Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-10-03
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 79956 Nombre total de vues : 79956
Description : 03 octobre 1906 03 octobre 1906
Description : 1906/10/03 (N13354). 1906/10/03 (N13354).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune
Description : Collection numérique : La Commune de Paris Collection numérique : La Commune de Paris
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7549699q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
N° 13334. — tl VETDÊÎilTA.TRE AN 115.
CTTVQ CENTIMES LS ÎTOMEHO
MERCREDI 3 OCTOBRE 1906. - Nn 13354
jfONOftTEUR : AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
,.-----, Il MIl Trois..i. IJ* M
'arts. 2fr. 5fr. 9fr. t8 rr
Départements.2- 6— AI— 20 —
Union Postale. 3 - 9 - 16 32—
DIRECTEUR POLITIQUE: CHARLES BOS
- Al\U\TONCES-.;-' ; ry
MM. CH. LAGRANGE, CERF & FF
6, Place de la Bourse, 6 A
ET AUX BUREAUX DU JOURNAL
Secrétaire Général : A.-F. CZCCALDI
RÉDACTION : 14, RUE DU MAIL, PARIS. - TÉLÉPHONÉ 102.82
1 Adresser les communications au Rédacteur en Chef
-
Rédacteur en Chef : HENRY MARET
ADMINISTRATION. : 14, RUE DU MAIL. » TELEPHONE 103.83
Adresser lettres et mandais d l'Administrateur :
La grève des bêtes
J'ai rencontré l'autre jour Unoreille.
IUnoreille, ainsi nommé, j'en appelle a
nos souvenirs littéraires, parce qu'il n'a
,qu'un seul cornet auditif — sa mère lui
ayant peu à peu rongé l'autre, tant elle
te trouvait à son goût, et bien léché.
Hnoreille, fils du glorieux ours pyré-
rénen Atta-Troll, le héros du poème épi-
que de Henri Heine.
- Et moi aussi, a grogné l'héritier
'd'Atta-Troll, et moi aussi, me voilà cap-
tif chez les hommes et dansant au son
d'une musique infâme.
Unoreille - a la cloison nasale percée
et engagée dans un anneau. À l'anneau
est attachée une chaîne que tient le
iJornptpur. Chaque fois que l'homme tire
sur la chaîne, l'anneau se tord dans la
blessure de l'ours ; et l'ours se dresse
Sur ses pieds de derrière et pousse un
ronflement de douleur et de rage. La
danse, ainsi comprise, n'est pas un plai-
sir.
Dans le village où nous passions, le
public n'est ni nombreux, ni généreux ;
le dompteur se fatigua de donner le
Spectacle sans profit ; il s'assit sur le
revers d'un fossé et se mit à déjeuner.
Sa bête s'étendit à l'ombre d'un mur.
Je m'approchai d'elle et formulai une
demande d'interview.
, 1r**
Ma foi, s'éciiu Unoreille, je vous
cède la moitié de l'ombre de mon mur.
Mettez-vous à côté de moi et ne craignez
ni ma dent ni ma griffe. J'ai horreur des
hommes. Pourtant, je suis heureux de
causer avec vous. Les journalistes sont
,.Peut -êtr e les moins mauvais des hom-
mes. Quand ils font le mal, c'est la plu-
part du temps sans le savoir, et parce
qu'ils sont quelauefois plus sots que
méchants. Pardonnez cette appréciation
à la franchise d'un montagnard. Ils mè-
nent à l'occasion une hyène à là recher-
che du cadavre d'un curé très vivant ;
mais on ne les a encore jamais surpris à
passer des anneaux de fer dans le nez
des ours. Us sont totalement étrangers
à mon supplice, et je leur sais gré de
défendre de temps à autre les animaux
dans leurs articles.
— Je Vois, observai-je, que les reven-
dications si éloquemment formulées par
imonsieur votre père n'ont pas été: aban-
données par vous. ;
- Dites bien à vos lecteurs me re-
commanda Unoreille, que la grande idée
d'Atta-Troll n'est qu'en apparence tom-
bée dans l'oubli.
— La grande idée ?
- Oui, l'Idée, avec un grand I. L'I-
dée par excellence. Le projet de la libé-
ration définitive et complète du monde
animal ; la doctrine qu'on pourrait nom-
mer a l'animalisme intégral ».
— Et votre méthode d'action ?
— Celle d'Atta-Troll : la grève géné-
rale.
— Avez-vous pressenti la Confédéra-
tion du Travail ?
— Non. Les syndicalistes de la Confé-
dération sont des hommes, après tout.
Les hommes, divisés entre euxt forment
un bloc solidaire contre le prolétariat
animal. Nous n'avons pas à compter sur
eux pour la révolution des bêtes. Pla-
çons-nous résolument sur le terrain' de
la lutte des espèces. Animaux de toutes
les classes unissons-nous. -
- Votre programme ?
- Le ciel à l'oiseau, la mer au pois-
son, la forêt au gibier, le pré au rumi-
nant, 4a montagne au plantigrade.
— La doctrine d'Atta-Troll, c'est
vrai.
— Sans atténuation. Atta-Troll, quel
précurseur ! A une époque où les char-
mes de la grève générale n'avaient pas
séduit les hommes, il en a formulé le
dogme. Puis, il a compris crue la révolte
était • le droisb sacré de tout être vivant
!et digne de la liberté. La loi reconnaît
à l'ouvrier de refuser ses services à l'em-
ployeur. Comment ne reconnaît-elle pas
"ù J'animal, le plus déshérité des travail-
leurs, de chômer contre le désir de son
nuîtn: ?
- y a-t-il pas quelque chose de chi-
mérique dans votre plan ?
— Pas plus que dans les plans des
réformateurs de l'espèce humaine. Les
ressources multiples de l'action directe
s'onrent à nous comme à vos syndica-
tlistes révolutionnaires- Nierez-vous que
île cheval qui envoie des ruades dans sa
[Voiture au lieu de la traîner soit le type
du sabotteur ? Voulez-vous que je cite un
remarquable cas de boycottage ? Les
'chevaux encore nous permettront de
'l'observer. Dans une écurie, un palefre-
nier vole l'avoine. On attelle les che-
Naux, ils refusent d'avancer ; une en-
quête est ouverte et le palefrenier est
renvoyé. La grève générale est le seul
procédé auquel les animaux n'aient pas
encore eu recours ; c'est le plus puis-
sant, mais il exige une organisation
préalable. La loi de notre énoque est
l'union des faiblesses contre les forces
isolées et par cela même limitées. Si
puissant que soit l'homme, le jour où il
sera isolé devant les animaux unis, il
sera perdu.
***
Nous en étions là de notre dialogue
quand arrivèrent des gendarmes. Ils in-
terrompirent le repas du montreur
d'ours et lui enjoignirent de déguerpir.
Ils lui déclarèrent que la circulation des
nomades était interdite dans l'étendue
du département.
— Comment voulez-vous qu'un noma-
de ne circule pas ? grommelait le domp-
teur.
Néanmoins, il fallut partir et se lais-
ser conduire par les gendarmes jusqu'à
la lisière du département.
Je pris congé d'Unoreille.
- Votre rêve est terrifiant, lui dis-je.
Ce n'est heureusement qu'un rêve. Con-
trairement à votre assertion. l'émancipa-
tion des animaux ne sera point l'œuvre
des animaux eux-mêmes. Elle sera la
besogne des hommes. Ils s'imposeront à
votre reconnaissance, quoi que vous en
ayez. Voilà que les gendarmes s'oppo-
sent à laisser les montreurs d'ours con-
tinuer leur exploitation- Nous fabriquons
des automobiles qui débarrasseront les
chevaux du harnais.
— Quand nous ne vous servirons plus
à rien, vous nous supprimerez. La terre
devient trop étroite pour l'homme. Il ne
se contente plus d'être le maître ; il veut
être l'unique locataire du monde, avec
ses machines. Pourtant, qu'il se méfie :
l'Eternel a dit : « Il n'est pas bon que
l'homme soit seul. »
J'allais. protester contre cette applica-
tion erronée du texte biblique. Je n'en
eus pas le temps. Le dompteur tira sur
la chaîne et Unoreille partit en grognant.
Hugues Destrem.
-O> - , -----
LES ON-DIT
ANTIMILITARISTES
Puisque nos antimilitaristes
se déclarent prêts à ne pas nous
défendre au cas où nous se-
rions attaqués par l'étranger,
nous réclamerons d'eux une
dernière grâce : .ce serait d'al-
ler en Allemagne prêcher les socialistes.
Car les socialistes allemands ne veulent
pas entendre parler d'antimilitarisme. A
quelques-uns qui voulaient poser la ques-
tion, en constituant un comité antimilita-
riste, Bebel répondait : « Si vous accep-
tez cette motion, choisissez des organes
pour rexécuter, car nous, nous ne nous
associerons pas à cette propagande. » Et
il n'y a pas longtemps, le 20 septembre,
Bebel avait dit déjà : « Si réellement
nous voulions déchaîner la grève géné-
rale au moment d'une déclaration 5e
guerre, on aurait tort de nous ménager.»
