Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-10-18
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 18 octobre 1864 18 octobre 1864
Description : 1864/10/18 (Numéro 292). 1864/10/18 (Numéro 292).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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b M ëâ DX à PARIS ï rue do. V«lôli (Palifritoy*!)? nj 105
B
MARDI 18 OCTOBRE 1864-
JOURNAL POLITIQUE,XtTTÉRAIRE, UNIVERSEL.
ÀBONNEMENS DE PARIS.
trois mois...;».r.'â * 13 fr.'
six MOis...;.v.;-.vi 26 fr.
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I
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(place de.la Bourse).
PARIS, 1T OCTOBRE.
Que l'esprit et les avantages de la con
vention du la septembre. f ne fussent pai
compris par le parti, exalté en Italie, c'é
tait une chose assez facile à prévoiu: sus-
si, ne doit-on pas s'étonner des attaques
et des protestations qu'elle provoque. Le
gouvernement' de Victor-Emmanuel' a dû
s'y attendre, mais il d»it être certain que
le temps et la réflexion feront chaque jour
mieux apprécier le traité signé entra la
France eU'Italio.Les dispositions hostiles
que ce traité rencontre aujourd'hui dans
une certaine fraction de la population ita
lienne n'ont donc rien qui puisse inquié
ter: elles s'éteindront peu à peu ou elles
disparaîtront dans le grand mouvement
de la volonté nationale.
On annonce que,dans un meeting d'ou
vriers tenu h Turin, il a été résolu de pré
senter au Parlement une pétition pour de
mander la mise en accusation de l'ancien
-ministère et le rejet de la convention du
15 septembre. Cette pétition nous semble
inutile, car il est bien évident que la con
vention sera l'objet d'une sérieuso discus
sion dè9 que le Parlement sera réuni. En
cherchant .îi opérer une pression sur les
décisions qu'il doit prendre, lesmeneursdu
parti exalté ne s'aperçoivent pas qu'ils ser
vent d'inslrumens au parti réactionnaire.
Du reste l'ordre se maintient toujours.à
Turin : des patrouilles sillonnent les rues
de la ville pendant la nuit et empêchent
le retour des désordres qui se sont pro
duits.
■" La Epoca de Madrid prétend que le
grand-duc de Toscane vient de rédi
ger une protestation contre le projet d'é
tablissement de la capitale italienne à
Florence, comme contraire aux droits- à
lui réservés,par le traité,de Zurich. Nous
n'avons encore aucune connaissance en
France de cette protestation, qui, suivant
la feuille ina lrilëne, impliquerait l'adhé
sion de l'empereur d'Autriche et la coopé
ration-de M. de Rechbsrg. La Epoca est
bienloin pour juger les choses ainsi ; plu-'
sieurs journaux de Vienne apprécient très
différemment la situation.
D'abord, en ce qui concerne M. de Rech-
berg, les bruits relatifs à. la démission de
ce ministre, plusieurs^ fois démentis, re
commencent à circuler. Une correspon
dance dô Vienne adressée à la Gazette du
peuple de Berlin, prétend que .la retraite
do Kl. "de Rechberg serait décidée > et
t elle cite même le nom de son succes
seur. D'après cette correspondance, celte
résolution aurait été prise à la suite d'un
exppsé-détaillé de la situation de l'empire
présenté à Ischl, à l'empereur par M_. de
Çchmerling. Nous sommes assurément
bien loin Kle garantir l'exactitude de
cette nouvelle, mais il est très vrai que
la situation de l'Autriche depuis'plusieurs
années motive dans une certaine partie de
la presse viennoise les plus vives criti
ques.
La Nouvelle Pi este libre, dans un article
du 14 octobre, examinant l'état, économi
que de l'Empire, déclare r e voir partout
que du malaise, des souffrances et des er
reurs : le crédit ébranlé dans toutes les
branches, les institutions de banque
dans l'enfance, l'industrie paralysée , la
politique commerciale toujours hésitan
te , l'agriculture privée de capitaux, la
situation monétaire en décadence, le ré
seau des chemins deier inachevé : « Bref,
» dit en journal, de quelque côté que nous
» portions la sonde, nous ne trouvons que
» des plaies, et nulle partun endroit sain.»
Une autre feuille annonce que los faib
lîtes se multiplient d'une façon éffrayante
et qu'en moins d'une année trois mem
bres du Reichsrath sont tombés en. fail
lite.
Quant à l'attitude du gouvernement au
trichien vis-a-vis de laFrancq, la corres
pondance dont nous parlons plus haut,
assure qu'elle ne peut manquer de'se des
siner d'une façon tout à fait conciliante, et S
que4e courant de l'opinion devient dbplufe !
en .plus favorable à une entente entre les
deux go.uvernemens, «en supposant tou-i
jours qu'on ne demande pas à l'Autriche
de céder la Vénétie. »
Le Wandercr,ie son côté, se dit en mesure,
d'après des informations qu'il croit exactes,
d'assurer que le cabinet de Vienne « est à
la veille d'inaugurer une politique da
prévenances envers le gouvernement fran
çais, en ce sens que, sans renoncer à sa
politique passive dans les affaires d'Italie,
il sè décideraif-à lui imprimer un certain
caractère de 'bienveillante "abstention».
Le. Wanderer ajoute , contrairement .aux
assertions delà Gazette du peuple, que ce
changement d'attitude de l'Autriche n'au
rait nullement pour conséquence une mo
dification au sein du cabinet.
On ïik-dans la.Fpoca de Madrid, que M.
Pacheco se dispose à partir pour Rome
vers la fin de ce mois. Cependant il aurait
mis-à son départ la condition.que le gou-
vernëment espagnol n'approuverait ni
n*acccp terait le dernier traité franco-italien. •
Le comte -Granville, président du con
seil dans le cabinet ang'ais,.vient de quitter
Turin. L'Italie assure que le noble lord a '
eu plusieurs conférences dans cette, ville
avec des personnages.politiques. -
- Une correspendance du Julland signée
l'irritation des lialntans de cette province
auxquels le gouvernement demande le
paiement des impôts arriérés dopuis le■1 e *
octobre 1803 jusqu'au 1 e ' avril 186possibilité de satisfaire à ces exigences,
après les charges de l'occupation étrar gè
re, fait craindre des troubles sérieux, si le
gouvernement donne l'ordre à ses agens
de lever les impôts. ■ '
. La Correspondent transmet des nou
velles du Mexique arrivées par la voie de
New-York. Elles constatent que la situa
tion au point de vue militaire est favo
rable aux impériaux. Juarcz, après avoir
essayé d'e s'organiser à Piedras Nôgras, a
été obligé de quitter celte résidence par
suite de l'attitude hostile de la population.
Il s'est sauvé dans les montagnes .qui s'é
tendent, au nord de l'Etat de Cohahuila.
Il n'avait plus avec lui que 1,800 hommes.
Les généraux Ortrga èt Negreto sont les,,
seuls qui l'aient suivi; mais ils paraisse, t
décidés à renoncer bientôt à une lutte inu
tile. .
600 hommes de la légion belge enrôlée
pour le Mexique se sont embarqués hier à
Saint-Nazaire. "
Nous publions plus loin un rapport à
l'Empereur de M. de Chasseloup-Laubatj
relatif à une mesure qui vient s'ajouter a
cette série d'améliorations dues à-l'esprit
progressif de M. le ministre de la marine.
Une dépêche nous annonce de nom eaux
succès obtenus en Algérie.
joxcièbes.
TELEGRAPHIE PRIVEE.
Turin', 16 octobre.
Le meeting des ouvriers a résolu de présen
ter au Parlement une pétition qui demande
la mise en accusation de l'ancien ministère et
le rejet de-la convention du 15 septembre.
Messine, 16 octobre.
Athènes, 13 octobre. — L'opposition parle
mentaire est toujours très agitée. La loi sur le
suffrage universel a été votée. -
Une tentative d'assassinat, dirigée mardi
contre le ministre de l'intérieur, a heureuse
ment échoué.
Alexandrie, 16 octobre.
-M. de Lesseps est arrivé hier sur le paque
bot Said. II est parti pour lo Caire afin de voir
S; A. Ismaïl-Pacha. Le départ du vice-roi ot.de
M. de Lesseps pour visiter l'isthme, n'est pas
encore fixé. • : —
Suez, 16 octobre.
Des nouvelles de Shanghaï, du 5 septembre^
annoncent que les impérialistes ont pris Boo-
chçiu.
Les derniers aviS du Japon disent que la
flotte anglaise forcera le passage de la mer du
Japon.
Marseille, 17 octobre. •
. Les nouvelles .dJAlger, du 14, apportent une
'communication, .officielle d'après. laquelle . le
général-Jolliviat^. battu Si-Laia, le 11 octôbrq,
près dliers Jiujifissins, à përdij 200 -hommes, Les
'Français n'ont eu qu'un mort et' 7 blessés..
Près de Géryville, le^énéral Deligny a reçu
la soumission d'une fraction .des marabouts
des Harrars ; la tribu du cercle de Bousnada a
demandé aussi à se soumettre.
Le Moniteur de l'Algérie donne des détails sur
le combat d'Àïn-Malakoff 5 l'ennemi a été' mis
en complète déroute. ,
■ Madrid, 16 octobre. . ;
La circulaire de M. Gonzalez Bravo est bien
accueillie pàr les journaux de Madîidv , -
La Iberia annonce que cinq cents'ouvriers
sont renvoyés de l'arsenal de Garraca. :
Saint-Nazaire, 16 octobre.
La Louisiane, delà compagnie générale trans
atlantique, a-pris la mer aujourd'hui .âc trois •
heures. Elle emporte le premier détachement
do 600 hommes de la légion ; belge, enrôlée
pour le "Mexique; 87 passagers eivils et un
plein chargement de marchandises d'exporta
tion et de matériel pour l'administration de la
guerre.
(Havas-Bullier.)
V oîgî les dépêches que nous recevons ce
soir :
Berlin, 17 octobre.
L'archiduc Léopold d'Autriche arrivera ce
soir de Vienne et descendra au château royal;
il assistera demain aux cérémonies du baptê
me du fils du prince royal.
