Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-04-12
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 79956 Nombre total de vues : 79956
Description : 12 avril 1925 12 avril 1925
Description : 1925/04/12 (N19845). 1925/04/12 (N19845).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune
Description : Collection numérique : La Commune de Paris Collection numérique : La Commune de Paris
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7554931w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/03/2013
23 GERMINAL, AN 133. — N° 19.845
La Numéro : VINGT CENTIMES
DIMANCHE 12 AVRIL 1925. — N° 19.813
Fondateurs (1S69)
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS:
Ca ai fti arts frtII am
SEINE & S.-ET-OISB 40' 21» loi
FRANCE ET COIXINIBS 45 23 12 »
ETRANGER 75 « sg. 209
Adresser toutes les communications
au Directeur
Fondaleur, ( 1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
POUR LA PUBLICITÉ, S'ADRESSER
AUX BUREAUX DU JOURNAL
ON S'ABONNE SANS FRAIS DANS
TOUS LES BUREAUX DE POSTE
RÉDACTION & ADMINISTRATION:
38, boulev-ard cle Strasbourg, P.A.RIs-xe
Directeur : EDMOND DU MESNIL
TÉLÉPHONES :
Rédaction et Administration : lord 24-90, 24-91. — Après 10 henres da soir: Louvre 04-36
TRIBUNE LIBRE
*•••• ■»"" "■ ■
Wl
Du couloir
au labyrinthe
> > * IL
« II faut que l'on sache, a déclaré le
général Sikorski, ministre de la défense
nationale, à l'envoyé du « Matin », que
le jour où l'on touchera à un pouce carré
de notre territoire national, toute la Po-
logne se lèvera et combattra sans merci. »
L'aigle blanc de Pologne a encore bec
et ongles et le général Sikorski, par ses-
déclarations énergiques, fera peut-être
réfléchir les échauffés de Prusse et de
Poméranie.
Puissent-elles du même coup faire ré-
fléchir aussi les rêveurs des bords de
ia Seine ou même de la Saône.
Il se peut que les Anglais, chez qui
te goût des affaires n'enlève pas le sens
des réalités, se rendent compte du dan-
ger universel que constitue la menace
allemande sur le couloir de Dantzig. Déjà
le « Times », écrit :
Les Polonais réfusent d'admettre la possi-
bilité même de la moindre modification de leur
frontière et leur argumentation est logique. Il
n'y a aucune raison véritable de supprimer le
« corridor », si ce n'est qu'il gêne: les Aile-
friands. Ces derniers ne sauraient prétendre, en
effet, que le « corridor » porte atteinte à leur
commerce, ou qu'il soustrait à la domination
allemande un grand nombre d'Allemands. La
population en est aussi polonaise que celle de
la Posnanie ; la région ne fut annexée par la
Prusse que vingt ans avant la Posnanie. « Ad..
mettriez-Vous, demandent les Polonais à un
Anglais, que les Allemands ont plus de droit
au comté de Norfolk qu'au comté de Kent
.St on leur donne aujourd'hui le « corridor »,
tans, ei après cela la Posnanie.
v Le grand journal de la cité ajoute :
Ils ont entièrement raison. Les Allemands
des Marches orientales (Osmarkdeutschen)
ont un parfait mépris pour les 'Polonais et sont
bien résolus à récupérer plus tard tout ce qui
leur a été enlevé. Ils considéreraient la sup-
pression du corridor comme un premier pas.
Le changement affaiblirait certainement la si-
tuation de la Pologne, car si ses communica-
tions avec la mer Baltique sont assez mal assu-
rées sous le régime actuel, elles le seront bien
plus mal encore si toute la zone de Pomérélie,
par laquelle elles passent, redevient allemande.
Mais le « Times » estime qu'il sera
toujours temps de régler cette question
du corridor et qu'il n'y a pas lieu de pré-
cipiter les événements.
Ce serait peut-être presque exact si
j'on pouvait, sur cette question comme
sur bien d'autres, croire à la bonne foi
allemande. Mais il en est du couloir de
Dantzig comme du labyrinthe de la So-
ciété des Nations.
Justement le « Hamburger Fremderi-
blatt », journal nationaliste, consacre à
l'offre d'un pacte de sécurité un article
émanant, dit-il, des milieux diploma-
tiques.
D'après son auteur, le gouvernement
allemand a eu pour intention d'empê-
cher la nouvelle entente qui était prête
à se former contre l'Allemagne, sous la
conduite de M, Chamberlain, entre l'An-
gleterre, la France et la Belgique. Cela
a réussi. L'entente de 1914 a été enter-
rée en 1925.
Et voilà une manifestation nouvelle de
cynisme dont nous ne pouvons d'ailleurs
<3ue nous montrer reconnaissants.
- Ainsi le pacte de sécurité n'apparaît
plus que comme un moyen de diviser les
alliés et de s'appliquer, au surplus, à
des endormir.
L'Allemagne réserverait la question
d' Alsace-Lorraine comme elle a toujours
réservé la question de Dantzig, et si la
France était amenée à prendre des sû-
retés sur le Rhin, la vieille Germanie pré-
tendrait appeler l'Angleterre à son se-
cours.
On peut conclure de cela que la ques-
tion polonaise est, au premier chef, une
question française. Barrer, coûte que
coûte, la route de Varsovie, c'est la fa-
çon la plus sûre de barrer la route de
Paris. *
Au surplus, deux informations nous
montrent, sous son véritable jour, l'état
'esprit de l'Allemagne contemporaine :
D'après le Journal populaire de Hanovre,
Hindenburg, au cours de son entrevue avec
von Tirpitz, aurait posé deux conditions avant
d'accepter la candidature à la présidence. S'il
'était élu, rancien drapeau noir-blanc-rouge
devrait être immédiatement rétabli; le prési-
dent devrait habiter un autre palais que celui
pccupé par M. Ebert.
Von Tirpitz se serait engagé à faire donner
atisfaction au maréchal sur ces deux points.
Von Tirai tz. l'homme de la guerre
sous-marine, voilà certes un programme
« national ». 1
Et l'on mande, de Berlin au « New-
York Herald»:
Les nationalistes ont ouvert une souscrip-
tion en faveur de l'élection d'Hindenburg à
la présidence..
Les principaux souscripteurs seront Vex-frai-
ser et les membres de la famille Hohenzol-
lern. L'ex-empereur Guillaume ouvrira, dit-on,
la souscription par un don d'un million de
marks.
