléricaux et doublent quelquefois le prix
de la pension, qui allèche par sa modi-
cité.
Mais ce n'est pas notre affaire. Du mo-
ment que ces messieurs trouvent de bon-
nes âmes pour subir leurs conditions, nous
n'avons pas à mettre le nez dans leurs li-
vres de comptes.
Ce qui nous fâche, c'est que l'Univers
parle des nôtres sans en être mieux in-
formé ; c'est qu'il se laisse aller, sur la foi
d'un farceur, à calomnier d'honnêtes
gens et à contrister le cœur de son pro-
chain.
Nous espérons que les rédacteurs de
l'Univers, éclairés par ces renseignements
d'une authenticité positive, s'empresseront
de faire amende honorable et de recon-
naître publiquement l'erreur qu'ils ont
commise.
Je leur ai donné ce bon exemple, qu'ils
s'empresseront de suivre, je n'en doute
pas.
FRANCISQUE SARCEY.
40
La note suivante a été communiquée à
plusieurs journaux :
On assure que le ministre de la guerre doit
adresser prochainement une circulaire aux
eommandants de corps d'armée pour recom-
mander aux officiers de s'abstenir de toute
intervention dans les questions politiques et
religieuses.
Le général Berthant n'aurait nullement ap-
prouvé, en effet, l'attitude du général Mau-
rice, et il profiterait de cette occasion pour
rappeler l'observation des règlements aux
officiers placée sous ses ordres.
Dans les incidents soulevés à propos des
honneurs funèbres à rendre à M. Félicien
David, le ministre n'aurait pas eu à interve-
nir ; la décision aurait été prise par le lieu-
tenant colonel Duchêne, qui faisait fonctions
de commandant d'armes à Saint-Germain ;
elle aurait été soumise seulement à M. le
gouverneur de Paris, qui l'aurait approuvée.
Tout cela est fort bien et prouve que le
miniatre de la guerre n'est pas disposé com-
me le prétendent les journaux réactionnai-
res et cléricaux à approuver les maniff sta-
tions anti-constitutionnelles des officiers
placés sous ses ordres.
Il est regrettable que l'incident relatif
aux obaèques de Félicien David n'ait pas
été soumis à l'appréciation du ministre de
la guerre. Il n'aurait pas, assurément ap-
prouvé la décision du lieutenant colonel
Duchêne, qui a causé un scandais sans pré-
cédents.
Nous lisons encore dans le Moniteur
universel ;
Le ministre de la guerre s'est ému des faits
qui se sont produits récemment à Perpignan,
à la suite du discours prononcé par M. le gé-
néral Barry, à la distribution des prix de
l'école des frères de la doctrine chrétienne.
La démarche de 67 officiers demandant au
journal radical de la ville de cesser toute po-
lémique à l'égard du commandant de la 32*
division d'infanterie a particu lié ramant im-
pressionné M. le général Berthaut. Une en-
quête est ouverte sur toute cette affaire.
+
LETTRES DE SERBIE
Alexinatz, 30 août, midi.
Arrivé ici hier soir,par une route encom-
brée de convois de blessés et de munitions.
A l'entrée de la ville (côté nord), un vaste
camp.
J'ai interrogé diverses personnes. D'a-
près leurs réponses, voici quelle est ou
quelle doit être la vérité sur les combats
livrés depuis dix jours autour d'Alexinatz.
Le 19 août eut lieu la première attaque
des Turcs sur Sejanitza et Supovatz ; atta-
que couronnée de succès. On me dit que
65 bataillons turcs auraient donné. A coup
sur, il y a eu surprise; Les Serbes ne s'at-
tendaient point à une agression pour ce
jour-là.
Le 20, les Tarca continuent leur marche
en avant et s'emparent de Tejiza. Les Ser-
bes continuent de 4o retirer sur Alexinatz.
Le 21, Tchernaïeff fait un mouvement
sur Tejiza et livre un combat sanglant aux
Turcs. Ceux-ci, cependant, l'avancent sur
la rive droite de la Morava, jusqu'à Bru-
mir.
Le 22, les Turcs persévèrent dans leur
mouvement en avant sur la rive gauche et
réussissent à prendre le village de Marsol ;
ils essayent même de pousser jusqu'à Zit-
kovatz. L'artillerie serbe les arrête.
Le 23, l'aile droite de l'armée turque em-
porte Prugovatz, à 6 kilomètres nord-est
d'Alexinatz. Puis elle s'attaque, entre Pru-
govatz et Alexinatz, à l'une des redoutes
construites pour défendre la place. C'est ici
qu'il faut signaler un important succès
défensif des Serbes. Ils rejettent les
Turcs dans Prugovatz, aprèi* Un des plus
sanglants combats qui aient -été livrés de-
puis cette guerre. -.
Le 24, repos.
Le 25, Tchernaïeff prépare un mouve-
ment offensif contre l'aile droite des Turcs,
qui s'étend de Prugovatz à Brumir.
Le 26, ce mouvement est exécuté. Les
Turcs sont délogés de Prugovatz, ils con-
servent leurs positions de Brumir.
Les 27, 28, 29 et aujourd'hui 30, jusqu'à
midi, rien à signaler que de simples enga-
gements d'avant-postes.
Nous en sommes là.
A de rares exceptions près, on ne voit
que des soldats ici. La population civile a
déménagé depuis quatre jours. Les bou-
tiques sont fermées, et les portes des mai-
sons closes. Il est vrai qu'il est tombé le
23 des obus turcs dans Alexinatz, mais en
petit nombre.
C'est tout ce que je puis vous mander
du lieu où j'écris. En résumé, les Turcs
campent à quatre ou cinq kilomètres d'ici
au lud-est. au sud et au sud ouest. Ju..
qu'ici se sont ils répandus à l'ouest, comme
on me l'a dit, dans la direction de Kruàhe-
watz ? C'est ce que j'ignore absolument ;
sur ce point, il est bien difficile à un sim-
ple correspondant d'être exactement ren-
seigné.
