Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-07-24
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 juillet 1866 24 juillet 1866
Description : 1866/07/24 (Numéro 205). 1866/07/24 (Numéro 205).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
£ï* ANNEE*—N* 20$.
BUHéAUI A PABIS? rn5 dé Valois (P^Roy*!), n* 10.
B
À ONNEMENS DES DÉPARTEMENS
TROIS MOIS. ,ïr.V4 16 FH. :
SIX MOI&,.,;.vi>v,^ 32 FR.
UN AN » v>"*^ '»;<•»••« 64 îk .
•"■.n
TOUS LES PATS ÉTRANGERS, TOÎT lQ, tableau
publié les 3 et 20 de chaque mois.
Imp. Li BompACBj ruedes Bons-Enf&ns, 19.
MARDI M JUILLET 1866.
ABONNEMENS DE [PARIS,
TROIS. MOIS.viv^i
SIX MOIS...,
UN AN
Î3 FR?
26 Fa. 1
82 FR.'
JOURNAL POLITIQUELITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
UN NUMÉRO 20 CENTIMES.
Le taodo d'AfidNirestEirt le/plus simple. e?t l'ënydi d'un bon dé poste ou d'un effet
sur Paris, à î'ordréde L'ABMwiSTRAïËira au journal, r. de Valois, n» 10.
les lettres ou envois d'argent non affranchis sont refusés.
Les articles déposés iie sont pas rendus,
■ ■■ ■ .v Les abormemeos dateC* t" et u
- de cbaque mois.
S'adfeSsèt pOfur tes A nnonces à MM, F acchey , L affitte , B uixîer et C®,
glacé dé la Bourse, 0, à M.- D éport , 7; rue Goq-IIéron, et au bureau du journal.
PARIS, 25 JUILLET.
Nous n'avons dit qu'un mot dy nouveau
blll d'extradition présenté au Parlement âïj-
glaisi .il est bon d'y devenir; no sefait-ce que
pour pretidie une'fois de. .glus en
délit çe,tte opposition systématique qui ne
manqué jamais Içrsqu'une difficulté s'élève
entre la France de ça Ranger du çôjé la puissance élrao--
gère, quels que soient les intérêts français
engagés dans la/question.
; Les Etats-Unis se montraient hostiles à la
politique que les événement? jiipu.s avaient im
posée du Mexiqufl; Que faisait l'oppositioô
'dont nous parlons l Elle donnait raison aux
Etats-Unis, leur apportait dès argument èi
condamnait la çause d'pxdre et dp civilisa—
tioji que % France soutenait avec une noble
énergie^no% sans gloire. 0,r yoilà que lès.
Etats-Unis, abandonnant le conflit qu'ils;
avaient paruT.ouipir éieVef, çothpronneftt la
ligne de conduite que le gouvernement de
l'Enopçreyr s'£§tjrac£p^ et acceptent, en rap-
gelant l'amitié « presque séculaire » qui Jps
attache & 1$ France, la solution développée
dans les remarquables dépêches, de M. lé mi
nistre des affaires étrangères..
Que reste-t-il des argumens qu'on wtit
prétendu fournir $ui Etats-Uni*, sans ^enir
compte ni des intérêts français ni de l'bon-
peur-de l'année française? Rien.
Voici maintenant une autre, question de
droit mternaUon^, dans laquelle le gouyer-
nement-de l'Empereur obtient encore une.
honorable satisfaction confies doçtrineset
les assertions de la même école.
Un traité 4'Ç^d|tiôç a^ait été signé, en
1843, entre la France et l'Angleterre. Le gou
vernement, français l'avait toujours exécuté
fëguli^ement. Mais il n'avait pas obtenu une
seule çxtrçdMion. Toutes ses demandes
avaient rencontré d'invincibles pbstacles,
dans la jurisprudence anglaise ou dans la fa-
" çon dont elle était interprétée. Le gouverne
ment dô. l'Empereur se décida à dénoncer le
traité, le 4 décembre 1$$$, dans le but d'ar
river à un autre arrangement qui lui assurât
3e sérieuses gafantie.9. v
. Qu'arriye-t-il aussitôt 1 L'opposition don
ne hautement tort à la France. Elle défend
de tous points ^ jurisprudence anglaise. Elle
èomliat violemment oé qu'elle appelle les
prétentions, les exigences de notre gouver-.
èement ; ellè ;j -va jusqu'à déclarer que, sous
îès plaintes et les r^çlamations, il y a un but
gccret, et que ce but esi ^'qbienjr. par l'ex-
Jraditiqn les individus accusés de crimçs
ou délits! politique?... . ,
Qui répond à ces attaques iniques de l'op
position française? C'est le, gouvernement
anglais! lui-même. ;
'' Dans la séance de la Chambre de$ lords de
Jeudi dernier, 19 juillet, le chancelier a pré
senté un bi(l de?t^ à- donner une efficacité
réelle au traité d'extradition. Lord Clarp.n-
don, principal secrétaire d'Etat pour ^eç
Affaires étrangères dans le précédent cabi
net, à soutenu ce l?ill qu'il préparait) ainsi
que cela a été cons.taté par le lord chancelier
au moment même où certains journalistes
de Paris, croyant appuyer les résistançes do
l'Angleterre, soutenaient qu'elle ne devait ni
ne pouvait rien changer & l'ét<|t do choses
eçïs^nti
■ Ce. sont les deux poblés lprds qui se son
chargés de réfute* toutes Tes-assertîorts dp
la presse opposante on France, et dé démen
tir formellement ses calomnies.sur les pro
jeta du gouvernement de l'Empereur rçslati—
Yerâept aux. délits politiques.
Le lord chancelier a déclaré que le nou
veau bill répondait « aux exigences que çom
porte la question, s
* Y*. .là Prqncei M il dit/ ne compte pa§
fi moins de cinquante - trois traités d'ex-
v tradition;, elle, rç'a renppntré ^uçtine diffl-
a eulté vis-à-vis d'autres nations. Quant
» l'Angleterre, il est extrêmement remar-
5 qu^ble que pendant vingt aonéesj de *(5^3
# à 1863, elle n'a jamais livré un seul
» criminel réclamé la France. Cela est
» provenu en partie de la façon dont le ma-
» gistrat qui présidait alors- ^ Bow stréet
n envisageait le devoir qu'il avait à remplitr|
» relativement à ce,5 questions. » ' 1
Enfin, après avoir expliqué e| justifié tou
tes les dispositions du nouveau bil}, le lord
chancelior à déclaré que «c'était la plus gran
de erreur » de croire que le gouvernement
français songent à. la poursuite des crimes
politiques en demandant 1^ révision du trai^
té d'extradition, et il a démontré, la loi en
main, que cette intention même était abso
lument impossible.
Lord Glarendon, en exposant à son tour
les motifs qu'avait eus le gouvernement dé
S. M. britannique de déférer à la juste de
mande de la France, a terminé en disant
qu'il « peqse que la mes^e pçonosée ç^i-
tisfera le gouvernement français. »
Ainsi, tandis que des journaux de faris
incriminaient la dénonciation du traité par le
gouvernement impérial et y cherchaient le
prétexte d'odieuses insinuations, Jesminis tre^
de la Grande-Bretagne s'empressaient de re
connaître ce qu'il y avait de bien fondé dans
cette démarche, et s'occupaient d'y faire droit.
Quelle'leçon pour ces écrivains qui trouvent
mauvais tout ce qui se fait chez nous, ad
mirent tout ce qui se fait ailleurs et ne crai
gnent pas le ridicule de se montrer beau?
coup plus Anglais que lés Anglais eux-
mêmes ! ' '' ,
> PADLIN LIMA^AC.
La note suivante, émanée de. M. le mir
nistrè de l'intérieur, a été affichée aujour
d'hui à la Roiirisio de Paris, dès l'ouverture
du parquet î
Extrait d'une dépêche officielle. ,.
« L'Autriche accepte les préliminaires de
paix admis déjà par la Prusse.
» Les plénipotentiaires de ces deux puis
sances sont réunis au quartier-général prus-
ïieh pour négocier un armistice. • s
» On attend la réponse définitive de l'Ita
lie qui a déclaré qu'elle acceptait en prin
cipe.»" ; ' : ... y;;'"
Du côté dq la Prusse et de l'A^trichoy,' les
difficultés pour la conclusion d'un armistice
se trouvent aplanies* ' . ,
Ur( télégramme de Viennp annonce gué la,
suyiensien d'arme^ 4ei cinq 'jpuçs' part;
d'hier 22 à midi. Des commissaires ont-étér
envoyé^au quartiej-gén^ral prussien poux-
négocier les. conditions de l'armistice,
f/italie n'a pas encore ' répondu d'une far.
çpn définitive ; mais nous espérons que cotte
réponse ne se fera pas attendre. •
:I1 se confirme que l'escadre italienne n'a
pas été heureuse dans le ccimbat naval
du 20.
Un télégramme de Vienne,, du moins,
répète dans dos termes catégoriques, que la
flotte italienne s'est retirée sur Ànc6ne,.et
que depuis ie ?ï eïle n'est plus ènyue.
Ëri attendant l'armistice, dri continue à so
battre. Los Autrichiens ont eu quelques eri-
Çagemens heureux en Moravie et dans le Ty-
rol. Ils ont répoussé une ^ttaqu® dirigée par
des forces prussiennes' supérieures coi\tro
Bium'énaji; au nord-oues| de ÎPr.çsbourg.' ,
' .J^'-on'apprefld, .en outre, que i'arméé dq
Benedeli a pq ^ainlenir sp? çominupicaiion's|
ayee l'armée'du canjp do FJo^isdorf..
' Dans le Tyrol, ïes Àutrichièns onratlaqUé
îeç Italien.^, au fi,pmbrâ de"'12,000'et les ^poussés en lè^r (aisant 1,000 prisonniers.
Lès pertes dé§ Italiens en tués et blessés se
raient considérables. '
Lés Etats dty sud de l'Allemagne prennent
de'uôuveîlés mésures dé 'dé'fonso contre les
|oreps prussiennes qu.i ^és menacent» ' t.
