Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1914-06-09
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 juin 1914 09 juin 1914
Description : 1914/06/09 (N16187). 1914/06/09 (N16187).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune
Description : Collection numérique : La Commune de Paris Collection numérique : La Commune de Paris
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
1 M* 16,187. — 21 PRAIftIAC, AH 122. tlNQ CENTIMES CE NUMERO
MARDI 9 JUIN 1914. — N* 16,187.
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AUGUSTE VACQUERIE
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TRIBUNE LIBRE
'0 t
Face au Pangermanisme
u
Avez-vous remarqué que
les Etats du Nord, comme
on disait au grand siècle,
sont en train de se liguer et
que les journaux belges et
hollandais soulignent très
nettement l'objet de cette Ligue ? Non.
Les graves questions qui se posent au
premier plan dans notre politique inté-
rieure sont d'une actualité trop pas-
sionnante pour que l'on accorde gran-
de attention aux faits et gestes des pe-
tites puissances européennes.
Car il s'agit, en effet, des petites
puissances occidentales, peut-être sug-
gestionnées par l'histoire récente des
Balkaniques. Il s'agit de la Suisse, de
la Hollande, de la Belgique, du Dane-
mark, de la Suède et de la Norvège. Des
petites puissances vqui prend souci ?
De minimis non curat prætm". Tandis
que personne ne songe, en effet, à les
protéger, à les unir, à les fédérer, ces
Etats de second, et même de troisième
ordre méditent un rapprochement non
seulement utile mais indispensable à
leur sécurité commune.
Pour le moment, bien entendu, on ne
se réunit que sous d'innocents prétex-
tes. Il s'agit d'organiser une simple et
modeste exposition de l'art et de l'in-
dustrie des Suisses, des Hollandais, des
Belges, des Danois, des Norvégiens et
des Suédois à Groningue. Mais, après
avoir posé des choses sous des vitrines
et contre des murailles, des gens vien-
dront qui défileront, côte à côte, pour
voir, pour juger et pour comparer. Des
Congrès et des conférences réuniront les
curieux. Un sentiment commun d'accord
se dégagera peut-être de leur rassem-
blement, et alors la manifestation de
Groningue, se dégageant de son premier
caractère, deviendra progressivement
politique et diplomatique.
Où s'agit-il d'aboutir en effet ? Mais
tout simplement à une entente pour la
défense commune. Tous les petits peu-
ples dont nous venons de parler, s'ils
demeurent isolés, sont menacés de per-
dre leur indépendance, dans le cas où
le germanisme triomphant voudrait
franchir une étape nouvelle d'expansion
au lendemain d'une victoire.
Médiocrement soucieux de se soumet-
tre ou de s'inféoder aux projets des
pangermanistes, les membres éventuels
de la Ligue de Groningue se rappro-
chent — et disons-le bien fort — se rap-
prochent très sagement et très oppor-
tunément.
Oublieux de leurs querelles histori-
ques, les Belges et les Hollandais ne
voient plus d'inconvénient à se rejoindre
dans une vaste organisation diplomati-
que et militaire. Les Danois et leurs
anciens compatriotes scandinaves de
Suède et de Norvège oublient également
les divisions passées, les causes des
anciennes sécessions, la querelle des di-
vorces récents. Ils sentent quel peut
être le prix d'une entente de tous les
Scandinaves avec des autres Etats oc-
cidentaux de second ordre.
La Suisse elle-même, bien que plus
éloignée, — et peut-être même à cause
de son éloignement — éprouve le be-
soin de se lier avec les cinq autres na-
tions mises en danger par leur isole-
ment.
A vrai dire, lorsque l'on pense au
projet de la Ligue dont nous venons de
parler, oh est bien plus surpris de cons-
tater le retard dans l'exécution d'un si
utile dessein que frappé de la singula-
rité de l'entreprise. -
Les Belges et les Hollandais n'igno-
rent pas que leurs grands ports d'An-
vers et de Rotterdam sont considérés
par les pangermanistes comme des exu-
toires indispensables au fonctionnement
économique de la Germanie. Si leur in-
dépendance est menacée, ces peuples sa-
vent bien que ce n'est ni par l'Angle-
terre, ni par la Russie, ni par la Fran-
ce.
Les Danois ne se font pas d'illusion
sur la condition précaire de leur Etat.
Ils savent qu'isolés ils sont à la merci
d'une armée et d'une flotte allemandes.
Les capitales de la Norvège et de la
Suède ne sont plus, de leur côté, à l'a-
bri des troupes et des navires maîtres
4Ïes eaux de la Baltique ou de la bor-\
dure occidentale de la mer du Nord.
Quant à la Suisse, peut-être estime-t-
elle qu'elle a tout autant à défendre sa
mentalité nationale que son territoire
contre les entreprises du pangermanis-
me.
Unis, les petits Etats de la Ligue de
Groningue peuvent défendre leur indé-
pendance. Ensemble, ils constitueraient
une force militaire digne d'attention.
Sur mer, quelques-uns d'entre eux joue-
raient un rôle, le cas échéant. Diploma-
tiquement, ils seraient une force repré-
sentant 25 à 30 millions d'individus.
Et puisque ces petits Etats semblent
douter que l'atmosphère de l'Europe
soit favorable au développement des fai-
bles et des isolés, quelle que soit la for-
mule qui donne la force, soyons forts'
et ne restons pas isolés. Ecoutons la le-
çon qui nous vient du Nord. Deuxannis-
tes et troisannistes français, entendons-
nous ! Ce n'est peut-être pas le moment
de nous battre.
Albert MILHAUD.
— --
LA POLITIQUE
PLACE AUX JEUNES !
Voilà qui est pour nous ra-
jeunir ; M. Alexandre Ribot
est ressuscité.
Il ne faut plus s'étonner de
rien ; et du moment où la po-
litique remonte avant le délu-
ge, attendons-nous à voir reparaître sur
les « petites mares » le megatherium ou
r iguanodon.
J'éprouve un goût médiocre pour la
politique et pour le caractère de M. Ri-
bot (Alexandre). Je l'ai toujours vu s'as-
socier aux mauvais coups risqués con-
tre les meilleurs républicains.
L'apparence puritaine de ce long
bourgeois solennel ne va pas sans dé-
faillances sournoises. Ses défections
sont régulièrement accompagnées de
telles protestations de loyauté qu'elles
atténuent la nausée par un sourire.
Enfin, M. Alexandre Ribot est un des
rares spécimens de ces « libéraux » que
l'exècre, parce qu'ils répugnent à l'ins-
tinct, au génie de notre race, et qu'ils
contredisent les nécessités primordiales
de tout gouvernement.
Mais, après tout, la politique ne doit
pas être faite d'amour, d'impulsions et
de rancunes.
Il faut savoir contenir son cœur, com-
mander à ses nerfs, discipliner son cer-
veau et rendre à l'adversaire l'hommage
de l'impartialité et de la raison.
Il faut reconnaître « loyalement »
qu'au cours de la crise actuelle, M. Ri-
bot est un des rares politiciens qui fas-
sent preuve de dévouement à la chose
publique et d'abnégation personnelle.