Adieu. Vous ne serez pas surpris du la-
conisme de ma lettre. Je ne compte pas res-
ter à Alexinatz plus de deux ou trois jours.
Ce voyage était nécessaire, puisqu'à Bel-
grade et à Paratchin même on était si peu
informé de la vérité.
EUG. LIÉBBRT.
Alexinatz, 31 août, matin.
L'état-major ne m'a pas permis de vous
envoyer la courte lettre qui précède, bien
que la vraie situation y fût plutôt indiquée
qu'exposée. Il faut donc renoncer à fai a
partir d'ici quoi que ce soit qui ressemble
à un compte-rendu à peu près exact. J'at-
tendrai d'être sorti d'Alexinatz pour mettre
à la poste ce que j'aurai écrit ici. Je vou
drais partir demain ou après-demain'
n'ayant nul intérêt à prolonger désormais
mon séjour. La question sera de sortir ;
peut être, pendant trois ou quatre jours,
serons-nous obligés de patienter.
Vous avez vu par ce qui précède à quoi
il faut réduire la victoire de ces derniers
temps.
Quand je suis venu ici pour la première
fois il y a une quinzaine, j'ai pu me prome-
ner à mon aise non-seulement jusqu'à Su*
povatz, extrême point de la frontière ser-
be, mais jusqu'à Sejaniza et Brejnitz" en
pays turc ; c'est là qu'étaient les avant-
postes serbes, et c'est de là que j'ai vu le
camp turc entre Mramor et Nisch. Au-
jourd'hui, pour voir les Turcs, je n'ai eu
qu'à gravir le petit coteau qui l'élève au
sud-est d'Alexinatz ; en partant du centre
de la ville, c'est une promenade de 20 mi-
nutes au plus. Au sud-ouest, au sud et au
sud est, l'armée turque nous entoure, et
le camp que je viens de voir n'est pas à
plus de 4 kilomètres des retranchements
d'Alexinatz. Par ce simple rapprochement,
vons pouvez mesurer le progrès des Turcs
autour d'Alexinatz, et cela sans doute en
dit plus que tous les bulletins militaires,
où l'on s'efforce d'embrouiller les choses.
A l'instant même, qaelqu'un part pour
Belgrade et me demande de lui confier ce
que j'ai de prêt. Je profite à tout hagard
de cette occasion pour vous envoyer ces
notes informes.
A bientôt.
Eue. LIEBSRT.
Alexinatz, 31 août.
JNous venons de passer ici la journée la
pius singulière. Dè* hier suir une attaque
des Turcw. contre Zikovatz était annoncée,
et toutes les dispositions pour la repousser
étaient prises. Point d'attaque le matin.
Vers dix heures, le bruit se répand que ce
sera pour midi.
Effarement dans notre auberge; hôtelier
et garçons oublient absolument de prépa-
rer à déjeuner, n'admettant pas qu'on
puisse manger en un jour pareil. Nous
obtenons un morceau de pain avec un peu
de saucisson, et nous montons vite au
sommet d'une des collines qui entourent
Alexinatz, pour assister à la bataille. Nous
restons là deux heures : point de bataille.
Nous redescendons dans la ville. Un nouveau
bruit vient de s'y propager : il n'est plus
question, depuis une heure, que d'un ar-
mistice de quinze jours. J'avoue n'y rien
comprendre. Cependant le général Koma-
roff, chef de l'état-major de Tchernaïeff,
que je viens de voir, me dit qu'il croit à
une suspension d'hostilités pour quelques
jours, mais que pourtant une attaque des
Turcs pour demain ou après-demain n'est
pas improbable.
D'autre part, un capitaine attaché à l'é-
tat-major du général vient de partir en
toute hâte pour Belgrade, chargé de dépê-
ches pressées. C'est tout ce que j'ai pu la.
voir, quand je lui ai serré la main avant
son départ. Enfin il me semble que, depuis
quelques heures, il se passe ici quelque
chose d'extraordinaire.
L'aspect d'Alexinatz a bien changé ;
cette ville, si riante il y a quinze jours,
est devenue lugubre. Toute la population
s'est enfuie. Il n'y a plus d'ouvert que deux
ou trois auberges et les maisons affectées
au service des ambulances ou de l'état-ma-
jor. Partout des soldats, rien que des sol-
dats, mais éprouvés par les combats de
ces derniers jours, hâves et délabrés.
D'heure en heure se font sur des chariots
des chargements de blessés à la porte des
ambulances ; çà et là des amas de paille
pourrie et de vieux linges ensanglantée
qu'on a le tort de laisser s'accumuler là.
Beaucoup de découragement parmi les
officiers, et, je crois aussi, parmi la troupe.
Les premiers tiennent des propos désespé-
rés, désespérants. Quant aux soldats, ill
ont été cruellement éprouvé. en mainte
rencontre. Il faut ajouter malheureulemeJ):,
qu'ils manquent de solidité. Ils se battent
bravement pendant deux heures, trofr; heu-
res, puis lâchent pied. C'est ce que m'ont
dit du moins des témoins oculaire. Quant
au fameux bataillon de la princesse Na-
thalie, ce bataillon de volontaires slaves
d'Autriche, que j'ai vu passer en revue à
Deligrad par le général Tchernaïeff, il
s'est débandé, aux premiers coups de feu
comme un seul homme. C'est dommage
car ces gens-là avaient Vraiment bonne
tournure.
E. LIÉBERT.
———————————- ———————————
L.A OXJEFLR.EÏ
Kipéehis de saurce II.;Y.
Belgrade, 6 septembre,
Contrairement au bruit répandu hior non-
seulement les Turcs n'ont ril, pris Pm itiou
sur la rive droite de la 'rava, entre oèli-
grad et Alexinatz, mais Vis font actuellement
Pris 4i mwméwrn a Paris a il Ccuttanes. — atffltemena « IL CS8aClll88
Vendredi & Septembre MM
ï iblF i AYl IYA * QïfFl F
JOURNAL EÉPUBMCAM CONSERVATEUR
HÊDAGTION
adresser au Secrétaire de la RédaoUOii
de 2 heures à minuit
ibso l'nie de I*àt&yet«®o ~S
Mes teUret non affranchi» mont refvsétB
ABOHNEMEIITS
&AM$
Trois mois..».«<> 18 fr.
