Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-07-14
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 14 juillet 1876 14 juillet 1876
Description : 1876/07/14 (A6,N1678). 1876/07/14 (A6,N1678).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
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4 centimes par jour, soit 1 fr. 20 par
mois.
BULiLjpTIN
Paris, le. 13 juillet 1876.
La Chambre des députés a adopté le
projet de la commission sur la loi munici-
pale. Un article additionnel, portant que
dans le délai de trois mois il sera procédé
à de nouvelles élections municipaw, sur
tout le territoire, a été voté à une grande
majorité.
M. Rouvier a comparu hier devant la
8e chambre de police correctionnelle. Ainsi
qu'on la verra par le compte-rendu des dé-
bats, l'honorable député des Bouches-du-
Rhône a été acquitté. Nous sommes heu-
reux d'enregistrer ce résultat.
Il parait décidément que les Serbes n'ont
pas été aussi battus qu'on voulait bien le
dire. Zaitschar n'est pas pris par les Tares
et les bruits qui avaient circulé sur la dé-
route de Tchernaïeff ne se confirment pas.
Les dépêches officielles de Constantinople
nous apprennent qu'il y a eu des combats
« sans importance, » ce qui suffirait à prou-
ver que l'armée ottomane n'a pas remporté
les victoires que le télégraphe a transmi-
ses. Si, en effet, les Serbes avaient été bat-
tus sur tous les points signalés, les Turcs
auraient évidemment profité de leurs suc-
cès pour poursuivre leurs avantages.
Or, il n'en est rien. Une dépêche de Ra
guse annonce, au contraire, que la voieda
Klek est coupée. Un corps de Monténégrins
fort de 6,000 hommes avec deux canons a
passé par Dabar, se dirigeant vers Stoiatz,
et a réussi dans son opération, D'autre part,
la France a reça de ton correspondant
une dépêche qui l'informe que l'armée du
Timok s'avance sous Widiinet que Gatzko
a été pris par les Monténégrins.
Nous tommes obligés encore de suapen-
dre notre jugement jusqu'à ce que nous
ayons reçu des renseignements précis.
Mail aujourd'hui l'ensemble des nouvelles
reçues est plutôt favorable aux Serbes.
Noua avons déjà eu oscasion de signaler
les difficultés en présence desquelles se trou-
vait la Turquie. Une communication offi-
cielle envoyée de Constantinople porte que
les circonttancor. actuelles obligent le gou-
vernement à ajourner da nouveau le Ver-
vice de la dette publique. Les masures
prises d'accord avec là Banque, ajoute la
dépêch, pour l'encaissement da revenu
destiné au service de la dette, seront mises
à exécution aussitôt que les circor stances
le permettront. La situation financière de
l'empire ottoman est donc plus mauvaise
que jamais. Tout l'argent disponible est
employé pour l'armée, et cela est loin de
suffire, car la Turquie fait appel aux iOlli-
criptions volontaires. Le sultan (il ÍoiUt être
en Turquie pour voir de pareilles choses),
le sultan et sa mère ont souscrit pour une
somme de 20,000 livras aux frais de la
guerre.
En outre,la Balgarie est en pleine insur-
rection. La Correspondance politique de
Vienne a reçu à cet égard des renseigne-
ments précis. « Les troupes turques ne peu-
vent plus pénétrer dans la montagne, les
insurgés ayant retranché les passages qui
y conduisent. Un détachement de rédifs
n'a pu s'avancer que jusqu'au village de
Kalaglar et a dû revenir sur se3 pas. Les
insurgés oat en leur pouvoir la ville de Pa-
nadjerichte. Les habitants des villages des
environs de Svistovo et de Nikopolji sur le
Danube s3 font tous réfogiés dans la mon-
tagne, a:)î ès quoi les bachi-bouzouks ont
incen iié les villaget.
Le'chef d'insurgés bulgares Djestobanoff
a été arrêté par les Tares et décapité. Les
insurgés du sandgisk de Truov ont choi-
ai pour chef Nicolas Kabaktchieff, dont l'é
ducation militaire s'est faite en Russie.
Au sud de Philippopoli, les insurgés de
Panajoti ont ouvert les hostilités. Ils atten-
dent des renforts du sandgiak de Widdin
pour opérer contre Philippopoli.
Le gouvernement national serbe occulte
siège, dit-on, dans le Balkan, près, de Tra-
jan. Il a adressé une proclamation,à tous
les peuples qui habitent la presqu'île du
Balkan >
Que font et que feront les puissances ?
là est toujours la question. Comme on le
verra dans la lettre de notre correspondant,
l'Autriche fait de grands préparatifs et
tout le monde croit à une guerre prochaine.
Il paraît, du reste, que le comte Andrassy,
lors de l'entrevue de Reichstadt, a offert
sa médiation pour amener une entente
entre la Russie et l'Angleterre. La Rus-
sie n'a vouiu donner aucune réponse,
, ce qui n'indique pas de sa part des inten-
tions bien pacifiques. D'autre par-, on an-
nonce que la flotte cuirassée de l'Angle-
terre a rtçu l'ordre de se tenir prête à
partir; on fait même préparer les garde-cô-
tes cuirassés et à deux tourelles le Cyclops
Le Times, dont nous donnions
l'opinion hier, ne croit pas au maintien
de la paix. Il dit en enot :
« La circonstance la plus étrange de la
guerre actuelle est que, comme chacun
sait, ces Tares et ces Serbes ne sont pas
leurs propres maîtres et que-la décision
finale n'appartiendra pas à leurs batail-
lons demi-civilisés. Des puissances auxquel
les aucun des deux combattants ne saurait
résister se tiennent debout dans la cou-
lisse. Ostensiblement, l'expédient qui est
en faveur aujourd'hui, c'est de se tenir à
l'écart pour voir quelle sera l'issue du
combat. Mais nous savons que cette atti-
tude ne saurait être que temporaire, et
même temporaire, elle est à peine com-
préhensible. En effet, il faut avouer que
ce n'est nullement là une politique, mais
plutôt quelque chose qui indique l'absence
de politique, une perplexité, une incerti-
tude sur le sens que prendront les événe-
ments, un désir d'attendre et de se laisser
gaider par les circonstances. Empereurs et
chanceliers sont silencieux, mais de la mul-
titude s'élève un murmure confus de voix
impatientes qui tend de jour en jour à de-
venir plus irrité et plus âpre. »
P.-S. — Une dépêche de notre corres-
pondant spécial annonce la retraite du gé-
néral Tchernaïeff et une défaite sérieuse
des Serbes.
—
BOURSE DE PARIS
QiiUrc la 11 juillet te 12 juillet R. Ktine
8 O/O
Comptant 68 45 .f. 68 60 15
Fin cour. 68 47 1'2 68 6 T 1 j 2 20.
6 i/a oo
Comptant 99 20 89 50 30
S o/o
Comptant 106 05 106 25 20 1.
Pin cour. 106 02 1/2 106 25 22 1/2
yRTITB BOURSE DU SOIR
Emprunt i 0/0, , 106 fr. 30, 47 1/2, 40.
5 0/0 tur- 11 fr. 20, 15, 17 1/2, 15.
Extérieure. 13 11/16.
Egypte 195 fr., 195621/2.
+
La loi municipale est votée, L'article 2
relatif à la nomination des maires de
chefs-lieux de département, d'arron-
dissement et de canton n'a pas réuni
moins de 155 voix de majorité. Il y a
80 abstentions environ. D me la loi du
20 janvier a vécu, et le ministère est
plus solide que jamais.
Est-ce là une politique de résultats ?
Oui, assurément. Est-ce une politique de
déceptions I Oai, encore ; mais nous ne
l'entendons pas tout à fait comme l'ho-
norable M. Gambetta.
C'est une politique de résultats, celle
qui affranchit le pays d'une des lois les
plus impopulaires que nous eût léguées
l'ordre moral. C'est une politique de
résultats. celle qui donne à un cabinet
républicain la força et l'autorité né-
cessaires pour conserver le pouvoir.
Mais c'est aussi une politique de décep-
tion pour les ennemis de la République.
Le ministre de l'intérieur disait à la
Chambre qu'un cabinet n'est pas tou-
jours maître de l'heure où il lui con-
viendrait de poser la question de con-
fiance, et que souvent, sans l'avoir
cherchée, telle occasion se présente où
il a besoin de savoir, et de faire con-
naître à qui de droit, si la politique
qu'il défend est approuvée par la majo
rité de la Chambre. Après cette décia
ration de M. de Marcère, nul doute ne
pouvait subsister dans les esprits, et
les réticences n'ont plus de raison
d'être. Il est clair que le correspondant
du Times n'avait pas si mal entendu
ce qui se disait dans le conseil des mi-
nistres, et que le cabinet avait été bel
et bien mis en demeure de prouver
qu'il possédait une majorité.