, Genève, 17 octobre. ■
Hier a eu lieu l'élection pour la nomination
d'an député au conseil national. Le résultat
connu donneles chiffres suivans :
M. Friedrich, candidat indépendant, a été élu
par 5,830 voix contre 4^94 données au docteur,
Mayer, candidat radical. Le calme le-plus par
fait a régné pendant cette élection.
Turin, 17 octobre.
Les collèges électoraux convoqués en suite
la nomination du nouveau ministère ont
réélu les ministres La Marmora, Lanza, Petitti
et Sella.
Le collège de Castel-Maggiore a élu M. Pe-
poli.
Emprunt italien x O0 .8O.
Bologne, 17 octobre.
La coiir d'assises a rendu son verdict dans le
procès d'association de malfaiteurs; 72 ont été
déclarés coupables et sept acquittés.
. Madrid, 17 octobre.
Las Noticvis annoncent"qu'un meeting pro
gressiste a eu lieu hier sous la présidence de
M.José de Olozaga; 300 personnes assistaient à
cette féunion,, laquelle a nommé un comité
central dans lequel figurent le maréchal Es-
partero, M. Olozaga, le général Pri m et M. Ma-
doz. ( Havas-Bullier.)
; COURS DE LA BOURSE. ,
col'rsde cloture le la le 17 hausse. - baisse
3 0/0 âu compt, 63 05 65 10 » 03 » »
—Fin du mots. 65 20 05 20. » » » »
4 i;2 au eomjjt. 01 80 92.10 » 30 » »
—ï indu mois, 92 75 » . » e » • »
Nous avons donné hier le résumé des
dépêches télégraphiques reçues à Alger
sur les opérations qui ont suivi les com
bats des 30 septembre et 2 octobre livrés
par le colonel de Lacroix aux insurgés.
Nous donnons les nouvelles d'Alger en -
date du 11 octobre, reçues hier au minis
tère de la guerre :
« Dans la province d'Oran, Si-Lalla a es
sayé, dans la nuit du 7 au 8, une pointe sur
les villages européens établis, sur la Mekerra,
au sud de Sidi-Bel-Abbès. Le colonel Krien,
prévenu à temps, les avait garnis do troupes.
Après une tentative inutile pour enlever le
caranvaniérail do Sidi-Ali-Bcn-Youb, défendu
par un détachement du 17" de ligne, le mara
bout a dû se retirer en laissant une vingtaine
d'hommes sur le. terrain. Quelques maisons
seulement ont "été incendiées. On a à déplorer
la mort de; six colons, qui auraient négli
gé de se retirer sous la protection de nos
troupes.
« L'ennemi, voyant la résistance organisée
partout, s,'est retiré en jempntant la Mekerra.
». Le général Deligny, chassant, devant lui
les Harrars, est arrivé à Kreneg-el-Soug.
» Oans la province d'Alger, le général Jusuf
a rallié, le 4, le convoi du colonel Archinard,
et s'est ensuite porté vers l'ouèd Medjeddel.
Informé que les tribus battues le 50 septembre
et le 2 octobre par le colonel de Lacroix quit
taient les gorges du Medjeddel pour se porter
vers l'ouest en longeant le sud du Zahrès, le
général fit faire démi-tour à sa colonne et lan-
.'ça dans li nouvelle direction le colonel Mar-
^gueritte ivec sa cavalerie, un bataillon de
""zonaveg et 1^0 ..tirailleurs. Il 'donita 'en mê-
jne temps l'ordre au colorie^ Guiomar, coin-
"mandant à Djelfa, de prévenir le général;
Liébert, .qui,, était à Aï q -lilalakoIT, ' du mou- '
rveïnenfc de l'ennemi., et de se-porter lui- 1
même de ce côté avec tous ses combattans
-disponibles, le goum et une section d'artille-
:rie do campagne afin de barrer le passage aux
insurgés. Le colonel Guiomar les a atteints le
.premier tt a jeté un grand trouble dans les
masses,atec son artillerie, dont les détonations
ont attiréle colonel Margueritte et le général
•Liébert. Lts populations émigrantes, attaquées
■alors de tiois côtés, ont été repoussées dans
le plus grand désordre et ont laissé entre nos
mains 3,00) chameaux, 30,000 moutons, une
quantité ce bœufs et un butin considérable.
jNos pertes s'élèvent- à 9 hommes tués dont 1
officier, et 16 blessés dont 3 officiers.
» Quelquss tribus de la subdivision d'Au-
male, qui avaient rejoint les insurgés, sont
rentrées dais l'ordre, intimidées par ce bril
lant succès in général Jusuf. -
■ » Le coloœl de Lacroix, en apprenant que
les tribus'étdent refoulées vers l'ouest, les a
atteintes à son tour et leur a pris 3,000 mou-
ioas.. - ■
i » Dans la province de Constantine, lo géné
ral Périgot est toujours à Bordj-Boit-Arrindj.
11 annonce que Si-Ali-Bey, chef de Tougourt,
s-'est porté Ici de ce mois à Aïn-IIadjèra pour
soutenir les Saïds et les Ouled-Saya qui avaient
été attaqués la veille parties Touaregs et les
Chambaas. Notre goum s'est mis à la poursuite
d.e l'ennemi et lui a tué 21 hommes. »
On écrit de Pékin, le 28 juin :
Les espérances que l'on avait fondées sur le
développement des relations commerciales de
la Chine avec les autres pays auront encore "été
dépassées par la réalité. Cette année, malgré
certaines circonstances défavorables, le chiffre
des importations et exportations faites sous
pavillon étranger s'est élevé à 196,619,700
taëls, soit en nombres ronds, à plus d'un mil
liard etderni de francs ; 19,000 bâtimens, jau
geant ensemble 6 millions de tonneaux, ont
été inscrits sur les tableaux de navigation.
. L'ouverture des ports du nord et du Yang-
Tzé-Iiiang a été surtout favorable à Shang
haï, dont le commerce représente à lui seul les
deux tiers des transactions qui se font avec la
Chine. Après Shanghaï, la place la plus favo
risée est celle dellang-Kao; Canton, l'ancienne
métropole commerciale du Céleste Empire,
n'occupe plus, aujourd'hui, que"le huitième
rang. ■
RAPPORT A L'EMPEREUR.
. Sire,
A bord des bâtimens à vapeur du commerce,
et particulièrementsurles paquebots des gran
des lignes postales desserviéspar la Compagnie
des services maritimes dos Messageries impé
riales et par la Compagnie générale transat
lantique, les mécaniciens sont dès aujourd'hui
considérés et traités comme officiers; leur ins
truction, que garantissent des certificats spé
ciaux de capacité, l'importanee de leurs fonc
tions à bord, l'autorité qu'ils exercent sur le
personnel delà machine confiée à leurs soins,
justifient pleinement cette assimilation qui,
jusqu'à ce jour pourtant, ne leur a été recon
nue par aucun acte officiel.
" En effet, les lois et décrets sur la marine
marchande n'ont pas défini leur-situation
d'une'manière précise. L'article 37 du Code
disciplinaire et pénal-du 24 mars 1832 , qui
énumère les fonctions donnant droit iiu
titre d'officier à bord de3 navires du com
merce, ne fait pas mention des mécani
ciens. . '
Cependant le département de la marine, re
connaissant ia nécessité de placer les mécanf-
ciens en chef au-dessus des simples matelots,
admit, dès l'année 1853, leur assimilation avec
les maîtres d'équipage. Plus tard, le décret
du 7 avril-1861), sur le rapatriement , des* gens
de mer, parut modifier encore leur situation
en les rangeant parmi les. officiers compris au
turif de l'article 9;. mais cet article ne men
tionne encore que les mécaniciens en chef,, et
d'ailleurs l'assimilation qu'il établit, énoncée
en quelque sorte, d'une manière incidente
dans un acte qui ne se rapporte qu'à des frais
de route et de rapatriement, ne pouvait leur
Conférer les pouvoirs et les privilèges dévolus
aux officiers.
La position hiérarchique mal définie des
mécaniciens peut créer de dangereux conflits
pour le maintien dé la discipline. A bord, cha
cun doit avoir une position déterminée. Il est
donc Nécessaire de faire cesser toute incerti
tude à l'égard d'hommes qui jouent un rôle
important dans la conduite du navire, et il
m'a semblé qu'il était juste de les ranger par
mi les officiers des bâtimens du commerce.
C'est ce que fait le projet de décret que j'ai
l'honneur de présenter à Votre Majesté. Ce
décret confère le rang d'officier à tout mécani
cien chargé en chef-ou en sous-ordre, de la di
rection d'une machine, et -le rang de maître
d'équipage aux aides-mécaniciens et aux pre
miers chauffeuts, lorsqu'ils ont autorité sur
le personnel inférieur de là machine.
- Toutefois il déclare expressément-que, en
cas d'absence, de maladie ou de décès du ca
pitaine, les chefs de la machine ne peuvent
jamais exercer-le commandement dU navire;
leurs connaissances toutes spéciales- détermi
nent' les seules fonctions qu'il convient deieur
confier; enfin, toutes les dispositions .concer
nant les officiers de ia marine marchande en
matière de législation et de rapatriement leur
sont rendues applicables. Ces dispositions, fa
vorablement accueillies par le conseil d'ami
rauté, donneront, je n'en doute.pas, une véri
table satisfaction aux légitimes désirs d'un
.personnel digne de toute la bienveillance: de I
Votre Majesté. . |
Je viens, en conséquence, demander à.l'Em- 1
pereiir de vouloir bien approuver le projet do
décret que j'ai l'honneur de lui soumettre,
te suis, etc.
Le ministre de la marine et des
colonies,
P. DE CHASSELOUP-LAUBAT.
NAPOLÉON etc.
Art. i". Ont î-ang d'officier à bord des bâtimens
à Vapeur du commerce :
., 1° Les mécaniciens en chef;
2« Les mécaniciens chargés en sous ordre de la
direction de la machine.-
Art. 2. Les chefs de la machine ne peuvent, en
aucun cas, exercer le commandement du navire.
Ils doiTOnt-obéissance à toute personne qui, rem
plaçant régulièrement le capitaine, en a les pou
voirs et la-respon«abiité.