La rpi de Wurtemberg a appelé toutes les
réserves pour }a défense du' 'territoire et ii
èst parti pour se mettre à ta tête do ses trou
pes." Les Etats- dii çud se proposent de cori-
ceptrer $ur le Mein de 120 à 130^000 hom
mes. Le, h et lé Sf porps de l'armée fédérale
pnt'p^ Opérer leur jonction. • " '
' d un autre cÇ»té, smyqpj up |élégramme d0
Carlsr^bp, la ffjissë aurait envoyé une som
mation du' grand-duc de Bade qui aurait ré
solu dé céder.
La consternation règne à Francfort par
suite de l'édit du général prussien, imposant
à la ville uqe contribution de 31 millipns de
florins (66 millions d® francs). Par cette me
sure beaijcqup do familles 'sont menacées
de banqueroute et de ruine. Les réclama-
tipns de quelques notafeïes çont res'téos
sans résultat. Le dernier délai de payemenf
expire ce Soir. Si la somme n'est pas payée,
il sera procédé par voie d'exécp-ti'on mili
taire. ■; ' . .
Deuxcentsnxembresdu Nationalverein, ori
ginaires de la Hesse rhénane, se sont séparés
de cette association.Dans la lettre, qu'ils ont
^dressée aupomité .central, on lit çie qui suit :
« îious sommes ehtrés dans le Nationalve-
v rein et nous avons persévéré à faire partie
» de cette société tant que ses che'fs ont mis,
» au-dessusdè tout, l'union libérale de notre
» patrie. 3|Iai§ depuisque lcschefs delà soci$
» té ont déclaré acceptables les propositions
de' réformé, prussiennes et que, loin de
» repousser avec indignation la politique d^
» violence,' ils ontçommèricé au contraire
» à soutenir les prétentions de la puissance.
0 dominante, lious çroypriç nécessaire de
# sortir dé l'association, i?
L'autorité prussienne, dans le Ilolstein, a
défendu les "collectes organisées à Kiel en
faveur des Êtess t és( autrichiens, sous pré
texte; qu'elles constituaieni une démonstra
tion hostile à la Prusse. = ;
'' E douard S imon.
l>e nouveau ministère anglais a eu plu
sieurs fois déjà l'occasion d'exposer ses-Vues
de politique extérieure. Lord Derby, à di
verses reprises et vendredi dernier encore,
dans la Chambra des lords; M. Disraeli de
vant ses électeurs du Buckingliamshire; lord
jStaîiley^ ministre des affaires étrangères^
''tant dans la Chambre des communes que
sur les hustings, ont fait des déclaration?
importantes et qui attestent une parfaite
conformité d'opinion entre les principaux
membres du cabinet tory touchant la direc
tion à donner à la polique extérieure de la
Grande-Bretagne. '
" Dans la pensée des conseillers actuels dé
la reine, 1!Angleterre nè doit pas se lier les
mains en professant le principe d'une non-
fnteryeptiojn abjoluq; m^is elle doit se gar
der le plus possible de s'immiscer dans les
affaires du continent européen, et surtout
d'y prendre une .part active, ;3i son concours
et ses bons offices lui sont demandés en vue
de coopérer à une œuvre de- paix, ©lie sera
heureuse de les offrir; mais, voulant s'épar-
Çnerla nécessité' d'appuyer ses paroles ou
ses avis'par dés actes, elle s'abstiendra de
porter d'avance aucun jugepient sur les dif
férends qui peuvent éclater entre lés'puis-
^ances de l'Europe.
M. Disraeli, dans son récent discours d'Ay:
lesbury, a prononcé une parole qui a beau-»
coup frappé les esprits en Angleterre", et
qui ia paru exprimer ayee une grande jus-
tessè et une heureuse concision la situatiop
, et la politique d» pays à l'extérieur. « L'An
gleterre, a-t-il dit, est une puissance asiati
que plus qu'une puissance européenne; »I1 y
a dans ces quelques mots, suivant une re
marque du Standard , toute l'histoire d'un
aemi-sièclo ; ils expliquent à merveille les
changémens qui se sont produits peu à peu
dàris'les relations extériejires dp la jgr^ndû-
Bretagne.
L'Angleterre, en effet, possède aujourd'hui
en Asie un empire plus vaste que l'Europe
moins la Russie; elle y fait un eommerce
plus considérable que ne l'est son commer
ce européen ; elle y a des relations qui dé-?
viennent chaque jour plus importantes eï
plus difficiles ; elle y a enfin, comme nation
Civilisée, une grande mission à remplir. Elle
gouvorne dans l'Inde pue population de
cent cinquante millions d'âmes. Elle a mul
tiplié ses rapports avec la Chine au point
qu'elle est forcée de s'intéresser peut-êtré
davantage aux affaires'do cet empire qu'à
celles do plus d'une grande puissance éuro-
• péénne. Elle s'est ouvert au Japon, à la :
pointe do l'épée, un débouché commercial, :
et l'on ne saurait dire quelles complications !
peuvent _surgif pour elle dans l'avenir de ses i
rapports avec .cette nation jalouse ' et exclu- '
sivé. Ceylan, Maurice etd'autresîlesdesmers !
brientalps lui appartiennent; plus au sud, ;
c'est l'immeiàse contiiipnt australien qui sp
peuple et développe ses Ressources àl'abri du
pavillon anglais ;' eux antipodes, à la Nou-
-voUe-Zélapdo, une nouvelle Grande-Bretagne
! flst en voie de se former.
L'Angleterre est doncréelkment pn droit dp
se qualifisr de puissance asiaiiqup; elle peut ,
se considérer comme l'arbitre des destinées
de la plupart des pays que baigne l'océan Pa- |
xifiquo ; pllo est aussi, dans une certaine me
sure, une puissance américaine. Or, elle n'a
pas trop dp toutes les forces que lo soin de
ja propre d^feqse -laisse dis'pprçibles, pour
protéger ses colonies,'.surveiller 11
sans compter les ombarras quo d'anciens
; sujets se plaisent à lui susciter au Canada
ou en Irlande même. Une nation de trente
millions d'âmes ne possède, apxès tout, que
des moyens limités} pli3 nqsaurait pour
voir aux nécessités . qu'entraînerait pour
elle là dpUble situation dé g^raiide puis
sance agissante à la fois en ÈurPp'e et çn,
en Asie. disait le journal anglais cité tout à l'heure,
a droit la première à notre attention ; et quand
nous avons fait de ce côté ce que nous, som-r
meç obligés de faire, il ne nous reste plus de
force Remployer dans aupuno entreprise d'a
gression plus près de nous. »
■ Voilà pourquoi l'Angleterre se sent de plus
en plus disposée à se tenir à l'écart des con-:
flits européens. Elle réserve ses forces pour
les employer là où ses intérêts exigent plus
impérieusement leur présence. Il lui faut
trouver, d.es spldats pour ur empire lointain,
et uné flotte pour occuper en quelque' sorte
l'bcéai) Pacifique. . '
VAngleterre, $ dit encore avec, raison M.
Disraeli, est ia métropoie d'un empire mari
time immenss. Il n'y a pas de puissance qui
fassepliis qu'ejle'acte d'intervention-; mais
c'est dans l'Inde, c'est en Afrique r en Aus r
tralie, "dans la Nouvelle-Zéla'nde, que sa des
tinée la conduit à intervenir : c'est sur ces
points élpignés qu'elle esr parfois appelée
à faire la guerre sur une grande échelle»
' L'Angleterrp, industrieuse et intelligente,
est le pays dés expé iitions lointaines par
excellence. G'est, là un mérite que ses admi
rateurs ordinaires parmi noiis ont oublié de
|iii reconnaître, ojt ,quc ses ministres revendi
quent bien haut pour elle. Elle s'en fait une
gloire, et, on le voit, cette jloire lui suffit.
II.-M awe M artin.
TÉLÉGRAPHIE PRJYÉE.
ASBNCE HAVAS-BULLIER.
Plymouth t 22 juillet.
Le Tmnmslanlic, parti do Port-Philips le 9
avril avpc 7,040 oneps d'or, est arrivé. ' '
Garlsruho, 22 juillet.
On apprend de bonne source qu'Une somma
tion prussienne est arrivée ici et que le grand-
duc aurait résolu de l'accepter. ' :
Tienne, 21 juillet.
Officiel. —La brigade du colonel Man'iel, ren
forcée par le H° de ligne, plusieurs bat(onqs et
escadrons du ^ corps d'armée, a victorieuse
ment repoussé une attaque dirigée par dps for
ces très supérieures de l'ennemi contre Clume-
nau, au nord-ouest de Presbourg\
Manheim, 22 juillet, soir.
On écrit de Francfort, quo le général dp Jlan-
teuffol, riialgré'ies efforts"' «Jo plusieurs nolùLles
do la ville, persiste dans la -demando dp paie
ment immédiat d'une _contribw^n do" 25 mil
lions do iloriris ( 32 miliions lfl^francs ), et
qu'il menaco dè livrer là ville au pillaçè si cette
somme n'est pas payée lundi soir (23 îjuillcf). 24-
canons ont été transportés sur 'le Miïh.lbérg, col
line qui domine la villo de Francfort,.afin d'in
timider . la ' population. Jusqu'à présent', ;la villo
refuse de payer petto nou velle rançon. La ville
"est dans la 'epristorp^iori. Un grand nombre d«
familles" quittent Francfort^ Les magasins sont
formés. La Boiirso est également fermée ; il n'y
a eu dp transactions que surl'pr et lo change.
Florence, 23 juillet.
Les commandans autrichiens en Yenétie frap
pent ao tases et' d'amendes extraordinaires les
localités qui ont fô'é .la nouvelle de là cession.
Les conditions mises par l'Italie à un armisti-
.ce', et communiquées à ta Prusse et à la Franœ,
n'ont pas encore été acceptées par l'Autriche,"
notamment en ce qui concerne le Tyrol. Lo ba
ron lticasoli a été élu député à Florence.