Six mois.h. 25
Da an. 50
S DÉPAUffSMKNTO
1 Trois mois. 16 Dri
Six mois
Un an.«. 62:
- - ----------------- - -
AmDMmaMM, chez MM. LAGRANGE, CERF et G*
œ. "laM de la Boams, @
ADMINISTRATION;
Adresser lettres et mandats à l'Administra^©?
BZ, me de I*ffey«OT«c> 51J - 1
1. vwuucrits MM intérêt ne S#ro»t pu r
; ÂIORHEMENTI
]Pàxlu
Trois mois. 13 fr.
Six mois.wéJ4i6c4a 25
Un aa..».»,*.,.. 50
IDÉPARVMMM
Trois mois 16 tri
Six mois 12
Un an..<.»<.«»$&
AUOUCM, chez MM. LAGRANGB, CERF et e
®, plaça d« la Boum» ®
BULLETIN
Paris, le 7 septembre 1876.
La Journal officiel d'hier matin publie
un décret en vertu duquel cinq col-
léges électoraux sont convoqués pour le
dimanche 1er octobre. Les collégea électo-
raux convoqués sont : ceux de l'arrondis-
sement de Senlis, vacant par suite du dé-
cès de M. Sébert ; la 2e circonscription de
Cambrai, par suite de la mort de M. Parsy ;
l'arrondissement de Toul, par suite de la
mort de M. Claude ; l'arrondissement
d'Auch et la 2° circonscription de Saint-
Gaudens, par suite de l'invalidation de
M. Peyrusse et de M. Tron.
Deux autres décrets publiés par le Jour
nal officiel organisent l'enseignement de
la faculté mixte de médecine et de phar-
macie créée à Lille par décret du 12 no-
vembre dernier et nomment les profesbeur.
de cette faculté.
S'il faut en croire une dépêche de Sem-
lim, Alexinatz a été évacuée par les Serbes
et occupée par les Turcs. C'est là une
conséquence fatale de la bataille livrée
vendredi dernier. Tchernaïeff concentre,
dit-on, son armée sous les murs de Deli-
grad. Mais le point que fortifient principa-
lement les Serbes est Tchupria, que tra-
verse la route d'Alexinatz à Belgrade, la
seule route, d'ailleurs, qui existe en Ser-
bie.
La lutte continue sur les frontières du
Monténégro sans succès bien décisif d'un
côté ou de rautre.
Le Nord craint que la dernière victoire
des Turcs ne rende l'œuvre de la pacifica-
tion bien difficile. « Ce n'est pas du côté des
Serbe., dit la feuille officieuse russe après
avoir démontré que la situation militaire
de la Serbie n'est pas aussi désespérée
qu'on le croit ordinairement, qu'il y a lieu
de craindre les plus sérieuses entraves au
rétablissement de la paix. C'est du côté de
la Turquie. Quand on voit les conditions
qu'elle formulait au lendemain de l'échec
que ses armées avaient essuyé devant Alexi-
natz, on se demande ce qu'elle réclamera
si leur succès des jours derniers se dessine
et s'accentue. C'est pour ramener la Porte
à un sentiment plus juste de la réalité,
c'est pour dissiper dans l'esprit des minis-
tres ottomans des iliusions qui peuvent
être la source d'exigences déraisonnables,
de natura à faire échouer les efforts pacifi-
cateurs des puissances, qu'il eat nécessaire
d'établir la situation militaire sous son
vrai jour, sans parti pris et en ne négli-
geant aucun des éléments multiples dont
elle se compose. »
Il n'est bruit en Angleterre que de la
brochure qutl vient de publier M. Glads-
tone. L'ancien premier ministre déclare
que le gouvernement anglais a fait preuve
d'une crédulité déplorable dans sa façon
d'accepter les informations relatives aux
massacres de Bulgarie et d'une duplicité
regrettable dans la manière dont M. Disraëli
a répondu aux questions posées à la Cham-
bre des communes.
M. Gladstone dénonce le rapport présen-
té par le gouvernement ottoman comme un
document honteux dont l'effet moral con-
firma les pires accusations. Il espère que la
flotte anglaise stationne en Orient pour
protéger la vie des innocents, et il est
d'avis que le gouvernement anglais devrait
mettre un terme aux pillages et aux
meurtres qui ont lieu en Bulgarie et ex-
clure de l'action administrative de la Tur-
quie la Bosnie, l'Herzégovine, la Bulgarie.
M. Gladstone, commentant la récente
lettre de M. Bourke, dit que l'indignation
du gouvernement anglais est une simple
remontrance de comédie.
L'auteur pense que le gouvernement de
l'Angleterre aurait dû retirer son appui à la
Turquie jusqu'à ce que les outrages eussent
été réparés et leurs auteurs punis.
—, :—
BOURSE DE PARIS
Clêture le 5 sept" le 6 sept". Uaaue BaUae
a O/O
Comptant 71 90 71 75 15
Fin cour. 71 95 71 70 .• 25
* i/s 0/0
Comptant 103 95 1C4 25 30
S O/O
Comptant 1G6 05 105 90 .„ 15.
fin cour. 106 25 106 C5 20
PETITE BOURSE DU SOIR
Emprunt 5 0/0, • 106 fr., 106 12 1/2, 071/2.
5 0/0 turc 13 fr. 35.
Banque Ottomane. 400 fr. 621/2.
Egyptien. « 240 fr.