Toute la bande! Les Hohenzollern et
leurs plus fidèles domestiques!.
La crise ministérielle préoccupe les
Français. Rien de plus naturel. Mais
n'oublions pas le couloir de Dantzig, non
plus que les pièges du labyrinthe dans
lequel s'est engagé si imprudemment M.
Herriot.
La sécurité d'abord. Le reste viendra
d'autant plus aisément qu'on nous verra
forts et décidés — prêts à secourir nos
amis et certains d'être aidés par eux si,
de nouveau, la démence germanique se
déchaînait sur le monde.
Charles-Louis WEBER,
EDITORIAL
Le « puzzle » ministériel
Quelle bousculade, mes
amis, dans les allées du
Pouvoir !
C'est pire qu'au marché
aux ''puces, et les peaux de
maroquin sont hors de
prix.
Il y a foule autqur du jeu de « puzz-
le » ministériel, et nombre de parle-
mentaires sont en train de se faire tirer
les cartes pour savoir « s'ils en seront ».
Il s'agit, bien entendu, du prochain
ministère.
Sera-t-il Dieu, table ou cuvette ? J'o-
pinerai plutôt pour la cuvette, en ce mo-
ment où tant de politiciens auraient
grand besoin de se laver les mains.
Selon la règle stricte du jeu parlemen-
taire, le soin de former le nouveau cabi-
net devrait être confié à ceux qui vien-
nent de renverser le ministère Herriot.
Appuyés sur le Sénat, ils se présente-
raient devant les Chambres ; ils y se-
raient probablement renversés.
Impasse. Conflit entre les deux as-
semblées. Dissolution. Voilà la logique.
C'est vous dire qu'il ne saurait en être
question. Au demeurant, une telle poli-
tique suppose e greffage de plus de
glandes que n'en saurait disposer le doc-
teur Voronoff.
Un ministère de concentration ? Hé !
Hé ! (mon vieux Michel) on y viendra;
on y vient. Déjà des purs parmi les purs
radicaux donnent à entendre qu'ils con-
sentiraient à un « cartel élargi ».
J'aime beaucoup ce « cartel élargi ».
Ça n'a l'air de rien, mais c'est déjà une
concentration rétrécie.
Sans aucun doute la situation inté-
rieure et extérieure de la France exige-
rait immédiatement un ministère d'u-
nion nationale (de Boncour à Marin)
pour assurer le salut public.
Mais le cartel est encore saoul. Avant
que les éléments raisonnables qui le
composent — et qui maintenant le su-
bissent en rechignant — aient repris
leur sang-froid, il leur faut absorber une
forte dose d'ammoniaque.
C'est à quoi va s'employer le Diafoi-
rus intérimaire chargé de gagner du
temps.
Gagner du temps ?
Pourvu que la France n'en perde
pas !
Edmond du MESNIL.
Les Elections municipales
i -- --
Retirez vos cartes électorales avant le 3 mai
Les élections municipales approchent, les
électeurs parisiens vont devoir se préoccuper
de leurs cartes électorales.
Sur la proposition de M. Fiancette, le Con.
seil municipal a décidé que la remise des
cartes s'effectuera dans les mairies.
Les cartes non réclamées avant le 3 mai
seront déposées dans les sections de vote.
».
EN TROISIEME PAGE ]
« La demière jouissance »
par Renée DUNAN
La crise ministérielle
Cartel élargi
-
C'est dans ce sens
que la crise a semblé
s'orienter hier
Jamais crise ministérielle ne provoqua tant
d'auées et venues.
Le palais de l'Elysée vit un véritable dfilé.
Le tout-Paris parlementaire s'y montra. Mais
s'il y eut beaucoup d'appelés nul encore ne
connaît le nom de l'élu.
L'impression générale, c'est que si l'on n'en
est pas encore à une. politique de concentra-
tion républicaine, on cherche, du moins, une
formule de « détente ». Députés et sénateurs
radicaux s'accordent pour dire : « Cartel
élargi j).
M. PAINLEVE
La formule se traduit par des listes que l'on
colporte. La plus en vogue, dans la soirée,
donnait -à M. Painlevé la présidence du con-
seil, avec le ministère de la guerre, à M. de
M onzie la vice-présidence du conseil et le mi-
nistère de la justice : ; à M. Briand les affai-
res' étrangères ; à,, M. Doumer les finances '.:
à MM. Henry de Jouvenel, Pierre Laval, Del-
bos et Dalb-îez, l'instruction publique, les fra-
vaux publics, l'enseignement technique et les
régions libérées.
Liste fantaisiste, certes, mais qui, poùrtant,
reflète les tendances des groupes : de Dou-
mer à Laval et même jusqu'à Boncour, c'est
déjà presque un programme.
Nous saurons au,jo'ltrd'hui,' sans doute, le
nom de l'homme d'Etat à qui M. Doumergue
aura décidé de confier la tâche délicate de re-
mettre de l'ordre dans la maison, et de veiller
à sa sûreté.
M. Georges Scelle
démissionne
Le ministre de l'instruction publique et des
beaux-arts a reçu de M. Georges Scelle la let-
tre suivante :
Paris, le 10 avril 1926.
Monsieur le ministre,
Je me permets de renowveler encore une
fois et définitivement les instances que j'ai
déjà eu l'honneur de vous présenter.
Dans un but de pacification et dans l'inté-
rêt des étudiants laborieux, je vous prie, mon-
sieur le ministre, de vouloir bien accepter via
démission du poste intérimaire que vous avez
bien voulu me confier par arrêté du 25 fé-
vrier dernier, en attendant la décision que
vous vous réserviez de prendre, au mois de
novembre, au sujet de la désignation définitive
d'un chargé de cours.
Je vous prie, monsieur le ministre, d'agréer.
avec l'expression de ma gratitude, celle de
mes sentiments respecttwux.
Signé : Georges SCELLE.
Le ministre a décidé d'accepter cette dé-
mission. »
—————————-—— ————————————
La réunion de la Petite Entente
aura lieu le 3 mai
Vienne, 11 avril. On mande de Belgrade :
« Le journal de Imposition « Pravda » ap-
prend que l'eil'tre..J;;e de la Petite Entente
aura lieu le 3 ruai à Bucarest. On discutera,
avaïit tout de la-cruestion russe. Le journal dit
que cette question sera de nouveau ajournée.