VItalie assure que les commandans d ! armée
ont déclaré qu'aucupo suspension d'armes n.p
pouvait avoir lieu entre i'Autricho et l'Italie, :
avant que le mouvement militaire actuel■fûHer -i
miné et que la disposition des corps fût devenue
l'Inde, sou- 1
tenir%on, prestige en Chine et au Japon, 1 militairement régulière et sûre
1 Florence, 23 juillet. \
On mando de Ttovi&o : Unp patrouille autri-f v
chienna sortie de l£gnano est tombée dans une
embuscade, tendue par de# détachemens dô
bersagliers. ' • , , ,
Borgû do Yalsugana sur la Drcnta et la routft
de ^assano à Trente^ est fortement occupé pai
l'ennemi ^vec des batteries dp fusées et dos ca j ,
nous de montagne. ...
tes Autrichiens se préparent encore a détrui
re divers ponts. •'
; ^ Florence, 23 juillet. :
v On assure que 1e député Boggio a été tué dans
le combat naval livré devant l'île de Gssa. ^ >
Ypioi les dépêches que nous recelons cé
^ Londreç, 23 juillet.
L'office lutter croijt savoir quç. les prélimi-
naires de paix>o,?° s ^ P^'apriisso et approu^
vés par la France et l"x. u ., ' Ifi , contiennent les
clauses Suivantes : : . ' .... ..
Dissolution de l'aoclennè cbtn^ e? ' a "° n j.?^" !r
manique, organisation d'une nouvelle cw''. 1 ; 7
ratiop Pn de)iors de l'Autriche, copstitution âu<~
ne nouvelle union de l'Allemagne du Nord, sous
la direction militaire et diplomatique de la
Prusse, faculté do former une union de l'Alle
magne du Sud ayant une existence internatio
nale indépendante, lion national entre les deux
unions allemandes, annexion des duchés de
l'Elbe" h là Prusse hors les districts danois du
Sleswig, paiement partiel -des frais de guerre
par l'Autriche, enfin l'intégrité de l'empire d'Au
triche hors la Vénétio.
Munich, ,23 juillet. ;
La Gazette de Bavière a reçu de Yienno, en
date çi'hier, )a nouvelle quo doux corps d'armée
a)itrichièns.8qnt arrivés à Presbourg après un
engagement dont l'issue n'a pas été favorablo
<»ux troupes prussiennes.
Berlin, 23 juillet.
(Officiel). L'armée • prussienne, on quittant
Briinn, n'a rencontré * sur son chemin quo des .
détachemens dè cavalorie qui se sont.retirés en-
toute hâte il l'approche dè nos troupes, Les pont!
èu'r la Thayà ot la Warch, détruits par les Au-î- ®
trichions, ont été rétablis dans los vingt-quatré
heurÈs par les Prussiens p l'exception dp quel
ques ponts do chemins de fer. -
Lundonbourg à été évacué sans résistance
par la brigade Mandel qui s'y était retranchée
et qui à 'battu en retraite vers le sud. Trente^
neuf convois militaires ont été* dirigés vers la
sud, ces jours derniers, avant que nos troupes
eussent occupé Gœding; ou assure que l'armée
saxonne formait les six dernier^ convois. ;
Berlin, 23 juillet.
Le Qlonileur prussiep publie une ordonnance
royale datée de Briinn, is juiflet, qui convoque
lès doux Chambres du Parlement pour le 3q. ,
Leer (Hanovre), 23 juillet. t
Des adresses demandant l'annexion ifia^Prus-
so se préparent dans les villes-principales de' la
plupart des arrondissemons do la Frise-Orienta
le (province do Hanovre).
Copenhague, 21 juillet.
La première Chambre danqiso à ad >pté..!«
nouvelle Constitution. L'adhésion do la second^
Chambre n'est pas douteuse. ' ''
Florence, 23 juillet.
(Officiel.) Hier, la division Sledic; s'est etnpa*
xée, après neuf heures do combat/flp toutes les
positions de Cismona ài'rimojano. Aujourd'hui
cette division marche sur Trente par Val Su*
gàna. ; : ■
ÇQURS PE LA BOURSE.
cours drcloture . le 21 le 23 Hausse. Baisse.
3 0)0aq compt. ,t9 2Q b9 05 p ? » 15
^r -^in fju mo/s. 69 32 B9 15 » d « 17
4 l/2aucopipt, j97 25 97; » » » j>, ,J5S
Une lettre de Londresjque publie ce matin
le Moniteur, contient quelques renseigne-
mens intéressons sur le mouvement dés
échanges entre "la France ét l'Angleterre;
Constatons tout D'abord que, rpitftivempnt h
nos expéditions do yipç dp l'autre' côté du
détroit, elle donné les mêmes chilffesqus le
tab|eau statistiquo du Tirnes récemmcnt.rc-
projîuU par nous. Qel\e fois , r'.est du bu
reau du' commêrcp — bqard of tradç -r-
qu'émane le docimient analysé par - lé
correspotidapt dp ijà fouillé o'ffipiéllr;.confirmation dé ^Q.tro relevé que nous y
-trouvons ne nous en est que plu s précieuse.
Par s.uitp de la maladie des bêtes à cornes,
Feuilleton du Constitué onnel, 24 iui'lct.
UN DRAM R INTIME
Posé dans un silo charmant, ot au pied
mêmo-des Pyrénées, lepetit village de Saint-
Sauveur, aùqupl on arrivé, d'Espagne; par la
brèchB dfi Roland, et, de France, par la bel
le vallée de* J^uis, ne resse.mbip en rien à'ces
haltes ter^lantés mais tapageuse? cfue l'on
rencontre aujourd'hui à'chaquo pas depuis
Biarritz- jusqu'à' Bagnères-cle-Lucbon. La
mode, en reinpciipncîéuse, a pris tout à-
coup sous son patronage, partout absorbant,
.ces nobles montagnes, jadis si sauvages, et
elle soudé un casino du un cercle à c-ha T
cun des anneaux de leur chaîne.' Leurs
recoins lps plus déserts sont devenus tout-à-
coup térriblemeqi fasjiional'Ies.
Saint-Sauveur sjîu I a gardé quelque choso
dé l'antique et primitive simplicité.
. Là, point dp parties'-joyeuses, pas de ca
valcades entraînantes,, ni de folles équipées
f*as..Nw r . t .. . ^
d'excursions, lé jour, aux pics, aux lacs où
aUs cascades;:1e goir, nidansp ni musique:
en un mot, aqcune de ces distractions çojnr
ane on on trouve si âisement dans les villes
■d'eaus, càpiiala§ d'^ié de ce monde é/egant
«-qui vit à Pai^s l'hiver, pt qui' veut retrpu-i
.ver partout l'image et les plaisirs dp Paris.
; Saint-SaUAM.ùr 9 échappé jusqu'ici à cette i
contagion éclatante! Il rje voit arriver à lui, \
de juin à septembre, qu'une modeste colo
nie de! véritables malades, escortés, de gohs
-sérieux, ; qm sont parfois unpéu tristps. Les '
affections nerveuses, que ron y traite do pré- «
Xérenco] ,ne irendpnt pas rb.umeu.i: folâtre. '
.Mais les femmes, fatiguées de.s y.eilies de
l'hiver; les hpmiapg,' épuisés par le,6 sqréxci- !:
lations du travail," qui viénneàt y chercher,
les bienfaits du calme et du repos; - ses
plaisent tout d'abord dans cetto oasis si- <
lencïéùse" et dôucc.' Cependant , comme;
l'établissement est petit et les malades peu 'i
nombreux; comme l'unique rue que fait'
le village, bien que s'appyyant aux dernières
dndûlàtibns' dè ia montaghe, à deux pas-des
sulïlimos hor'reurs du chaos, 1 et non loin de
l'imposante mise en scène de Gavarnie, n'a
non en ' soi du caractère grandiose et pittçf—
resquo qui s'accentue avec .tant d'énergie,
aux Eaux-Bonnes, à Cauterels et à Baréges,
quand on â mené cotta vie-là un mois ou
deux, on ne demande qu'à s'en aller, et l'on
bénit la main du docteur qui contresigne
Un ordre de départ impatiemment attendu.
On n'est pas difficile sur le choix clés
plaisirs quand on en a si peu, e,l I' od n'a ja
mais tant d'envie do s'amuser que lorsque
l'on s'ennuie. La moindre distraction qui
s'offre à vous pendant lo cours du traitement
est donc accueillie avec une avidité recon
naissante, comme une bonne- fortune qui
vous tomberait du ciel.
; Ceci nous expliquera peut-être l'espèce
d'entrain joyeux avec lequel la vieille ba
ronne dè La Rocbe-Lanury, traversant d'un
pas leste encore lt modeste pièce qui lui
servait de salon, s'approcha d'une jeune fille
qui lisait, tranquillement assise à sa fenêtre
j>r$s du Gave, et, touchant légèrement son
épaule, lui dit : -
—- Nous dînons on villo aujourd'hui, Sa
phir ! -, ? ':-
' Ceib quo Mme de La Roche-Landry ve
nait d'interpeller de la sorte releva lente
ment la 1ère, et montra à son amie un, visage
qui, sans être particulièrement beau, sp fai
sait remarquer parla transparente pureté do .j
Son teint. tDn n'eût : pu comparer sa pâleur
unie et délicato qu'a la fleur.du camellia
tilanc. Son front, légèrement élargi vers les
tempes, était couronné do cheveux bruns,
hardiment plantés qui, dans la pénombre K
j^araissafonf noirs. T Mais le charme dp son;
sage résidait surtout dans doux grands
j'eux, auxquels "leur coupa orientale, un
peu allongée et relevée vors les coins, don
nait une distinction infinie,eten même temps
"une piquante originalité. Ces grands yeux ,
"d'tiri*bleu si Clair; si profond et si lumiueu?
faisaient songérà la pierre précieuse dont un
"Caprice de Sa maTraine lui avait donné le
nom. C'élaiônt en effet deiïî saphirs vivansj
ârijniés, pleins d'âme et de feu,-qui vous re
gardaient: " .
" Appuyant son coude avec une grâpp non
chalante sur la page du livre, Saphir, regarda
Mme de La Roche-Landry, et, lui souriant
affectueusement : ■
r- Vous aimez donc bien à dîner en ville,
chère baronne? répliqua-t elle.
— lié 1 petite, tu sais que jo dîpp partout
plus mal que çhp? moi 1 lirais jp' ^uis toù-
purs heurçiiso quand, je puis trouver' l'oc
casion dp te diwiir un pau. Cé's* occasions^
là soi^t rares, pour toi, mon pauvre àngp} pt
Uya dcomme un rompras en voyant se çoqsumëf
si tristement,—- ét pdr'm'a faute peut-êife,-—
la fleur de ta belle,jeunesse.