J'ignore si les démarches de M. Ribot
(Alexandre) aboutiront.
En fait, il est pour le moins paradoxal
de voir ce vénérable progressiste sortir
du Musée des Antiques pour synthétiser
des élections radicales et socialistes.
Mais comme nous vivons dans la mai-
son à l'envers ; que chacun a pris cou-
tume de marcher sur la tête ; sous un
régime d'aliénés où il n'y a de conti-
nuité que dans l'incohérence, tout est
possible.
A l'heure où j'écris, les Parques doi-
vent jouer à pile ou face la combinaison
Ribot. Elle a autant de chances d'abou-
tir que d'échouer. Quand on est entré
dans l'absurde, il est fort malaisé d'en
sortir.
On a vu d'anciens libertaires nous
donner un gouvernement conservateur.
Peut-être verrons-nous un conservateur
nous offrir le régal d'un gouvernement
réformateur. Ce serait bien la première
fois qu'un progressiste s'attacherait à
,un progrès.
Mais nous vivons en un siècle de mi-
racles Le plus difficile était de ressus-
citer M. Alexandre Ribot.
Maintenant qu'il revit et qu'il remar-
che, rien ne s'oppose à ce qu'il marche
à gauche. Attendons * La jeunesse est
pleine d'imprévus.
EDMOND DU MESNIL.
LE FAIT DU JOUR
« M. Ribot, chargé de fonner le cabinet,
oontinoo ses démarches. »
(Les Joummx.) x
UN VIEUX SOLDEUR
Le tapin : « Nous entrerons dans la carrière
Quand nos cadets n'y seront plus.
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui mardi.
Lever du soleil à 3 h. 50 matin.
Coucher du soleil à 7 h. 50 soir",
Lever de la lune à 9 h. 58 soir.)
Coucher de la lune à 4 h. matin.
Courses à Auteuil.
AUTREFOIS
Le Rappel du 9 juin 1878 :
De Madrid, on annonce que la formalité
du passeport pour la France vient d'être
abolie. Une pareille mesure sera adoptée pour
les Français allant en Espagne.
- - Une explosion terrible a eu lieu hier
dans une houillère près de Sainte-Hélène
(Lancashire). Le nombre des mineurs enfouis
dans la mine est de 250.
Dégel
Mme de Montespan mourut le 28 mai
1707. Le roi, dit Saint-Simon, ne prononça
jamais son nom et ne montra pas la moin-
dre sensibilité à sa perte.
Quant au due d'Antin, fils de M. et de
Mme de Mtmtespan, il sentit que la mort
de sa mère ouvrait pour lui l'ère des fa-
veurs et dit cyniquement ;
— Me voilà dégelé.
AUJOURD'HUI
Levée de fouets
- -
Au moment où la saison balnéaire va
s'ouvrir, un point noir apparaît à l'hori-
zon de deux de nos plus réputées plages :
les cochers de Trouville et de Deauville
sont-ils Cannois ou Caennais ?
En effet, l'année dernière, tels les ramo-
neurs de la Savoie et les maçons du Li-
mousin jadis, les cochers de Cannes, l'hi-
ver terminé, s'abattirent sur le Calvados,
fouet en main. Les cochers de Trouville-
Deauville, qui sont d'ailleurs de Caen, la
trouvèrent mauvaise et protestèrent. Leurs
doléances furent entendues et l'on refusa
aux automédons venus de la Gôte d'Azur,
le numéro qu'ils sollicitaient pour se mettre
en station et avoir le droit de circuler dans
les rues. -
Mais ces derniers se passèrent de ce
qu'on ne voulait pas leur accorder et « ma-
raudèrent » consciencieusement, malgré
procès-verbaux et contraventions. Ils en
appellent même à la justice comme victi-
mes d'une « atteinte à la liberté du com-
mence et de l'industrie ».
- Bah ! disait philosophiquement le di-
recteur d'un hôtel qui se prépare à ouvrir,
que les cochers soient à la mode de Caen
ou qu'ils montrent des becs de Cannes,
qu'est-ce que ça peut faire aux clients ?
Histoire de bûchers
Le clergé de Piégut, dans la Dordogne,
avait invité ses ouailles à un feu de joie
en l'honneur de Jeanne d'Arc.
Au cours de la cérémonie, le curé éprou-
va le besoin de jeter dans le brasier un
drapeau tricolore. Quelques jeunes gens
républicains, venus là en curieux,protestè-
rent énergiquement et réussirent même a
sauver des flammes une partie de ! em-
blême national.
Le dimanche, quand le fait fut connu, la
population se mit en colère, et, dans ce
pays, où oncques ne s'était vue une ma-
nifestation anticléricale, on eut ce specta-
cle d'un cortège de trois cents personnes
qui promenèrent un curé en effigie, chan-
tèrent des couplets anticléricaux et brû-
lèrent, en dansant, devant l'église, ladite
effigie.
Comme quoi, pour rendre un pays anti-
clérical, il n'est rien de tel qu'un desser-
vant maladroit.
;
DANS LES P. T. T.
Mécontentement légitime
--+-8"-
Voici une fois encore que les agents et
sous-agents des Postes menacent de so
mettre en grève.
, La raison en est que le Sénat, comme
on sait, a refusé de voter le projet tran-
sactionnel de revision des traitements
adopté par la Chambre.
En dépit de ce refus, les postiers avaient
gardé jusqu'ici quelque espoir de voir amé-
liorer leur situation, car leur association
générale avait obtenu des promesses for-
melles de plusieurs membres de la Com-
mission sénatoriale.
Or, celle-ci, dans sa dernière réunion,
viènt de repousser une fois de plus le pro-
jet de la Chambre, repoussant l'unification
des frais de séjour, le crédit d'indemnité
de chaussures, la gratuité du service médi-
cal aux sous-agents de la banlieue.
On fconviendra que le mécontentement
deà postiers est légitime. Certes, nous n'ap-
prouverons jamais des procédés qui ten-
draient à désorganiser ou à paralyser les
services publics, mais n'est-ce pas précisé-
ment le devoir du Parlement de prévenir
toute agitation funeste, en accordant au
prolétariat administratif les réformes uti-
les et possibles qu'il réclame.
—
CELA NE SERA PAS !
----:+-.-+-
f)ans l'Homme libre, M. G. Clemenceau
jette aux radicaux cette belle apostrophe,
où se retrouve la véhémence du Jacobin,
en face de la « Patrie en danger ».
Il s'agit de la France, de sa vie dans la fierté
de son indépendance ; il s'agit du noble ihéTi-
tage de vertus nationales reçu des anciens pour
le transmettre aux neveux ; il s'agit d'un tré-
sor de pensée et d'action qui n'est inférieur à
aucun des plus grands dont se vante l'huma-
nité ; il s'agit de tout ce que nous aimons, de
tout ce qui nous élève, de tout oe pour quoi
.J}()oUS vivons, et vous délibérez. Hélas 1 vous
faites pis encore. Car vous aviez délibéré, et
vous aviez dit que la France ne se démentirait
ipas. Et cela fait, quand tous les peuples, tres-
saillant au souvenir des grands gestes qui lui
vinrent de vos pères, se reprennent à lever les
yeux sur les fils de la Révolution française,
vaincus d'un jour, en qui le ferment de la race
bouillonne encore, vous vous renieriez vous-mê-
mes, aïeux et postérité tout à la. fois, vous ne
seriez pas même celui qui tombe dans la course
du flambeau, vous seriez celui qui honteusement
renonce par un lâche besoin de repos.