La question la plus importante est l'entrée de
la Pologne dans la Petite Entente qui ne ren-
contrera assurément pas de difficultés. »
Un défilé politique
à l'Elysée
— ■ > > < —
M. Gaston Doumergue choisira aujourd'hui
le successeur de M. Herriot
» » «t ■ ■
Selon l'usage établi le président de la Ré-
publique a commencé hier matin ses consul-
tatio'ns sur la situation politique.
M. de Selves
A 9 h. 55, M. de Selves, président du Sénat,
arrive à l'Elysée. Il est immédiatement in-
troduit auprès de M. Gaston Doumergue. L'en-
tretien dure environ une demi-heure. A 10
heures 30, le président du Sénat quitte le pa-
lais de l'Elysée. Il refuse de faire connaître
les termes de la conversation qu'il a eue avec
le président de la République. C'est avec une
certaine vivacité péremptoire qu'il écarte les
importuns.
— « Rien. je n'ai absolument rien à dire »,
déclare-t-il.
M. Painlevé
A 10 h. 45, M. Painlevé pénètre à son tour
dans la cour de l'Elysée. D'un pas allègre, il
gravit les degrés du perron et est introduit
dans le cabinet du président de la Républi-
que.
A 11 h. 20, M. Milliès-Lacroix, président de
la commission des finances du Sénat, arrive
à son tour, à pied.
Dix minutes plus tard, à 11 h. 30, M. Pain-
levé sort de l'Elysée, ayant à ses côtés M.
Appell, directeur de son cabinet, qui l'avait
accompagné.
Le président de !a Chambra est photogra-
phié, cinématographié. et harcelé de ques-
tions par les journalistes.
« J'ai donné à M. le président de la Répu-
blique, déclare-t-il, tous les renseignements
que je possède -cur La situation politique et
cur la situation générale. »
- Croyez-vous que la cri'e sera do longue
durée ? demande-t-on.
— Nous somm tombés d'accord, M. le pré-
sident et moi, pour esi'mer qu'eh devait
être dénouée le plus rapidement possible. Il
est indispensable que la situation soit réglée
sans délai.
M. Paul BONCOUR
Sans répondre à une nouvelle question qui
lui est posée, aur fins do savoir si M. Dou-
mergue lui a offert de constituer le cabinet,
M. Painlevé s'éloigne de quelques pas puis,
se souvenant qu'il est venu en voiture, revient
vers son automobile, s'y engouffre et dispa-
raît.
M. Milliès-Lacroix
es- croIX
Entre temps était arrivé faubourg Sant-
Honoré M. Milliès-Lacroix, président de la
commission sénatoriale des finances, qui a eu
avec le président de la République une con-
versation d'environ vingt mi'nutes.
« Simple consultation politique », a dit M.
Milliès-Lacroix en sortant.
M. Vincent Auriol
M. Vincent Auriol, président de la com-
mission des finances de la Chambre, qui vient
d'arriver à l'Elysée, échange encore quelques
mots avec les journalistes quand M. Milliès-
Lacroix sort du palais et s'éloigne à pied,
comme il était venu.
A midi 5, M. Vincent Auriol sort à son tour.
Il déclare :
L'intérêt national nous dépasse tous. Fai-
sons l'union, mais pas seulement sur parole.
Faisons-la dans la réalité et avec la France
tout entière. Grâce à elle la crise prendra vite
fin, car l'ardeur au travail de tous nos concim
toyens nous interdit à tous le pessimisme et le découragement.
RaymoodPOINCARÉ.
« C'est comme président de la commission
des finances de la Chambre que j'ai été enten-
du. J'ai exposé mon opinion sur la situation
politique. J'estime qu'il est absolument né-
cessaire de continuer une politique dt cou-
rage dans l'action et de vérité. »
Le communiqué de 12 h. 15
A midi 15, la présidence de la République
a communiqué la note officielle suivante :
Le président de la République a reçu suc-
cessivement ce matin M. de Selves, président
du Sénat, et M. Paul Painlevé, président de
la Chambre des députés, avec lesquels it s'est
entretenu de la situation politique.
M. Aristide BRIAND
M. Gaston Doumergue a ensuite conféré
avec M. Milliès-Lacroix, président de la com-
mission des finances du Sénat, puis avec M.
Vincent Auriol, président de la commission
des finances de la Chambre.
Le président de la République continuera
ses consultations dans l'après-midi.
M. Bienvenu-Martin
Continuant ses consultations, le président
de la République a reçu à 14 h. 30 M. Bien-
venu-Martin, président du groupe de la gau-
che démocratique du Sénat. Quelques minutes
plus tard, arrivait M. Cazals, président du
groupe radical de la Chambre, qui rejoignait
M. Bienvenu-Martin dans le cabinet de M.
Doumergue.'
M. Lucien Hubert
M. Bienvenu-Martin quitte l'Elysée à 14
heures 55 en « regrettant de ne pouvoir fai-
re aucune déclaration ». Il a conversé avec
le président de la République des affaires en
cours et de façon « plus amicale qu'officielle ».
M. Lucien Hubert, président de la commis-
sion des affaires étrangères du Sénat, arrive
peu après et est introduit auprès de M. Dou-
mergue.
M. Chaumet
Puis c'est M. Chaumet, président du g|pu-
pe de l'union démocratique et radicale du Sé-.
nat. Il s'attarde un instant avec les journalis-
tes qui ne manquent pas l'occasion de lui de-
mander son opinien sur la crise. Selon lui,
seul un cabinet cartelliste est possible à
l'heure actuelle.
- Mais le Sénat ? objecte-t-on.
— Le Sénat lui ferait, n'en doutez pas, un
bon accueil. Il n'a renversé M. Herriot que
sur les questions financières.
M. Cazals
M. Cazals s'éloigne vers 15 h. 15.
— Mon opinion, déclare-t-il, est que la crise
sera rapidement dénouée. M. Doumergue
continuera cet après-midi ses consultations,
et s'efforcera, soyez-en certain, de concilier
les opinions qui se sont manifestées de-
puis quelques jours. Mais je ne pense pas qu'il
ait le dessein de favoriser la constitution
d'un ministère qui ne serait pas issu du Car-
tel. Je crois que le futur président du Conseil,
quel qu'il soit, constituera un cabinet cartel-
liste, selon une formule un peu plus élargie
que le précédent.
— Avec qui ? M. Herriot ? M. Painlevé ?.