. Art. 3. Les aides-mécaniciens et les premiers
chauffeurs avant autorité sur les.'Chauffeurs et
autres agens inférieurs de-la machine, ont rang
de maître d'équipage..
Art. 4. Toutes les dispositions du co4e discipli
naire et pénal du 21 mars 18*2 rotatives aux offl-
.cisrs et aux .maîtres d'équipage des navires du
commerce sont applicables aux mécaniciens ai
des-mécaniciens et premiers chauffeurs exerçant
à bord de ces nayires les Jonctions déterminées
par les articles précédens.
Art. 5. La disposition de l'artictoO du décret du
7 avril 1860, qui assimile les mécaniciens en chef
aux officiers, en ce qui concerne le rapatriement,
est étendue aux mécaniciens chargés en sous-or
dre delà direction de la machine.
REUNION..:.
Voici le résumé de nos correspondances de la
Réunion, apportées -par le premier paquebot
de la ligne française l'Emyrne, qui a quitté
Saint-Denis le 19 septembre.
La session extraordinaire du conseil général
a été-close le 25 août. Oh sait que cette assem
blée avait été convoquée dans le but d'avoir
son avis sur la réforme du régime constitu
tionnel des colonies, et sur l'établissement
d'un impôt sur le tabac cultivé et fabriqué
dans le pays.Leconseilarepoussécetimpôtqui,
selon la rapporteur, M. Morel, aurait pour con
séquence « de ruiner la classe la moins favo
risée et d'écarter les affranchis du seul travail
qu'il soit possible d'en obtenir. » Il propeso
d'en différer"au moins l'application jusqu'à ce
quB ce produit ait pris un certain rang dans la
classe des productions coloniales.
Sur la question de la réforme du sénatus-
consulte du 3 mai 1854, le conseil a rédigé un
projet empreint des idées les plus libérales. Il
propose le remplacement du conseil général
par un conseil colonial qui, serait composé de
trente-six membres et qui aurait des attribu
tions législatives assez étendues. Il aurait, en
tre autres droits, celui de régler-le régime
commercial de la colonie, non-seulement avec
l'étranger.mjiis avec la métropole. Cette pré
tention a paru excessive, même aux yeux .de
personnes influentes-de la colonie.
Les membre» des conseils municipaux et co
loniaux seraient dorénavant nsmmés à l'élec
tion. Le cens électoral serait fixé à 2,000 fr. de
propriétés mobilières et immobilières; seraient
également électeurs : les patentés, les person
nes munjes d'un diplôme de faculté ou do cer-
tificat de capacité délivré dans la colonie, les.
membres de là Légion d'Honneur, du clergé,
et dji£orps enseignant, les fonctionnaire; pu
blics, lès capitaines du commercé. Les élec
teurs devraient écrire eux-mêmes leur vote.
Le paquebot des Messageries impériales, I E-
myrne, qui devait inaugurer, le 19.. août, le
service postal entre la Réunion,. Maurice et
Suez, n'est arrivé, à Port-Louis que le 30 août,
après un mois de retard causé par les vents
contraires. Le second steamer de la compa
gnie, le Mozambique, a suivi de près l'Emyrne.
n a mouillé sur rade de Port-Louis le 9 sep
tembre, avec 65 jours de mer de Marseille, 58
jours de Ténérjffe, 51 jours de Saint-Vincent
et 13 du Cap. Il a effectué la plus grande par
tie de son voyage sous voile. L'inauguration
de la ligne des steamers français a donné lieu
^ Maurice comme à la Réunion à des démons
trations très sympathiques. Au chef-lieu des
deux colonies, des banquets ont été offerts àr
M. Orenier, inspecteur général de la compa
gnie, et aux officiers des deux navires.
Un convoi de 476 immigrans indiens est ar
rivé le 15 août à Saint-Denis, sur le- navire
français le Jacques-Cœur, qui était parti le 27
juillet do Karikal. A ce sujet, nous dirons
que le conseil général a profité de sa session
S
extraordinaire pour, demander, de nouvsSï; *
_avec instance la réouverture: du: recrutemcn^^t
la côte d'Afriquesuçpendu depuis l'annéel859.
• 'Le nouveau commandant de la division na
vale des côtes orientales d'Afrique, M. le capi-
taino de vaisseau Tricault, est parti de la Réu-
inion le 1 er septembre sur ta Junon, pour aller
iaire une tournée^ sur les côtes de Madagascar,
.à Mayotte, à Nossi-Bé et dans le canal de Mo
zambique.
" 4 Les nouvelles de Madagascar apportées à Pa
ris par les courriers anglais et français du 10 et
4u 17 de Ce mois sont sans importance. Le
nouveau premier ministre se montre toujours
favorable au commerce européen. Il a pris des
mesures sévères pour mettre fin aux fraudes
que favorisaient les douaniers eux-mêmes. Les
llovas sont inquiets de ne pas voir revenir les
ambassadeurs qui ont été envoyés l'année der
rière en Europe. Cette inquiétude a donné du
calme dans les affaires, car ies indigènes res
treignent leurs achats.
l. B oniface.-
ALLEMAGNE.
berliîî , 14 octobre.—Le traité d'accession da
12 octobre de la Bavière,, du Wurtemberg,
de Ilesse-Darmstadt et de Nassau aux traités
du 28 juin et du 11 .juillet qui renouvel
lent le Zollverein, contient, outre le traité prin
cipal, plusieurs articles séparés et un protocole
final. Du moment quele tarif douanier du 28 j uin
entrera eh vigueur, le droit de transit sur les
vins et moûts-produits dans ces quatre Etats> ■
ne seront plus perçus en Prusse , en Hano
vre, dans la Hesse-Electoralo, en Tliuringe .
en Brunswick et dans Oldenbourg. Après la
ratification du traité du 12, les gouverne-
mens s'entendront sur les moyens do con
trôle destinés à assurer la perception des
droits , de ■. consommation imposés par cha-?
fyue gouvernement sur les vins dn Zollverein^
Le nouveau tarif : douanier entrera en vigueur
avec le traité de commerce français. Les plé
nipotentiaires prussiens ont déclaré que leur
gouvernemententamerait les négociations avec
la France sur l'exécution du traité français
sitôt que le traité du 12 octobre serait rati
fié, et qu'il chercherait à en hâter, autant
que possible , la conclusion. La Prusse , le
Hanovre, la Hesse Electorale ont été chargés de
négocier avec Brème le renouvellement des
traités du 26 janvier 1856; les négociations
avec l'Autriche, prévues par l'article 7 du traité
du 28 juin, seront confiées à la Prusse, la Ba
vière et la Saxe. Après la ratification du traité
du 12 octobre et la.fin des négociations avec
l'Autriche et la France, les plénipotentiaires
des Etats du Zollverein se réuniront de nou
veau pour la rédaction d'un traité- général,
qui- comprendra le» modifications sur les
quelles on se sera mis d'accord et les dis
positions des traités séparés. En même temps,
on résoudra toutes les^questions qui ont été
réservées dans les articles séparés, et lé proto
cole fiiK'l et on discutera les propositions de là
Saxe relatives à diverses modifications à intro
duire dans lés traités sur lesquels se fonde la
Zollvèrein. Cette conférence s'occupera égale
ment des questions réservées dans le traité du
28 juin sur le commerce du vin et du*tabac.
• ' [Gazette-de Cologne.)
MINISTERE DE L'AGRICULTURE, DU C03Î3IERCE
ET DES TRAVAUX PUBLICS.
Depuis l'année 1854, le public est admis à
suivre les cours oraux de l'Ecole impériale des
ponts et chaussées. ..
Ces cours, qui commenceront au mois de
novembre, auront, cette année, pour objet :
Les Routes, Les Machines à vapeur,
les Ponts, La Géologie,
Les Chemins de fer, l a Minéralogie, »
La Navigation intérieure L'Hydraulique agricole,
Les Travaux maritimes, Le Droit administratif,
La Résistance des ma- L'Economie politique.
tériaux,
Une 'note insérée au Moniteur indiquera ul
térieurement les jours et heures des leçons
pendant la session 1864-1865.
Les persônnes qui désireraient être admises
à ces cours doivent en faire la demande au
directeur de l'Ecole, rue des Saints-Pères, 28.
" . Nouvelles diverses*
PARIS, 17 OCTOBRE.
Hier, dimanche, en présence du comte de
Nieuwerkerke, sénateur, surintendant des
Beaux-Arts; du comte Baciocchi, premier
chambellan de l'Empereur, surintendant gé
néral des théâtres, et de MM. Auber, membre
de 1 Institut, directeur du Conservatoire im
périal de musique etde déclamation,etRobert-
Fleury, membre de l'Institut, directeur de'
l'Ecole des Beaux-Arts , le maréchal Vail
lant , ministre de la maison de l'Empereur et
des Beaux-Arts, entouré des principaux fonc
tionnaires de son ministère, a fait la remise
de leurs diplômes à chacun des lauréats de
Home pour 1864 : MM. Maillard, grand prix de
peinturé; Delaplanclie et Deschamps, grands
prix de sculpture; Guadet et Dutert, grands
prix d'architecture, et Victor Sieg, grand prix
de composition musicale. -
Le, maréchal a annoncé à.M. Sieg que le sur-
Feuilleton du Coastilutionoel, 18 oct.
Là FORÊT DE 501DY
EPOQUE DE LA REGENCE.
Troisième partie.
XVIIL
l'anïi-svstèhe.
L'anti-système n'est ni un mot ni un fait
de notre inventioh. Law et tout son édifi
ce financier manquèrent, réellement de
sauter par l'effet d'une mine qui avait été
creusée sous eux, et les auteurs de cette
tentative souterraine furent bien les per
sonnages historiques que nous allons mon
trer accolés à Cartouche. Ceci expliqué en
courant, passons la parole à Monsieur do
Paris qui reprit :
— Je mentirais, mon cher hôte, si je
vous-disais que je n'ai absolument rien
perdu de votre intéressante communica
tion. J'ai commencé par vous avouer qu'el
le m'arrivait compliquée d'une galante
concurrence qui ne pouvait manquer de
me créer quelque distraction. Toutefois,
en ne vous écoutant qu'en gros et pour
ainsi dire de profil, je vous ai assez enten
du pour comprendre que rién n'est étour
dissant et 'gigantesque comme le plan
dont le hasard me faisait confident.