L'opportunisme est la bête noire de
MM. les réactionnaires ; tous leurs as-
sauts sont dirigés contre l'opportu-
nisme : feintes, coups droits, traîtrises,
coups de massue, ils réservent tout pour
ce monstre. C'est que, sans doute, l'op-
portunisme leur apparaît quelque peu
sous l'aspect du dragon défendant l'en-
trée du jardin des Hespérides — du pou-
voir. Sans cela, il n'y aurait guère de
quoi frapper d'estoc et de taille l'oppor-
tunisme.
L'opDortunisme, c'est le sacrifice
momentané de certaines préféren-
ces particulières en présence des
nécessités générales du présent, c'est
l'habitude, dure à prendre peut-être,
mais nécessaire, de savoir ranger
ses désirs aux circonstances, c'est la
prudence et l'habileté bridant la fou-
gue, c'est patience et longueur de
temps faisant plus que force ni que
rage ; quoique né d'hier, l'opportunisme
a des cheveux blancs ; c'est, en somme,
la politique dans ce qu'elle a de plus sa-
vant sans doute, mais aussi de plus
pratique. Et c'est bien là ce dont enra-
gent MM. les réactionnaires.
Quand, à l'ancienne Assemblée, le cen-
tre droit libéral cédait en maugréant
aux exigences les plus cléricales de
l'extrême droite, et quand l'extrême
droite nommait triomphalement des
sénateurs républicains inamovibles ;
quand, hier, les bonapartistes en ve-
dette récoltaient des voix pour le comte
de Mun ou le prince de Lncinge, et
quand, heureusement débarrassés du
prince de Lucinge, ils s'empresseront,
demain, à la Chambre, de se séparer
ostensiblement du comte de Mun pour
ne pas se compromettre davantage vis-
à-vis du gros du parti, — extrême
droite, centre droit libéral, bonapar-
tisme, que faisaient-ils et que feront-
ils ? De l'opportunisme.
Oui. Mais si tout le monde se met à
faire de la politique, ce n'est plus de
jeu ! Il est tout à fait déloyal aux ré-
publicains de nous battre avec nos pro-
pres armes. ',' :','
- Et voilà pourquoi, connaissant de lon-
gue main la trempe de Parme, MM. les
réactionnaires cherchent tous les moyens
de la briser entre les mains du parti
républicain. :
Le procédé le plus généralement em-
ployé consiste à se mettre en quête de
quelque réunion intransigeante et à
reproduire avec amour, en caractères
d'affiche, tous les membres de phrase
qui peuvent être dirigés contre l'oppor-
tunisme. La réaction en a trouvé jus-
qu'à trois, de ces réunions, dans toute
la France, depuis un mois ; la réaction
exulte. L'opportunisme est mort! Et
elle lui fait immédiatement un enterre-
ment qui en général n'est pas civil.
Les oraisons funèbres nous semblent
manquer de profondeur.
« Que M. Gambetta cherche à se ti-
rer personnellement d'embarras en ren-
trant bruyamment, quand le moment
opportun sera venu, dans les rangs
de l'intransigeance, c'est ce dont nous
ne saurions douter, écrit un de nos ad-
versaires. Quelle figure feront alors les
modérés des centres qui se sont mis à
sa suite, sur la foi de ses promesses ?
C'est ce dont nous n'avons pas à nous
préoccuper. »
Nous n'avons pas la prétention de
connaître, aussi bien qu'un organe de
la droite, les pensées intimes de M.
Gambetta ; mais ce dont il nous est
permis de nous préoccuper, c'est de
l'attitude que pourraient prendre, en
certaines circonstances, les modérés du
parti républicain.
Une des erreurs où la réaction cher-
che à faire tomber le pays, c'est de
poser en axiôme que le centre gauche
s'est mis à la suite de M. Gambetta, qui
n'attend que le moment favorable de
rattraper M. Naquet, lequel entend dé-
passer la Commune ! Et ce qu'il y a
de vraiment curieux, c'est qu'à côté de
l'axiôme qui ne se démontre pas, on ne
développe que des démonstrations qui
prouvent absolument le contraire de ce
qu'avance superbement l'axiôme. Ainsi
toutes les démonstrations du jour ten-
dent à prouver que M. Gambetta est
coulé, complètement coulé, pour cause
de modérantisme, - momentané, ajou-
te t-on. Mais, s'il s'est si bien perdu par le
modérantisme, c'est qu'apparemment
il a été aux modérés. Et, alors, nous ne
comprenons plus comment il se fait
que les modérés se trouvent à la suite
de M. Gambetta.
Pourquoi pas à la suite de M. Na-
quet ? Ils ont bien voté la loi de l'ensei-
gnement supérieur avec lui !
M. Gambetta a eu la sagesse de com-
prendre qu'il était de première néces-
sité pour la République d'avoir à sa
disposition une majorité compacte, et
il s'est efforcé de fondre entre elles tou-
tes les nuances de l'opinion républi-
caine. C'est un mérite incontestable, et
que ses adversaires eux-mêmes ne lui
contestent pas, puisqu'ils cherchent à
l'exploiter contre lui. Le centre gauche
était posé en prophète de la Républi-
que. Mahomet refusant d'aller à la mon-
tagne, M. Gambetta a fait son possible
pour que la montagne vînt à Mahomet.
S'il plaisait à M. Gambetta, comme le
pronostique la réaction, de rentrer
dans les rangs de l'intransigeance, la
figure que feraient les modérés serait
sans doute attristée, mais non abattue.
Ils auraient le chagrin de voir qu'ils
sont moins nombreux qu'ils ne l'espé.
raient, et l'orgueil de constater qu'ils
sont encore >assez forts pour faire
triompher leurs idées.
Se portant à-droite, se portant à gau-
che, selon le projet en discussion et les
sympathies ou ^antipathies qu'il ins-
pirerait à leur tempérament, les ré-
publicains modérés ne représenteraient
ils pas toujours la réserve d'où dépen-
drait la victoire? Et c'est alors, mais
seulement alors, que nous compren-
drions que le centre gauche fît cette
manifestation à laquelle un organe
du centre droit libéral voulait, hier en-
core, l'entraîner si inconsidérément,
qu'il affirmât sa vie propre, qu'il re-
vendiquât son indépendance menacée.