Jusqu'à ce que je l'aie vu, je crierai que cela
ne sera pas.
Quel dommage, que pour l'unique et mes-
quin plaisir de satisfaire des rancunes per-
sonnelles et de poursuivre jusqu'au bout
un jeu stérile de « massacre », M. Cle-
menceau ait renoncé à mettre au service
du Pays et de la République son incompa-
rable énergie.
Un lui survit la fureur sacrée du Jaco-
bin capable de mettre à la fois à la raison
le chouan, le babouviste et l'étranger.
Pourquoi faut-il que cette force incompa-
rable se complaise aux querelles de sé-
rail'et à de perpétuelles destructions ?
LA TACHE NOIRE
—- t - .-+::-
La tache noire s'étend, menace de recou-
vrir toute la France.
Hier, nous signalions la multiplication
dans tous les départements des. « associa-
tions de dames catéchistes ».
Aujourd'hui, il nous faut noter le mer-
veilleux essor des cercles catholiques d'ou-
vriers.
Rien d'instructif comme leur dernier
Congrès, où s'affirmèrent mieux que ja-
mais, leur force, leur souplesse, leur ex-
traordinaire facilité d'adaptation.
Nous y avons appris qu'il y a pour M.
de Mun et ses disciples, deux sortes de
syndicats agricoles : les « syndicats d'a-
postolat et de propagande » et les « syndi-
cats exclusivement catholiques », chacune
répondant à des nécessités locales diffé-
rentes.
Nous y avons appris aussi qu'il y a le
plus grand intérêt à ce que les aumôniers
de ces syndicats en soient toujours les se-
crétaires « pour y exercer une action ma-
térielle, morale et sociale », mais que
Pie X leur a interdit d'accepter les fonc-
tions de trésoriers.
Veut-on connaître maintenant l'impor-
tance de ces groupements qualifiés « agri-
coles » ?
Le syndicat de la Champagne compte six
mille cinq cents adhérents, celui de Cam-
brai douze mille, celui du, Loiret neuf mille,
celui de la Mayenne onze mille, etc.
Que ceux de nos amis républicains qui
doutent des progrès des œuvres sociales
de l'Eglise- retiennent ces chiffres et les
méditent. Peut-être se convaincront-ils, en-
fin, de la nécessité de prendre une vigou-
reuse offensive contre leurs adversaires ja-
mais « apaisés ».
Qu'ils multiplient les patronages, les
coopératives, les syndicats agricoles et in-
dustriels. Qu'ils aient, eux aussi, leurs
œuvres d'apostolat et de propagande. Le
salut de la République est à oe prix.
# L'ACTUALITÉ
, -.e-+-.-
0 1%
Vers un Ministère Ribot
.-- ♦ ;
Le sénateur du Pas-de-Calais accepte ajj
former le ministère
MM. Bourgeois et deleassé en feraient partie
.-+--
M. Ribot a commencé ses consultations
et ses offres dç portefeuilles dès hier ma-
tin. A huit heures, le sénateur du Pas-de-
Calais quittait son domicile et, jusqu'au
soir, il n'a cessé ses courses à travers Pa-
ris. Il a déclaré faire un inventaire de la
situation politique, afin de se rendre comp-
te des nécessités qu'elle comporte et des
moyens d'y faire face.
M. Ribot s'est rendu successivement chez
MM. Antonin Dubost, président du Sénat,
Deschanel, président de la Chambre, Dou-
mergue, Clemenceau, Peytral et Léon
Bourgeois. Après déjeuner, il allait confé-
rer avec MM. Viviani, Briand, Delcassé et
Combes.
Enfin, à neuf heures et demie du soir, il
venait à l'Elysée pour apporter au prési-
dent de la République sa réponse. M. Ri-
bot acceptait la mission de constituer le
cabinet. q
Tel est le résumé de la journée du séna-
teur du Pas-de-Calais. On en trouvera ci-
dessous le détail.
H. S.
1
LES PAS ET DEMARCHES DE M. RIBOT
Dès le matin, M. Ribot quittait le 6 de la
rue Tourn'on, où il habite.
A pied, il s'en alla jusque vers le Palais
du Luxembourg, et un peu avant neuf heu-
res il se faisait annoncer à M. Antonin
Dubost, président du Sénat.
L'entretien ne fut pas long.
A neuf heures vingt, M. Ribot reprenait
d'un pas allègre. jusqu'au plus prochain
taxi-auto.
Le chauffeur, qui ne savait certainement
pas quel personnage il conduisait, partit
sans excès de vitesse vers le Palais-Bour-
bon. ,-
Introduit à neuf heures et demie auprès
de M. Paul Deschanel, il y resta jusqu'à
dix heures précises. Puis, pour jouer un
bon tour aux journalistes indiscrets, qui
s'étaient levés aussi tôt que lui, il fila « à
l'anglaise », par les jardins de la prési-
dence, et gagna sans encombre le minis-
tère des Affaires étrangères.
CHEZ MM. DOUMERGUE, CLEMENCEAU
PEYTRAL ET LEON BOURGEOIS
M. Doumergue, prévenu, s'était, lui aus-
si, levé tôt. M. Ribot fut donc immédiate-
ment reçu, et le président du Conseil dé-
missionnaire devisa vingt-cinq minutes
avec son successeur présomptif.
A dix heures vingt-cinq, M. Ribot rega-
gnait son auto et partait, à toute vitesse
cette fois, par le pont Alexandre-III, la
place de l'Aima et le Trocadéro.
Il était dix heures quarante-cinq quand
la voiture stoppa rue Franklin, devant le
domicile de M. Clemenceau. Naturelle-
ment, elle ne stoppa pas seule. Journalistes
et photographes n'avaient pas perdu la
piste, et ils entreprirent de faire - de la mai-
son un siège en règle pour que, cette fois,
M. Ribot ne puisse plus leur échapper.
Ils furent récompensés de leur ténacité.
Quand M. Ribot sortit de chez M. Clemen-
ceau, il fut littéralement assailli :
— Alors, Monsieur le sénateur ?
— Vous acceptez ?-
— Qui prenez-vous 1
— Quand donnerez-vous vîotre répon-
se ?
Quelque peu étourdi par cette abondan-
ce de questions, M. Ribot se contenta de
répondre qu'il était on ne peut plus satis-
fait de ses démarches, qu'il avait confian-
ce, mais que cependant.
Nul ne sut ce qui devait suivre ce « ce-
pendant », car la voiture de M. Ribot avait
démarré en vitesse.
A onze heures vingt, M. Ribot était chez
M. Peytral ; à onze heures trente-cinq, il
repartait.
Quelques instants plus tard, il arrivait
rue Palatine, chez M. Léon Bourgeois. Il
n'y resta qu'un quart d'heure, 'et après
avjoir pris rendez-vous avec le sénateur de
la Marne pour l'après-midi, il rentra chez
lui déjeuner.