— Ah! ah! dit Cartouche, chatouillé dans
son amour-propre, il vous a semblé que
ce n'étaitTpas là l'idée d'un pleutre. Maisj
permettez, je ne suis pas de ces nigauds
qu'on éblouit avec des flatteries; et pour
voir si vous êtes aussi bien que vous le.
dites au courant de mes affaires, un échan
tillon, je vous prie,"de ce que vous avez pu
intercepter!
— Parbleu 1 je commencerai par le com
mencement.' JL ce moment-là, j'étais de
loisir. -Vous avez débuté par reprocher
à votre co-baigneur, que vous appe
liez assez baroquement Eveille - Chien,
de s'être trouvé ivre et hors d'état de yous
comprendre alors que vous donniez vos
Instructions à vos autres lieutenàos. Delà,
pour vous, la désagréable obligation de
faire, comme vousl'avez dit plaisamment,
un cours à son usage, lorsqu'il n'aurait eu
qu'à prendre sa part de l'ordre général
donné à vos gens.
C'est vrai, dit le voleur, quelque cho
se comme ça a été dit..Et ensuite?
•— Ensuite, vous avez conté à ce même
Monsieur déjà nommé, comment, après
la fameuse vente du camellia, vous vous
étiez tiré des mains de la justice par
l'inspiration que vous aviez eue de faire
une confidence à l'oreille d'une jolie fem
me...
—. Bien ! bien ! s'écria Cartouche en in
terrompant avec une vivacité effarée qiii
devait donner à penser, je vois que vous
êtes au fait : passons à votre proposition.
—-Eh bien! dit Antoinette en interve
nant, pourquoi donc que tu ne laisses
pas continuer Monsieur?
—Parce qu'il est inutile, ma chère, qu'il
më ramage des choses que j« sais, il me
semble, mieux que lui.
— Et-moi qui ne sais rien et qui devais
tout savoir, quand Galoppe et la Fill.on
seraient arrivés ?
— Mais-, ma fille, puisqu'ils ne sont pas
venus! • .
— Est-ce une cause pour que je reste
indéfiniment dans les brouillards? Qu'est-
ce que c'est que cette confidence sur quoi
tu arrêtes Monsieur tout court? A qui
que tu l'as faite? A ma sœur, peut-être,
qu'alors, lui ayant dit la belle manière
que je me suis ensorcelée, elle t'aura fait
sauver pour ne pas que tu compromettes
la famille.
—Ah! ma chcre, répondit doucereuse
ment le rusé larron, si tu peux avoir des
idées pareilles! A ta sœur, pour qu'elle
m'aide à prendre la clé des champs, j'ai
insinué que j'étais un prince étranger en
l'éblouissant de ce crachat et de ce grand
cordon que j'ai obtenus l'autre soir chez
l'ambassadeur d'Espagne : je m'en étais
orné sous ma veste de marin pour me ser-.
vir, s'il était nécessaire.
— Tu nous embêtes, répliqua Antoinette
.Néron, tenant de sa mère l'habitude détout
dire sans acception de lieu et de person
nes, Jeanneton est plus fine que toi, et al
lez donc croire, un museau pareil, qu'elle
t'a pris pour un prince étranger! Je te dis
que, dans tout ça,-il y a du louche, et tu
ne me ferais pas tant de couleurs si, dans
le fond de ton cœur, tu ne te sentais pas
morveux. .
Craignant d'être poussé sur cette confi
dence dont il n'avait pas voulu laisser ex
pliquer la nature :
— Messieurs, vous le voyez, dit Cartou-
ch8 d'un air de résignation, quand cette
luronne-là a quelque^ chose, dans la tête
on. peut dire qu'elle né l'a pas aux pieds. Il
est sûr que je lui avais promis-, au mo
ment que Galoppe et la Fillon seraient ici,
de lui expliquer ma grande idée, qu'il est
bien juste qu'elle veuille la connaître , et
au fait, puisqu'elle y tient, je m'avise que,
pour tout le monde, il ne sera peut-être
pas inutile que je lui en passé la fantaisie.
— C'est une utilité, dit brutalement Pa
tience, dont je ne suis pas frappé le moins
du monde.
— Vraiment? répondit Cartouche d'un
ton légèrement dédaigneux; mais votre
patron avoue lui-même qu'il n'a tout en
tendu que confusément.
— Il en a toujours entendu assez, conti
nua le nouvel interlocuteur, puisque l'i
dée qui va vous être soumise est toute
différente de la vôtre; seulement, elle fi
nira par ne plus être exécutable si nous
perdons ici des heures à bavarder.
— Votre idée est, différente? répliqua
Cartouche d'un ton d'infaillibilité ; ëh
bien! mon brave, pour vous écouter plus
vite, je n'ai pas besoin de regarder à con
tenter la curiosité, de, ma pauvre grosse.
Des fadaises,-l'ami, ça s'entend toujours
assez tôt.
— Mon cher Patience,fit alors Monsieur
de Paris, tu n'as guère la. vertu dont
tuas fait .ton nom; quand un homme
d'esprit trouve sur son chemin des affaires
de ménagé, il commence par leur céder le
pas. .
— Vous êtes dans les principes, vous,
reprit. Cartouche,et sans autre cérémonie,
s'adressant à Antoinette : Tu sauras donc,
ma belle, qu'au moment où, ayant fait
croire à la Van Grûol que j'étais son cou
sin et ayant mis à l'envers son mari le
prince mexicain, je m'esbignais de chez
ta sœur, les archers de M. le lieutenant
criminel s'étaient mis-à mes trousses.
—Et il faut en convenir, dit Monsieur de
Paris cherchant à réparer la maladroite
intervention quefîartouehe avait si verte
ment repoussée, le parti que vous prîtes
pour leur échapper était véritablement un
coup de maître : profiter de ce que le co
cher et les laquais "de la veuve Van Grool
s'en étaient allés boire pour vous remiser
dans son carrosse, voilà uneidée qui nepoli-
vait venir qu'à vous.
— Ah ! vous avez entendu ça, tout au
long, dit Cartouche en.se rengorgeant.
Eh bien ! ma chérie, tu t'imagines l'effet
que je peux produire sur la veuve, quand,
un quart d'heure plus tard, .venant pour
entrer dans sa boîte, elle se Trouve face à
face avec un particulier qu'un moment
avant, à sa barbe, .car elle en a, trois justi
ces se disputaient à qui aurait l'honneur^
de le faire pendre.
— Elle dut se mettre à crier comme une
brûlée, dit Antoinette Néron à qui le 'Suc
cès de son insistance avait-rendu toute sa
bonne humeur.
— Elle ne cria, pas du tout et fut, au
contraire, comme consternée d'étonne-
ment quand elle m'entend dire à son co
cher: «Drôle que vous êtes de quitter ain
si votre siège ! Allons, vitel à Ivry, ventre
à terre; qu'à l'heure qu'il est votre maî
tresse est peut-être volée par Cartouche ! ■>
Et le plus flambant, c'est qu'à ce mot, volée
par Cartouche, la Van Grool ayant perdu
ses jambes, c'est moi qui lui fais les hon
neurs de chez elle en lui disant : «Mais
» montez donc, ma chère, montez donc !
» nous n'avons pas une minute à perdre,
» je vous dis qu'en ce moment Cartouche
» vous enlève peut-être votre portefeuille!»
—Satané farceur! dit Antoinette, prise
d'un fou rire qui lui fit répandre sur sa
robe de lampas jaune-citron, un, verre de
vin qu'elle était en chemin de porter à ses
lèvres, et, un peu après, s'adressant aux
trois masques : -wCommentvuUdriez-vous,
ajoutait-elle avec exaltation, qu.ê, pour un
être aussi amusant, les femmes ne soient
pas en idée de faire toutes les folies!
— One fois emballés dans le carrosse,
poursuivit Cartouche avec la gravité d'un
homme qui cuve le succès d'un bon con
te, mon chemin était droit devant moi ;
dans mon tête-à-tête avec la veuye, et - ce-
,lui-là, j'espère, tu n'en seras pas jalouse,
je me remets dans ses papiers en me
donnant plus que jamais pour vrai Van
Grool, capitaine au long cours. Mais com
me marin, n'ayant pas toutes les mœurs
possibles, habitué de chez la Fillon, c'est.
là.'que j'ai appris l'histoire entre les deux
commères, et que la mère aux Amours,
qui ne se laisse pas marcher sur le pied ,
ayant été insolentée par la millionnaire ,
pour se revenger, elle a conçu l'idée de la
remarier à son mari et de la faire voler
par Cartouche qu'elle a même payé pour
ça. A quoi j'ajoute '.que, porté d'intérêt
pour une personne qui s'est faite comme
ae notre famille, j'ai voulu renverser îe
complot. Du premier danger, qui était
son mari, je viens de sauver l'aimable
veuve; mais du second, qui est une des
cente de ce brigand de Cartouche, sera-t-
il encore temps ?
— Pauvre chère iemme ! dit Antoinette
avec commisération, jusqu'à Ivry, tout -
de même, la route a dû lui paraître lon
gue.
Moins que tu ne crois, parce qu'après
avoir commencé de la mâter un peu, je »
prends l'autre parti, de larassurer par mes
renseignemens sur le célèbre voleur qui
ne commence jamais à travailler avant
.minuit. Et puis d'ailleurs, en vue de l'i
dée que je mitonne, je la dj.strais, en la
raisonnant sur ses affaires, « que ce n'est .
vraiment pas prudent d'avoir ainsi sa for
tune en portefeuille; -r -que d'un moment à
l'autre le système peut claquer; — qu'elle
sera tourmentée par son mari tant qu'elle
ABÛNNEÏÏEXS DES DÉPARTESIENS.
. S ' *
ois mois ....?,«;?§ 16 fr.
su Mois..ïïï?.;r; l s 32 fr.
un an ,..64 fb. (
p jus les pats ÉTBAKGESS, -voir le tablean/
publié las S et 20 de chaque mois.