Ces paroles paraîtront assez claires, je
pense, à nos antimilitaristes pour les en-
gager à adopter notre proposition d'au-
jourd'hui, laquelle consiste à les prier
d'aller porter la lumière antimilitariste
dans l'esprit de Bebel et des socialistes
allemands, afin, du moins, qu'en cas de
guerre, l'armée berlinoise ne nous tombe
pas sur le dos, fringante et féroce bien
que socialiste allemande, alors que nous,
n'aurions plus à lui opposer qu'une ab-
sence d'armée
Il est d'autant plus urgent pour les an-
timilitaristes eux-mêmes d'aller prêcher
dans leur pays M. Bebel et ses nombreux
compatriotes, — quelque chose comme
60 millions d'hommes, — que si les an
timilitaristes ne triomphent que chez
nous, les socialistes allemands, réunis
sous les étendards du Kaiser, viendront
les chercher, p.ufant que possible, sur les
rives de la Seine, et qu'il sera alors bien
tard pour les engager à -ne point mar-
cher. -.
LA GUERRE DE 1870
Racontée par le 1 Rappel 8
Numéro du 4 octobre 1870
Strasbourg et Toul. — Ministère de
l'intérieur : « Toul et Strasbourg vien-
nent de succomber. Elles ont, en tom-
bant, jeté un regard vers Paris, pour
affirmer, une fois de plus, l'unité et l'in-
tégrité de la patri. - LÉON GAMBETTA. »
« Nos frères d'Alsace et de Lorraine
nous oht montré ce que peut la cons-
tance unie à l'héroïsme. Prenons-les
pour modèles, et nous réussirons, là où
ils ont échoué. — FRANÇOIS-VICTOR
HUGO. » '.,
Journal du siège. - 2 octobre, rap-
port militaire : « Tous les prisonniers
enlevés par nos reconnaissances mani-
festent leur profond étonnement de n'ê-
tre pas fusillés sur place, idée que ré-
pandent les officiers ennemis dans leurs
troupes pour empêcher la 'dése.rtion.. »
Les on-dit du rempart. — « A la porte
du quartier général de la garde natio-
nale, dans la grande rue de Montrouge
(dimanche), queue d'hommes et de fem-
mes allant demander des permis de cir-
culation pour franchir lé mur d'encein-
te. On a beau leur'dire que la banlieue
n'est pas sûre ; il faudrait d'autres dan-
gers pour faire peur aux Parisiens. »
« Hier matin a eu lieu la cérémonie
de la remise des étendards aux batail-
lons de- la-garde nationale récemment
formés. »
Zigzags 'dans Paris, « Le jour du
combat de Chevilly, un batai'llon de li-
gne est sorti nuitamment de Paris ooûr
aller prendre position. En passant par
la porte des remparts, l'un des soldats,
en serrant la tmain à un des gardes na-
tionaux de service. — Au revoir, mon
vieux, lui dit-il, donnez-vous une con-
tremarque pour la rentrée ? — Inutile,
rapportez un Prussien et je vous recon-
naîtrai. — ERNEST BLUM. »
Aux infirmières des remparts. — « Ci-
toyennes, en attendant l'heure d'être
utiles à la défense de Paris, vous ne
voudrez pas rester inactives. Dans des
temps comme les nôtres, être un instant
inutile est une trahison. Aidez-nous à
trouver de l'ouvrage, car le peuple de
la République veut du travail, et n'ac-
cepte de secours que quand les petits
enfants pleurent en demandant du pain.
Aidez-nous, citoyennes, la tâche est dif-
ficile, mais rien n'est impossible pour
sauver la patrie. Vive la République !
- Louisg, MICHEL, membre de la com-
mission du travail, 24, rue Oudot, Mont-
martre-Clignancourt. »
Avertissements et questions.- « L'ad-
ministration s'empresse de faire Cc-inaî-
tre au public l'ouverture de nouvelles
boucheries de cheval, dont la nomencla-
ture suit (ces nouvelles boucheries sont
au nombre de onze). Le nombre des
chevaux livrés à la consommation suit
d'ailleurs une rapide progression, qui
atteste l'empressement du public. Le
nombre, qui, d'abord, n'était que de
vingt ou trente par jour, s'est élevé à
141, 195 et 275 dans les trois dernières
journées. »
« Les citoyens munis de cartes de
consommation remises à domicile par
le Comité de défense du neuvième ar-
rondissement, sont priés de se présen-
ter, pour la signature, au siège du Co-
mité, rue Drouot, 5, à partir de mardi
4 octobre, de onze heures du matin à
quatre heures du soir. »
M. CHUQUET A L'ACADÉMIE FRANÇAISE
M. Arthur Chuquet a posé définitive-
ment sa candidature au fauteuil du re-
gretté Albert Sorel. L'éminent membre
de l'Institut était tout désigné pour suc-
céder à l'historien de la diplomatie
française pendant la Révolution. Ses sa-
vantes études sur les campagnes de la
Révolution, sur la littérature alleman-
de, son Précis admirable de la guerre
de 1870, devenu classique même chez
l'ennemi, ses monographies des épiso-
des essentiels du grand drame de l'An-
née terrible, et tant d'autres travaux
échappés de sa plume infatigable lui
permettent de soutenir sans désavanta-
ge la comparaison périlleuse avec l'é-
mule et l'ami qu'il ambitionne de rem-
placer sous la coupole. Il a suivi, du
reste, le même chemin que lui pour ar-
river au bout du pont des Arts : le haut
ensiegnement, le prix Gobert. l'Acadé-
mie des inscriptions et belles-lettres.
Son robuste effort mérite la sanction su-
prême. ','
RICHEPIN EN ALGÉRIE j
« Comme le mélodieux Lamartine re-
tournait au moulin de Milly, dit M. Vic-
tor Barrucand, nous voyons Jean Riche-
pin, au milieu de sa brillante carrière,
désireux de boire, encore aux coupes
profondes de la lumière algérienne. »
Le poète est attendu avec sa jeune fem-
me, aux environs d'Alger et déjà les
ovations se préparent.
LE DÉPART DES HIRONDELLES
Les hirondelles ont de la méfiance, la
persistance inusitée du beau temps ne
leur dit rien qui vaille. Elles n'en Jont
pas moins leurs préparatifs de départ.
J'ai assisté, hier, en la petite ville
de P., à leurs amusantes évolutions,
espèce de répétition générale de l'envol
définitif vers les pays bleus. Elles dé-
crivaient de grands cercles autour
d'une pointe de rocher, s'élançaient sou-
dain vers le large, puis revenaient avec
mille cris plaintifs ou joyeux. De temps
à autre, les plus hardies poussaient des
reconnaissances dans l'azur, ouvrant
ainsi le chemin mystérieux des migra-
tions. Les cigognes les ont devancées,
elles ont. passé sur la région lyonnaise
en colonnes serrées, échappant à tire
d'aile au plomb stupide des chaseurs
« qui tuent tout ce qu'ils voient ».
Le Passant.
M. Zaïmis en Crète
Athènes, le' octobre.
Des déipêches. de Milo annoncent que le
Sjaktiria, ayant à bord M. Zaïmis et bat-
tant pavillon crétois; est arrivé ce matin.
Les canonnières des quatre puissances pro-
tectrices l'ont salué de 17 coups de canon
chacune.
Les commandants des canonnières sont
montés à bord , du SfakUria et M. Zaïmis
s'est ensuite rendu à bord de la canonnière
russe qui, grâce à son ancienneté, con-
duira M. Zaïmis à La Canée.
Les autorftés et la population ont fait au
nouveau Tiaut commissaire une réception
officielle enthousiaste.
ML Zaïmis lancera immédiatement une
proclamation exposant son programme et
remerciant les puissances.
M. CLEMENCEAU ET LES UNIFIÉS
Toulon, 1®'octobre.
Le congrès de la fédération des comités
socialistes- unifiés du Var a terminé ses
travaux.
La question des banquets qui doivent
être offerbs à M. Clemenceau, à l'occasion
de son voyagie dans le Var, a été posée à
la fin des débats. Un conseiller général
unifié 9 demandé que tout unifié qui se
rendrait à l'un de ces banquets fût consi-
déré comme exclu du parti.
D'autre» conseillers- généraux unifiés,
MM. Moïse Bonnet et CblloIIlP, ont atta-
qué M. Clemenceau.
Un-autre unifié, M, Fou raient, conseiller
général, estime'que la présence aux ban-
quets ne doit pas constituer un motif d'ex-
clusion, eu égard à la situation du minis-
tre de l'intérieur dans lequel il faut voir
un élu -du département.
M. Fourment a conclu que, par souci de
l'avenir du parti dans le Var, on devait se
tenir sur la réserve.
Le congrès a décidé alors que, vu les
circonstances, le parti socialiste unifié de-
vait se désintéresser de toute question de
participation aux banquets offerts à M.
Clemenceau.
T »
IA PROPOS D'OSCAR WILDE
L'auteur d'une « Chronique d'Angleterre »,
parue dans la Revue Verte, s'occupe assez
longuement d'Oscar Wilde, tout en repro-
chant aux amis du célèbre esthète de ne
pas laisser dormir en paix l'écrivain qui
a était dans presque tombé dans l'oubli »
et tout en s'excusant auprès des lecteurs de
« les entretenir de cette épave ».
Or, ce brave chroniqueur. qui signe Ata-
lone, ne se contente pas, lui, si j ose em-
ployer sa langue de réveiller l'épave Oscar
Wilde : il réveille toute la famille du ro-
mancier-poète
Son père, chirurgien à Dublin, semble avoir
n'ené une vie assez intempérante et désordonnée.
