Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-11-06
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 novembre 1864 06 novembre 1864
Description : 1864/11/06 (Numéro 311). 1864/11/06 (Numéro 311).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
49 ANNEE.—511
BUR^ÂJQX A PAKlS : rû£jô IQK (&teRf>yal^a* 40;
.c .' s *o
1B0ÎÏNEMB1SS DES DÉPARTEÏÏENS.
« 9mm *■■'>' ■ *
TROIS MOIS : 46 FH» .
SIX MQISi : 32 FR.
UN AN.............. -64 FRi,
POUR LKg FATS ÉTRiWSBM, T0ir l8 tablSSU
publié lss 5 «t 20-de chaque mois.
Imp. L, BONIFACK, r. aes^Bona-EnfaM, 19,
ji6 mode d'abohwkmbnt la plus simple est l'envol d'unbun^dïfposte ou d'on effet t
sur Paris, à l'ordre da l'administrateur du Journal, rue de V^ois, n* 10, !
, UNIVERSEL.
DIMANCHE 6 NOVEMBRE! 1804.
• * v^OIMENS DEfAB1S3 '
.1;: ^ •' t &r c " >
TROIS Mois.-ir.'r;^' 43 FR;
"six ' Kbis.^ïi^li ' 2g fr. 1 "
'f. '^^W^rrTrns „ S2 fpg
un numéro 20 centimes} ; ,
•' • "/ -H
&es abonnemecs datent (les. 1°! et w
ft« chaque moisi,
Les s lettres m envois ! elargeht
Les articles 4éj»osés
KÔH AJF^ANCma sont refusés.
ne sont pasrendus.
Les Annonces sont reçues chez M. PA5ïfl r rue Notré-Dame-dos-Vlctoîre3, n* 4p
«' t < ■ - . (place de la Bourse];...
«.wWW*fflg
PARIS, 5 NOVEMBRE;
1 f i - i l < 1 .
• ; La publication que fait U Moniteurde cq
. matin dissipe. toutes les obscurités dont
' les opinions extrêmes cherchaient à enve-
- lopper la convention du 13-septembreV
■ ^Qîsfju'entre gens da ; bonne foi quiont
Conclu un . traité, des équivoques 61}
des malentendus s'élèvent çur quelque
- point du contrat,de$ explications suf-
! lisent pour rétablir la vérité, " Certains
' mots de la dépêche de M., Nigra,'comme
nous l'avons dit en nous occupant de ce
document et en nous gardant; bien de
suspecter la sincérité du plénipotentiaire
italien, étaient devenus un prétexte aux
commentaires passionnés des partis : des
explications ont eu lieu, et, comme Je congv
taie le Moniteuri il en est résulté un parfait
accord entre.les deux gouvernemens. ,
• Maintenant,, il n'y a plus .un seul passa-,
gOj il n'y a plus un seul mot de la dépêche,
de M. le chevalier Nigra qui puissent prê-|
■ ter à une fausse interprétation, il n'est plus,
permis d'éiiuivoqùer sur ks moyens moraux
ni sur les aspirations nationales. Il n'est plus,
permis de dire que la translation de la ca
pitale est un expédient ou une^ étape. Il
n'est pas plus permis de dire que, 4ans<
le cas d'une révolution à Rome, la France,
- n'a pas réssrvésa liberté d'action. Et quant:
à la politique de M. le comte de Cavour,
" maintenue par le cabinet de Turin, on est
absolument forcé de reconnaître que « Ro*
# me ne pourrait être unie à l'Italie et en
» devenir la capitale qu'avec le consente-
.>» ment de la France. »
Ainsi se trouve réalisé ce que nous
avons dit depuis un mois pour ccîairer
l'epinion, au flciiliou de tous les efforts qui,
étaient faits pour l'égarer.
S. Exe. M. Drouyn de Lhuys souhaite/
en terminant sa dépêche, que la lumière
se fasse dans la discussiqn.qut va s'ouvrir
au sein du Parlement d'Italie. Le vœu du
ministre de l'Empereurîèsfcdéjà accompli:
après la publication ûu Moniteur, la lumiè
re est faite. - . .
/ PAC LIN XIîlAYBAC.
On lit dans h "Moniteur
"Les documens communiqués au Parle
ment italien ont été, dans la presse fran
çaise et étrangère, l'objet de commentai
res qui tendaient à fausser le sens de la
convention du 15 septembre. Le'gouverne
ment-de l'Empereur et celui du roi d'Ita
lie ont dû s'assur-er de la conformité île
leurs vues par. un nouvel échange de com-
inunica,tions. Les pièces que nous publions
constatent la parfaite loyauté des explica
tions réciproquement-données à ce^ujet,
«et l'accord qui ep est résulté.
Le chevalier Nigra au clievalitr Yisconti-Venosta,
ministre des affaires étrangères à Turin.
Paris; 15 septembre 1864.
Monsieur,le ministre,
J'ai l'ihonneur d'envoyer ci-joint à Votre Ex
cellence l'original de la convention relative à
la cessation de l'occupation du territoire pon 7
tilical par les troupes françaises, " signée au^
jourd'liui, à trois heures, au ministère impé
rial des aiîaires étrangères, par M. Drouyn de
Lhuys, par le marquis Pepoli et par moi.
Je "vais résumer brièvement les négociations
qui ont précédé cet acte.
Peu de jours avant la mort du comte de Ca
vour, il avait été'question d'un projet do trai
té entre l'Italie et la France, qui portait en
substance : que la France rappellerait ses trou
pes de Rome; que l'Italie s'engagerait à ne pas
attaquer le territoire pontifical actuel et à em-
2jS
Bêcher, môme par la .force; tdute attaqiie ex-i
-iérieure centre ép territoire; que legouverne-î
_ ment italien s'interdirait toute réclamation^
contre l'organisation d'une armée pontifical^
d'un nombre indéterminé de soldatsi cette
armée pourrait, être cûmpSsée môme de vo-;
lontaires catholiques ou étrangers ; que l'Ita-!
lia s'ô déclarerait prête à. entrer en arrange-,
nient pour prendre à sa charge line part pro-j
;Pprtionnelle de 11 dette des anciens Etats da
l'Eglise. t ■ ,
La mort du comte de jCaïour interrompit
ces premières négociations! Les administrai
tiong- qui'sùtôôdèFent à- cet illustre homme
d'Etat firent toujours des .tentativ^ pour re-,
prendre.les négociations dans le mSitte sens,
mais le gquverAein'ftnt impérial ne croyait
pas que le moment opportua fût encore venu,'
Cette phase des négociations étant assez
Connue après la publication des documents of
ficiels qui s'y réfèrent et après les débats auk-
quels elle donna lieu dans 16 ^arlemqnt ita-
lien'ét dansées assfeûib^ées françaises, il n'esï
pas nécessaire que je la retrace Ici. ' !
' . Le 9 juillet 18G3, Votre ÈXéeUenCe, pfënant
occasion des discussions récentes du Parler
ment, m'adressa une dépêche par laquelle elle
demandait que les négoeiations fussent repris
ses au point roù ie^eomteda Cavour les avait
laissées, et qu'elles fussent basées; sur le prin-i
cipe dé non-intgr vent ion; Votre Excellence dé
clarait que le gouvernement du roi étalttprè^
à prendre l'engagement qu'aucune force régu-i
lière ou irrégulière n'enyahirait lé territoire
pontifical. '
Cette dépèche constitue le point de départ
• de la «dernière- phase-des négociations qui
vionnent d'aboutir. - ' ;
J'en ai donné ' communication à M. Drouyn;
de-Lhuyj, le 16 du même moip. • i t
La sitjiatiou politique était devenue meil-'
"loure, mais elle n'était pas. encore, au juge-'
m^nt t^u gouvernement français, dp nature à;
rffndre poîsiblé'Ia reprise des négociations^ ' l
■ 11-fallut donc attendre encore, et préparer
peu à peu le terrain pour une rneilleure réus-
sito.. , ' ,
-, Ce ne fut qu'an,juin dernier que M. Droûyn
de Lhuys répondit otttciellement aux instan
ces successives que j'avais, été chargé de lui
faire. Il adressa âii". baron de Malaret une dé
pêche dont il fut donné leeture'à Votre Excel
lence.
Par une dépêche du fî^du mème mois, Vo
tre Excellence^ en me faisant connaître le con
tenu de la communication qui venait do lui;
être faite par le baron de Malaret; prenait acte
des dispositions plus favorables du gouverne
ment français, et m'envoyait : un projet d'arti
cles, conforme, en substance, à l'ancien projet
-du eomte de Cavour.
Votre- Excellence m'annonçait en même
temps qu'elle profitait de la présence du mar
quis Pepoli à Paris pour le prier de joindre
'ses efforts aux miens et de compléter verbale-
mont les propositions que le gouvernement du
roi désirait faire .parvenir au gouvernement
français.
Le marquis Pepoli et baoi nous présentâmes
au gouvernement français le projet de conven
tion; nous exposâmes à plusieurs reprises, en
les dévoloppant, le3 argumens dont le gour-
vernement du roi appuyait ses propositions.
Le ministre impérial des aiTaires étrangères
répondit en assurant que le gouvernement
français .avait toujours désiré retirer ses trou
pes de Rome, mais qu'il no pourrait les reti
rer en effet que lorsque le gouvernement du;
roi aurait offert dos garanties de nature à ras
surer pleïSement le Saint-Siège contre toute,
tentative d'invasion. U fallait, selon le gou
vernement français, que la promesse faite par
le gouvernement italien de ne-pas attaquer
et de. ne pas laisser attaquer le ter-ritoire pon
tificat eût pour complément quelque garantie
'de fait propre à donner à l'opinion catholique
la confiance que la convention-proposée serait
efficace. ,
Dans l'examen des garanties de ce genre, les
négociateurs italiens avalent reçu l'instruction
formelle de rejeter toute condition <|ui eût été
contraire aux droits delà nation. .11 ne pou
vait donc être question ni d'une renonciation
aux aspirations nationales, ni d'une garantie
collective des puissances catholiques, ni de
l'occupation d'un point du territoire lomain
par les troupes françaises comme un gage de-
l'exécution de-nos promesses. ,
Pour nous, la question romaine est une
Question morale que nous, entendons résoudre
par les forces morales: Nous prenons donc sé
rieusement et avec loyauté l'engagement de
her pas user de ces moyens violens qui ne ré
soudraient pas' une question de cet ordre;
mais nous ne pouvons renoncer à compter sur
les forces de la civilisation et du progrès pour
arriver à la conciliation de l'Italie et de la
papauté, conciliation que l'intervention fran
çaise ne fait que rendre plus difficile et plus
éloignée.