Imp. L. BON1FACE, t . des Bons-Enfana, 19.
b M ëâ DX à PARIS ï rue do. V«lôli (Palifritoy*!)? nj 105
B
MARDI 18 OCTOBRE 1864-
JOURNAL POLITIQUE,XtTTÉRAIRE, UNIVERSEL.
ÀBONNEMENS DE PARIS.
trois mois...;».r.'â * 13 fr.'
six MOis...;.v.;-.vi 26 fr.
un an ; v,..'..•v..T.ï 52 frj
un numéro 20 centimes;
tes abonnemens datent des i" et 16
âe chaque motei
Le mode d'abonnement la plus simple est l'envol d'un bon de posta ou d'un eflet l
sur Paçis, à l'ordra de l'ad&inistratbuk du Journal, rue de Valois, n* 10. |
Ltt lettre» ou envois (forgent ncus affranchis sont refusés.
Les articles déposés nàéont pas rendus. -, . -
I
Los A nnonces sont reçues chez M. P anis- J rue Notre-Dame-des-Victoîres, n*&f?
(place de.la Bourse).
PARIS, 1T OCTOBRE.
Que l'esprit et les avantages de la con
vention du la septembre. f ne fussent pai
compris par le parti, exalté en Italie, c'é
tait une chose assez facile à prévoiu: sus-
si, ne doit-on pas s'étonner des attaques
et des protestations qu'elle provoque. Le
gouvernement' de Victor-Emmanuel' a dû
s'y attendre, mais il d»it être certain que
le temps et la réflexion feront chaque jour
mieux apprécier le traité signé entra la
France eU'Italio.Les dispositions hostiles
que ce traité rencontre aujourd'hui dans
une certaine fraction de la population ita
lienne n'ont donc rien qui puisse inquié
ter: elles s'éteindront peu à peu ou elles
disparaîtront dans le grand mouvement
de la volonté nationale.
On annonce que,dans un meeting d'ou
vriers tenu h Turin, il a été résolu de pré
senter au Parlement une pétition pour de
mander la mise en accusation de l'ancien
-ministère et le rejet de la convention du
15 septembre. Cette pétition nous semble
inutile, car il est bien évident que la con
vention sera l'objet d'une sérieuso discus
sion dè9 que le Parlement sera réuni. En
cherchant .îi opérer une pression sur les
décisions qu'il doit prendre, lesmeneursdu
parti exalté ne s'aperçoivent pas qu'ils ser
vent d'inslrumens au parti réactionnaire.
Du reste l'ordre se maintient toujours.à
Turin : des patrouilles sillonnent les rues
de la ville pendant la nuit et empêchent
le retour des désordres qui se sont pro
duits.
■" La Epoca de Madrid prétend que le
grand-duc de Toscane vient de rédi
ger une protestation contre le projet d'é
tablissement de la capitale italienne à
Florence, comme contraire aux droits- à
lui réservés,par le traité,de Zurich. Nous
n'avons encore aucune connaissance en
France de cette protestation, qui, suivant
la feuille ina lrilëne, impliquerait l'adhé
sion de l'empereur d'Autriche et la coopé
ration-de M. de Rechbsrg. La Epoca est
bienloin pour juger les choses ainsi ; plu-'
sieurs journaux de Vienne apprécient très
différemment la situation.
D'abord, en ce qui concerne M. de Rech-
berg, les bruits relatifs à. la démission de
ce ministre, plusieurs^ fois démentis, re
commencent à circuler. Une correspon
dance dô Vienne adressée à la Gazette du
peuple de Berlin, prétend que .la retraite
do Kl. "de Rechberg serait décidée > et
t elle cite même le nom de son succes
seur. D'après cette correspondance, celte
résolution aurait été prise à la suite d'un
exppsé-détaillé de la situation de l'empire
présenté à Ischl, à l'empereur par M_. de
Çchmerling. Nous sommes assurément
bien loin Kle garantir l'exactitude de
cette nouvelle, mais il est très vrai que
la situation de l'Autriche depuis'plusieurs
années motive dans une certaine partie de
la presse viennoise les plus vives criti
ques.
La Nouvelle Pi este libre, dans un article
du 14 octobre, examinant l'état, économi
que de l'Empire, déclare r e voir partout
que du malaise, des souffrances et des er
reurs : le crédit ébranlé dans toutes les
branches, les institutions de banque
dans l'enfance, l'industrie paralysée , la
politique commerciale toujours hésitan
te , l'agriculture privée de capitaux, la
situation monétaire en décadence, le ré
seau des chemins deier inachevé : « Bref,
» dit en journal, de quelque côté que nous
» portions la sonde, nous ne trouvons que
» des plaies, et nulle partun endroit sain.»
Une autre feuille annonce que los faib
lîtes se multiplient d'une façon éffrayante
et qu'en moins d'une année trois mem
bres du Reichsrath sont tombés en. fail
lite.
Quant à l'attitude du gouvernement au
trichien vis-a-vis de laFrancq, la corres
pondance dont nous parlons plus haut,
assure qu'elle ne peut manquer de'se des
siner d'une façon tout à fait conciliante, et S
que4e courant de l'opinion devient dbplufe !
en .plus favorable à une entente entre les
deux go.uvernemens, «en supposant tou-i
jours qu'on ne demande pas à l'Autriche
de céder la Vénétie. »
Le Wandercr,ie son côté, se dit en mesure,
d'après des informations qu'il croit exactes,
d'assurer que le cabinet de Vienne « est à
la veille d'inaugurer une politique da
prévenances envers le gouvernement fran
çais, en ce sens que, sans renoncer à sa
politique passive dans les affaires d'Italie,
il sè décideraif-à lui imprimer un certain
caractère de 'bienveillante "abstention».
Le. Wanderer ajoute , contrairement .aux
assertions delà Gazette du peuple, que ce
changement d'attitude de l'Autriche n'au
rait nullement pour conséquence une mo
dification au sein du cabinet.
On ïik-dans la.Fpoca de Madrid, que M.
Pacheco se dispose à partir pour Rome
vers la fin de ce mois. Cependant il aurait
mis-à son départ la condition.que le gou-
vernëment espagnol n'approuverait ni
n*acccp terait le dernier traité franco-italien. •
Le comte -Granville, président du con
seil dans le cabinet ang'ais,.vient de quitter
Turin. L'Italie assure que le noble lord a '
eu plusieurs conférences dans cette, ville
avec des personnages.politiques. -
- Une correspendance du Julland signée
l'irritation des lialntans de cette province
auxquels le gouvernement demande le
paiement des impôts arriérés dopuis le■1 e *
octobre 1803 jusqu'au 1 e ' avril 186
après les charges de l'occupation étrar gè
re, fait craindre des troubles sérieux, si le
gouvernement donne l'ordre à ses agens
de lever les impôts. ■ '
. La Correspondent transmet des nou
velles du Mexique arrivées par la voie de
New-York. Elles constatent que la situa
tion au point de vue militaire est favo
rable aux impériaux. Juarcz, après avoir
essayé d'e s'organiser à Piedras Nôgras, a
été obligé de quitter celte résidence par
suite de l'attitude hostile de la population.
Il s'est sauvé dans les montagnes .qui s'é
tendent, au nord de l'Etat de Cohahuila.
Il n'avait plus avec lui que 1,800 hommes.
Les généraux Ortrga èt Negreto sont les,,
seuls qui l'aient suivi; mais ils paraisse, t
décidés à renoncer bientôt à une lutte inu
tile. .
600 hommes de la légion belge enrôlée
pour le Mexique se sont embarqués hier à
Saint-Nazaire. "
Nous publions plus loin un rapport à
l'Empereur de M. de Chasseloup-Laubatj
relatif à une mesure qui vient s'ajouter a
cette série d'améliorations dues à-l'esprit
progressif de M. le ministre de la marine.
Une dépêche nous annonce de nom eaux
succès obtenus en Algérie.
joxcièbes.
TELEGRAPHIE PRIVEE.
Turin', 16 octobre.
Le meeting des ouvriers a résolu de présen
ter au Parlement une pétition qui demande
la mise en accusation de l'ancien ministère et
le rejet de-la convention du 15 septembre.
Messine, 16 octobre.
Athènes, 13 octobre. — L'opposition parle
mentaire est toujours très agitée. La loi sur le
suffrage universel a été votée. -
Une tentative d'assassinat, dirigée mardi
contre le ministre de l'intérieur, a heureuse
ment échoué.
Alexandrie, 16 octobre.
-M. de Lesseps est arrivé hier sur le paque
bot Said. II est parti pour lo Caire afin de voir
S; A. Ismaïl-Pacha. Le départ du vice-roi ot.de
M. de Lesseps pour visiter l'isthme, n'est pas
encore fixé. • : —
Suez, 16 octobre.
Des nouvelles de Shanghaï, du 5 septembre^
annoncent que les impérialistes ont pris Boo-
chçiu.
Les derniers aviS du Japon disent que la
flotte anglaise forcera le passage de la mer du
Japon.
Marseille, 17 octobre. •
. Les nouvelles .dJAlger, du 14, apportent une
'communication, .officielle d'après. laquelle . le
général-Jolliviat^. battu Si-Laia, le 11 octôbrq,
près dliers Jiujifissins, à përdij 200 -hommes, Les
'Français n'ont eu qu'un mort et' 7 blessés..
Près de Géryville, le^énéral Deligny a reçu
la soumission d'une fraction .des marabouts
des Harrars ; la tribu du cercle de Bousnada a
demandé aussi à se soumettre.
Le Moniteur de l'Algérie donne des détails sur
le combat d'Àïn-Malakoff 5 l'ennemi a été' mis
en complète déroute. ,
■ Madrid, 16 octobre. . ;
La circulaire de M. Gonzalez Bravo est bien
accueillie pàr les journaux de Madîidv , -
La Iberia annonce que cinq cents'ouvriers
sont renvoyés de l'arsenal de Garraca. :
Saint-Nazaire, 16 octobre.
La Louisiane, delà compagnie générale trans
atlantique, a-pris la mer aujourd'hui .âc trois •
heures. Elle emporte le premier détachement
do 600 hommes de la légion ; belge, enrôlée
pour le "Mexique; 87 passagers eivils et un
plein chargement de marchandises d'exporta
tion et de matériel pour l'administration de la
guerre.
