îîf5767 — leudi 24 Déoembre 1865 Le numéro: flOc. - départements 3 IL 0; e* -, 4 Nivôse an 94. N* 5766
.ADMINISTRATION
58, HUE DE VALOIS, 48
B ORNEMENTS
ÏABIS 1 DEPARTEMENTS V'
Trois mois 10 1>| Trois mois. 13 S®
Six mois. «••••• 20 » Six mois. « +>* M
Adresser lettres et manaat,3
Jt M. ERNEST LEFÈV.B,E ?
/ABMDSISTRAIEtnV GÉEANÏ.
tr DAPPFT
Ju £ i && £ !&>& A &AeM
EEDACTIOH
S'abesser au. Secrétaire ile la Réaactioz
JDe & à 6 heures du soir
3.8, Botm 3MB VALO:IS, 19
tes Manuscrits non Insérés ne seront]? as ren$*9
ANNONCES
&¥, Ch. IAGKANGE, CERF et ca
^• £ la.ce de la Bourse, 6
SCRUTIN DE BALLOTTAGE
CANDIDATS
Républicains-Radicaux-Socialistes
DÉSIGNÉS AU PREMIER TOUR PAR LE
SUFFRAGE UNIVERSEL
Millerand, conseiller municipal.
Maillard, président du conseil
¥ municipal.
Commandant Labordère.
de Douviile-Maillefeu, ancien
député.
Achard, ancien député.
Brialou, -
LA PAIX
AVEC MADAGASCAR
- .;.'
La paix avec les Hovas est signée. La
nouvelle a été apportée hier par le télé-
graphe. A la Chambre, une question ayant
été posée à ce sujet au ministre des affai-
res étrangères, M. de Freycinet a fait
CbQnaître les bases principales du traité
sighé par les Hovas. Voici le compte-rendu
officiel de cette partie de la séance 1
M. Dnhbartl, rapporteur. — La Cham-
bre sait par une dépêche qui lui a été com-
muniquée officieusement que la paix est si-
gnée avec le gouvernement des Hovas.
Dans ces conditions, et la discussion des
crédits demandés pour Madagascar étant en-
tremêlée à celle des crédits du Toakin, il me
paraît utile, pour que la Chambre et le pays
soient fixés officiellement au sujet de cette
nouvelle d'une importance considérable, que
M. le ministre des affaires étrangères veuille
bien apporter à cette tribune les renseigne-
ments qu'il peut nous donner.
Je ne lui demande pas le texte même du
traité, qu'il n'a probablement pas encore reçu,
mais je crois qu'il peut nous fournir des ren-
seignements qui seraient de nature à modi-
fier lajiiscussion aussi bien que les résolu-
tions que la Chambre pourrait prendre en ce
qui concerne Madagascar. (Très bien 1 très
l)isn !)
Ú. de Freycinet, ministre des affaires
étrangères. — Il est exact que nous avons
reçu ce matin un télégramme de Tamatave
nous faisant connaître qu'un traité de paix a
été signé entre les plénipotentiaires français
et les plénipotentiaires hovas. Dans l'aprës-
ruidi, nous avons reçu un second télégramme
contenant les articles de ce traité.
J~ suis prêjt, si la Chambre le désire, à lui
en donner Connaissance sous cette double ré-
serve, que je ne puis pas en garantir absolu-
ment tous les termes et que ce traité n'a pas
encore été ratifié par les deux gouvernements.
(Mouvements divers.)
Mais je puis faire connaître dès à présent
à la Chambre les bases de ce traité, qui ne
peuvent pas varier, quelles que puissent être
ies erreurs de détail qu'aurait commises le
télégraphe. (Très bien! très bien!)
Un résident français installé à Tananarive sera
l'intermédiaire obligé de toutes les relations
extérieures du gouvernement de Madagascar
avec les puissances étrangères (Applaudisse-
ments) ; ajnsi la politique extérieure de la
roine de Madagascar passera par les mains
de la République française. (Nouveaux applau-
dissements.)
Vous savez qu'une longue contestation s'est
élevée au sujet du droit de propriété rem-
placé par la faculté de baux à long terme ;
on n'avait jamais pu se mettre d'accord avec
les Hovas, qui voulaient que la durée de ces
4aux fût limitée et que le renouvellement en
fût consenti par le gouvernement hova.
Or, aux termes du traité, des baux à durée
indéterminée pourront être conclus au profit
des Français et être renouvelés par les parties
contractantes sans intervention du gouverne-
ment hova. (Très bien ! très bien 1)
La France se réserve le droit d'occuper la
baie de Diego-Suarez. (Très bien! très bien 1)
et d'y faire toutes installations à sa conve-
nance. Dix millions seront payés par'le gou-
vernement hova pour indemniser les Français
qui avalent eu des litiges réglés avant la
guerre et les Français ou les étrangers qui
ont eu à supporter des dommages pendant la
guerre. Le règlement de ces indemnités- sera
effectué par les soins de la République fran-
çaise. (Très bien ! très bien !)
Jusqu'au payement de cette indemnité, la
France gardera comme gage le port et les
douanes de Tamatave.
Quant aux peuplades du nord-ouest de l'île,
plus spécialement sous notre protection par
des traités antérieurs, le gouvernement de la
reine de Madagascar s'engage à les traiter
avec une bienveillance particulière. (Inter-
ruptions à droite.)
Un membre à droite. — On les tuSTra. (Bruit. )
M. le ministre. -le suis vraiment stu-
péfait. (Applaudissements à gauche.) Je n'ai
jamais vu une communication de cet'e na-
ture accueillie par des interruptions de ce
caractère. (Vifs applaudissements à gauche.)
Quant à l'administration intérieure des
Hovas, nous avons tenu à déclarer que nous
n'entendions pas y intervenir, que nous te-
nions à leur laisser leur autonomie (Très
bien! très bien!), nous bornant à les diriger
par nos conseils et nos exemples dans la voie
du progrès et de la civilisation. (Vifs applau-
dissements. )
J'espère, messieurs, et je m'adresse à toutes
les parties de cette Chambre, dans toutes, en
effet, je vois des représentants de celle qui,
l'an dernier, s'est montrée unanime dans
l'expression de certains sentiments relatifs à
Madagascar, j'espère, dis-je, que tous vous
reconnaîtrez que le gouvernement s'est ins-
piré à la fois et du vote solennel émis par
l'Assemblée et enmême templs du Yeou exprimé
par le pays, de restreindre, dans les limites
marquées par l'honneur et l'intérêt de la
France, les sacrifices nécessités par ces
expéditions lointaines. (Applaudissements).
Tels sont les deux ordres de considérations
dont nous nous sommes inspirés, quand
nous avons libellé le projet de traité.
Aussi est-ce avec une satisfaction pleine et
entière que nous l'avons enregistré, et que,
je l'espère, vous l'enregistrerez à votre tour.
(Vifs applaudissements à gauche et au cen-
tre.)
.————
IL VA FALLOIR VOTER
A la bonne heure ! On prend posi-
tion. C'est qu'il va falloir se pronon-
cer dans un sens et Yautre, et voter
pour ou contre. Il ne va plus suffire de
blâmer vaguement les extensions de
la politique coloniale, il va falloir être
pour l'évacuation ou pour l'occupation.
Celui qui a lu dans ces derniers
temps les journaux réactionnaires a
eu l'impression qu'on aurait à regarder
des caméléons. Il y voyait tour à tour
que l'évacuation était une « banque-
route » et qu'il fallait la faire. Quand
il leur demandait s'ils étaient pour
l'évacuation? — Mais non, répon-
daient-ils, puisque nous disons que
c'est une banqueroute ! — Alors, vous
êtes contre? — Mais non, puisque nous
disons que c'est une nécessité !