Le gouvernement français, tout en appré
ciant lâ valeur 'de ces considération^ 4 décla.ra ;
toutefois de nouveau qu'il' était impossible r
d'accepter le projet, s'il n'était accompagné de !
quelque garantie d,ô fait; ' "
Ce fut alol's que le.marqiiis Pepoliexami- ?
liant la situation intérieure'^el'Jtalie, par .rap» j
•port à la question romaine, dit à. l'Empereur :
qu'il était 1 à sd coiinaisgaiicé qii'ind^peridâm- .
ment de la question dont il s'agissait actuelle
ment, et pour des raisons politique^ stratégi
ques et administratives, le gouvernement s'oc
cupait de la quëstion de la cdriVenance de
transporterie siège de l'administration de Tu- ■
^in dans une autre ville v du royaume.
.Tant que la question romaine restait dans
une période d'incertitude, sans acheminement
vers une solution, cette incertitude même sus
pendait-l'examen et l'étude'.de la convenance
d'une telle mesure;,
Mais, si la convention venait à être signée,
Il savait que le ministère, en considération de
ilafsituatibn politique intérieure créée par le ;
traité, avait : l'intention .de proposer cette dé- 1
tetminatioa au roi, le hesoin d'Une action pins
■efficace sur (toutes les.parties > du royaume et
notre: position même -vis-à-vis de Rome ve- ;
nant se joindre aux motifs : stratégiques pour
la conseiller. ; , , ■ - ■ ? '■■ ■
• -.11 parut à l'Empereur que,cette décision une
•ea vue; Sa .Majesté, parlant iti projet de trans
férer la capitale, dit que, si telle était la pen-
. sée du gouvernement du roi, si- tel -était le dé-
'.slr dé la nation, italienne, bien des difficultés,
qui nous séparaient sur cette t grave, question
de R«me seraient .aplanies. • . ' •
J'obsefvai que. la translation du siôge-du
. gouvernement présentait" de gravés inconvé-
.niens.j qu'il s'était pas sans danger de dépla-
.perà 1 improviste le centre de gravitation du
' gouvernement, de l'ô'ter du milieu d'un élément
essentiellement gouvernemental,solide, et sûr;
que lés difficultés-même matérielles de : l'exé-
. eution.de ce projet seraient, nombreuses et
' grandes ; que, dans tous -les cas, cette mesuje
demanderait un temps considérable pour di
minuer et rendre moins sensible laJdsion des
intérêts locaux. ' '
'J'ajoutai que, du reste, nous ne, pouvions
prendre, qu'ad référendum le projet d'arrange
ment, si l'on y mettait la condition idu dépla
cement du siège du gouvernement. Nous insis
tâmes, en outre, pour qu'en dehors de ce fait,
qui devait être plus spécialement considéré
comme d'ordre intérieur, Je gouvernement
acceptât le projet pur et simple.
Mais le gouvernément impérial maintint la
réponse déjà'faite au marquis Pepoli et dé
clara que, dans le cas où le gouvernement du
roi se déciderait à transporter la ''capitale, il
n'y aurait pas d'obstacle à .ce que la conven
tion fût signée sans retard; -
. Le marquis Pepoli partit pour Turin, et sou
mit l'affaire au gouvernement du roi.
Pour que le gouvernement' du roi pût pren
dre' une décision, il était nécessaire de fixer le
terme dans lequel deyait cesser l'occupation
française. Le gouvernement impérial déclara
que ce terme ne' pouvait être fixé au-dessous
de deux ans; Les efforts des négociateurs ita
liens pour restreindre ce délai restèrent sans
résultat. • •
. Le gouvernementjdu roi ayant, après mûre
réflexion, délibéré d'accepter, la convention
avec la clause de la translation.de la,capitale,
nous chargea, le marquis Pepoli et, moi, do
conclure cet acte, et nous munit da pleins-pou
voirs, à cet-égard.,
■La marqifis Pepoli arriva à Paris le. i 3 cou
rant; le' 14, la-rédaction dtfs, articles fut arrê
tée, et, aujourd'hui la la convention : a été si
tuée. ; . -
1, article i" a" été conservé lei qu'ilt était dans
le projet primitif du comte de Cavour.
. L'article 2 contient l'engagement de la Fran
ce de retirer ses troupes des Etats pontificaux,
graduellement et à.mesure que l'armée ponti
ficale sera organisée ; mais le terme extrême
de l'évacuation est fixé à deux ans.
L'article 3 est tel qu'il était dans le projet
du comte de Cavour, excepté qu'au lieu de
fixer le chiffre des forces qui doivent former
l'armée pontificale, il est établi que ces force#
ne doivent pas devenir un moyen d'attaque
contre Je gouvernement italien. ^
On a ajouté, en outre, les paroles : « la tran;
quillité sur la frontière, » pour indiquer l'obli
gation du gouvernement pontifical d'empêcher
que sa frontière ne devienne un abri pour le
brigandage.
- L'article i est aussi semblable au projet du
comte de Cavour. /
Quant à la clause de la translation, comme
elle ne pouvait, d'après le gouvernement du
roi, faire partie intégrante de la. convention,
on convint de la formuler dans un protocole
séparé, dont Votre Excellence trouvera égale-'
ment ci-joint l'original. En employant cette
forme, on a voulu montrer qu'une telle me
sure était pour nous un fait de politique es
sentiellement intérieure, lequel ne pouvait
avoir de eônùeiion àVec la convention, qu'en
t ce qu?il~créait une; situation nouvelle la
1 France voyait une garantie qui lui perniet-
rtait de retirer ses troupes, et un; gage que 1*1-
talie renonçait â. employer la îorce pour occu-,
. per Rome.
^ Il a^té bien «ntendq, dans nos conférence^
. avec.ia plénipotentiaire: français, que la conr-
. vention ne dpit pi nepeut signifier ni plus ni f
moins que ce qu'elle ,dit, c'est-àrdlre que^ par.
la convention, l'Italie s'engage à renoncer à,
" tout moyen violent. , _ . •
Nous avôifs également déclaré que cette conr
vention'est la . conséquence du principe denon-
• intervention, en- sorte que la politique à venir
: de l'Italiejà l'égard;de Rome consistera désor-
i ma|S à observer et à faire observer- le principe
de non-intervention et à employer tous les
moyens de l'ordre moral pour arriver à la ,con-
ciliâtion entre l'Italie et la .papauté, sur la ba-,
' se proclamée.par le comte de Caveur, de l'Er ]
_ glise libre dans l'Etat libre. '
C'est ainsi qu'ont été,conclues ces longues
et difficiles négociations, qui n'ont jamais" ces-
' sé de préoccuper les. hommes qui se. sont suer 1
cé^é dans les conseils dh: roi, depuis la consti-
, ; tution du royaume jusqu'aujourd'hui.
" - SI l'on', considère les circonstances politiques
. actuelles, l'état d® ropinipn-puhHgue $n l'ran- '
: ce.£t dans l'jSurope patliQlique-, 'sH'pn.se sou- j
vient delà,vivacité.dès passions *^îùe,la ques?
. tion romai,he"a,soulev^çs dans le mopde et deg
4ifficulté? qu'elfe a,suscit&s: en Italie, soit dan?
sa politiqiie intérieurej soit dans ses rapports
Internationaux, partiiiulièrempntayec la Fran
ce, il demeure évident que le. gouvernement
du roi aurait encouru la plus'grave résponsa-
- bilité%en face de la -nation ! et en faoe'-de^hisr
' toire, s'il s'était refusé'à : un arrangement qui
a pour but final la ceasatioh dél;o6cupation
étrangère, et qui n'exige 1 dte nous que tie rer
- noncer aux moyens 'violens déjà exclus par 1#
< Parlement. ' r • " : -
• - Agréez, etc. " • -t '' ,I! nigra^ . f
• Le,ministre des affaires étrangères de l'Empereur
à il. le baron ât Malaret, ministre de France à
- Turin.
Paris, 30 octobre 1864;
Monsieur le baron, hier j'avais convié M. lô
- chevalier Nigra & un entretien pour lui parler
de sa dépêche du 15 septembre. J'ai commencé
par lui lire celle-que je vous avais adressée,
dont vous aurez donné communication i M;
le général de La Marmora, ainsi qu'à M. Min-
ghetti, et qui est le simple résumé d'une con-
. versât ion que j'avais eue quelques jours aupa
ravant avec M. le ministre,.d'Italie. .
Dans la phase actuelle, le cabinet de Turin
; a seul la parole. Pendant qu'il produisait de-
■ vant le Parlemont sos documens diplomati
ques, . dont il a dû apprécier les motifs : nous ; ne
voulions pag, par la publicité d'un débat con
tradictoire sur le sens do la convention, lui
susciter des embarras, ni lui enlever le mérite
de loyales déclarations dont il pouvait désirer
avoir l'initiative. Mais notre réserve et notre
discrétion vis-à^vis du public nous imposaient
' -l'impérieux devoir d'entrer ; sans réticences,
■■ a-vec -le gouvernement italien, dans un échan-
' ge de pensées afin de dissiper les équivoques,
prévenir les malentendus, et donner aux actes
ïdu 15 septembre une interprétation que pus-
-sent.admettre les deux parties contractantes.
- -r-Oryj-tei dû-avouer à' M. ftigra que, si je n'ir,
levais aucun doute sur la'parfaite sincérité de
.ses intentions, ni même sur. l'exactitude des
faits.consignés dans son rapport, je ne,saurais
dissimuler néanmoins qu'à mon avis ce docu-
-meqt ne reproduit pas d'une manière complè
te la physionomie do la négociation ni le
sens que nous attachons et que le gouver
nement italien doit lui - même attacher aux
engagemens qui en ont été, la suite. Pour en
être convaincu, il suffit de constater l'impres
sion qu'il a produite' sur Topiniofi des deux
côtés des Alpes. Les journaux de toutes les
• nuances en'onttiré des conséquences aussi con
traires à nos intentions qu^ celles des ministre?
du roi Victor-Emmanuel. Cette dépêche, Inter
prétée dans un même sens gar les passions des
différens partis, est devenue le texte de félici
tations et de reproches que le? deux gouver-
nemens doivent "avoir également à cœur de
repousser. D'où vient cette confusion, si ce
n'est de l'ambiguité -de quelques expressions
vagues dont nous avions & l'avance signalé
maintes fois les dangers en cette circonstance?