Ce n'est pas seulement aux intransi-
geants qu'on conseille parfois de ne
point être opportunistes !
Et cependant, tiraillé d'ici, tiraillé
de là, attaqué de tous côtés, l'oppor-
tunisme vit et les dents de ses adver-
saires s'en vont glisser sur l'enveloppe
lisse et flexible du prétendu monstre.
C'est que l'opportunisme, au fond, est
plus qu'une tactique, plus qu'une poli-
tique ; c'est le lien qui relie entre eux
tous les hommes de bonne volonté, c'est
la ligue du vrai patriotisme.
PAUL LAFARGUE.
——————— ———————
Convocation de colléges électoraux
Le Journal officiel publie le décret sui-
vant :
Le président de la République française,
Vu la loi organique du 30 novembre 1875
sur l'élection des députés,
Vu la loi du 24 décembre 1875 ;
Vu les décrets organique et réglementaire
du 2 février 1852;
Vu le décret du 28 janvier 1876 portant
convocation de tous las colléges électoraux ;
Vu les extraits des procès-verbaux des
séances de la Chambre des députés, desquels
il résulte que, dans les séances des 7 et 22
juillet dernier, la Chambre a invalidé les
pouvoirs de M. peyrusse, élu député pour
l'arrondissement d'Auch (Gers), et de M.
Tron, élu député pour la 2* circonscription
électorale de l'arrondissement de Saint Gau-
dens (Haute-Garonne) ;
Attendu le décos de MM. Sebert, député de
l'arrondissement de Senlis (Oise), Parsy, dé-
poté de la 28 circonscription électorale de
l'arrondissement de Cambrai (Nord) et
Claude, député de l'arrondissement de Toul
(Meurthe-et-Moselle) ;
Sur la proposition du ministre de l'inté-
rieur,
Décrète :
Art. lar. Les collèges électoraux de la 2. cir-
conscription de l'arrondissement de Saint-
Gaudens (Haute-Garonne), de l'arrondisse-
ment d'Auch (Ger.), de l'arrondissement de
Toul (Meurthe-et-Moselle), de la 2* oircons
cription de l'arrondissement de Cambrai
(Nord), de l'arrondissement de Senlis (Oise),
sont convoqués pour le dimanche 1M octo-
bre prochain, à l'effet d'élire chacun un dé-
puté.
Art. 2. L'élection aura lien suivant les for-
mes déterminées par les lois et décrets ci-
dessus visés.
Art. 3. Les maires des communes où, oon
formément à l'article 8 du décret réglemen
taire du 2 février 1852, il y aurait lieu d'ap-
porter des modifications à la liste électorale
arrêtée le 31 mars dernier, publieront, cinq
jour savant la réunion des électeurs, un ta
bleau desdites modifications.
Art. 4. Le ministre de l'intérieur est chargé
de l'exécution du présent décret.
Fait à Paris, le 5 septembre 1876.
Maréchal DB MAC-MAHON,
Duo DE MAGENTA.
Par le président de la République :
Le ministre de l'intérieur,
E. DE MARCÈRE.
On lit dans Y Univers :
Pour l'impartialité et la modération dn
Temps, nous avons déjà dit ce que nous en
pensions. Ces deux vertus-là pèsent peu dan
l'esquif qui conduisit au port la fortune de
MM. Nefftzer et Schérer.
Le journal fondé par Mirès n'est pas
assez près du ciel ni assez loin de ho
terre pour ignorer que depuis quelques
jours la fortune de notre cher et res-
pecté Nefftzer est entrée dans un port'
où les tempêtes soufflées par quelques
sous-Veuillot, s'il y a quelque chose au-
dessous de Veuillot, ne sauraient trou-
bler sa quiétude.
————— +1—
COPIE A BON MARCHÉ
Nous savions bien que le Pays et le
Français étaient deux frères amis, mais
nous n'avions pas cru que cette intimité
dût aller jusqu'à les faire manger au
même plat. Nous sommes forcés de recon-
naîtra notre naïveté. Hier, le Français
publiait un long article sur les « troubles >
dont l'anniversaire du 4 Septembre a été
l'occasion. Aujourd'hui, le Pays, sous la
signature de M. Paul de Léoni, reproduit
sans indication d'origine, non pas seule-
ment le ment de l'article, mais l'article lui-
même.
Oh 1 mon Dieu ! c'est bien simple, et ce
procédé ne demande pas de grands irait.
d'imagination ; en termes de journal, nous
savons ce qu'on appelle du démarquage.
Ordinairement cela consiste à transformer
une idée. Au Pays, on se contente simple-
ment de la copier en la faitant suivre d'une
signature quelconque. Notre intention n'est
pai de blâmer le journal bonapartiste l on
fait ce qu'on peut. Mais n'est-il pas curieux
de voir cet accord touchant entre deux or-
ganes de l'opposition qui prétendent soute-
nir des politiques différentes ! Si encore la
chose en valait la peine. Mais franchement,
après avoir lu dans le Français :
A Tours, les ouvriers occupés à la eons
truction des casernes ont planté des dra-
peaux snr les bâtiments. L'emplacement était
vraiment bien choisi pour célébrer ce souve-,
nir patriotique !
Nous n'avions pas besoin de lire dans le
Pays :
A Tours, les ouvriers occupés à la cons-
truction des casernes ont planté des dra-
peaux sur les bâtiments, emplacement vrai-
ment bien choisi pour célébrer ce souvenir
patriotique!
Nous pourrions reproduira les deux arti-
cles l'un à côté de l'autre, mais cela fati-
guerait inutilement nos lecteurs. Qu'il leur
suffise d'en connaître la dernière phrase,
qui établit un parallèle entre M. Victor Le-
franc et M. de Marcère.
Le Français s'exprime ainsi
C'est que M. Victor Leffanc, quoique répu-
blicain de plus ancienne date que M. de
Marcère, osait encore lutter contre les radi
eaux, tandis que M de Marcère est leur allié
et leur protégé, nous allions dire leur pri-
sonnier.