Le comte de Paris leur donnait
l'exemple. Le même jour, on tenait de
bonne source qu'il était personnelle-
ment opposé à toute pensée d'aban-
donner le Tonkin et que ceux de ses
amis qui voulaient l'abandon lui étaient
souverainement désagréables — et on
tenait de source excellente que l'aban-
don du Tonkin était le premier article
de son programme et que les roya-
listes qui refuseraient de le voter se-
raient de mauvais sujets.
Mais ce double jeu, facile dans la vie
privée (de couronne), est impossible
au grand jour parlementaire, et les
sujets, bons ou mauvais, n'ont pas pu
venir à la Chambre avec le masque à
double profil du prince. Reconnaissons
qu'ils ont étalé leur visage dans toute
sa beauté.
L'évêque d'Angers a beau être de la
droite, il a beau être un des orateurs
qu'ils sont habitués à acclamer, il est
contre l'évacuation, c'est assez pour
qu'ils le renient et le jettent par dessus
bord. Le président l'ayant appelé des orateurs de la droite ?, ils ont crié
d'une seule voix : — « Non! non! il ne
» parle pas en notre nom! — M. Joli-
» bois : Vous n'avez pas le droit de dire
» cela, monsieur le président. — M. le
» baron Dufour : C'est un orateur de
» l'opportunisme ! —- M. Jolibois :
» L'orateur parle en son nom per-
» sonnel, monsieur le président ! — M.
» de Rochefoucauld, duc de Bisac-
» cia : Il ne parle pas en notre nom,
» nous le désavouons absolument ! »
Et le compte-rendu officiel du dis-
cours de M. Freppel est émaillé de :
(Bruit et interruptions à droite) — (dé-
négations à droite) — (exclamations et
rires) — (rumeurs à droite) — (vives
protestations à droite), etc. Un mem-
bre de la droite a mis dans ses protes-
tations une telle vivacité que le Jour nal
officiel s'abstient de les reproduire et
les dissimule sous la formule usitée :
— « M. de Kergariou prononce avec
» animation quelques paroles qui ne
» parviennent pas jusqu'au bureau. »
En revanche, prenez le compte rendu
du discours d'un autre droitier, M. Ju-
les Dalafosse, qui a parlé, lui, pour
l'évacuation, et c'est presque à chaque
ligne que vous y trouverez des i (Très
bien 1 à droite.)— (Applaudissements à
droite.) - (Parfaitement ! à droite.) —
(Nouveaux applaudissements à droite).
1 11. - - c- - - -. -.- - -. - 1 7
etc. Celui-là, la droite ne l'a pas renié !
« M. Delafosse 1 J'ai parlé en mon nom
» personnel. — Voix nombreuses à
» droite : Non ! nont — M. Jolibois :
» Vous êtes notre orateur l w. M, pe-
.," 4
» lafosse : Le vote des crédits a une
» signification parfaitement claire. Le
» pays saura qu'à l'exception d'un
» seul la minorité conservatrice s'est
» levée tout entière pour s'y opposer !
» (Applaudissements répétés à droite.) »
Et quand l'orateur a évacué la tribune,
la droite lui a fait une petite ovation.
Maintenant les situations sont net-
tes. La droite s'est déclarée. Au moins,
si, ce que nous ne voulons pas croire,
l'évacuation est votée, la droite ne
pourra pas la rejeter sur la République.
Si l'évacuation est votée, sous quelque
forme que ce soit, qu'elle soit l'é-
vacuation à bref délai ou l'évacua-
tion à long terme, qu'on évacue en une
fois ou par étapes, qu'on en finisse
d'un coup ou que, comme il y a eu les
petits paquets de l'expédition, il y ait
les petits paquets du rembarquement ;
si, quand l'Espagne aux Carolines n'a
pas reculé devant les Allemands, la
France recule au Tonkin devant les
Pavillons-Noirs; si les Chinois répètent
l'inj ure de Tu-D uc : « Les Français
viennent en aboyant comme des chiens
et ils se sauvent comme des lièvres »;
si la diminution de prestige que nous
fera subir ce renoncement à une entre-
prise si longtemps et si chèrement
poursuivie compromet notre autorité
dans nos colonies, en Nouvelle-Calé-
donie, au Sénégal, en Algérie peut-
être; si, le lendemain du jour où nous
serons sortis du Tonkin, les Allemands
y entrent, — le pays saura que c'est
par la volonté des monarchistes, que
c'est aux monarchistes qu'il doit l'hu-
miliation de la France et l'augmenta-
tion de l'Allemagne.
AUGUSTE VACQUERIE.
«ri
A LA CHAMBRE
La discussion sur le Tonkin conti-
nue. Au début de la séance, M. de
Cassagnac a protesté contre un passage
du compte rendu de la dernière séance.
Un membre lui avait prêté, dans une
interruption, l'intention de perdre la
République en la shonorant par l'a-
bandon du Tonkin. M. de Cassagnac
affirme qu'il n'a jamais eu une sem-
blable .pensée et qu'il ne sacrifie pas
l'intérêt national à l'esprit de coterie.
Comme hier, trois orateurs ont en-
suite été entendus, au cours de la
séance : M. Frédéric Passy, M. Ballue
et M. Camille Pelletan, rapporteur. M.
Passy a traité la question, comme bien
l'on pense, au point de vue économi-
que ; M. Ballue a discuté la mesure des
sacrifices militaires suffisants, à son
avis, pour l'occupation ; M. Pelletan a
résumé les objections principales faites
contre le rapport de la commission et,
dans la dernière partie de son discours,
il a exposé les raisons politiques qui,
suivant lui, dans l'état actuel de l'Eu-
rope, ne permettent pas de persister à
une entreprise hasardeuse., "J:
- « .:'
M. Passy n'a jamais dissimulé ses
opinions à propos de l'occupation du
Tonkin. Il demande donc à soutenir,
malgré nombre d'instances, les idées
qu'il croit conformes à l'intérêt du
pays et pour lesquelles peut-être il a
été envoyé à cette Chambre. On n'a,
l'orateur le reconnaît, que le choix des
fautes, et on discute dans de fâcheuses
conditions, à la veille d'une élection
importante, et la question posée se
complique d'une question de stabi-
lité ministérielle. M. Passy le regrette,
il attend les raisons que le cabinet ap-
portera à l'appui de son projet. Il est
d'ailleurs prêt à voter tous les crédits,
s'ils doivent servir au rapatriement de
nos troupes.
M. Passy, après avoir passé en revue
les difficultés contre lesquelles nous
nous sommes déjà heurtés, les incerti-
tudes qui subsistent encore, a, dans
une péroraison fort applaudie, cité une
belle page de Michelet sur l'Espagne
minée à la fois par l'envahissement de
l'or et le trop grand développement
de ses colonies.
,."
8:8
Le second orateur, M. Ballue, a cal-
culé les ressources militaires du Tonkin
et les dépenses de l'armée d'occupation.
Par une comparaison avec l'Inde an-
glaise, qui exige très peu d'hommes rela-
tivement à lapopulation, ii s'est efforcé de
justifier les chiffres de la minorité et
ceux du gouvernement. Six mille hom-
mes suffiront à l'occupation. Les enne-
mis que nous aurons à combattre, pi-
rates, Pavillons-Noirs, déserteurs chi-
nois, ne se recruteront pas indéfini-
ment, et une bonne organisation de nos
troupes et des bataillons tonkinois en
viendra facilement à bout. Si la mino-
rité de la commission croyait ces espé-
rances sans fondement, si elle pensait
qu'il fallût chaque année dépenser des
centaines de millions, elle ne se serait
pas séparée de la majorité.
t»
IDiD
- M. Pelletan a commencé par déclarer
que M. Passy avait développé une par-
tie de ses arguments, puis il a examiné
diverses critiques dirigées contre son
rapport. Après y avoir répondu, il s'est
plaint qu'on combattît l'évacuation sans
chercher à justifier les avantages de
l'occupation. Il le faudrait cependant.