- La preuve est faite.
Après tout, il faut rendre justice même
à ses adversaires; ils n'avaient point trop
mal combiné leur plan. Profitant avec
une extrême habileté de la faiblesse
initiale témoignée par le ministère dans
cette question municipale, et sachant,
d'autre part, combien les républicains
avaient à cœur de ne rien abandonner
de leurs principes en cette matière, ils
avaient maoœuvré de façon à couper
toute retraite au cabinet, à interdire
toute voie de conciliation au parti répu
blicaîn. Une scission semblait donc iné-
vitable, et la presse anti-ministérielle
ne négligea rien pour précipiter le dé-
noûment. Avec quelle ardeur elle ai-
guillonnait la commission, trop leote à
son gré ! Avec quelle perfidie elle louait
le ministère de sa fermeté! Il est de
fait que, pendant deux ou trois jours,
on put croire que la majorité républi
caine ne verrait pas le piège et s'y
laisserait pousser. C'est aors qu'on ap-
prit ce qui s'était passé dans ce qu'on
appelle « les hautes sphères gouverne-
mentales. » Le ministère avait-il, oui
ou non une majorité? Si oui, il deve-
nait urgent de le prouver. Si non, il
faudrait aviser.
Et les partis d'opposition se dispu-
taient déjà l'héritage du cabinet.
L'heure était venue, cette heure dont
a parlé M. de Marcère, qu'on ne choisit
pas, mais qui s'impose. Les répnbli-
cains alors ont vu ci air, et, courant au
plus pressé, ils ont momentanément re-
noncé à l'un des points principaux de
leur programme pour assurer l'exécution
de celui qui domine tous les autres, à
savoir le maintien du pouvoir dans des
mains républicaines, en d'autres ter-
mes, l'affermissement graduel et régu-
lier de la République.
Politique de déception pour les in-
trigants et les factieux qui ont survécu
à la déroute du gouvernement de com-
bat ; politique de résultats pour le pays
qui veut l'ordre et la paix, la pratique
honnête et sincère de la constitution, et
qui fera crédit volontiers à ses repré-
sentants toutes les fois qu'ils croiront
devoir ajourner une réforme pour assu-
rer l'avenir de la République.
La Chambre a fait son devoir, si dou-
loureux qu'il lui parût ; c'est mainte
nant au cabinet à faire le sien, et nous
sommes convaincus qu'il n'y manquera
pas. Hier encore on lui disait : « Vous
ne pouvez cependant point gouverner
sans majorité. » 11 en a une aujour-
d'hui ; qu'il gouverne donc ; il dépend
de lui que les républicains n'aient pas à
regretter le nouveau sacrifice qu'ils
viennent de faire à la tranquillité du
pays.
E. SCHNBRB.
LE PARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRE
Versailles, 12 juillet 1876.
Seconde journée, — encore moins palpi-
tante que la précédente.
D'ordinaire, les secondes journées sont
périlleuses : un cabinet se couche sur un
succès, il se réveilla sur une défaite ; cela
s'est vu ; la stratégie peut être changée en
une nuit.
Toute crainte nous est enlevée à ce su-
jet, dès la prem!ère minute. La droite a
reçu, hier, un coup douloureux : elle se
berçait du doux espoir que les gauches, se
laissant aller à leurs inclinations naturelles,
mettraient en échec le ministère, et elle
comptait faire l'appoint d'opposition ; la
tenue pleine de conciliation et même d'ab-
négation des gauches a bouleversé les
plans de la droite. Néanmoins, elle n'a pas
perdu tout espoir de faire trébucher la loi
sur un bouc d'amendement, par accident,
par surprise. Mai* psus la droite laisse voir
clair dans Ion jeu, plus les gauches se raf
fermistent dans l'idée da sacrifice.
La journée se corn >o«e de scrutins, car
vous pensez bien que les discours sont de
mince importance en pareille affaire.
M. Madier-Montjau fait le sien, deman-
dant la nomination de tous les maires
(même à Paris) par les conseils muniet-
paux. Un membre de la commission, M.
Bernard Lavergne (gauche républicaine),
combat l'amendement.
Ce qu'il y a de plus intéressant à ob er-
ver,c'eet l'attitude des bonapartistes. Em-
barrassés à chaque nouveau vo e, ne sa
chant où donner de la tête, en désaccord
perpétuel entre eux, ils se disputent in-
cessamment. Amd, à propos de l'amende-
ment Madter Montjau, MM. Janvier de la
Motte et Joîibois ont ULe véritable prise de
bec, celui ci poussant à voter pour, celui-
là excitant à voter contre.
L'amendement est divisé en deux par-
ties : le maire de Paris ne trouve que 63
partisans contre 333 opposants ; les miirea
de province bénéficient de 77 suffrages
contre 269 voix. Il est clair que le nombre
des abstentions est considérable ; beaucoup
de membres de l'extrême gauche se rési-
gnent au rôle passif.
Autre amendement : < La loi de 1871
est remise en vigueur. »
C'était M. Fiojuet, disait on, qui devait
se raccrocher à cette branche. C'est M. de
Castellane qui s'y cramponne, espérant la
faire craquer soas son Mb la poids. M. de
Castellane !. Quelle palinodie l Nous eus-
sions compris qu'un membre quelconque
de la droite, nouveau venu dars la vie po-
litique, eût teaté le coup ; mais M. de
Castellane, un des anciens séïdes de M. le
duc de Broglie, un des mamelucks de la loi
de 18741 Ce jeune homme a toutes les au-
daces.
Son discours est la bouffonnerie de la
séance; les éclats de rire partent comme
des fusées du côté gauche et, malgré tout
son aplomb, M. de Castetlanl:) demeure
parfois iuterloqué. Homme politique aux
vues puissantes, il prête à celui-ci telle in-
tention, à celui-là tal plan ; il crible ses
adversaires de questions et y répond lui-
même selon la convenance de îoa ar gu-
mentation.
Suppose que tu t appelles Yau de poêle.
Je te dis: Comment ta portes tuyau de
poêla W Toute la puissance oratoire da M.
de Castellane est dans ce procédé. Le mode
interrogatif du dép *té du Cantal nous a
valu toutefois une bien jolie rpml.\e.
— Attendre est bon, dirait M. de de Cas-
tellane aux républicaini ; mai#, alors,
qu'attendez vous ?
— 18791 ripoéte gravement une voix de
la gauche.
L'effet a été immense, car c'est le vrai
mot de la situation.
Il va sans dire que nul ne répond à cette
élucubraiion ; il ne faut pas encourager
ces pauvres petites vanités malades
Discours à part, l'amendement a de
l'importaoce ; c'eat même Je plus gros
écueii qu'il soit donné au Cabinet de dou-
bl-r aujourd hui. Présenté par un républi-
cain, il était dangereux pour le ministère,
et il est fort heureux que M. de Castellane
s'en soit emparé pour jouer le rôle de bouée
et bien signaler le récif à fleur d'eilu.
Pour 137
Contre 271
Quant à nous, en présence de ces scènes
piteuses, devinez à quoi nous songions !.
Nous songions au président de la Républi-
que. Eh! moa Dieu, oui! Nous nous de
mandions ci que M le maréchal da Mac
Mahon pouvait bisn penser de ceux qui
s'intitulent ses bons petits amis : des bo-
napartistes qui « par dévouement pour le
maréchal » font tous leurs efforts pour
faire échouer une loi que la Cabinet ne
présente bâtie d'une certaine sorte que par
condescendance pour le maréchal ; des
monarchistes, qui renient leurs anciens vo
tes simplement pour empêcher les républi-
cain4 d'obtempérer aux désirs du président
de la République. Si nous avions l'outre-
cuidance de M. de Castellane, nous ne se-
rions pas embarrassé pour faire en même
temps et l'interrogation et la réponse.
Bondissons par dessus les amendements
et les scrutins pour arriver au moment
important, à la minute où, les maires de
canton allant être abandonnés à la nom -
nation du gouvernement, une notable por-
tion du parti républicain, avant de con-
sommer le sacrifice, tient à mettre en lu-
mière, une dernière fois, les motifs impé-
rieux qui loi dictent sa conduite.