L'APRES-MIDI
Pèndant que M. Ribot déjeune, de-ci, de-
là. les bruits circulent.
On dit que M. Ribot a de grands projets,
qu'il veut constituer un grand ministère,
qu'il compte sur le concours de grands
hommes. On dit que M. Bourgeois « en
est », et M. Doumergue, et M. Viviani. On
dit que M. Briand est favorable, et que M.
Clemenceau a bien voulu ne pas se mon-
trer trop méchant. On dit encore beaucoup
de choses, mais l'heure du déjeuner con-
vient à la dégustation des canards, et il
se trouve toujours quelqu'un pour croire
au dernier potin.
Enfin, à' deux heures dix, <3yi. Ribot, es-
corté cette foie de son, fils et de son secré-
taire, remonte dans son auto qui file, à
vive aUure, vers le ministère de l'Instruc-
tion publique.
M. Viviani ne le fit pas attendre, et
J'entretien fut plus long que les précé-
dents. Il dura près d'une heure. M. Ribot
insista pour amener M. Viviani à rester à
l'Instruction publique. M. Viviani ajourna
sa réponse. Il ne devait la donner qu'à six
heures : elle était négative.
Vera trois heures, M. Ribot retourna rue
Palatine, chez M. Léon Bburgeois. Il
y resta trente-cinq minutes et ne quitta le
sénateur de la Marne que pour se rendre,
avenue Kléber, chez M. Aristide Briand.
Vingt minutes plus tard, il repartait, in-
lassable. Il passa vingt minutes chez M.
Jean Dupuy, 9, rue Scribe, vingt minutes
chez M. Delcassé, 11, boulevard de Clichy,
dix minutes chez M. Combes, à l'autre ex-
trémité de Paris, 45, rue Claude-'Bernard,
nuis — jq'était bien son Jtour de recevoir
des visites, il rentra chez lui où M. Clérnofi/l
tel l'attendait.
M. VIVIANI REFUSE TOUT
PORTEFEUILLE !
Il avait à peine eu le temps de prendtt
un fauteuil, que M. Viviani arrivait. Il V.\
nait s'excuser auprès de M. Ribot de aao.
pouvoir accepter de faire partie de la corn.,
bmaison, celle-ci ne pouvant pas s'appuyer
sur une imajorité exclusivement Ùbl
caine. -
A six heures quarante, M. Viviani quil*
tait le sénateur de la Marne. A sept heu*
res, M. Clémentel en partant dîner, voulut
bien déclarer que « tout allait biea » et
que M. Ribot comptait aller yoir M. Poisw
caré à neuf heures. «a !
M. RIBOT ACCEPTE
A neuf heures et demie, avec une defift
heure de retard sur les prévisions de Md.
Clémente], M. Ribot arrivait à l'Elysée
II fut immédiatement introduit auprès (14
M. Poincaré. A la suite de cet entretient(
la note suivante fut communiquée à tà
presse : r 1
« M. Ribot s'est rendu à 9 heures et cïêH
mie à l'Elysée. !
« Il a mis le président de la République
au courant de ses démarches et lui a an
noncé qu'il acceptait officiellement la mis..
stan de constituer le cabinet. »
Il semble cependant que le sénateur dat
la Marne ne soit pas au bout de ses peines.,
En dehors de MM. Delcassé, ijourgeois.
Peytral, Jean Dupuy, Clémentel, on ignora
encore à qui M. Ribot fera appel aujou-rm
d'hui.
1 Les sénateurs paraissent devoir êtrï
nombreux dans le cabinet Ribot, s'il se
forme. Mais se formera-t-il ?
i
AUTOUR DE LA CRISE .-
A LA CHAMBRE
Beaucoup de monde, à la Chambre, dan3
les couloirs. On a l'impression que c'est
urne « grande journée ». Cependant, coi
qu'on sait, ce qu'on apprend est bien in
signifiant, en comparaison de ce que l'onf
attend.
Naturellement, M. Arthur Meyer est Ii4
campé à sa place des jours de crise, aiu*
milieu de la salle des Pas-Perdu!s. Les.
M nouveaux » font encore recette, en co
jour ou tout chôme, même les sujets de diej
vertissement. Les façons de lord de M. Le
bey font toujours sensation. On admire les
député de Cliehy-Levallois, M. Jean Bon,
qui redresse fièrement sa tête chauve, que
couronnent cependant, de très curieuse fa-t
çon, de longs mais rares cheveux.
Dans un coin, M. Rappoport, que l'on
est sûr de trouver partout où l'on attend
quelque chose, essaie de réunir quelques
confrères pour leur faire un cours suç
Proudhon.
Mais voilà M. Jaurès, souiriant, abon
dant, glorieux comme à l'ordinaire. Natu
rellement, lui, il parle. Et c'est pour défiefl
M. Poincaré, M. Ribot, le Parti radical ci
tout l'univers.
— Que les Tadicaux lâchent pied, proclai
me-t-il, et nous revenons 250.
On sourit.
Moins bruyant, voici M. Malvy. Il caté*
chise d" abord M. Daniel Vincent, qui l'é<
coûte en rougissant comme une jeune fille*
Que peuvent-ils bien se dire ?
Ils disparaissent, mais M. Daniel Vin
cent revient bientôt et entraine M. Painle-<
vé. Un peu plus tard, nous voyons M.
Pain-levé en compagnie de M. Malvy. C'est
que la conversation parait desN plus sé,,,
rieuses !.
Déjà, les conversations vont leur train 3
il faut si peu de choses pour alimenter leftt
conversations 1
Mais on apprend bientôt qu'il ne S'agit
que de l'incident Ponsot-Bérenger. MM,
Daniel Vincent et Painlevé doivent assis*
ter le député du Jura.
Un duel ? Cela n'intéresse personne, et
les potins reprennent de plus belle.
Des noms circulent. On raconte que M,
Ribot abandonnerait et que M. Viviani se"
rait rappelé. Mais, dans un groupe voisin,
on fait circuler une liste qu'aurait établie
le sénateur de la Marne.
Il y aurait M. Delcassé, et M. Bourgeois,
et M. Peytral, et M. René Besnard, et M<
Jean Dupuy.
Les radicaux qui, jusque-là, n'avaient pas
voulu croire à la possibilité d'une combi.
naison Ribot, commencent à s'inquiéter.
Ils s'accordent, d'ailleurs, à déclarer qu'un
ministère Ribot ne vivrait pas. Le groupa
doit se réunir ce matin. Nul doute qu'il ne
vote un ordre du jour de défiance au ca.
binet en formation.
L'attitude de M. Léon Bourgeois est très
commentée. On s'étonne que le sénateur de,
la Marne ait assuré son concours à M.
Ribot, après l'avoir refusé à un ministère
de gauche comme celui que M. Viviani
voulait former. Il est certain que M. Ribot
ne trouvera aucun concours dans les grou.
pes de gauche. Pourra-t-il vivre avec Ig
centre et la droite ?
UN DUEL
Hier matin, dans le Radical, répondant
à un article de M. Henry Bérengcr dan.
Y Action, M. Ponsot écrivait :
Je crois crue M. Henry Bérengei-, dans une
allusion, d'ailleurs prudemment imprécise, sq
MARDI 9 JUIN 1914. — N* 16,187.
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TRIBUNE LIBRE
'0 t
Face au Pangermanisme
u
Avez-vous remarqué que
les Etats du Nord, comme
on disait au grand siècle,
sont en train de se liguer et
que les journaux belges et
hollandais soulignent très
nettement l'objet de cette Ligue ? Non.
Les graves questions qui se posent au
premier plan dans notre politique inté-
rieure sont d'une actualité trop pas-
sionnante pour que l'on accorde gran-
de attention aux faits et gestes des pe-
tites puissances européennes.
Car il s'agit, en effet, des petites
puissances occidentales, peut-être sug-
gestionnées par l'histoire récente des
Balkaniques. Il s'agit de la Suisse, de
la Hollande, de la Belgique, du Dane-
mark, de la Suède et de la Norvège. Des
petites puissances vqui prend souci ?
De minimis non curat prætm". Tandis
que personne ne songe, en effet, à les
protéger, à les unir, à les fédérer, ces
Etats de second, et même de troisième
ordre méditent un rapprochement non
seulement utile mais indispensable à
leur sécurité commune.
Pour le moment, bien entendu, on ne
se réunit que sous d'innocents prétex-
tes. Il s'agit d'organiser une simple et
modeste exposition de l'art et de l'in-
dustrie des Suisses, des Hollandais, des
Belges, des Danois, des Norvégiens et
des Suédois à Groningue. Mais, après
avoir posé des choses sous des vitrines
et contre des murailles, des gens vien-
dront qui défileront, côte à côte, pour
voir, pour juger et pour comparer. Des
Congrès et des conférences réuniront les
curieux. Un sentiment commun d'accord
se dégagera peut-être de leur rassem-
blement, et alors la manifestation de
Groningue, se dégageant de son premier
caractère, deviendra progressivement
politique et diplomatique.
Où s'agit-il d'aboutir en effet ? Mais
tout simplement à une entente pour la
défense commune. Tous les petits peu-
ples dont nous venons de parler, s'ils
demeurent isolés, sont menacés de per-
dre leur indépendance, dans le cas où
le germanisme triomphant voudrait
franchir une étape nouvelle d'expansion
au lendemain d'une victoire.
Médiocrement soucieux de se soumet-
tre ou de s'inféoder aux projets des
pangermanistes, les membres éventuels
de la Ligue de Groningue se rappro-
chent — et disons-le bien fort — se rap-
prochent très sagement et très oppor-
tunément.
Oublieux de leurs querelles histori-
ques, les Belges et les Hollandais ne
voient plus d'inconvénient à se rejoindre
dans une vaste organisation diplomati-
que et militaire. Les Danois et leurs
anciens compatriotes scandinaves de
Suède et de Norvège oublient également
les divisions passées, les causes des
anciennes sécessions, la querelle des di-
vorces récents. Ils sentent quel peut
être le prix d'une entente de tous les
Scandinaves avec des autres Etats oc-
cidentaux de second ordre.
La Suisse elle-même, bien que plus
éloignée, — et peut-être même à cause
de son éloignement — éprouve le be-
soin de se lier avec les cinq autres na-
tions mises en danger par leur isole-
ment.
A vrai dire, lorsque l'on pense au
projet de la Ligue dont nous venons de
parler, oh est bien plus surpris de cons-
tater le retard dans l'exécution d'un si
utile dessein que frappé de la singula-
rité de l'entreprise. -
Les Belges et les Hollandais n'igno-
rent pas que leurs grands ports d'An-
vers et de Rotterdam sont considérés
par les pangermanistes comme des exu-
toires indispensables au fonctionnement
économique de la Germanie. Si leur in-
dépendance est menacée, ces peuples sa-
vent bien que ce n'est ni par l'Angle-
terre, ni par la Russie, ni par la Fran-
ce.
Les Danois ne se font pas d'illusion
sur la condition précaire de leur Etat.
Ils savent qu'isolés ils sont à la merci
d'une armée et d'une flotte allemandes.
Les capitales de la Norvège et de la
Suède ne sont plus, de leur côté, à l'a-
bri des troupes et des navires maîtres
4Ïes eaux de la Baltique ou de la bor-\
dure occidentale de la mer du Nord.
Quant à la Suisse, peut-être estime-t-
elle qu'elle a tout autant à défendre sa
mentalité nationale que son territoire
contre les entreprises du pangermanis-
me.
Unis, les petits Etats de la Ligue de
Groningue peuvent défendre leur indé-
pendance. Ensemble, ils constitueraient
une force militaire digne d'attention.
Sur mer, quelques-uns d'entre eux joue-
raient un rôle, le cas échéant. Diploma-
tiquement, ils seraient une force repré-
sentant 25 à 30 millions d'individus.
Et puisque ces petits Etats semblent
douter que l'atmosphère de l'Europe
soit favorable au développement des fai-
bles et des isolés, quelle que soit la for-
mule qui donne la force, soyons forts'
et ne restons pas isolés. Ecoutons la le-
çon qui nous vient du Nord. Deuxannis-
tes et troisannistes français, entendons-
nous ! Ce n'est peut-être pas le moment
de nous battre.
Albert MILHAUD.
— --
LA POLITIQUE
PLACE AUX JEUNES !
Voilà qui est pour nous ra-
jeunir ; M. Alexandre Ribot
est ressuscité.
Il ne faut plus s'étonner de
rien ; et du moment où la po-
litique remonte avant le délu-
ge, attendons-nous à voir reparaître sur
les « petites mares » le megatherium ou
r iguanodon.
J'éprouve un goût médiocre pour la
politique et pour le caractère de M. Ri-
bot (Alexandre). Je l'ai toujours vu s'as-
socier aux mauvais coups risqués con-
tre les meilleurs républicains.
L'apparence puritaine de ce long
bourgeois solennel ne va pas sans dé-
faillances sournoises. Ses défections
sont régulièrement accompagnées de
telles protestations de loyauté qu'elles
atténuent la nausée par un sourire.
Enfin, M. Alexandre Ribot est un des
rares spécimens de ces « libéraux » que
l'exècre, parce qu'ils répugnent à l'ins-
tinct, au génie de notre race, et qu'ils
contredisent les nécessités primordiales
de tout gouvernement.
Mais, après tout, la politique ne doit
pas être faite d'amour, d'impulsions et
de rancunes.
Il faut savoir contenir son cœur, com-
mander à ses nerfs, discipliner son cer-
veau et rendre à l'adversaire l'hommage
de l'impartialité et de la raison.
Il faut reconnaître « loyalement »
qu'au cours de la crise actuelle, M. Ri-
bot est un des rares politiciens qui fas-
sent preuve de dévouement à la chose
publique et d'abnégation personnelle.
J'ignore si les démarches de M. Ribot
(Alexandre) aboutiront.
En fait, il est pour le moins paradoxal
de voir ce vénérable progressiste sortir
du Musée des Antiques pour synthétiser
des élections radicales et socialistes.