Il faudrait aussi que, pour rester au
Tonkin, on trouvât une raison autre
que celle-ci : nous y sommes. Si c'était
à refaire, nul n'oserait le proposer.
Abandonner une terre arrosée du sang
français est une chose fort doulou-
reuse. Qui peut le nier? Mais l'orateur
et ses amis ont averti le pays de tous
ces dangers. Il faut, suivant M. Pelle-
tan, se résigner à la politique du moin-
dre mal. L'orateur estime d ailleurs que
le suffrage universel s'est prononcé.
Sur cette affirmation, de violentes pro-
testations s'élèvent sur certains bancs.
MrPelletan insiste.
En terminant, M. Pelletan reproche
à ses contradicteurs de tout faire repo-
ser sur des hypothèses, et, après avoir
dit un mot du côté financier de la ques-
tion, il a fait un rapide examen de la
situation européenne. Cette dernière
partie de son éloquent discours a fait
une vive impression, et il a conclu en
disant que, si c'est au nom du patrio-
tisme qu'on propose l'occupation du
Tonkin, c'est aussi au nom du patrio-
tisme qu'il demande la liquidation de
l'entreprise.
='JI'
& A
Sur une question posée par M. Hub-
bard, M. le ministre des affaires étran-
gères est venu, à la un de la séance,
donner communicationrdu projet de
traité conclu avec le gouvernement des
Hovas. On savait que les négociations
étaient en bonne voie, mais on ne pou-
vait espérer une solution meilleure que
celle annoncée par le ministre et à la-
quelle la gauche a fait très bon accueil.
La droite qui manifestait un sentiment
contraire, a mérité une assez sévère
apostrophe deM. de Freycinet. Le traité,
dont le ministre a clairement résumé les
parties essentielles, nous assure une in-
demnité pour nos nationaux etieur recon-
naît aussi le droit de faire des baux,
comme auxnaturels. Un résidentfrançais
sera l'intermédiaire de la reine des Ho-
vas et des autres puissances, et, jusqu'à
la complète exécution du traité, un
port sera occupé par nous. Quant au
pays lui-même, nous lui laissous son
gouvernement, son administration. Ce
n'est ni par l'annexion, ni par la con-
quête, a dit le ministre, que nous vou-
lons essayer de civiliser les Hovas,
c'estpar notre contact et notreexemple.
« Ainsi, selon les paroles mêmes de
M. de Freycinet, le nouveau traité
tient compte des indications du
suffrage universel , qui a manifes-
tement voulu la limitation des en-
treprises coloniales. » Ceux qui vou-
laient la conquête pure et simple ont
applaudi tout de même. S'ils sont con-
vertis à la solution du protectorat poli-
tique qui a prévalu, tant mieux ^s'ils
font semblant d'être contents, tant
mieux encore. Mais, puisque la gauche
a été unanime pour applaudir la combi-
naison exposée par M. de Freycinet
pourquoi le gouvernement ne s'efforce-
rait-il pas de faire pour le Tonkin
quelque chose d'analogue? C'est la
question qu'on se faisait hier et qu'un
journal, la France librç, posait au
même moment.
A. GAULtHR.
-' ■■ i
COULISSES DES CHAMBRES:
Dans l'ordre des inscriptions, c'est M.
Antonin Dubost qui, aujourd'hui, devrait
prendre la parole le premier en faveur
des crédits et M. Raoul Duval qui lui ré-
pondrait en parlant, contre les crédits.
Mais cet ordre sera probablement mo-
difié; on annonçait hier soir, en effet, que
M. Brisson avait l'intention de prendre la
parole le premier aujourd'hui, au début
de la séance, pour'exposer la politique du
gouvernement.
Le président du conseil expliquera en
détail le système d'organisation du Ton-
kin qu'il a étudié et qui a été esquissé
sommairement dans la déclaration minis-
térielle lue à l'ouverture de la session, on
s'en souvient.
M. de Freycinet et le général Campe-
non interviendront aussi dans la suite du
débat pour compléter, chacun en ce qui
le concerne, les explications du président
du conseil.
Contrairement à ce que l'on croyait,
M. Clémenceau ne répondra pas à M. Bris-
son. M. Clémenceau se réserve de faire
une déclaration avant le. scrutin pour
expliquer son vote.
Plusieurs orateurs qui ne sont pas ins-
crits se proposent de prendre la partie.
M. Georges Perin, président de la com-
mission, doU exposer son système d'éva-
cuation, qui diffère sensiblement des con-
clusions deM. Pelletan.
M. Madier de Montjau, d'autre part,
doit faire une déclaration en faveur des
crédits et de la conservation du Tonkin.
La discussion sera très abrégée, mais
les détails de procédure et la multiplicité
des votes empêcheront la Chambre de
rendre aujourd'hui son vote définitif.
C'est seulement demain jeudi que l'on
statuera.
Mais dès aujourd'hui on prévoit que les
crédits seront votés, tels que les demande
le gouvernement, par une majorité ex-
clusivement républicaine. Le vote, qui
paraissait déjà très probable hier au dé-
but de la journée, semble définitivement
assuré depuis l'heureuse impression pro-
duite sur la Chambre par la signature de
la paix à Madagascar.
Contrairement à son intention primi-
tive, M. Granet n'a pas encore déposé sa
demande d'interpellation. Néanmoins, en
prévision du cas où elle serait déposée,
on continue à préparer de nombreux or-
dres du jour motivés. Il en circule près
d'une vingtaine à la Chambre. Le gou-
vernement, pour sa part, est résolu à
faire porter le vote de confiance sur sa
demande de crédits qui sera soumise au
scrutin, d'après les précédents, avant les
ordres du jour.
La droite s'est réunie hier en assemblée
générale pour délibérer sur la question
des crédits du Tonkin. La réunion devait
être plénière; des convocations avaient,
en effet, été adressées aux 179 membres
que la droite compte actuellement à la
Chambre, Mais, en fait, 80 membres seu-
lement ont répondu à l'appel, c'est-à-dire
à peine la moitié de la droite.
La réunion était présidée par M. Pli-
chon, député du Nord. La délibération,
qui a duré environ deux heures, a mis en
lumière les profondes divisions qui exis-
tent dans la fraction réactionnaire de la
Chambre.
Tout d'abord la question s'est posée de
savoir si l'on devrait voter en premier lieu
sur le projet du gouvernement ou sur celui
de la commission. M. Jolibois a soutenu
que les conclusions de la commission
devaient former la base de la discussion
devant la Chambre, que le projet du gou-
vernement ne devait plus être considéré
que comme amendement et que dès lors
il serait soumis le premier au vote. M. Le-
fèvre-Pontalis a soutenu la thèse contraire
en prétendant qu'aux termes de la juris-
prudence adoptée à la Chambre les projets
du gouvernement étaient toujours la base
de la discussion et comme tels venaient
les derniers en délibération. - -
La réunion s'est prononcée pour la
thèse de M. Jolibois et, dans l'hypothèse
où il en serait ainsi à la Chambre, elle a
décidé de voter contre les crédits deman-
dés parle gouvernement, c'est-à-dire con-
tre les 75 millions.