Le Pays a fait cette fois une variante :
C'est que, il faut bien le dire, si républi-
cain qu'il était, M. Victor Lefranc osait en-
core lutter contre les radicaux, tandis que
M. de Marcère, leur allié et leur protégé, ne
S*en sent ni le courage ni la force.
Le Pays et le Français devraient s'asso-
cier comme le Soir et le Paris-Journal.
lit économiseraient les frais de compo-
sition.
RAYMOND.
♦ ————————————
LES MYSTIFICATIONS
Chacun son tour, et c'est l'Univers que
je prends cette fois la main dans le sac, ou
pour mieux dire le pied dans le traque-
nard.
Il raconte gravement l'anecdote qui
suit :
M. de Lansade, un des sous-Veuillots de
l'officine cléricale, a rencontré un bon-
homme de père de famille qui lui apprend
qu'il avait eu l'imprudence de mettre son
enfant au lycée.
Le bonhomme n'a pas indiqué le lycée ;
ou peut-être est-ce M. de Lansada qui n'a
pas jugé à propos de le nommer en toutes
lettres. C'était pourtant, ce semble, un
détail qui avait son importance ; mais pas-
sons.
Voilà donc l'enfant au lycée, et le père
ne tarde pas à revenir de ses illusions à
Tgndroit de l'éducation universitaire, et il
avoue qu'il aurait quelque velléité de re-
tirer son fil. d'un établissement dont il est
mal satisfait, pour le mettre aux jésuites.
Mais.
Permettez-moi de passer ici la parole à
M. Lansade lui-même.
« Mais ce qui le retient, dit le collabora-
teur du compère Roussel, c'est qu'il a
traité à forfait avec le lycée, qui, moyennant
500 francs une fois versés, s'est chargé de
vêtir l'enfant durant tout le cours de ses
études. Si le père reprend son fil., il perd
son argent. »
Et voici les réflexions charitables que
cette histoire inspire au pieux journal.
€ C'est là un petit marché de marchand
de soupe qui n'a l'air de rien et qui vaut
de l'or en barre?. Cette façon ingénieuse
de retenir un élève par le pan de son habit
et par le fond de ses culottes ne laisse pas
que d'avoir du caractère. Sollicitude tou-
chante et pleine d'intérêt. !. »
Et plus loin :
« Un esprit chagrin pourrait reprocher à
ce calcul des probabilités, le plus honnête
du monde, un certain air de spéculation
aléatoire, qui manquerait de gravité, qui
semblerait compromettre la régularité
budgétivore, la dignité comptable et la res-
pectabilité gourmée du corps des fonction-
naires enseignants.
> Ce ne sont là que de fâcheuses appa
rences, qui tiennent uniquement à la bou-
tique. Ca n'est pas d'hier que l'Université,
toute matrone qu'elle est, et toute alma
mater qu'elle se pique d'être, a jeté son
bonnet par-dessus les moulins. »
Voilà de bien odieuses calomnies expri-
mées en un plat s tyle.
Nous mettons M. de Lansade au défi de
citer les lycées où les choses se passent
comme il le dit, où le père da famille qui
reprend son fils laisse en gage et comme
arrhes d'un marché rompu les cinq cents
francs du trousseau.
Voulez-vous permettre à un vieil uni-
versitaire de vous expliquer le mécanisme
- fort simple dé cette comptabilité?
Toutes les mères de famille savent que
lorsqu'elles ont à mettre un enfant dans
un établissement d'instruction publique,
quel qu'il soit, elles ne peuvent l'amener
tout nu ; on leur demande donc soit un
trousseau, soit une somme j âgée équiva-
lente au prix du trousseau.
C'est en effet dans les lycées un billet de
cinq cents francs.
Personne n'a jamais songé à se révolter
contre cet usage : il est fondé en raison.
Car encore faut-il que l'enfant soit ha-
billé, et qu'il le soit comme ses camarades.
Il y a partout un uniforme, que l'on choi-
sit en général accessible à toutes les
bourses.
Il est de règle, dans les lycées, que
lorsqu'un élève n'y doit faire qu'un court
séjour, on n'exige pas de lui le trousseau
complet. On ne l'astreint à fournir que les
vêtements qui lui seront nécessaires pendant
son année ou ses six mois d'études. Sou-
vent même, on le dispense de l'uniforme.
Quand le trousseau à été fourni complet
par la famille, soit en nature, soit en ar-
gent, l'entretien et le renouvellement de ce
trousseau tombent à la charge du lycée, qui
remplace aux époques réglementaires les
objets hors de service.
A quelque époque de ses études que l'é-
lève quitte le lycée, son trous seau lui est
rendu au complet; on n'en retient rien,
absolument rien, rien de rien, ce qui s'ap-
pelle rien, s'il y a fait un séjour de moins
de deux ans ; passé ce terme, on retient, à
son départ, pour le service de l'infirmerie,
les draps et les serviettes, qui sont la plu-
part du temps fort usés et fournissent les
malades de vieux linge.
Ce sont là les règles que suit l'Univer-
sité et qui sont appliquées dans tous les
lycées sans exception possible. Il est
absurde de croire qu'un seul économe
puisse s'y soustraire, et le bonhomme dont
parle M. de Lansade n'est qu'un mystifica-
teur de mauvais goût.
Les lycées ne coûteraient pas si cher à
l'Etat s'il leur était permis de se livrer à
ces petits tours de bâton, qui sont familiers
à d'autres établissements libres.
M. de Lansade et ses amis de l'Univers
sauront que les lycées, loin de gratter ainsi
sur de menus frais, et de s'enrichir de
rognures, ont supprimé toutes les dépenses
accessoires, qui enflent les notes de beau-
coup de pensionnats, sans parler des jé-
suitières, et qui en sont pour ainsi dire
l'anse du panier.