Dans ces mots : dnits de la nation... aspirations
nationales, malgré les précautions de langage
dont ils sont entouréSj chacun .lit ce qu'il"
craint ou : ce • qu'il désiré; On a sans doute '
quelque'jieine à s'expliquer comment la royau- •
ïé italienne pourrait se trouver un jour à'
-Rome, lorsqu'elle semble s'interdire d'y al
ler il car de-telles prévisions' nè ressortentj
pas naturellement de l'exanjen d'un convention.
qui stipule la translation de la. capitale du
Royaume à Florence et la garantie du territoire }
pontifical contre toute. agression-arméa. Ces
subtils problêmes n'en,.égarent pas moins les
esprits. C'est aux évènemens qu'il appartient J
de les poser. La loyauté comme la prudence n?
permettent pas d'en chercher prématurément la solution dans de vaines hypothèses. Aussi
je.&uis loin d'attribuer un semblable dessein
soit à -}a cour .de Turin^ soit à M. ïe chevalier
;Nigra; je signale la nécessité .d'enprévenir Hiâ-
me la supposition par la précision et la nette-
té des déclarations officielles. C'est à-,cet effet
çue j'ai donné dans-ma correspondance et
provoqué dans mes entretiens' tous les éclajr-r
cissemens propres & écarter des .inductions té-
iméraires ou injurieuses. Ces éclaircissemeps
■se résumerit' dans les propositions suivantes :
- -1» Parmi les moyens violens' donj; l'It^ie
s'est interdit l'emploi, on.doit coinpter les ma-
nosuvres d'agens révolutionnaires sur le terri-
! toire pontifical, , ainsi que toute ! eXdtation
îendant-à produire des mouvemëns insurrëcr
tionnels ; - ' : '
2° '.Quant aux moyens. moraux. dont elle
s'est réservé' l'usagé, dis consistenl unique-
rcent dans les forces [de la civilisation et'du pro
grès',, ■■ ■■
j > 3°. Leg : seules aspirations qne la cour deTurin
considère commerîégîtimes sont celles qui ont
pour objet-la Réconciliation de Tltalie-avec la
papauté.;
4? La translation de la capitale est un gage
sérieux donné à la France; cefc'est ni un ex
pédient-provisoire ni une étape vers Rome.
Supprimer le gage, ce serait , détruire^ lo con
trat; ,
5°-Les propositions de M. le comte de Ca
vour, en dSfii, ne contenaient point cette clau
se relative à la capitale ; -en outre, elles limi
taient à un chiffre déterminé l'armée du
Saint-Père et assignaient pour le départ de
• nos troupçs un délai, dç quinze jours. On ne
saurait méconnaître les différences considé
rables qui existent entre ces propositions et
les arrangemens du mois de septembre ; '
6° Le cas d'une révolution qui viendrait à
éclater spontanément dans Rome n'est point
prévu parla convention. La France, pour cette
éventualité, réserve sa liberté d'action.
. 7" Le cabinet. de Turin maintient la politi
que de M. lo comte de Cavour. Or, cet homme
illustre a déclaré" que Romç no pourrait être
unie à l'Italie et en devenir, la capitale qu'avec
le consentement de la France. - ■
Tels sont, Monsieur le-baron, les différens
points que j'ai traités dans mes conversations
avec M. le, chevalier Nigra, et sur lesquels il
m'a paru que nous étions d'accord; Assuiément
je ne prétends pas qu'Û dût insérer dans son
^rapport ces ! explications complémentaires. Je
veux moins encore lui faire un reproche de
n',a voir dans : ,ce, document ni protesté/contre
l'emploi do moyensfrauduleux, ni prévu la
chute du pouvoir pontifical par l'effet d'unè
insurrection intérieure que des man'œuvres
étrangères n'auraient point provoquée. J'ai
"pensé avec M. le ministre d'Italie., comme le
témoigne ma correspondance, qu'il est des
prévisions que la dignité des contractans et le
sentiment des convenances ne permettent
•point d'inscrire dans des actes diplomatiques.
L'excès' de précaution , en certains cas, de
vient une injure. Mai^ il fautbien-le répéter,
lorsque, à travers les formules générales, vous
laissez entrevoir de vagues perspectives, cha
cun y place l'objet de ses désirs et le précise à
sa manière; ce que. voiis n'avez point dit," on
le suppose, et les partis extrêmes.lisent entre
les lignes de vos dépêches ce que dictent leur?
passions. Voilà pourquoi nous, souhaitons vi
vement que la lumière se fasse au milieu de
ces obscurités dans la discussion qui va s'ou
vrir au sein du Parlement d'Italie.
Recevez, etc. • drou V n dk lhcys.
lè ministre des Affaires étrangères à M. le Ixiron de'
' Jtfllç,ret 4 ministre âé,France à Turin. ;
. ' Paris, le2 novembre 1864,
1 [Monsieur le baron^ M.' le ministre d'Italie
ni'a exprimé, il y a trois'jours, au nom,déjà;
le général de La Marmora, le désir de concilier
.île sens donné à la convention par la légation
italienne.dans, son rapport du lis septembre
•avec celui que j'avais exposé moi-même dans
mps dépêches antérieures. Les conversations
jdont je voua ai rendu , compte le 30 octobrfej
• semblaient avoir à l'avance satisfait ce vœu efe
J di^jSlpé les malentendus. Quoi qu'il en soit,
|iensé i avec M. Nigra que le meilleur moyen dà^
•faire cesser définitivement ces divergences étaij
• d 'éGhanger en présence de l'Empereur de nou-
i Ja;fc:hîérmatiri..'
Nous avons ouvert la conférence par la lec
ture du rapport de. M, Nigra, et j'ai donné
>cpnnf}iS3ance / de.mps,dépêches, -auxquelles Sa
.'Majesté'a daigné.accorder-son.approbation. M.'
le ministre i'Italie a lù ensuite une lettre qu'il
: avait adressée le 30 du même mois au minis
tre des àffaires^étrangères du. roi Victor-Emma-
•nnel, et qui,en précisant les engag'emens eon-
tractéapar le<îabinet de Tjûrin, répond aux re
marques que m'avait suggëréës sa dépêche du
13 septembre. J'ai rappelé nos précédentes ex
plications .et repris,l'exa^en.des divers points
résumés dans ma'dépêche jïu^O que je confir-
'me et à laquelle jè me réfère.. Sur chacun de
ces poînfs, ; nous nous' sôihrties trouvés d'ac-
rche télégraphique^ue 3&'le Mmstre d'Italiea
Eur-leTCbampa'àresslâa à-saCoûr. • (
Rçceye^, >etç,. - .. , -
mouyn dte xmteft" '
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■■ ( BOTJLETI3! POLITIQUE.
En attendant l'ciiverture de la discus
sion sur le projet de loi relatif à la trans-
~ latiou de rla capitale ; discussion qui com-
;meucerâ lundi prochain, le ministère ita
lien a communiqué auParlement ses plans
finaûcièrs et quelques projets de lois spé
ciaux en faveur de la ville de Turin.
Eh compensation de la dette municipale
que la ville de Turin avait assumée en
' qualité d», capitale du rôyàume, il lui est
attribué, à titre d'indemnité, une rente de
1,06*7,000 livres. Le siège, cfe la cour de
cassation est ramené de Milan à Turin;
Quant aux plans financiers exposés par
le cabinet, M. Sella fait connaître qu'iln'y
a pas lieu pour le moment de faire entrer
.en. ligne de .compte la vente ' des chemins
de fer.de l'Etat, qui, acceptée en.principe
par le gouvernement, puralt souffrir au
jourd'hui quelques difficultés du côté des
.acquéreurs; à raison de la translation de
la capitale. V 1
; M. ; ,Sella ne veut pas non plus jl'em-'
r prunt,.du moins pour le moment. 11 pro
pose don'fi 1 n,n<"> rp.dnr.t.îon' immédiate -de
'60 millionSj ^iir, ie,s dépenses au Duciget,
/dont 42. siir , la guerre et la marine, le
tout sans-'pjD'éJudice'dé réductions plus
grandes rçnf -ster t oiit opérées par diverses
lois organiques, plus une augmentation
d'environ -40 millions-sur le tabac,"le sel
"et autres denrées. .
" Ges réductions et augmentations ne
profiteront évidemment qu'au budget de
1865.
Mais le gouvernement a immédiatement
besoiir de 200 milliong pour couvrir les dé
penses de l'année qui va finir. Voici com
ment il compte se procurer [cette re&seur-
ce immédiate:
La vente des biens domaniaux produira
d'ici au 31 décembre une somme d'au
jnoing 40 millions;
On demande aux contribuables une an
ticipation sur l'impôt foncier, montant
à mjhillions, payables en argent ou en
coupons;
Feuilleton du CoHstilulioanel, 6 nov.
EPOQUE DE ÇA RÉGENCE.
Quatrième partis.
VIII.
LE - RÉBUS.
Les rébus que les journaux illustys ser-
ventreligieusementchaqueseinainea leurs
abonnés ne sont pas d'invention si modeiv
ne que beaucoup peuvent se le figurer, et,
en manière de parenthèse, avant d'entamer
ce chapitre, nous recommanderons aux
curieux de cette littérature hiéroglyphique
un livre du XVI' siècle, intitulé les Biga-
rures et touches du sieur Taboureau, seigneur
des Accorda. Dans cette bizarre et savante
rapsodie , ils trouveront une collection
très ample et très naïvede facéties de cette
espèce ; ce renseignement donné, nous re
prenons notrs propos.
- Après un trajet d'assez courte durée,
pendant lequel il fut impossible à Cartou
che, somptueusement prisonnier, d'oble-,
nir aucun renseignement sur le sens à'
donner à éon aventure, le carrosse 1 le dé
barqua au, bas du perron , dans'la cour
d'un bel hôtel qui autant, qu'il luj. t avait
été possible de s'orienter chemin faisant,
lui sembla devoir être situé dans le quar
tier du Marais. '
A Ja splendeur des appartemens qu'on
lui lit traverser et a,u nombre des valets
en grande livrée qui se levaient respec
tueusement sur son passage, il conçut de
l'hôte eheij lequel il était conduit ,1a plus
imposante idée; mais, en même temps, fai
sant un retour sur lui-même, en pensant
à l'abominable négligé de son costume, il'
se sentit profondément humilié.
Disons même que chez ce glorieux, au
moment .où il fut mis en présence du
maître du logis, la souffrance d'amour-
: propre en était venue à dominer toute au
tre préoccupation. -
L'événement, du reste, prouva qu'il n'a
vait pas tort : un personnage, exhalant
dans ses habits et dans toute l'habitude de
sa,personne, le parfum le plus aristocra
tique, s'était levé à son entrée et s'avan
çait courtoisement pour le recevoir,quand
les devans furent pris par un magnifique
chîen des Pyrénées, qui, le poil hérissé et
la dent menaçante, le salua de cet accueil
plus que disgracieux dout un homme-pau-
vrement vêtu et de piètre mine, est tou
jours assuré auprès d'un chien ae bonne
maison.