- Je l'ignore absolument. Je ne puis que
vous donner l'orientation des consultations.
M. Lucien Hubert quitte peu après le palais
présidentiel. Il déclare qu'il ne s'est pas en-
tretenu avec M. Gaston Doumergue, mais avec
le secrétaire général de l'Elysée, M. Michel.
M. Paul Morel, puis M. Cher on.
Tandis que s'éloigne M. Chaumet, « qui n'a
rien à ajouter à ce qu'il a dit précédemment »,
M. Paul Morel, président du groupe de la gau-
che radicale, arrive à l'Elysée.
Puis voici M. Henry Chéron, président de
l'union républicaine du Sénat, et l'auteur de
l'ordre du jour qui causa la chute du cabinet
de M. Herriot. Il est très entouré. On solli-
cite de lui une opinion sur la crise et des
pronostics sur le prochain ministère.
— Voyons, que pourrais-je bien vous dire ?
se demande-t-il, les yeux malicieusement plis-
sés. Attendez, je vais vous raconter une pe-
tite histoire normande.
CLa suite en deuxième page)
A la Chambre
Les groupes de gauche
se déclarent
fidèles au Cartel
La Chambre devait continuer hier la dis-
cussion de la -première partie des projets
financiers, en ce qui concerne l'émission sup-
plémentaire de 'billets de la Banque de Fran-
ce. Elle s'est réunie à 10 heures sous là. pré-
sidence de M. A; Varenne. Toute la. séance a
consisté dans l'adoption du praeùs-verbal de
la séance d'hier après-midi, et la Chambre
s'est ensuite ajournée an; næreredi15 avrU, à.
3 heures.
Cependant, les députés s'étaient rendus aai
assez grand nombre dans les couloirs du Pa-
laLsvBourbon pour s'entretenir des conséquen-
ces de la retraite du ministère Herriot et
des divers moyens qui pouvaient être étùr
pîoyés pour former un nouveau cabinet.
Les radicaux socialistes ont tenu une courte
réunion dans laquelle ils se sont bornés à
'voter une adresse à M. Herriot pour lui té-
moigner leur sympathie et leur gratitude pour
l'effort qu'il a déployé dans la défense de la;
politique du Cartel.
Les tbureaux des quatre groupes du Cartel
ont ensuite tenu une réunion commune dans
laquelle, après avoir discuté divers ordres da
jour destinés à manifester le sentiment du
Cartel sur la situation, ils se sont ralliés à.
un texte proposé par M. Hubert-Rouger, dé-
puté socialiste du Gard. Ce texte débute V" ,
un témoignage à M. Herriot. analogue à celui ;
des radicaux socialistes, et se termine par
l'affirmation de la. volonté du Cartel de con-
tinuer énergiquement « la politique voulue
par le pays le 11 mai ».
Dans les conversations qui se sont engagées
entre députés appartenant au Cartel, on a es-
sayé de préciser en quoi devait consister la
continuation de la politique du 11 mai. Les
uns prétendaient qu'il ne fallait pas accep-
ter un cabinet nouveau qui contiendrait des
éléments pris en dehors des groupes du Car-
tel ; certains réclamaient l'entrée des socia-
listes dans le ministère, soutenant que- la
participatmn effectif de ce groupe à l'exer-
ciee du pouvoir serait uqe garantie: du ma" -
tien du cartel qui, sans çeîa, pourrait être
amené à ee- déeagréger.
Il convient de signaler, d'autre part, qua
les membres de la gauche radicale déclaraient
qu'ils ne s'associeraient à aucune manifesta-
tion tendant à imposer des choix au chef de
l'Etat et à empiéter sur les droits constitu-
tionnels du président de la République.
Signalons, enfin, l'avis de certains radicaux
socialistes qui pensaient que si le président
de la République était amené à offrir le pou-
voir à M. Painlevé, et Si celui-ci acceptait, on
devrait porter M. Herriot à la présidence de
la Chambre.
Mais il est actuellement impossible de tirer
de ces conversations une idée directrice for-
melle quant à la solution de la crise.
Dans l'après-midi, fleurs et palabres
L'animation était grande, hier après-midi,
dans les couloirs du Palais-Bourbon.
Les différents groupes réunis dans les bu-
reaux ont examiné la situation créée par lia.
démission du ministère Herriot.
Le groupe radical-socialiste a adopté la mo-
tion suivante présentée par M. Albért Mi-
lhaud. députa de l'Hérault :
M. Alexandre VARENNE
« Le groupe radical socialiste adresse an.
président du parti, le citoyen Herriot,. l'exs
pression de sa gratitude pour le magnifique
concours qu'il a donné à la volonté déawavâ.
tique du pays et à la dfense républicaine
l'assure de sa recdnnaissance pour l'œuvre
d'apaisement international à laquelle il' S'eit
consacré sans réserve et lui renouvelle l'ex-
pression de ea fidélité et de son dévoue-
ment. » -
A l'issue de cette réunion, les délégués de?
groupes de gauche, réunis, ont adopté, sur la
proposition de M. Hubert Rouger, député so*.
cialiste du Gard, la motion suivante :
« Les délégués des groupes de gauche, ex-
primant leur reconnaissance à Edouard Her-
riot pour le magnifique effort accompli par
lui à l'extérieur pour l'œuvre de paix, à l'in-
térieur pour la défense de l'idéal démocrati-
que, affirment leur résolution inébranlable de
continuer la politique du Cartel voulue par
le pays le 11 mai. »
Le groupe républicain socialiste, après exa-
men de la situation. « considère qu'aucune
autre politique n'est possible A dehors de la.
politique du Cartel. Il tient à renouveler à
celui qui en a été le chef incontesté, Edouard
Herriot, l'assurance de son admiration et de
son affectueuse sympathie ».
D'autre part, la gauche républicaine démo-
cratique a décidé de faire sien l'ordre, dui
jour voté par le Sénat.