Ainsi dans le prix général établi par
les lycées se trouvent compris et l'entre-
tien et le renouvellement du trousseau, et
la literie, et les fournitures scolaires, et
les soins du médecin et les médicaments,
et les frais du culte, etc.
Toutes ces menues dépenses et bien
d'autres sont payées à part chez messieurs
les cléricaux et doublent quelquefois le prix
de la pension, qui allèche par sa modi-
cité.
Mais ce n'est pas notre affaire. Du mo-
ment que ces messieurs trouvent de bon-
nes âmes pour subir leurs conditions, nous
n'avons pas à mettre le nez dans leurs li-
vres de comptes.
Ce qui nous fâche, c'est que l'Univers
parle des nôtres sans en être mieux in-
formé ; c'est qu'il se laisse aller, sur la foi
d'un farceur, à calomnier d'honnêtes
gens et à contrister le cœur de son pro-
chain.
Nous espérons que les rédacteurs de
l'Univers, éclairés par ces renseignements
d'une authenticité positive, s'empresseront
de faire amende honorable et de recon-
naître publiquement l'erreur qu'ils ont
commise.
Je leur ai donné ce bon exemple, qu'ils
s'empresseront de suivre, je n'en doute
pas.
FRANCISQUE SARCEY.
40
La note suivante a été communiquée à
plusieurs journaux :
On assure que le ministre de la guerre doit
adresser prochainement une circulaire aux
eommandants de corps d'armée pour recom-
mander aux officiers de s'abstenir de toute
intervention dans les questions politiques et
religieuses.
Le général Berthant n'aurait nullement ap-
prouvé, en effet, l'attitude du général Mau-
rice, et il profiterait de cette occasion pour
rappeler l'observation des règlements aux
officiers placée sous ses ordres.
Dans les incidents soulevés à propos des
honneurs funèbres à rendre à M. Félicien
David, le ministre n'aurait pas eu à interve-
nir ; la décision aurait été prise par le lieu-
tenant colonel Duchêne, qui faisait fonctions
de commandant d'armes à Saint-Germain ;
elle aurait été soumise seulement à M. le
gouverneur de Paris, qui l'aurait approuvée.
Tout cela est fort bien et prouve que le
miniatre de la guerre n'est pas disposé com-
me le prétendent les journaux réactionnai-
res et cléricaux à approuver les maniff sta-
tions anti-constitutionnelles des officiers
placés sous ses ordres.
Il est regrettable que l'incident relatif
aux obaèques de Félicien David n'ait pas
été soumis à l'appréciation du ministre de
la guerre. Il n'aurait pas, assurément ap-
prouvé la décision du lieutenant colonel
Duchêne, qui a causé un scandais sans pré-
cédents.
Nous lisons encore dans le Moniteur
universel ;
Le ministre de la guerre s'est ému des faits
qui se sont produits récemment à Perpignan,
à la suite du discours prononcé par M. le gé-
néral Barry, à la distribution des prix de
l'école des frères de la doctrine chrétienne.
La démarche de 67 officiers demandant au
journal radical de la ville de cesser toute po-
lémique à l'égard du commandant de la 32*
division d'infanterie a particu lié ramant im-
pressionné M. le général Berthaut. Une en-
quête est ouverte sur toute cette affaire.
+
LETTRES DE SERBIE
Alexinatz, 30 août, midi.
Arrivé ici hier soir,par une route encom-
brée de convois de blessés et de munitions.
A l'entrée de la ville (côté nord), un vaste
camp.
J'ai interrogé diverses personnes. D'a-
près leurs réponses, voici quelle est ou
quelle doit être la vérité sur les combats
livrés depuis dix jours autour d'Alexinatz.
Le 19 août eut lieu la première attaque
des Turcs sur Sejanitza et Supovatz ; atta-
que couronnée de succès. On me dit que
65 bataillons turcs auraient donné. A coup
sur, il y a eu surprise; Les Serbes ne s'at-
tendaient point à une agression pour ce
jour-là.
Le 20, les Tarca continuent leur marche
en avant et s'emparent de Tejiza. Les Ser-
bes continuent de 4o retirer sur Alexinatz.
Le 21, Tchernaïeff fait un mouvement
sur Tejiza et livre un combat sanglant aux
Turcs. Ceux-ci, cependant, l'avancent sur
la rive droite de la Morava, jusqu'à Bru-
mir.
Le 22, les Turcs persévèrent dans leur
mouvement en avant sur la rive gauche et
réussissent à prendre le village de Marsol ;
ils essayent même de pousser jusqu'à Zit-
kovatz. L'artillerie serbe les arrête.
Le 23, l'aile droite de l'armée turque em-
porte Prugovatz, à 6 kilomètres nord-est
d'Alexinatz. Puis elle s'attaque, entre Pru-
govatz et Alexinatz, à l'une des redoutes
construites pour défendre la place. C'est ici
qu'il faut signaler un important succès
défensif des Serbes. Ils rejettent les
Turcs dans Prugovatz, aprèi* Un des plus
sanglants combats qui aient -été livrés de-
puis cette guerre. -.
Le 24, repos.
Le 25, Tchernaïeff prépare un mouve-
ment offensif contre l'aile droite des Turcs,
qui s'étend de Prugovatz à Brumir.
Le 26, ce mouvement est exécuté. Les
Turcs sont délogés de Prugovatz, ils con-
servent leurs positions de Brumir.
Les 27, 28, 29 et aujourd'hui 30, jusqu'à
midi, rien à signaler que de simples enga-
gements d'avant-postes.
Nous en sommes là.
A de rares exceptions près, on ne voit
que des soldats ici. La population civile a
déménagé depuis quatre jours. Les bou-
tiques sont fermées, et les portes des mai-
sons closes. Il est vrai qu'il est tombé le
23 des obus turcs dans Alexinatz, mais en
petit nombre.
C'est tout ce que je puis vous mander
du lieu où j'écris. En résumé, les Turcs
campent à quatre ou cinq kilomètres d'ici
au lud-est. au sud et au sud ouest. Ju..
qu'ici se sont ils répandus à l'ouest, comme
on me l'a dit, dans la direction de Kruàhe-
watz ? C'est ce que j'ignore absolument ;
sur ce point, il est bien difficile à un sim-
ple correspondant d'être exactement ren-
seigné.