C'est M. Laussédat, vice-président de la
gauche républicaine, qui est chargé d'ex-
pliquer le vote. Aux premiers mots, les
bonapartistes hurlent. C est qu'en effet,
ceux-là ont tout intérêt à faire naître une
équivoque pour l'exploiter da s le pays.
Mais ils ont affaire à forte partie. Nerveux,
plein de fougue, M. Laussédat, un proscrit
de Décembre, tient à ne pas laisser le bo-
napartisme bénéficier de la comédie de li-
béralisme qu'il joue tant bien que mal de-
puis deux jours ; il rétablit les situations
et pose avec clarté le terrain du vote :
« Mis en demeure de choisir entre le Cabi
net en pMU et 1«9 promesses faites aux
électeurs, mes amis et moi, nous nous abs-
tenons, parce que nous ne voulons jamais
nous unir aux ennemis de la République. »
Au milieu des applaudissements de la
gauche, un homme a demandé la parole.
C'est M. Rtoul Duval. Qael rôle vat-il
s'assigner à côté des Caisagnacs du bona-
partisme? M. Duval a trouvé sa voie nou-
velle ; dorénavant, il jouera le cheval de
Troie.
Le rôle n'est pas sot et M. Raoul Duval
est en état de le tenir. Tout d'abord, il
proteste contre l'expression « ennemi de la
République ; » — c'est un désaveu infligé
à la politique du bouillant Paul, - et,
puisque les élections ont révélé un cou-
rant républicain, serviteur obeissant du
suffrage universel, il te déclare prêt à
apporter son concours au gouvernement
républicain dans toutes les mesures répu-
blicaines qu'il voudra prendre. C'est pour-
quoi il votera contre le projet m ntstériel.
Est-ce assez maliti ? Hein! Et dire qus
les Troyens se sont laissé prendre à un
tour de ce genre !
C'est avec une bonne humeur un peu
gouailleuse que M. Gambetta relèv ces
déclarations ti différentes de la docirine
officielle du bonapartisme et demande à
M. Raoul Divat la permission pour le*
républicains de suivre It's avi4 de* Nottors
du parti de préférence aux conseils d'un
Ulysse bonapartiste.
Il elt facile de voir que l'intervention
des bonapartistes, sous quelque forme qu'el
le se présente, est des plus heureuses pour
le Minis ère ; elle serra les gauches autour
de lui. C'est bien ce qiie nous prévoyions
avant hisr M. Raoul Duval, malgré toute
sa finegse, vient de donner un fort coup
d'épaule au projet de la commission. Et
la nomination des maires de canton est ac-
cordée au gouvernement à 287 voix con-
tre 132.
Ouf, ça y est !
La séance a fini par un embrassement
général. Quand nous disons général, il est
bien entendu que la droite n'est pas com-
prise dans l'embratsement. Eux, th s'em-
brassent entre bonapartistes et légitimis-
tes ; c'est déjà bien aïtèz !
L'article 3 porte que les conseils muni-
cipaux appelés à élire les maires et adjoints
seront convoqués à cet effdt dans le délai
d'an mois. M. Hémon présente un amende-
ment tendant à ce que les conseils munici-
paux soient renouvelés avant de procéder
à l'élection des maires et adjoints.
C'est là un point important et qui roni
soucieux bien des républicains. A quoi bon
faire nommer le maire par le conseil muni-
cipal actuel quand, dans bien des petites
localités, c'est le maire imposé qui a fait
passer sa propre liste municipa'e M. Hé-
mon déveluppe la pensée en excellents ter-
mes
Il y a un moment d'hésitation. Puis M.
Jules Ferry demande le renvoi de l'amen-
dement à la commission ; séance tenante,
la commission délibère, prend l'avis du
gouvernement en quelques secondes et mo-
difie la proposition en ce senl : Les élections
auront lieu dans toutes les communes, dans
un délai de troÜ mois, et-la nomination
des maireï et adjoints suivra dans le délai
d'un mois.
Bravo ! crie le parti républicain.
Et quand on va aux voix, savez-vous qui
se lève contre la meiure nouvelle ?. Le
parti bonapartiste, cet admirable cham-
pion du suffrage univerael. Le masque
tomba au dernier moment. Il est vrai
qu'il avait été tant de fois arraché !
PAUL LAFARGUE.
Bolios de la Chambre
La commission chargée d'examiner la pro-
position de M. M&d er Montjau relative à l'a-
brogation da décret de 1852, sur la presse, a
nommé M. Cantagrel président, et M. Varam
bon, secrétaire.
*
* *
La 58 commission d'initiative a nommé M.
Pascal Duprat président, et M. Davès, secré-
taire.
f/r
* ¥
La commission relative au recrutement des
instituteurs et institutrices primaires a dé-
cidé, dt\nR sa séance d'hier qoe diFo"mais les
conseils municipaux seront seuls maîtres de
l'option entre l'enseignement laïque et l'en-
seignement congréganiste
*
If
Oa assure qae M. Louis Blane a l'intention
de poser.au début de la séaDca d'aujourd'hui,
une question à M. le ministre des affaires
étrangères au sujet de la politique exté-
rieare.
Échos du Sénat
La commission du Sénat chargée d'exami-
ner la loi sur l'enseignement supérieur s'est
réunie hier pour entendre la leeture du rap-
port de M. Paris.
Il a été décidé que ce rapport serait déposé
aujourd'hui.
Pauvre Chaptal ! Heureux Duval !
Nos leeteurs n'ont peut-être pas ou-
blié le petit coup dEtat baroque qui
surprit et affligea l'an dernier les mille
élèves du collège Chaptalet leurs hono-
rables familles. Au jour fixé pour la
distribution des prix, enfants et pa-
rents accouraient, en habits de fête,
pour jouir du plus innocent et du plus
légitime plaisir qui soit au monde, lors-
qu'ils trouvèrent, comme on dit vulgai-
rement, visage de bois. La porte du
collége était fermée, la cérémonie in-
définiment ajournée, et par qui? Par
M. le préfet de la Seine, patron natu-
rel de toutes les écoles municipales,
puisqu'il remplit les fonctions de maire
de Paris.
Ce fut d'abord une stupeur, puis un
mécontentement unanime, puis, chez
les plus pacifiques et les plus résignés,
une curiosité fort excusable. Nous
avons vu et entendu à cette épolue
nombre de braves gens qui n'atten-
daient qu'une bonne raison pour s'in-
cliner devant le fait accompli.
Le XIXe Siècle se fit l'organe du
sentiment public, il le suivit dans ses
diverses phases, et après avoir protesté
contre un acte d'arbitraire sans précé-
dents, il réclama les explications que
M. Ferdinand Duval devait à ses ad-
ministrés. Oales attend encore. Le pré-
fet de la Seine était alors l'homme de
l'homme qui prétendait mater la France
et qui ne réussit qu'à se faire mater lui -
même aux quatre points cardinaux du
suffrage universel. Il fie conduisit en
fonctionnaire de combat ; il montra par
un silence dédaigneux qu'il ne relevait
que de son chef hiérarchique et qu'ayant
contenté M. Biffet, ii n'avait ripa à
débattre avec les bourgeois de Paris.
C'est à peine si le Français et quelques
autres journaux d'antichambre prirent
la peine d'inventer des contes à dormir
debout. Ils publièrent que le jour de la
distribution des prix avait été fixé à
l'insu du préfet, ce qui n'était pas vrai ;
que le docteur Loiseau. un des hommes
les plus modérés du conseil municipal,
l'alter ego de M, Vautrain, avait pré-
paré pour la cérémonie un discours in-
cendiaire, ce qui était de toute fausseté.
M. le docteur Loiseau vint lui-même,
dans nos bureaux, attester que de son
discours il n'avait pas écrit une ligne.
Les élections générales ont passé
là-dessus; la France s'est donné une
Chambre républicaine, nous possédons
un ministère républicain, sagement li-
béral, qui a sans doute bien des choses
à ménager, mais qui sait son devoir et
qui tient compte de l'opinion publique.