Sa mère était poète sous le nom de Speranza, et,
avant la naissance de son fils, elle faisait des
vœux ardents pour que son enfant fut une fille.
Le grand-oncle de Lady Wilde était oe person-
nage singulier, Charles Maturin, qui écrivit Mel-
iiioth te Vagabond, Maturin, mélange de talent
baroque et d'insanité, précieux, emphatique, bis
cürnu, qui, quand il avait la fièvre d'écrire, se
celiait au front un pain à cacheter,, pour faire
cennaître à ceux qui pénétreraient chez lui qu'il
ne voulait pas être dérangé. Ce comique de mélo-
drame dut faire sur le fils de Lady. Wilde une
in pression trop profonde, car c'est précisément
le nom de Sébastien Melmoth. que choisit l'hôte
infortunt de la prison de Reading quand il recou-
vra la liberté.
Notre ami Atalone voit donc dans ces ta-
res ancestrales — une mère poète ! — quel-
ques excuses aux actes « monstrueux qui
ont offensé les esprits les moins prudes et
les plus tolérants ».
Pour un peu, il affirmerait qu'Oscar Wil-
de ne pouvait être qu'un désécruilibré, un ir-
responsable. Et tout à coup, par une con-
tradiction incompréhensible, après avoir
établi la dégénérescence de l'écrivain, il
s'élève, il s'indigne contre ceux qui le con-
sidèrent comme un dégénéré, comme un
fou :
Un de ses apologistes a voulu le défendre en
prétendant qu'il était fou. C'est un moyen terri-
ble d'absoudre de son crime un homme qui fut
à la fois poète et auteur dramatique, que de
dire qu'il était sain d'esprit quand il -écrivait
ses meilleures œuvres, et fou quand il commet-
tait ses pires actions.
Pourquoi pas ? N'a-t-on pas découvert et
n'étudie-t-on pas, depuis longtemps, d'une
façon rigoureusement scientifique, les in-
nombrables phénomènes de double cons-
cience ?
Dans son De Profundis, Oscar Wilde n'a-
t-il pas décrit lui-même les phases de sa fo-
lie ?
Je m'entourai, avoue-t-il, de petits caractères
et d'esprits mesquins. Je devins le prodigue de
mon pronre génie et j'éprouvai une jÕie bizarre
à gâcher une éternelle ieunesse. Las d'être dans
les hauteurs, je descendis délibérément dans les
profondeurs, à la recherche de sensations nou-
velles. Ce qu'était pour moi le paradoxe dans
la sphère de la pensée, la perversité le fut dans
la sphère de la passion. Le désir, à la fin, fut
une maladie, ou une folie, ou tous les deux.
Dans une des plus belles études qu'on
ait faites d'Oscar Wilde et qui sert de pré-
face à la traduction à. IfttCYitioïis (1) Charles
Grolleau dit excellemment :
Ses erreurs ont à l'origine un besoin d'étonner.
O qui nous arrête et nous émeut, c'est qu'elles
deviennent terriblement réelles par cette impé-
rieuse loi qui oblige certains esprits à incarner
tout leurs rêves. Quant à l'ceuvm, si elle est
exquise, elle n'est pas émouvante. Elle pourrait
suffire à rendre célèbre plus d'un artisan des
lettres, mais notre exigence à son égard vient
de ce désaccord aperçu nettement entre l'homme
plein d'une vie intense et l'esthète trop habilp
qui l'élabora. C'est d'ailleurs ce divorce entre
l'irtelligence et la volonté qui fut tout le drame
d-2 la vie du poète anglais.
On ne pardonne à personne d'avoir du
génie ou simplement du talent ; mais lors-
que le talent et le génie se font un piédestal
d'orgueil et de dédain, la haine ne connait
plus de bornes. Quand Oscar Wilde fut
condamné au hard labour, ce furent, chez
tous les médiocres qu'il avait humiliés, des
rugissements de triomphe.
Bien qu'il n'eût pas été un grand poète, dit
Hugues Rebell, bien qu'on prit prétexte de ses
mœurs pour le condamner, c'était bien tout de
même l'art et l'homme de lettres que l'on con-
damnait en lui.
A propos de Byron, — dont la mère était
à moitié folle et le père de mœurs dissolues
— Macaulay avait écrit : « Nous ne con-
naissons pas de spectacle plus ridicule que
celui du public anglais à un de ses périodi-
quesaccèS, de moralité. »
Pour l'auteur d'Intentions, de Salomé, ce
fut un spectacle atroce, si atroce qu'Octave
Mirbeau ne, put s'empêcher de flageller las
bourreaux de cette protestation vengeresse:
On ne lui a pas pardonné d'être l'homme de
pensée et l'esprit impérieux — par conséquent
véritablement dangereux — qu'il est.
Wilde est jeune, il a devant lui tout un ave-
nir il a prouvé; par des œuvres charmantes et
fortes, qu'il pouvait beaucoup pour la beauté
et pour l'art. N'est-ce donc point une chose abo-
minable que, pour réprimer des actes qui ne
sent point punissables en soi, on risque de tuer
quelque chose de supérieur aux lois, à la mo-
rale, à tout : de la beauté ! Car les lois chan-
gent, les morales se transforment ; et la beauté
demeure immaculée, sur les siècles qu'elle seul
illumine. -1b
Est-ce que le génie, comme tout ce qui dé-
passe l'entendement ordinaire des hommes,
n'a pas été considéré de tout temps comme
une sorte de folie, une folie spéciale qui
reste notre seule puissance créatrice ? Et
nous convient-il, à nous qui en bénéficions
et en jouissons sans en souffrir, d'en faire
-un crime à ceux qui en sont atteints et
tourmentés ? < -
Quel obscur cerveau reprochera à New-
ton, à Salomon de Caus, à 2immermann, à
Manzoni, à Guy de Maupassant, d'être
morts fous ? A Dante, à Donizetti, à O'Con-
nel, à Pascal,, à Baudelaire, à Bernardin
de Saint-Pierre, à J.-J. Rous-seau, à Flau-
bert, à Auguste Comte; à Schopenhauer, à
Nietzsche, d'avoir éprouvé lles hallucina-
tions ou des accès d'aliénation mentale ? A
Kânt, d'avoir eu une sœur démente ? A
Beethoven, d'avoir eu un pèke alcoolique ?
A Renan; d'avoir eu un oncle idiot et un
grand'père qui perdit la raison- ? > '-
- - r i
(1) mentions, trad. de Hugues Rebell, préface
de Charles Grolleau, édit., Ch. Carrington, Paris.
7' ,, 1. - .,.
La vérité, qui doit nous rendre doux et
humbles de cœur et nous inspirer la plus
vive compassion, les uns pour les autre-s, la
vérité, mon cher Atalone, c'est que nous
sommes tous fous, plus ou moins — mais
rarement, cependant, au point d'avoir du
génie.
C. de Vorney.
«i
CHRONIQUE
Le Concours Lépine
Dans les jardins de l'Alcazar dEté,
favorisé par un temps magnifique, atti-
rant chaque jour une foule considéra-
ble de grandes et petites personnes, se
déroule le sixième concours de jouets
et articles de Paris, institué par notre
distingué préfet de police, M. Lépine.
Nous ne voulons pas rappeler les ori-
gines de cette manifestation si* intéres-
sante et si utile, mais constater son suc-
cès grandissant et sa vogue sans cesse
croissante. Jamais innovation ne fut
plus heureuse et la consécration que
Paris a donné et donne encore tous. les
jours à cette idée démontre suffisam-
ment combien l'idée du préfet fut bon-
ne. Nous ne connaissions pas, comme xi
le faut, le labeur de ces modestes ou-
vriers, de ces petits patrons qui vien-
nent apporter - dans cette exposition le
fruit de leur talent, de leur ingéniosité,
de leur science et de leur persévérance.
Le public qui, dans tes bazars, achète
ces jouets ou ces articles, ignorait par
qui et comment se fabriquaient ces pe-
tites merveilles qui ont fait notre répu-
tation de goût et d'habileté.
La section des jouets à l'Exposition
de 1900 avait été un commencement d'é-
ducation pour nous. Le remarquable
rapport de M. 'Léo Claretie, secrétaire-
rapporteur de cette classe, nous avait
fourni de précieuses indications ; le
concours institué par M. Lépine a com-
plété heureusement cette première sé-
- rie d'efforts - tentés pour stimuler ce zèle
de nos inventeurs, petits fabricants,
pour ranimer le courage de ceux que la
concurrence redoutable qui nous est
faite sur ce terrain par l'Allemagne
effraient.
Nous voyons encore dans rette insti-
tution de nombreux avantagés, au pre-
mier rang desquels nous 1. rangeons ce-
lui-ci : la facilité pour les commission-
naires de voir tes objets-
Si nous allons à Leipzig, au moment
de la foire, une journée suffit pour tout
examiner let l'acheteur peut terminer
ses affaires, régler ses achats, en quel-
ques heures. A Paris, avant que M. Lé-
pine n'ait exécuté son idée, ce n'est pas
un jour qu'il eût fallu ; pas même une
semaine : nos fabricants sont dans tous
les quartiers. A ce concours, j'en ai vu
de Grenelle, de Ménilmontant, de la Fo-
lie-Méricourt, de-Malakoff, de Necker.
de Plaisance ; tous exposant tin objet
intéressant, émettant une idée. Il n'est
pas douteux qu'en organisant cette ex-
position, prenant chaque année une ex-
tension plus grande; le préfet de police
n'ait rendu à Tiridustrie du jouet un
service signalé.