. ™ Quitte^ ce spuci, clière amie, je ne suis
pas si malheureuse que'cela. Est-cè.quq ,
par hasard, j'ai l'air d'une victime? ' - '
— Tu a^ trop, d'esprit pour avoir cet air-
là, et ce n'est pas tpi'qùi promèneras jamais
pat le monda uuo figure (l'élégie et dés clip-
yeux en ssùle pleureur. Mais rie crains rien,
jé fais la pari de chacun ét là niieôfie/J0
sais fort bien que la vie que tu.t'impoSis n'â
rien do récréatif pour une fillé de \toii A go j
aussi, quand il passé à nia porfée quelque
oqçasion dp divertissement, je la Saisis pour
toi. ' ' .
Un sourire empreint d'uqe légère malicp
creusa au coin do, ia bouché de Saphir uné
fossette charmapte; mais elle ne crut de-
yoir rien ajouter à'cette protestation muette,
qui no s'adressait qu'à elle-même.
— A quoi penses-tu? fit la baronne, qui
peut-être avait surpris çp souriré.
A vous, clière amie, ! ét jo ine dis qup
vous êtes vraiment bonne!..'. '" v 1 ' '
Tout en parlant ainsi, Saphir prit la main
do Mme, de La Roclio-Landty ét Ja portai ses
lèvrpç'. Puis, pour no pas laisser .tomber la
conversation, car là baronne, pétait assise
près d'elle,'-la jeune fillé" mit spn livre d^
côte, et ,app\iyant dans là paume dp|a main
s§- tête intelligente ét fine : > ' "
" — Chez qui doue allons-nous dîner? ajou-
ta-t-elle. , :
.■7- Chez les Villiers. Tu sais que.ee spnt de
braves gens ! '
» — J<9 sais que vous les aimez, et cpla me
suffit. ■
—-Oh! ils ne sqnt pas amusans tous les
jours I Mais quo yeux-tu, ' nia chère ? à r Saint-
Sauvpur, .on,n'a pas le. droit d'être trop dis-
ficilé... D'ailieureils vous'fént touiotir's pàs-r
ser une heure oui deux. '
— C'est précisément cé qu,e dirait un juge
à propos de !a torture!
—yojlà de petiies dents qui emportent lp
morceau ! Mais si tu'savâisqui dipe avec noué!
— J'avoue que jo no m'en douto pas.
— Eh bien!, il paraît qu'ils ont invité ce
beau ténébreux, ce promenour solitaire, quo
tu as déjà remarque.,.
— yraimont? j'3 croyais n'avoir remarqué
personne.' ' ;
•r Mais si I tu safc ce jeune hoinipo — car
c'est ûn'jeunp ho^me—qui est venu do Dax
à pèdrés avec un'soûl guide, et parles som-
inetà;-,
—■ Iih ! mon pipu. i] y a.lous les ans deux
ou trois Anglais qui accomplissent le même
exploit sans pour cola s'imaginer être des
Yiêro's... comme ce Movisieur ! -r Tenez ! j'ai
grand'peur qu'i} ne nous gâte Saint-Sauveur,
ou nous étions si bien'sans lui... Tous vrais
- malades J pas le moindre lion ! ni griffes, ni
çrinjère ! Il va nous changer tout cela. Ah,!
si vôus- vouliez être bien gentille, vous iriez ,
touté\seuio à ce dîner. J'ai précisément uù
petit mal de tête; faites T en une grosse irii'i
graine... Il n'y a pas besoin pour cela d'être
un savant docteur..', et vousmo dispenserez
ainsi dé la corvée. •'
— Comme tu voudras, mon enfant ! Seu
lement jo t'avertis que si tu ne viens pas je
reste; ' ;
— Alors, partons !
— Pour ce mot-là, je baise tes deux beaux
yeux; mais tu ,sais que je te veux superbe".
Mets ta'robe 1 brunp - ; avec de petits bou
quets maïs, col je qui te va si bien. Fanny
viendra lo coiffer; iî mo faut des flpurs dans
ces chftvp|jx-ïà. '
— Eh ! pendant que vous y êtes, pourquoi
pas dè diamàns?.
* — Ce n'est pas l'envio qui mo manque!
"quo veus-tu? Je né suis hourevisp qiie quand
je te vois belle; ta beauté est la fête dé mes
yeiïs-1 Mais ii est cinq hourps o't l'on dînp à
six très'exactement, à caisse de la grand'-
pière, dont 1 estomac est; un chronomèt'e.
"C'est à peine si j'aurai lo' temps do ni'arran-
. s[ ger ! parce que ron a soixante ans sonnfc', ce
n'est pàs iine raisonpqur faire peur aux gens;
. — Allons i dit Saphir oh voyant la baron
ne sortir du salon', il faut s'habiliér pour lui
faire plaisir. Je vais me planter sur la tête
une botto de n'importe quoi. Elle sera con-
lente pourvu qu'il y en ait beaucoup.
U.
Née du plus pur sang des» patriciens de
Vehisë, îâ jeune amie de Mme dé La Roche-
Landry retrouvait les noms de ses ancêtres
inscrits aux plus belles pages du Livro d'or
la couronne fermée d.es princes timbrait soi.
blason. jOri sait le fatal déclin sur lequel fut
pTpcipitée'cetto brillante aristocratie -véni
tienne, condamnée à vivre pauvro, dès qu'il
no lui fut plus permis do vivre libre, et qui
perdit sa richesse en même temps que .son
indépendance. Offrait-aussi les diverses des
tinées" de ses membres. Les Uns, épris de
cette : noble pâssiop du sol natal qu'aucun
pays plus "quo Venise n'inspira jamais à ses
fils, consentirent, par un dévoûment subli
mé à rester petits là où leurs pères avaient
été. grands; les autres promenant à tra
vers le monde leur exil éclatant, firent ad
mirer en même temps la splendeur de leurs
noms et l'humilité de leuT fortune.
Saphir avait été plus heureuse. ' -■
Ajsparteriant par so.n frère à cette maison
princièro des Dorianti, célèbre sur'les lagur
nés avant le XIV e siècle, elle tenait'par sa
mère à une de ces faniilles grecques des îles
Ioniennes qui, comme les' Grecs du Pha-
nar-, semblent avoir deviné le secret dos af
faires et pressenti le génie des temps moder
nes.—Les divèïses catastrophes qui ont bou
leversé tant de fois l'Europe depuis le com
mencement de ce siècle, respectèrent son pa
trimoine,disséminé habilement dans des ban
ques inattaquables; elle avait donc ce bon
heur, enviable pour tout le monde, plus pré
cieux encore pour une femme, je veux dire
une fortune suffisante pour mettre au-des
sus dé toute atteinte l'indép ridance ot la
dignité de sa vie. Mais fout se paie en cé
monde, et sa fortune coûtait cher a la jeune
Vénitienne. Saphir était orpheline. Elle'avait
à peinp connu sa mère, et elle n'avait pas
encore atteint sa dix-soptième année quand
son père, jeune encore, et 1e dernier dos
siens, disparut à son tour, presque subite-»
ment.
= Par suile d'un de ces hasards commo it en
arrive tant.dans la vie do voyage, le princè
Lolio Dorianti avait réneontré plusieurs fois
la baronne de LaRoche-Lanflr'y, veuve, com
me lui-même était vouf. Il s'était prompte-
mènt formé entre eux une de ces liaisons
pures, exemptes'dé toute arrière-pensée de
galanterie, fondées sur unesympathie entiè
re et une estime absolue qui charment l'ar-
riè.re-saison de ceux qui ont lo bonheurde
les nouér.
La baronne lui avait offert on France une
i"t û'i. »",■ :.g Ii -'ir trtfr.'yi'r
hospitalité qu'il s'était em)m»ss6 df>" lui re'n•
dre on Italie. Mme de La Rooiio-Lanlry ai
mait" Venise comme hion peu d'étrangers
ont su l'aimor; çllo on comprpiMit la' poésie^
•la grandeur et là grâ'oo> là noblesse élégante
et la majesté en deuil. Le prince lui savait
gré dé co culto qu'elle rendait à sa patrie;
leur affection s'en itait acàruo eiicfero. '
La baronne se trouvait 'à Venise-quand
M. Dorianti mourut. Dans les angoisses do
l'instant suprême 10 fqt pour lui une conso-
lalion suprôme de pouvoir- so diro que Mme
de La Roche-Landry^acceptaitle legs de son
amitié, et que Saphir, grâce à elle, 'ne serait
pas éeule au monde. Il la confiait à sa ten
dresse.
Saphir accomplissait alors sa seizième an
née. ' .
A cet âge, ët dans les conditions ordinai
res de l'exis.tencéy telle "qu'on-- la 1 fait ;aux
femmes au sein de la famille, l'énergie et la
volonté ne sont fjuère développées dans l'à-
me dés jounes filles : elles s'en remettent
!aux autres du soin-de leur vie et permettent
de vouloir pour elles. Elovée dans la ten
dresse immense ét absolue d'un pèrè dont
elle était l'unique pensée et la préoccupa
tion incessante v 'Sàpljir ne s'était jamais
trouvée face à fà'e avec les difficultés
sérieuses de la réalité : ignorante de tout,
elle s'était laissée aller au* désirs du mou
rant Sans* seulement essayer uné objection,
ou plutôt sans q^ue l'idée d'une objection
possible se préseniAt à son esprit. Aussi,
"uand elle eut pieusement baissé le front"
é son père endormi dans la mort, quand
elle eut conduit dans la gpndolo bVeup des
défunts sa dépouille ado/ée jusqu'au rivage
de l'île Saint-Michel, co cimètière poétique
entre tous, où le murmure do la lagune berco
la Venise morte, ntin loin do laYcuiso vivan
te, après'avoir dit h n long adieu au
palais dô ses ancêtres, 1 à c^tte grande église
dê'Saint-Maroù,toute petite, c)le avait suivi
dans leTecueillement piéuxd'uQo admiration
extatique les pompes du pylte se dévelop
pant au milieu dés splendeurs de l'art; à ce
Lido, où," plus tard, elle élait venue si sou
vent admirerr dans la distance et la ville su
perbe' et l'incomparable paysage' qui l'en
touré, elle fassembla ses souvenirs dont le
cortège devait l'accompagner et la suivre sur
la terre d'exil, et, sans même faire une qiies-
tionj confiante et résignée, elle mit sa main
daiis la maih "do Mme de La Roche,^Landry,
BUHéAUI A PABIS? rn5 dé Valois (P^Roy*!), n* 10.