Pourquoi le nouveau cabinet a t-il laissé
M. Ferdinand Daval à la préfecture de
la Seine? Comment n'a-t-il pas renoncé
aux dangereux services d'un chercheur
de conflits dont le caractère brouillon
et l'humeur irascible ont failli tant de
fo:s remettre en question nos franchi-
ses municipales ? Le regretté M. Ricard
et son digne ami M. de Marcère ont
peut être en cela cédé à des raisons
qui nous sont inconnues, mais ils comp-
taient aussi, probablement, sur l'élas-
ticité d'un administrateur assez jeune
et assez habile pour sacrifier quelque
chose à l'intérêt bien entendu. Le fait
est que l'heureux M. Ferdinand Duval
a mis beaucoup d'eau dans son vin et
que la représentation élective du dépar-
tement de la Seine le trouve sensible-
ment amendé depuis l'année dernière.
Mais il faut croire que ce préfet n'a
pas encore dépouillé le vieil homme,
ou qu'il ne peut pas pardonner aux élè-
ves de Chaptal et à leurs familles l'af-
front inexplicable qu'il leur a fait. Com-
ment expliquer autrement la circulaire
lue en classe le mardi Il juillet der-
nier par les professeurs de section,
annonçant « qu'il n'y aurait pas de
distribution de prix, mais que, le sa-
medi 5 août, les prix obtenus seront
remis individuellement aux élèves, de
la main à la main.? »
A quel propos M. Ferdinand Duval
prive t il ces enfants et leurs familles
dune fête qui double à leurs yeux la
valeur des prix mérités ? De d*-ux choses
l'une : ou la soleonité des distributions
est mauvaise, et il faut l'abolir non seu-
lement à Chaptal, mais à l'Académie, à
la Sorbonne, dans les lycées; dans les
écoles primaires, secondaires et supé
rieures, au Conservatoire, aux Beaux-
Arts et partout ; ou elle est bonne, et
il faut la conserver partout, même à
Chaptal
Il est fabuleux qu'un préfet, de sa
grâce, décide que mille enfants de
bonnes familles, qui ont travaillé aussi
bien que les autres, seront traités au-
trement que les autres et formeront
une caste de parias dans la jeunesse de
France.
Est-ce que les beaux jours de l'arbi-
traire n'ont pas fini avec l'ordre moral
et le gouvernement de combat ? Ne se
lèvera t-il pas demain, dans la députa-
tion républicaine de Paris, un orateur
assez bien inspiré p >ur signaler à M. le
ministre de l'intérieur, cet homme juste
et droit, la fantaisie de son préfet?
Est-ce qu'en pareille matière, notre mi-
nistre de l'instruction publique, M. Wad-
dington, n'a pas voix au chapitre? Est-
ce que les républicains, qui sont en
majorité dans la Chambre, ne s'accor-
deraient pas d'emblée avec un ministère
républicain pour venger l'égalité obsti-
nément violée par un ukase adminis-
tratif ?
Personne n'objectera cette fois que-
le jour de la distribution a été fixé à
l'insu du préfet; personne n'inventera
un prétendu discours du bon docteur
Loiseau. Le collége est sans reproche et
le préfet sans excusa; les représen-
tants du pays ont plus de temps qu'il
n'en faut pour obtenir le rappel d'une
mesure qui tend à déconsidérer, peut-
être à dépeupler un des plus beaux
et des meilleurs établissements d'in-
struction publique que nous ayons
à Paris. Je crois à la force du bon sens,
au succès du bon droit, et je ne déses-
père pas d'entendre le 5 août prochain
sur le boulevard extérieur ce cri des
élèves et des familles : Heureux Chap-
tal ! Pauvre Duval !
ABOUT.
—: -————
LA GUERRE
Un de nos correspondants spéciaux,
bien placé pour savoir ce qui se passe
en Serbie, nous adresse la dépêche sui-
vante, qui dément la plupart des ren-
seignements arrivés de Belgrade à Pa-
ris :
Zimoni, 12 juillet, 8 heures.
Les derniers renforts disponibles
viennent d'être expédiés sur le Timock.
Tchernaïeff bat en retraite.
Le quartier général est transporté à
Jagodina.
Nous recevons aujourd'hui la première
lettra de notre collaborateur, M.' Eugène
Liebert.
Sur le Danube, 7 juillet.
J'ai quitté Vienne hier par le train dè
3 h. 35, qui m'emportait vers B;},iÎa-, où
nous nommes arrivés c" matin à 9 heures.
C'était le-moyen de locomotion le plus ra-
pide. A Basias jo trouve b petit vapeur
n* 4 de la Staats-bahn qui remonte le Da-
nube etqut dOIt ma mettre à Belgrade ce
soir entre 5 et 6 heures.
Il et midi. N 'us venons de quitter la
première station du bateau. Dubrovitza, et
nous coatinuons de marcher, ayant à no-
tre droite Ja rive p.rb et la rive hon-
groise à noire gauche, Je m'inltalle sur le
ponc à un coin de table occupé déjà par
deux journalistes allemands, et je vous
écris.
Rien de particulier dans le voyage de
Vienne à Bazias. Les deux tiers du voyage
se f,nt pendant la nuit, et, en vérité, les
amateurs de pittoresque y perdent peu,
car rien nVst si monotone que la plaine
hongroise. Ce qui m'a frappé et c,- que
confirment les renseignements que j'ai re-
çus d'autre part, c'est le déplorable état da
la récolte Il y aura cette année, dans la
campagne hongroise, une grande inherH.
Ea route, j'ai lié conversation avec un
négociant américain, qui parcourt l'Orisnt
pour des affaires do canons et d'armer. Il
était venu proposer au ministre de la guerre
autrichien un fusil d'ua nouveau modèle.
Il l'avait vu le matin même et avait été
virement frappé de l'activité des prépara-
tifs militaires qui se foat à Vienne.
J'aipassé la nait à causer avec quelque? au-
tres personnes qui me paraissent de juge-
ment sain. Leur impression est que la guerre
devienira bientôt générale. Elle ne pour-
rait être localisée que si la Serbie trivm-
phait dans un bref délai. Mais (en Autriche
au moins) on ne croit pas au triomphe des
Serbes. On m'y fait de terribles peintuffl
dts troupes turques, Circassiens, bacht.
bonZOL k-, etè., et l'on ne croit pas que les
Serbes, malgré leur vaillance, soient capa-
bles d'y résister.
Ea outre, me dit on toujours, l'argent
manque en Serbie. Le négociant améri-
cain intervient ici pour affirmer que la
Russie a mis à la disposition du prince
Milan une somme importante et que l'ar-
gent est à Londres. Ce ne sont là que de&
on-dit.
Quant aux nouvelles de la guerre, nous
en sommet toujours aux dépêches contra-
dictoires arrivées le matin à Vienne. On
croit qu'au fond risn de véritablement sé-
rieux n'a encore été engagé, et l'on ajoute
peu de loi aux télégrammes onicteit qui
viennent de Constantinople ou de Belgrade.
Un teul point est généralement admis :
e oit que Tchernaïdf parais s'avancer bien
imprudemment dans sa marcha hardie.
Mais vous me permettrez de n'être aujourl
d'hui qu'un écho. Je noie à la hâte des
impressions recueillies en traversant l'Au-
triche en tram express
Comme nous approchons de Baaias, nous
commençons à voir que le gouvernement
austro-hongrois ga de la .frontière. Les
sentinelles - ont nombreuses. Cà et là on
construit des blockhauss. C'ett que déjà
nous sommes en pays slave, et que l'Au-
triche, à tout événement, prend s*s mesu-
res contre un soulèvement possible de cette
partie de la population.
Mais nous voici à Basias, voici le
Danube. Mon Américain et quelques au-
tres de mes compagnons me quittent pour
le descentre : ill vont à Bucharest, à
Routschouck, à Constantinople. Sur le ba-
teau qui monte vers Sem in et Belgrade
nous sommes quinze ou vioge voyageurs
au plus. Une douzaine de passagers ser-
bes en coutume national, quelques Autri-
chiens et Aliemandl; une très-jolie femme
très-élégante, qui semble avoir quitté le
boulevard Montmartre avant-hier ; et en-
fla voire serviteur contemplant de tout
ses yeux io spectacle admirable du Da-
nube, qu'il voudrait bien vous décrire
Mais, pour aujourd'hui, ii faut renon-
cer a dpipvind/e le larlle fl^uv® aux flots
jaunes par qui leil longues îitg planée* de
sauies sont en ce moment presque submer-'
géé1. Au dessus, le ciel resplendit d'un
bieu magnifique. Les deux bords sont cou-
verts d'une végétation puissante. Ce ne
prix 11 mmmêtê à Pstli t M Ceatitte - i M CWB«M -
vendredi M JMtM Itrg
,c, E QfPlif IJi
u ilii l fi l j Ë i
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S'adresser au Secrétaire de la Rédactfoa
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point éprouver de retard dans
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60 centimes pour frais de nouvelles
bandes.