Le groupe de l'Union républicaine démocra»
La Numéro : VINGT CENTIMES
DIMANCHE 12 AVRIL 1925. — N° 19.813
Fondateurs (1S69)
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS:
Ca ai fti arts frtII am
SEINE & S.-ET-OISB 40' 21» loi
FRANCE ET COIXINIBS 45 23 12 »
ETRANGER 75 « sg. 209
Adresser toutes les communications
au Directeur
Fondaleur, ( 1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
POUR LA PUBLICITÉ, S'ADRESSER
AUX BUREAUX DU JOURNAL
ON S'ABONNE SANS FRAIS DANS
TOUS LES BUREAUX DE POSTE
RÉDACTION & ADMINISTRATION:
38, boulev-ard cle Strasbourg, P.A.RIs-xe
Directeur : EDMOND DU MESNIL
TÉLÉPHONES :
Rédaction et Administration : lord 24-90, 24-91. — Après 10 henres da soir: Louvre 04-36
TRIBUNE LIBRE
*•••• ■»"" "■ ■
Wl
Du couloir
au labyrinthe
> > * IL
« II faut que l'on sache, a déclaré le
général Sikorski, ministre de la défense
nationale, à l'envoyé du « Matin », que
le jour où l'on touchera à un pouce carré
de notre territoire national, toute la Po-
logne se lèvera et combattra sans merci. »
L'aigle blanc de Pologne a encore bec
et ongles et le général Sikorski, par ses-
déclarations énergiques, fera peut-être
réfléchir les échauffés de Prusse et de
Poméranie.
Puissent-elles du même coup faire ré-
fléchir aussi les rêveurs des bords de
ia Seine ou même de la Saône.
Il se peut que les Anglais, chez qui
te goût des affaires n'enlève pas le sens
des réalités, se rendent compte du dan-
ger universel que constitue la menace
allemande sur le couloir de Dantzig. Déjà
le « Times », écrit :
Les Polonais réfusent d'admettre la possi-
bilité même de la moindre modification de leur
frontière et leur argumentation est logique. Il
n'y a aucune raison véritable de supprimer le
« corridor », si ce n'est qu'il gêne: les Aile-
friands. Ces derniers ne sauraient prétendre, en
effet, que le « corridor » porte atteinte à leur
commerce, ou qu'il soustrait à la domination
allemande un grand nombre d'Allemands. La
population en est aussi polonaise que celle de
la Posnanie ; la région ne fut annexée par la
Prusse que vingt ans avant la Posnanie. « Ad..
mettriez-Vous, demandent les Polonais à un
Anglais, que les Allemands ont plus de droit
au comté de Norfolk qu'au comté de Kent
.St on leur donne aujourd'hui le « corridor »,
v Le grand journal de la cité ajoute :
Ils ont entièrement raison. Les Allemands
des Marches orientales (Osmarkdeutschen)
ont un parfait mépris pour les 'Polonais et sont
bien résolus à récupérer plus tard tout ce qui
leur a été enlevé. Ils considéreraient la sup-
pression du corridor comme un premier pas.
Le changement affaiblirait certainement la si-
tuation de la Pologne, car si ses communica-
tions avec la mer Baltique sont assez mal assu-
rées sous le régime actuel, elles le seront bien
plus mal encore si toute la zone de Pomérélie,
par laquelle elles passent, redevient allemande.
Mais le « Times » estime qu'il sera
toujours temps de régler cette question
du corridor et qu'il n'y a pas lieu de pré-
cipiter les événements.
Ce serait peut-être presque exact si
j'on pouvait, sur cette question comme
sur bien d'autres, croire à la bonne foi
allemande. Mais il en est du couloir de
Dantzig comme du labyrinthe de la So-
ciété des Nations.
Justement le « Hamburger Fremderi-
blatt », journal nationaliste, consacre à
l'offre d'un pacte de sécurité un article
émanant, dit-il, des milieux diploma-
tiques.
D'après son auteur, le gouvernement
allemand a eu pour intention d'empê-
cher la nouvelle entente qui était prête
à se former contre l'Allemagne, sous la
conduite de M, Chamberlain, entre l'An-
gleterre, la France et la Belgique. Cela
a réussi. L'entente de 1914 a été enter-
rée en 1925.
Et voilà une manifestation nouvelle de
cynisme dont nous ne pouvons d'ailleurs
<3ue nous montrer reconnaissants.
- Ainsi le pacte de sécurité n'apparaît
plus que comme un moyen de diviser les
alliés et de s'appliquer, au surplus, à
des endormir.
L'Allemagne réserverait la question
d' Alsace-Lorraine comme elle a toujours
réservé la question de Dantzig, et si la
France était amenée à prendre des sû-
retés sur le Rhin, la vieille Germanie pré-
tendrait appeler l'Angleterre à son se-
cours.
On peut conclure de cela que la ques-
tion polonaise est, au premier chef, une
question française. Barrer, coûte que
coûte, la route de Varsovie, c'est la fa-
çon la plus sûre de barrer la route de
Paris. *
Au surplus, deux informations nous
montrent, sous son véritable jour, l'état
'esprit de l'Allemagne contemporaine :
D'après le Journal populaire de Hanovre,
Hindenburg, au cours de son entrevue avec
von Tirpitz, aurait posé deux conditions avant
d'accepter la candidature à la présidence. S'il
'était élu, rancien drapeau noir-blanc-rouge
devrait être immédiatement rétabli; le prési-
dent devrait habiter un autre palais que celui
pccupé par M. Ebert.
Von Tirpitz se serait engagé à faire donner
atisfaction au maréchal sur ces deux points.
Von Tirai tz. l'homme de la guerre
sous-marine, voilà certes un programme
« national ». 1
Et l'on mande, de Berlin au « New-
York Herald»:
Les nationalistes ont ouvert une souscrip-
tion en faveur de l'élection d'Hindenburg à
la présidence..
Les principaux souscripteurs seront Vex-frai-
ser et les membres de la famille Hohenzol-
lern. L'ex-empereur Guillaume ouvrira, dit-on,
la souscription par un don d'un million de
marks.
Toute la bande! Les Hohenzollern et
leurs plus fidèles domestiques!.
La crise ministérielle préoccupe les
Français. Rien de plus naturel. Mais
n'oublions pas le couloir de Dantzig, non
plus que les pièges du labyrinthe dans
lequel s'est engagé si imprudemment M.
Herriot.
La sécurité d'abord. Le reste viendra
d'autant plus aisément qu'on nous verra
forts et décidés — prêts à secourir nos
amis et certains d'être aidés par eux si,
de nouveau, la démence germanique se
déchaînait sur le monde.
Charles-Louis WEBER,
EDITORIAL
Le « puzzle » ministériel
Quelle bousculade, mes
amis, dans les allées du
Pouvoir !
C'est pire qu'au marché
aux ''puces, et les peaux de
maroquin sont hors de
prix.