Adieu. Vous ne serez pas surpris du la-
conisme de ma lettre. Je ne compte pas res-
ter à Alexinatz plus de deux ou trois jours.
Ce voyage était nécessaire, puisqu'à Bel-
grade et à Paratchin même on était si peu
informé de la vérité.
EUG. LIÉBBRT.
Alexinatz, 31 août, matin.
L'état-major ne m'a pas permis de vous
envoyer la courte lettre qui précède, bien
que la vraie situation y fût plutôt indiquée
qu'exposée. Il faut donc renoncer à fai a
partir d'ici quoi que ce soit qui ressemble
à un compte-rendu à peu près exact. J'at-
tendrai d'être sorti d'Alexinatz pour mettre
à la poste ce que j'aurai écrit ici. Je vou
drais partir demain ou après-demain'
n'ayant nul intérêt à prolonger désormais
mon séjour. La question sera de sortir ;
peut être, pendant trois ou quatre jours,
serons-nous obligés de patienter.
Vous avez vu par ce qui précède à quoi
il faut réduire la victoire de ces derniers
temps.
Quand je suis venu ici pour la première
fois il y a une quinzaine, j'ai pu me prome-
ner à mon aise non-seulement jusqu'à Su*
povatz, extrême point de la frontière ser-
be, mais jusqu'à Sejaniza et Brejnitz" en
pays turc ; c'est là qu'étaient les avant-
postes serbes, et c'est de là que j'ai vu le
camp turc entre Mramor et Nisch. Au-
jourd'hui, pour voir les Turcs, je n'ai eu
qu'à gravir le petit coteau qui l'élève au
sud-est d'Alexinatz ; en partant du centre
de la ville, c'est une promenade de 20 mi-
nutes au plus. Au sud-ouest, au sud et au
sud est, l'armée turque nous entoure, et
le camp que je viens de voir n'est pas à
plus de 4 kilomètres des retranchements
d'Alexinatz. Par ce simple rapprochement,
vons pouvez mesurer le progrès des Turcs
autour d'Alexinatz, et cela sans doute en
dit plus que tous les bulletins militaires,
où l'on s'efforce d'embrouiller les choses.
A l'instant même, qaelqu'un part pour
Belgrade et me demande de lui confier ce
que j'ai de prêt. Je profite à tout hagard
de cette occasion pour vous envoyer ces
notes informes.
A bientôt.
Eue. LIEBSRT.
Alexinatz, 31 août.
JNous venons de passer ici la journée la
pius singulière. Dè* hier suir une attaque
des Turcw. contre Zikovatz était annoncée,
et toutes les dispositions pour la repousser
étaient prises. Point d'attaque le matin.
Vers dix heures, le bruit se répand que ce
sera pour midi.
Effarement dans notre auberge; hôtelier
et garçons oublient absolument de prépa-
rer à déjeuner, n'admettant pas qu'on
puisse manger en un jour pareil. Nous
obtenons un morceau de pain avec un peu
de saucisson, et nous montons vite au
sommet d'une des collines qui entourent
Alexinatz, pour assister à la bataille. Nous
restons là deux heures : point de bataille.
Nous redescendons dans la ville. Un nouveau
bruit vient de s'y propager : il n'est plus
question, depuis une heure, que d'un ar-
mistice de quinze jours. J'avoue n'y rien
comprendre. Cependant le général Koma-
roff, chef de l'état-major de Tchernaïeff,
que je viens de voir, me dit qu'il croit à
une suspension d'hostilités pour quelques
jours, mais que pourtant une attaque des
Turcs pour demain ou après-demain n'est
pas improbable.
D'autre part, un capitaine attaché à l'é-
tat-major du général vient de partir en
toute hâte pour Belgrade, chargé de dépê-
ches pressées. C'est tout ce que j'ai pu la.
voir, quand je lui ai serré la main avant
son départ. Enfin il me semble que, depuis
quelques heures, il se passe ici quelque
chose d'extraordinaire.
L'aspect d'Alexinatz a bien changé ;
cette ville, si riante il y a quinze jours,
est devenue lugubre. Toute la population
s'est enfuie. Il n'y a plus d'ouvert que deux
ou trois auberges et les maisons affectées
au service des ambulances ou de l'état-ma-
jor. Partout des soldats, rien que des sol-
dats, mais éprouvés par les combats de
ces derniers jours, hâves et délabrés.
D'heure en heure se font sur des chariots
des chargements de blessés à la porte des
ambulances ; çà et là des amas de paille
pourrie et de vieux linges ensanglantée
qu'on a le tort de laisser s'accumuler là.
Beaucoup de découragement parmi les
officiers, et, je crois aussi, parmi la troupe.
Les premiers tiennent des propos désespé-
rés, désespérants. Quant aux soldats, ill
ont été cruellement éprouvé. en mainte
rencontre. Il faut ajouter malheureulemeJ):,
qu'ils manquent de solidité. Ils se battent
bravement pendant deux heures, trofr; heu-
res, puis lâchent pied. C'est ce que m'ont
dit du moins des témoins oculaire. Quant
au fameux bataillon de la princesse Na-
thalie, ce bataillon de volontaires slaves
d'Autriche, que j'ai vu passer en revue à
Deligrad par le général Tchernaïeff, il
s'est débandé, aux premiers coups de feu
comme un seul homme. C'est dommage
car ces gens-là avaient Vraiment bonne
tournure.
E. LIÉBERT.
———————————- ———————————
L.A OXJEFLR.EÏ
Kipéehis de saurce II.;Y.
Belgrade, 6 septembre,
Contrairement au bruit répandu hior non-
seulement les Turcs n'ont ril, pris Pm itiou
sur la rive droite de la 'rava, entre oèli-
grad et Alexinatz, mais Vis font actuellement
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