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dresse de Paris pour les départements
doit être accompagnée, -en outre des
60 centimes ci-dessus, du montant des
frais de poste, calculés à raison de
4 centimes par jour, soit 1 fr. 20 par
mois.
BULiLjpTIN
Paris, le. 13 juillet 1876.
La Chambre des députés a adopté le
projet de la commission sur la loi munici-
pale. Un article additionnel, portant que
dans le délai de trois mois il sera procédé
à de nouvelles élections municipaw, sur
tout le territoire, a été voté à une grande
majorité.
M. Rouvier a comparu hier devant la
8e chambre de police correctionnelle. Ainsi
qu'on la verra par le compte-rendu des dé-
bats, l'honorable député des Bouches-du-
Rhône a été acquitté. Nous sommes heu-
reux d'enregistrer ce résultat.
Il parait décidément que les Serbes n'ont
pas été aussi battus qu'on voulait bien le
dire. Zaitschar n'est pas pris par les Tares
et les bruits qui avaient circulé sur la dé-
route de Tchernaïeff ne se confirment pas.
Les dépêches officielles de Constantinople
nous apprennent qu'il y a eu des combats
« sans importance, » ce qui suffirait à prou-
ver que l'armée ottomane n'a pas remporté
les victoires que le télégraphe a transmi-
ses. Si, en effet, les Serbes avaient été bat-
tus sur tous les points signalés, les Turcs
auraient évidemment profité de leurs suc-
cès pour poursuivre leurs avantages.
Or, il n'en est rien. Une dépêche de Ra
guse annonce, au contraire, que la voieda
Klek est coupée. Un corps de Monténégrins
fort de 6,000 hommes avec deux canons a
passé par Dabar, se dirigeant vers Stoiatz,
et a réussi dans son opération, D'autre part,
la France a reça de ton correspondant
une dépêche qui l'informe que l'armée du
Timok s'avance sous Widiinet que Gatzko
a été pris par les Monténégrins.
Nous tommes obligés encore de suapen-
dre notre jugement jusqu'à ce que nous
ayons reçu des renseignements précis.
Mail aujourd'hui l'ensemble des nouvelles
reçues est plutôt favorable aux Serbes.
Noua avons déjà eu oscasion de signaler
les difficultés en présence desquelles se trou-
vait la Turquie. Une communication offi-
cielle envoyée de Constantinople porte que
les circonttancor. actuelles obligent le gou-
vernement à ajourner da nouveau le Ver-
vice de la dette publique. Les masures
prises d'accord avec là Banque, ajoute la
dépêch, pour l'encaissement da revenu
destiné au service de la dette, seront mises
à exécution aussitôt que les circor stances
le permettront. La situation financière de
l'empire ottoman est donc plus mauvaise
que jamais. Tout l'argent disponible est
employé pour l'armée, et cela est loin de
suffire, car la Turquie fait appel aux iOlli-
criptions volontaires. Le sultan (il ÍoiUt être
en Turquie pour voir de pareilles choses),
le sultan et sa mère ont souscrit pour une
somme de 20,000 livras aux frais de la
guerre.
En outre,la Balgarie est en pleine insur-
rection. La Correspondance politique de
Vienne a reçu à cet égard des renseigne-
ments précis. « Les troupes turques ne peu-
vent plus pénétrer dans la montagne, les
insurgés ayant retranché les passages qui
y conduisent. Un détachement de rédifs
n'a pu s'avancer que jusqu'au village de
Kalaglar et a dû revenir sur se3 pas. Les
insurgés oat en leur pouvoir la ville de Pa-
nadjerichte. Les habitants des villages des
environs de Svistovo et de Nikopolji sur le
Danube s3 font tous réfogiés dans la mon-
tagne, a:)î ès quoi les bachi-bouzouks ont
incen iié les villaget.
Le'chef d'insurgés bulgares Djestobanoff
a été arrêté par les Tares et décapité. Les
insurgés du sandgisk de Truov ont choi-
ai pour chef Nicolas Kabaktchieff, dont l'é
ducation militaire s'est faite en Russie.
Au sud de Philippopoli, les insurgés de
Panajoti ont ouvert les hostilités. Ils atten-
dent des renforts du sandgiak de Widdin
pour opérer contre Philippopoli.
Le gouvernement national serbe occulte
siège, dit-on, dans le Balkan, près, de Tra-
jan. Il a adressé une proclamation,à tous
les peuples qui habitent la presqu'île du
Balkan >
Que font et que feront les puissances ?
là est toujours la question. Comme on le
verra dans la lettre de notre correspondant,
l'Autriche fait de grands préparatifs et
tout le monde croit à une guerre prochaine.
Il paraît, du reste, que le comte Andrassy,
lors de l'entrevue de Reichstadt, a offert
sa médiation pour amener une entente
entre la Russie et l'Angleterre. La Rus-
sie n'a vouiu donner aucune réponse,
, ce qui n'indique pas de sa part des inten-
tions bien pacifiques. D'autre par-, on an-
nonce que la flotte cuirassée de l'Angle-
terre a rtçu l'ordre de se tenir prête à
partir; on fait même préparer les garde-cô-
tes cuirassés et à deux tourelles le Cyclops
Le Times, dont nous donnions
l'opinion hier, ne croit pas au maintien
de la paix. Il dit en enot :
« La circonstance la plus étrange de la
guerre actuelle est que, comme chacun
sait, ces Tares et ces Serbes ne sont pas
leurs propres maîtres et que-la décision
finale n'appartiendra pas à leurs batail-
lons demi-civilisés. Des puissances auxquel
les aucun des deux combattants ne saurait
résister se tiennent debout dans la cou-
lisse. Ostensiblement, l'expédient qui est
en faveur aujourd'hui, c'est de se tenir à
l'écart pour voir quelle sera l'issue du
combat. Mais nous savons que cette atti-
tude ne saurait être que temporaire, et
même temporaire, elle est à peine com-
préhensible. En effet, il faut avouer que
ce n'est nullement là une politique, mais
plutôt quelque chose qui indique l'absence
de politique, une perplexité, une incerti-
tude sur le sens que prendront les événe-
ments, un désir d'attendre et de se laisser
gaider par les circonstances. Empereurs et
chanceliers sont silencieux, mais de la mul-
titude s'élève un murmure confus de voix
impatientes qui tend de jour en jour à de-
venir plus irrité et plus âpre. »
P.-S. — Une dépêche de notre corres-
pondant spécial annonce la retraite du gé-
néral Tchernaïeff et une défaite sérieuse
des Serbes.
—
BOURSE DE PARIS
QiiUrc la 11 juillet te 12 juillet R. Ktine
8 O/O
Comptant 68 45 .f. 68 60 15
Fin cour. 68 47 1'2 68 6 T 1 j 2 20.
6 i/a oo
Comptant 99 20 89 50 30
S o/o
Comptant 106 05 106 25 20 1.
Pin cour. 106 02 1/2 106 25 22 1/2
yRTITB BOURSE DU SOIR
Emprunt i 0/0, , 106 fr. 30, 47 1/2, 40.
5 0/0 tur- 11 fr. 20, 15, 17 1/2, 15.
Extérieure. 13 11/16.
Egypte 195 fr., 195621/2.
+
La loi municipale est votée, L'article 2
relatif à la nomination des maires de
chefs-lieux de département, d'arron-
dissement et de canton n'a pas réuni
moins de 155 voix de majorité. Il y a
80 abstentions environ. D me la loi du
20 janvier a vécu, et le ministère est
plus solide que jamais.
Est-ce là une politique de résultats ?
Oui, assurément. Est-ce une politique de
déceptions I Oai, encore ; mais nous ne
l'entendons pas tout à fait comme l'ho-
norable M. Gambetta.
C'est une politique de résultats, celle
qui affranchit le pays d'une des lois les
plus impopulaires que nous eût léguées
l'ordre moral. C'est une politique de
résultats. celle qui donne à un cabinet
républicain la força et l'autorité né-
cessaires pour conserver le pouvoir.
Mais c'est aussi une politique de décep-
tion pour les ennemis de la République.