Restait à savoir ce que l'on ferait en
présence des conclusions de la commis-
sion, qui, comme on le sait, propose de
voter le quart des crédits demandés par
le gouvernement, soit 18 millions, pour
l'entretien des troupes, en attendant que
le gouvernement présente un plan d'éva-
cuation. C'est à ce moment que les diver-
gences ont commencé à se manifester.
Trois opinions ont été émises.
Les uns, comme MM. Keller, Lefèvre-
Pontalis, Piou, Lanjuinais, se sont pro-
noncés pour le vote des i8 millions, sans
préjuger la nécessité de l'évacuation. Ce
crédit serait un crédit d'attente, permet-
tant la présentation d'un plan ultérieur
par le gouvernement.
Les autres, comme MM. Saint-Martin
(Indre), des Rotours, etc., se sont pronon-
ces pour le vote des 18 millions considé-
rés comme crédit pour réaliser l'évacua-
tion.
Enfin, une troisième catégorie de mem-
bres, tels que MM. Lejeune, Baudry d'As-
son, etc., s'est prononcée contre toaM
espèce de crédits.
La majorité des membres présents a
paru être en faveur du vote des crédits
pour l'évacuation, mais il importe de rap-
peler que la réunion comptait moins de
la moitié des membres de la droite.
Quoi qu'il en soit, la réunion a ensuite
discuté sur le point de savoir s'il faudrait
faire précéder le vote d'une déclaration à
la tribune.
Là encore, les divergences se sont mon-
trées. Une partie de la réunion, la plus
faible il est vrai, s'est déclarée opposée à
toute espèce de déclaration. La majorité
a été d'avis de faire une déclaration; mais
on ne s'est pas trouvé d'accord sur le sens
que ce document devrait avoir. Les uns
voudraient qu'oïl, indiquât nettement la
nécessité de l'évacuation, les autres qu'on
ne prononçâfpas^ce mot et qu'on restât
dans des termes ..vagues perUleltaJ'lt de
réserver l'avenir.*^
Finalement les bureaux des trois grou-
pes de la droite ont été chargés de rédiger
un projet de déclaration. La féllniçm/tien..
dra une nouvelle séance ce matin pour
recevoir communication de ce projet et
décider si elle l'accepte.
-0-
M. Michelin a pris l'initiative de la pro-
position suivante :
Projet de résolution
Article 1er. — Une commission de vingt-
deux membres est nommée à l'effet de re-
chercher les origines et les causes de l'expé-
dition du Tonkin et de déterminer la respon-
sabilité des différents ministères qui ont
conduit l'opération depuis l'origine jusqu'à ce
jour.
Art. 2. — Un rapport sera fait à bref délai
à la Chambre qui, conformément à l'article 12
de la loi constitutionnelle du 16 juillèt 1875
aura à statuer sur la mise en accusation de-
vant le Sénat des ministres responsables des
crimes commis dans l'exercice de leurs fonc-
tions.
La proposition est signée par MM. Mi-
chelin, Camélinat, Antide Boyer, Plagi-
teau, b>ly, Ilude et ^guerre. - ..,.-
Elle sera déposée au moment du vot(f
des crédits du Tonkin.
1 1 Wl
Les ministres se sont réunis hier matin,
à'TElysée, sous la présidence de M. Jules
Grévy.
Le conseil a confirmé sa décision de
fixer au 28 décembre la date de la convoi
cation du Congrès.
AVIS
L'échéance de fin décembre étant
l'une des plus importantes de l'année,
nous prions les personnes dont l'abon-
nement expire fin courant de ne pas
attendre les derniers jours pour le re
nouveler, afin d'éviter une interrup*
tion dans le service du journal.
ABONNEMENTS PAR LA POSTa
Nous rappelons à nos lecteurs qu'ils
peuvent s'abonner sans frais au jour-
nal LE RAPPEL dans tous les bu*
reaux de poste de France et d'Algérie.
DOUBLE JEU
Autant les divergences du parti rêpui
blicain me paraissent explicables, autant
je suis surpris de ce schisme subit qui
oppose sur le même point, dans la même
question, non-seulement les bonapartistes
aux royalistes, mais les bonapartistes et
les royalistes entre eux.
En effet, les députés républicains ne
relèvent que d'eux-mêmes et de leurs
électeurs ; ils n'ont pour les guider que
leurs lumières personnelles et les conseils
de leurs comités; donc autant d'individus,
autant d'opinions possibles, autant de
façons d'envisager l'intérêt de la France
et l'honneur de notre drapeau.
Mais il en va tout différemment à droite;
par cela même que la minorité est com-
posée de partis monarchistes, elle doit
par définition obéir à un ou plusieurs
mots d'ordre supériears 7 elle doit avoir
un ou plusieurs chefs qui, pour être en
dehors du Parlement, n'en suivent pas
moins ses délibérations d'un œil attentif
et inspirent les votes de leurs partisans.
Rien n'oblige tel membre de l'extrême
gauche à voter comme M. Clémenceau ;
rien n'oblige tel député opportuniste à
voter comme M. Ferry ; par contre, on
ne comprendrait nullement qu'un roya-
liste ne tînt aucun compte de l'opinion de
M. le comte de Paris ou qu'un victorien
s'abstînt de consulter le prince Victor.
Cette opinion, nous ne la connaissons
pas; le comte de Paris, tout aussi bien
que le prince Napoléon ou le prince Vic-
tor, se renferme dans un majestueux si-
lence. Est-il pour l'évacuation? Le Monde
dit non un jour et oui le lendemain. Le
public serait curieux de savoir la vérité.
Le comte de Paris sait tenir une plume. Il
a des journaux à sa disposition; qu'il
parle ! qu'il dissipe toutes les obscurités,
qu'il lève tous les voiles, s'il ne vent pas
qu'on dise qu'il joue double jeu et qu'il
a attendu que la Chambre ait pris un
parti, pour le faire attaquer par ses jour-
naux et ses amis. -
FRÉDÉRIC MONTA RG1S.
LES ON-DIT
Les premières baraques du nouvel an
ont fait leur apparition hier sur les boule-
vards. Du train où vont les petits mar-
chands qui les montent, tout sera prêt
pour les fêtes de la Noël où s'étaleront de
la Madeleine à la Bastille les mille bibe-
lots toujours curieux et toujours intéres-
sants de la petite industrie parisienne.
Vienne donc le beau temps 1 la foule ne
saurait manquer d'accourir — et ce sera
plaisir et proijt pour tout le monde.
.;ow.
? ?
La laïcisation de l'hôpital Cochin est un
fait accompli.
Hier, à deux heures, les sœurs infir-
mières ont quitté l'hôpital par petits
groupes de trois ou quatre. Elles étaient
au nombre de vingt-cinq.
Les unes se sont rendues à la maison-
mère, rue Bara ; les autres à l'hôpital do
Montrouge.
A
00
L'affluence a été plus considérable
encore dimanche que ies jours précédents
dans ïcS salons du ministère uc la marine,
où la vente organisée par l'Union des
femmes de France avait attiré une véritable
foule. Nous sommes heureux de constater
l'immense succès obtenu par cette œuvre
sympathique entre toutes. Nous appre-
nons, en effet, que les premiers comptai,
dressés par les dames vendeuses permet-
tent d'évaluer la recette à 80,000 francs
environ. Les objets vendus provenant
presque tous de dons, les frais généraux
seuls seront à défalquer. Les tombolas
ppn tirées au cours de la vente le ^roi £
.ADMINISTRATION
58, HUE DE VALOIS, 48
B ORNEMENTS
ÏABIS 1 DEPARTEMENTS V'
Trois mois 10 1>| Trois mois. 13 S®
Six mois. «••••• 20 » Six mois. « +>* M
Adresser lettres et manaat,3
Jt M. ERNEST LEFÈV.B,E ?