On pourrait certainement • adresser
quelques critiques très, rares — mais
elles sont (le peu d'importance, et les
quelques défauts que nous trouvons
disparaîtront peu à peu. Il faut que le
Comité limite exactement ce que l'on
entend par jouets, jeux et articles de
Paris, et qu'il refuse l'entrée du Con-
cours à des objets qui n'ont aucun rap-
port, ou un rapport très lointain, avec
les objets rentrant dans ces catégories.
Le succès du Concours n'est pas .obtenu
par la quantité de choses exposées,
mais pair la qualité : il est à Paris assez
d'expositions pour que certains articles
ne perdent rien à être exclus de ce Con-
cours.
Une autre question se pose à l'occa-
sion de ce Concours, et il - serait - indis-
pensable que le Parlement la solution-
ne : la question de la propriété. - Une loi
doit intervenir pour protéger l'ifîvenfeur.
Nous aurons l'occasion d'y revenir,
mais nous pouvons dire qu'une solution
doit intervenir à bref délai. Ce Con-
cours donnera de magnifiques résul-
tats, le jour où ce problème sera résolu.
Ce que l'on fait pour les gros pourrait
être fait et doit être fait pour les petits.
Inventeurs, fabricants, ou simples vi-
siteurs, qui revoient non sans émotion
les jouets de leur enfance, ou regardent
les perfectionnements -apportés aux
poupées, Jsoldats. chemins de far iou
théâtres, tous ne peuvent qu'approuver
- il y a unanimité sur ce point, ce qui
est peu commun en France et mérite
d'être signalé pour' la rareté du fait —
l'initiative de M. Lépine. En instituant
ce Concours, et en lui continuant sa
bienveillance, notre' préf.et nous a mon-
tré qu'il ne se préoccupait pas seule*
ment de faire la guerre aux apaches et
d'assurer la tranquillité de la rue, mais
aussi de tout ce qui intéresse ses ad-
ministrés..L'hommage qu'une partie de
ceux-lui lui adressent est des plus mé-
rités.
Fernand Cervais.
» —
AU MAROC +
Tahgfer 1er octobre.
M. Gaillard, consul de France à Fez, de
retour.. de congé, est parti aujourd'hui de
Fez pour El-Ksar..
A la suite de l'incident, survenu au fils
-de. Thami Slaoui, sujet marocain protégé
par les Etats-Unis, violenté par un soldat,
le caïd Relia, d'El-Ksar, ;a laissé fuir le
soldat coupable, moyennant une somme
-d'argent. M. Gummeré a protesté très
énergiquement et exigé qu'une troupe de
cavaliers aille chercher le caïd et le ramène
à Fez prisonnier. Il demande, en outre, unl
forte indemnité et un châtiment.
(Voir 14 suite en DEUXIEME EDITION)
LES VANDALES
Je me suis promené hier avec un ami
qui n'avait pas revu Paris depuis vingt
ans. -
Arrivés place de la Madeleine, mon aail
poussa un cri-à donner le mors aux dente*
à un escargot.
— Oh l l'horreur 1 Oh ! les vandales I
clama-t-il.
— Qu'y à-t-il ? Que te prend-il ? incTé*
criai-je tout effaré.
— Ils ont rempla-cé ma jolie fontaine par
cet abominable pain de aucre ! hurla mon
ami en me désignant le monument de Jules
Simon.
— Ce n'est que ça: ! fis-je. Tu en verras
bien d'autres 1 Tu ne sais donc pas qu'on
a voulu remplacer les ravissantes fontai-
nes de la place du Théâtre français par
deux statues ? Si tu en doutes, demande-
le à l'Alfred de Musset qui, à deux P"
de là, se trouve mal entre les bras d'une
femme dont un geste éploré semble dé-
signer le pharmacien du coin.
Si ce menu détail t'impressionne, tu n'es
pas au bout de tes émotions, mon pauvre
vieux. Il te sera réservé d'autres surprises
dans nos pérégrinations. Tu trouveras des
statues partout *, tu verras, devant la gare
de l'Est, un hideux kiosque masquer toute
la perspective du boulevard de Sébastopol
et tu rencontreras, au bout de chaque ave-
nue, un bonhomme en complet noir à
42 fr. 50 qui est placé là, sur un piédestal,
pour permettre à la sculpture d'écouler
ses rossignols. -
— ues étrangers, répliqua mon ami, des
étrangers habitués au confort des métro-
poles modernes, m'avaient bien dit que Pa-
ris était mal entretenu et mal éclaïré ;
mais personne ne m'avait laissé supposer.
que mon pauvre Paris s'était enlaidi
Il fallait que je revinsse du fond de l'A-
mérique pour constater ce fait navrant.
Quel est le sauvage qui a substitué, à la"
charmante et gazouillante fontaine 'de la
place de la Madeleine, cette affreuse sta-
tue ? Nos artistes sont donc devenus
muets ? Perdent-ils le goût du Beau ? A
leur place, j'aurais fait l'impossible pour
empêcher ce crime contre Paris.
N'aurait-on pas .pu statufier .Jules Si-
mon ailleurs ? C'est parce qu'il a demeuré
là, me dLs-tu. La belle affaire ! s'il fallait
élever un monument en face des fenêtres
de chaque homme éminent, nos rues res-
sembleraient à un dépôt de marbrier.
La place ne vous manque pourtant pas
pour immortaliser en bronze, en zinc, en
stuc ou en marbre toute la clientèle fu-
nèbre de vos sculpteurs.
S'il vous faut des contremarques de la*
Belle-Jardinière et des apothéoses en re-.
dingote, flanquez-en une collection là où
ils ne gênent ni les frondaisons ni les oi-
seaux. Il ne manque pas de places sans
fontaines, sans bosquets, où il vous serai
possible d'ajouter un enlaidissement. Mais
laissez en repos vos fontaines, vos bassins,
vos charmilles et respectez vos perspecti-
ves que vous bouchez avec une incons-
cience vraiment grotesque. 1
Ainsi parla mon ami en jetant un regard 1
navré sur le placide Jules Simon qui ne j
paraissait pas se douter de la douleur I
qu'il venait de causer.
Mon ami avait-il tort ?
Je n'oserai pas l'affirmer.
JEAN CLERVAL.
LE VOYAGE DEM. FALLIËRËS
D'Agen à Mézin. — L'accueil des Mézinois.
- A la mairie. — Amicales réceptions.—
Le banquet. — Toast du Président.
La fin des fêtes., — L'arrivée à
Loupillon.
Agen, 1er octobre:
A 8 h. 1/2, les 3.000 hommes de troupes
qui avaient rendu les honneurs au chef ùe
l'Etat, lors de son arrivée à Agen. s'éche-
lonnent, formant la haie de la maison de
Mme Lanes, où habitait M. Fallièras, à La
gare.
M. Filières, accompagné des ministres, du
génral de Rouvran, du maire et des autres
personnages officiels, arrive à 9 h. 25 à la
gare où il prend congé de la. municipalité,
exprimant au maire toute la joie que lui a
fait éprouver son séjour -à Agen.
De superbes corbeilles de fleurs sont offer-
tes pour Mme Fallières.
A 9 h. 1/2, le train présidentiel prend la
direction de Mézin.
, Une panique
Après le départ du Président, des bœufs
se sont affolés, se .sont lancés dans la foule
et ont fait plusieurs victimes, dont une octo-
génaire, un homme de 56 ans et une fillette
de 9 ans. -
L'rrivée à Mézin
Mézin, 1er octobre.
Le train arrive à 10 h. 30 en gare de Mé-
zin. L'accueil de la population est chaleu-
reux.
Sur le quai, le conseil municipal reçoit le
président. Le maire, M. Dupyeion, lui sou-
haite la bienvenue.
'- Vous avez raison de dire, répond M. Fal-
lières, que Mézin-est le but de. mon voyage. Je
suis Mézinais. C'est ici que je suis né, il y a
bien longtemps malheureusement.
Je viens .en enfant de Méain allant chez lui,
vers son foyer. Je ae m'appartiens pas èt j'ai-
merais mieux passer un mois parmi vous plu-
tôt que quelques heures.
Le cortège se forme. Les chasseurs à che-
val. forment l'escorte ; un bataillon du 83*
de ligne rend les honneurs. Le cortège se
rend à la mairie.
Les réceptions officielles
Les" réceptions des autorités ont lieu il
la mairie; qui - formait autrefois une pro-
priété privée, et dans une salle où- M. Fal-
lières" tout enfant, avait coutume de venir
s'amuser avec un enjouement exubérant que
ses camarades êe plaisent à rappeler. Les
réceptions n'ont, d'ailleurs, aucun caractère
officiel.