(Havas-Bullier.)
V oîgî les dépêches que nous recevons ce
soir :
Berlin, 17 octobre.
L'archiduc Léopold d'Autriche arrivera ce
soir de Vienne et descendra au château royal;
il assistera demain aux cérémonies du baptê
me du fils du prince royal.
, Genève, 17 octobre. ■
Hier a eu lieu l'élection pour la nomination
d'an député au conseil national. Le résultat
connu donneles chiffres suivans :
M. Friedrich, candidat indépendant, a été élu
par 5,830 voix contre 4^94 données au docteur,
Mayer, candidat radical. Le calme le-plus par
fait a régné pendant cette élection.
Turin, 17 octobre.
Les collèges électoraux convoqués en suite
la nomination du nouveau ministère ont
réélu les ministres La Marmora, Lanza, Petitti
et Sella.
Le collège de Castel-Maggiore a élu M. Pe-
poli.
Emprunt italien x O0 .8O.
Bologne, 17 octobre.
La coiir d'assises a rendu son verdict dans le
procès d'association de malfaiteurs; 72 ont été
déclarés coupables et sept acquittés.
. Madrid, 17 octobre.
Las Noticvis annoncent"qu'un meeting pro
gressiste a eu lieu hier sous la présidence de
M.José de Olozaga; 300 personnes assistaient à
cette féunion,, laquelle a nommé un comité
central dans lequel figurent le maréchal Es-
partero, M. Olozaga, le général Pri m et M. Ma-
doz. ( Havas-Bullier.)
; COURS DE LA BOURSE. ,
col'rsde cloture le la le 17 hausse. - baisse
3 0/0 âu compt, 63 05 65 10 » 03 » »
—Fin du mots. 65 20 05 20. » » » »
4 i;2 au eomjjt. 01 80 92.10 » 30 » »
—ï indu mois, 92 75 » . » e » • »
Nous avons donné hier le résumé des
dépêches télégraphiques reçues à Alger
sur les opérations qui ont suivi les com
bats des 30 septembre et 2 octobre livrés
par le colonel de Lacroix aux insurgés.
Nous donnons les nouvelles d'Alger en -
date du 11 octobre, reçues hier au minis
tère de la guerre :
« Dans la province d'Oran, Si-Lalla a es
sayé, dans la nuit du 7 au 8, une pointe sur
les villages européens établis, sur la Mekerra,
au sud de Sidi-Bel-Abbès. Le colonel Krien,
prévenu à temps, les avait garnis do troupes.
Après une tentative inutile pour enlever le
caranvaniérail do Sidi-Ali-Bcn-Youb, défendu
par un détachement du 17" de ligne, le mara
bout a dû se retirer en laissant une vingtaine
d'hommes sur le. terrain. Quelques maisons
seulement ont "été incendiées. On a à déplorer
la mort de; six colons, qui auraient négli
gé de se retirer sous la protection de nos
troupes.
« L'ennemi, voyant la résistance organisée
partout, s,'est retiré en jempntant la Mekerra.
». Le général Deligny, chassant, devant lui
les Harrars, est arrivé à Kreneg-el-Soug.
» Oans la province d'Alger, le général Jusuf
a rallié, le 4, le convoi du colonel Archinard,
et s'est ensuite porté vers l'ouèd Medjeddel.
Informé que les tribus battues le 50 septembre
et le 2 octobre par le colonel de Lacroix quit
taient les gorges du Medjeddel pour se porter
vers l'ouest en longeant le sud du Zahrès, le
général fit faire démi-tour à sa colonne et lan-
.'ça dans li nouvelle direction le colonel Mar-
^gueritte ivec sa cavalerie, un bataillon de
""zonaveg et 1^0 ..tirailleurs. Il 'donita 'en mê-
jne temps l'ordre au colorie^ Guiomar, coin-
"mandant à Djelfa, de prévenir le général;
Liébert, .qui,, était à Aï q -lilalakoIT, ' du mou- '
rveïnenfc de l'ennemi., et de se-porter lui- 1
même de ce côté avec tous ses combattans
-disponibles, le goum et une section d'artille-
:rie do campagne afin de barrer le passage aux
insurgés. Le colonel Guiomar les a atteints le
.premier tt a jeté un grand trouble dans les
masses,atec son artillerie, dont les détonations
ont attiréle colonel Margueritte et le général
•Liébert. Lts populations émigrantes, attaquées
■alors de tiois côtés, ont été repoussées dans
le plus grand désordre et ont laissé entre nos
mains 3,00) chameaux, 30,000 moutons, une
quantité ce bœufs et un butin considérable.
jNos pertes s'élèvent- à 9 hommes tués dont 1
officier, et 16 blessés dont 3 officiers.
» Quelquss tribus de la subdivision d'Au-
male, qui avaient rejoint les insurgés, sont
rentrées dais l'ordre, intimidées par ce bril
lant succès in général Jusuf. -
■ » Le coloœl de Lacroix, en apprenant que
les tribus'étdent refoulées vers l'ouest, les a
atteintes à son tour et leur a pris 3,000 mou-
ioas.. - ■
i » Dans la province de Constantine, lo géné
ral Périgot est toujours à Bordj-Boit-Arrindj.
11 annonce que Si-Ali-Bey, chef de Tougourt,
s-'est porté Ici de ce mois à Aïn-IIadjèra pour
soutenir les Saïds et les Ouled-Saya qui avaient
été attaqués la veille parties Touaregs et les
Chambaas. Notre goum s'est mis à la poursuite
d.e l'ennemi et lui a tué 21 hommes. »
On écrit de Pékin, le 28 juin :
Les espérances que l'on avait fondées sur le
développement des relations commerciales de
la Chine avec les autres pays auront encore "été
dépassées par la réalité. Cette année, malgré
certaines circonstances défavorables, le chiffre
des importations et exportations faites sous
pavillon étranger s'est élevé à 196,619,700
taëls, soit en nombres ronds, à plus d'un mil
liard etderni de francs ; 19,000 bâtimens, jau
geant ensemble 6 millions de tonneaux, ont
été inscrits sur les tableaux de navigation.
. L'ouverture des ports du nord et du Yang-
Tzé-Iiiang a été surtout favorable à Shang
haï, dont le commerce représente à lui seul les
deux tiers des transactions qui se font avec la
Chine. Après Shanghaï, la place la plus favo
risée est celle dellang-Kao; Canton, l'ancienne
métropole commerciale du Céleste Empire,
n'occupe plus, aujourd'hui, que"le huitième
rang. ■
RAPPORT A L'EMPEREUR.
. Sire,
A bord des bâtimens à vapeur du commerce,
et particulièrementsurles paquebots des gran
des lignes postales desserviéspar la Compagnie
des services maritimes dos Messageries impé
riales et par la Compagnie générale transat
lantique, les mécaniciens sont dès aujourd'hui
considérés et traités comme officiers; leur ins
truction, que garantissent des certificats spé
ciaux de capacité, l'importanee de leurs fonc
tions à bord, l'autorité qu'ils exercent sur le
personnel delà machine confiée à leurs soins,
justifient pleinement cette assimilation qui,
jusqu'à ce jour pourtant, ne leur a été recon
nue par aucun acte officiel.
" En effet, les lois et décrets sur la marine
marchande n'ont pas défini leur-situation
d'une'manière précise. L'article 37 du Code
disciplinaire et pénal-du 24 mars 1832 , qui
énumère les fonctions donnant droit iiu
titre d'officier à bord de3 navires du com
merce, ne fait pas mention des mécani
ciens. . '
Cependant le département de la marine, re
connaissant ia nécessité de placer les mécanf-
ciens en chef au-dessus des simples matelots,
admit, dès l'année 1853, leur assimilation avec
les maîtres d'équipage. Plus tard, le décret
du 7 avril-1861), sur le rapatriement , des* gens
de mer, parut modifier encore leur situation
en les rangeant parmi les. officiers compris au
turif de l'article 9;. mais cet article ne men
tionne encore que les mécaniciens en chef,, et
d'ailleurs l'assimilation qu'il établit, énoncée
en quelque sorte, d'une manière incidente
dans un acte qui ne se rapporte qu'à des frais
de route et de rapatriement, ne pouvait leur
Conférer les pouvoirs et les privilèges dévolus
aux officiers.
La position hiérarchique mal définie des
mécaniciens peut créer de dangereux conflits
pour le maintien dé la discipline. A bord, cha
cun doit avoir une position déterminée. Il est
donc Nécessaire de faire cesser toute incerti
tude à l'égard d'hommes qui jouent un rôle
important dans la conduite du navire, et il
m'a semblé qu'il était juste de les ranger par
mi les officiers des bâtimens du commerce.
C'est ce que fait le projet de décret que j'ai
l'honneur de présenter à Votre Majesté. Ce
décret confère le rang d'officier à tout mécani
cien chargé en chef-ou en sous-ordre, de la di
rection d'une machine, et -le rang de maître
d'équipage aux aides-mécaniciens et aux pre
miers chauffeuts, lorsqu'ils ont autorité sur
le personnel inférieur de là machine.
- Toutefois il déclare expressément-que, en
cas d'absence, de maladie ou de décès du ca
pitaine, les chefs de la machine ne peuvent
jamais exercer-le commandement dU navire;
leurs connaissances toutes spéciales- détermi
nent' les seules fonctions qu'il convient deieur
confier; enfin, toutes les dispositions .concer
nant les officiers de ia marine marchande en
matière de législation et de rapatriement leur
sont rendues applicables. Ces dispositions, fa
vorablement accueillies par le conseil d'ami
rauté, donneront, je n'en doute.pas, une véri
table satisfaction aux légitimes désirs d'un
.personnel digne de toute la bienveillance: de I
Votre Majesté. . |
Je viens, en conséquence, demander à.l'Em- 1
pereiir de vouloir bien approuver le projet do
décret que j'ai l'honneur de lui soumettre,
te suis, etc.
Le ministre de la marine et des
colonies,
P. DE CHASSELOUP-LAUBAT.
NAPOLÉON etc.
Art. i". Ont î-ang d'officier à bord des bâtimens
à Vapeur du commerce :
., 1° Les mécaniciens en chef;
2« Les mécaniciens chargés en sous ordre de la
direction de la machine.-
Art. 2. Les chefs de la machine ne peuvent, en
aucun cas, exercer le commandement du navire.
Ils doiTOnt-obéissance à toute personne qui, rem
plaçant régulièrement le capitaine, en a les pou
voirs et la-respon«abiité.
. Art. 3. Les aides-mécaniciens et les premiers
chauffeurs avant autorité sur les.'Chauffeurs et
autres agens inférieurs de-la machine, ont rang
de maître d'équipage..
Art. 4. Toutes les dispositions du co4e discipli
naire et pénal du 21 mars 18*2 rotatives aux offl-
.cisrs et aux .maîtres d'équipage des navires du
commerce sont applicables aux mécaniciens ai
des-mécaniciens et premiers chauffeurs exerçant
à bord de ces nayires les Jonctions déterminées
par les articles précédens.
Art. 5. La disposition de l'artictoO du décret du
7 avril 1860, qui assimile les mécaniciens en chef
aux officiers, en ce qui concerne le rapatriement,
est étendue aux mécaniciens chargés en sous-or
dre delà direction de la machine.
REUNION..:.
Voici le résumé de nos correspondances de la
Réunion, apportées -par le premier paquebot
de la ligne française l'Emyrne, qui a quitté
Saint-Denis le 19 septembre.
La session extraordinaire du conseil général
a été-close le 25 août. Oh sait que cette assem
blée avait été convoquée dans le but d'avoir
son avis sur la réforme du régime constitu
tionnel des colonies, et sur l'établissement
d'un impôt sur le tabac cultivé et fabriqué
dans le pays.Leconseilarepoussécetimpôtqui,
selon la rapporteur, M. Morel, aurait pour con
séquence « de ruiner la classe la moins favo
risée et d'écarter les affranchis du seul travail
qu'il soit possible d'en obtenir. » Il propeso
d'en différer"au moins l'application jusqu'à ce
quB ce produit ait pris un certain rang dans la
classe des productions coloniales.
Sur la question de la réforme du sénatus-
consulte du 3 mai 1854, le conseil a rédigé un
projet empreint des idées les plus libérales. Il
propose le remplacement du conseil général
par un conseil colonial qui, serait composé de
trente-six membres et qui aurait des attribu
tions législatives assez étendues. Il aurait, en
tre autres droits, celui de régler-le régime
commercial de la colonie, non-seulement avec
l'étranger.mjiis avec la métropole. Cette pré
tention a paru excessive, même aux yeux .de
personnes influentes-de la colonie.
Les membre» des conseils municipaux et co
loniaux seraient dorénavant nsmmés à l'élec
tion. Le cens électoral serait fixé à 2,000 fr. de
propriétés mobilières et immobilières; seraient
également électeurs : les patentés, les person
nes munjes d'un diplôme de faculté ou do cer-
tificat de capacité délivré dans la colonie, les.
membres de là Légion d'Honneur, du clergé,
et dji£orps enseignant, les fonctionnaire; pu
blics, lès capitaines du commercé. Les élec
teurs devraient écrire eux-mêmes leur vote.
Le paquebot des Messageries impériales, I E-
myrne, qui devait inaugurer, le 19.. août, le
service postal entre la Réunion,. Maurice et
Suez, n'est arrivé, à Port-Louis que le 30 août,
après un mois de retard causé par les vents
contraires. Le second steamer de la compa
gnie, le Mozambique, a suivi de près l'Emyrne.
n a mouillé sur rade de Port-Louis le 9 sep
tembre, avec 65 jours de mer de Marseille, 58
jours de Ténérjffe, 51 jours de Saint-Vincent
et 13 du Cap. Il a effectué la plus grande par
tie de son voyage sous voile. L'inauguration
de la ligne des steamers français a donné lieu
^ Maurice comme à la Réunion à des démons
trations très sympathiques. Au chef-lieu des
deux colonies, des banquets ont été offerts àr
M. Orenier, inspecteur général de la compa
gnie, et aux officiers des deux navires.
Un convoi de 476 immigrans indiens est ar
rivé le 15 août à Saint-Denis, sur le- navire
français le Jacques-Cœur, qui était parti le 27
juillet do Karikal. A ce sujet, nous dirons
que le conseil général a profité de sa session
S
extraordinaire pour, demander, de nouvsSï; *
_avec instance la réouverture: du: recrutemcn^^t
la côte d'Afriquesuçpendu depuis l'annéel859.
• 'Le nouveau commandant de la division na
vale des côtes orientales d'Afrique, M. le capi-
taino de vaisseau Tricault, est parti de la Réu-
inion le 1 er septembre sur ta Junon, pour aller
iaire une tournée^ sur les côtes de Madagascar,
.à Mayotte, à Nossi-Bé et dans le canal de Mo
zambique.
" 4 Les nouvelles de Madagascar apportées à Pa
ris par les courriers anglais et français du 10 et
4u 17 de Ce mois sont sans importance. Le
nouveau premier ministre se montre toujours
favorable au commerce européen. Il a pris des
mesures sévères pour mettre fin aux fraudes
que favorisaient les douaniers eux-mêmes. Les
llovas sont inquiets de ne pas voir revenir les
ambassadeurs qui ont été envoyés l'année der
rière en Europe. Cette inquiétude a donné du
calme dans les affaires, car ies indigènes res
treignent leurs achats.
l. B oniface.-
ALLEMAGNE.
berliîî , 14 octobre.—Le traité d'accession da
12 octobre de la Bavière,, du Wurtemberg,
de Ilesse-Darmstadt et de Nassau aux traités
du 28 juin et du 11 .juillet qui renouvel
lent le Zollverein, contient, outre le traité prin
cipal, plusieurs articles séparés et un protocole
final. Du moment quele tarif douanier du 28 j uin
entrera eh vigueur, le droit de transit sur les
vins et moûts-produits dans ces quatre Etats> ■
ne seront plus perçus en Prusse , en Hano
vre, dans la Hesse-Electoralo, en Tliuringe .
en Brunswick et dans Oldenbourg. Après la
ratification du traité du 12, les gouverne-
mens s'entendront sur les moyens do con
trôle destinés à assurer la perception des
droits , de ■. consommation imposés par cha-?
fyue gouvernement sur les vins dn Zollverein^
Le nouveau tarif : douanier entrera en vigueur
avec le traité de commerce français. Les plé
nipotentiaires prussiens ont déclaré que leur
gouvernemententamerait les négociations avec
la France sur l'exécution du traité français
sitôt que le traité du 12 octobre serait rati
fié, et qu'il chercherait à en hâter, autant
que possible , la conclusion. La Prusse , le
Hanovre, la Hesse Electorale ont été chargés de
négocier avec Brème le renouvellement des
traités du 26 janvier 1856; les négociations
avec l'Autriche, prévues par l'article 7 du traité
du 28 juin, seront confiées à la Prusse, la Ba
vière et la Saxe. Après la ratification du traité
du 12 octobre et la.fin des négociations avec
l'Autriche et la France, les plénipotentiaires
des Etats du Zollverein se réuniront de nou
veau pour la rédaction d'un traité- général,
qui- comprendra le» modifications sur les
quelles on se sera mis d'accord et les dis
positions des traités séparés. En même temps,
on résoudra toutes les^questions qui ont été
réservées dans les articles séparés, et lé proto
cole fiiK'l et on discutera les propositions de là
Saxe relatives à diverses modifications à intro
duire dans lés traités sur lesquels se fonde la
Zollvèrein. Cette conférence s'occupera égale
ment des questions réservées dans le traité du
28 juin sur le commerce du vin et du*tabac.
• ' [Gazette-de Cologne.)
MINISTERE DE L'AGRICULTURE, DU C03Î3IERCE
ET DES TRAVAUX PUBLICS.
Depuis l'année 1854, le public est admis à
suivre les cours oraux de l'Ecole impériale des
ponts et chaussées. ..
Ces cours, qui commenceront au mois de
novembre, auront, cette année, pour objet :
Les Routes, Les Machines à vapeur,
les Ponts, La Géologie,
Les Chemins de fer, l a Minéralogie, »
La Navigation intérieure L'Hydraulique agricole,
Les Travaux maritimes, Le Droit administratif,
La Résistance des ma- L'Economie politique.
tériaux,
Une 'note insérée au Moniteur indiquera ul
térieurement les jours et heures des leçons
pendant la session 1864-1865.
Les persônnes qui désireraient être admises
à ces cours doivent en faire la demande au
directeur de l'Ecole, rue des Saints-Pères, 28.
" . Nouvelles diverses*
PARIS, 17 OCTOBRE.
Hier, dimanche, en présence du comte de
Nieuwerkerke, sénateur, surintendant des
Beaux-Arts; du comte Baciocchi, premier
chambellan de l'Empereur, surintendant gé
néral des théâtres, et de MM. Auber, membre
de 1 Institut, directeur du Conservatoire im
périal de musique etde déclamation,etRobert-
Fleury, membre de l'Institut, directeur de'
l'Ecole des Beaux-Arts , le maréchal Vail
lant , ministre de la maison de l'Empereur et
des Beaux-Arts, entouré des principaux fonc
tionnaires de son ministère, a fait la remise
de leurs diplômes à chacun des lauréats de
Home pour 1864 : MM. Maillard, grand prix de
peinturé; Delaplanclie et Deschamps, grands
prix de sculpture; Guadet et Dutert, grands
prix d'architecture, et Victor Sieg, grand prix
de composition musicale. -
Le, maréchal a annoncé à.M. Sieg que le sur-
Feuilleton du Coastilutionoel, 18 oct.
Là FORÊT DE 501DY
EPOQUE DE LA REGENCE.
Troisième partie.
XVIIL
l'anïi-svstèhe.
L'anti-système n'est ni un mot ni un fait
de notre inventioh. Law et tout son édifi
ce financier manquèrent, réellement de
sauter par l'effet d'une mine qui avait été
creusée sous eux, et les auteurs de cette
tentative souterraine furent bien les per
sonnages historiques que nous allons mon
trer accolés à Cartouche. Ceci expliqué en
courant, passons la parole à Monsieur do
Paris qui reprit :
— Je mentirais, mon cher hôte, si je
vous-disais que je n'ai absolument rien
perdu de votre intéressante communica
tion. J'ai commencé par vous avouer qu'el
le m'arrivait compliquée d'une galante
concurrence qui ne pouvait manquer de
me créer quelque distraction. Toutefois,
en ne vous écoutant qu'en gros et pour
ainsi dire de profil, je vous ai assez enten
du pour comprendre que rién n'est étour
dissant et 'gigantesque comme le plan
dont le hasard me faisait confident.
— Ah! ah! dit Cartouche, chatouillé dans
son amour-propre, il vous a semblé que
ce n'étaitTpas là l'idée d'un pleutre. Maisj
permettez, je ne suis pas de ces nigauds
qu'on éblouit avec des flatteries; et pour
voir si vous êtes aussi bien que vous le.
dites au courant de mes affaires, un échan
tillon, je vous prie,"de ce que vous avez pu
intercepter!
— Parbleu 1 je commencerai par le com
mencement.' JL ce moment-là, j'étais de
loisir. -Vous avez débuté par reprocher
à votre co-baigneur, que vous appe
liez assez baroquement Eveille - Chien,
de s'être trouvé ivre et hors d'état de yous
comprendre alors que vous donniez vos
Instructions à vos autres lieutenàos. Delà,
pour vous, la désagréable obligation de
faire, comme vousl'avez dit plaisamment,
un cours à son usage, lorsqu'il n'aurait eu
qu'à prendre sa part de l'ordre général
donné à vos gens.
C'est vrai, dit le voleur, quelque cho
se comme ça a été dit..Et ensuite?
•— Ensuite, vous avez conté à ce même
Monsieur déjà nommé, comment, après
la fameuse vente du camellia, vous vous
étiez tiré des mains de la justice par
l'inspiration que vous aviez eue de faire
une confidence à l'oreille d'une jolie fem
me...
—. Bien ! bien ! s'écria Cartouche en in
terrompant avec une vivacité effarée qiii
devait donner à penser, je vois que vous
êtes au fait : passons à votre proposition.
—-Eh bien! dit Antoinette en interve
nant, pourquoi donc que tu ne laisses
pas continuer Monsieur?
—Parce qu'il est inutile, ma chère, qu'il
më ramage des choses que j« sais, il me
semble, mieux que lui.
— Et-moi qui ne sais rien et qui devais
tout savoir, quand Galoppe et la Fill.on
seraient arrivés ?
— Mais-, ma fille, puisqu'ils ne sont pas
venus! • .
— Est-ce une cause pour que je reste
indéfiniment dans les brouillards? Qu'est-
ce que c'est que cette confidence sur quoi
tu arrêtes Monsieur tout court? A qui
que tu l'as faite? A ma sœur, peut-être,
qu'alors, lui ayant dit la belle manière
que je me suis ensorcelée, elle t'aura fait
sauver pour ne pas que tu compromettes
la famille.
—Ah! ma chcre, répondit doucereuse
ment le rusé larron, si tu peux avoir des
idées pareilles! A ta sœur, pour qu'elle
m'aide à prendre la clé des champs, j'ai
insinué que j'étais un prince étranger en
l'éblouissant de ce crachat et de ce grand
cordon que j'ai obtenus l'autre soir chez
l'ambassadeur d'Espagne : je m'en étais
orné sous ma veste de marin pour me ser-.
vir, s'il était nécessaire.
— Tu nous embêtes, répliqua Antoinette
.Néron, tenant de sa mère l'habitude détout
dire sans acception de lieu et de person
nes, Jeanneton est plus fine que toi, et al
lez donc croire, un museau pareil, qu'elle
t'a pris pour un prince étranger! Je te dis
que, dans tout ça,-il y a du louche, et tu
ne me ferais pas tant de couleurs si, dans
le fond de ton cœur, tu ne te sentais pas
morveux. .
Craignant d'être poussé sur cette confi
dence dont il n'avait pas voulu laisser ex
pliquer la nature :
— Messieurs, vous le voyez, dit Cartou-
ch8 d'un air de résignation, quand cette
luronne-là a quelque^ chose, dans la tête
on. peut dire qu'elle né l'a pas aux pieds. Il
est sûr que je lui avais promis-, au mo
ment que Galoppe et la Fillon seraient ici,
de lui expliquer ma grande idée, qu'il est
bien juste qu'elle veuille la connaître , et
au fait, puisqu'elle y tient, je m'avise que,
pour tout le monde, il ne sera peut-être
pas inutile que je lui en passé la fantaisie.
— C'est une utilité, dit brutalement Pa
tience, dont je ne suis pas frappé le moins
du monde.
— Vraiment? répondit Cartouche d'un
ton légèrement dédaigneux; mais votre
patron avoue lui-même qu'il n'a tout en
tendu que confusément.
— Il en a toujours entendu assez, conti
nua le nouvel interlocuteur, puisque l'i
dée qui va vous être soumise est toute
différente de la vôtre; seulement, elle fi
nira par ne plus être exécutable si nous
perdons ici des heures à bavarder.
— Votre idée est, différente? répliqua
Cartouche d'un ton d'infaillibilité ; ëh
bien! mon brave, pour vous écouter plus
vite, je n'ai pas besoin de regarder à con
tenter la curiosité, de, ma pauvre grosse.
Des fadaises,-l'ami, ça s'entend toujours
assez tôt.
— Mon cher Patience,fit alors Monsieur
de Paris, tu n'as guère la. vertu dont
tuas fait .ton nom; quand un homme
d'esprit trouve sur son chemin des affaires
de ménagé, il commence par leur céder le
pas. .
— Vous êtes dans les principes, vous,
reprit. Cartouche,et sans autre cérémonie,
s'adressant à Antoinette : Tu sauras donc,
ma belle, qu'au moment où, ayant fait
croire à la Van Grûol que j'étais son cou
sin et ayant mis à l'envers son mari le
prince mexicain, je m'esbignais de chez
ta sœur, les archers de M. le lieutenant
criminel s'étaient mis-à mes trousses.
—Et il faut en convenir, dit Monsieur de
Paris cherchant à réparer la maladroite
intervention quefîartouehe avait si verte
ment repoussée, le parti que vous prîtes
pour leur échapper était véritablement un
coup de maître : profiter de ce que le co
cher et les laquais "de la veuve Van Grool
s'en étaient allés boire pour vous remiser
dans son carrosse, voilà uneidée qui nepoli-
vait venir qu'à vous.
— Ah ! vous avez entendu ça, tout au
long, dit Cartouche en.se rengorgeant.
Eh bien ! ma chérie, tu t'imagines l'effet
que je peux produire sur la veuve, quand,
un quart d'heure plus tard, .venant pour
entrer dans sa boîte, elle se Trouve face à
face avec un particulier qu'un moment
avant, à sa barbe, .car elle en a, trois justi
ces se disputaient à qui aurait l'honneur^
de le faire pendre.
— Elle dut se mettre à crier comme une
brûlée, dit Antoinette Néron à qui le 'Suc
cès de son insistance avait-rendu toute sa
bonne humeur.
— Elle ne cria, pas du tout et fut, au
contraire, comme consternée d'étonne-
ment quand elle m'entend dire à son co
cher: «Drôle que vous êtes de quitter ain
si votre siège ! Allons, vitel à Ivry, ventre
à terre; qu'à l'heure qu'il est votre maî
tresse est peut-être volée par Cartouche ! ■>
Et le plus flambant, c'est qu'à ce mot, volée
par Cartouche, la Van Grool ayant perdu
ses jambes, c'est moi qui lui fais les hon
neurs de chez elle en lui disant : «Mais
» montez donc, ma chère, montez donc !
» nous n'avons pas une minute à perdre,
» je vous dis qu'en ce moment Cartouche
» vous enlève peut-être votre portefeuille!»
—Satané farceur! dit Antoinette, prise
d'un fou rire qui lui fit répandre sur sa
robe de lampas jaune-citron, un, verre de
vin qu'elle était en chemin de porter à ses
lèvres, et, un peu après, s'adressant aux
trois masques : -wCommentvuUdriez-vous,
ajoutait-elle avec exaltation, qu.ê, pour un
être aussi amusant, les femmes ne soient
pas en idée de faire toutes les folies!
— One fois emballés dans le carrosse,
poursuivit Cartouche avec la gravité d'un
homme qui cuve le succès d'un bon con
te, mon chemin était droit devant moi ;
dans mon tête-à-tête avec la veuye, et - ce-
,lui-là, j'espère, tu n'en seras pas jalouse,
je me remets dans ses papiers en me
donnant plus que jamais pour vrai Van
Grool, capitaine au long cours. Mais com
me marin, n'ayant pas toutes les mœurs
possibles, habitué de chez la Fillon, c'est.
là.'que j'ai appris l'histoire entre les deux
commères, et que la mère aux Amours,
qui ne se laisse pas marcher sur le pied ,
ayant été insolentée par la millionnaire ,
pour se revenger, elle a conçu l'idée de la
remarier à son mari et de la faire voler
par Cartouche qu'elle a même payé pour
ça. A quoi j'ajoute '.que, porté d'intérêt
pour une personne qui s'est faite comme
ae notre famille, j'ai voulu renverser îe
complot. Du premier danger, qui était
son mari, je viens de sauver l'aimable
veuve; mais du second, qui est une des
cente de ce brigand de Cartouche, sera-t-
il encore temps ?
— Pauvre chère iemme ! dit Antoinette
avec commisération, jusqu'à Ivry, tout -
de même, la route a dû lui paraître lon
gue.
Moins que tu ne crois, parce qu'après
avoir commencé de la mâter un peu, je »
prends l'autre parti, de larassurer par mes
renseignemens sur le célèbre voleur qui
ne commence jamais à travailler avant
.minuit. Et puis d'ailleurs, en vue de l'i
dée que je mitonne, je la dj.strais, en la
raisonnant sur ses affaires, « que ce n'est .
vraiment pas prudent d'avoir ainsi sa for
tune en portefeuille; -r -que d'un moment à
l'autre le système peut claquer; — qu'elle
sera tourmentée par son mari tant qu'elle
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