/ABMDSISTRAIEtnV GÉEANÏ.
tr DAPPFT
Ju £ i && £ !&>& A &AeM
EEDACTIOH
S'abesser au. Secrétaire ile la Réaactioz
JDe & à 6 heures du soir
3.8, Botm 3MB VALO:IS, 19
tes Manuscrits non Insérés ne seront]? as ren$*9
ANNONCES
&¥, Ch. IAGKANGE, CERF et ca
^• £ la.ce de la Bourse, 6
SCRUTIN DE BALLOTTAGE
CANDIDATS
Républicains-Radicaux-Socialistes
DÉSIGNÉS AU PREMIER TOUR PAR LE
SUFFRAGE UNIVERSEL
Millerand, conseiller municipal.
Maillard, président du conseil
¥ municipal.
Commandant Labordère.
de Douviile-Maillefeu, ancien
député.
Achard, ancien député.
Brialou, -
LA PAIX
AVEC MADAGASCAR
- .;.'
La paix avec les Hovas est signée. La
nouvelle a été apportée hier par le télé-
graphe. A la Chambre, une question ayant
été posée à ce sujet au ministre des affai-
res étrangères, M. de Freycinet a fait
CbQnaître les bases principales du traité
sighé par les Hovas. Voici le compte-rendu
officiel de cette partie de la séance 1
M. Dnhbartl, rapporteur. — La Cham-
bre sait par une dépêche qui lui a été com-
muniquée officieusement que la paix est si-
gnée avec le gouvernement des Hovas.
Dans ces conditions, et la discussion des
crédits demandés pour Madagascar étant en-
tremêlée à celle des crédits du Toakin, il me
paraît utile, pour que la Chambre et le pays
soient fixés officiellement au sujet de cette
nouvelle d'une importance considérable, que
M. le ministre des affaires étrangères veuille
bien apporter à cette tribune les renseigne-
ments qu'il peut nous donner.
Je ne lui demande pas le texte même du
traité, qu'il n'a probablement pas encore reçu,
mais je crois qu'il peut nous fournir des ren-
seignements qui seraient de nature à modi-
fier lajiiscussion aussi bien que les résolu-
tions que la Chambre pourrait prendre en ce
qui concerne Madagascar. (Très bien 1 très
l)isn !)
Ú. de Freycinet, ministre des affaires
étrangères. — Il est exact que nous avons
reçu ce matin un télégramme de Tamatave
nous faisant connaître qu'un traité de paix a
été signé entre les plénipotentiaires français
et les plénipotentiaires hovas. Dans l'aprës-
ruidi, nous avons reçu un second télégramme
contenant les articles de ce traité.
J~ suis prêjt, si la Chambre le désire, à lui
en donner Connaissance sous cette double ré-
serve, que je ne puis pas en garantir absolu-
ment tous les termes et que ce traité n'a pas
encore été ratifié par les deux gouvernements.
(Mouvements divers.)
Mais je puis faire connaître dès à présent
à la Chambre les bases de ce traité, qui ne
peuvent pas varier, quelles que puissent être
ies erreurs de détail qu'aurait commises le
télégraphe. (Très bien! très bien!)
Un résident français installé à Tananarive sera
l'intermédiaire obligé de toutes les relations
extérieures du gouvernement de Madagascar
avec les puissances étrangères (Applaudisse-
ments) ; ajnsi la politique extérieure de la
roine de Madagascar passera par les mains
de la République française. (Nouveaux applau-
dissements.)
Vous savez qu'une longue contestation s'est
élevée au sujet du droit de propriété rem-
placé par la faculté de baux à long terme ;
on n'avait jamais pu se mettre d'accord avec
les Hovas, qui voulaient que la durée de ces
4aux fût limitée et que le renouvellement en
fût consenti par le gouvernement hova.
Or, aux termes du traité, des baux à durée
indéterminée pourront être conclus au profit
des Français et être renouvelés par les parties
contractantes sans intervention du gouverne-
ment hova. (Très bien ! très bien 1)
La France se réserve le droit d'occuper la
baie de Diego-Suarez. (Très bien! très bien 1)
et d'y faire toutes installations à sa conve-
nance. Dix millions seront payés par'le gou-
vernement hova pour indemniser les Français
qui avalent eu des litiges réglés avant la
guerre et les Français ou les étrangers qui
ont eu à supporter des dommages pendant la
guerre. Le règlement de ces indemnités- sera
effectué par les soins de la République fran-
çaise. (Très bien ! très bien !)
Jusqu'au payement de cette indemnité, la
France gardera comme gage le port et les
douanes de Tamatave.
Quant aux peuplades du nord-ouest de l'île,
plus spécialement sous notre protection par
des traités antérieurs, le gouvernement de la
reine de Madagascar s'engage à les traiter
avec une bienveillance particulière. (Inter-
ruptions à droite.)
Un membre à droite. — On les tuSTra. (Bruit. )
M. le ministre. -le suis vraiment stu-
péfait. (Applaudissements à gauche.) Je n'ai
jamais vu une communication de cet'e na-
ture accueillie par des interruptions de ce
caractère. (Vifs applaudissements à gauche.)
Quant à l'administration intérieure des
Hovas, nous avons tenu à déclarer que nous
n'entendions pas y intervenir, que nous te-
nions à leur laisser leur autonomie (Très
bien! très bien!), nous bornant à les diriger
par nos conseils et nos exemples dans la voie
du progrès et de la civilisation. (Vifs applau-
dissements. )
J'espère, messieurs, et je m'adresse à toutes
les parties de cette Chambre, dans toutes, en
effet, je vois des représentants de celle qui,
l'an dernier, s'est montrée unanime dans
l'expression de certains sentiments relatifs à
Madagascar, j'espère, dis-je, que tous vous
reconnaîtrez que le gouvernement s'est ins-
piré à la fois et du vote solennel émis par
l'Assemblée et enmême templs du Yeou exprimé
par le pays, de restreindre, dans les limites
marquées par l'honneur et l'intérêt de la
France, les sacrifices nécessités par ces
expéditions lointaines. (Applaudissements).
Tels sont les deux ordres de considérations
dont nous nous sommes inspirés, quand
nous avons libellé le projet de traité.
Aussi est-ce avec une satisfaction pleine et
entière que nous l'avons enregistré, et que,
je l'espère, vous l'enregistrerez à votre tour.
(Vifs applaudissements à gauche et au cen-
tre.)
.————
IL VA FALLOIR VOTER
A la bonne heure ! On prend posi-
tion. C'est qu'il va falloir se pronon-
cer dans un sens et Yautre, et voter
pour ou contre. Il ne va plus suffire de
blâmer vaguement les extensions de
la politique coloniale, il va falloir être
pour l'évacuation ou pour l'occupation.
Celui qui a lu dans ces derniers
temps les journaux réactionnaires a
eu l'impression qu'on aurait à regarder
des caméléons. Il y voyait tour à tour
que l'évacuation était une « banque-
route » et qu'il fallait la faire. Quand
il leur demandait s'ils étaient pour
l'évacuation? — Mais non, répon-
daient-ils, puisque nous disons que
c'est une banqueroute ! — Alors, vous
êtes contre? — Mais non, puisque nous
disons que c'est une nécessité !