Le Président connaît tous les maires, tous
les fonctionnaires, tous les instituteurs et
avec tous il s'entretient, le plus souvent en
patois, de la façon la plus familière et. la
plus cordiale, de leurs familles, de leurs tra-
vaux dos questions d'ordre public qui les
préoccupent et de la solution desquelles il
s'occupait autrefois. Les poignées de nâk
CTTVQ CENTIMES LS ÎTOMEHO
MERCREDI 3 OCTOBRE 1906. - Nn 13354
jfONOftTEUR : AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
,.-----, Il MIl Trois..i. IJ* M
'arts. 2fr. 5fr. 9fr. t8 rr
Départements.2- 6— AI— 20 —
Union Postale. 3 - 9 - 16 32—
DIRECTEUR POLITIQUE: CHARLES BOS
- Al\U\TONCES-.;-' ; ry
MM. CH. LAGRANGE, CERF & FF
6, Place de la Bourse, 6 A
ET AUX BUREAUX DU JOURNAL
Secrétaire Général : A.-F. CZCCALDI
RÉDACTION : 14, RUE DU MAIL, PARIS. - TÉLÉPHONÉ 102.82
1 Adresser les communications au Rédacteur en Chef
-
Rédacteur en Chef : HENRY MARET
ADMINISTRATION. : 14, RUE DU MAIL. » TELEPHONE 103.83
Adresser lettres et mandais d l'Administrateur :
La grève des bêtes
J'ai rencontré l'autre jour Unoreille.
IUnoreille, ainsi nommé, j'en appelle a
nos souvenirs littéraires, parce qu'il n'a
,qu'un seul cornet auditif — sa mère lui
ayant peu à peu rongé l'autre, tant elle
te trouvait à son goût, et bien léché.
Hnoreille, fils du glorieux ours pyré-
rénen Atta-Troll, le héros du poème épi-
que de Henri Heine.
- Et moi aussi, a grogné l'héritier
'd'Atta-Troll, et moi aussi, me voilà cap-
tif chez les hommes et dansant au son
d'une musique infâme.
Unoreille - a la cloison nasale percée
et engagée dans un anneau. À l'anneau
est attachée une chaîne que tient le
iJornptpur. Chaque fois que l'homme tire
sur la chaîne, l'anneau se tord dans la
blessure de l'ours ; et l'ours se dresse
Sur ses pieds de derrière et pousse un
ronflement de douleur et de rage. La
danse, ainsi comprise, n'est pas un plai-
sir.
Dans le village où nous passions, le
public n'est ni nombreux, ni généreux ;
le dompteur se fatigua de donner le
Spectacle sans profit ; il s'assit sur le
revers d'un fossé et se mit à déjeuner.
Sa bête s'étendit à l'ombre d'un mur.
Je m'approchai d'elle et formulai une
demande d'interview.
, 1r**
Ma foi, s'éciiu Unoreille, je vous
cède la moitié de l'ombre de mon mur.
Mettez-vous à côté de moi et ne craignez
ni ma dent ni ma griffe. J'ai horreur des
hommes. Pourtant, je suis heureux de
causer avec vous. Les journalistes sont
,.Peut -êtr e les moins mauvais des hom-
mes. Quand ils font le mal, c'est la plu-
part du temps sans le savoir, et parce
qu'ils sont quelauefois plus sots que
méchants. Pardonnez cette appréciation
à la franchise d'un montagnard. Ils mè-
nent à l'occasion une hyène à là recher-
che du cadavre d'un curé très vivant ;
mais on ne les a encore jamais surpris à
passer des anneaux de fer dans le nez
des ours. Us sont totalement étrangers
à mon supplice, et je leur sais gré de
défendre de temps à autre les animaux
dans leurs articles.
— Je Vois, observai-je, que les reven-
dications si éloquemment formulées par
imonsieur votre père n'ont pas été: aban-
données par vous. ;
- Dites bien à vos lecteurs me re-
commanda Unoreille, que la grande idée
d'Atta-Troll n'est qu'en apparence tom-
bée dans l'oubli.
— La grande idée ?
- Oui, l'Idée, avec un grand I. L'I-
dée par excellence. Le projet de la libé-
ration définitive et complète du monde
animal ; la doctrine qu'on pourrait nom-
mer a l'animalisme intégral ».
— Et votre méthode d'action ?
— Celle d'Atta-Troll : la grève géné-
rale.
— Avez-vous pressenti la Confédéra-
tion du Travail ?
— Non. Les syndicalistes de la Confé-
dération sont des hommes, après tout.
Les hommes, divisés entre euxt forment
un bloc solidaire contre le prolétariat
animal. Nous n'avons pas à compter sur
eux pour la révolution des bêtes. Pla-
çons-nous résolument sur le terrain' de
la lutte des espèces. Animaux de toutes
les classes unissons-nous. -
- Votre programme ?
- Le ciel à l'oiseau, la mer au pois-
son, la forêt au gibier, le pré au rumi-
nant, 4a montagne au plantigrade.
— La doctrine d'Atta-Troll, c'est
vrai.
— Sans atténuation. Atta-Troll, quel
précurseur ! A une époque où les char-
mes de la grève générale n'avaient pas
séduit les hommes, il en a formulé le
dogme. Puis, il a compris crue la révolte
était • le droisb sacré de tout être vivant
!et digne de la liberté. La loi reconnaît
à l'ouvrier de refuser ses services à l'em-
ployeur. Comment ne reconnaît-elle pas
"ù J'animal, le plus déshérité des travail-
leurs, de chômer contre le désir de son
nuîtn: ?
- y a-t-il pas quelque chose de chi-
mérique dans votre plan ?
— Pas plus que dans les plans des
réformateurs de l'espèce humaine. Les
ressources multiples de l'action directe
s'onrent à nous comme à vos syndica-
tlistes révolutionnaires- Nierez-vous que
île cheval qui envoie des ruades dans sa
[Voiture au lieu de la traîner soit le type
du sabotteur ? Voulez-vous que je cite un
remarquable cas de boycottage ? Les
'chevaux encore nous permettront de
'l'observer. Dans une écurie, un palefre-
nier vole l'avoine. On attelle les che-
Naux, ils refusent d'avancer ; une en-
quête est ouverte et le palefrenier est
renvoyé. La grève générale est le seul
procédé auquel les animaux n'aient pas
encore eu recours ; c'est le plus puis-
sant, mais il exige une organisation
préalable. La loi de notre énoque est
l'union des faiblesses contre les forces
isolées et par cela même limitées. Si
puissant que soit l'homme, le jour où il
sera isolé devant les animaux unis, il
sera perdu.
***
Nous en étions là de notre dialogue
quand arrivèrent des gendarmes. Ils in-
terrompirent le repas du montreur
d'ours et lui enjoignirent de déguerpir.
Ils lui déclarèrent que la circulation des
nomades était interdite dans l'étendue
du département.
— Comment voulez-vous qu'un noma-
de ne circule pas ? grommelait le domp-
teur.
Néanmoins, il fallut partir et se lais-
ser conduire par les gendarmes jusqu'à
la lisière du département.
Je pris congé d'Unoreille.
- Votre rêve est terrifiant, lui dis-je.
Ce n'est heureusement qu'un rêve. Con-
trairement à votre assertion. l'émancipa-
tion des animaux ne sera point l'œuvre
des animaux eux-mêmes. Elle sera la
besogne des hommes. Ils s'imposeront à
votre reconnaissance, quoi que vous en
ayez. Voilà que les gendarmes s'oppo-
sent à laisser les montreurs d'ours con-
tinuer leur exploitation- Nous fabriquons
des automobiles qui débarrasseront les
chevaux du harnais.
— Quand nous ne vous servirons plus
à rien, vous nous supprimerez. La terre
devient trop étroite pour l'homme. Il ne
se contente plus d'être le maître ; il veut
être l'unique locataire du monde, avec
ses machines. Pourtant, qu'il se méfie :
l'Eternel a dit : « Il n'est pas bon que
l'homme soit seul. »
J'allais. protester contre cette applica-
tion erronée du texte biblique. Je n'en
eus pas le temps. Le dompteur tira sur
la chaîne et Unoreille partit en grognant.
Hugues Destrem.
-O> - , -----
LES ON-DIT
ANTIMILITARISTES
Puisque nos antimilitaristes
se déclarent prêts à ne pas nous
défendre au cas où nous se-
rions attaqués par l'étranger,
nous réclamerons d'eux une
dernière grâce : .ce serait d'al-
ler en Allemagne prêcher les socialistes.
Car les socialistes allemands ne veulent
pas entendre parler d'antimilitarisme. A
quelques-uns qui voulaient poser la ques-
tion, en constituant un comité antimilita-
riste, Bebel répondait : « Si vous accep-
tez cette motion, choisissez des organes
pour rexécuter, car nous, nous ne nous
associerons pas à cette propagande. » Et
il n'y a pas longtemps, le 20 septembre,
Bebel avait dit déjà : « Si réellement
nous voulions déchaîner la grève géné-
rale au moment d'une déclaration 5e
guerre, on aurait tort de nous ménager.»