Mais comme nous vivons dans la mai-
son à l'envers ; que chacun a pris cou-
tume de marcher sur la tête ; sous un
régime d'aliénés où il n'y a de conti-
nuité que dans l'incohérence, tout est
possible.
A l'heure où j'écris, les Parques doi-
vent jouer à pile ou face la combinaison
Ribot. Elle a autant de chances d'abou-
tir que d'échouer. Quand on est entré
dans l'absurde, il est fort malaisé d'en
sortir.
On a vu d'anciens libertaires nous
donner un gouvernement conservateur.
Peut-être verrons-nous un conservateur
nous offrir le régal d'un gouvernement
réformateur. Ce serait bien la première
fois qu'un progressiste s'attacherait à
,un progrès.
Mais nous vivons en un siècle de mi-
racles Le plus difficile était de ressus-
citer M. Alexandre Ribot.
Maintenant qu'il revit et qu'il remar-
che, rien ne s'oppose à ce qu'il marche
à gauche. Attendons * La jeunesse est
pleine d'imprévus.
EDMOND DU MESNIL.
LE FAIT DU JOUR
« M. Ribot, chargé de fonner le cabinet,
oontinoo ses démarches. »
(Les Joummx.) x
UN VIEUX SOLDEUR
Le tapin : « Nous entrerons dans la carrière
Quand nos cadets n'y seront plus.
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui mardi.
Lever du soleil à 3 h. 50 matin.
Coucher du soleil à 7 h. 50 soir",
Lever de la lune à 9 h. 58 soir.)
Coucher de la lune à 4 h. matin.
Courses à Auteuil.
AUTREFOIS
Le Rappel du 9 juin 1878 :
De Madrid, on annonce que la formalité
du passeport pour la France vient d'être
abolie. Une pareille mesure sera adoptée pour
les Français allant en Espagne.
- - Une explosion terrible a eu lieu hier
dans une houillère près de Sainte-Hélène
(Lancashire). Le nombre des mineurs enfouis
dans la mine est de 250.
Dégel
Mme de Montespan mourut le 28 mai
1707. Le roi, dit Saint-Simon, ne prononça
jamais son nom et ne montra pas la moin-
dre sensibilité à sa perte.
Quant au due d'Antin, fils de M. et de
Mme de Mtmtespan, il sentit que la mort
de sa mère ouvrait pour lui l'ère des fa-
veurs et dit cyniquement ;
— Me voilà dégelé.
AUJOURD'HUI
Levée de fouets
- -
Au moment où la saison balnéaire va
s'ouvrir, un point noir apparaît à l'hori-
zon de deux de nos plus réputées plages :
les cochers de Trouville et de Deauville
sont-ils Cannois ou Caennais ?
En effet, l'année dernière, tels les ramo-
neurs de la Savoie et les maçons du Li-
mousin jadis, les cochers de Cannes, l'hi-
ver terminé, s'abattirent sur le Calvados,
fouet en main. Les cochers de Trouville-
Deauville, qui sont d'ailleurs de Caen, la
trouvèrent mauvaise et protestèrent. Leurs
doléances furent entendues et l'on refusa
aux automédons venus de la Gôte d'Azur,
le numéro qu'ils sollicitaient pour se mettre
en station et avoir le droit de circuler dans
les rues. -
Mais ces derniers se passèrent de ce
qu'on ne voulait pas leur accorder et « ma-
raudèrent » consciencieusement, malgré
procès-verbaux et contraventions. Ils en
appellent même à la justice comme victi-
mes d'une « atteinte à la liberté du com-
mence et de l'industrie ».
- Bah ! disait philosophiquement le di-
recteur d'un hôtel qui se prépare à ouvrir,
que les cochers soient à la mode de Caen
ou qu'ils montrent des becs de Cannes,
qu'est-ce que ça peut faire aux clients ?
Histoire de bûchers
Le clergé de Piégut, dans la Dordogne,
avait invité ses ouailles à un feu de joie
en l'honneur de Jeanne d'Arc.
Au cours de la cérémonie, le curé éprou-
va le besoin de jeter dans le brasier un
drapeau tricolore. Quelques jeunes gens
républicains, venus là en curieux,protestè-
rent énergiquement et réussirent même a
sauver des flammes une partie de ! em-
blême national.
Le dimanche, quand le fait fut connu, la
population se mit en colère, et, dans ce
pays, où oncques ne s'était vue une ma-
nifestation anticléricale, on eut ce specta-
cle d'un cortège de trois cents personnes
qui promenèrent un curé en effigie, chan-
tèrent des couplets anticléricaux et brû-
lèrent, en dansant, devant l'église, ladite
effigie.
Comme quoi, pour rendre un pays anti-
clérical, il n'est rien de tel qu'un desser-
vant maladroit.
;
DANS LES P. T. T.
Mécontentement légitime
--+-8"-
Voici une fois encore que les agents et
sous-agents des Postes menacent de so
mettre en grève.
, La raison en est que le Sénat, comme
on sait, a refusé de voter le projet tran-
sactionnel de revision des traitements
adopté par la Chambre.
En dépit de ce refus, les postiers avaient
gardé jusqu'ici quelque espoir de voir amé-
liorer leur situation, car leur association
générale avait obtenu des promesses for-
melles de plusieurs membres de la Com-
mission sénatoriale.
Or, celle-ci, dans sa dernière réunion,
viènt de repousser une fois de plus le pro-
jet de la Chambre, repoussant l'unification
des frais de séjour, le crédit d'indemnité
de chaussures, la gratuité du service médi-
cal aux sous-agents de la banlieue.
On fconviendra que le mécontentement
deà postiers est légitime. Certes, nous n'ap-
prouverons jamais des procédés qui ten-
draient à désorganiser ou à paralyser les
services publics, mais n'est-ce pas précisé-
ment le devoir du Parlement de prévenir
toute agitation funeste, en accordant au
prolétariat administratif les réformes uti-
les et possibles qu'il réclame.
—
CELA NE SERA PAS !
----:+-.-+-
f)ans l'Homme libre, M. G. Clemenceau
jette aux radicaux cette belle apostrophe,
où se retrouve la véhémence du Jacobin,
en face de la « Patrie en danger ».
Il s'agit de la France, de sa vie dans la fierté
de son indépendance ; il s'agit du noble ihéTi-
tage de vertus nationales reçu des anciens pour
le transmettre aux neveux ; il s'agit d'un tré-
sor de pensée et d'action qui n'est inférieur à
aucun des plus grands dont se vante l'huma-
nité ; il s'agit de tout ce que nous aimons, de
tout ce qui nous élève, de tout oe pour quoi
.J}()oUS vivons, et vous délibérez. Hélas 1 vous
faites pis encore. Car vous aviez délibéré, et
vous aviez dit que la France ne se démentirait
ipas. Et cela fait, quand tous les peuples, tres-
saillant au souvenir des grands gestes qui lui
vinrent de vos pères, se reprennent à lever les
yeux sur les fils de la Révolution française,
vaincus d'un jour, en qui le ferment de la race
bouillonne encore, vous vous renieriez vous-mê-
mes, aïeux et postérité tout à la. fois, vous ne
seriez pas même celui qui tombe dans la course
du flambeau, vous seriez celui qui honteusement
renonce par un lâche besoin de repos.
Jusqu'à ce que je l'aie vu, je crierai que cela
ne sera pas.
Quel dommage, que pour l'unique et mes-
quin plaisir de satisfaire des rancunes per-
sonnelles et de poursuivre jusqu'au bout
un jeu stérile de « massacre », M. Cle-
menceau ait renoncé à mettre au service
du Pays et de la République son incompa-
rable énergie.
Un lui survit la fureur sacrée du Jaco-
bin capable de mettre à la fois à la raison
le chouan, le babouviste et l'étranger.
Pourquoi faut-il que cette force incompa-
rable se complaise aux querelles de sé-
rail'et à de perpétuelles destructions ?
LA TACHE NOIRE
—- t - .-+::-
La tache noire s'étend, menace de recou-
vrir toute la France.
Hier, nous signalions la multiplication
dans tous les départements des. « associa-
tions de dames catéchistes ».
Aujourd'hui, il nous faut noter le mer-
veilleux essor des cercles catholiques d'ou-
vriers.
Rien d'instructif comme leur dernier
Congrès, où s'affirmèrent mieux que ja-
mais, leur force, leur souplesse, leur ex-
traordinaire facilité d'adaptation.
Nous y avons appris qu'il y a pour M.
de Mun et ses disciples, deux sortes de
syndicats agricoles : les « syndicats d'a-
postolat et de propagande » et les « syndi-
cats exclusivement catholiques », chacune
répondant à des nécessités locales diffé-
rentes.
Nous y avons appris aussi qu'il y a le
plus grand intérêt à ce que les aumôniers
de ces syndicats en soient toujours les se-
crétaires « pour y exercer une action ma-
térielle, morale et sociale », mais que
Pie X leur a interdit d'accepter les fonc-
tions de trésoriers.
Veut-on connaître maintenant l'impor-
tance de ces groupements qualifiés « agri-
coles » ?
Le syndicat de la Champagne compte six
mille cinq cents adhérents, celui de Cam-
brai douze mille, celui du, Loiret neuf mille,
celui de la Mayenne onze mille, etc.
Que ceux de nos amis républicains qui
doutent des progrès des œuvres sociales
de l'Eglise- retiennent ces chiffres et les
méditent. Peut-être se convaincront-ils, en-
fin, de la nécessité de prendre une vigou-
reuse offensive contre leurs adversaires ja-
mais « apaisés ».
Qu'ils multiplient les patronages, les
coopératives, les syndicats agricoles et in-
dustriels. Qu'ils aient, eux aussi, leurs
œuvres d'apostolat et de propagande. Le
salut de la République est à oe prix.
# L'ACTUALITÉ
, -.e-+-.-
0 1%
Vers un Ministère Ribot
.-- ♦ ;
Le sénateur du Pas-de-Calais accepte ajj
former le ministère
MM. Bourgeois et deleassé en feraient partie
.-+--
M. Ribot a commencé ses consultations
et ses offres dç portefeuilles dès hier ma-
tin. A huit heures, le sénateur du Pas-de-
Calais quittait son domicile et, jusqu'au
soir, il n'a cessé ses courses à travers Pa-
ris. Il a déclaré faire un inventaire de la
situation politique, afin de se rendre comp-
te des nécessités qu'elle comporte et des
moyens d'y faire face.
M. Ribot s'est rendu successivement chez
MM. Antonin Dubost, président du Sénat,
Deschanel, président de la Chambre, Dou-
mergue, Clemenceau, Peytral et Léon
Bourgeois. Après déjeuner, il allait confé-
rer avec MM. Viviani, Briand, Delcassé et
Combes.
Enfin, à neuf heures et demie du soir, il
venait à l'Elysée pour apporter au prési-
dent de la République sa réponse. M. Ri-
bot acceptait la mission de constituer le
cabinet. q
Tel est le résumé de la journée du séna-
teur du Pas-de-Calais. On en trouvera ci-
dessous le détail.
H. S.
1
LES PAS ET DEMARCHES DE M. RIBOT
Dès le matin, M. Ribot quittait le 6 de la
rue Tourn'on, où il habite.
A pied, il s'en alla jusque vers le Palais
du Luxembourg, et un peu avant neuf heu-
res il se faisait annoncer à M. Antonin
Dubost, président du Sénat.
L'entretien ne fut pas long.
A neuf heures vingt, M. Ribot reprenait
d'un pas allègre. jusqu'au plus prochain
taxi-auto.
Le chauffeur, qui ne savait certainement
pas quel personnage il conduisait, partit
sans excès de vitesse vers le Palais-Bour-
bon. ,-
Introduit à neuf heures et demie auprès
de M. Paul Deschanel, il y resta jusqu'à
dix heures précises. Puis, pour jouer un
bon tour aux journalistes indiscrets, qui
s'étaient levés aussi tôt que lui, il fila « à
l'anglaise », par les jardins de la prési-
dence, et gagna sans encombre le minis-
tère des Affaires étrangères.
CHEZ MM. DOUMERGUE, CLEMENCEAU
PEYTRAL ET LEON BOURGEOIS
M. Doumergue, prévenu, s'était, lui aus-
si, levé tôt. M. Ribot fut donc immédiate-
ment reçu, et le président du Conseil dé-
missionnaire devisa vingt-cinq minutes
avec son successeur présomptif.
A dix heures vingt-cinq, M. Ribot rega-
gnait son auto et partait, à toute vitesse
cette fois, par le pont Alexandre-III, la
place de l'Aima et le Trocadéro.
Il était dix heures quarante-cinq quand
la voiture stoppa rue Franklin, devant le
domicile de M. Clemenceau. Naturelle-
ment, elle ne stoppa pas seule. Journalistes
et photographes n'avaient pas perdu la
piste, et ils entreprirent de faire - de la mai-
son un siège en règle pour que, cette fois,
M. Ribot ne puisse plus leur échapper.
Ils furent récompensés de leur ténacité.
Quand M. Ribot sortit de chez M. Clemen-
ceau, il fut littéralement assailli :
— Alors, Monsieur le sénateur ?
— Vous acceptez ?-
— Qui prenez-vous 1
— Quand donnerez-vous vîotre répon-
se ?
Quelque peu étourdi par cette abondan-
ce de questions, M. Ribot se contenta de
répondre qu'il était on ne peut plus satis-
fait de ses démarches, qu'il avait confian-
ce, mais que cependant.
Nul ne sut ce qui devait suivre ce « ce-
pendant », car la voiture de M. Ribot avait
démarré en vitesse.
A onze heures vingt, M. Ribot était chez
M. Peytral ; à onze heures trente-cinq, il
repartait.
Quelques instants plus tard, il arrivait
rue Palatine, chez M. Léon Bourgeois. Il
n'y resta qu'un quart d'heure, 'et après
avjoir pris rendez-vous avec le sénateur de
la Marne pour l'après-midi, il rentra chez
lui déjeuner.
L'APRES-MIDI
Pèndant que M. Ribot déjeune, de-ci, de-
là. les bruits circulent.