Le ministre de l'intérieur disait à la
Chambre qu'un cabinet n'est pas tou-
jours maître de l'heure où il lui con-
viendrait de poser la question de con-
fiance, et que souvent, sans l'avoir
cherchée, telle occasion se présente où
il a besoin de savoir, et de faire con-
naître à qui de droit, si la politique
qu'il défend est approuvée par la majo
rité de la Chambre. Après cette décia
ration de M. de Marcère, nul doute ne
pouvait subsister dans les esprits, et
les réticences n'ont plus de raison
d'être. Il est clair que le correspondant
du Times n'avait pas si mal entendu
ce qui se disait dans le conseil des mi-
nistres, et que le cabinet avait été bel
et bien mis en demeure de prouver
qu'il possédait une majorité.
- La preuve est faite.
Après tout, il faut rendre justice même
à ses adversaires; ils n'avaient point trop
mal combiné leur plan. Profitant avec
une extrême habileté de la faiblesse
initiale témoignée par le ministère dans
cette question municipale, et sachant,
d'autre part, combien les républicains
avaient à cœur de ne rien abandonner
de leurs principes en cette matière, ils
avaient maoœuvré de façon à couper
toute retraite au cabinet, à interdire
toute voie de conciliation au parti répu
blicaîn. Une scission semblait donc iné-
vitable, et la presse anti-ministérielle
ne négligea rien pour précipiter le dé-
noûment. Avec quelle ardeur elle ai-
guillonnait la commission, trop leote à
son gré ! Avec quelle perfidie elle louait
le ministère de sa fermeté! Il est de
fait que, pendant deux ou trois jours,
on put croire que la majorité républi
caine ne verrait pas le piège et s'y
laisserait pousser. C'est aors qu'on ap-
prit ce qui s'était passé dans ce qu'on
appelle « les hautes sphères gouverne-
mentales. » Le ministère avait-il, oui
ou non une majorité? Si oui, il deve-
nait urgent de le prouver. Si non, il
faudrait aviser.
Et les partis d'opposition se dispu-
taient déjà l'héritage du cabinet.
L'heure était venue, cette heure dont
a parlé M. de Marcère, qu'on ne choisit
pas, mais qui s'impose. Les répnbli-
cains alors ont vu ci air, et, courant au
plus pressé, ils ont momentanément re-
noncé à l'un des points principaux de
leur programme pour assurer l'exécution
de celui qui domine tous les autres, à
savoir le maintien du pouvoir dans des
mains républicaines, en d'autres ter-
mes, l'affermissement graduel et régu-
lier de la République.
Politique de déception pour les in-
trigants et les factieux qui ont survécu
à la déroute du gouvernement de com-
bat ; politique de résultats pour le pays
qui veut l'ordre et la paix, la pratique
honnête et sincère de la constitution, et
qui fera crédit volontiers à ses repré-
sentants toutes les fois qu'ils croiront
devoir ajourner une réforme pour assu-
rer l'avenir de la République.
La Chambre a fait son devoir, si dou-
loureux qu'il lui parût ; c'est mainte
nant au cabinet à faire le sien, et nous
sommes convaincus qu'il n'y manquera
pas. Hier encore on lui disait : « Vous
ne pouvez cependant point gouverner
sans majorité. » 11 en a une aujour-
d'hui ; qu'il gouverne donc ; il dépend
de lui que les républicains n'aient pas à
regretter le nouveau sacrifice qu'ils
viennent de faire à la tranquillité du
pays.
E. SCHNBRB.
LE PARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRE
Versailles, 12 juillet 1876.
Seconde journée, — encore moins palpi-
tante que la précédente.
D'ordinaire, les secondes journées sont
périlleuses : un cabinet se couche sur un
succès, il se réveilla sur une défaite ; cela
s'est vu ; la stratégie peut être changée en
une nuit.
Toute crainte nous est enlevée à ce su-
jet, dès la prem!ère minute. La droite a
reçu, hier, un coup douloureux : elle se
berçait du doux espoir que les gauches, se
laissant aller à leurs inclinations naturelles,
mettraient en échec le ministère, et elle
comptait faire l'appoint d'opposition ; la
tenue pleine de conciliation et même d'ab-
négation des gauches a bouleversé les
plans de la droite. Néanmoins, elle n'a pas
perdu tout espoir de faire trébucher la loi
sur un bouc d'amendement, par accident,
par surprise. Mai* psus la droite laisse voir
clair dans Ion jeu, plus les gauches se raf
fermistent dans l'idée da sacrifice.
La journée se corn >o«e de scrutins, car
vous pensez bien que les discours sont de
mince importance en pareille affaire.
M. Madier-Montjau fait le sien, deman-
dant la nomination de tous les maires
(même à Paris) par les conseils muniet-
paux. Un membre de la commission, M.
Bernard Lavergne (gauche républicaine),
combat l'amendement.
Ce qu'il y a de plus intéressant à ob er-
ver,c'eet l'attitude des bonapartistes. Em-
barrassés à chaque nouveau vo e, ne sa
chant où donner de la tête, en désaccord
perpétuel entre eux, ils se disputent in-
cessamment. Amd, à propos de l'amende-
ment Madter Montjau, MM. Janvier de la
Motte et Joîibois ont ULe véritable prise de
bec, celui ci poussant à voter pour, celui-
là excitant à voter contre.
L'amendement est divisé en deux par-
ties : le maire de Paris ne trouve que 63
partisans contre 333 opposants ; les miirea
de province bénéficient de 77 suffrages
contre 269 voix. Il est clair que le nombre
des abstentions est considérable ; beaucoup
de membres de l'extrême gauche se rési-
gnent au rôle passif.
Autre amendement : < La loi de 1871
est remise en vigueur. »
C'était M. Fiojuet, disait on, qui devait
se raccrocher à cette branche. C'est M. de
Castellane qui s'y cramponne, espérant la
faire craquer soas son Mb la poids. M. de
Castellane !. Quelle palinodie l Nous eus-
sions compris qu'un membre quelconque
de la droite, nouveau venu dars la vie po-
litique, eût teaté le coup ; mais M. de
Castellane, un des anciens séïdes de M. le
duc de Broglie, un des mamelucks de la loi
de 18741 Ce jeune homme a toutes les au-
daces.
Son discours est la bouffonnerie de la
séance; les éclats de rire partent comme
des fusées du côté gauche et, malgré tout
son aplomb, M. de Castetlanl:) demeure
parfois iuterloqué. Homme politique aux
vues puissantes, il prête à celui-ci telle in-
tention, à celui-là tal plan ; il crible ses
adversaires de questions et y répond lui-
même selon la convenance de îoa ar gu-
mentation.
Suppose que tu t appelles Yau de poêle.
Je te dis: Comment ta portes tuyau de
poêla W Toute la puissance oratoire da M.
de Castellane est dans ce procédé. Le mode
interrogatif du dép *té du Cantal nous a
valu toutefois une bien jolie rpml.\e.
— Attendre est bon, dirait M. de de Cas-
tellane aux républicaini ; mai#, alors,
qu'attendez vous ?
— 18791 ripoéte gravement une voix de
la gauche.
L'effet a été immense, car c'est le vrai
mot de la situation.
Il va sans dire que nul ne répond à cette
élucubraiion ; il ne faut pas encourager
ces pauvres petites vanités malades
Discours à part, l'amendement a de
l'importaoce ; c'eat même Je plus gros
écueii qu'il soit donné au Cabinet de dou-
bl-r aujourd hui. Présenté par un républi-
cain, il était dangereux pour le ministère,
et il est fort heureux que M. de Castellane
s'en soit emparé pour jouer le rôle de bouée
et bien signaler le récif à fleur d'eilu.
Pour 137
Contre 271
Quant à nous, en présence de ces scènes
piteuses, devinez à quoi nous songions !.
Nous songions au président de la Républi-
que. Eh! moa Dieu, oui! Nous nous de
mandions ci que M le maréchal da Mac
Mahon pouvait bisn penser de ceux qui
s'intitulent ses bons petits amis : des bo-
napartistes qui « par dévouement pour le
maréchal » font tous leurs efforts pour
faire échouer une loi que la Cabinet ne
présente bâtie d'une certaine sorte que par
condescendance pour le maréchal ; des
monarchistes, qui renient leurs anciens vo
tes simplement pour empêcher les républi-
cain4 d'obtempérer aux désirs du président
de la République. Si nous avions l'outre-
cuidance de M. de Castellane, nous ne se-
rions pas embarrassé pour faire en même
temps et l'interrogation et la réponse.