Ces paroles paraîtront assez claires, je
pense, à nos antimilitaristes pour les en-
gager à adopter notre proposition d'au-
jourd'hui, laquelle consiste à les prier
d'aller porter la lumière antimilitariste
dans l'esprit de Bebel et des socialistes
allemands, afin, du moins, qu'en cas de
guerre, l'armée berlinoise ne nous tombe
pas sur le dos, fringante et féroce bien
que socialiste allemande, alors que nous,
n'aurions plus à lui opposer qu'une ab-
sence d'armée
Il est d'autant plus urgent pour les an-
timilitaristes eux-mêmes d'aller prêcher
dans leur pays M. Bebel et ses nombreux
compatriotes, — quelque chose comme
60 millions d'hommes, — que si les an
timilitaristes ne triomphent que chez
nous, les socialistes allemands, réunis
sous les étendards du Kaiser, viendront
les chercher, p.ufant que possible, sur les
rives de la Seine, et qu'il sera alors bien
tard pour les engager à -ne point mar-
cher. -.
LA GUERRE DE 1870
Racontée par le 1 Rappel 8
Numéro du 4 octobre 1870
Strasbourg et Toul. — Ministère de
l'intérieur : « Toul et Strasbourg vien-
nent de succomber. Elles ont, en tom-
bant, jeté un regard vers Paris, pour
affirmer, une fois de plus, l'unité et l'in-
tégrité de la patri. - LÉON GAMBETTA. »
« Nos frères d'Alsace et de Lorraine
nous oht montré ce que peut la cons-
tance unie à l'héroïsme. Prenons-les
pour modèles, et nous réussirons, là où
ils ont échoué. — FRANÇOIS-VICTOR
HUGO. » '.,
Journal du siège. - 2 octobre, rap-
port militaire : « Tous les prisonniers
enlevés par nos reconnaissances mani-
festent leur profond étonnement de n'ê-
tre pas fusillés sur place, idée que ré-
pandent les officiers ennemis dans leurs
troupes pour empêcher la 'dése.rtion.. »
Les on-dit du rempart. — « A la porte
du quartier général de la garde natio-
nale, dans la grande rue de Montrouge
(dimanche), queue d'hommes et de fem-
mes allant demander des permis de cir-
culation pour franchir lé mur d'encein-
te. On a beau leur'dire que la banlieue
n'est pas sûre ; il faudrait d'autres dan-
gers pour faire peur aux Parisiens. »
« Hier matin a eu lieu la cérémonie
de la remise des étendards aux batail-
lons de- la-garde nationale récemment
formés. »
Zigzags 'dans Paris, « Le jour du
combat de Chevilly, un batai'llon de li-
gne est sorti nuitamment de Paris ooûr
aller prendre position. En passant par
la porte des remparts, l'un des soldats,
en serrant la tmain à un des gardes na-
tionaux de service. — Au revoir, mon
vieux, lui dit-il, donnez-vous une con-
tremarque pour la rentrée ? — Inutile,
rapportez un Prussien et je vous recon-
naîtrai. — ERNEST BLUM. »
Aux infirmières des remparts. — « Ci-
toyennes, en attendant l'heure d'être
utiles à la défense de Paris, vous ne
voudrez pas rester inactives. Dans des
temps comme les nôtres, être un instant
inutile est une trahison. Aidez-nous à
trouver de l'ouvrage, car le peuple de
la République veut du travail, et n'ac-
cepte de secours que quand les petits
enfants pleurent en demandant du pain.
Aidez-nous, citoyennes, la tâche est dif-
ficile, mais rien n'est impossible pour
sauver la patrie. Vive la République !
- Louisg, MICHEL, membre de la com-
mission du travail, 24, rue Oudot, Mont-
martre-Clignancourt. »
Avertissements et questions.- « L'ad-
ministration s'empresse de faire Cc-inaî-
tre au public l'ouverture de nouvelles
boucheries de cheval, dont la nomencla-
ture suit (ces nouvelles boucheries sont
au nombre de onze). Le nombre des
chevaux livrés à la consommation suit
d'ailleurs une rapide progression, qui
atteste l'empressement du public. Le
nombre, qui, d'abord, n'était que de
vingt ou trente par jour, s'est élevé à
141, 195 et 275 dans les trois dernières
journées. »
« Les citoyens munis de cartes de
consommation remises à domicile par
le Comité de défense du neuvième ar-
rondissement, sont priés de se présen-
ter, pour la signature, au siège du Co-
mité, rue Drouot, 5, à partir de mardi
4 octobre, de onze heures du matin à
quatre heures du soir. »
M. CHUQUET A L'ACADÉMIE FRANÇAISE
M. Arthur Chuquet a posé définitive-
ment sa candidature au fauteuil du re-
gretté Albert Sorel. L'éminent membre
de l'Institut était tout désigné pour suc-
céder à l'historien de la diplomatie
française pendant la Révolution. Ses sa-
vantes études sur les campagnes de la
Révolution, sur la littérature alleman-
de, son Précis admirable de la guerre
de 1870, devenu classique même chez
l'ennemi, ses monographies des épiso-
des essentiels du grand drame de l'An-
née terrible, et tant d'autres travaux
échappés de sa plume infatigable lui
permettent de soutenir sans désavanta-
ge la comparaison périlleuse avec l'é-
mule et l'ami qu'il ambitionne de rem-
placer sous la coupole. Il a suivi, du
reste, le même chemin que lui pour ar-
river au bout du pont des Arts : le haut
ensiegnement, le prix Gobert. l'Acadé-
mie des inscriptions et belles-lettres.
Son robuste effort mérite la sanction su-
prême. ','
RICHEPIN EN ALGÉRIE j
« Comme le mélodieux Lamartine re-
tournait au moulin de Milly, dit M. Vic-
tor Barrucand, nous voyons Jean Riche-
pin, au milieu de sa brillante carrière,
désireux de boire, encore aux coupes
profondes de la lumière algérienne. »
Le poète est attendu avec sa jeune fem-
me, aux environs d'Alger et déjà les
ovations se préparent.
LE DÉPART DES HIRONDELLES
Les hirondelles ont de la méfiance, la
persistance inusitée du beau temps ne
leur dit rien qui vaille. Elles n'en Jont
pas moins leurs préparatifs de départ.
J'ai assisté, hier, en la petite ville
de P., à leurs amusantes évolutions,
espèce de répétition générale de l'envol
définitif vers les pays bleus. Elles dé-
crivaient de grands cercles autour
d'une pointe de rocher, s'élançaient sou-
dain vers le large, puis revenaient avec
mille cris plaintifs ou joyeux. De temps
à autre, les plus hardies poussaient des
reconnaissances dans l'azur, ouvrant
ainsi le chemin mystérieux des migra-
tions. Les cigognes les ont devancées,
elles ont. passé sur la région lyonnaise
en colonnes serrées, échappant à tire
d'aile au plomb stupide des chaseurs
« qui tuent tout ce qu'ils voient ».
Le Passant.
M. Zaïmis en Crète
Athènes, le' octobre.
Des déipêches. de Milo annoncent que le
Sjaktiria, ayant à bord M. Zaïmis et bat-
tant pavillon crétois; est arrivé ce matin.
Les canonnières des quatre puissances pro-
tectrices l'ont salué de 17 coups de canon
chacune.
Les commandants des canonnières sont
montés à bord , du SfakUria et M. Zaïmis
s'est ensuite rendu à bord de la canonnière
russe qui, grâce à son ancienneté, con-
duira M. Zaïmis à La Canée.
Les autorftés et la population ont fait au
nouveau Tiaut commissaire une réception
officielle enthousiaste.
ML Zaïmis lancera immédiatement une
proclamation exposant son programme et
remerciant les puissances.
M. CLEMENCEAU ET LES UNIFIÉS
Toulon, 1®'octobre.
Le congrès de la fédération des comités
socialistes- unifiés du Var a terminé ses
travaux.
La question des banquets qui doivent
être offerbs à M. Clemenceau, à l'occasion
de son voyagie dans le Var, a été posée à
la fin des débats. Un conseiller général
unifié 9 demandé que tout unifié qui se
rendrait à l'un de ces banquets fût consi-
déré comme exclu du parti.
D'autre» conseillers- généraux unifiés,
MM. Moïse Bonnet et CblloIIlP, ont atta-
qué M. Clemenceau.
Un-autre unifié, M, Fou raient, conseiller
général, estime'que la présence aux ban-
quets ne doit pas constituer un motif d'ex-
clusion, eu égard à la situation du minis-
tre de l'intérieur dans lequel il faut voir
un élu -du département.
M. Fourment a conclu que, par souci de
l'avenir du parti dans le Var, on devait se
tenir sur la réserve.
Le congrès a décidé alors que, vu les
circonstances, le parti socialiste unifié de-
vait se désintéresser de toute question de
participation aux banquets offerts à M.
Clemenceau.
T »
IA PROPOS D'OSCAR WILDE
L'auteur d'une « Chronique d'Angleterre »,
parue dans la Revue Verte, s'occupe assez
longuement d'Oscar Wilde, tout en repro-
chant aux amis du célèbre esthète de ne
pas laisser dormir en paix l'écrivain qui
a était dans presque tombé dans l'oubli »
et tout en s'excusant auprès des lecteurs de
« les entretenir de cette épave ».
Or, ce brave chroniqueur. qui signe Ata-
lone, ne se contente pas, lui, si j ose em-
ployer sa langue de réveiller l'épave Oscar
Wilde : il réveille toute la famille du ro-
mancier-poète
Son père, chirurgien à Dublin, semble avoir
n'ené une vie assez intempérante et désordonnée.
Sa mère était poète sous le nom de Speranza, et,
avant la naissance de son fils, elle faisait des
vœux ardents pour que son enfant fut une fille.
Le grand-oncle de Lady Wilde était oe person-
nage singulier, Charles Maturin, qui écrivit Mel-
iiioth te Vagabond, Maturin, mélange de talent
baroque et d'insanité, précieux, emphatique, bis
cürnu, qui, quand il avait la fièvre d'écrire, se
celiait au front un pain à cacheter,, pour faire
cennaître à ceux qui pénétreraient chez lui qu'il
ne voulait pas être dérangé. Ce comique de mélo-
drame dut faire sur le fils de Lady. Wilde une
in pression trop profonde, car c'est précisément
le nom de Sébastien Melmoth. que choisit l'hôte
infortunt de la prison de Reading quand il recou-
vra la liberté.
Notre ami Atalone voit donc dans ces ta-
res ancestrales — une mère poète ! — quel-
ques excuses aux actes « monstrueux qui
ont offensé les esprits les moins prudes et
les plus tolérants ».
Pour un peu, il affirmerait qu'Oscar Wil-
de ne pouvait être qu'un désécruilibré, un ir-
responsable. Et tout à coup, par une con-
tradiction incompréhensible, après avoir
établi la dégénérescence de l'écrivain, il
s'élève, il s'indigne contre ceux qui le con-
sidèrent comme un dégénéré, comme un
fou :
Un de ses apologistes a voulu le défendre en
prétendant qu'il était fou. C'est un moyen terri-
ble d'absoudre de son crime un homme qui fut
à la fois poète et auteur dramatique, que de
dire qu'il était sain d'esprit quand il -écrivait
ses meilleures œuvres, et fou quand il commet-
tait ses pires actions.
Pourquoi pas ? N'a-t-on pas découvert et
n'étudie-t-on pas, depuis longtemps, d'une
façon rigoureusement scientifique, les in-
nombrables phénomènes de double cons-
cience ?
Dans son De Profundis, Oscar Wilde n'a-
t-il pas décrit lui-même les phases de sa fo-
lie ?
Je m'entourai, avoue-t-il, de petits caractères
et d'esprits mesquins. Je devins le prodigue de
mon pronre génie et j'éprouvai une jÕie bizarre
à gâcher une éternelle ieunesse. Las d'être dans
les hauteurs, je descendis délibérément dans les
profondeurs, à la recherche de sensations nou-
velles. Ce qu'était pour moi le paradoxe dans
la sphère de la pensée, la perversité le fut dans
la sphère de la passion. Le désir, à la fin, fut
une maladie, ou une folie, ou tous les deux.
Dans une des plus belles études qu'on
ait faites d'Oscar Wilde et qui sert de pré-
face à la traduction à. IfttCYitioïis (1) Charles
Grolleau dit excellemment :
Ses erreurs ont à l'origine un besoin d'étonner.
O qui nous arrête et nous émeut, c'est qu'elles
deviennent terriblement réelles par cette impé-
rieuse loi qui oblige certains esprits à incarner
tout leurs rêves. Quant à l'ceuvm, si elle est
exquise, elle n'est pas émouvante. Elle pourrait
suffire à rendre célèbre plus d'un artisan des
lettres, mais notre exigence à son égard vient
de ce désaccord aperçu nettement entre l'homme
plein d'une vie intense et l'esthète trop habilp
qui l'élabora. C'est d'ailleurs ce divorce entre
l'irtelligence et la volonté qui fut tout le drame
d-2 la vie du poète anglais.
On ne pardonne à personne d'avoir du
génie ou simplement du talent ; mais lors-
que le talent et le génie se font un piédestal
d'orgueil et de dédain, la haine ne connait
plus de bornes. Quand Oscar Wilde fut
condamné au hard labour, ce furent, chez
tous les médiocres qu'il avait humiliés, des
rugissements de triomphe.
Bien qu'il n'eût pas été un grand poète, dit
Hugues Rebell, bien qu'on prit prétexte de ses
mœurs pour le condamner, c'était bien tout de
même l'art et l'homme de lettres que l'on con-
damnait en lui.
A propos de Byron, — dont la mère était
à moitié folle et le père de mœurs dissolues
— Macaulay avait écrit : « Nous ne con-
naissons pas de spectacle plus ridicule que
celui du public anglais à un de ses périodi-
quesaccèS, de moralité. »
Pour l'auteur d'Intentions, de Salomé, ce
fut un spectacle atroce, si atroce qu'Octave
Mirbeau ne, put s'empêcher de flageller las
bourreaux de cette protestation vengeresse:
On ne lui a pas pardonné d'être l'homme de
pensée et l'esprit impérieux — par conséquent
véritablement dangereux — qu'il est.
Wilde est jeune, il a devant lui tout un ave-
nir il a prouvé; par des œuvres charmantes et
fortes, qu'il pouvait beaucoup pour la beauté
et pour l'art. N'est-ce donc point une chose abo-
minable que, pour réprimer des actes qui ne
sent point punissables en soi, on risque de tuer
quelque chose de supérieur aux lois, à la mo-
rale, à tout : de la beauté ! Car les lois chan-
gent, les morales se transforment ; et la beauté
demeure immaculée, sur les siècles qu'elle seul
illumine. -1b
Est-ce que le génie, comme tout ce qui dé-
passe l'entendement ordinaire des hommes,
n'a pas été considéré de tout temps comme
une sorte de folie, une folie spéciale qui
reste notre seule puissance créatrice ? Et
nous convient-il, à nous qui en bénéficions
et en jouissons sans en souffrir, d'en faire
-un crime à ceux qui en sont atteints et
tourmentés ? < -
Quel obscur cerveau reprochera à New-
ton, à Salomon de Caus, à 2immermann, à
Manzoni, à Guy de Maupassant, d'être
morts fous ? A Dante, à Donizetti, à O'Con-
nel, à Pascal,, à Baudelaire, à Bernardin
de Saint-Pierre, à J.-J. Rous-seau, à Flau-
bert, à Auguste Comte; à Schopenhauer, à
Nietzsche, d'avoir éprouvé lles hallucina-
tions ou des accès d'aliénation mentale ? A
Kânt, d'avoir eu une sœur démente ? A
Beethoven, d'avoir eu un pèke alcoolique ?
A Renan; d'avoir eu un oncle idiot et un
grand'père qui perdit la raison- ? > '-
- - r i
(1) mentions, trad. de Hugues Rebell, préface
de Charles Grolleau, édit., Ch. Carrington, Paris.
7' ,, 1. - .,.
La vérité, qui doit nous rendre doux et
humbles de cœur et nous inspirer la plus
vive compassion, les uns pour les autre-s, la
vérité, mon cher Atalone, c'est que nous
sommes tous fous, plus ou moins — mais
rarement, cependant, au point d'avoir du
génie.
C. de Vorney.
«i
CHRONIQUE
Le Concours Lépine
Dans les jardins de l'Alcazar dEté,
favorisé par un temps magnifique, atti-
rant chaque jour une foule considéra-
ble de grandes et petites personnes, se
déroule le sixième concours de jouets
et articles de Paris, institué par notre
distingué préfet de police, M. Lépine.
Nous ne voulons pas rappeler les ori-
gines de cette manifestation si* intéres-
sante et si utile, mais constater son suc-
cès grandissant et sa vogue sans cesse
croissante. Jamais innovation ne fut
plus heureuse et la consécration que
Paris a donné et donne encore tous. les
jours à cette idée démontre suffisam-
ment combien l'idée du préfet fut bon-
ne. Nous ne connaissions pas, comme xi
le faut, le labeur de ces modestes ou-
vriers, de ces petits patrons qui vien-
nent apporter - dans cette exposition le
fruit de leur talent, de leur ingéniosité,
de leur science et de leur persévérance.
Le public qui, dans tes bazars, achète
ces jouets ou ces articles, ignorait par
qui et comment se fabriquaient ces pe-
tites merveilles qui ont fait notre répu-
tation de goût et d'habileté.
La section des jouets à l'Exposition
de 1900 avait été un commencement d'é-
ducation pour nous. Le remarquable
rapport de M. 'Léo Claretie, secrétaire-
rapporteur de cette classe, nous avait
fourni de précieuses indications ; le
concours institué par M. Lépine a com-
plété heureusement cette première sé-
- rie d'efforts - tentés pour stimuler ce zèle
de nos inventeurs, petits fabricants,
pour ranimer le courage de ceux que la
concurrence redoutable qui nous est
faite sur ce terrain par l'Allemagne
effraient.
Nous voyons encore dans rette insti-
tution de nombreux avantagés, au pre-
mier rang desquels nous 1. rangeons ce-
lui-ci : la facilité pour les commission-
naires de voir tes objets-
Si nous allons à Leipzig, au moment
de la foire, une journée suffit pour tout
examiner let l'acheteur peut terminer
ses affaires, régler ses achats, en quel-
ques heures. A Paris, avant que M. Lé-
pine n'ait exécuté son idée, ce n'est pas
un jour qu'il eût fallu ; pas même une
semaine : nos fabricants sont dans tous
les quartiers. A ce concours, j'en ai vu
de Grenelle, de Ménilmontant, de la Fo-
lie-Méricourt, de-Malakoff, de Necker.
de Plaisance ; tous exposant tin objet
intéressant, émettant une idée. Il n'est
pas douteux qu'en organisant cette ex-
position, prenant chaque année une ex-
tension plus grande; le préfet de police
n'ait rendu à Tiridustrie du jouet un
service signalé.