Il y a foule autqur du jeu de « puzz-
le » ministériel, et nombre de parle-
mentaires sont en train de se faire tirer
les cartes pour savoir « s'ils en seront ».
Il s'agit, bien entendu, du prochain
ministère.
Sera-t-il Dieu, table ou cuvette ? J'o-
pinerai plutôt pour la cuvette, en ce mo-
ment où tant de politiciens auraient
grand besoin de se laver les mains.
Selon la règle stricte du jeu parlemen-
taire, le soin de former le nouveau cabi-
net devrait être confié à ceux qui vien-
nent de renverser le ministère Herriot.
Appuyés sur le Sénat, ils se présente-
raient devant les Chambres ; ils y se-
raient probablement renversés.
Impasse. Conflit entre les deux as-
semblées. Dissolution. Voilà la logique.
C'est vous dire qu'il ne saurait en être
question. Au demeurant, une telle poli-
tique suppose e greffage de plus de
glandes que n'en saurait disposer le doc-
teur Voronoff.
Un ministère de concentration ? Hé !
Hé ! (mon vieux Michel) on y viendra;
on y vient. Déjà des purs parmi les purs
radicaux donnent à entendre qu'ils con-
sentiraient à un « cartel élargi ».
J'aime beaucoup ce « cartel élargi ».
Ça n'a l'air de rien, mais c'est déjà une
concentration rétrécie.
Sans aucun doute la situation inté-
rieure et extérieure de la France exige-
rait immédiatement un ministère d'u-
nion nationale (de Boncour à Marin)
pour assurer le salut public.
Mais le cartel est encore saoul. Avant
que les éléments raisonnables qui le
composent — et qui maintenant le su-
bissent en rechignant — aient repris
leur sang-froid, il leur faut absorber une
forte dose d'ammoniaque.
C'est à quoi va s'employer le Diafoi-
rus intérimaire chargé de gagner du
temps.
Gagner du temps ?
Pourvu que la France n'en perde
pas !
Edmond du MESNIL.
Les Elections municipales
i -- --
Retirez vos cartes électorales avant le 3 mai
Les élections municipales approchent, les
électeurs parisiens vont devoir se préoccuper
de leurs cartes électorales.
Sur la proposition de M. Fiancette, le Con.
seil municipal a décidé que la remise des
cartes s'effectuera dans les mairies.
Les cartes non réclamées avant le 3 mai
seront déposées dans les sections de vote.
».
EN TROISIEME PAGE ]
« La demière jouissance »
par Renée DUNAN
La crise ministérielle
Cartel élargi
-
C'est dans ce sens
que la crise a semblé
s'orienter hier
Jamais crise ministérielle ne provoqua tant
d'auées et venues.
Le palais de l'Elysée vit un véritable dfilé.
Le tout-Paris parlementaire s'y montra. Mais
s'il y eut beaucoup d'appelés nul encore ne
connaît le nom de l'élu.
L'impression générale, c'est que si l'on n'en
est pas encore à une. politique de concentra-
tion républicaine, on cherche, du moins, une
formule de « détente ». Députés et sénateurs
radicaux s'accordent pour dire : « Cartel
élargi j).
M. PAINLEVE
La formule se traduit par des listes que l'on
colporte. La plus en vogue, dans la soirée,
donnait -à M. Painlevé la présidence du con-
seil, avec le ministère de la guerre, à M. de
M onzie la vice-présidence du conseil et le mi-
nistère de la justice : ; à M. Briand les affai-
res' étrangères ; à,, M. Doumer les finances '.:
à MM. Henry de Jouvenel, Pierre Laval, Del-
bos et Dalb-îez, l'instruction publique, les fra-
vaux publics, l'enseignement technique et les
régions libérées.
Liste fantaisiste, certes, mais qui, poùrtant,
reflète les tendances des groupes : de Dou-
mer à Laval et même jusqu'à Boncour, c'est
déjà presque un programme.
Nous saurons au,jo'ltrd'hui,' sans doute, le
nom de l'homme d'Etat à qui M. Doumergue
aura décidé de confier la tâche délicate de re-
mettre de l'ordre dans la maison, et de veiller
à sa sûreté.
M. Georges Scelle
démissionne
Le ministre de l'instruction publique et des
beaux-arts a reçu de M. Georges Scelle la let-
tre suivante :
Paris, le 10 avril 1926.
Monsieur le ministre,
Je me permets de renowveler encore une
fois et définitivement les instances que j'ai
déjà eu l'honneur de vous présenter.
Dans un but de pacification et dans l'inté-
rêt des étudiants laborieux, je vous prie, mon-
sieur le ministre, de vouloir bien accepter via
démission du poste intérimaire que vous avez
bien voulu me confier par arrêté du 25 fé-
vrier dernier, en attendant la décision que
vous vous réserviez de prendre, au mois de
novembre, au sujet de la désignation définitive
d'un chargé de cours.
Je vous prie, monsieur le ministre, d'agréer.
avec l'expression de ma gratitude, celle de
mes sentiments respecttwux.
Signé : Georges SCELLE.
Le ministre a décidé d'accepter cette dé-
mission. »
—————————-—— ————————————
La réunion de la Petite Entente
aura lieu le 3 mai
Vienne, 11 avril. On mande de Belgrade :
« Le journal de Imposition « Pravda » ap-
prend que l'eil'tre..J;;e de la Petite Entente
aura lieu le 3 ruai à Bucarest. On discutera,
avaïit tout de la-cruestion russe. Le journal dit
que cette question sera de nouveau ajournée.
La question la plus importante est l'entrée de
la Pologne dans la Petite Entente qui ne ren-
contrera assurément pas de difficultés. »
Un défilé politique
à l'Elysée
— ■ > > < —
M. Gaston Doumergue choisira aujourd'hui
le successeur de M. Herriot
» » «t ■ ■
Selon l'usage établi le président de la Ré-
publique a commencé hier matin ses consul-
tatio'ns sur la situation politique.
M. de Selves
A 9 h. 55, M. de Selves, président du Sénat,
arrive à l'Elysée. Il est immédiatement in-
troduit auprès de M. Gaston Doumergue. L'en-
tretien dure environ une demi-heure. A 10
heures 30, le président du Sénat quitte le pa-
lais de l'Elysée. Il refuse de faire connaître
les termes de la conversation qu'il a eue avec
le président de la République. C'est avec une
certaine vivacité péremptoire qu'il écarte les
importuns.