— Tout beau, Jupiter, cria le maître du
dangereux animal ; en mime temps, of
frant la main à son hôte, il lui dit avec un
; accent anglais des plus prononcés : ,
— Jack Sheppard de Londres, heureux
pour se rencontrer avec son-célèbre con
frère de Paris. ;
— Se rencontrer, répliqua Cartouche,
'cela vous plaît à dire; comme je me ren
contrerais avec M. le lieutenant de police
s il parvenait'à mettre la main sur moi.
— C'est vrai, dit l'Anglais, je dois m'ex-
cuser pour la manière excentrique dont je.
fais, connaissance; mais on me dit que
vous êtes nulle part; si je fais deman
der une entrevue, vous ptînsez un piè
ge de lâ police, alors je fais conduire vous
ici, par mes gens, mais avec tous les
égards, je crois, pour un gentleman de vo
tre mérite. ~
— Ce n'est pas de ça que je me plains,
répondit Cartouche et* je trouve le tour
assez original,.mais vous me voyez confus
de l'équipage , dans. lequel vous m'avez
forcé de paraître devant vous; le luxe de
votre maison, vos dentelles, votre habit
dB cour, tout cela m'aplatit; vous allez
croire qu'auprès de Ceux de Londres, les
opérateurs parisiens sont des polissons.
Vous avez vu l'opinion de votre boule
dogue, il m'a pris pour un mendiant.
— Ge n'était pas un boule-dogue, ré
pondit Jack Sheppard, c'était un chien
français dans les Pyrénées; en costume
dè travail, il ne pouvait reconnaître un
grand.homme. /
" — Oh ! un grand homme, dit Cartou
che, c'est un peu beaucoup»
Ne faites -donc pas. votre modeste,
répoadit l'Anglais avec unehumilité jouée,
c'est vous plutôt .qui pensez des polissons,
çes pauvrçs insulaires, faisant les affaires
dans un si petit payé comme l'Angleterre,
quoique l'Anglais, ajouta-t-il en prenant
un air de fierté, a régné à Paris, si vous
savez l'histoire. :
— Oui, dit Cartouche , j'ai entendu
parler de ça confusément ; mais enfiD,
l'objet de notre entrevue, est-ce une joûte
que vous venez me proposer?
■ " - bt Vous ne voulez pas, répliqua Shep
pard, que je viens à Paris et ne pas con
naître le premier dans ma profession.
; —r J'entends cela et je ne ferais pas au
trement si j'allaisàLondres, mais je ne me
flatte pas d'être tout dans votre voyage.
— Oh no ! je viens aussi pour la Sallé,
une de vos danseuses.
— La Sallé! Je la connais, dit Cartou
che, je lui -ai'volé ses diamaiïs pour en
parer ma maîtresse , et ensuite, par un
caprice de cette drôle de fille, je les lui ai
renvoyés tout chaud, après les avoir réti
rés de "chez un Lombard; l'affaire a fait
du bruit l'an passé, vous devez en avoir
entendu parler?
^,No; mais il valait mieux voler la Sal
lé retournant d». Londres. Pour sa repré
sentation à bénéfice la Gentry d'Angle
terre lui a jeté à ses pieds sur le théâtre,
iplus de 8,00p guinées dans des fleurs, ce
qui chez vous est la somme de 200,000 li
vres. Moi je, viens chargé par la corpore-
chone de Messieurs les gentilshommes de
la nuit.... •
— Qu'est-ce que c'est que ça les gentils
hommes de la nuit? demanda Cartouche
en interrompant.
— Nous, donc ! fit Jack Sheppard.
Ah ! très bien. J'aime assez cette ma
nière de dire. Alors donc;vous venez delà
part de ces respectables gentilshommes !...
—"Offrir à la Sallé un magnifique collier
de perles, pour ce qu'ell# a dansé en l'hon
neur des pauvres prisonniers de Newgate.
Jén'étais pas.à Londres dans ce moment,'
et l'on n'avait pas eu la présence d'esprit
pour cette politesse. ^ -
*, _ Tiens!-une idée, dit Cartouche en
riant, si je vous le -volais votre collier, car
çnfin l'écrin de la Sallé, c'est de ma com
pétence, et puis vous verriez que les Pari-
. siens, non. plus, ne sont pas manchots,
— Pour se voler, entre- nous, dit Jack
Sheppard, cela se peut, mais autre ques
tion grande à traiter, et d'abord nous pre
nons le thé.
- En même temps il sonna et une tablé
splendidement servie pour cette impor
tante fonction de la vie anglaise, fut ap
portée dans le salon.
• Quand les deux interlocuteurs eurent
pris place et que Jack Sheppard eut servi
- .son conirère,. il remarqua que celui-ci,
après avoir porté la tasse à ses lèvres, fai
sait une grimace; C'était la sensation éprou
vée de nos jours par Mme Gibou, lors
qu'elle trouve le tbé fade en diable et par
le de l'égayer par un filet de vinaigre.
— Il vous va mieux peut-être, dit l'am
phitryon, un verre de gin ou de madère?
— Oui, du madère plutôt. Je sortais de
table quand je suis venu et je craindrais
que cette tisane ne gêne ma digestion.
— Oh ! oli ! elle est pour digérer : mais
yous autres Français, connaissez pas.,
' Et il ordonna qu'on apportât du vin et
4es liqueurs.r v ,
Quand Cartouche se fut retrouvé :
—Vous parliez pour me voler, lui dit Jack
Sheppard ; mais que dites-vous, si je suis
venu à Paris, pour voler vous ?
-r^Je crois, répondit Cartouche; que si
c'était sérieux, vous ne m'avertiriez pas.
-r- C'est sérieux, et j'avertis, comme il.
faut entre confrères et pour que le combat
se fait à armes égales. ""
— Vraiment! alors vous pousseriez bien
! là loyauté jusqu'à me dire ce que,vous
■ avez l'intention de me chiper ?
- . —Qu'est-ce, ça, chiper? demanda l'An-
' glaiff.
! — Chiper, n ça veut dire voler adroite-
s ment et sans se fâcher.
— Aljars, je chipe à vous ce papier qu'on
■ vous a offert beaucoup d'argent pour le
donner, et, vous, assez fou pour vouloir
garder, si bien qu'étant volé vous, n'avez
rien. .. , ■■.<■■■■■■
— Ahldit Cartouehe, ils ent été vous
parler de ça ! Il paraît* que mon refus les
chiffonne. Eh! qui sont donc ces gens qui
se sont ainsi dérangés pour vous mettre
en mouvement?
—Des gens très puissans, mais leur, nom,
répondit l'Anglais, ne fait riéa à la fran
chise du combat. - , i
— Enfin, ce papier, votfs ont-ils confié
ee qu'il chante ? Si je la savais, je pourrais
peut-être me décider à traiter avec vous.
— Ils ne disent ce qu'il chante à person
ne, et vous, pas pour le découvrir, vous,
ne savez pas lire !
Ce mot fut jeté d'un accent dédaigneux
qui mit un pied de rouge sur le visage de
Cartouche.
— Si je ne sais pas lire, répondit-il avec
une fierté bête, d'autres le savent.
— Pour une fois que vous faites lire, ré
pliqua Sheppard, le papier fait envie, et
vous est plus à moitié pris ; si vous faites
lire deux fois, il est pris tout à fait.
. —AhJ ils vous ont conté qu'ils avaient
fait, déjà une tentative? Je m'en .doutais :>
eh bien ! qu'est-ce gui leur en est revenu ?
Farceurs ! mes précautions étaient trop
bien prises.
— Oh ! dit Sheppard d'un ton d'incré
dulité. _. . -
—«Il n'y a,pas de eh '..répondit Cartou
che. Si je vous disais la manière 3ont je
m'étais ficelé pour me garer de toute sur
prise, ellë vous étonnerait,
-—Je. ne m'étonne pas facilement, dit
Jack Sheppard, avec un flegme tout an
glais. V / / - /
En même temps, il alluma une pipe et
offrit à son interlocuteur d'en faire au
tant. < - -
— Je ne fumeras, dit Cartouche; je
prends le tabac râpé.
Et il tira de sa poche une tabatière de.
corne d'assez piètre apparence.
—- Faites \t)ir ! dit Sheppard.
La. tabatière passée dans sesjaains :
f — Oh! fit-il, Shoking.
Et prenant dans la poche de sa veste
de satin une riche boîte d'or il la mit aux
mains dé Cartouche en disant :
r-Vous prenez celle-ci et moi je garde
l'autre pour le souvenir du grand voleur
français. - \
Cartouche, qui ne savait pas le sens mé
prisant du (mot Shoking, ne put compren
dre ce qu'il y avait d'ironie dans la phrase
çn apparence complimenteuse qui lui était
adressée ; néanmoins, il crut devoir faire
quelques cérémonies et dit, qu'à moins
d'être assuré qu'un tour de main avait
suffi à son confrère pour le mettre en pos
session du magnifique cadeau dont il le
gracieusait, il se ferait scrupul# de l'ac
cepter. ' 1
— Vous l'acceptez, répondit f'Anglais,
puisque c'est pour échange; les tabatières^
$i «lies- ont des diamans je-les prends; en
or, je les achète.
Diable! dit Cartouche, quef gentil
homme vous faites! Mais dites donc, le ta
bac j si c'était pour m'endormir, afin de.
commencer la danse. . '
— 1 • Donnez, dit Jack Sheppard.
; Et lui prenant la tabatière des mains as
sez vivement pour que- Jupiter crût à une
voie de fait et se "mît à gronder, il y puisa
une forte prisse qu'il aspira savamment en
ayant spin par deux ou trois chiquenau
des délicatement aristocratiques d'expur
ger son jabot de quelques grairfs égarés
qui y étaieat tombés. Ensuite dans la ehe-
minée, où la saison comportait encore
qu'il y eût un feii allumé, il jeta le conte
nu de la tabatière d'or qu'il remplaça par
cèlui de la tabatière de corne. Cela fait, il.
rendit le bijou à Cartouche en lui disant :
yr— Vous êtes sûr à présent que je ne
veux pas les moyens pour voler les rou-
liers et les marchands de cochons dans
les auberges; v
Plus Cartouche était écrasé par. ces fa-
çbns de grand seigneur, plus il tenait à se
relevec, en faisant montre de son habileté
à déjouer la première tentative faite sur
sa précieuse conquête. s
Charles ESAI2QU. '
{La suite à la semaine prochaine.)