On pourrait certainement • adresser
quelques critiques très, rares — mais
elles sont (le peu d'importance, et les
quelques défauts que nous trouvons
disparaîtront peu à peu. Il faut que le
Comité limite exactement ce que l'on
entend par jouets, jeux et articles de
Paris, et qu'il refuse l'entrée du Con-
cours à des objets qui n'ont aucun rap-
port, ou un rapport très lointain, avec
les objets rentrant dans ces catégories.
Le succès du Concours n'est pas .obtenu
par la quantité de choses exposées,
mais pair la qualité : il est à Paris assez
d'expositions pour que certains articles
ne perdent rien à être exclus de ce Con-
cours.
Une autre question se pose à l'occa-
sion de ce Concours, et il - serait - indis-
pensable que le Parlement la solution-
ne : la question de la propriété. - Une loi
doit intervenir pour protéger l'ifîvenfeur.
Nous aurons l'occasion d'y revenir,
mais nous pouvons dire qu'une solution
doit intervenir à bref délai. Ce Con-
cours donnera de magnifiques résul-
tats, le jour où ce problème sera résolu.
Ce que l'on fait pour les gros pourrait
être fait et doit être fait pour les petits.
Inventeurs, fabricants, ou simples vi-
siteurs, qui revoient non sans émotion
les jouets de leur enfance, ou regardent
les perfectionnements -apportés aux
poupées, Jsoldats. chemins de far iou
théâtres, tous ne peuvent qu'approuver
- il y a unanimité sur ce point, ce qui
est peu commun en France et mérite
d'être signalé pour' la rareté du fait —
l'initiative de M. Lépine. En instituant
ce Concours, et en lui continuant sa
bienveillance, notre' préf.et nous a mon-
tré qu'il ne se préoccupait pas seule*
ment de faire la guerre aux apaches et
d'assurer la tranquillité de la rue, mais
aussi de tout ce qui intéresse ses ad-
ministrés..L'hommage qu'une partie de
ceux-lui lui adressent est des plus mé-
rités.
Fernand Cervais.
» —
AU MAROC +
Tahgfer 1er octobre.
M. Gaillard, consul de France à Fez, de
retour.. de congé, est parti aujourd'hui de
Fez pour El-Ksar..
A la suite de l'incident, survenu au fils
-de. Thami Slaoui, sujet marocain protégé
par les Etats-Unis, violenté par un soldat,
le caïd Relia, d'El-Ksar, ;a laissé fuir le
soldat coupable, moyennant une somme
-d'argent. M. Gummeré a protesté très
énergiquement et exigé qu'une troupe de
cavaliers aille chercher le caïd et le ramène
à Fez prisonnier. Il demande, en outre, unl
forte indemnité et un châtiment.
(Voir 14 suite en DEUXIEME EDITION)
LES VANDALES
Je me suis promené hier avec un ami
qui n'avait pas revu Paris depuis vingt
ans. -
Arrivés place de la Madeleine, mon aail
poussa un cri-à donner le mors aux dente*
à un escargot.
— Oh l l'horreur 1 Oh ! les vandales I
clama-t-il.
— Qu'y à-t-il ? Que te prend-il ? incTé*
criai-je tout effaré.
— Ils ont rempla-cé ma jolie fontaine par
cet abominable pain de aucre ! hurla mon
ami en me désignant le monument de Jules
Simon.
— Ce n'est que ça: ! fis-je. Tu en verras
bien d'autres 1 Tu ne sais donc pas qu'on
a voulu remplacer les ravissantes fontai-
nes de la place du Théâtre français par
deux statues ? Si tu en doutes, demande-
le à l'Alfred de Musset qui, à deux P"
de là, se trouve mal entre les bras d'une
femme dont un geste éploré semble dé-
signer le pharmacien du coin.
Si ce menu détail t'impressionne, tu n'es
pas au bout de tes émotions, mon pauvre
vieux. Il te sera réservé d'autres surprises
dans nos pérégrinations. Tu trouveras des
statues partout *, tu verras, devant la gare
de l'Est, un hideux kiosque masquer toute
la perspective du boulevard de Sébastopol
et tu rencontreras, au bout de chaque ave-
nue, un bonhomme en complet noir à
42 fr. 50 qui est placé là, sur un piédestal,
pour permettre à la sculpture d'écouler
ses rossignols. -
— ues étrangers, répliqua mon ami, des
étrangers habitués au confort des métro-
poles modernes, m'avaient bien dit que Pa-
ris était mal entretenu et mal éclaïré ;
mais personne ne m'avait laissé supposer.
que mon pauvre Paris s'était enlaidi
Il fallait que je revinsse du fond de l'A-
mérique pour constater ce fait navrant.
Quel est le sauvage qui a substitué, à la"
charmante et gazouillante fontaine 'de la
place de la Madeleine, cette affreuse sta-
tue ? Nos artistes sont donc devenus
muets ? Perdent-ils le goût du Beau ? A
leur place, j'aurais fait l'impossible pour
empêcher ce crime contre Paris.
N'aurait-on pas .pu statufier .Jules Si-
mon ailleurs ? C'est parce qu'il a demeuré
là, me dLs-tu. La belle affaire ! s'il fallait
élever un monument en face des fenêtres
de chaque homme éminent, nos rues res-
sembleraient à un dépôt de marbrier.
La place ne vous manque pourtant pas
pour immortaliser en bronze, en zinc, en
stuc ou en marbre toute la clientèle fu-
nèbre de vos sculpteurs.
S'il vous faut des contremarques de la*
Belle-Jardinière et des apothéoses en re-.
dingote, flanquez-en une collection là où
ils ne gênent ni les frondaisons ni les oi-
seaux. Il ne manque pas de places sans
fontaines, sans bosquets, où il vous serai
possible d'ajouter un enlaidissement. Mais
laissez en repos vos fontaines, vos bassins,
vos charmilles et respectez vos perspecti-
ves que vous bouchez avec une incons-
cience vraiment grotesque. 1
Ainsi parla mon ami en jetant un regard 1
navré sur le placide Jules Simon qui ne j
paraissait pas se douter de la douleur I
qu'il venait de causer.
Mon ami avait-il tort ?
Je n'oserai pas l'affirmer.
JEAN CLERVAL.
LE VOYAGE DEM. FALLIËRËS
D'Agen à Mézin. — L'accueil des Mézinois.
- A la mairie. — Amicales réceptions.—
Le banquet. — Toast du Président.
La fin des fêtes., — L'arrivée à
Loupillon.
Agen, 1er octobre:
A 8 h. 1/2, les 3.000 hommes de troupes
qui avaient rendu les honneurs au chef ùe
l'Etat, lors de son arrivée à Agen. s'éche-
lonnent, formant la haie de la maison de
Mme Lanes, où habitait M. Fallièras, à La
gare.
M. Filières, accompagné des ministres, du
génral de Rouvran, du maire et des autres
personnages officiels, arrive à 9 h. 25 à la
gare où il prend congé de la. municipalité,
exprimant au maire toute la joie que lui a
fait éprouver son séjour -à Agen.
De superbes corbeilles de fleurs sont offer-
tes pour Mme Fallières.
A 9 h. 1/2, le train présidentiel prend la
direction de Mézin.
, Une panique
Après le départ du Président, des bœufs
se sont affolés, se .sont lancés dans la foule
et ont fait plusieurs victimes, dont une octo-
génaire, un homme de 56 ans et une fillette
de 9 ans. -
L'rrivée à Mézin
Mézin, 1er octobre.
Le train arrive à 10 h. 30 en gare de Mé-
zin. L'accueil de la population est chaleu-
reux.
Sur le quai, le conseil municipal reçoit le
président. Le maire, M. Dupyeion, lui sou-
haite la bienvenue.
'- Vous avez raison de dire, répond M. Fal-
lières, que Mézin-est le but de. mon voyage. Je
suis Mézinais. C'est ici que je suis né, il y a
bien longtemps malheureusement.
Je viens .en enfant de Méain allant chez lui,
vers son foyer. Je ae m'appartiens pas èt j'ai-
merais mieux passer un mois parmi vous plu-
tôt que quelques heures.
Le cortège se forme. Les chasseurs à che-
val. forment l'escorte ; un bataillon du 83*
de ligne rend les honneurs. Le cortège se
rend à la mairie.
Les réceptions officielles
Les" réceptions des autorités ont lieu il
la mairie; qui - formait autrefois une pro-
priété privée, et dans une salle où- M. Fal-
lières" tout enfant, avait coutume de venir
s'amuser avec un enjouement exubérant que
ses camarades êe plaisent à rappeler. Les
réceptions n'ont, d'ailleurs, aucun caractère
officiel.
Le Président connaît tous les maires, tous
les fonctionnaires, tous les instituteurs et
avec tous il s'entretient, le plus souvent en
patois, de la façon la plus familière et. la
plus cordiale, de leurs familles, de leurs tra-
vaux dos questions d'ordre public qui les
préoccupent et de la solution desquelles il
s'occupait autrefois. Les poignées de nâk
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Collections numériques similaires Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00"
- Auteurs similaires
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7549699q/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7549699q/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7549699q/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7549699q/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7549699q
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7549699q
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7549699q/f1.image × Aide