B
À ONNEMENS DES DÉPARTEMENS
TROIS MOIS. ,ïr.V4 16 FH. :
SIX MOI&,.,;.vi>v,^ 32 FR.
UN AN » v>"*^ '»;<•»••« 64 îk .
•"■.n
TOUS LES PATS ÉTRANGERS, TOÎT lQ, tableau
publié les 3 et 20 de chaque mois.
Imp. Li BompACBj ruedes Bons-Enf&ns, 19.
MARDI M JUILLET 1866.
ABONNEMENS DE [PARIS,
TROIS. MOIS.viv^i
SIX MOIS...,
UN AN
Î3 FR?
26 Fa. 1
82 FR.'
JOURNAL POLITIQUELITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
UN NUMÉRO 20 CENTIMES.
Le taodo d'AfidNirestEirt le/plus simple. e?t l'ënydi d'un bon dé poste ou d'un effet
sur Paris, à î'ordréde L'ABMwiSTRAïËira au journal, r. de Valois, n» 10.
les lettres ou envois d'argent non affranchis sont refusés.
Les articles déposés iie sont pas rendus,
■ ■■ ■ .v Les abormemeos dateC* t" et u
- de cbaque mois.
S'adfeSsèt pOfur tes A nnonces à MM, F acchey , L affitte , B uixîer et C®,
glacé dé la Bourse, 0, à M.- D éport , 7; rue Goq-IIéron, et au bureau du journal.
PARIS, 25 JUILLET.
Nous n'avons dit qu'un mot dy nouveau
blll d'extradition présenté au Parlement âïj-
glaisi .il est bon d'y devenir; no sefait-ce que
pour pretidie une'fois de. .glus en
délit çe,tte opposition systématique qui ne
manqué jamais Içrsqu'une difficulté s'élève
entre la France
gère, quels que soient les intérêts français
engagés dans la/question.
; Les Etats-Unis se montraient hostiles à la
politique que les événement? jiipu.s avaient im
posée du Mexiqufl; Que faisait l'oppositioô
'dont nous parlons l Elle donnait raison aux
Etats-Unis, leur apportait dès argument èi
condamnait la çause d'pxdre et dp civilisa—
tioji que % France soutenait avec une noble
énergie^no% sans gloire. 0,r yoilà que lès.
Etats-Unis, abandonnant le conflit qu'ils;
avaient paruT.ouipir éieVef, çothpronneftt la
ligne de conduite que le gouvernement de
l'Enopçreyr s'£§tjrac£p^ et acceptent, en rap-
gelant l'amitié « presque séculaire » qui Jps
attache & 1$ France, la solution développée
dans les remarquables dépêches, de M. lé mi
nistre des affaires étrangères..
Que reste-t-il des argumens qu'on wtit
prétendu fournir $ui Etats-Uni*, sans ^enir
compte ni des intérêts français ni de l'bon-
peur-de l'année française? Rien.
Voici maintenant une autre, question de
droit mternaUon^, dans laquelle le gouyer-
nement-de l'Empereur obtient encore une.
honorable satisfaction confies doçtrineset
les assertions de la même école.
Un traité 4'Ç^d|tiôç a^ait été signé, en
1843, entre la France et l'Angleterre. Le gou
vernement, français l'avait toujours exécuté
fëguli^ement. Mais il n'avait pas obtenu une
seule çxtrçdMion. Toutes ses demandes
avaient rencontré d'invincibles pbstacles,
dans la jurisprudence anglaise ou dans la fa-
" çon dont elle était interprétée. Le gouverne
ment dô. l'Empereur se décida à dénoncer le
traité, le 4 décembre 1$$$, dans le but d'ar
river à un autre arrangement qui lui assurât
3e sérieuses gafantie.9. v
. Qu'arriye-t-il aussitôt 1 L'opposition don
ne hautement tort à la France. Elle défend
de tous points ^ jurisprudence anglaise. Elle
èomliat violemment oé qu'elle appelle les
prétentions, les exigences de notre gouver-.
èement ; ellè ;j -va jusqu'à déclarer que, sous
îès plaintes et les r^çlamations, il y a un but
gccret, et que ce but esi ^'qbienjr. par l'ex-
Jraditiqn les individus accusés de crimçs
ou délits! politique?... . ,
Qui répond à ces attaques iniques de l'op
position française? C'est le, gouvernement
anglais! lui-même. ;
'' Dans la séance de la Chambre de$ lords de
Jeudi dernier, 19 juillet, le chancelier a pré
senté un bi(l de?t^ à- donner une efficacité
réelle au traité d'extradition. Lord Clarp.n-
don, principal secrétaire d'Etat pour ^eç
Affaires étrangères dans le précédent cabi
net, à soutenu ce l?ill qu'il préparait) ainsi
que cela a été cons.taté par le lord chancelier
au moment même où certains journalistes
de Paris, croyant appuyer les résistançes do
l'Angleterre, soutenaient qu'elle ne devait ni
ne pouvait rien changer & l'ét<|t do choses
eçïs^nti
■ Ce. sont les deux poblés lprds qui se son
chargés de réfute* toutes Tes-assertîorts dp
la presse opposante on France, et dé démen
tir formellement ses calomnies.sur les pro
jeta du gouvernement de l'Empereur rçslati—
Yerâept aux. délits politiques.
Le lord chancelier a déclaré que le nou
veau bill répondait « aux exigences que çom
porte la question, s
* Y*. .là Prqncei M il dit/ ne compte pa§
fi moins de cinquante - trois traités d'ex-
v tradition;, elle, rç'a renppntré ^uçtine diffl-
a eulté vis-à-vis d'autres nations. Quant
» l'Angleterre, il est extrêmement remar-
5 qu^ble que pendant vingt aonéesj de *(5^3
# à 1863, elle n'a jamais livré un seul
» criminel réclamé la France. Cela est
» provenu en partie de la façon dont le ma-
» gistrat qui présidait alors- ^ Bow stréet
n envisageait le devoir qu'il avait à remplitr|
» relativement à ce,5 questions. » ' 1
Enfin, après avoir expliqué e| justifié tou
tes les dispositions du nouveau bil}, le lord
chancelior à déclaré que «c'était la plus gran
de erreur » de croire que le gouvernement
français songent à. la poursuite des crimes
politiques en demandant 1^ révision du trai^
té d'extradition, et il a démontré, la loi en
main, que cette intention même était abso
lument impossible.
Lord Glarendon, en exposant à son tour
les motifs qu'avait eus le gouvernement dé
S. M. britannique de déférer à la juste de
mande de la France, a terminé en disant
qu'il « peqse que la mes^e pçonosée ç^i-
tisfera le gouvernement français. »
Ainsi, tandis que des journaux de faris
incriminaient la dénonciation du traité par le
gouvernement impérial et y cherchaient le
prétexte d'odieuses insinuations, Jesminis tre^
de la Grande-Bretagne s'empressaient de re
connaître ce qu'il y avait de bien fondé dans
cette démarche, et s'occupaient d'y faire droit.
Quelle'leçon pour ces écrivains qui trouvent
mauvais tout ce qui se fait chez nous, ad
mirent tout ce qui se fait ailleurs et ne crai
gnent pas le ridicule de se montrer beau?
coup plus Anglais que lés Anglais eux-
mêmes ! ' '' ,
> PADLIN LIMA^AC.
La note suivante, émanée de. M. le mir
nistrè de l'intérieur, a été affichée aujour
d'hui à la Roiirisio de Paris, dès l'ouverture
du parquet î
Extrait d'une dépêche officielle. ,.
« L'Autriche accepte les préliminaires de
paix admis déjà par la Prusse.
» Les plénipotentiaires de ces deux puis
sances sont réunis au quartier-général prus-
ïieh pour négocier un armistice. • s
» On attend la réponse définitive de l'Ita
lie qui a déclaré qu'elle acceptait en prin
cipe.»" ; ' : ... y;;'"
Du côté dq la Prusse et de l'A^trichoy,' les
difficultés pour la conclusion d'un armistice
se trouvent aplanies* ' . ,
Ur( télégramme de Viennp annonce gué la,
suyiensien d'arme^ 4ei cinq 'jpuçs' part;
d'hier 22 à midi. Des commissaires ont-étér
envoyé^au quartiej-gén^ral prussien poux-
négocier les. conditions de l'armistice,
f/italie n'a pas encore ' répondu d'une far.
çpn définitive ; mais nous espérons que cotte
réponse ne se fera pas attendre. •
:I1 se confirme que l'escadre italienne n'a
pas été heureuse dans le ccimbat naval
du 20.
Un télégramme de Vienne,, du moins,
répète dans dos termes catégoriques, que la
flotte italienne s'est retirée sur Ànc6ne,.et
que depuis ie ?ï eïle n'est plus ènyue.
Ëri attendant l'armistice, dri continue à so
battre. Los Autrichiens ont eu quelques eri-
Çagemens heureux en Moravie et dans le Ty-
rol. Ils ont répoussé une ^ttaqu® dirigée par
des forces prussiennes' supérieures coi\tro
Bium'énaji; au nord-oues| de ÎPr.çsbourg.' ,
' .J^'-on'apprefld, .en outre, que i'arméé dq
Benedeli a pq ^ainlenir sp? çominupicaiion's|
ayee l'armée'du canjp do FJo^isdorf..
' Dans le Tyrol, ïes Àutrichièns onratlaqUé
îeç Italien.^, au fi,pmbrâ de"'12,000'et les
Lès pertes dé§ Italiens en tués et blessés se
raient considérables. '
Lés Etats dty sud de l'Allemagne prennent
de'uôuveîlés mésures dé 'dé'fonso contre les
|oreps prussiennes qu.i ^és menacent» ' t.