On dit que M. Ribot a de grands projets,
qu'il veut constituer un grand ministère,
qu'il compte sur le concours de grands
hommes. On dit que M. Bourgeois « en
est », et M. Doumergue, et M. Viviani. On
dit que M. Briand est favorable, et que M.
Clemenceau a bien voulu ne pas se mon-
trer trop méchant. On dit encore beaucoup
de choses, mais l'heure du déjeuner con-
vient à la dégustation des canards, et il
se trouve toujours quelqu'un pour croire
au dernier potin.
Enfin, à' deux heures dix, <3yi. Ribot, es-
corté cette foie de son, fils et de son secré-
taire, remonte dans son auto qui file, à
vive aUure, vers le ministère de l'Instruc-
tion publique.
M. Viviani ne le fit pas attendre, et
J'entretien fut plus long que les précé-
dents. Il dura près d'une heure. M. Ribot
insista pour amener M. Viviani à rester à
l'Instruction publique. M. Viviani ajourna
sa réponse. Il ne devait la donner qu'à six
heures : elle était négative.
Vera trois heures, M. Ribot retourna rue
Palatine, chez M. Léon Bburgeois. Il
y resta trente-cinq minutes et ne quitta le
sénateur de la Marne que pour se rendre,
avenue Kléber, chez M. Aristide Briand.
Vingt minutes plus tard, il repartait, in-
lassable. Il passa vingt minutes chez M.
Jean Dupuy, 9, rue Scribe, vingt minutes
chez M. Delcassé, 11, boulevard de Clichy,
dix minutes chez M. Combes, à l'autre ex-
trémité de Paris, 45, rue Claude-'Bernard,
nuis — jq'était bien son Jtour de recevoir
des visites, il rentra chez lui où M. Clérnofi/l
tel l'attendait.
M. VIVIANI REFUSE TOUT
PORTEFEUILLE !
Il avait à peine eu le temps de prendtt
un fauteuil, que M. Viviani arrivait. Il V.\
nait s'excuser auprès de M. Ribot de aao.
pouvoir accepter de faire partie de la corn.,
bmaison, celle-ci ne pouvant pas s'appuyer
sur une imajorité exclusivement Ùbl
caine. -
A six heures quarante, M. Viviani quil*
tait le sénateur de la Marne. A sept heu*
res, M. Clémentel en partant dîner, voulut
bien déclarer que « tout allait biea » et
que M. Ribot comptait aller yoir M. Poisw
caré à neuf heures. «a !
M. RIBOT ACCEPTE
A neuf heures et demie, avec une defift
heure de retard sur les prévisions de Md.
Clémente], M. Ribot arrivait à l'Elysée
II fut immédiatement introduit auprès (14
M. Poincaré. A la suite de cet entretient(
la note suivante fut communiquée à tà
presse : r 1
« M. Ribot s'est rendu à 9 heures et cïêH
mie à l'Elysée. !
« Il a mis le président de la République
au courant de ses démarches et lui a an
noncé qu'il acceptait officiellement la mis..
stan de constituer le cabinet. »
Il semble cependant que le sénateur dat
la Marne ne soit pas au bout de ses peines.,
En dehors de MM. Delcassé, ijourgeois.
Peytral, Jean Dupuy, Clémentel, on ignora
encore à qui M. Ribot fera appel aujou-rm
d'hui.
1 Les sénateurs paraissent devoir êtrï
nombreux dans le cabinet Ribot, s'il se
forme. Mais se formera-t-il ?
i
AUTOUR DE LA CRISE .-
A LA CHAMBRE
Beaucoup de monde, à la Chambre, dan3
les couloirs. On a l'impression que c'est
urne « grande journée ». Cependant, coi
qu'on sait, ce qu'on apprend est bien in
signifiant, en comparaison de ce que l'onf
attend.
Naturellement, M. Arthur Meyer est Ii4
campé à sa place des jours de crise, aiu*
milieu de la salle des Pas-Perdu!s. Les.
M nouveaux » font encore recette, en co
jour ou tout chôme, même les sujets de diej
vertissement. Les façons de lord de M. Le
bey font toujours sensation. On admire les
député de Cliehy-Levallois, M. Jean Bon,
qui redresse fièrement sa tête chauve, que
couronnent cependant, de très curieuse fa-t
çon, de longs mais rares cheveux.
Dans un coin, M. Rappoport, que l'on
est sûr de trouver partout où l'on attend
quelque chose, essaie de réunir quelques
confrères pour leur faire un cours suç
Proudhon.
Mais voilà M. Jaurès, souiriant, abon
dant, glorieux comme à l'ordinaire. Natu
rellement, lui, il parle. Et c'est pour défiefl
M. Poincaré, M. Ribot, le Parti radical ci
tout l'univers.
— Que les Tadicaux lâchent pied, proclai
me-t-il, et nous revenons 250.
On sourit.
Moins bruyant, voici M. Malvy. Il caté*
chise d" abord M. Daniel Vincent, qui l'é<
coûte en rougissant comme une jeune fille*
Que peuvent-ils bien se dire ?
Ils disparaissent, mais M. Daniel Vin
cent revient bientôt et entraine M. Painle-<
vé. Un peu plus tard, nous voyons M.
Pain-levé en compagnie de M. Malvy. C'est
que la conversation parait desN plus sé,,,
rieuses !.
Déjà, les conversations vont leur train 3
il faut si peu de choses pour alimenter leftt
conversations 1
Mais on apprend bientôt qu'il ne S'agit
que de l'incident Ponsot-Bérenger. MM,
Daniel Vincent et Painlevé doivent assis*
ter le député du Jura.
Un duel ? Cela n'intéresse personne, et
les potins reprennent de plus belle.
Des noms circulent. On raconte que M,
Ribot abandonnerait et que M. Viviani se"
rait rappelé. Mais, dans un groupe voisin,
on fait circuler une liste qu'aurait établie
le sénateur de la Marne.
Il y aurait M. Delcassé, et M. Bourgeois,
et M. Peytral, et M. René Besnard, et M<
Jean Dupuy.
Les radicaux qui, jusque-là, n'avaient pas
voulu croire à la possibilité d'une combi.
naison Ribot, commencent à s'inquiéter.
Ils s'accordent, d'ailleurs, à déclarer qu'un
ministère Ribot ne vivrait pas. Le groupa
doit se réunir ce matin. Nul doute qu'il ne
vote un ordre du jour de défiance au ca.
binet en formation.
L'attitude de M. Léon Bourgeois est très
commentée. On s'étonne que le sénateur de,
la Marne ait assuré son concours à M.
Ribot, après l'avoir refusé à un ministère
de gauche comme celui que M. Viviani
voulait former. Il est certain que M. Ribot
ne trouvera aucun concours dans les grou.
pes de gauche. Pourra-t-il vivre avec Ig
centre et la droite ?
UN DUEL
Hier matin, dans le Radical, répondant
à un article de M. Henry Bérengcr dan.
Y Action, M. Ponsot écrivait :
Je crois crue M. Henry Bérengei-, dans une
allusion, d'ailleurs prudemment imprécise, sq
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