Le comte de Paris leur donnait
l'exemple. Le même jour, on tenait de
bonne source qu'il était personnelle-
ment opposé à toute pensée d'aban-
donner le Tonkin et que ceux de ses
amis qui voulaient l'abandon lui étaient
souverainement désagréables — et on
tenait de source excellente que l'aban-
don du Tonkin était le premier article
de son programme et que les roya-
listes qui refuseraient de le voter se-
raient de mauvais sujets.
Mais ce double jeu, facile dans la vie
privée (de couronne), est impossible
au grand jour parlementaire, et les
sujets, bons ou mauvais, n'ont pas pu
venir à la Chambre avec le masque à
double profil du prince. Reconnaissons
qu'ils ont étalé leur visage dans toute
sa beauté.
L'évêque d'Angers a beau être de la
droite, il a beau être un des orateurs
qu'ils sont habitués à acclamer, il est
contre l'évacuation, c'est assez pour
qu'ils le renient et le jettent par dessus
bord. Le président l'ayant appelé
d'une seule voix : — « Non! non! il ne
» parle pas en notre nom! — M. Joli-
» bois : Vous n'avez pas le droit de dire
» cela, monsieur le président. — M. le
» baron Dufour : C'est un orateur de
» l'opportunisme ! —- M. Jolibois :
» L'orateur parle en son nom per-
» sonnel, monsieur le président ! — M.
» de Rochefoucauld, duc de Bisac-
» cia : Il ne parle pas en notre nom,
» nous le désavouons absolument ! »
Et le compte-rendu officiel du dis-
cours de M. Freppel est émaillé de :
(Bruit et interruptions à droite) — (dé-
négations à droite) — (exclamations et
rires) — (rumeurs à droite) — (vives
protestations à droite), etc. Un mem-
bre de la droite a mis dans ses protes-
tations une telle vivacité que le Jour nal
officiel s'abstient de les reproduire et
les dissimule sous la formule usitée :
— « M. de Kergariou prononce avec
» animation quelques paroles qui ne
» parviennent pas jusqu'au bureau. »
En revanche, prenez le compte rendu
du discours d'un autre droitier, M. Ju-
les Dalafosse, qui a parlé, lui, pour
l'évacuation, et c'est presque à chaque
ligne que vous y trouverez des i (Très
bien 1 à droite.)— (Applaudissements à
droite.) - (Parfaitement ! à droite.) —
(Nouveaux applaudissements à droite).
1 11. - - c- - - -. -.- - -. - 1 7
etc. Celui-là, la droite ne l'a pas renié !
« M. Delafosse 1 J'ai parlé en mon nom
» personnel. — Voix nombreuses à
» droite : Non ! nont — M. Jolibois :
» Vous êtes notre orateur l w. M, pe-
.," 4
» lafosse : Le vote des crédits a une
» signification parfaitement claire. Le
» pays saura qu'à l'exception d'un
» seul la minorité conservatrice s'est
» levée tout entière pour s'y opposer !
» (Applaudissements répétés à droite.) »
Et quand l'orateur a évacué la tribune,
la droite lui a fait une petite ovation.
Maintenant les situations sont net-
tes. La droite s'est déclarée. Au moins,
si, ce que nous ne voulons pas croire,
l'évacuation est votée, la droite ne
pourra pas la rejeter sur la République.
Si l'évacuation est votée, sous quelque
forme que ce soit, qu'elle soit l'é-
vacuation à bref délai ou l'évacua-
tion à long terme, qu'on évacue en une
fois ou par étapes, qu'on en finisse
d'un coup ou que, comme il y a eu les
petits paquets de l'expédition, il y ait
les petits paquets du rembarquement ;
si, quand l'Espagne aux Carolines n'a
pas reculé devant les Allemands, la
France recule au Tonkin devant les
Pavillons-Noirs; si les Chinois répètent
l'inj ure de Tu-D uc : « Les Français
viennent en aboyant comme des chiens
et ils se sauvent comme des lièvres »;
si la diminution de prestige que nous
fera subir ce renoncement à une entre-
prise si longtemps et si chèrement
poursuivie compromet notre autorité
dans nos colonies, en Nouvelle-Calé-
donie, au Sénégal, en Algérie peut-
être; si, le lendemain du jour où nous
serons sortis du Tonkin, les Allemands
y entrent, — le pays saura que c'est
par la volonté des monarchistes, que
c'est aux monarchistes qu'il doit l'hu-
miliation de la France et l'augmenta-
tion de l'Allemagne.
AUGUSTE VACQUERIE.
«ri
A LA CHAMBRE
La discussion sur le Tonkin conti-
nue. Au début de la séance, M. de
Cassagnac a protesté contre un passage
du compte rendu de la dernière séance.
Un membre lui avait prêté, dans une
interruption, l'intention de perdre la
République en la shonorant par l'a-
bandon du Tonkin. M. de Cassagnac
affirme qu'il n'a jamais eu une sem-
blable .pensée et qu'il ne sacrifie pas
l'intérêt national à l'esprit de coterie.
Comme hier, trois orateurs ont en-
suite été entendus, au cours de la
séance : M. Frédéric Passy, M. Ballue
et M. Camille Pelletan, rapporteur. M.
Passy a traité la question, comme bien
l'on pense, au point de vue économi-
que ; M. Ballue a discuté la mesure des
sacrifices militaires suffisants, à son
avis, pour l'occupation ; M. Pelletan a
résumé les objections principales faites
contre le rapport de la commission et,
dans la dernière partie de son discours,
il a exposé les raisons politiques qui,
suivant lui, dans l'état actuel de l'Eu-
rope, ne permettent pas de persister à
une entreprise hasardeuse., "J:
- « .:'
M. Passy n'a jamais dissimulé ses
opinions à propos de l'occupation du
Tonkin. Il demande donc à soutenir,
malgré nombre d'instances, les idées
qu'il croit conformes à l'intérêt du
pays et pour lesquelles peut-être il a
été envoyé à cette Chambre. On n'a,
l'orateur le reconnaît, que le choix des
fautes, et on discute dans de fâcheuses
conditions, à la veille d'une élection
importante, et la question posée se
complique d'une question de stabi-
lité ministérielle. M. Passy le regrette,
il attend les raisons que le cabinet ap-
portera à l'appui de son projet. Il est
d'ailleurs prêt à voter tous les crédits,
s'ils doivent servir au rapatriement de
nos troupes.
M. Passy, après avoir passé en revue
les difficultés contre lesquelles nous
nous sommes déjà heurtés, les incerti-
tudes qui subsistent encore, a, dans
une péroraison fort applaudie, cité une
belle page de Michelet sur l'Espagne
minée à la fois par l'envahissement de
l'or et le trop grand développement
de ses colonies.
,."
8:8
Le second orateur, M. Ballue, a cal-
culé les ressources militaires du Tonkin
et les dépenses de l'armée d'occupation.
Par une comparaison avec l'Inde an-
glaise, qui exige très peu d'hommes rela-
tivement à lapopulation, ii s'est efforcé de
justifier les chiffres de la minorité et
ceux du gouvernement. Six mille hom-
mes suffiront à l'occupation. Les enne-
mis que nous aurons à combattre, pi-
rates, Pavillons-Noirs, déserteurs chi-
nois, ne se recruteront pas indéfini-
ment, et une bonne organisation de nos
troupes et des bataillons tonkinois en
viendra facilement à bout. Si la mino-
rité de la commission croyait ces espé-
rances sans fondement, si elle pensait
qu'il fallût chaque année dépenser des
centaines de millions, elle ne se serait
pas séparée de la majorité.
t»
IDiD
- M. Pelletan a commencé par déclarer
que M. Passy avait développé une par-
tie de ses arguments, puis il a examiné
diverses critiques dirigées contre son
rapport. Après y avoir répondu, il s'est
plaint qu'on combattît l'évacuation sans
chercher à justifier les avantages de
l'occupation. Il le faudrait cependant.
Il faudrait aussi que, pour rester au
Tonkin, on trouvât une raison autre
que celle-ci : nous y sommes. Si c'était
à refaire, nul n'oserait le proposer.
Abandonner une terre arrosée du sang
français est une chose fort doulou-
reuse. Qui peut le nier? Mais l'orateur
et ses amis ont averti le pays de tous
ces dangers. Il faut, suivant M. Pelle-
tan, se résigner à la politique du moin-
dre mal. L'orateur estime d ailleurs que
le suffrage universel s'est prononcé.
Sur cette affirmation, de violentes pro-
testations s'élèvent sur certains bancs.
MrPelletan insiste.
En terminant, M. Pelletan reproche
à ses contradicteurs de tout faire repo-
ser sur des hypothèses, et, après avoir
dit un mot du côté financier de la ques-
tion, il a fait un rapide examen de la
situation européenne. Cette dernière
partie de son éloquent discours a fait
une vive impression, et il a conclu en
disant que, si c'est au nom du patrio-
tisme qu'on propose l'occupation du
Tonkin, c'est aussi au nom du patrio-
tisme qu'il demande la liquidation de
l'entreprise.
='JI'
& A
Sur une question posée par M. Hub-
bard, M. le ministre des affaires étran-
gères est venu, à la un de la séance,
donner communicationrdu projet de
traité conclu avec le gouvernement des
Hovas. On savait que les négociations
étaient en bonne voie, mais on ne pou-
vait espérer une solution meilleure que
celle annoncée par le ministre et à la-
quelle la gauche a fait très bon accueil.
La droite qui manifestait un sentiment
contraire, a mérité une assez sévère
apostrophe deM. de Freycinet. Le traité,
dont le ministre a clairement résumé les
parties essentielles, nous assure une in-
demnité pour nos nationaux etieur recon-
naît aussi le droit de faire des baux,
comme auxnaturels. Un résidentfrançais
sera l'intermédiaire de la reine des Ho-
vas et des autres puissances, et, jusqu'à
la complète exécution du traité, un
port sera occupé par nous. Quant au
pays lui-même, nous lui laissous son
gouvernement, son administration. Ce
n'est ni par l'annexion, ni par la con-
quête, a dit le ministre, que nous vou-
lons essayer de civiliser les Hovas,
c'estpar notre contact et notreexemple.
« Ainsi, selon les paroles mêmes de
M. de Freycinet, le nouveau traité
tient compte des indications du
suffrage universel , qui a manifes-
tement voulu la limitation des en-
treprises coloniales. » Ceux qui vou-
laient la conquête pure et simple ont
applaudi tout de même. S'ils sont con-
vertis à la solution du protectorat poli-
tique qui a prévalu, tant mieux ^s'ils
font semblant d'être contents, tant
mieux encore. Mais, puisque la gauche
a été unanime pour applaudir la combi-
naison exposée par M. de Freycinet
pourquoi le gouvernement ne s'efforce-
rait-il pas de faire pour le Tonkin
quelque chose d'analogue? C'est la
question qu'on se faisait hier et qu'un
journal, la France librç, posait au
même moment.
A. GAULtHR.
-' ■■ i
COULISSES DES CHAMBRES:
Dans l'ordre des inscriptions, c'est M.
Antonin Dubost qui, aujourd'hui, devrait
prendre la parole le premier en faveur
des crédits et M. Raoul Duval qui lui ré-
pondrait en parlant, contre les crédits.
Mais cet ordre sera probablement mo-
difié; on annonçait hier soir, en effet, que
M. Brisson avait l'intention de prendre la
parole le premier aujourd'hui, au début
de la séance, pour'exposer la politique du
gouvernement.
Le président du conseil expliquera en
détail le système d'organisation du Ton-
kin qu'il a étudié et qui a été esquissé
sommairement dans la déclaration minis-
térielle lue à l'ouverture de la session, on
s'en souvient.
M. de Freycinet et le général Campe-
non interviendront aussi dans la suite du
débat pour compléter, chacun en ce qui
le concerne, les explications du président
du conseil.
Contrairement à ce que l'on croyait,
M. Clémenceau ne répondra pas à M. Bris-
son. M. Clémenceau se réserve de faire
une déclaration avant le. scrutin pour
expliquer son vote.
Plusieurs orateurs qui ne sont pas ins-
crits se proposent de prendre la partie.
M. Georges Perin, président de la com-
mission, doU exposer son système d'éva-
cuation, qui diffère sensiblement des con-
clusions deM. Pelletan.
M. Madier de Montjau, d'autre part,
doit faire une déclaration en faveur des
crédits et de la conservation du Tonkin.
La discussion sera très abrégée, mais
les détails de procédure et la multiplicité
des votes empêcheront la Chambre de
rendre aujourd'hui son vote définitif.
C'est seulement demain jeudi que l'on
statuera.
Mais dès aujourd'hui on prévoit que les
crédits seront votés, tels que les demande
le gouvernement, par une majorité ex-
clusivement républicaine. Le vote, qui
paraissait déjà très probable hier au dé-
but de la journée, semble définitivement
assuré depuis l'heureuse impression pro-
duite sur la Chambre par la signature de
la paix à Madagascar.
Contrairement à son intention primi-
tive, M. Granet n'a pas encore déposé sa
demande d'interpellation. Néanmoins, en
prévision du cas où elle serait déposée,
on continue à préparer de nombreux or-
dres du jour motivés. Il en circule près
d'une vingtaine à la Chambre. Le gou-
vernement, pour sa part, est résolu à
faire porter le vote de confiance sur sa
demande de crédits qui sera soumise au
scrutin, d'après les précédents, avant les
ordres du jour.
La droite s'est réunie hier en assemblée
générale pour délibérer sur la question
des crédits du Tonkin. La réunion devait
être plénière; des convocations avaient,
en effet, été adressées aux 179 membres
que la droite compte actuellement à la
Chambre, Mais, en fait, 80 membres seu-
lement ont répondu à l'appel, c'est-à-dire
à peine la moitié de la droite.
La réunion était présidée par M. Pli-
chon, député du Nord. La délibération,
qui a duré environ deux heures, a mis en
lumière les profondes divisions qui exis-
tent dans la fraction réactionnaire de la
Chambre.
Tout d'abord la question s'est posée de
savoir si l'on devrait voter en premier lieu
sur le projet du gouvernement ou sur celui
de la commission. M. Jolibois a soutenu
que les conclusions de la commission
devaient former la base de la discussion
devant la Chambre, que le projet du gou-
vernement ne devait plus être considéré
que comme amendement et que dès lors
il serait soumis le premier au vote. M. Le-
fèvre-Pontalis a soutenu la thèse contraire
en prétendant qu'aux termes de la juris-
prudence adoptée à la Chambre les projets
du gouvernement étaient toujours la base
de la discussion et comme tels venaient
les derniers en délibération. - -
La réunion s'est prononcée pour la
thèse de M. Jolibois et, dans l'hypothèse
où il en serait ainsi à la Chambre, elle a
décidé de voter contre les crédits deman-
dés parle gouvernement, c'est-à-dire con-
tre les 75 millions.
Restait à savoir ce que l'on ferait en
présence des conclusions de la commis-
sion, qui, comme on le sait, propose de
voter le quart des crédits demandés par
le gouvernement, soit 18 millions, pour
l'entretien des troupes, en attendant que
le gouvernement présente un plan d'éva-
cuation. C'est à ce moment que les diver-
gences ont commencé à se manifester.
Trois opinions ont été émises.
Les uns, comme MM. Keller, Lefèvre-
Pontalis, Piou, Lanjuinais, se sont pro-
noncés pour le vote des i8 millions, sans
préjuger la nécessité de l'évacuation. Ce
crédit serait un crédit d'attente, permet-
tant la présentation d'un plan ultérieur
par le gouvernement.
Les autres, comme MM. Saint-Martin
(Indre), des Rotours, etc., se sont pronon-
ces pour le vote des 18 millions considé-
rés comme crédit pour réaliser l'évacua-
tion.
Enfin, une troisième catégorie de mem-
bres, tels que MM. Lejeune, Baudry d'As-
son, etc., s'est prononcée contre toaM
espèce de crédits.
La majorité des membres présents a
paru être en faveur du vote des crédits
pour l'évacuation, mais il importe de rap-
peler que la réunion comptait moins de
la moitié des membres de la droite.
Quoi qu'il en soit, la réunion a ensuite
discuté sur le point de savoir s'il faudrait
faire précéder le vote d'une déclaration à
la tribune.
Là encore, les divergences se sont mon-
trées. Une partie de la réunion, la plus
faible il est vrai, s'est déclarée opposée à
toute espèce de déclaration. La majorité
a été d'avis de faire une déclaration; mais
on ne s'est pas trouvé d'accord sur le sens
que ce document devrait avoir. Les uns
voudraient qu'oïl, indiquât nettement la
nécessité de l'évacuation, les autres qu'on
ne prononçâfpas^ce mot et qu'on restât
dans des termes ..vagues perUleltaJ'lt de
réserver l'avenir.*^
Finalement les bureaux des trois grou-
pes de la droite ont été chargés de rédiger
un projet de déclaration. La féllniçm/tien..
dra une nouvelle séance ce matin pour
recevoir communication de ce projet et
décider si elle l'accepte.
-0-
M. Michelin a pris l'initiative de la pro-
position suivante :
Projet de résolution
Article 1er. — Une commission de vingt-
deux membres est nommée à l'effet de re-
chercher les origines et les causes de l'expé-
dition du Tonkin et de déterminer la respon-
sabilité des différents ministères qui ont
conduit l'opération depuis l'origine jusqu'à ce
jour.
Art. 2. — Un rapport sera fait à bref délai
à la Chambre qui, conformément à l'article 12
de la loi constitutionnelle du 16 juillèt 1875
aura à statuer sur la mise en accusation de-
vant le Sénat des ministres responsables des
crimes commis dans l'exercice de leurs fonc-
tions.
La proposition est signée par MM. Mi-
chelin, Camélinat, Antide Boyer, Plagi-
teau, b>ly, Ilude et ^guerre. - ..,.-
Elle sera déposée au moment du vot(f
des crédits du Tonkin.
1 1 Wl
Les ministres se sont réunis hier matin,
à'TElysée, sous la présidence de M. Jules
Grévy.
Le conseil a confirmé sa décision de
fixer au 28 décembre la date de la convoi
cation du Congrès.
AVIS
L'échéance de fin décembre étant
l'une des plus importantes de l'année,
nous prions les personnes dont l'abon-
nement expire fin courant de ne pas
attendre les derniers jours pour le re
nouveler, afin d'éviter une interrup*
tion dans le service du journal.
ABONNEMENTS PAR LA POSTa
Nous rappelons à nos lecteurs qu'ils
peuvent s'abonner sans frais au jour-
nal LE RAPPEL dans tous les bu*
reaux de poste de France et d'Algérie.
DOUBLE JEU
Autant les divergences du parti rêpui
blicain me paraissent explicables, autant
je suis surpris de ce schisme subit qui
oppose sur le même point, dans la même
question, non-seulement les bonapartistes
aux royalistes, mais les bonapartistes et
les royalistes entre eux.
En effet, les députés républicains ne
relèvent que d'eux-mêmes et de leurs
électeurs ; ils n'ont pour les guider que
leurs lumières personnelles et les conseils
de leurs comités; donc autant d'individus,
autant d'opinions possibles, autant de
façons d'envisager l'intérêt de la France
et l'honneur de notre drapeau.
Mais il en va tout différemment à droite;
par cela même que la minorité est com-
posée de partis monarchistes, elle doit
par définition obéir à un ou plusieurs
mots d'ordre supériears 7 elle doit avoir
un ou plusieurs chefs qui, pour être en
dehors du Parlement, n'en suivent pas
moins ses délibérations d'un œil attentif
et inspirent les votes de leurs partisans.
Rien n'oblige tel membre de l'extrême
gauche à voter comme M. Clémenceau ;
rien n'oblige tel député opportuniste à
voter comme M. Ferry ; par contre, on
ne comprendrait nullement qu'un roya-
liste ne tînt aucun compte de l'opinion de
M. le comte de Paris ou qu'un victorien
s'abstînt de consulter le prince Victor.
Cette opinion, nous ne la connaissons
pas; le comte de Paris, tout aussi bien
que le prince Napoléon ou le prince Vic-
tor, se renferme dans un majestueux si-
lence. Est-il pour l'évacuation? Le Monde
dit non un jour et oui le lendemain. Le
public serait curieux de savoir la vérité.
Le comte de Paris sait tenir une plume. Il
a des journaux à sa disposition; qu'il
parle ! qu'il dissipe toutes les obscurités,
qu'il lève tous les voiles, s'il ne vent pas
qu'on dise qu'il joue double jeu et qu'il
a attendu que la Chambre ait pris un
parti, pour le faire attaquer par ses jour-
naux et ses amis. -
FRÉDÉRIC MONTA RG1S.
LES ON-DIT
Les premières baraques du nouvel an
ont fait leur apparition hier sur les boule-
vards. Du train où vont les petits mar-
chands qui les montent, tout sera prêt
pour les fêtes de la Noël où s'étaleront de
la Madeleine à la Bastille les mille bibe-
lots toujours curieux et toujours intéres-
sants de la petite industrie parisienne.
Vienne donc le beau temps 1 la foule ne
saurait manquer d'accourir — et ce sera
plaisir et proijt pour tout le monde.
.;ow.
? ?
La laïcisation de l'hôpital Cochin est un
fait accompli.
Hier, à deux heures, les sœurs infir-
mières ont quitté l'hôpital par petits
groupes de trois ou quatre. Elles étaient
au nombre de vingt-cinq.
Les unes se sont rendues à la maison-
mère, rue Bara ; les autres à l'hôpital do
Montrouge.
A
00
L'affluence a été plus considérable
encore dimanche que ies jours précédents
dans ïcS salons du ministère uc la marine,
où la vente organisée par l'Union des
femmes de France avait attiré une véritable
foule. Nous sommes heureux de constater
l'immense succès obtenu par cette œuvre
sympathique entre toutes. Nous appre-
nons, en effet, que les premiers comptai,
dressés par les dames vendeuses permet-
tent d'évaluer la recette à 80,000 francs
environ. Les objets vendus provenant
presque tous de dons, les frais généraux
seuls seront à défalquer. Les tombolas
ppn tirées au cours de la vente le ^roi £
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Collections numériques similaires Chadeuil Gustave Chadeuil Gustave /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Chadeuil Gustave" or dc.contributor adj "Chadeuil Gustave")
- Auteurs similaires Chadeuil Gustave Chadeuil Gustave /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Chadeuil Gustave" or dc.contributor adj "Chadeuil Gustave")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k75394315/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k75394315/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k75394315/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k75394315/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k75394315
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k75394315
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k75394315/f1.image × Aide