La rpi de Wurtemberg a appelé toutes les
réserves pour }a défense du' 'territoire et ii
èst parti pour se mettre à ta tête do ses trou
pes." Les Etats- dii çud se proposent de cori-
ceptrer $ur le Mein de 120 à 130^000 hom
mes. Le, h et lé Sf porps de l'armée fédérale
pnt'p^ Opérer leur jonction. • " '
' d un autre cÇ»té, smyqpj up |élégramme d0
Carlsr^bp, la ffjissë aurait envoyé une som
mation du' grand-duc de Bade qui aurait ré
solu dé céder.
La consternation règne à Francfort par
suite de l'édit du général prussien, imposant
à la ville uqe contribution de 31 millipns de
florins (66 millions d® francs). Par cette me
sure beaijcqup do familles 'sont menacées
de banqueroute et de ruine. Les réclama-
tipns de quelques notafeïes çont res'téos
sans résultat. Le dernier délai de payemenf
expire ce Soir. Si la somme n'est pas payée,
il sera procédé par voie d'exécp-ti'on mili
taire. ■; ' . .
Deuxcentsnxembresdu Nationalverein, ori
ginaires de la Hesse rhénane, se sont séparés
de cette association.Dans la lettre, qu'ils ont
^dressée aupomité .central, on lit çie qui suit :
« îious sommes ehtrés dans le Nationalve-
v rein et nous avons persévéré à faire partie
» de cette société tant que ses che'fs ont mis,
» au-dessusdè tout, l'union libérale de notre
» patrie. 3|Iai§ depuisque lcschefs delà soci$
» té ont déclaré acceptables les propositions
de' réformé, prussiennes et que, loin de
» repousser avec indignation la politique d^
» violence,' ils ontçommèricé au contraire
» à soutenir les prétentions de la puissance.
0 dominante, lious çroypriç nécessaire de
# sortir dé l'association, i?
L'autorité prussienne, dans le Ilolstein, a
défendu les "collectes organisées à Kiel en
faveur des Êtess t és( autrichiens, sous pré
texte; qu'elles constituaieni une démonstra
tion hostile à la Prusse. = ;
'' E douard S imon.
l>e nouveau ministère anglais a eu plu
sieurs fois déjà l'occasion d'exposer ses-Vues
de politique extérieure. Lord Derby, à di
verses reprises et vendredi dernier encore,
dans la Chambra des lords; M. Disraeli de
vant ses électeurs du Buckingliamshire; lord
jStaîiley^ ministre des affaires étrangères^
''tant dans la Chambre des communes que
sur les hustings, ont fait des déclaration?
importantes et qui attestent une parfaite
conformité d'opinion entre les principaux
membres du cabinet tory touchant la direc
tion à donner à la polique extérieure de la
Grande-Bretagne. '
" Dans la pensée des conseillers actuels dé
la reine, 1!Angleterre nè doit pas se lier les
mains en professant le principe d'une non-
fnteryeptiojn abjoluq; m^is elle doit se gar
der le plus possible de s'immiscer dans les
affaires du continent européen, et surtout
d'y prendre une .part active, ;3i son concours
et ses bons offices lui sont demandés en vue
de coopérer à une œuvre de- paix, ©lie sera
heureuse de les offrir; mais, voulant s'épar-
Çnerla nécessité' d'appuyer ses paroles ou
ses avis'par dés actes, elle s'abstiendra de
porter d'avance aucun jugepient sur les dif
férends qui peuvent éclater entre lés'puis-
^ances de l'Europe.
M. Disraeli, dans son récent discours d'Ay:
lesbury, a prononcé une parole qui a beau-»
coup frappé les esprits en Angleterre", et
qui ia paru exprimer ayee une grande jus-
tessè et une heureuse concision la situatiop
, et la politique d» pays à l'extérieur. « L'An
gleterre, a-t-il dit, est une puissance asiati
que plus qu'une puissance européenne; »I1 y
a dans ces quelques mots, suivant une re
marque du Standard , toute l'histoire d'un
aemi-sièclo ; ils expliquent à merveille les
changémens qui se sont produits peu à peu
dàris'les relations extériejires dp la jgr^ndû-
Bretagne.
L'Angleterre, en effet, possède aujourd'hui
en Asie un empire plus vaste que l'Europe
moins la Russie; elle y fait un eommerce
plus considérable que ne l'est son commer
ce européen ; elle y a des relations qui dé-?
viennent chaque jour plus importantes eï
plus difficiles ; elle y a enfin, comme nation
Civilisée, une grande mission à remplir. Elle
gouvorne dans l'Inde pue population de
cent cinquante millions d'âmes. Elle a mul
tiplié ses rapports avec la Chine au point
qu'elle est forcée de s'intéresser peut-êtré
davantage aux affaires'do cet empire qu'à
celles do plus d'une grande puissance éuro-
• péénne. Elle s'est ouvert au Japon, à la :
pointe do l'épée, un débouché commercial, :
et l'on ne saurait dire quelles complications !
peuvent _surgif pour elle dans l'avenir de ses i
rapports avec .cette nation jalouse ' et exclu- '
sivé. Ceylan, Maurice etd'autresîlesdesmers !
brientalps lui appartiennent; plus au sud, ;
c'est l'immeiàse contiiipnt australien qui sp
peuple et développe ses Ressources àl'abri du
pavillon anglais ;' eux antipodes, à la Nou-
-voUe-Zélapdo, une nouvelle Grande-Bretagne
! flst en voie de se former.
L'Angleterre est doncréelkment pn droit dp
se qualifisr de puissance asiaiiqup; elle peut ,
se considérer comme l'arbitre des destinées
de la plupart des pays que baigne l'océan Pa- |
xifiquo ; pllo est aussi, dans une certaine me
sure, une puissance américaine. Or, elle n'a
pas trop dp toutes les forces que lo soin de
ja propre d^feqse -laisse dis'pprçibles, pour
protéger ses colonies,'.surveiller 11
sans compter les ombarras quo d'anciens
; sujets se plaisent à lui susciter au Canada
ou en Irlande même. Une nation de trente
millions d'âmes ne possède, apxès tout, que
des moyens limités} pli3 nqsaurait pour
voir aux nécessités . qu'entraînerait pour
elle là dpUble situation dé g^raiide puis
sance agissante à la fois en ÈurPp'e et çn,
en Asie.
a droit la première à notre attention ; et quand
nous avons fait de ce côté ce que nous, som-r
meç obligés de faire, il ne nous reste plus de
force Remployer dans aupuno entreprise d'a
gression plus près de nous. »
■ Voilà pourquoi l'Angleterre se sent de plus
en plus disposée à se tenir à l'écart des con-:
flits européens. Elle réserve ses forces pour
les employer là où ses intérêts exigent plus
impérieusement leur présence. Il lui faut
trouver, d.es spldats pour ur empire lointain,
et uné flotte pour occuper en quelque' sorte
l'bcéai) Pacifique. . '
VAngleterre, $ dit encore avec, raison M.
Disraeli, est ia métropoie d'un empire mari
time immenss. Il n'y a pas de puissance qui
fassepliis qu'ejle'acte d'intervention-; mais
c'est dans l'Inde, c'est en Afrique r en Aus r
tralie, "dans la Nouvelle-Zéla'nde, que sa des
tinée la conduit à intervenir : c'est sur ces
points élpignés qu'elle esr parfois appelée
à faire la guerre sur une grande échelle»
' L'Angleterrp, industrieuse et intelligente,
est le pays dés expé iitions lointaines par
excellence. G'est, là un mérite que ses admi
rateurs ordinaires parmi noiis ont oublié de
|iii reconnaître, ojt ,quc ses ministres revendi
quent bien haut pour elle. Elle s'en fait une
gloire, et, on le voit, cette jloire lui suffit.
II.-M awe M artin.
TÉLÉGRAPHIE PRJYÉE.
ASBNCE HAVAS-BULLIER.
Plymouth t 22 juillet.
Le Tmnmslanlic, parti do Port-Philips le 9
avril avpc 7,040 oneps d'or, est arrivé. ' '
Garlsruho, 22 juillet.
On apprend de bonne source qu'Une somma
tion prussienne est arrivée ici et que le grand-
duc aurait résolu de l'accepter. ' :
Tienne, 21 juillet.
Officiel. —La brigade du colonel Man'iel, ren
forcée par le H° de ligne, plusieurs bat(onqs et
escadrons du ^ corps d'armée, a victorieuse
ment repoussé une attaque dirigée par dps for
ces très supérieures de l'ennemi contre Clume-
nau, au nord-ouest de Presbourg\
Manheim, 22 juillet, soir.
On écrit de Francfort, quo le général dp Jlan-
teuffol, riialgré'ies efforts"' «Jo plusieurs nolùLles
do la ville, persiste dans la -demando dp paie
ment immédiat d'une _contribw^n do" 25 mil
lions do iloriris ( 32 miliions lfl^francs ), et
qu'il menaco dè livrer là ville au pillaçè si cette
somme n'est pas payée lundi soir (23 îjuillcf). 24-
canons ont été transportés sur 'le Miïh.lbérg, col
line qui domine la villo de Francfort,.afin d'in
timider . la ' population. Jusqu'à présent', ;la villo
refuse de payer petto nou velle rançon. La ville
"est dans la 'epristorp^iori. Un grand nombre d«
familles" quittent Francfort^ Les magasins sont
formés. La Boiirso est également fermée ; il n'y
a eu dp transactions que surl'pr et lo change.
Florence, 23 juillet.
Les commandans autrichiens en Yenétie frap
pent ao tases et' d'amendes extraordinaires les
localités qui ont fô'é .la nouvelle de là cession.
Les conditions mises par l'Italie à un armisti-
.ce', et communiquées à ta Prusse et à la Franœ,
n'ont pas encore été acceptées par l'Autriche,"
notamment en ce qui concerne le Tyrol. Lo ba
ron lticasoli a été élu député à Florence.
VItalie assure que les commandans d ! armée
ont déclaré qu'aucupo suspension d'armes n.p
pouvait avoir lieu entre i'Autricho et l'Italie, :
avant que le mouvement militaire actuel■fûHer -i
miné et que la disposition des corps fût devenue
l'Inde, sou- 1
tenir%on, prestige en Chine et au Japon, 1 militairement régulière et sûre
1 Florence, 23 juillet. \
On mando de Ttovi&o : Unp patrouille autri-f v
chienna sortie de l£gnano est tombée dans une
embuscade, tendue par de# détachemens dô
bersagliers. ' • , , ,
Borgû do Yalsugana sur la Drcnta et la routft
de ^assano à Trente^ est fortement occupé pai
l'ennemi ^vec des batteries dp fusées et dos ca j ,
nous de montagne. ...
tes Autrichiens se préparent encore a détrui
re divers ponts. •'
; ^ Florence, 23 juillet. :
v On assure que 1e député Boggio a été tué dans
le combat naval livré devant l'île de Gssa. ^ >
Ypioi les dépêches que nous recelons cé
^ Londreç, 23 juillet.