BUR^ÂJQX A PAKlS : rû£jô IQK (&teRf>yal^a* 40;
.c .' s *o
1B0ÎÏNEMB1SS DES DÉPARTEÏÏENS.
« 9mm *■■'>' ■ *
TROIS MOIS : 46 FH» .
SIX MQISi : 32 FR.
UN AN.............. -64 FRi,
POUR LKg FATS ÉTRiWSBM, T0ir l8 tablSSU
publié lss 5 «t 20-de chaque mois.
Imp. L, BONIFACK, r. aes^Bona-EnfaM, 19,
ji6 mode d'abohwkmbnt la plus simple est l'envol d'unbun^dïfposte ou d'on effet t
sur Paris, à l'ordre da l'administrateur du Journal, rue de V^ois, n* 10, !
, UNIVERSEL.
DIMANCHE 6 NOVEMBRE! 1804.
• * v^OIMENS DEfAB1S3 '
.1;: ^ •' t &r c " >
TROIS Mois.-ir.'r;^' 43 FR;
"six ' Kbis.^ïi^li ' 2g fr. 1 "
'f. '^^W^rrTrns „ S2 fpg
un numéro 20 centimes} ; ,
•' • "/ -H
&es abonnemecs datent (les. 1°! et w
ft« chaque moisi,
Les s lettres m envois ! elargeht
Les articles 4éj»osés
KÔH AJF^ANCma sont refusés.
ne sont pasrendus.
Les Annonces sont reçues chez M. PA5ïfl r rue Notré-Dame-dos-Vlctoîre3, n* 4p
«' t < ■ - . (place de la Bourse];...
«.wWW*fflg
PARIS, 5 NOVEMBRE;
1 f i - i l < 1 .
• ; La publication que fait U Moniteurde cq
. matin dissipe. toutes les obscurités dont
' les opinions extrêmes cherchaient à enve-
- lopper la convention du 13-septembreV
■ ^Qîsfju'entre gens da ; bonne foi quiont
Conclu un . traité, des équivoques 61}
des malentendus s'élèvent çur quelque
- point du contrat,de$ explications suf-
! lisent pour rétablir la vérité, " Certains
' mots de la dépêche de M., Nigra,'comme
nous l'avons dit en nous occupant de ce
document et en nous gardant; bien de
suspecter la sincérité du plénipotentiaire
italien, étaient devenus un prétexte aux
commentaires passionnés des partis : des
explications ont eu lieu, et, comme Je congv
taie le Moniteuri il en est résulté un parfait
accord entre.les deux gouvernemens. ,
• Maintenant,, il n'y a plus .un seul passa-,
gOj il n'y a plus un seul mot de la dépêche,
de M. le chevalier Nigra qui puissent prê-|
■ ter à une fausse interprétation, il n'est plus,
permis d'éiiuivoqùer sur ks moyens moraux
ni sur les aspirations nationales. Il n'est plus,
permis de dire que la translation de la ca
pitale est un expédient ou une^ étape. Il
n'est pas plus permis de dire que, 4ans<
le cas d'une révolution à Rome, la France,
- n'a pas réssrvésa liberté d'action. Et quant:
à la politique de M. le comte de Cavour,
" maintenue par le cabinet de Turin, on est
absolument forcé de reconnaître que « Ro*
# me ne pourrait être unie à l'Italie et en
» devenir la capitale qu'avec le consente-
.>» ment de la France. »
Ainsi se trouve réalisé ce que nous
avons dit depuis un mois pour ccîairer
l'epinion, au flciiliou de tous les efforts qui,
étaient faits pour l'égarer.
S. Exe. M. Drouyn de Lhuys souhaite/
en terminant sa dépêche, que la lumière
se fasse dans la discussiqn.qut va s'ouvrir
au sein du Parlement d'Italie. Le vœu du
ministre de l'Empereurîèsfcdéjà accompli:
après la publication ûu Moniteur, la lumiè
re est faite. - . .
/ PAC LIN XIîlAYBAC.
On lit dans h "Moniteur
"Les documens communiqués au Parle
ment italien ont été, dans la presse fran
çaise et étrangère, l'objet de commentai
res qui tendaient à fausser le sens de la
convention du 15 septembre. Le'gouverne
ment-de l'Empereur et celui du roi d'Ita
lie ont dû s'assur-er de la conformité île
leurs vues par. un nouvel échange de com-
inunica,tions. Les pièces que nous publions
constatent la parfaite loyauté des explica
tions réciproquement-données à ce^ujet,
«et l'accord qui ep est résulté.
Le chevalier Nigra au clievalitr Yisconti-Venosta,
ministre des affaires étrangères à Turin.
Paris; 15 septembre 1864.
Monsieur,le ministre,
J'ai l'ihonneur d'envoyer ci-joint à Votre Ex
cellence l'original de la convention relative à
la cessation de l'occupation du territoire pon 7
tilical par les troupes françaises, " signée au^
jourd'liui, à trois heures, au ministère impé
rial des aiîaires étrangères, par M. Drouyn de
Lhuys, par le marquis Pepoli et par moi.
Je "vais résumer brièvement les négociations
qui ont précédé cet acte.
Peu de jours avant la mort du comte de Ca
vour, il avait été'question d'un projet do trai
té entre l'Italie et la France, qui portait en
substance : que la France rappellerait ses trou
pes de Rome; que l'Italie s'engagerait à ne pas
attaquer le territoire pontifical actuel et à em-
2jS
Bêcher, môme par la .force; tdute attaqiie ex-i
-iérieure centre ép territoire; que legouverne-î
_ ment italien s'interdirait toute réclamation^
contre l'organisation d'une armée pontifical^
d'un nombre indéterminé de soldatsi cette
armée pourrait, être cûmpSsée môme de vo-;
lontaires catholiques ou étrangers ; que l'Ita-!
lia s'ô déclarerait prête à. entrer en arrange-,
nient pour prendre à sa charge line part pro-j
;Pprtionnelle de 11 dette des anciens Etats da
l'Eglise. t ■ ,
La mort du comte de jCaïour interrompit
ces premières négociations! Les administrai
tiong- qui'sùtôôdèFent à- cet illustre homme
d'Etat firent toujours des .tentativ^ pour re-,
prendre.les négociations dans le mSitte sens,
mais le gquverAein'ftnt impérial ne croyait
pas que le moment opportua fût encore venu,'
Cette phase des négociations étant assez
Connue après la publication des documents of
ficiels qui s'y réfèrent et après les débats auk-
quels elle donna lieu dans 16 ^arlemqnt ita-
lien'ét dansées assfeûib^ées françaises, il n'esï
pas nécessaire que je la retrace Ici. ' !
' . Le 9 juillet 18G3, Votre ÈXéeUenCe, pfënant
occasion des discussions récentes du Parler
ment, m'adressa une dépêche par laquelle elle
demandait que les négoeiations fussent repris
ses au point roù ie^eomteda Cavour les avait
laissées, et qu'elles fussent basées; sur le prin-i
cipe dé non-intgr vent ion; Votre Excellence dé
clarait que le gouvernement du roi étalttprè^
à prendre l'engagement qu'aucune force régu-i
lière ou irrégulière n'enyahirait lé territoire
pontifical. '
Cette dépèche constitue le point de départ
• de la «dernière- phase-des négociations qui
vionnent d'aboutir. - ' ;
J'en ai donné ' communication à M. Drouyn;
de-Lhuyj, le 16 du même moip. • i t
La sitjiatiou politique était devenue meil-'
"loure, mais elle n'était pas. encore, au juge-'
m^nt t^u gouvernement français, dp nature à;
rffndre poîsiblé'Ia reprise des négociations^ ' l
■ 11-fallut donc attendre encore, et préparer
peu à peu le terrain pour une rneilleure réus-
sito.. , ' ,
-, Ce ne fut qu'an,juin dernier que M. Droûyn
de Lhuys répondit otttciellement aux instan
ces successives que j'avais, été chargé de lui
faire. Il adressa âii". baron de Malaret une dé
pêche dont il fut donné leeture'à Votre Excel
lence.
Par une dépêche du fî^du mème mois, Vo
tre Excellence^ en me faisant connaître le con
tenu de la communication qui venait do lui;
être faite par le baron de Malaret; prenait acte
des dispositions plus favorables du gouverne
ment français, et m'envoyait : un projet d'arti
cles, conforme, en substance, à l'ancien projet
-du eomte de Cavour.
Votre- Excellence m'annonçait en même
temps qu'elle profitait de la présence du mar
quis Pepoli à Paris pour le prier de joindre
'ses efforts aux miens et de compléter verbale-
mont les propositions que le gouvernement du
roi désirait faire .parvenir au gouvernement
français.
Le marquis Pepoli et baoi nous présentâmes
au gouvernement français le projet de conven
tion; nous exposâmes à plusieurs reprises, en
les dévoloppant, le3 argumens dont le gour-
vernement du roi appuyait ses propositions.
Le ministre impérial des aiTaires étrangères
répondit en assurant que le gouvernement
français .avait toujours désiré retirer ses trou
pes de Rome, mais qu'il no pourrait les reti
rer en effet que lorsque le gouvernement du;
roi aurait offert dos garanties de nature à ras
surer pleïSement le Saint-Siège contre toute,
tentative d'invasion. U fallait, selon le gou
vernement français, que la promesse faite par
le gouvernement italien de ne-pas attaquer
et de. ne pas laisser attaquer le ter-ritoire pon
tificat eût pour complément quelque garantie
'de fait propre à donner à l'opinion catholique
la confiance que la convention-proposée serait
efficace. ,
Dans l'examen des garanties de ce genre, les
négociateurs italiens avalent reçu l'instruction
formelle de rejeter toute condition <|ui eût été
contraire aux droits delà nation. .11 ne pou
vait donc être question ni d'une renonciation
aux aspirations nationales, ni d'une garantie
collective des puissances catholiques, ni de
l'occupation d'un point du territoire lomain
par les troupes françaises comme un gage de-
l'exécution de-nos promesses. ,
Pour nous, la question romaine est une
Question morale que nous, entendons résoudre
par les forces morales: Nous prenons donc sé
rieusement et avec loyauté l'engagement de
her pas user de ces moyens violens qui ne ré
soudraient pas' une question de cet ordre;
mais nous ne pouvons renoncer à compter sur
les forces de la civilisation et du progrès pour
arriver à la conciliation de l'Italie et de la
papauté, conciliation que l'intervention fran
çaise ne fait que rendre plus difficile et plus
éloignée.
Le gouvernement français, tout en appré
ciant lâ valeur 'de ces considération^ 4 décla.ra ;
toutefois de nouveau qu'il' était impossible r
d'accepter le projet, s'il n'était accompagné de !
quelque garantie d,ô fait; ' "
Ce fut alol's que le.marqiiis Pepoliexami- ?
liant la situation intérieure'^el'Jtalie, par .rap» j
•port à la question romaine, dit à. l'Empereur :
qu'il était 1 à sd coiinaisgaiicé qii'ind^peridâm- .
ment de la question dont il s'agissait actuelle
ment, et pour des raisons politique^ stratégi
ques et administratives, le gouvernement s'oc
cupait de la quëstion de la cdriVenance de
transporterie siège de l'administration de Tu- ■
^in dans une autre ville v du royaume.
.Tant que la question romaine restait dans
une période d'incertitude, sans acheminement
vers une solution, cette incertitude même sus
pendait-l'examen et l'étude'.de la convenance
d'une telle mesure;,
Mais, si la convention venait à être signée,
Il savait que le ministère, en considération de
ilafsituatibn politique intérieure créée par le ;
traité, avait : l'intention .de proposer cette dé- 1
tetminatioa au roi, le hesoin d'Une action pins
■efficace sur (toutes les.parties > du royaume et
notre: position même -vis-à-vis de Rome ve- ;
nant se joindre aux motifs : stratégiques pour
la conseiller. ; , , ■ - ■ ? '■■ ■
• -.11 parut à l'Empereur que,cette décision une
•ea vue; Sa .Majesté, parlant iti projet de trans
férer la capitale, dit que, si telle était la pen-
. sée du gouvernement du roi, si- tel -était le dé-
'.slr dé la nation, italienne, bien des difficultés,
qui nous séparaient sur cette t grave, question
de R«me seraient .aplanies. • . ' •
J'obsefvai que. la translation du siôge-du
. gouvernement présentait" de gravés inconvé-
.niens.j qu'il s'était pas sans danger de dépla-
.perà 1 improviste le centre de gravitation du
' gouvernement, de l'ô'ter du milieu d'un élément
essentiellement gouvernemental,solide, et sûr;
que lés difficultés-même matérielles de : l'exé-
. eution.de ce projet seraient, nombreuses et
' grandes ; que, dans tous -les cas, cette mesuje
demanderait un temps considérable pour di
minuer et rendre moins sensible laJdsion des
intérêts locaux. ' '
'J'ajoutai que, du reste, nous ne, pouvions
prendre, qu'ad référendum le projet d'arrange
ment, si l'on y mettait la condition idu dépla
cement du siège du gouvernement. Nous insis
tâmes, en outre, pour qu'en dehors de ce fait,
qui devait être plus spécialement considéré
comme d'ordre intérieur, Je gouvernement
acceptât le projet pur et simple.
Mais le gouvernément impérial maintint la
réponse déjà'faite au marquis Pepoli et dé
clara que, dans le cas où le gouvernement du
roi se déciderait à transporter la ''capitale, il
n'y aurait pas d'obstacle à .ce que la conven
tion fût signée sans retard; -
. Le marquis Pepoli partit pour Turin, et sou
mit l'affaire au gouvernement du roi.
Pour que le gouvernement' du roi pût pren
dre' une décision, il était nécessaire de fixer le
terme dans lequel deyait cesser l'occupation
française. Le gouvernement impérial déclara
que ce terme ne' pouvait être fixé au-dessous
de deux ans; Les efforts des négociateurs ita
liens pour restreindre ce délai restèrent sans
résultat. • •
. Le gouvernementjdu roi ayant, après mûre
réflexion, délibéré d'accepter, la convention
avec la clause de la translation.de la,capitale,
nous chargea, le marquis Pepoli et, moi, do
conclure cet acte, et nous munit da pleins-pou
voirs, à cet-égard.,
■La marqifis Pepoli arriva à Paris le. i 3 cou
rant; le' 14, la-rédaction dtfs, articles fut arrê
tée, et, aujourd'hui la la convention : a été si
tuée. ; . -
1, article i" a" été conservé lei qu'ilt était dans
le projet primitif du comte de Cavour.
. L'article 2 contient l'engagement de la Fran
ce de retirer ses troupes des Etats pontificaux,
graduellement et à.mesure que l'armée ponti
ficale sera organisée ; mais le terme extrême
de l'évacuation est fixé à deux ans.
L'article 3 est tel qu'il était dans le projet
du comte de Cavour, excepté qu'au lieu de
fixer le chiffre des forces qui doivent former
l'armée pontificale, il est établi que ces force#
ne doivent pas devenir un moyen d'attaque
contre Je gouvernement italien. ^
On a ajouté, en outre, les paroles : « la tran;
quillité sur la frontière, » pour indiquer l'obli
gation du gouvernement pontifical d'empêcher
que sa frontière ne devienne un abri pour le
brigandage.
- L'article i est aussi semblable au projet du
comte de Cavour. /
Quant à la clause de la translation, comme
elle ne pouvait, d'après le gouvernement du
roi, faire partie intégrante de la. convention,
on convint de la formuler dans un protocole
séparé, dont Votre Excellence trouvera égale-'
ment ci-joint l'original. En employant cette
forme, on a voulu montrer qu'une telle me
sure était pour nous un fait de politique es
sentiellement intérieure, lequel ne pouvait
avoir de eônùeiion àVec la convention, qu'en
t ce qu?il~créait une; situation nouvelle la
1 France voyait une garantie qui lui perniet-
rtait de retirer ses troupes, et un; gage que 1*1-
talie renonçait â. employer la îorce pour occu-,
. per Rome.
^ Il a^té bien «ntendq, dans nos conférence^
. avec.ia plénipotentiaire: français, que la conr-
. vention ne dpit pi nepeut signifier ni plus ni f
moins que ce qu'elle ,dit, c'est-àrdlre que^ par.
la convention, l'Italie s'engage à renoncer à,
" tout moyen violent. , _ . •
Nous avôifs également déclaré que cette conr
vention'est la . conséquence du principe denon-
• intervention, en- sorte que la politique à venir
: de l'Italiejà l'égard;de Rome consistera désor-
i ma|S à observer et à faire observer- le principe
de non-intervention et à employer tous les
moyens de l'ordre moral pour arriver à la ,con-
ciliâtion entre l'Italie et la .papauté, sur la ba-,
' se proclamée.par le comte de Caveur, de l'Er ]
_ glise libre dans l'Etat libre. '
C'est ainsi qu'ont été,conclues ces longues
et difficiles négociations, qui n'ont jamais" ces-
' sé de préoccuper les. hommes qui se. sont suer 1
cé^é dans les conseils dh: roi, depuis la consti-
, ; tution du royaume jusqu'aujourd'hui.
" - SI l'on', considère les circonstances politiques
. actuelles, l'état d® ropinipn-puhHgue $n l'ran- '
: ce.£t dans l'jSurope patliQlique-, 'sH'pn.se sou- j
vient delà,vivacité.dès passions *^îùe,la ques?
. tion romai,he"a,soulev^çs dans le mopde et deg
4ifficulté? qu'elfe a,suscit&s: en Italie, soit dan?
sa politiqiie intérieurej soit dans ses rapports
Internationaux, partiiiulièrempntayec la Fran
ce, il demeure évident que le. gouvernement
du roi aurait encouru la plus'grave résponsa-
- bilité%en face de la -nation ! et en faoe'-de^hisr
' toire, s'il s'était refusé'à : un arrangement qui
a pour but final la ceasatioh dél;o6cupation
étrangère, et qui n'exige 1 dte nous que tie rer
- noncer aux moyens 'violens déjà exclus par 1#
< Parlement. ' r • " : -
• - Agréez, etc. " • -t '' ,I! nigra^ . f
• Le,ministre des affaires étrangères de l'Empereur
à il. le baron ât Malaret, ministre de France à
- Turin.
Paris, 30 octobre 1864;
Monsieur le baron, hier j'avais convié M. lô
- chevalier Nigra & un entretien pour lui parler
de sa dépêche du 15 septembre. J'ai commencé
par lui lire celle-que je vous avais adressée,
dont vous aurez donné communication i M;
le général de La Marmora, ainsi qu'à M. Min-
ghetti, et qui est le simple résumé d'une con-
. versât ion que j'avais eue quelques jours aupa
ravant avec M. le ministre,.d'Italie. .
Dans la phase actuelle, le cabinet de Turin
; a seul la parole. Pendant qu'il produisait de-
■ vant le Parlemont sos documens diplomati
ques,
voulions pag, par la publicité d'un débat con
tradictoire sur le sens do la convention, lui
susciter des embarras, ni lui enlever le mérite
de loyales déclarations dont il pouvait désirer
avoir l'initiative. Mais notre réserve et notre
discrétion vis-à^vis du public nous imposaient
' -l'impérieux devoir d'entrer ; sans réticences,
■■ a-vec -le gouvernement italien, dans un échan-
' ge de pensées afin de dissiper les équivoques,
prévenir les malentendus, et donner aux actes
ïdu 15 septembre une interprétation que pus-
-sent.admettre les deux parties contractantes.
- -r-Oryj-tei dû-avouer à' M. ftigra que, si je n'ir,
levais aucun doute sur la'parfaite sincérité de
.ses intentions, ni même sur. l'exactitude des
faits.consignés dans son rapport, je ne,saurais
dissimuler néanmoins qu'à mon avis ce docu-
-meqt ne reproduit pas d'une manière complè
te la physionomie do la négociation ni le
sens que nous attachons et que le gouver
nement italien doit lui - même attacher aux
engagemens qui en ont été, la suite. Pour en
être convaincu, il suffit de constater l'impres
sion qu'il a produite' sur Topiniofi des deux
côtés des Alpes. Les journaux de toutes les
• nuances en'onttiré des conséquences aussi con
traires à nos intentions qu^ celles des ministre?
du roi Victor-Emmanuel. Cette dépêche, Inter
prétée dans un même sens gar les passions des
différens partis, est devenue le texte de félici
tations et de reproches que le? deux gouver-
nemens doivent "avoir également à cœur de
repousser. D'où vient cette confusion, si ce
n'est de l'ambiguité -de quelques expressions
vagues dont nous avions & l'avance signalé
maintes fois les dangers en cette circonstance?
Dans ces mots : dnits de la nation... aspirations
nationales, malgré les précautions de langage
dont ils sont entouréSj chacun .lit ce qu'il"
craint ou : ce • qu'il désiré; On a sans doute '
quelque'jieine à s'expliquer comment la royau- •
ïé italienne pourrait se trouver un jour à'
-Rome, lorsqu'elle semble s'interdire d'y al
ler il car de-telles prévisions' nè ressortentj
pas naturellement de l'exanjen d'un convention.
qui stipule la translation de la. capitale du
Royaume à Florence et la garantie du territoire }
pontifical contre toute. agression-arméa. Ces
subtils problêmes n'en,.égarent pas moins les
esprits. C'est aux évènemens qu'il appartient J
de les poser. La loyauté comme la prudence n?
permettent pas d'en chercher prématurément la solution dans de vaines hypothèses. Aussi
je.&uis loin d'attribuer un semblable dessein
soit à -}a cour .de Turin^ soit à M. ïe chevalier
;Nigra; je signale la nécessité .d'enprévenir Hiâ-
me la supposition par la précision et la nette-
té des déclarations officielles. C'est à-,cet effet
çue j'ai donné dans-ma correspondance et
provoqué dans mes entretiens' tous les éclajr-r
cissemens propres & écarter des .inductions té-
iméraires ou injurieuses. Ces éclaircissemeps
■se résumerit' dans les propositions suivantes :
- -1» Parmi les moyens violens' donj; l'It^ie
s'est interdit l'emploi, on.doit coinpter les ma-
nosuvres d'agens révolutionnaires sur le terri-
! toire pontifical, , ainsi que toute ! eXdtation
îendant-à produire des mouvemëns insurrëcr
tionnels ; - ' : '
2° '.Quant aux moyens. moraux. dont elle
s'est réservé' l'usagé, dis consistenl unique-
rcent dans les forces [de la civilisation et'du pro
grès',, ■■ ■■
j > 3°. Leg : seules aspirations qne la cour deTurin
considère commerîégîtimes sont celles qui ont
pour objet-la Réconciliation de Tltalie-avec la
papauté.;
4? La translation de la capitale est un gage
sérieux donné à la France; cefc'est ni un ex
pédient-provisoire ni une étape vers Rome.
Supprimer le gage, ce serait , détruire^ lo con
trat; ,
5°-Les propositions de M. le comte de Ca
vour, en dSfii, ne contenaient point cette clau
se relative à la capitale ; -en outre, elles limi
taient à un chiffre déterminé l'armée du
Saint-Père et assignaient pour le départ de
• nos troupçs un délai, dç quinze jours. On ne
saurait méconnaître les différences considé
rables qui existent entre ces propositions et
les arrangemens du mois de septembre ; '
6° Le cas d'une révolution qui viendrait à
éclater spontanément dans Rome n'est point
prévu parla convention. La France, pour cette
éventualité, réserve sa liberté d'action.
. 7" Le cabinet. de Turin maintient la politi
que de M. lo comte de Cavour. Or, cet homme
illustre a déclaré" que Romç no pourrait être
unie à l'Italie et en devenir, la capitale qu'avec
le consentement de la France. - ■
Tels sont, Monsieur le-baron, les différens
points que j'ai traités dans mes conversations
avec M. le, chevalier Nigra, et sur lesquels il
m'a paru que nous étions d'accord; Assuiément
je ne prétends pas qu'Û dût insérer dans son
^rapport ces ! explications complémentaires. Je
veux moins encore lui faire un reproche de
n',a voir dans : ,ce, document ni protesté/contre
l'emploi do moyensfrauduleux, ni prévu la
chute du pouvoir pontifical par l'effet d'unè
insurrection intérieure que des man'œuvres
étrangères n'auraient point provoquée. J'ai
"pensé avec M. le ministre d'Italie., comme le
témoigne ma correspondance, qu'il est des
prévisions que la dignité des contractans et le
sentiment des convenances ne permettent
•point d'inscrire dans des actes diplomatiques.
L'excès' de précaution , en certains cas, de
vient une injure. Mai^ il fautbien-le répéter,
lorsque, à travers les formules générales, vous
laissez entrevoir de vagues perspectives, cha
cun y place l'objet de ses désirs et le précise à
sa manière; ce que. voiis n'avez point dit," on
le suppose, et les partis extrêmes.lisent entre
les lignes de vos dépêches ce que dictent leur?
passions. Voilà pourquoi nous, souhaitons vi
vement que la lumière se fasse au milieu de
ces obscurités dans la discussion qui va s'ou
vrir au sein du Parlement d'Italie.
Recevez, etc. • drou V n dk lhcys.
lè ministre des Affaires étrangères à M. le Ixiron de'
' Jtfllç,ret 4 ministre âé,France à Turin. ;
. ' Paris, le2 novembre 1864,
1 [Monsieur le baron^ M.' le ministre d'Italie
ni'a exprimé, il y a trois'jours, au nom,déjà;
le général de La Marmora, le désir de concilier
.île sens donné à la convention par la légation
italienne.dans, son rapport du lis septembre
•avec celui que j'avais exposé moi-même dans
mps dépêches antérieures. Les conversations
jdont je voua ai rendu , compte le 30 octobrfej
• semblaient avoir à l'avance satisfait ce vœu efe
J di^jSlpé les malentendus. Quoi qu'il en soit,
|iensé i avec M. Nigra que le meilleur moyen dà^
•faire cesser définitivement ces divergences étaij
• d 'éGhanger en présence de l'Empereur de nou-
i
Nous avons ouvert la conférence par la lec
ture du rapport de. M, Nigra, et j'ai donné
>cpnnf}iS3ance / de.mps,dépêches, -auxquelles Sa
.'Majesté'a daigné.accorder-son.approbation. M.'
le ministre i'Italie a lù ensuite une lettre qu'il
: avait adressée le 30 du même mois au minis
tre des àffaires^étrangères du. roi Victor-Emma-
•nnel, et qui,en précisant les engag'emens eon-
tractéapar le<îabinet de Tjûrin, répond aux re
marques que m'avait suggëréës sa dépêche du
13 septembre. J'ai rappelé nos précédentes ex
plications .et repris,l'exa^en.des divers points
résumés dans ma'dépêche jïu^O que je confir-
'me et à laquelle jè me réfère.. Sur chacun de
ces poînfs, ; nous nous' sôihrties trouvés d'ac-
r
Eur-leTCbampa'àresslâa à-saCoûr. • (
Rçceye^, >etç,. - .. , -
mouyn dte xmteft" '
■Ji «
■■ ( BOTJLETI3! POLITIQUE.
En attendant l'ciiverture de la discus
sion sur le projet de loi relatif à la trans-
~ latiou de rla capitale ; discussion qui com-
;meucerâ lundi prochain, le ministère ita
lien a communiqué auParlement ses plans
finaûcièrs et quelques projets de lois spé
ciaux en faveur de la ville de Turin.
Eh compensation de la dette municipale
que la ville de Turin avait assumée en
' qualité d», capitale du rôyàume, il lui est
attribué, à titre d'indemnité, une rente de
1,06*7,000 livres. Le siège, cfe la cour de
cassation est ramené de Milan à Turin;
Quant aux plans financiers exposés par
le cabinet, M. Sella fait connaître qu'iln'y
a pas lieu pour le moment de faire entrer
.en. ligne de .compte la vente ' des chemins
de fer.de l'Etat, qui, acceptée en.principe
par le gouvernement, puralt souffrir au
jourd'hui quelques difficultés du côté des
.acquéreurs; à raison de la translation de
la capitale. V 1
; M. ; ,Sella ne veut pas non plus jl'em-'
r prunt,.du moins pour le moment. 11 pro
pose don'fi 1 n,n<"> rp.dnr.t.îon' immédiate -de
'60 millionSj ^iir, ie,s dépenses au Duciget,
/dont 42. siir , la guerre et la marine, le
tout sans-'pjD'éJudice'dé réductions plus
grandes rçnf -ster t oiit opérées par diverses
lois organiques, plus une augmentation
d'environ -40 millions-sur le tabac,"le sel
"et autres denrées. .
" Ges réductions et augmentations ne
profiteront évidemment qu'au budget de
1865.
Mais le gouvernement a immédiatement
besoiir de 200 milliong pour couvrir les dé
penses de l'année qui va finir. Voici com
ment il compte se procurer [cette re&seur-
ce immédiate:
La vente des biens domaniaux produira
d'ici au 31 décembre une somme d'au
jnoing 40 millions;
On demande aux contribuables une an
ticipation sur l'impôt foncier, montant
à mjhillions, payables en argent ou en
coupons;
Feuilleton du CoHstilulioanel, 6 nov.
EPOQUE DE ÇA RÉGENCE.
Quatrième partis.
VIII.
LE - RÉBUS.
Les rébus que les journaux illustys ser-
ventreligieusementchaqueseinainea leurs
abonnés ne sont pas d'invention si modeiv
ne que beaucoup peuvent se le figurer, et,
en manière de parenthèse, avant d'entamer
ce chapitre, nous recommanderons aux
curieux de cette littérature hiéroglyphique
un livre du XVI' siècle, intitulé les Biga-
rures et touches du sieur Taboureau, seigneur
des Accorda. Dans cette bizarre et savante
rapsodie , ils trouveront une collection
très ample et très naïvede facéties de cette
espèce ; ce renseignement donné, nous re
prenons notrs propos.
- Après un trajet d'assez courte durée,
pendant lequel il fut impossible à Cartou
che, somptueusement prisonnier, d'oble-,
nir aucun renseignement sur le sens à'
donner à éon aventure, le carrosse 1 le dé
barqua au, bas du perron , dans'la cour
d'un bel hôtel qui autant, qu'il luj. t avait
été possible de s'orienter chemin faisant,
lui sembla devoir être situé dans le quar
tier du Marais. '
A Ja splendeur des appartemens qu'on
lui lit traverser et a,u nombre des valets
en grande livrée qui se levaient respec
tueusement sur son passage, il conçut de
l'hôte eheij lequel il était conduit ,1a plus
imposante idée; mais, en même temps, fai
sant un retour sur lui-même, en pensant
à l'abominable négligé de son costume, il'
se sentit profondément humilié.
Disons même que chez ce glorieux, au
moment .où il fut mis en présence du
maître du logis, la souffrance d'amour-
: propre en était venue à dominer toute au
tre préoccupation. -
L'événement, du reste, prouva qu'il n'a
vait pas tort : un personnage, exhalant
dans ses habits et dans toute l'habitude de
sa,personne, le parfum le plus aristocra
tique, s'était levé à son entrée et s'avan
çait courtoisement pour le recevoir,quand
les devans furent pris par un magnifique
chîen des Pyrénées, qui, le poil hérissé et
la dent menaçante, le salua de cet accueil
plus que disgracieux dout un homme-pau-
vrement vêtu et de piètre mine, est tou
jours assuré auprès d'un chien ae bonne
maison.