— « Rien. je n'ai absolument rien à dire »,
déclare-t-il.
M. Painlevé
A 10 h. 45, M. Painlevé pénètre à son tour
dans la cour de l'Elysée. D'un pas allègre, il
gravit les degrés du perron et est introduit
dans le cabinet du président de la Républi-
que.
A 11 h. 20, M. Milliès-Lacroix, président de
la commission des finances du Sénat, arrive
à son tour, à pied.
Dix minutes plus tard, à 11 h. 30, M. Pain-
levé sort de l'Elysée, ayant à ses côtés M.
Appell, directeur de son cabinet, qui l'avait
accompagné.
Le président de !a Chambra est photogra-
phié, cinématographié. et harcelé de ques-
tions par les journalistes.
« J'ai donné à M. le président de la Répu-
blique, déclare-t-il, tous les renseignements
que je possède -cur La situation politique et
cur la situation générale. »
- Croyez-vous que la cri'e sera do longue
durée ? demande-t-on.
— Nous somm tombés d'accord, M. le pré-
sident et moi, pour esi'mer qu'eh devait
être dénouée le plus rapidement possible. Il
est indispensable que la situation soit réglée
sans délai.
M. Paul BONCOUR
Sans répondre à une nouvelle question qui
lui est posée, aur fins do savoir si M. Dou-
mergue lui a offert de constituer le cabinet,
M. Painlevé s'éloigne de quelques pas puis,
se souvenant qu'il est venu en voiture, revient
vers son automobile, s'y engouffre et dispa-
raît.
M. Milliès-Lacroix
es- croIX
Entre temps était arrivé faubourg Sant-
Honoré M. Milliès-Lacroix, président de la
commission sénatoriale des finances, qui a eu
avec le président de la République une con-
versation d'environ vingt mi'nutes.
« Simple consultation politique », a dit M.
Milliès-Lacroix en sortant.
M. Vincent Auriol
M. Vincent Auriol, président de la com-
mission des finances de la Chambre, qui vient
d'arriver à l'Elysée, échange encore quelques
mots avec les journalistes quand M. Milliès-
Lacroix sort du palais et s'éloigne à pied,
comme il était venu.
A midi 5, M. Vincent Auriol sort à son tour.
Il déclare :
L'intérêt national nous dépasse tous. Fai-
sons l'union, mais pas seulement sur parole.
Faisons-la dans la réalité et avec la France
tout entière. Grâce à elle la crise prendra vite
fin, car l'ardeur au travail de tous nos concim
toyens nous interdit à tous le pessimisme et le découragement.
RaymoodPOINCARÉ.
« C'est comme président de la commission
des finances de la Chambre que j'ai été enten-
du. J'ai exposé mon opinion sur la situation
politique. J'estime qu'il est absolument né-
cessaire de continuer une politique dt cou-
rage dans l'action et de vérité. »
Le communiqué de 12 h. 15
A midi 15, la présidence de la République
a communiqué la note officielle suivante :
Le président de la République a reçu suc-
cessivement ce matin M. de Selves, président
du Sénat, et M. Paul Painlevé, président de
la Chambre des députés, avec lesquels it s'est
entretenu de la situation politique.
M. Aristide BRIAND
M. Gaston Doumergue a ensuite conféré
avec M. Milliès-Lacroix, président de la com-
mission des finances du Sénat, puis avec M.
Vincent Auriol, président de la commission
des finances de la Chambre.
Le président de la République continuera
ses consultations dans l'après-midi.
M. Bienvenu-Martin
Continuant ses consultations, le président
de la République a reçu à 14 h. 30 M. Bien-
venu-Martin, président du groupe de la gau-
che démocratique du Sénat. Quelques minutes
plus tard, arrivait M. Cazals, président du
groupe radical de la Chambre, qui rejoignait
M. Bienvenu-Martin dans le cabinet de M.
Doumergue.'
M. Lucien Hubert
M. Bienvenu-Martin quitte l'Elysée à 14
heures 55 en « regrettant de ne pouvoir fai-
re aucune déclaration ». Il a conversé avec
le président de la République des affaires en
cours et de façon « plus amicale qu'officielle ».
M. Lucien Hubert, président de la commis-
sion des affaires étrangères du Sénat, arrive
peu après et est introduit auprès de M. Dou-
mergue.
M. Chaumet
Puis c'est M. Chaumet, président du g|pu-
pe de l'union démocratique et radicale du Sé-.
nat. Il s'attarde un instant avec les journalis-
tes qui ne manquent pas l'occasion de lui de-
mander son opinien sur la crise. Selon lui,
seul un cabinet cartelliste est possible à
l'heure actuelle.
- Mais le Sénat ? objecte-t-on.
— Le Sénat lui ferait, n'en doutez pas, un
bon accueil. Il n'a renversé M. Herriot que
sur les questions financières.
M. Cazals
M. Cazals s'éloigne vers 15 h. 15.
— Mon opinion, déclare-t-il, est que la crise
sera rapidement dénouée. M. Doumergue
continuera cet après-midi ses consultations,
et s'efforcera, soyez-en certain, de concilier
les opinions qui se sont manifestées de-
puis quelques jours. Mais je ne pense pas qu'il
ait le dessein de favoriser la constitution
d'un ministère qui ne serait pas issu du Car-
tel. Je crois que le futur président du Conseil,
quel qu'il soit, constituera un cabinet cartel-
liste, selon une formule un peu plus élargie
que le précédent.
— Avec qui ? M. Herriot ? M. Painlevé ?.
- Je l'ignore absolument. Je ne puis que
vous donner l'orientation des consultations.
M. Lucien Hubert quitte peu après le palais
présidentiel. Il déclare qu'il ne s'est pas en-
tretenu avec M. Gaston Doumergue, mais avec
le secrétaire général de l'Elysée, M. Michel.
M. Paul Morel, puis M. Cher on.
Tandis que s'éloigne M. Chaumet, « qui n'a
rien à ajouter à ce qu'il a dit précédemment »,
M. Paul Morel, président du groupe de la gau-
che radicale, arrive à l'Elysée.
Puis voici M. Henry Chéron, président de
l'union républicaine du Sénat, et l'auteur de
l'ordre du jour qui causa la chute du cabinet
de M. Herriot. Il est très entouré. On solli-
cite de lui une opinion sur la crise et des
pronostics sur le prochain ministère.