L'office lutter croijt savoir quç. les prélimi-
naires de paix>o,?° s ^ P^'apriisso et approu^
vés par la France et l"x. u ., ' Ifi , contiennent les
clauses Suivantes : : . ' .... ..
Dissolution de l'aoclennè cbtn^ e? ' a "° n j.?^" !r
manique, organisation d'une nouvelle cw''. 1 ; 7
ratiop Pn de)iors de l'Autriche, copstitution âu<~
ne nouvelle union de l'Allemagne du Nord, sous
la direction militaire et diplomatique de la
Prusse, faculté do former une union de l'Alle
magne du Sud ayant une existence internatio
nale indépendante, lion national entre les deux
unions allemandes, annexion des duchés de
l'Elbe" h là Prusse hors les districts danois du
Sleswig, paiement partiel -des frais de guerre
par l'Autriche, enfin l'intégrité de l'empire d'Au
triche hors la Vénétio.
Munich, ,23 juillet. ;
La Gazette de Bavière a reçu de Yienno, en
date çi'hier, )a nouvelle quo doux corps d'armée
a)itrichièns.8qnt arrivés à Presbourg après un
engagement dont l'issue n'a pas été favorablo
<»ux troupes prussiennes.
Berlin, 23 juillet.
(Officiel). L'armée • prussienne, on quittant
Briinn, n'a rencontré * sur son chemin quo des .
détachemens dè cavalorie qui se sont.retirés en-
toute hâte il l'approche dè nos troupes, Les pont!
èu'r la Thayà ot la Warch, détruits par les Au-î- ®
trichions, ont été rétablis dans los vingt-quatré
heurÈs par les Prussiens p l'exception dp quel
ques ponts do chemins de fer. -
Lundonbourg à été évacué sans résistance
par la brigade Mandel qui s'y était retranchée
et qui à 'battu en retraite vers le sud. Trente^
neuf convois militaires ont été* dirigés vers la
sud, ces jours derniers, avant que nos troupes
eussent occupé Gœding; ou assure que l'armée
saxonne formait les six dernier^ convois. ;
Berlin, 23 juillet.
Le Qlonileur prussiep publie une ordonnance
royale datée de Briinn, is juiflet, qui convoque
lès doux Chambres du Parlement pour le 3q. ,
Leer (Hanovre), 23 juillet. t
Des adresses demandant l'annexion ifia^Prus-
so se préparent dans les villes-principales de' la
plupart des arrondissemons do la Frise-Orienta
le (province do Hanovre).
Copenhague, 21 juillet.
La première Chambre danqiso à ad >pté..!«
nouvelle Constitution. L'adhésion do la second^
Chambre n'est pas douteuse. ' ''
Florence, 23 juillet.
(Officiel.) Hier, la division Sledic; s'est etnpa*
xée, après neuf heures do combat/flp toutes les
positions de Cismona ài'rimojano. Aujourd'hui
cette division marche sur Trente par Val Su*
gàna. ; : ■
ÇQURS PE LA BOURSE.
cours drcloture . le 21 le 23 Hausse. Baisse.
3 0)0aq compt. ,t9 2Q b9 05 p ? » 15
^r -^in fju mo/s. 69 32 B9 15 » d « 17
4 l/2aucopipt, j97 25 97; » » » j>, ,J5S
Une lettre de Londresjque publie ce matin
le Moniteur, contient quelques renseigne-
mens intéressons sur le mouvement dés
échanges entre "la France ét l'Angleterre;
Constatons tout D'abord que, rpitftivempnt h
nos expéditions do yipç dp l'autre' côté du
détroit, elle donné les mêmes chilffesqus le
tab|eau statistiquo du Tirnes récemmcnt.rc-
projîuU par nous. Qel\e fois , r'.est du bu
reau du' commêrcp — bqard of tradç -r-
qu'émane le docimient analysé par - lé
correspotidapt dp ijà fouillé o'ffipiéllr;
-trouvons ne nous en est que plu s précieuse.
Par s.uitp de la maladie des bêtes à cornes,
Feuilleton du Constitué onnel, 24 iui'lct.
UN DRAM R INTIME
Posé dans un silo charmant, ot au pied
mêmo-des Pyrénées, lepetit village de Saint-
Sauveur, aùqupl on arrivé, d'Espagne; par la
brèchB dfi Roland, et, de France, par la bel
le vallée de* J^uis, ne resse.mbip en rien à'ces
haltes ter^lantés mais tapageuse? cfue l'on
rencontre aujourd'hui à'chaquo pas depuis
Biarritz- jusqu'à' Bagnères-cle-Lucbon. La
mode, en reinpciipncîéuse, a pris tout à-
coup sous son patronage, partout absorbant,
.ces nobles montagnes, jadis si sauvages, et
elle soudé un casino du un cercle à c-ha T
cun des anneaux de leur chaîne.' Leurs
recoins lps plus déserts sont devenus tout-à-
coup térriblemeqi fasjiional'Ies.
Saint-Sauveur sjîu I a gardé quelque choso
dé l'antique et primitive simplicité.
. Là, point dp parties'-joyeuses, pas de ca
valcades entraînantes,, ni de folles équipées
f*as..Nw r . t .. . ^
d'excursions, lé jour, aux pics, aux lacs où
aUs cascades;:1e goir, nidansp ni musique:
en un mot, aqcune de ces distractions çojnr
ane on on trouve si âisement dans les villes
■d'eaus, càpiiala§ d'^ié de ce monde é/egant
«-qui vit à Pai^s l'hiver, pt qui' veut retrpu-i
.ver partout l'image et les plaisirs dp Paris.
; Saint-SaUAM.ùr 9 échappé jusqu'ici à cette i
contagion éclatante! Il rje voit arriver à lui, \
de juin à septembre, qu'une modeste colo
nie de! véritables malades, escortés, de gohs
-sérieux, ; qm sont parfois unpéu tristps. Les '
affections nerveuses, que ron y traite do pré- «
Xérenco] ,ne irendpnt pas rb.umeu.i: folâtre. '
.Mais les femmes, fatiguées de.s y.eilies de
l'hiver; les hpmiapg,' épuisés par le,6 sqréxci- !:
lations du travail," qui viénneàt y chercher,
les bienfaits du calme et du repos; - ses
plaisent tout d'abord dans cetto oasis si- <
lencïéùse" et dôucc.' Cependant , comme;
l'établissement est petit et les malades peu 'i
nombreux; comme l'unique rue que fait'
le village, bien que s'appyyant aux dernières
dndûlàtibns' dè ia montaghe, à deux pas-des
sulïlimos hor'reurs du chaos, 1 et non loin de
l'imposante mise en scène de Gavarnie, n'a
non en ' soi du caractère grandiose et pittçf—
resquo qui s'accentue avec .tant d'énergie,
aux Eaux-Bonnes, à Cauterels et à Baréges,
quand on â mené cotta vie-là un mois ou
deux, on ne demande qu'à s'en aller, et l'on
bénit la main du docteur qui contresigne
Un ordre de départ impatiemment attendu.
On n'est pas difficile sur le choix clés
plaisirs quand on en a si peu, e,l I' od n'a ja
mais tant d'envie do s'amuser que lorsque
l'on s'ennuie. La moindre distraction qui
s'offre à vous pendant lo cours du traitement
est donc accueillie avec une avidité recon
naissante, comme une bonne- fortune qui
vous tomberait du ciel.
; Ceci nous expliquera peut-être l'espèce
d'entrain joyeux avec lequel la vieille ba
ronne dè La Rocbe-Lanury, traversant d'un
pas leste encore lt modeste pièce qui lui
servait de salon, s'approcha d'une jeune fille
qui lisait, tranquillement assise à sa fenêtre
j>r$s du Gave, et, touchant légèrement son
épaule, lui dit : -
—- Nous dînons on villo aujourd'hui, Sa
phir ! -, ? ':-
' Ceib quo Mme de La Roche-Landry ve
nait d'interpeller de la sorte releva lente
ment la 1ère, et montra à son amie un, visage
qui, sans être particulièrement beau, sp fai
sait remarquer parla transparente pureté do .j
Son teint. tDn n'eût : pu comparer sa pâleur
unie et délicato qu'a la fleur.du camellia
tilanc. Son front, légèrement élargi vers les
tempes, était couronné do cheveux bruns,
hardiment plantés qui, dans la pénombre K
j^araissafonf noirs. T Mais le charme dp son;
sage résidait surtout dans doux grands
j'eux, auxquels "leur coupa orientale, un
peu allongée et relevée vors les coins, don
nait une distinction infinie,eten même temps
"une piquante originalité. Ces grands yeux ,
"d'tiri*bleu si Clair; si profond et si lumiueu?
faisaient songérà la pierre précieuse dont un
"Caprice de Sa maTraine lui avait donné le
nom. C'élaiônt en effet deiïî saphirs vivansj
ârijniés, pleins d'âme et de feu,-qui vous re
gardaient: " .
" Appuyant son coude avec une grâpp non
chalante sur la page du livre, Saphir, regarda
Mme de La Roche-Landry, et, lui souriant
affectueusement : ■
r- Vous aimez donc bien à dîner en ville,
chère baronne? répliqua-t elle.
— lié 1 petite, tu sais que jo dîpp partout
plus mal que çhp? moi 1 lirais jp' ^uis toù-
purs heurçiiso quand, je puis trouver' l'oc
casion dp te diwiir un pau. Cé's* occasions^
là soi^t rares, pour toi, mon pauvre àngp} pt
Uya dcomme un rompras en voyant se çoqsumëf
si tristement,—- ét pdr'm'a faute peut-êife,-—
la fleur de ta belle,jeunesse.