Bondissons par dessus les amendements
et les scrutins pour arriver au moment
important, à la minute où, les maires de
canton allant être abandonnés à la nom -
nation du gouvernement, une notable por-
tion du parti républicain, avant de con-
sommer le sacrifice, tient à mettre en lu-
mière, une dernière fois, les motifs impé-
rieux qui loi dictent sa conduite.
C'est M. Laussédat, vice-président de la
gauche républicaine, qui est chargé d'ex-
pliquer le vote. Aux premiers mots, les
bonapartistes hurlent. C est qu'en effet,
ceux-là ont tout intérêt à faire naître une
équivoque pour l'exploiter da s le pays.
Mais ils ont affaire à forte partie. Nerveux,
plein de fougue, M. Laussédat, un proscrit
de Décembre, tient à ne pas laisser le bo-
napartisme bénéficier de la comédie de li-
béralisme qu'il joue tant bien que mal de-
puis deux jours ; il rétablit les situations
et pose avec clarté le terrain du vote :
« Mis en demeure de choisir entre le Cabi
net en pMU et 1«9 promesses faites aux
électeurs, mes amis et moi, nous nous abs-
tenons, parce que nous ne voulons jamais
nous unir aux ennemis de la République. »
Au milieu des applaudissements de la
gauche, un homme a demandé la parole.
C'est M. Rtoul Duval. Qael rôle vat-il
s'assigner à côté des Caisagnacs du bona-
partisme? M. Duval a trouvé sa voie nou-
velle ; dorénavant, il jouera le cheval de
Troie.
Le rôle n'est pas sot et M. Raoul Duval
est en état de le tenir. Tout d'abord, il
proteste contre l'expression « ennemi de la
République ; » — c'est un désaveu infligé
à la politique du bouillant Paul, - et,
puisque les élections ont révélé un cou-
rant républicain, serviteur obeissant du
suffrage universel, il te déclare prêt à
apporter son concours au gouvernement
républicain dans toutes les mesures répu-
blicaines qu'il voudra prendre. C'est pour-
quoi il votera contre le projet m ntstériel.
Est-ce assez maliti ? Hein! Et dire qus
les Troyens se sont laissé prendre à un
tour de ce genre !
C'est avec une bonne humeur un peu
gouailleuse que M. Gambetta relèv ces
déclarations ti différentes de la docirine
officielle du bonapartisme et demande à
M. Raoul Divat la permission pour le*
républicains de suivre It's avi4 de* Nottors
du parti de préférence aux conseils d'un
Ulysse bonapartiste.
Il elt facile de voir que l'intervention
des bonapartistes, sous quelque forme qu'el
le se présente, est des plus heureuses pour
le Minis ère ; elle serra les gauches autour
de lui. C'est bien ce qiie nous prévoyions
avant hisr M. Raoul Duval, malgré toute
sa finegse, vient de donner un fort coup
d'épaule au projet de la commission. Et
la nomination des maires de canton est ac-
cordée au gouvernement à 287 voix con-
tre 132.
Ouf, ça y est !
La séance a fini par un embrassement
général. Quand nous disons général, il est
bien entendu que la droite n'est pas com-
prise dans l'embratsement. Eux, th s'em-
brassent entre bonapartistes et légitimis-
tes ; c'est déjà bien aïtèz !
L'article 3 porte que les conseils muni-
cipaux appelés à élire les maires et adjoints
seront convoqués à cet effdt dans le délai
d'an mois. M. Hémon présente un amende-
ment tendant à ce que les conseils munici-
paux soient renouvelés avant de procéder
à l'élection des maires et adjoints.
C'est là un point important et qui roni
soucieux bien des républicains. A quoi bon
faire nommer le maire par le conseil muni-
cipal actuel quand, dans bien des petites
localités, c'est le maire imposé qui a fait
passer sa propre liste municipa'e M. Hé-
mon déveluppe la pensée en excellents ter-
mes
Il y a un moment d'hésitation. Puis M.
Jules Ferry demande le renvoi de l'amen-
dement à la commission ; séance tenante,
la commission délibère, prend l'avis du
gouvernement en quelques secondes et mo-
difie la proposition en ce senl : Les élections
auront lieu dans toutes les communes, dans
un délai de troÜ mois, et-la nomination
des maireï et adjoints suivra dans le délai
d'un mois.
Bravo ! crie le parti républicain.
Et quand on va aux voix, savez-vous qui
se lève contre la meiure nouvelle ?. Le
parti bonapartiste, cet admirable cham-
pion du suffrage univerael. Le masque
tomba au dernier moment. Il est vrai
qu'il avait été tant de fois arraché !
PAUL LAFARGUE.
Bolios de la Chambre
La commission chargée d'examiner la pro-
position de M. M&d er Montjau relative à l'a-
brogation da décret de 1852, sur la presse, a
nommé M. Cantagrel président, et M. Varam
bon, secrétaire.
*
* *
La 58 commission d'initiative a nommé M.
Pascal Duprat président, et M. Davès, secré-
taire.
f/r
* ¥
La commission relative au recrutement des
instituteurs et institutrices primaires a dé-
cidé, dt\nR sa séance d'hier qoe diFo"mais les
conseils municipaux seront seuls maîtres de
l'option entre l'enseignement laïque et l'en-
seignement congréganiste
*
If
Oa assure qae M. Louis Blane a l'intention
de poser.au début de la séaDca d'aujourd'hui,
une question à M. le ministre des affaires
étrangères au sujet de la politique exté-
rieare.
Échos du Sénat
La commission du Sénat chargée d'exami-
ner la loi sur l'enseignement supérieur s'est
réunie hier pour entendre la leeture du rap-
port de M. Paris.
Il a été décidé que ce rapport serait déposé
aujourd'hui.
Pauvre Chaptal ! Heureux Duval !
Nos leeteurs n'ont peut-être pas ou-
blié le petit coup dEtat baroque qui
surprit et affligea l'an dernier les mille
élèves du collège Chaptalet leurs hono-
rables familles. Au jour fixé pour la
distribution des prix, enfants et pa-
rents accouraient, en habits de fête,
pour jouir du plus innocent et du plus
légitime plaisir qui soit au monde, lors-
qu'ils trouvèrent, comme on dit vulgai-
rement, visage de bois. La porte du
collége était fermée, la cérémonie in-
définiment ajournée, et par qui? Par
M. le préfet de la Seine, patron natu-
rel de toutes les écoles municipales,
puisqu'il remplit les fonctions de maire
de Paris.
Ce fut d'abord une stupeur, puis un
mécontentement unanime, puis, chez
les plus pacifiques et les plus résignés,
une curiosité fort excusable. Nous
avons vu et entendu à cette épolue
nombre de braves gens qui n'atten-
daient qu'une bonne raison pour s'in-
cliner devant le fait accompli.
Le XIXe Siècle se fit l'organe du
sentiment public, il le suivit dans ses
diverses phases, et après avoir protesté
contre un acte d'arbitraire sans précé-
dents, il réclama les explications que
M. Ferdinand Duval devait à ses ad-
ministrés. Oales attend encore. Le pré-
fet de la Seine était alors l'homme de
l'homme qui prétendait mater la France
et qui ne réussit qu'à se faire mater lui -
même aux quatre points cardinaux du
suffrage universel. Il fie conduisit en
fonctionnaire de combat ; il montra par
un silence dédaigneux qu'il ne relevait
que de son chef hiérarchique et qu'ayant
contenté M. Biffet, ii n'avait ripa à
débattre avec les bourgeois de Paris.
C'est à peine si le Français et quelques
autres journaux d'antichambre prirent
la peine d'inventer des contes à dormir
debout. Ils publièrent que le jour de la
distribution des prix avait été fixé à
l'insu du préfet, ce qui n'était pas vrai ;
que le docteur Loiseau. un des hommes
les plus modérés du conseil municipal,
l'alter ego de M, Vautrain, avait pré-
paré pour la cérémonie un discours in-
cendiaire, ce qui était de toute fausseté.
M. le docteur Loiseau vint lui-même,
dans nos bureaux, attester que de son
discours il n'avait pas écrit une ligne.
Les élections générales ont passé
là-dessus; la France s'est donné une
Chambre républicaine, nous possédons
un ministère républicain, sagement li-
béral, qui a sans doute bien des choses
à ménager, mais qui sait son devoir et
qui tient compte de l'opinion publique.