— Tout beau, Jupiter, cria le maître du
dangereux animal ; en mime temps, of
frant la main à son hôte, il lui dit avec un
; accent anglais des plus prononcés : ,
— Jack Sheppard de Londres, heureux
pour se rencontrer avec son-célèbre con
frère de Paris. ;
— Se rencontrer, répliqua Cartouche,
'cela vous plaît à dire; comme je me ren
contrerais avec M. le lieutenant de police
s il parvenait'à mettre la main sur moi.
— C'est vrai, dit l'Anglais, je dois m'ex-
cuser pour la manière excentrique dont je.
fais, connaissance; mais on me dit que
vous êtes nulle part; si je fais deman
der une entrevue, vous ptînsez un piè
ge de lâ police, alors je fais conduire vous
ici, par mes gens, mais avec tous les
égards, je crois, pour un gentleman de vo
tre mérite. ~
— Ce n'est pas de ça que je me plains,
répondit Cartouche et* je trouve le tour
assez original,.mais vous me voyez confus
de l'équipage , dans. lequel vous m'avez
forcé de paraître devant vous; le luxe de
votre maison, vos dentelles, votre habit
dB cour, tout cela m'aplatit; vous allez
croire qu'auprès de Ceux de Londres, les
opérateurs parisiens sont des polissons.
Vous avez vu l'opinion de votre boule
dogue, il m'a pris pour un mendiant.
— Ge n'était pas un boule-dogue, ré
pondit Jack Sheppard, c'était un chien
français dans les Pyrénées; en costume
dè travail, il ne pouvait reconnaître un
grand.homme. /
" — Oh ! un grand homme, dit Cartou
che, c'est un peu beaucoup»
Ne faites -donc pas. votre modeste,
répoadit l'Anglais avec unehumilité jouée,
c'est vous plutôt .qui pensez des polissons,
çes pauvrçs insulaires, faisant les affaires
dans un si petit payé comme l'Angleterre,
quoique l'Anglais, ajouta-t-il en prenant
un air de fierté, a régné à Paris, si vous
savez l'histoire. :
— Oui, dit Cartouche , j'ai entendu
parler de ça confusément ; mais enfiD,
l'objet de notre entrevue, est-ce une joûte
que vous venez me proposer?
■ " - bt Vous ne voulez pas, répliqua Shep
pard, que je viens à Paris et ne pas con
naître le premier dans ma profession.
; —r J'entends cela et je ne ferais pas au
trement si j'allaisàLondres, mais je ne me
flatte pas d'être tout dans votre voyage.
— Oh no ! je viens aussi pour la Sallé,
une de vos danseuses.
— La Sallé! Je la connais, dit Cartou
che, je lui -ai'volé ses diamaiïs pour en
parer ma maîtresse , et ensuite, par un
caprice de cette drôle de fille, je les lui ai
renvoyés tout chaud, après les avoir réti
rés de "chez un Lombard; l'affaire a fait
du bruit l'an passé, vous devez en avoir
entendu parler?
^,No; mais il valait mieux voler la Sal
lé retournant d». Londres. Pour sa repré
sentation à bénéfice la Gentry d'Angle
terre lui a jeté à ses pieds sur le théâtre,
iplus de 8,00p guinées dans des fleurs, ce
qui chez vous est la somme de 200,000 li
vres. Moi je, viens chargé par la corpore-
chone de Messieurs les gentilshommes de
la nuit.... •
— Qu'est-ce que c'est que ça les gentils
hommes de la nuit? demanda Cartouche
en interrompant.
— Nous, donc ! fit Jack Sheppard.
Ah ! très bien. J'aime assez cette ma
nière de dire. Alors donc;vous venez delà
part de ces respectables gentilshommes !...
—"Offrir à la Sallé un magnifique collier
de perles, pour ce qu'ell# a dansé en l'hon
neur des pauvres prisonniers de Newgate.
Jén'étais pas.à Londres dans ce moment,'
et l'on n'avait pas eu la présence d'esprit
pour cette politesse. ^ -
*, _ Tiens!-une idée, dit Cartouche en
riant, si je vous le -volais votre collier, car
çnfin l'écrin de la Sallé, c'est de ma com
pétence, et puis vous verriez que les Pari-
. siens, non. plus, ne sont pas manchots,
— Pour se voler, entre- nous, dit Jack
Sheppard, cela se peut, mais autre ques
tion grande à traiter, et d'abord nous pre
nons le thé.
- En même temps il sonna et une tablé
splendidement servie pour cette impor
tante fonction de la vie anglaise, fut ap
portée dans le salon.
• Quand les deux interlocuteurs eurent
pris place et que Jack Sheppard eut servi
- .son conirère,. il remarqua que celui-ci,
après avoir porté la tasse à ses lèvres, fai
sait une grimace; C'était la sensation éprou
vée de nos jours par Mme Gibou, lors
qu'elle trouve le tbé fade en diable et par
le de l'égayer par un filet de vinaigre.
— Il vous va mieux peut-être, dit l'am
phitryon, un verre de gin ou de madère?
— Oui, du madère plutôt. Je sortais de
table quand je suis venu et je craindrais
que cette tisane ne gêne ma digestion.
— Oh ! oli ! elle est pour digérer : mais
yous autres Français, connaissez pas.,
' Et il ordonna qu'on apportât du vin et
4es liqueurs.r v ,
Quand Cartouche se fut retrouvé :
—Vous parliez pour me voler, lui dit Jack
Sheppard ; mais que dites-vous, si je suis
venu à Paris, pour voler vous ?
-r^Je crois, répondit Cartouche; que si
c'était sérieux, vous ne m'avertiriez pas.
-r- C'est sérieux, et j'avertis, comme il.
faut entre confrères et pour que le combat
se fait à armes égales. ""
— Vraiment! alors vous pousseriez bien
! là loyauté jusqu'à me dire ce que,vous
■ avez l'intention de me chiper ?
- . —Qu'est-ce, ça, chiper? demanda l'An-
' glaiff.
! — Chiper, n ça veut dire voler adroite-
s ment et sans se fâcher.
— Aljars, je chipe à vous ce papier qu'on
■ vous a offert beaucoup d'argent pour le
donner, et, vous, assez fou pour vouloir
garder, si bien qu'étant volé vous, n'avez
rien. .. , ■■.<■■■■■■
— Ahldit Cartouehe, ils ent été vous
parler de ça ! Il paraît* que mon refus les
chiffonne. Eh! qui sont donc ces gens qui
se sont ainsi dérangés pour vous mettre
en mouvement?
—Des gens très puissans, mais leur, nom,
répondit l'Anglais, ne fait riéa à la fran
chise du combat. - , i
— Enfin, ce papier, votfs ont-ils confié
ee qu'il chante ? Si je la savais, je pourrais
peut-être me décider à traiter avec vous.
— Ils ne disent ce qu'il chante à person
ne, et vous, pas pour le découvrir, vous,
ne savez pas lire !
Ce mot fut jeté d'un accent dédaigneux
qui mit un pied de rouge sur le visage de
Cartouche.
— Si je ne sais pas lire, répondit-il avec
une fierté bête, d'autres le savent.
— Pour une fois que vous faites lire, ré
pliqua Sheppard, le papier fait envie, et
vous est plus à moitié pris ; si vous faites
lire deux fois, il est pris tout à fait.
. —AhJ ils vous ont conté qu'ils avaient
fait, déjà une tentative? Je m'en .doutais :>
eh bien ! qu'est-ce gui leur en est revenu ?
Farceurs ! mes précautions étaient trop
bien prises.
— Oh ! dit Sheppard d'un ton d'incré
dulité. _. . -
—«Il n'y a,pas de eh '..répondit Cartou
che. Si je vous disais la manière 3ont je
m'étais ficelé pour me garer de toute sur
prise, ellë vous étonnerait,
-—Je. ne m'étonne pas facilement, dit
Jack Sheppard, avec un flegme tout an
glais. V / / - /
En même temps, il alluma une pipe et
offrit à son interlocuteur d'en faire au
tant. < - -
— Je ne fumeras, dit Cartouche; je
prends le tabac râpé.
Et il tira de sa poche une tabatière de.
corne d'assez piètre apparence.
—- Faites \t)ir ! dit Sheppard.
La. tabatière passée dans sesjaains :
f — Oh! fit-il, Shoking.
Et prenant dans la poche de sa veste
de satin une riche boîte d'or il la mit aux
mains dé Cartouche en disant :
r-Vous prenez celle-ci et moi je garde
l'autre pour le souvenir du grand voleur
français. - \
Cartouche, qui ne savait pas le sens mé
prisant du (mot Shoking, ne put compren
dre ce qu'il y avait d'ironie dans la phrase
çn apparence complimenteuse qui lui était
adressée ; néanmoins, il crut devoir faire
quelques cérémonies et dit, qu'à moins
d'être assuré qu'un tour de main avait
suffi à son confrère pour le mettre en pos
session du magnifique cadeau dont il le
gracieusait, il se ferait scrupul# de l'ac
cepter. ' 1
— Vous l'acceptez, répondit f'Anglais,
puisque c'est pour échange; les tabatières^
$i «lies- ont des diamans je-les prends; en
or, je les achète.
Diable! dit Cartouche, quef gentil
homme vous faites! Mais dites donc, le ta
bac j si c'était pour m'endormir, afin de.
commencer la danse. . '
— 1 • Donnez, dit Jack Sheppard.
; Et lui prenant la tabatière des mains as
sez vivement pour que- Jupiter crût à une
voie de fait et se "mît à gronder, il y puisa
une forte prisse qu'il aspira savamment en
ayant spin par deux ou trois chiquenau
des délicatement aristocratiques d'expur
ger son jabot de quelques grairfs égarés
qui y étaieat tombés. Ensuite dans la ehe-
minée, où la saison comportait encore
qu'il y eût un feii allumé, il jeta le conte
nu de la tabatière d'or qu'il remplaça par
cèlui de la tabatière de corne. Cela fait, il.
rendit le bijou à Cartouche en lui disant :
yr— Vous êtes sûr à présent que je ne
veux pas les moyens pour voler les rou-
liers et les marchands de cochons dans
les auberges; v
Plus Cartouche était écrasé par. ces fa-
çbns de grand seigneur, plus il tenait à se
relevec, en faisant montre de son habileté
à déjouer la première tentative faite sur
sa précieuse conquête. s
Charles ESAI2QU. '
{La suite à la semaine prochaine.)
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