. ™ Quitte^ ce spuci, clière amie, je ne suis
pas si malheureuse que'cela. Est-cè.quq ,
par hasard, j'ai l'air d'une victime? ' - '
— Tu a^ trop, d'esprit pour avoir cet air-
là, et ce n'est pas tpi'qùi promèneras jamais
pat le monda uuo figure (l'élégie et dés clip-
yeux en ssùle pleureur. Mais rie crains rien,
jé fais la pari de chacun ét là niieôfie/J0
sais fort bien que la vie que tu.t'impoSis n'â
rien do récréatif pour une fillé de \toii A go j
aussi, quand il passé à nia porfée quelque
oqçasion dp divertissement, je la Saisis pour
toi. ' ' .
Un sourire empreint d'uqe légère malicp
creusa au coin do, ia bouché de Saphir uné
fossette charmapte; mais elle ne crut de-
yoir rien ajouter à'cette protestation muette,
qui no s'adressait qu'à elle-même.
— A quoi penses-tu? fit la baronne, qui
peut-être avait surpris çp souriré.
A vous, clière amie, ! ét jo ine dis qup
vous êtes vraiment bonne!..'. '" v 1 ' '
Tout en parlant ainsi, Saphir prit la main
do Mme, de La Roclio-Landty ét Ja portai ses
lèvrpç'. Puis, pour no pas laisser .tomber la
conversation, car là baronne, pétait assise
près d'elle,'-la jeune fillé" mit spn livre d^
côte, et ,app\iyant dans là paume dp|a main
s§- tête intelligente ét fine : > ' "
" — Chez qui doue allons-nous dîner? ajou-
ta-t-elle. , :
.■7- Chez les Villiers. Tu sais que.ee spnt de
braves gens ! '
» — J<9 sais que vous les aimez, et cpla me
suffit. ■
—-Oh! ils ne sqnt pas amusans tous les
jours I Mais quo yeux-tu, ' nia chère ? à r Saint-
Sauvpur, .on,n'a pas le. droit d'être trop dis-
ficilé... D'ailieureils vous'fént touiotir's pàs-r
ser une heure oui deux. '
— C'est précisément cé qu,e dirait un juge
à propos de !a torture!
—yojlà de petiies dents qui emportent lp
morceau ! Mais si tu'savâisqui dipe avec noué!
— J'avoue que jo no m'en douto pas.
— Eh bien!, il paraît qu'ils ont invité ce
beau ténébreux, ce promenour solitaire, quo
tu as déjà remarque.,.
— yraimont? j'3 croyais n'avoir remarqué
personne.' ' ;
•r Mais si I tu safc ce jeune hoinipo — car
c'est ûn'jeunp ho^me—qui est venu do Dax
à pèdrés avec un'soûl guide, et parles som-
inetà;-,
—■ Iih ! mon pipu. i] y a.lous les ans deux
ou trois Anglais qui accomplissent le même
exploit sans pour cola s'imaginer être des
Yiêro's... comme ce Movisieur ! -r Tenez ! j'ai
grand'peur qu'i} ne nous gâte Saint-Sauveur,
ou nous étions si bien'sans lui... Tous vrais
- malades J pas le moindre lion ! ni griffes, ni
çrinjère ! Il va nous changer tout cela. Ah,!
si vôus- vouliez être bien gentille, vous iriez ,
touté\seuio à ce dîner. J'ai précisément uù
petit mal de tête; faites T en une grosse irii'i
graine... Il n'y a pas besoin pour cela d'être
un savant docteur..', et vousmo dispenserez
ainsi dé la corvée. •'
— Comme tu voudras, mon enfant ! Seu
lement jo t'avertis que si tu ne viens pas je
reste; ' ;
— Alors, partons !
— Pour ce mot-là, je baise tes deux beaux
yeux; mais tu ,sais que je te veux superbe".
Mets ta'robe 1 brunp - ; avec de petits bou
quets maïs, col je qui te va si bien. Fanny
viendra lo coiffer; iî mo faut des flpurs dans
ces chftvp|jx-ïà. '
— Eh ! pendant que vous y êtes, pourquoi
pas dè diamàns?.
* — Ce n'est pas l'envio qui mo manque!
"quo veus-tu? Je né suis hourevisp qiie quand
je te vois belle; ta beauté est la fête dé mes
yeiïs-1 Mais ii est cinq hourps o't l'on dînp à
six très'exactement, à caisse de la grand'-
pière, dont 1 estomac est; un chronomèt'e.
"C'est à peine si j'aurai lo' temps do ni'arran-
. s[ ger ! parce que ron a soixante ans sonnfc', ce
n'est pàs iine raisonpqur faire peur aux gens;
. — Allons i dit Saphir oh voyant la baron
ne sortir du salon', il faut s'habiliér pour lui
faire plaisir. Je vais me planter sur la tête
une botto de n'importe quoi. Elle sera con-
lente pourvu qu'il y en ait beaucoup.
U.
Née du plus pur sang des» patriciens de
Vehisë, îâ jeune amie de Mme dé La Roche-
Landry retrouvait les noms de ses ancêtres
inscrits aux plus belles pages du Livro d'or
la couronne fermée d.es princes timbrait soi.
blason. jOri sait le fatal déclin sur lequel fut
pTpcipitée'cetto brillante aristocratie -véni
tienne, condamnée à vivre pauvro, dès qu'il
no lui fut plus permis do vivre libre, et qui
perdit sa richesse en même temps que .son
indépendance. Offrait-aussi les diverses des
tinées" de ses membres. Les Uns, épris de
cette : noble pâssiop du sol natal qu'aucun
pays plus "quo Venise n'inspira jamais à ses
fils, consentirent, par un dévoûment subli
mé à rester petits là où leurs pères avaient
été. grands; les autres promenant à tra
vers le monde leur exil éclatant, firent ad
mirer en même temps la splendeur de leurs
noms et l'humilité de leuT fortune.
Saphir avait été plus heureuse. ' -■
Ajsparteriant par so.n frère à cette maison
princièro des Dorianti, célèbre sur'les lagur
nés avant le XIV e siècle, elle tenait'par sa
mère à une de ces faniilles grecques des îles
Ioniennes qui, comme les' Grecs du Pha-
nar-, semblent avoir deviné le secret dos af
faires et pressenti le génie des temps moder
nes.—Les divèïses catastrophes qui ont bou
leversé tant de fois l'Europe depuis le com
mencement de ce siècle, respectèrent son pa
trimoine,disséminé habilement dans des ban
ques inattaquables; elle avait donc ce bon
heur, enviable pour tout le monde, plus pré
cieux encore pour une femme, je veux dire
une fortune suffisante pour mettre au-des
sus dé toute atteinte l'indép ridance ot la
dignité de sa vie. Mais fout se paie en cé
monde, et sa fortune coûtait cher a la jeune
Vénitienne. Saphir était orpheline. Elle'avait
à peinp connu sa mère, et elle n'avait pas
encore atteint sa dix-soptième année quand
son père, jeune encore, et 1e dernier dos
siens, disparut à son tour, presque subite-»
ment.
= Par suile d'un de ces hasards commo it en
arrive tant.dans la vie do voyage, le princè
Lolio Dorianti avait réneontré plusieurs fois
la baronne de LaRoche-Lanflr'y, veuve, com
me lui-même était vouf. Il s'était prompte-
mènt formé entre eux une de ces liaisons
pures, exemptes'dé toute arrière-pensée de
galanterie, fondées sur unesympathie entiè
re et une estime absolue qui charment l'ar-
riè.re-saison de ceux qui ont lo bonheurde
les nouér.
La baronne lui avait offert on France une
i"t û'i. »",■ :.g Ii -'ir trtfr.'yi'r
hospitalité qu'il s'était em)m»ss6 df>" lui re'n•
dre on Italie. Mme de La Rooiio-Lanlry ai
mait" Venise comme hion peu d'étrangers
ont su l'aimor; çllo on comprpiMit la' poésie^
•la grandeur et là grâ'oo> là noblesse élégante
et la majesté en deuil. Le prince lui savait
gré dé co culto qu'elle rendait à sa patrie;
leur affection s'en itait acàruo eiicfero. '
La baronne se trouvait 'à Venise-quand
M. Dorianti mourut. Dans les angoisses do
l'instant suprême 10 fqt pour lui une conso-
lalion suprôme de pouvoir- so diro que Mme
de La Roche-Landry^acceptaitle legs de son
amitié, et que Saphir, grâce à elle, 'ne serait
pas éeule au monde. Il la confiait à sa ten
dresse.
Saphir accomplissait alors sa seizième an
née. ' .
A cet âge, ët dans les conditions ordinai
res de l'exis.tencéy telle "qu'on-- la 1 fait ;aux
femmes au sein de la famille, l'énergie et la
volonté ne sont fjuère développées dans l'à-
me dés jounes filles : elles s'en remettent
!aux autres du soin-de leur vie et permettent
de vouloir pour elles. Elovée dans la ten
dresse immense ét absolue d'un pèrè dont
elle était l'unique pensée et la préoccupa
tion incessante v 'Sàpljir ne s'était jamais
trouvée face à fà'e avec les difficultés
sérieuses de la réalité : ignorante de tout,
elle s'était laissée aller au* désirs du mou
rant Sans* seulement essayer uné objection,
ou plutôt sans q^ue l'idée d'une objection
possible se préseniAt à son esprit. Aussi,
"uand elle eut pieusement baissé le front"
é son père endormi dans la mort, quand
elle eut conduit dans la gpndolo bVeup des
défunts sa dépouille ado/ée jusqu'au rivage
de l'île Saint-Michel, co cimètière poétique
entre tous, où le murmure do la lagune berco
la Venise morte, ntin loin do laYcuiso vivan
te, après'avoir dit h n long adieu au
palais dô ses ancêtres, 1 à c^tte grande église
dê'Saint-Maroù,toute petite, c)le avait suivi
dans leTecueillement piéuxd'uQo admiration
extatique les pompes du pylte se dévelop
pant au milieu dés splendeurs de l'art; à ce
Lido, où," plus tard, elle élait venue si sou
vent admirerr dans la distance et la ville su
perbe' et l'incomparable paysage' qui l'en
touré, elle fassembla ses souvenirs dont le
cortège devait l'accompagner et la suivre sur
la terre d'exil, et, sans même faire une qiies-
tionj confiante et résignée, elle mit sa main
daiis la maih "do Mme de La Roche,^Landry,
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