Pourquoi le nouveau cabinet a t-il laissé
M. Ferdinand Daval à la préfecture de
la Seine? Comment n'a-t-il pas renoncé
aux dangereux services d'un chercheur
de conflits dont le caractère brouillon
et l'humeur irascible ont failli tant de
fo:s remettre en question nos franchi-
ses municipales ? Le regretté M. Ricard
et son digne ami M. de Marcère ont
peut être en cela cédé à des raisons
qui nous sont inconnues, mais ils comp-
taient aussi, probablement, sur l'élas-
ticité d'un administrateur assez jeune
et assez habile pour sacrifier quelque
chose à l'intérêt bien entendu. Le fait
est que l'heureux M. Ferdinand Duval
a mis beaucoup d'eau dans son vin et
que la représentation élective du dépar-
tement de la Seine le trouve sensible-
ment amendé depuis l'année dernière.
Mais il faut croire que ce préfet n'a
pas encore dépouillé le vieil homme,
ou qu'il ne peut pas pardonner aux élè-
ves de Chaptal et à leurs familles l'af-
front inexplicable qu'il leur a fait. Com-
ment expliquer autrement la circulaire
lue en classe le mardi Il juillet der-
nier par les professeurs de section,
annonçant « qu'il n'y aurait pas de
distribution de prix, mais que, le sa-
medi 5 août, les prix obtenus seront
remis individuellement aux élèves, de
la main à la main.? »
A quel propos M. Ferdinand Duval
prive t il ces enfants et leurs familles
dune fête qui double à leurs yeux la
valeur des prix mérités ? De d*-ux choses
l'une : ou la soleonité des distributions
est mauvaise, et il faut l'abolir non seu-
lement à Chaptal, mais à l'Académie, à
la Sorbonne, dans les lycées; dans les
écoles primaires, secondaires et supé
rieures, au Conservatoire, aux Beaux-
Arts et partout ; ou elle est bonne, et
il faut la conserver partout, même à
Chaptal
Il est fabuleux qu'un préfet, de sa
grâce, décide que mille enfants de
bonnes familles, qui ont travaillé aussi
bien que les autres, seront traités au-
trement que les autres et formeront
une caste de parias dans la jeunesse de
France.
Est-ce que les beaux jours de l'arbi-
traire n'ont pas fini avec l'ordre moral
et le gouvernement de combat ? Ne se
lèvera t-il pas demain, dans la députa-
tion républicaine de Paris, un orateur
assez bien inspiré p >ur signaler à M. le
ministre de l'intérieur, cet homme juste
et droit, la fantaisie de son préfet?
Est-ce qu'en pareille matière, notre mi-
nistre de l'instruction publique, M. Wad-
dington, n'a pas voix au chapitre? Est-
ce que les républicains, qui sont en
majorité dans la Chambre, ne s'accor-
deraient pas d'emblée avec un ministère
républicain pour venger l'égalité obsti-
nément violée par un ukase adminis-
tratif ?
Personne n'objectera cette fois que-
le jour de la distribution a été fixé à
l'insu du préfet; personne n'inventera
un prétendu discours du bon docteur
Loiseau. Le collége est sans reproche et
le préfet sans excusa; les représen-
tants du pays ont plus de temps qu'il
n'en faut pour obtenir le rappel d'une
mesure qui tend à déconsidérer, peut-
être à dépeupler un des plus beaux
et des meilleurs établissements d'in-
struction publique que nous ayons
à Paris. Je crois à la force du bon sens,
au succès du bon droit, et je ne déses-
père pas d'entendre le 5 août prochain
sur le boulevard extérieur ce cri des
élèves et des familles : Heureux Chap-
tal ! Pauvre Duval !
ABOUT.
—: -————
LA GUERRE
Un de nos correspondants spéciaux,
bien placé pour savoir ce qui se passe
en Serbie, nous adresse la dépêche sui-
vante, qui dément la plupart des ren-
seignements arrivés de Belgrade à Pa-
ris :
Zimoni, 12 juillet, 8 heures.
Les derniers renforts disponibles
viennent d'être expédiés sur le Timock.
Tchernaïeff bat en retraite.
Le quartier général est transporté à
Jagodina.
Nous recevons aujourd'hui la première
lettra de notre collaborateur, M.' Eugène
Liebert.
Sur le Danube, 7 juillet.
J'ai quitté Vienne hier par le train dè
3 h. 35, qui m'emportait vers B;},iÎa-, où
nous nommes arrivés c" matin à 9 heures.
C'était le-moyen de locomotion le plus ra-
pide. A Basias jo trouve b petit vapeur
n* 4 de la Staats-bahn qui remonte le Da-
nube etqut dOIt ma mettre à Belgrade ce
soir entre 5 et 6 heures.
Il et midi. N 'us venons de quitter la
première station du bateau. Dubrovitza, et
nous coatinuons de marcher, ayant à no-
tre droite Ja rive p.rb et la rive hon-
groise à noire gauche, Je m'inltalle sur le
ponc à un coin de table occupé déjà par
deux journalistes allemands, et je vous
écris.
Rien de particulier dans le voyage de
Vienne à Bazias. Les deux tiers du voyage
se f,nt pendant la nuit, et, en vérité, les
amateurs de pittoresque y perdent peu,
car rien nVst si monotone que la plaine
hongroise. Ce qui m'a frappé et c,- que
confirment les renseignements que j'ai re-
çus d'autre part, c'est le déplorable état da
la récolte Il y aura cette année, dans la
campagne hongroise, une grande inherH.
Ea route, j'ai lié conversation avec un
négociant américain, qui parcourt l'Orisnt
pour des affaires do canons et d'armer. Il
était venu proposer au ministre de la guerre
autrichien un fusil d'ua nouveau modèle.
Il l'avait vu le matin même et avait été
virement frappé de l'activité des prépara-
tifs militaires qui se foat à Vienne.
J'aipassé la nait à causer avec quelque? au-
tres personnes qui me paraissent de juge-
ment sain. Leur impression est que la guerre
devienira bientôt générale. Elle ne pour-
rait être localisée que si la Serbie trivm-
phait dans un bref délai. Mais (en Autriche
au moins) on ne croit pas au triomphe des
Serbes. On m'y fait de terribles peintuffl
dts troupes turques, Circassiens, bacht.
bonZOL k-, etè., et l'on ne croit pas que les
Serbes, malgré leur vaillance, soient capa-
bles d'y résister.
Ea outre, me dit on toujours, l'argent
manque en Serbie. Le négociant améri-
cain intervient ici pour affirmer que la
Russie a mis à la disposition du prince
Milan une somme importante et que l'ar-
gent est à Londres. Ce ne sont là que de&
on-dit.
Quant aux nouvelles de la guerre, nous
en sommet toujours aux dépêches contra-
dictoires arrivées le matin à Vienne. On
croit qu'au fond risn de véritablement sé-
rieux n'a encore été engagé, et l'on ajoute
peu de loi aux télégrammes onicteit qui
viennent de Constantinople ou de Belgrade.
Un teul point est généralement admis :
e oit que Tchernaïdf parais s'avancer bien
imprudemment dans sa marcha hardie.
Mais vous me permettrez de n'être aujourl
d'hui qu'un écho. Je noie à la hâte des
impressions recueillies en traversant l'Au-
triche en tram express
Comme nous approchons de Baaias, nous
commençons à voir que le gouvernement
austro-hongrois ga de la .frontière. Les
sentinelles - ont nombreuses. Cà et là on
construit des blockhauss. C'ett que déjà
nous sommes en pays slave, et que l'Au-
triche, à tout événement, prend s*s mesu-
res contre un soulèvement possible de cette
partie de la population.
Mais nous voici à Basias, voici le
Danube. Mon Américain et quelques au-
tres de mes compagnons me quittent pour
le descentre : ill vont à Bucharest, à
Routschouck, à Constantinople. Sur le ba-
teau qui monte vers Sem in et Belgrade
nous sommes quinze ou vioge voyageurs
au plus. Une douzaine de passagers ser-
bes en coutume national, quelques Autri-
chiens et Aliemandl; une très-jolie femme
très-élégante, qui semble avoir quitté le
boulevard Montmartre avant-hier ; et en-
fla voire serviteur contemplant de tout
ses yeux io spectacle admirable du Da-
nube, qu'il voudrait bien vous décrire
Mais, pour aujourd'hui, ii faut renon-
cer a dpipvind/e le larlle fl^uv® aux flots
jaunes par qui leil longues îitg planée* de
sauies sont en ce moment presque submer-'
géé1. Au dessus, le ciel resplendit d'un
bieu magnifique. Les deux bords sont cou-
verts d'une végétation puissante. Ce ne
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