— Voyons, que pourrais-je bien vous dire ?
se demande-t-il, les yeux malicieusement plis-
sés. Attendez, je vais vous raconter une pe-
tite histoire normande.
CLa suite en deuxième page)
A la Chambre
Les groupes de gauche
se déclarent
fidèles au Cartel
La Chambre devait continuer hier la dis-
cussion de la -première partie des projets
financiers, en ce qui concerne l'émission sup-
plémentaire de 'billets de la Banque de Fran-
ce. Elle s'est réunie à 10 heures sous là. pré-
sidence de M. A; Varenne. Toute la. séance a
consisté dans l'adoption du praeùs-verbal de
la séance d'hier après-midi, et la Chambre
s'est ensuite ajournée an; næreredi15 avrU, à.
3 heures.
Cependant, les députés s'étaient rendus aai
assez grand nombre dans les couloirs du Pa-
laLsvBourbon pour s'entretenir des conséquen-
ces de la retraite du ministère Herriot et
des divers moyens qui pouvaient être étùr
pîoyés pour former un nouveau cabinet.
Les radicaux socialistes ont tenu une courte
réunion dans laquelle ils se sont bornés à
'voter une adresse à M. Herriot pour lui té-
moigner leur sympathie et leur gratitude pour
l'effort qu'il a déployé dans la défense de la;
politique du Cartel.
Les tbureaux des quatre groupes du Cartel
ont ensuite tenu une réunion commune dans
laquelle, après avoir discuté divers ordres da
jour destinés à manifester le sentiment du
Cartel sur la situation, ils se sont ralliés à.
un texte proposé par M. Hubert-Rouger, dé-
puté socialiste du Gard. Ce texte débute V" ,
un témoignage à M. Herriot. analogue à celui ;
des radicaux socialistes, et se termine par
l'affirmation de la. volonté du Cartel de con-
tinuer énergiquement « la politique voulue
par le pays le 11 mai ».
Dans les conversations qui se sont engagées
entre députés appartenant au Cartel, on a es-
sayé de préciser en quoi devait consister la
continuation de la politique du 11 mai. Les
uns prétendaient qu'il ne fallait pas accep-
ter un cabinet nouveau qui contiendrait des
éléments pris en dehors des groupes du Car-
tel ; certains réclamaient l'entrée des socia-
listes dans le ministère, soutenant que- la
participatmn effectif de ce groupe à l'exer-
ciee du pouvoir serait uqe garantie: du ma" -
tien du cartel qui, sans çeîa, pourrait être
amené à ee- déeagréger.
Il convient de signaler, d'autre part, qua
les membres de la gauche radicale déclaraient
qu'ils ne s'associeraient à aucune manifesta-
tion tendant à imposer des choix au chef de
l'Etat et à empiéter sur les droits constitu-
tionnels du président de la République.
Signalons, enfin, l'avis de certains radicaux
socialistes qui pensaient que si le président
de la République était amené à offrir le pou-
voir à M. Painlevé, et Si celui-ci acceptait, on
devrait porter M. Herriot à la présidence de
la Chambre.
Mais il est actuellement impossible de tirer
de ces conversations une idée directrice for-
melle quant à la solution de la crise.
Dans l'après-midi, fleurs et palabres
L'animation était grande, hier après-midi,
dans les couloirs du Palais-Bourbon.
Les différents groupes réunis dans les bu-
reaux ont examiné la situation créée par lia.
démission du ministère Herriot.
Le groupe radical-socialiste a adopté la mo-
tion suivante présentée par M. Albért Mi-
lhaud. députa de l'Hérault :
M. Alexandre VARENNE
« Le groupe radical socialiste adresse an.
président du parti, le citoyen Herriot,. l'exs
pression de sa gratitude pour le magnifique
concours qu'il a donné à la volonté déawavâ.
tique du pays et à la dfense républicaine
l'assure de sa recdnnaissance pour l'œuvre
d'apaisement international à laquelle il' S'eit
consacré sans réserve et lui renouvelle l'ex-
pression de ea fidélité et de son dévoue-
ment. » -
A l'issue de cette réunion, les délégués de?
groupes de gauche, réunis, ont adopté, sur la
proposition de M. Hubert Rouger, député so*.
cialiste du Gard, la motion suivante :
« Les délégués des groupes de gauche, ex-
primant leur reconnaissance à Edouard Her-
riot pour le magnifique effort accompli par
lui à l'extérieur pour l'œuvre de paix, à l'in-
térieur pour la défense de l'idéal démocrati-
que, affirment leur résolution inébranlable de
continuer la politique du Cartel voulue par
le pays le 11 mai. »
Le groupe républicain socialiste, après exa-
men de la situation. « considère qu'aucune
autre politique n'est possible A dehors de la.
politique du Cartel. Il tient à renouveler à
celui qui en a été le chef incontesté, Edouard
Herriot, l'assurance de son admiration et de
son affectueuse sympathie ».
D'autre part, la gauche républicaine démo-
cratique a décidé de faire sien l'ordre, dui
jour voté par le Sénat.
Le groupe de l'Union républicaine démocra»
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.91%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.91%.
- Collections numériques similaires Exposition internationale Exposition internationale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Exposition internationale" or dc.contributor adj "Exposition internationale")Rapport sur l'enseignement technique, commercial et industriel [par Éd. Wellhoff]. Département A. Éducation et enseignement. Groupe VI / Exposition universelle internationale de 1904, à Saint-Louis /ark:/12148/bd6t5776012v.highres Le Pavillon finlandais à l'Exposition universelle de 1900 /ark:/12148/bd6t5775940n.highresCercle de la librairie Cercle de la librairie /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Cercle de la librairie" or dc.contributor adj "Cercle de la librairie")
- Auteurs similaires Exposition internationale Exposition internationale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Exposition internationale" or dc.contributor adj "Exposition internationale")Rapport sur l'enseignement technique, commercial et industriel [par Éd. Wellhoff]. Département A. Éducation et enseignement. Groupe VI / Exposition universelle internationale de 1904, à Saint-Louis /ark:/12148/bd6t5776012v.highres Le Pavillon finlandais à l'Exposition universelle de 1900 /ark:/12148/bd6t5775940n.highresCercle de la librairie Cercle de la librairie /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Cercle de la librairie" or dc.contributor adj "Cercle de la librairie")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7554931w/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7554931w/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7554931w/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7554931w/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7554931w
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7554931w
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7554931w/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest